La Minute de vérité Crash Queens

  • l’année dernière
Le 12 novembre 2001, alors que les New-Yorkais sont encore sous le choc des attentats qui ont frappé le World Trade Center deux mois plus tôt, un Airbus A300 s'écrase dans le Queens. C'est dans ce quartier résidentiel de la banlieue de New York que réside une grande partie des pompiers et policiers qui ont participé aux recherches dans les décombres des tours jumelles. Retour sur les circonstances de ce drame, qui a coûté la vie à 257 personnes, et découverte de ses répercussions sur l'industrie aéronautique.
Transcript
00:00 [Générique]
00:14 Salut à tous, bienvenue pour un nouvel épisode de la Minute de Vérité,
00:17 l'émission qui dévoile les conditions d'une catastrophe.
00:20 Nous sommes le 12 novembre 2001 lorsqu'un Airbus A300 affrété par la compagnie American Airlines
00:25 décolle de l'aéroport JFK de New York à destination de la République Dominicaine.
00:29 Malheureusement, l'appareil va s'écraser sur un quartier résidentiel du Queens,
00:33 tuant 265 personnes à bord et au sol.
00:37 Dans quelles conditions ? Voici la reconstitution, les détails, dans la Minute de Vérité,
00:42 et c'est tout de suite sur Direct 8.
00:44 [Générique]
00:47 Deux mois après les attentats du 11 septembre, un avion décolle de New York.
00:51 Mais au bout de quelques secondes, c'est la panique.
00:54 - C'est quoi ce bazar ?
00:55 [Bruits de fusil]
00:56 Les New Yorkais assistent à une scène terrifiante.
00:58 [Bruits de fusil]
00:59 - Une grande ombre s'est abattue sur la maison.
01:01 [Bruits de fusil]
01:02 Tandis que l'équipage se bat contre les commandes, l'avion commence à se désagréger.
01:06 [Bruits de fusil]
01:07 Et au bout de quelques secondes, il s'abat sur un quartier paisible.
01:11 Bilan, 265 morts.
01:13 [Bruits de fusil]
01:14 - Des cadavres partout.
01:16 [Bruits de fusil]
01:17 Terrorisme, incident technique, erreur humaine.
01:20 [Bruits de fusil]
01:20 La tragédie du vol 587 allait être à l'origine d'une des enquêtes les plus déroutantes jamais menées
01:26 et dont la conclusion allait ébranler toute l'industrie aéronautique.
01:30 [Bruits de fusil]
01:31 - Ça n'était jamais arrivé.
01:34 [Bruits de fusil]
01:35 Grâce à la simulation informatique, nous allons vous montrer ce qui a provoqué l'accident d'avion du Queens.
01:40 [Bruits de fusil]
01:43 Les catastrophes sont rarement le fruit du hasard.
01:46 Elles résultent souvent d'un enchaînement d'événements malheureux
01:49 que nous allons tenter de reconstituer dans cette Minute de Vérité.
01:52 [Bruits de fusil]
02:11 11 septembre 2001, l'Amérique est en larmes.
02:14 [Bruits de fusil]
02:21 Deux mois plus tard, tout semble recommencer.
02:24 [Bruits de fusil]
02:25 - Le moteur est tombé, après ça a été l'avion.
02:28 Il s'est agliné sur la gauche et il est tombé.
02:31 [Bruits de fusil]
02:37 Etats-Unis, New York, quartier du Queens, 12 novembre 2001.
02:42 [Bruits de fusil]
02:46 À 6h30, l'aéroport John Fitzgerald Kennedy est en alerte maximum.
02:50 Le 11 septembre est dans toutes les mémoires
02:52 et pour les professionnels du secteur aérien, la sécurité est une priorité.
02:57 [Bruits de fusil]
03:01 Sur le tarmac, l'équipage du vol American Airlines 587
03:04 se prépare pour un trajet de 3h30 à destination de la République Dominicaine.
03:09 [Bruits de fusil]
03:10 Le commandant Ed States, le pilote, et l'officier pilote de ligne,
03:13 l'OPL Stan Moline, examinent soigneusement leur avion.
