#Documentaire - Le retour de Marioupol

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(Republication d'une vidéo publiée le 21 septembre 2022)

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00:00 Le 24 février 2022, la Russie lance une opération militaire spéciale en Ukraine.
00:07 Objectif de la première grande bataille, la ville de Mariupol doit repasser sous contrôle du Donbass prorusse.
00:16 Le combat est en cours.
00:19 Le combat est en cours.
00:23 Le combat est en cours.
00:26 Le combat est en cours.
00:29 Je t'ai vu, je t'ai vu. Laisse-le partir.
00:32 Je t'ai vu, laisse-le partir.
00:43 On est en contact, je te le dis.
00:47 On est en contact, je te le dis.
00:53 Le combat est en cours.
00:56 Là, regardez, on voit là.
01:04 Ah oui, je vois, je vois.
01:06 Regardez combien il y en a.
01:09 Vaut mieux ne pas y aller, on ne sait jamais.
01:17 Après deux trois mois, l'unité d'Alexandre Khodakovsky, composée de volontaires de Donetsk, participe au combat sur le front de Mariupol.
01:24 Cette opération spéciale, ces opérations militaires, ce n'est pas juste pour tuer l'ennui.
01:33 On comprend bien ce qui s'est passé.
01:36 La Russie a été acculée, il fallait qu'elle fasse quelque chose et qu'elle tranche ce nœud gordien.
01:41 On a pris la position de détruire ce nœud gordien.
01:44 L'immolation, l'immolation, c'est la gloire !
01:57 L'immolation, l'immolation, c'est la gloire !
02:06 En 2014, Khodakovsky comprend qu'il faudra se battre pour les villes du sud-est de l'Ukraine.
02:11 Au moment où les manifestations du Maïdan de Kiev dégénèrent en une véritable guerre de rue.
02:17 Dès le début de ces événements, il m'a semblé essentiel qu'il n'y ait pas à Donetsk tous ces signes extérieurs que nous observions à Kiev.
02:31 Il fallait nous démarquer complètement d'eux.
02:34 Que tout ce que nous déclarions, que tout ce que nous faisions soit à l'opposé de ce qu'ils faisaient et proclamaient.
02:39 En 2014, au Maïdan, il était déjà clair que la tumeur bénine avait évolué en tumeur maligne.
02:59 Et qu'il n'y aurait rien d'autre à faire que d'en passer par la chirurgie.
03:03 Le tout est de savoir si ce cancer n'est pas déjà en phase terminale et inopérable.
03:08 Après le coup d'état en Ukraine, Alexandre Khodakovsky rentre chez lui à Donetsk.
03:19 Ici, comme dans presque toutes les régions russophones du sud-est de l'Ukraine, les gens refusent de reconnaître le nouveau pouvoir à Kiev.
03:26 "Unis pour tous et pour chacun"
03:33 "Arme à la prussian"
03:37 Au Maïdan, ils aimaient dire que le peuple est sorti sur la place du Maïdan et que c'est le peuple qui décide.
03:43 Et bien dans ces régions, c'est aussi le peuple qui décide.
03:46 Nous sommes aussi le peuple et nous avons fait le choix de ne pas vous reconnaître parce que vous êtes des criminels.
03:51 Vous avez pris le pouvoir anticonstitutionnellement par les armes, dans un bain de sang.
03:56 Le fait qu'un quelconque, Yanukovitch, se soit sauvé quelque part n'y change absolument rien.
04:02 A Odessa, Lugansk, Donetsk et Mariupol, les gens forment des milices d'autodéfense.
04:14 Comme je venais d'arriver au Maïdan, je pouvais dire quelles forces y étaient groupées, concentrées et quelles menaces elles représentaient.
04:23 Je pense justement aux radicaux qui tiraient, qui ont tué des policiers.
04:28 C'était des gens qui avaient déjà assimilé les techniques de la violence et du meurtre.
04:33 Forcément, dans la logique des choses, ce phénomène devait atteindre le Donbass.
04:38 Parce que le Donbass était resté insoumis, il fallait le soumettre.
04:41 Dites-moi, vous avez de la sympathie pour la Russie ?
04:46 Et maintenant, dites-moi, êtes-vous pour la sécession avec l'Ukraine ?
04:54 Et dites-moi aussi, qui de vous, mes amis, est prêt à donner sa vie pour cette cause ?
05:07 Et maintenant, je vais vous dire que ceux qui sont ici sont sûrement les meilleurs représentants de la société de Donetsk.
05:13 Je disais, nous ne sommes pas prêts. Il faut rassembler nos forces, accumuler des ressources,
05:20 parce que demain, nous devrons nous battre contre ces radicaux et qu'on essaiera de nous briser.
05:24 La prédiction de Khodakovsky se réalise quelques semaines plus tard.
05:37 La première ville où le nouveau pouvoir de Kiev envoie les anciens défenseurs du Maïdan
05:41 avec des armes et des unités militaires est Mariupol, un centre industriel crucial du sud de l'Ukraine.
05:47 Ce n'est probablement un secret pour personne que les russophones forment une part considérable de la population ukrainienne.
06:00 Et que cela ne gênait personne jusqu'en 2014.
06:04 Et là, tout d'un coup, la langue russe, la culture russe, l'histoire russe deviennent en péril pour l'Ukraine.
06:10 Et on se met à lutter contre tout ce qui est russe.
06:13 Les forces armées ukrainiennes ouvrent le feu sur la population civile de Mariupol le 9 mai.
06:19 Ce jour-là, les habitants fêtent traditionnellement la victoire sur le fascisme.
06:25 Ce sont les terroristes.
06:27 Ils n'ont pas de masque, ni de bataille, ni d'armes.
06:31 C'est une action antiterroriste avec une mortelle.
06:35 Pourquoi t'es là ?
06:37 Pourquoi t'es là ?
06:39 Pourquoi t'es là ?
06:42 Pourquoi t'es là ?
06:44 Pourquoi t'es là ?
06:46 Pourquoi t'es là ?
06:49 Pourquoi t'es là ?
06:51 (Applaudissements)
06:53 (...)
07:22 (...)
07:50 -Dès février 2014, la police de Mariupol se range
07:53 aux côtés des opposants aux nouvelles autorités de Kiev.
