"C'est un pari de confiance envers les Français", affirme sur France Inter, Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance et ministre des Affaires étrangères, après la large victoire du RN aux européennes et la décision d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale. Il répond également à Olivier Faure, premier secrétaire du PS. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-10-juin-2024-2674335
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00:00 *Musique*
00:06 Et c'est la suite de cette matinale spéciale au lendemain du coup de tonnerre des élections européennes
00:13 et de l'annonce de la dissolution de l'Assemblée Nationale.
00:17 Dans les minutes à venir, trois invités au micro de France Inter.
00:21 8h45, François Ruffin, député insoumis à Nupes de la Somme.
00:26 8h35, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste.
00:31 Et tout de suite, Stéphane Séjourné, que je salue. Bonjour, bienvenue.
00:35 Bonjour à vous deux.
00:36 Vous êtes à la fois ministre des Affaires étrangères et patron du Parti Renaissance, le parti présidentiel.
00:43 Racontez-nous, pour commencer, à quel moment avez-vous appris que le président de la République allait dissoudre l'Assemblée Nationale ?
00:52 Avez-vous été surpris, voire sidéré, comme tout le monde, puisque cette hypothèse avait été rejetée fermement tout au long de la campagne ?
01:02 D'abord, j'étais avec le président de la République quand il a pris sa décision.
01:05 Et je tiens à le dire ici, aussi, à vos auditeurs, c'est d'abord une démarche qui est sincère.
01:11 Au moment où 40% des électeurs aux élections européennes ont fait le choix d'une liste d'extrême droite,
01:18 on ne peut pas dire que l'Assemblée Nationale fonctionne bien, maintenant, depuis deux ans,
01:23 que le gouvernement et la France, le pays, font face aussi à un certain nombre d'enjeux historiques,
01:29 la position de la France dans les grandes crises à l'international, vous l'avez dit, je suis ministre des Affaires étrangères,
01:34 les enjeux économiques, les enjeux climatiques...
01:37 Mais il n'en était pas question dans la campagne ! Il n'en était pas question !
01:40 Le président a fait le choix en conscience, et je pense que c'est toujours bien de revenir devant les électeurs
01:46 pour clarifier la ligne politique et surtout poser la question d'un choix historique de qui va gouverner le pays jusqu'à 2027.
01:55 Et je crois que le président de la République, en conscience...
01:57 Il remet son mandat en jeu, d'une certaine manière, c'est ça ?
02:00 Non, en conscience, convoque des élections législatives pour pouvoir clarifier un certain nombre de points.
02:05 J'ai évoqué les enjeux auxquels on doit faire face au niveau international et au niveau national.
02:11 Et donc c'est une nouvelle élection qui commence aujourd'hui, une élection législative sur des enjeux nationaux et internationaux également,
02:19 sur lesquels la majorité présidentielle aura des choses à dire, projet contre projet.
02:24 Pardon, mais on n'a jamais vu un président dissoudre un Parlement national sur une élection européenne. Quel rapport ?
02:31 Je vous le dis, je pense que c'est une élection de clarification.
02:35 Et donc pour lever des blocages, on a vécu des dissolutions de confort. Ce n'est pas une dissolution de confort.
02:42 Aujourd'hui, le schéma électoral français montre que 40% des électeurs qui se sont déplacés ont choisi une liste d'extrême droite.
02:51 Et donc vous cédez la demande aujourd'hui à Mbardella ?
02:54 La majorité est relative au Parlement, à l'Assemblée nationale.
02:57 Encore une fois, la NUPES et notamment LFI ont créé des conditions de la bordélisation de cette Assemblée.
03:05 On parle de vous d'abord. Est-ce que c'est le RN qui fixe l'agenda politique désormais en France ?
03:08 Pas du tout. C'est le président de la République qui a choisi en conscience.
03:12 Et donc c'est un agenda de clarté, de décision.
03:16 Vous savez, je vous le dis, de plus en plus de démocratie bascule un peu près partout dans le monde.
03:26 Et on a la chance en France de pouvoir élire nos dirigeants et clarifier les lignes politiques.
03:31 C'est prévu par nos textes et notre constitution.