03:17 [Musique]
03:19 Fils d'un pilote, Stan Moline travaille depuis 10 ans pour la compagnie American Airlines
03:24 où il est entré à seulement 24 ans.
03:28 Comme pour son père, c'est pour lui plus qu'un métier.
03:34 S'il n'avait pas été pilote, il n'aurait pas su quoi faire tellement c'était important pour lui.
03:38 Il adorait son métier.
03:42 Ce matin-là, 251 passagers se rendent en République Dominicaine.
03:46 Parmi eux, Hippolito Algaroba, 83 ans, et son épouse, Ubencia, 73 ans.
03:53 Le couple a décidé de rentrer au pays pour y passer sa retraite.
03:57 Ubencia et Hippolito attendent Hector, leur fils, pour lui dire au revoir.
04:02 Ils rentraient à la maison pour de bon, parce qu'après avoir élevé 3 enfants, leur boulot était terminé.
04:09 Le couple est arrivé très en avance.
04:13 Tellement en avance qu'on leur trouve des places à bord d'un avion qui doit décoller plus tôt.
04:17 Au moment où Hector arrive à l'aéroport, ses parents sont déjà en salle d'embarquement.
04:22 Mais sa mère ressort pour lui faire ses adieux.
04:27 Je lui ai demandé comment allait mon père.
04:30 Elle m'a répondu qu'il allait bien et qu'on se reverrait d'ici quelques mois quand j'irai les voir.
04:34 Et je l'ai embrassé encore une fois pour mon père.
04:42 A 7h du matin, Ed States et Stan Mullen passent en revue la checklist pré-vol.
04:48 L'avion, un Airbus A300-605R, peut accueillir jusqu'à 266 passagers.
04:56 Construit 13 ans plus tôt, c'est un des avions les plus anciens de la flotte d'American Airlines.
05:00 Et il compte près de 37 000 heures de vol.
05:05 Mais il s'agit d'un des avions les plus fiables en service dans le monde.
05:12 Selon les nouvelles mesures de sécurité, chaque passager doit être fouillé deux fois.
05:17 L'avion ne décollera sûrement pas à 8h30 comme prévu.
05:22 A 9h, les 251 passagers sont enfin à bord.
05:31 Je programme l'ordinateur.
05:34 La checklist pré-vol est terminée.
05:37 - Rien à droite. - Rien à gauche.
05:40 Le vol 587 se dirige ensuite vers la piste 31 gauche.
05:49 Par cette belle journée, c'est Stan Mullen qui va piloter lors de la première partie du vol.
05:56 9h11.
06:02 Un 747 de la Japan Airlines, placé juste devant le vol 587, reçoit l'autorisation de décoller.
06:09 Le contrôleur adresse à Mullen et States un avertissement de routine pour les informer que l'avion japonais risque de provoquer des turbulences.
06:17 Autorisez à décoller, American 587.
06:20 States doit maintenir une distance de sécurité entre son Airbus et le 747.
06:26 En effet, au décollage, chaque avion provoque un sillage turbulent susceptible de perturber les autres avions.
06:32 - La distance te convient ? - Ça ira une fois qu'on sera partis. - Donc c'est bon.
06:36 Leur plan de vol va leur faire traverser la baie Jamaica et la péninsule de Rockaway dans le Queens.
06:43 Il s'agit d'un quartier résidentiel très prisé, surtout par les pompiers et les policiers de New York.
06:50 Ce 11 novembre, à bout être un jour férié, tout le monde n'est pas de repos.
06:54 - Bon, j'y vais.
06:57 L'inspecteur Michael Morley et sa femme travaillent.
07:01 Et la belle-mère du policier va s'occuper du bébé du couple, âgé de 2 ans, Michael Jr.
07:06 - C'était une journée comme une autre. Je venais de passer ma première semaine à ne plus travailler 12 heures par jour et à ne plus aller au World Trade Center.
07:13 Au bout d'une semaine, on essayait de revenir à la normale.
07:18 La voisine de Michael Morley, Loïs Shaw, est contrôleuse financière dans une entreprise de luminaires.
07:25 - C'était une très belle journée et je n'y pensais à rien. Je partais travailler.