07:57 L'armée ukrainienne emploie contre eux des véhicules de combat.
08:01 Les principaux combats se déroulent autour du bâtiment
08:04 de la direction de la police municipale.
08:06 (Cris)
08:09 -J'ai reçu un appel.
08:12 Un gars, Vyacheslav, a dit "Olga, je suis gravement blessée.
08:16 "Nous sommes dans le bâtiment de la police.
08:19 "Faites-nous sortir. Ils nous fusillent, ils nous tuent."
08:22 (Cris)
08:24 Il y a beaucoup de militaires et de blindés.
08:27 Je suis allée voir les militaires et je leur ai dit
08:30 "Ils sont en train de tuer nos policiers.
08:33 "On est en train de tuer nos gars.
08:35 "Il faut faire quelque chose."
08:37 (Cris)
08:39 (Tirs)
08:42 (...)
08:45 On a fait demi-tour et on s'est dirigés par là,
08:48 en passant par deux rues.
08:50 On a fait le tour du bâtiment.
08:52 Mais les militaires ont tiré sur nous, sur des civils.
08:56 J'ai vu des gens tomber sous mes yeux.
08:58 (Tirs)
09:01 (...)
09:04 (Tirs)
09:06 -Des civils essayent d'aider la police.
09:09 Ils veulent aider leur police.
09:11 (Hurlement)
09:13 (...)
09:16 -Certains de nos policiers tiennent encore bon.
09:19 (Hurlement)
09:21 On dirait qu'il y a des blessés.
09:23 Ordure de bandéristes.
09:25 (Hurlement)
09:28 -Les taxis amenaient les corps à la morgue,
09:31 directement dans leur coffre.
09:33 Il n'y avait plus de place à l'hôpital.
09:36 On ne savait plus où mettre les morts.
09:38 (Hurlement)
09:41 Quand nous sommes revenus sur les lieux de la tragédie,
09:44 un peu après l'heure du déjeuner, à la police,
09:47 le bâtiment était déjà en flamme.
09:50 Il y avait des voitures de pompiers qui éteignaient le feu.
09:54 Des blessés et des morts étaient couchés par terre.
09:57 -Ranies, ne vous touchez pas !
09:59 -C'est un génocide.
10:01 Je ne peux pas appeler autrement ces événements,
10:05 ce qui s'est passé.
10:07 (Tirs)
10:09 -Plus de 90 % sont venus voter au référendum
10:13 et ont voté pour la République populaire de Donetsk.
10:16 Mais les événements continuent à évoluer
10:20 avec toujours plus de rapidité.
10:22 (Musique)
10:24 (Musique)
10:26 (Musique)
10:28 (Musique)
10:31 (Musique)
10:33 -L'Ukraine d'aujourd'hui,
10:35 c'est pratiquement la même chose que l'Allemagne de 1941.
10:39 Avec cette seule différence que l'Allemagne était en Europe,
10:45 alors que l'Ukraine est à côté de la Russie.
10:49 C'est ça qui est inquiétant.
10:51 Et pour résoudre le problème,
10:53 il va falloir prendre des mesures très rapides et très dures.
10:57 Sauf quoi, ça finira mal.
10:59 (Musique)
11:02 (Musique)
11:04 (Musique)
11:06 (Musique)
11:08 (Musique)
11:10 -Igor Khakimzianov a été le Premier ministre
11:14 de la défense de la République populaire de Donetsk.
11:17 En mai 2014, pendant les affrontements
11:20 avec les combattants du bataillon nationaliste ukrainien Azov,
11:24 il a été fait prisonnier.
11:26 Entouré de journalistes de Kiev, il est interrogé
11:30 par le leader du parti radical d'Ukraine, le député Oleg Lyashko.
11:34 -C'est quoi la République populaire de Donetsk ?
11:37 -C'est la volonté des citoyens.
11:39 -Tu organiseras des référendums en prison
11:42 dans la cellule des condamnés à perpétuité.
11:46 -C'était important pour eux de faire ça démonstrativement,
11:50 de le faire passer dans les médias, comme une nouvelle victoire
11:54 du pouvoir ukrainien.
11:56 J'ai proposé un tête-à-tête à Lyashko.
11:59 Lyashko l'a mis en colère, carrément en rage.
12:03 Il doit y avoir une vidéo où on le voit
12:06 et il a dit "Tu vas voir, je vais te descendre tout de suite".
12:10 -Ils ont été empoisonnés, on leur a pris leurs armes.
12:14 Et c'est lui, celui-là, l'organisateur de l'attaque
12:18 contre l'unité militaire de Mariupol.
12:22 ...
12:25 En 2014, les nationalistes ukrainiens parviennent
12:28 à réprimer l'offensive populaire à Mariupol
12:31 et à garder le contrôle de la ville.
12:35 ...
12:53 -Kiev retient la menace et les autorités utilisent
12:56 les 8 années suivantes pour transformer la ville
12:59 en une véritable forteresse.
13:01 ...
13:04 -Dès les 1ers jours après les élections, je suis venu ici.
13:08 J'ai dit "Je vous donne ma parole".
13:11 C'est pourquoi la 36e brigade marine a été redéployée ici.
13:15 ...
13:18 La 56e brigade militarisée est basée tout près,
13:21 de même que la 79e brigade des troupes aéroportées
13:25 à haute mobilité. Il y a tout ce qu'il faut pour se défendre.
13:28 ...
13:31 -Ces unités sont renforcées par la suite.
13:34 Mariupol est choisi comme base du régiment nationaliste Azov,
13:37 dont le noyau se compose d'adeptes de l'idée de pureté
13:41 de la race ukrainienne.
13:43 -Avec mon frère, nous avons rejoint à 16 ans
13:46 l'organisation nationaliste des patriotes ukrainiens.
13:49 C'est comme ça qu'elle s'appelait alors.
13:52 Mon frère et moi avons commencé à participer
13:56 à des actions pro-ukrainiennes, nationalistes.
13:59 Nous avons commencé à l'histoire et à la culture ukrainienne.
14:02 Nous nous sommes mis à apprendre l'ukrainien.
14:05 Nous avions aussi des entraînements.
14:08 -On y va ! -Oui, tout seul !
14:12 Plus vite ! Plus vite !