03:34 Et au moment où les démocraties dans le monde deviennent minoritaires,
03:37 je pense qu'on doit se féliciter que le président de la République prenne cet engagement
03:41 et nous propose et permette aussi aux Français de s'exprimer sur la ligne politique du pays.
03:45 Ce sera le cas dans les prochains scrutins et dans cette campagne qui démarre aujourd'hui.
03:50 Mais vous aviez dit que ces européennes étaient les plus importantes de l'Histoire.
03:54 Et en réalité on s'aperçoit donc après leurs résultats qu'elles avaient un enjeu national, c'est ça ?
04:01 Il y a une donne politique. Et cette donne politique, je viens de le dire.
04:06 Il y a des enjeux importants et il y a une clarification à faire.
04:10 Cette clarification va être menée. Je souhaite qu'on s'inscrive dans un choix de projet politique pour le pays.
04:17 Et ça nous permet aussi à un moment donné de relégitimer des gens qui gouverneront le pays.
04:23 Et je souhaite que cette campagne, y compris, soit menée par ma famille politique avec ses alliés.
04:28 On est plusieurs formations politiques et on y va pour gagner, je le dis.
04:32 On y va pour gagner. J'entends un esprit de défaite derrière.
04:35 Mais c'est une nouvelle élection qui commence avec d'autres enjeux.
04:39 Et j'aimerais bien qu'on pose des questions très franches sur les questions économiques.
04:44 Quelle politique économique pour le pays ? La réponse sur le dérèglement climatique.
04:48 La réponse également sur les grands enjeux du monde.
04:51 Nous avons tous des réponses différentes.
04:54 Dans la presse, il y a un mot ce matin qu'on lit.
04:57 C'est le mot de poker et la métaphore de faire tapis.
05:01 Bref, du jeu de hasard.
05:04 Est-ce que le président de la République fait un pari en allant à la dissolution de l'Assemblée Nationale ?
05:10 Non, je crois que c'est un pari de confiance. Confiance envers les Français.
05:15 Les Français doivent décider de la ligne économique, politique, géopolitique, internationale de la France.
05:22 On a besoin de stabilité.
05:25 On voit depuis deux ans que l'Assemblée Nationale ne fonctionne pas bien.
05:30 Le résultat d'hier est un coup de tonnerre aussi dans la vie politique.
05:35 Il faut le prendre conscience.
05:37 Je l'ai dit, nous l'admettons, les résultats sont mauvais à cette élection européenne.
05:41 Maintenant, nous avons un projet, nous partirons sur des orientations politiques.
05:46 Je souhaite que le Bloc Central puisse être conforté, légitimé.
05:51 Je pense que depuis le début de ce mandat, nous avons des idées à mettre en place.
05:57 Et surtout à faire progresser le pays sur le volet économique et social.
06:01 Yael, parlons de ce Bloc. Le parti que vous dirigez, Renaissance, entre donc en campagne.
06:04 Vous-même, vous serez candidat au législatif ?
06:06 Oui, probablement.
06:07 Vous quittez le ministère du Quai d'Orsay.
06:09 C'est une élection importante ?
06:11 Non, le gouvernement reste en place, reste en responsabilité.
06:15 Mais comme tout responsable politique, au moment où il faut prendre ses responsabilités,
06:20 je prendrai les miennes sur une législative.
06:22 Vous avez expliqué à l'AFP hier soir que vous ne mettriez pas de candidat Renaissance ou Horizons au modem
06:29 devant des candidats issus des Républicains, des écologistes, des socialistes,
06:33 qui seraient dans l'arc républicain.
06:35 Expliquez-nous.
06:37 Il n'y aura pas de candidat de votre camp face à des sortants ?
06:40 Je ne veux pas qu'on rentre dans une logique de quatrième république et de jeu d'appareil.
06:45 Nous sommes dans la cinquième.
06:47 C'est vous qui avez ouvert ce débat ?
06:48 On se met dans une logique de projet.
06:50 Et donc tous ceux qui veulent s'inscrire dans cette logique de projet sont les bienvenus.
06:54 Qu'est-ce qu'un arc républicain ?
06:55 Puisque la définition a changé tout au long du quinquennat.
06:57 Mais par définition, le projet que nous porterons dans cette élection sera dans le champ républicain.