07:31 Jour férié oblige, Mark, son mari, reste à la maison. Il doit emmener leur fils de 15 ans chez le médecin.
07:37 - Jason, on y va.
07:39 S'il arrive à le sortir du lit.
07:42 - Je lui ai demandé pourquoi il était encore couché.
07:45 - Il m'a répondu d'un regard et je lui ai dit qu'il fallait qu'on y aille.
07:50 A 9h14, Stan Mullen entame la phase de décollage.
07:55 - Rotation.
08:00 A 9h14min29sec, le vol 587 décolle.
08:06 - Vario positif, rentre le train.
08:09 Le contrôleur aérien de l'aéroport Kennedy leur souhaite un bon voyage et indique aux deux hommes qu'ils doivent contacter New York Départ.
08:17 A 9h15, l'avion est à 1700 pieds d'altitude, soit environ 520 mètres.
08:24 Et le contrôleur lui communique un point de cheminement.
08:27 - American 587, virez à gauche direction Point Ouevée.
08:31 - Tournons direction Ouevée, American 587.
08:38 Une seconde plus tard, l'avion commence à vibrer.
08:42 Le copilote suppose que les turbulences sont provoquées par le gros porteur de la Japan Airlines qui est juste devant.
08:50 Cela n'a rien d'inhabituel et Stan Mullen continue sa manoeuvre.
08:54 - 250, merci.
08:56 Le commandant augmente la vitesse de l'avion à 250 nœuds, soit 460 km/h, le maximum autorisé à une telle altitude.
09:03 Mais quelques secondes plus tard, les turbulences s'amplifient encore.
09:07 Et Stan Mullen intervient.
09:09 A l'aide de son pied, il actionne la gouverne, d'abord à droite, puis à gauche, pour essayer de stabiliser l'avion.
09:15 - Puissance !
09:21 Stan Mullen demande plus de puissance pour conserver le contrôle de l'appareil.
09:25 - Ça va ? - Ouais.
09:29 - Cramponne-toi. Cramponne-toi !
09:36 - Plein gaz, s'il te plaît !
09:38 Moins de deux minutes après le décollage, le vol 587 est en difficulté.
09:49 La vie de 260 personnes dans le ciel et de beaucoup d'autres à terre est menacée.
09:54 Il ne s'est écoulé que 89 secondes depuis le décollage, mais dans le poste de pilotage, l'OPL Stan Mullen se bat contre les commandes.
10:05 - C'est quoi ce bazar ?
10:07 - Je suis bloqué ! Sors de cette zone !
10:10 A terre, Pete Hayden, 53 ans, l'adjoint du capitaine des pompiers de New York, profite de son premier jour de congé depuis le 11 septembre.
10:20 Son attention est attirée par un avion qui émet un bruit bizarre.
10:24 - Il avait des problèmes. J'ai regardé en l'air.
10:27 Il volait plus bas que la normale. Et pendant que je regardais, il s'est mis à se désagréger.
10:33 - En poussant !
10:35 - J'ai vu des petits morceaux se détacher de l'arrière de l'aile gauche, des flammes et de la fumée sortir.
10:47 Tandis que l'avion part en vrille, les moteurs se détachent.
10:51 Mark Shore, qui essaye de faire lever son fils, entend lui aussi l'avion.
11:02 - On aurait dit le Concorde.
11:05 - Allez, Jason, on a rendez-vous chez le médecin. Debout !
11:09 La maison commence à trembler.
11:12 Pete Hayden n'en croit pas ses yeux.
11:28 A 9h16min15s, le vol 587 s'écrase.
11:33 Il est 9h20 quand un pilote, témoin du drame, alerte les aiguillures du ciel de l'aéroport Kennedy.
11:44 - Regardez au sud, un avion s'est écrasé.
11:48 - Vous pouvez répéter ?
11:50 - Un avion s'est écrasé au sud de l'aéroport.
11:52 - Un avion s'est écrasé.
11:54 - Il y a une boule de feu.
11:56 Les contrôleurs repèrent effectivement un nuage noir au-dessus du quartier de Rockaway.
12:00 Sur place, un caméraman amateur filme une scène d'horreur.
12:08 - Un avion s'est écrasé, regardez, sur les maisons.