14:15 -La tactique, le combat au couteau, comment se servir des armes,
14:18 etc., etc. Et donc, depuis l'âge de 16 ans,
14:21 nous nous sommes préparés à des opérations militaires
14:24 et à des affrontements de rue.
14:28 ...
14:31 -Mariupol, c'est la maison natale.
14:34 Pour Azov, c'est la maison.
14:37 ...
14:40 ...
14:44 ...
14:47 ...
14:50 -Quand la bataille de Mariupol commence, Kiev mise précisément
14:53 sur les militaires du régiment ultranationaliste Azov.
14:57 -Nous nous battrons jusqu'à la dernière goutte de sang.
15:00 Nous n'avons peur ni des chars ennemis, ni des tirs de missiles,
15:03 ni de l'aviation. J'ordonne à chaque combattant
15:06 du régime Azov de se battre jusqu'au bout.
15:09 Nous anéantirons les rues sur terre, sur mer et dans les airs.
15:12 ...
15:16 -Entraînés par les instructeurs de l'OTAN, les combattants
15:19 du régiment Azov appliquent une nouvelle tactique,
15:22 ne pas laisser sortir les habitants de la ville assiégée
15:25 par les militaires.
15:28 ...
15:32 -Il y a encore quelqu'un, ici ?
15:35 -Elle a brûlé vive. Oui, elle marchait très mal.
15:38 Elle avait 84 ans.
15:41 ...
15:44 ...
15:48 -On ne nous laissait pas sortir.
15:51 On nous tirait dessus avec... Comment ça s'appelle ?
15:54 On ne nous laissait même pas manger.
15:57 Ils ne laissaient pas les enfants chauffer l'eau.
16:00 Nous sommes dehors. Ce jour-ci, ça allait encore.
16:04 Mais un ventier, ça s'est aggravé. On n'a rien mangé depuis 24 heures.
16:07 On allait chercher de l'eau. Il y avait aussi des snipers
16:10 qui tiraient depuis le toit.
16:13 On ne nous laissait ni sortir, ni entrer.
16:16 ...
16:20 -Ils roulaient pendant la nuit et ils écrasaient les civils.
16:23 Ils sont arrivés devant notre maison
16:26 et ils se sont mis à tirer un peu partout, juste comme ça.
16:29 Il n'y avait pas de Russes, personne de Russie, ni de RPD.
16:32 Mais ils tiraient quand même sur ces maisons.
16:36 ...
16:39 ...
16:42 ...
16:45 -Avec les militaires russes, des habitants du Donbass
16:48 participent à l'assaut de Mariupol. Ils ont rejoint les rangs
16:52 quelques jours avant le début des combats.
16:55 -Il y a un mineur, des vigiles, un journaliste.
16:58 Voilà la presse. Plein de gens, des chauffeurs, des électriciens.
17:01 ...
17:04 -J'ai travaillé pendant 11 ans à Moscou.
17:08 Je suis rentré chez moi et j'ai trouvé un travail dès le 1er jour,
17:11 le 24. Je suis sorti travailler, mais je suis venu
17:14 tout de suite ici. Je n'ai pas eu le temps.
17:17 Je devais travailler à Donetsk.
17:21 -Azov, il n'y regarde pas deux fois.
17:24 Un coup d'oeil, il tire et c'est terminé. C'est clair, non ?
17:27 Donc je dis "Tirez, jetez des grenades".
17:30 -Ca te plaît, tout ça, dans les films, ou c'est mieux d'avoir
17:33 soi-même une mitraillette ? -Franchement, je n'en sais rien.
17:36 Je n'ai jamais tiré.
17:40 -Qu'est-ce que tu faisais dans la vie civile ? Tu travaillais ?
17:43 -J'étais mécanicien. -Mécanicien quoi ?
17:46 -Automobile. -Donc tu n'as aucune expérience
17:49 dans le militaire, rien du tout. -Ca n'est pas grave, mon vieux.
17:52 Quand il faut, il faut.
17:56 -Touche-toi de façon à voir sans être vu.
17:59 Compris, je ne te le dis pas pour maintenant, mais pour plus tard.
18:02 Tu es un tireur d'élite. C'est toi qu'on va viser en premier.
18:05 Maintenant, on va tirer ta première balle.
18:08 ...
18:12 -Civils, hier encore, ils apprennent la tactique des combats de rue
18:15 directement sous les frappes ennemies.
18:18 ...
18:21 ...
18:24 -Pas de poignée, les gars !
18:28 ...
18:31 -Je m'en suis.
18:34 -Je sais que ça fait mal.
18:37 -En face du numéro 44,
18:40 il y a 4 ou 6 des nôtres. Bien reçu ?
18:44 Darier, contactez-le.
18:47 -D'or, d'or ! Le grec a d'or.
18:50 -Le plus urgent, c'est de fermer le pont,
18:53 le miner, le bloquer, pour qu'il ne tombe pas
18:56 sur nos alliés par derrière.
19:00 ...
19:03 Même pas besoin de fumer, ici.
19:06 ...
19:09 -Se cachant derrière les civils, les troupes ukrainiennes
19:12 transforment des centaines d'immeubles de Mariupol
19:16 en armes de guerre.
19:19 ...
19:22 -On allait miner le pont, on s'est fait tirer dessus.
19:25 ...
19:28 Ils devaient sans doute nous attendre dans cet immeuble-là.
19:32 Un blessé, vendu à Chagann, tué.
19:35 ...
19:38 Déchiqueté. On a eu de la peine à s'en sortir.
19:41 Les gars nous ont aidés, nous ont couverts.
19:45 Heureusement, la mission n'a pas été remplie.
19:48 -Boycott ! Moi, moi, boycott, j'appelle.
19:51 ...
19:54 Boycott, j'écoute.
19:57 -Ça tire des 3 côtés. Yuri a été blessé.
20:00 ...
20:04 -S'ils passent par ce pont, on aura 3 fois plus de blessés.
20:07 ...
20:10 Il faut remplacer Yuri et trouver un nouvel abri.
20:13 -Il n'y a pas d'abri là-bas, ce sont des champs.
20:16 ...
20:20 ...
20:23 -Les combattants du régiment Azov
20:26 empêchent toute tentative d'évacuation.