07:02 Donc tous les députés sortants qui souhaitent s'investir dans ce projet,
07:07 il y aura une discussion avec les partenaires de la majorité.
07:11 Mais également, je souhaite qu'on puisse avoir une discussion avec des gens raisonnables
07:15 avec qui on peut travailler.
07:17 Et dans ce cadre-là, oui, nous donnerons les investitures à ceux qui partagent ce projet.
07:22 Et donc chaque candidat qui se dit en désaccord avec ce projet
07:27 aura évidemment un candidat en face aux élections législatives.
07:30 Stéphane Séjourné, Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti Socialiste,
07:34 vient d'entrer dans ce studio.
07:37 Bonjour Olivier Faure.
07:38 Il aura un candidat en face de lui ?
07:40 Anselm Eymarn ?
07:41 C'est à lui de voir.
07:44 Nous ouvrons à tout le monde.
07:47 Moi je ne veux pas qu'on soit dans une logique d'exclusion.
07:51 La majorité présidentielle a toujours été dans une logique de dépassement politique.
07:54 On a des enjeux très forts.
07:56 L'extrême droite est très forte dans les sondages.
07:59 Et maintenant dans cette élection européenne, nous le constatons également.
08:03 Je souhaite que tous ceux qui veulent partager un projet républicain peuvent s'y allier.
08:09 Mais c'est qui ? Donnez-nous des noms qu'on voit à peu près l'idée.
08:12 On a travaillé avec des gens raisonnables à droite, des gens raisonnables à gauche.
08:18 Et donc c'est à eux de répondre à cette question.
08:21 Encore une fois, on travaillera dans une optique de pouvoir avoir une majorité,
08:26 une stabilité à l'Assemblée nationale.
08:29 Et on partage certaines convictions avec Olivier Faure.
08:32 On a des désaccords finalement.
08:34 Qui est en face pour vous ?
08:35 Et qui aimerait vous répondre Olivier Faure ?
08:36 Pour le Parti Socialiste, est-ce que vous êtes prêt, puisque vous êtes raisonnable,
08:39 à faire alliance, à entrer en campagne pour faire face au RN les 30 juin et 7 juillet prochains ?
08:46 Je ne sais pas qui doit déterminer qui détient la raison.
08:50 Moi ce que je vois, c'est que depuis hier soir, il y a eu un vote sanction comme jamais.
08:55 Un parti au pouvoir qui est dépassé de plus de la moitié par son principal opposant,
09:02 qui est d'extrême droite.
09:03 Et donc maintenant, vouloir nous expliquer qu'il faudrait venir au secours de la majorité
09:08 pour pouvoir faire face à l'extrême droite, alors que c'est le président qui a seul décidé de cette dissolution,
09:14 je me pince. Vraiment je me pince.
09:17 La réalité c'est que ce n'est pas par des accords d'appareil minable que nous arriverons à quoi que ce soit.
09:23 La seule chose à laquelle nous puissions arriver, et ce que je souhaite pour la gauche,
09:27 c'est que nous puissions répondre là où le président n'a pas su répondre.
09:30 Depuis 7 ans, à quoi fait-il face ? Au gilet jaune ?
09:33 A des gens qui manifestent sur la réforme des retraites ?
09:35 A des gens qui aujourd'hui refusent la réforme de l'assurance chômage ?
09:38 Voilà les sujets sur lesquels nous devons évidemment avancer,
09:41 et donc renoncer à la réforme des retraites, renoncer à la réforme de l'assurance chômage,
09:46 renoncer à la loi immigration, et peut-être qu'à ce moment-là,
09:49 vous entendrez une oreille se tendre vers vous.
09:52 Mais ce n'est pas en nous expliquant qu'il va falloir maintenant adhérer au projet de la majorité
09:56 que nous allons vous suivre. Ce serait complètement illusoire.
09:59 Stéphane Séjourné, vous répondez sur ce point ?
10:01 Je pense qu'on a un besoin de clarification et de clarté politique.
10:05 La clarté, c'est ce que je vous propose au moment.
10:07 La clarté politique c'est aussi de rejoindre un projet gouvernemental,
10:11 puisque c'est ça les élections législatives, et encore une fois,
10:14 la majorité, mon parti politique, l'ensemble des partis qui constituent cette coalition du centre,
10:21 ouvriront, c'est l'ADN du dépassement.