12:12 Plusieurs maisons qui ont été écrasées sont en flammes.
12:18 Il y a des débris d'avions partout.
12:21 On dirait que tout le voisinage a été la cible d'une attaque.
12:25 Pete Hayden est un des premiers à arriver sur les lieux.
12:28 - Des cadavres partout.
12:31 Dans les rues, les cours.
12:35 Certaines victimes étaient encore attachées à leurs sièges.
12:41 Pour l'adjoint du capitaine des pompiers, cette scène a malheureusement un goût de déjà vu.
12:47 C'est un 11 septembre bis, sauf qu'en plus, c'est son quartier qui est touché.
12:53 - Je me suis demandé qui parmi les gens que je connais a été tué.
12:57 L'ampleur de la tragédie qui apparaît petit à petit plonge les riverains dans l'hébétude.
13:06 - Le moteur est tombé, après ça a été l'avion.
13:10 Et il s'est incliné sur la gauche et il est tombé.
13:13 Des quatre coins de New York, les services de secours convergent vers Rockaway.
13:19 Parmi eux, l'inspecteur Michael Morley.
13:21 Il est horrifié d'entendre que l'avion s'est écrasé près de sa maison.
13:24 Il pense à son fils et à sa belle-mère.
13:27 - Je savais que mon fils était à la maison avec ma belle-mère.
13:31 Donc j'étais paniqué comme n'importe quel père de famille.
13:34 Je me demandais ce qui était arrivé à ma famille.
13:37 La voisine de Michael Morley, Loïs Shore, est en route pour son bureau
13:41 lorsqu'elle apprend la terrible nouvelle de la bouche de son mari, Mark.
13:44 - Qu'est-ce qui est tombé ?
13:46 - Il criait d'une voix hystérique que la maison avait brûlée.
13:49 J'ai complètement paniqué et j'ai crié "What Jason ? Qu'est-ce qui s'est passé ?"
13:53 Et la ligne a été coupée.
13:55 Loïs fait immédiatement demi-tour.
14:00 La nouvelle du désastre se répand dans toute la ville.
14:05 - Roger, je dois t'interrompre car on vient d'apprendre
14:08 qu'il y a eu un accident d'avion dans le Queens.
14:11 Après avoir quitté ses parents,
14:14 Hector Algaroba prend son petit déjeuner dans un bar.
14:18 - Il s'agirait d'un avion d'American Airlines.
14:21 Il n'est pas sûr du numéro de vol de ses parents,
14:27 mais son sang ne fait qu'un tour.
14:29 Des centaines de pompiers venus de toute la ville luttent contre les flammes.
14:34 Rudolph Giuliani, le maire, vient se rendre compte de l'ampleur des dégâts.
14:38 - Nous ferons tout ce que nous pourrons pour aider ces gens.
14:41 Le président et son équipe sont prévenus, ils sont attentifs,
14:44 ils surveillent tout le reste du pays, donc chacun doit garder son calme.
14:47 - Absolument calme.
14:48 Mais les New-Yorkais sont convaincus d'être la cible d'une nouvelle attaque
14:53 et la ville est en ébullition.
14:55 L'Empire State Building est évacué
14:58 et le bâtiment des Nations Unies placé en état d'alerte.
15:01 Les aéroports ferment et tous les avions civils sont cloués au sol.
15:06 Des F-15 Eagle, équipés de leur armement, sont en alerte à travers tout le pays.
15:11 Tunnels et ponts sont interdits à la circulation.
15:15 Toute la ville est bouclée.
15:17 L'Amérique craint de voir son pire cauchemar se répéter à nouveau.
15:20 Tout le pays est pétrifié par les images effrayantes
15:25 qui viennent de cet endroit habituellement paisible.
15:28 S'agit-il d'un nouvel attentat ?
15:30 - J'ai tout de suite pensé à un attentat.
15:37 À une bombe à bord.
15:42 - Aucun des 260 passagers et membres d'équipage n'a survécu.
15:46 Et on ignore combien de gens ont péri au sol.
15:52 L'avion a écrasé 4 maisons à l'intersection de Newport Avenue
16:01 et de Beach, 131ème rue.