20:29 Les militaires ukrainiens tirent sur les civils,
20:32 fuyant la ville en flammes.
20:36 -On est sortis les voir. Ils étaient à côté d'un char.
20:39 On a appelé l'homme, la femme s'occupait des pilotes.
20:42 Il a dit que les Ukrainiens avaient fusillé des gens.
20:45 Ils les regroupent, si j'ai bien compris,
20:48 dans les cours de leurs immeubles et les mettent dehors.
20:52 -Pour qu'on ne tire pas. -Pour qu'on ne se ramène pas
20:55 avec l'artillerie, parce qu'il y a des civils.
20:58 Pourquoi ça fait 3 jours qu'on voit des civils partout ?
21:01 Parce qu'ils disent aux civils que si ils bougent, ils sont morts.
21:04 ...
21:08 ...
21:11 ...
21:14 ...
21:17 ...
21:20 ...
21:24 ...
21:27 -Pour ceux qui libèrent Marioupol, l'assaut de chaque quartier
21:30 se double d'une opération d'évacuation des civils.
21:33 -La milice est en ce moment à chaque 1re.
21:36 -On est là. On est là. On va pas se trancher.
21:40 ...
21:43 ...
21:46 -Elle est blessée à la jambe, les gars. Par arme à feu.
21:49 Nous voulions quitter la zone des opérations militaires.
21:52 On a commencé à partir. Nous étions à 2 voitures,
21:56 la nôtre et une autre. Les 2 voitures ont été visées
21:59 par un sniper sans sommation, de piélot à la Zofstal.
22:02 Ma fille a pris une balle.
22:05 Maman a été touchée aux 2 jambes. Et mon fils, mon petit dernier,
22:09 aussi, une jambe touchée.
22:12 -Et ils ne voulaient pas vous laisser partir ?
22:15 -Ils ont dit "arrière". Et nous sommes rentrés.
22:18 ...
22:21 -Sa voiture était pleine. 5 enfants, 3 garçons, 2 filles.
22:24 Il a ouvert la portière et il a dit "Les gars, ne tirez pas.
22:28 Je suis avec des enfants." Mais ils ont tiré.
22:31 Lui, à la jambe, sa femme, au-dessus de la cuisse.
22:34 Les enfants en ont reçu aussi.
22:37 -Les gens, là-bas, sur la route, mon plus jeune enfant.
22:40 -On ne pourra pas la mettre sur le côté.
22:44 Pour l'instant, met-lui la tête là.
22:47 ...
22:50 -Les journalistes qui travaillent à Mariupol
22:53 connaissent nombre d'histoires semblables.
22:56 Nadhana Friedriksson, correspondante de guerre,
23:00 a été l'une des premières à s'entretenir avec les habitants
23:03 d'un quartier de Mariupol, récemment libéré.
23:06 ...
23:09 -Une vieille femme à larmes s'approche de moi, hors cadre.
23:12 Elle me tire par la manche et elle me dit
23:16 "Mon fils a été tué."
23:19 Elle est là, dans la cour. Je ne peux pas voir ça.
23:22 ...
23:25 -Mon fils est à côté du garage, dans la rue Nikolayevskaya.
23:28 -Mes condoléances.
23:32 -Merci.
23:35 -Je suis en colère pour mon fils. Elle dit en larmes
23:38 "Je vous en prie, faites quelque chose.
23:41 "Où il y a des gens de Mariupol qui ont enterré les morts
23:44 "directement dans les cours. Nous avons vu ces tombes."
23:48 ...
23:51 ...
23:54 -Honnêtement, j'ai vu ceux de Lazov tuer un jeune garçon innocent
23:57 parce qu'il correspondait avec sa grand-mère, qui est en Russie.
24:00 Ces salauds sont venus le chercher.
24:04 Le matin, nous l'avons trouvé derrière l'immeuble.
24:07 Ils lui ont tiré dessus.
24:10 ...
24:13 ...
24:16 ...
24:20 ...
24:23 ...
24:26 -Où trouvez-vous de la nourriture ?
24:29 -Nous avions fait des réserves
24:33 pour les familles qui auraient la guerre.
24:36 Je ne sais pas ce qu'on va faire.
24:39 On avait un pressentiment, mais je ne sais pas.
24:42 -On compte sur l'aide humanitaire.
24:45 -On se débrouille pour vivre.
24:48 Tu vois ce que c'est, de la chaplure, des poids cassés ?
24:52 On se sert de tout. Il y a des gens qui manquent d'insuline.
24:55 Ceux qui ont de l'asthme respirent toute cette poussière.
24:58 Ils ont des crises aigües, c'est très difficile.
25:01 Beaucoup sont tombés malades.
25:04 Il y a des enfants qui ont 39 de fièvre.
25:08 -Nous avons tous de la famille en Russie.
25:11 ...
25:14 -Allez-y, dispersez-vous.
25:17 ...
25:20 ...
25:24 ...
25:27 ...
25:30 ...
25:33 ...
25:36 ...
25:40 -Depuis le début des opérations militaires,
25:43 des volontaires se chargent de l'évacuation
25:46 des habitants de Mariupol. Parmi eux, la poétesse Anna Dolgareva.
25:50 -Les gens ont besoin de nourriture, d'eau et de bougies.
25:53 Parce qu'il n'y a pas de lumière dans les sous-sols.
25:57 Il n'y a pas de lumière.
26:00 Il faut me filmer.
26:03 -Tous les jours, elle fait le trajet depuis Donetsk
26:06 pour venir à Mariupol.
26:09 ...
26:13 Anna comprend très bien que chaque voyage peut être le dernier.
26:16 ...
26:19 -On arrive dans une cour.
26:22 On nous a demandé de voir des gens dans un sous-sol.
26:26 Je vois un sniper en train de travailler.
26:29 Il tire quelque part, mais il ne va pas me tirer dessus.
26:32 Un groupe d'assaut de la RPD arrive et me regarde avec de grands yeux.
26:36 Ils nous disent qu'on est en zone interdite.
26:39 Il y a des combats ici. Le sniper travaille. Dégagez d'ici.
26:42 ...
26:46 ...
26:49 ...
26:52 ...
26:55 ...
26:58 ...
27:02 -C'est bon, on a tout chargé.