10:24 Mais est-ce que vous y croyez vraiment ?
10:26 Oui, j'y crois. Et je vais vous dire, j'entends l'esprit de défaite à gauche depuis maintenant 24 heures,
10:32 avec Marie Foussin, Wolfman, Ruffin, qui nous expliquent que l'ERN a déjà gagné cette élection,
10:40 que de toute façon l'ERN sera majoritaire dans l'hémicycle.
10:45 Et bien non, je pense qu'on est en capacité aujourd'hui de proposer un certain nombre de choses.
10:50 Moi je ne veux pas que Jean-Philippe Tanguy gère l'épargne des Français,
10:54 je ne veux pas que Jordan Bardella accueille au niveau des JO les délégations internationales,
10:59 je ne veux pas que ce soit Marine Le Pen qui négocie avec Poutine demain.
11:03 Et donc oui, on va se battre, et on va se battre sur cette élection législative avec tous ceux qui veulent se battre.
11:08 Et donc notre ADN c'est d'ouvrir et de permettre à tous ceux qui se reconnaissent dans un projet
11:15 qui peut associer largement, avoir une cohérence politique,
11:19 parce que c'est important d'avoir de la clarté politique, de pouvoir se reconnaître là-dedans et d'avancer.
11:23 Et donc ce sera sans vous, Olivier Véran.
11:25 Mais la réalité c'est quoi ? La réalité c'est que depuis hier, on a un ERN qui n'est plus seulement aux portes du pouvoir,
11:31 qui a mis un pied dans la porte.
11:33 Et on a un pouvoir actuel qui s'est totalement disqualifié, puisqu'il n'est plus qu'à 15%
11:39 et qu'il n'est plus en mesure de faire barrage, alors que le président a été élu et réélu précisément pour faire barrage.
11:45 Mais comme les Français ont préféré l'original à la copie après la loi immigration,
11:50 ils ont choisi hier de porter au plus haut l'extrême droite.
11:54 Et donc aujourd'hui, qui peut faire barrage à l'extrême droite ? Il n'y a plus que la gauche.
11:58 C'est la gauche qui est à 30%, ce n'est pas le parti de M. Séjourneil qui est à 14%.
12:01 C'est là où ça ne colle plus.
12:03 - Mais vous êtes à combien Olivier Faure ?
12:05 - Mais nous nous sommes à 14, on est exactement à un demi-point de vous.
12:08 - 13,8 précisément.
12:10 - Oui, 13,8. Et donc nous avons aujourd'hui une gauche qui existe dans ce pays, qui fait plus de 30%.
12:16 Il n'y a que la gauche qui puisse aujourd'hui interrompre ce que l'on finit par croire inéluctable,
12:22 et à la victoire du RN.
12:24 - Je suis incapable aujourd'hui de citer une proposition qui soit de la nuppesse.
12:32 Et qu'est-ce que vous allez défendre aux élections législatives ?
12:34 - Mais je vais vous le dire.
12:35 - Avec laquelle effi ?
12:36 - Par exemple, le taxe électoral sur la profit, vous avez refusé.
12:39 Nous avons tous proposé de faire en sorte aujourd'hui que la bifurcation écologique
12:43 puisse être financée par ceux qui ont éhontément profité de toutes les crises, géopolitiques comme sanitaires.
12:50 Est-ce que vous avez, vous, un seul instant pensé à cela ? Non.
12:54 Vous nous avez servi à cette théorie du ruissellement qui n'a jamais fonctionné nulle part.
12:58 Et donc, effectivement, oui, je crois qu'il y a aujourd'hui besoin d'aller chercher l'argent là où il se trouve.
13:04 Et c'est-à-dire pas dans la poche des Français, dans leur immense majorité,
13:07 mais dans celle de ceux qui ont aujourd'hui les moyens de nous aider à faire face à ce défi climatique.
13:13 - Aujourd'hui, vous devriez aussi clarifier votre camp.
13:15 - Merci Stéphane Séjourné, ministre des Affaires étrangères et patron du Parti Renaissance.
13:23 Merci d'avoir été à notre micro et d'avoir accepté le principe de ce dialogue impromptu avec Olivier Faure.