16:03 De l'autre côté, 5 maisons sont la proie des flammes.
16:08 L'une d'elles est celle de Michael Morley.
16:12 En arrivant sur les lieux, il est horrifié.
16:15 Il n'y a aucun signe de son bébé ou de sa belle-mère.
16:18 Sur le seuil de sa maison, 2 de ses hommes l'attendent.
16:23 - Il y avait quelqu'un à l'intérieur ?
16:25 Ma belle-mère gardait Mike.
16:27 J'ai dit "Mon fils est dans la maison".
16:29 On n'a vu personne.
16:31 Ils avaient cru que j'étais encore en train de dormir.
16:34 Alors j'ai demandé "Vous avez bien regardé ?"
16:36 Et ils m'ont répondu "Oui".
16:39 À mesure que les véhicules de secours arrivent,
16:42 les rues menant à Rockaway sont fermées.
16:45 Mais Loïs Shore s'efforce de rentrer chez elle.
16:48 - Je n'avais aucune idée de ce que j'allais trouver
16:52 ni de ce qui s'était passé, mais il fallait que je rentre.
16:55 - Michael Morley est face à un dilemme terrible.
17:00 Ceux qui l'aiment ont disparu au coeur de l'enfer de flammes.
17:03 Mais c'est lui qui est responsable des opérations sur les lieux.
17:08 - Je suis un homme comme les autres,
17:10 mais j'étais aussi le plus haut gradé présent sur les lieux
17:12 de cette catastrophe de grande ampleur.
17:14 Je savais que les collègues allaient bientôt réagir
17:17 et venir donner un coup de main,
17:19 mais à ce moment-là, c'était moi le patron.
17:21 Et qu'est-ce que je devais faire ?
17:23 Pour retrouver son fils, Loïs Shore abandonne sa voiture
17:28 et court vers sa maison.
17:30 Elle se heurte alors à un cordon de policiers.
17:33 - C'est chez moi ! Il faut que j'y aille !
17:36 Un policier m'empêchait de passer et je hurlais
17:39 "Mon fils est à la maison, laissez-moi passer."
17:41 - Mon fils est à la maison ! - C'est sa maison !
17:45 - Michael Morley ignore toujours ce qui est advenu de sa famille.
17:51 Quand les responsables de la police arrivent,
17:53 il leur apprend que son bébé et sa belle-mère sont portés disparus.
17:56 - L'un d'eux m'a dit "Mike, pourquoi t'es encore là ?"
17:59 Pour donner un coup de main. "Phil cherchait ta famille."
18:01 J'ai dit "D'accord."
18:05 À vide de nouvelles, de plus en plus de gens arrivent sur les lieux.
18:09 Hector Algaroba est l'un d'eux.
18:12 Il redoute que ses parents n'aient été à bord de cet avion,
18:15 mais il prie pour un miracle.
18:17 - J'espérais que toutes les flammes et la fumée que je voyais
18:22 provenaient de l'impact de l'avion qui avait tenté d'atterrir.
18:26 Et qu'il y avait des survivants.
18:33 Je m'accrochais à ce tout petit espoir,
18:36 car la dernière chose qu'on peut perdre, c'est l'espoir.
18:40 Au milieu du carnage, Loïs Shore est toujours à la recherche de sa famille.
18:47 - Jason !
18:49 - Je courais pour voir si Jason était vivant.
18:53 La situation était irréelle.
18:55 Je ne voyais que de la fumée, rien d'autre.
19:01 - Jason !
19:03 Michael Morley court éperdu d'une maison à l'autre
19:07 dans l'espoir de découvrir sa famille réfugiée chez des voisins.
19:10 - Eleanor !
19:12 - Tous les parents qui ont perdu leur enfant dans une grande surface
19:15 ont connu cette panique viscérale.
19:17 On se met à transpirer, à angoisser,
19:19 on ne veut pas penser au pire, mais on le fait quand même.
19:22 Mais là, c'est 100 fois pire,
19:24 parce qu'un avion vient de s'écraser sur votre maison.
19:27 - Jason, réponds !
19:29 - Puis Loïs Shore entend enfin la voix qu'elle attendait.
19:33 - Maman !