27:05 ...
27:08 -Tolga Reva apporte des produits alimentaires en ville.
27:11 Elle ramène dans sa voiture ceux qui n'ont plus la force de vivre
27:14 dans les ruines de Mariupol.
27:18 -Une famille accourt vers nous.
27:21 Nous avons conduit une famille jusqu'à Besemeynoye.
27:24 Les parents et un grand-père avec eux.
27:27 Le grand-père hurlait.
27:30 Il jurait parce qu'un sniper ukrainien venait de lui tirer sur la jambe.
27:34 Il savait où était planqué ce sniper d'Azov.
27:37 Il a dit "je passais sans arrêt à côté de lui".
27:40 Il devait me connaître. Il dit "je suis allé chercher de l'eau".
27:43 Et il m'a tiré dessus.
27:46 ...
27:50 Explosion
27:53 -On va dans le dom.
27:56 ...
27:59 ...
28:02 -Les grands-mères de Mariupol sont les témoins involontaires
28:06 de combats atroces. Beaucoup ne peuvent descendre
28:09 dans les sous-sols ou les abris à cause de leur âge.
28:12 Elles sont contraintes d'observer les horreurs de la guerre
28:15 par les fenêtres de leur appartement visées par les frappes.
28:18 ...
28:22 ...
28:25 -A l'aide ! La porte est bloquée. Nous ne pouvons pas sortir.
28:28 -On arrive. On va vous aider. Un instant.
28:31 -Un obus est tombé dans l'appartement.
28:34 -Quel numéro ? -Numéro 10.
28:38 ...
28:41 -C'est lourd. Laissez-moi porter votre sac.
28:44 -Merci. Je vais le porter moi-même.
28:47 -En bas, on distribue de l'aide humanitaire.
28:51 -Je peux vous aider. Dites-moi où apporter ça.
28:54 -Vous, ici.
28:57 C'est pour vous deux.
29:00 Merci. Que Dieu vous bénisse et qu'il bénisse vos parents.
29:03 Et que vous soyez toujours en bonne santé et heureux.
29:06 Merci, Seigneur. Secours-nous. Merci, Seigneur. Merci. Merci.
29:12 ...
29:15 -C'est la 2e fois que Tamara voit sa ville de Mariupol assiégée.
29:20 Enfant, elle a vécu les horreurs de la 2e guerre mondiale.
29:23 Elle ne pensait pas que 80 ans plus tard,
29:26 les militaires ukrainiens utiliseraient les mêmes techniques
29:30 que les nazis, tireraient dans le dos des civils.
29:33 Ni qu'elle remercierait des soldats russes de l'avoir sauvée.
29:36 -Dieu les bénisse. C'est affreux. C'est ma 2e guerre.
29:39 ...
29:42 J'en ai vécu une dans mon enfance. Et maintenant, cette guerre de Mariupol.
29:47 Je n'ai pas eu de vie, je vous le dis franchement.
29:50 Je n'ai pas eu une belle vie.
29:52 Des guerres depuis l'âge de 5 ans.
29:56 Je prie Dieu, je lui dis "Seigneur, mais jusqu'à quand ?"
30:01 Je pensais qu'à mon âge, j'aurais une vie normale.
30:05 Il ne me reste pas longtemps à vivre.
30:08 On pourrait nous laisser vivre un petit peu.
30:11 Il ne nous reste que presque plus de temps.
30:14 Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Je ne comprends pas.
30:17 C'est dur, très dur. J'ai mis tous mes vêtements chauds.
30:21 Mes pieds sont noirs. Je vais vous faire voir mes pieds.
30:24 Regardez ça.
30:25 ...
30:33 ...
30:39 -Il faut l'évacuer. -Elle a la gangrène.
30:43 ...
30:53 ...
30:58 ...
31:05 ...
31:13 ...
31:20 ...
31:27 ...
31:34 ...
31:41 ...
31:44 ...
31:46 -Le Grec a Choulia. J'appelle Choulia.
31:49 Tout le monde dans l'entrée.
31:51 Il y en a un ou deux qui ont mis des corps ici.
31:54 On en a tué un.
31:55 Mitraillette, 3 gilets par balle, c'est tout.
31:59 Il n'y a plus rien.
32:00 Les appartements ont été nettoyés.
32:02 Les mitrailleurs surveillent les fenêtres.
32:05 -Né en 2000. En 2000, tu te rends compte ?
32:09 -Je viens de la forcer. Tu n'étais pas inconscrit ?
32:12 -22 ans.
32:13 -Tu n'étais pas inconscrit ?
32:15 Je leur avais crié de se rendre.
32:17 ...
32:18 -Les soldats l'ont pris et ont dit
32:21 "Montre-nous ce que tu as comme blessure."
32:24 Il était tout voûté. Il ne pouvait pas se redresser.
32:28 "Je n'ai pas besoin de pansement. Fais voir."
32:31 Il a défait sa fermeture.
32:33 Il était couvert d'or. Il avait de l'or partout.
32:36 Toute une ceinture.
32:38 ...
32:40 On lui a enlevé tout ça.
32:42 Même les télés.
32:43 Ils jetaient les télés par les fenêtres.
32:46 Ils ont pris aux gens tout ce qu'ils avaient.
32:49 -Un sac.
32:51 Des munitions.
32:52 ...
32:53 Qu'est-ce qu'on a ici ?
32:55 Oh, une tablette.
32:56 ...
32:58 Bref, des pillards.
32:59 ...
33:00 -Il y a un truc.
33:01 -Un truc ?
33:02 -Un truc.
33:04 -Un truc.
33:05 -Un truc.
33:06 -Voilà.
33:07 ...
33:08 ...
33:10 Explosion.
33:11 ...
33:12 ...
33:13 ...
33:14 ...
33:16 ...
33:17 ...
33:18 -Mes petites filles, je vous aime très fort.
33:21 Je suis vivante pour l'instant.
33:23 Je suis avec nos défenseurs.
33:26 Je vous aime très, très fort.
33:28 ...
33:29 ...
33:30 ...
33:31 -Nous sommes vivants.
33:33 Vous avez vu dans quelles conditions.
33:36 Nous vous aimons très fort et espérons vous revoir un jour.
33:40 ...
33:41 ...
33:42 ...
33:43 ...
33:44 ...
33:46 ...
33:47 ...
33:48 ...
33:49 ...
33:50 ...
33:52 ...
33:53 ...
33:54 -Au printemps 2022, les habitants de Mariupol
33:57 se sont souvenus de la visite, 8 ans plus tôt,
34:00 d'un des leaders de manifestation du Meïdan,
34:03 Petro Poroshenko, devenu peu auparavant
34:06 président de l'Ukraine.
34:07 Il avait compris que seules des mesures coercitives
34:11 permettraient de maintenir les régions du Sud-Est.
34:14 ...
34:15 -Les citoyens de quelle autre ville
34:18 défendent leur ville avec autant de zèle ?
34:21 La protégeant comme un bouclier humain.
34:24 Sa réputation s'est répandue
34:26 dans tous les coins de la planète.
34:29 ...
34:30 ...
34:31 ...
34:32 ...
34:34 ...
34:35 Le sens de ces mots, un bouclier humain,
34:38 les habitants ne l'ont compris qu'aujourd'hui.
34:41 ...
34:42 ...
34:43 -On a rencontré un civil hier.
34:46 Il dit que les Ukrops les ont parqués
34:48 et ne les laissent pas sortir.
34:50 ...
34:52 Dans les cours, nos collègues du côté gauche
34:55 sont passés un peu avant.
34:56 On massait les gens sous la menace de mitraillettes.
35:00 Les civils ont raconté la même chose.
35:03 On leur disait de ne pas bouger
35:05 parce que les gars ne tiraient pas, ne posaient pas de mine.
35:09 Voilà les soldats contre lesquels nous nous battons.
35:12 ...
35:13 -Depuis 2014,
35:14 Marioupol et toute la région du Donbass
35:17 sont considérées à Kiev comme des régions déloyales.
35:20 Les chaînes de télévision nationale
35:23 proposent ouvertement de lutter
35:25 contre l'humeur séparatiste des habitants de la région
35:28 par les moyens les plus radicaux.
35:31 ...
35:58 -Dans le public, on a maintenant tendance à croire
36:01 qu'avec les gens des régions de Donetsk et de Lugansk,
36:04 on ne peut plus parler de rien,
36:06 qu'ils ne valent rien,
36:09 ce sont des ordures, du vent, des "lugkondoms",
36:12 des "donsbeysiz".
36:14 Ces mots-là datent de 2014.
36:16 ...
36:17 Les habitants expliquent simplement
36:20 que les Ukrops ont été en train de se faire dévaster.
36:23 ...
36:26 Les habitants expliquent simplement
36:28 la cruauté des nationalistes.
36:30 En 2015, la milice du Donbass a repoussé une attaque
36:34 de l'armée ukrainienne et a lancé une contre-attaque.
36:37 La ligne de front s'est trouvée à 15 km de Marioupol.
36:41 ...
36:42 -Des morts et des blessés partout.
36:44 Tous les documents ont brûlé.
36:46 ...
36:48 Nos affaires personnelles, les mitraillettes...
36:51 On attend que les nôtres viennent nous chercher.
36:54 ...
36:55 Tous les véhicules ont brûlé, tout est cassé.
36:58 ...
37:00 Tiens, voilà un mort.
37:03 ...
37:04 Et un autre ici. Des quantités de blessés.
37:07 ...
37:09 -Les accords de Minsk sur le retrait des armements lourds
37:12 sont signés à ce moment.
37:14 Ces accords ont permis à Kiev de garder le contrôle de la ville
37:18 pendant 8 années entières.
37:20 ...
37:32 -A l'époque, nous pensions que cette terre était déjà presque à nous,
37:36 comme une pomme trop mûre.
37:38 Il n'y avait qu'à la cueillir et à la mettre dans le panier.
37:41 Marioupol, je pense qu'elle était prête à se rendre sans combattre.
37:45 On sait que du port de commerce de Marioupol,
37:48 toute information possible devait partir sur tous les navires.
37:51 Des documents civils, militaires, des services secrets,
37:54 peu importe. Même le salon d'un bateau de plaisance à 3 ponts,
37:58 le savon, avait été rempli par l'administration locale
38:01 et se préparait au départ. La ville était prête à se rendre.
38:04 Maintenant, il nous faut la conquérir avec de gros moyens.
38:08 ...
38:10 ...
38:15 -Aujourd'hui, les partisans regrettent d'avoir cru
38:18 aux assurances de paix de l'Ukraine
38:20 et de ne pas avoir pris le contrôle de Marioupol dès 2015.
38:23 ...
38:25 ...
38:29 ...
38:32 ...
38:36 ...
38:38 -Bonjour, Swan.
38:40 ...
38:42 Bonjour, Swan.
38:44 ...
38:46 -En mai 2019, Volodymyr Zelensky,
38:49 ayant promis d'arrêter le bain de sang dans le Donbass,
38:52 gagne l'élection présidentielle contre Piotr Poroshenko.
38:55 ...
38:58 Cependant, presque immédiatement après son élection,
39:02 il change de discours et parle de se retirer des accords de Minsk.
39:05 ...
39:08 -Les accords de Minsk, ce sont des désaccords.
39:10 Je ne suis satisfait d'aucun de leurs points.
39:13 -Dès ce moment, les experts militaires de l'OTAN
39:16 commencent à préparer intensivement l'armée ukrainienne
39:19 à la guerre prochaine.
39:21 -Les manoeuvres militaires maritimes américano-ukrainiennes
39:24 ont débuté aujourd'hui en mer Noire,
39:26 dans le cadre de "6 brises 2021".
39:28 -6 000 militaires parlent de leur expérience de combat.
39:32 -Manoeuvre rapide Rydan 2021.
39:34 ...
39:36 ...
39:40 -Avant, 3, 4...
39:43 -Avant même le déclenchement de la phase militaire active,
39:46 les combattants du régiment Azov étaient prêts à sacrifier
39:49 la population civile pour garder le contrôle de Mariupol.
39:52 ...
39:55 -Il y a des gens qui soutiennent l'occupation.
39:58 Oui, on les appelle les séparatistes,
40:01 du mot américain "séparation".
40:03 Ces gens qui soutiennent les occupants,
40:06 ce sont des ennemis, des criminels qu'il faut punir.