19:35 - J'ai vu Jason et Mark.
19:39 - Loïs ! On est là !
19:41 - Quand je les ai vus vivants, tout le reste n'a plus aucune importance.
19:46 - Vous allez bien ?
19:50 - Jason et son père sont sains et saufs.
19:52 Ils sont sortis de la maison quelques secondes avant la catastrophe.
19:56 - Mon Dieu ! Tu vas bien ?
19:59 - Elle m'a pris dans ses bras, elle n'arrêtait pas de pleurer.
20:02 Elle me demandait si j'allais bien.
20:04 Je ne savais pas ce que je ressentais.
20:06 C'était juste super d'être réunis.
20:08 - Non loin, Michael Morley cherche toujours...
20:14 lorsqu'un voisin l'appelle.
20:17 - Mike, par ici ! Ils sont là !
20:20 - Je les ai vus.
20:24 C'était un sentiment fantastique.
20:27 Deux secondes plus tôt, j'ai paniqué, les croyants morts, mais ils étaient là.
20:31 Mon fils s'est mis à pleurer en me voyant.
20:36 Ça fait quelque chose de voir son enfant pleurer.
20:38 Et les larmes me sont montées aux yeux.
20:40 Je l'ai tenu contre moi pendant environ cinq minutes.
20:43 Mais ces rares moments de joie sont éclipsés par des centaines de moments de désespoir.
20:48 Stan Moline, le père de l'OPL, apprend la terrible nouvelle par téléphone.
20:55 - Quand le téléphone a sonné, j'espérais encore qu'il s'agissait d'un autre avion.
21:00 Mais...
21:02 je ne voulais pas y croire.
21:06 En République dominicaine, les gens qui attendaient l'avion à l'aéroport de Saint-Domingue
21:19 doivent eux aussi faire face à la terrible vérité.
21:23 Leurs proches sont morts.
21:25 Hector ne veut pas partir avant de savoir ce qui est arrivé à ses parents.
21:35 Il continue d'espérer, envers et contre tout.
21:38 Une fois le sinistre maîtrisé, le décompte et l'identification des cadavres commencent.
21:44 Et Rudolph Giuliani tient une conférence de presse.
21:47 - Pour l'heure, nous avons retrouvé 132 corps.
21:51 Comme le gouverneur l'a dit, il y avait 260 passagers et membres d'équipage enregistrés sur le manifeste.
22:00 J'aimerais à nouveau exprimer ma compassion et présenter mes condoléances à tous.
22:07 Après la conférence de presse, le maire rencontre les familles endeuillées
22:13 et transmette à Hector la nouvelle qu'il redoutait.
22:18 - Il m'a donné la collade et m'a présenté ses condoléances en confirmant que mes parents avaient bien pris ce vol.
22:27 Deux mois et un jour se sont écoulés depuis le 11 septembre
22:40 et les points communs avec l'attentat du World Trade Center sont frappants.
22:44 L'Amérique se tourne vers la Maison-Blanche en quête de réponses.
22:48 À midi, le porte-parole de la Maison-Blanche, Harry Fletcher, fait une déclaration.
22:53 - Les premières informations peuvent toujours être amenées à changer et nous n'excluons aucune possibilité.
22:58 Puis le président Bush interrompt un entretien avec Nelson Mandela pour faire une déclaration.
23:04 - Nous allons envoyer une équipe de la FEMA et le FBI est déjà sur les lieux.
23:09 Cette enquête est menée par le FBI.
23:11 Il va s'assurer que les faits seront communiqués dans leur totalité au peuple américain.
23:16 Comment le vol 587 est-il tombé ?
23:21 Pourquoi un des avions les plus fiables du monde s'est-il disloqué en plein ciel ?
23:27 En retraçant le fil des événements qui ont conduit à ce jour fatidique
23:35 et en analysant en détail l'enquête qui a été faite,
23:38 nous allons vous révéler ce qui est vraiment arrivé au vol 587 d'American Airlines.
23:43 Moins d'une heure après le drame,
23:48 21 membres du NTSB, l'équivalent du bureau d'enquête et analyse, se mettent en route.