40:09 ...
40:12 Quant aux anciens citoyens, comment les traiter,
40:15 si ça leur plaît de vivre et de mourir comme ça,
40:18 avec un pouvoir pareil ?
40:20 Il n'y a même pas de banque.
40:23 C'est vraiment le pire de l'Union soviétique qu'ils ont gagné.
40:26 Et comment est-ce qu'on peut les traiter ?
40:29 Ils l'ont choisi, ils n'ont plus qu'à souffrir, maintenant.
40:32 ...
40:35 Ils ont été éliminés, et maintenant, ils mûrent.
40:38 -Ce type de discours a entraîné la mort de plusieurs milliers de civils,
40:42 des deux côtés de la ligne de front.
40:44 ...
40:49 -Ouais, merde !
40:51 ...
40:55 ...
40:58 ...
41:01 ...
41:06 -J'ai un message personnel à transmettre à Zelensky.
41:10 Comment a-t-on pu en arriver là ?
41:12 On aurait pu trouver une solution civilisée,
41:14 mais cette fripouille a préféré nous détruire.
41:17 Encore merci, les gars, vous nous avez sauvés.
41:20 Sans vous, on serait déjà morts.
41:23 Et toi, tu finiras comme Hussein.
41:25 ...
41:27 -Ils nous ont tirés dessus.
41:29 Ce n'est pas la Russie qui faisait des frappes, ce sont eux.
41:33 -Azov a dit "Nous laisserons Mariupol en ruine",
41:36 et c'est ce qui s'est passé.
41:38 Ils ont tenu leur promesse.
41:40 Ce sont des nazis.
41:43 Ils nous ont tourmentés pendant 8 ans.
41:45 Maintenant, ils veulent faire croire qu'ils ont défendu l'Ukraine.
41:49 Elle est où, l'Ukraine ?
41:51 Les Russes sont venus en Ukraine pour défendre Mariupol.
41:55 Ce sont eux qui ont donné de l'eau.
41:57 Nous avons enterré tellement de monde.
41:59 ...
42:02 ...
42:05 ...
42:11 -Ces contours noirs, tout au bout de l'avenue Métallurgoff,
42:15 ce sont les hauts fourneaux de l'usine Illich.
42:18 J'y ai travaillé pendant 8 ans, c'était mon premier emploi.
42:21 J'y ai travaillé jour et nuit, par roulement, tout le temps.
42:25 Je le connaissais par coeur.
42:27 ...
42:29 -Le journaliste Pavel Chuprina est l'un de ceux qui,
42:32 depuis 8 ans, cherche vainement à faire connaître au monde
42:36 la vérité sur les horreurs de la guerre civile en Ukraine.
42:39 ...
42:41 -Je savais que ça ne passerait pas à l'antenne,
42:44 mais j'ai quand même filmé tout ça.
42:47 J'ai essayé de faire des plans plus gros.
42:49 Je voyais que c'était notre histoire.
42:52 Chaque fois, quand j'arrive sur une frappe comme celle-ci,
42:56 je m'efforce de montrer au plus près, au plus proche,
42:59 ce qui se passe vraiment.
43:01 ...
43:03 Mais vaut le voir une fois que de l'entendre dire 100 fois
43:06 que c'était la guerre, la guerre, la guerre,
43:09 il faut que ce soit filmé.
43:11 ...
43:13 -Aujourd'hui, Paul revient dans la ville qu'il a quittée il y a 8 ans.
43:17 Il veut voir de ses yeux ce qui reste de son ancienne vie,
43:21 dont une page s'est définitivement tournée en 2014.
43:24 ...
43:26 ...
43:28 ...
43:30 ...
43:33 -D'ici, on peut évaluer assez bien l'état de la ville,
43:36 ce qui a été détruit, ce qui est encore intact.
43:39 Il y a beaucoup de destruction, c'est sûr.
43:42 Dans les bâtiments, les plus hauts, les toits, les étages supérieurs,
43:46 il y en a qui ont brûlé, qui sont détruits.
43:49 Et dans les cours, il y a des quartiers intacts,
43:52 des immeubles de 8 étages intacts, les maisons particulières aussi.
43:56 ...
43:58 ...
44:01 -Répétez l'information.
44:03 "Mousslim, mousslim",
44:05 du côté du numéro 144, des gens qui ne sont pas en civil.
44:09 Ils sont partis vers le haut, entre l'école et le numéro 144.
44:13 ...
44:15 -A 2h du matin, des soldats de FAU avec leur bandeau bleu
44:19 ont frappé et ont dit qu'ils allaient combattre ici et maintenant.
44:24 -On a tout brûlé sur nos pieds. Nous sommes sortis, c'est tout.
44:28 Nous avons couru à la rue Tenisnaïa.
44:31 Nous nous sommes cachés dans un sous-sol sans avoir pris
44:34 ni nourriture ni rien.
44:36 Vos gars nous ont dit que la route était libre,
44:39 qu'on peut aller jusqu'à l'église.
44:41 On est venus voir, mais c'est au 6e étage.
44:45 On sait même pas s'il y a des marches.
44:48 ...
44:50 -C'est révélateur.
44:52 -Ils avaient leur position.
44:54 Il fallait y aller d'appartement à appartement, de fenêtre à fenêtre.
44:59 Là où ils n'avaient pas leur position, à côté de l'université,
45:03 à la philharmonie, il n'y a pratiquement pas eu de frappe.
45:07 ...
45:09 ...
45:13 -Nous agissons en fonction des circonstances.
45:17 L'étendue des dommages dans les bâtiments
45:20 dépend entièrement de la résistance de l'ennemi.
45:23 ...
45:25 ...
45:27 ...
45:30 ...
45:32 ...
45:34 -Tu dois aller dans le bâtiment.
45:36 -Pour pousser l'ennemi hors du bâtiment,
45:39 tu dois connaître le bâtiment, faire le tour des couloirs,
45:44 des caches d'escalier où il est à son aise.
45:47 -Il y a des mines, ceux qui l'ont miné.
45:50 Ni comment il nous accueillera. Nous n'en avons aucune idée.
45:54 -On ne le comprend pas.
45:56 ...
46:01 -Il s'est éteint.
46:03 -Il faut faire ce qu'il faut dans un immeuble de 9 étages.
46:07 Tout le monde écoute ?
46:09 Quand on entre dans l'immeuble, il ne faut pas engager le combat.
46:13 Ils sont en haut, nous sommes en bas.
46:17 On a besoin de savoir à quel étage ils sont.
46:20 On met une mine dans l'escalier, on se retire, on va au char.
46:24 On tire. On rentre, ils résistent encore,
46:27 on se retire au char, on rentre.
46:29 C'est clair ? Et on continue
46:32 tant que cette vermine n'a pas brûlé vive.
46:35 C'est pas à vous de crever dans les escaliers.
46:38 Pour les commandants, suivez mes instructions.
46:41 N'envoyez pas vos hommes dans ces immeubles.
46:45 Vous entrez, vous voyez où est l'adversaire,
46:48 et vous vous retirez.
46:50 ...
46:52 ...
46:59 -Aujourd'hui, Mario Paul se réadapte à une vie paisible.
47:03 La ville se remet après presque 3 mois de combat.
47:07 ...
47:09 Ici, tout le monde cherche quelque chose.
47:12 Certains cherchent un nouveau logement,
47:15 d'autres de la nourriture et de l'eau,
47:18 d'autres des parents et des amis perdus.
47:22 ...
47:24 ...
47:26 -Salut, espèce de canaille !
47:29 -Moi, une canaille ?
47:31 -Bien sûr ! -Pourquoi ?
47:34 -Parce que tu n'es pas passé me voir, canaille !
47:37 -Salut, salut ! Qu'est-ce que c'est que tout ça ?
47:40 -Nous sommes arrivés ici le 15 mars, de chez les parents.
47:43 Nous pensions que l'immeuble n'existait plus,
47:46 ensuite, nous sommes descendus dans un sous-sol.
47:50 De l'un de main, ça frappe dur. Il ne reste qu'un seul immeuble.
47:54 -C'était pendant qu'on était au sous-sol.
47:57 L'immeuble n'avait plus de vitre, la voiture non plus.
48:00 -Et quand l'immeuble de Dan a brûlé ?
48:03 -On a su que le nôtre serait le suivant.
48:07 -Tous les jours, quelque chose brûlait ou explosait.
48:10 -Anna, la poétesse bénévole, n'a plus que quelques heures devant elle,
48:14 avant le couvre-feu.
48:16 -C'est bien ici que les Ostapenko habitent ?
48:19 -Oui, oui, Ostapenko habite ici.
48:23 ...
48:26 -On est venus vous chercher.
48:29 -Oh, je le savais ! Je le savais.
48:32 -L'essentiel est d'arriver à se préparer
48:35 et à quitter la ville avant la nuit.
48:39 -Bonjour. -Vous en avez toutes, vos préparatifs ?
48:42 -A 50 %. -50 %, combien de temps vous faut-il encore ?
48:46 -Donnez une vingtaine de minutes. -Une vingtaine de minutes ?
48:50 On nous avait dit qu'il y avait aussi une grand-mère.
48:53 -Elle est couchée. -Ah, elle est au lit ?
48:57 -Oui, vous pouvez aller la voir. Nous allons préparer notre grand-mère.
49:01 La voilà, notre bonne petite grand-mère.
49:04 -Est-ce qu'elle peut descendre ? -Non, il faudra la porter.
49:07 On a des hommes pour la porter.
49:10 -Elle pourra s'asseoir dans la voiture ? -Oui.
49:14 -Maman, on va rentrer à Makheyevka.
49:17 T'es contente ?
49:20 Voilà 3 jours qu'on en parle.
49:23 C'est toi qui as la clé ? -Oui.
49:26 -Bon, fais un bisou à papa.
49:30 -C'est bon, vas-y.
49:33 -Pour cette famille, la terrible bataille de Mariupol
49:36 appartient désormais au passé.
49:39 Elles vont chez des parents, à Makheyevka,
49:42 une ville relativement calme, défendue par la milice du Donbass.
49:46 Pour la 1re fois depuis 3 mois, elles pourront prendre une douche
49:49 et dormir tranquillement dans un lit chaud.
49:52 -Viens ici, que je t'embrasse.
49:55 -Viens ici, que je t'embrasse.
49:58 ...
50:02 ...
50:05 -Ce n'était pas une vie.
50:08 Nous disions adieu à la vie tous les jours.
50:11 Nous avons eu tellement peur.
50:14 -Désespérée, on se faisait tellement de soucis pour vous.
50:18 -Bonjour, mon mignon.
50:21 -Terrifiant, c'était terrifiant.
50:24 -J'imagine un vrai cauchemar.
50:27 -Oui, à demain.
50:31 -Je vais me reposer, ma petite. On la porte, allez.
50:34 -Sur le divan ? -Sur le divan.
50:37 -Comment ? Lequel ? Celui-ci ou celui-là ?
50:40 -Sur celui-là.
50:41 -Personne ne sait de quoi elles rêveront cette nuit.
50:44 De combats dans les rues de leur ville natale
50:48 ou des partisans venus libérer leur maison.
50:51 Ou peut-être de la paix nouvelle qui s'installe aujourd'hui au Donbass,
50:54 meurtrie par 8 années de guerre civile.
50:57 -N'importe la difficulté de ce plan,
51:00 je suis sûr que nous mènerons les choses à bien
51:03 et que nous vaincrons.
51:05 Tôt ou tard, au prix d'efforts plus ou moins grands,
51:08 nous arriverons à nos fins.
51:11 Mais je vous dirai que plus une victoire a coûté cher,
51:14 plus elle a de la valeur.
51:18 ...
51:21 Musique de tension
51:25 ...
51:28 ...
51:31 ...
51:32 -Le 16 mai 2022, portant un drapeau blanc,
51:35 des représentants du régiment Azov s'approchent
51:39 des combattants des unités d'Alexandr Khodakovsky,
51:42 qui assiègent le dernier bastion des troupes ukrainiennes,
51:45 à l'usine Azovstal.
51:47 Ils sont prêts à capituler.
51:49 La bataille de Mariupol aura duré près de 3 mois.
51:53 ...
51:56 ...
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52:12 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
52:15 [SILENCE]

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