23:53 À leur tête, Bob Benzon, un enquêteur chevronné qui a travaillé sur 94 accidents,
24:01 dont celui de Lockerbie en 1988 en Écosse.
24:05 Mais même cette tragédie ne l'a pas préparé à la pression qui l'attend à New York.
24:10 C'était particulièrement important pour nous de mener à bien cette enquête du premier coup.
24:15 Pas question de changer d'avis en cours de route.
24:18 Benzon sait que les premières heures d'une enquête sont cruciales.
24:22 Son équipe commence à réunir des indices sur les lieux.
24:27 Une étape dangereuse, choquante et pénible.
24:31 À tout prendre, je préfère encore les déserts, les champs de maïs, les sommets montagneux ou les marais.
24:36 Tout plutôt que des accidents en milieu urbain.
24:39 Les alentours recèlent des indices importants.
24:43 Et il est essentiel d'entendre les témoins qui ont vu l'avion se disloquer en plein vol.
24:47 Tout l'avion a tremblé et la queue s'est détachée. C'est tout ce que j'ai vu. Et boum.
24:53 Les moteurs sont tombés environ 200 mètres de l'autre côté du vol.
24:57 Le premier sur une maison, le deuxième sur une station-service.
25:01 L'emplacement des deux moteurs par rapport au reste de l'épave peut également être significatif.
25:08 En repérant l'emplacement exact des débris,
25:11 les enquêteurs devraient pouvoir déterminer l'ordre dans lequel ils se sont détachés.
25:15 On fait appel à des bateaux de la marine et de la police pour renflouer les débris qui se sont abîmés dans le vol.
25:22 Alors que Bob Benzon se rend en voiture sur le front de mer, il assiste à une découverte capitale.
25:27 Une grue sort de l'eau, une partie de l'empennage vertical.
25:35 "Ça a attiré notre attention."
25:38 L'empennage vertical est un élément essentiel d'un avion.
25:43 Il est essentiel pour la sécurité de l'avion.
25:48 L'empennage vertical est un élément essentiel d'un avion.
25:51 Sans lui, ce dernier ne peut tout simplement pas voler.
25:55 L'empennage flottait à environ 1200 mètres du lieu du crash.
26:01 Pour les enquêteurs, c'est la preuve qu'il s'agit d'un des tout premiers éléments à s'être détachés.
26:07 Il se pourrait même qu'il soit au cœur du drame.
26:09 Mais comment un tel accident a-t-il pu se produire ?
26:16 Le détachement de l'empennage vertical est un événement sans précédent.
26:20 Pour les centaines de témoins oculaires, l'explication ne fait aucun doute.
26:25 Il s'agit d'une bombe.
26:27 "J'ai vu une explosion et j'ai eu l'impression que l'avion perdait une de ses ailes."
26:32 "Il a piqué vers le sol. J'ai senti un impact, puis j'ai vu de la fumée."
26:37 "Mon voisin m'a crié 'Mettez-vous à l'abri' ! J'ai vraiment cru que c'était une bombe."
26:44 Même pour un enquêteur chevronné, il est difficile de ne pas tirer des conclusions hâtives.
26:48 "On n'est pas censé spéculer lors des premières phases d'une enquête, mais là, c'était difficile de ne pas le faire."
26:54 Tandis que l'équipe entame l'analyse de l'empennage vertical, le FBI commence à chercher des traces d'explosifs.
27:03 Pour Bob Benzon, le temps presse.
27:11 Lui et son équipe savent que c'est toute une nation qui attend des réponses.
27:14 "Tramponne-toi ! Tramponne-toi !"
27:21 "Va par ici ! Ils sont là !"
27:24 Les spécialistes de la section scientifique du FBI cherchent donc des traces de la présence d'une bombe à bord.
27:32 Mais ils veulent également retrouver deux éléments clés, les boîtes noires de l'Airbus.
27:38 L'enregistreur phonique a enregistré tout ce que les pilotes se sont dit.
27:41 Quant à l'enregistreur de paramètres, il doit pouvoir dire exactement comment l'avion s'est comporté durant son très court vol.
27:49 Ces boîtes noires pourraient permettre d'élucider le mystère, mais encore faut-il les trouver.
27:55 Une opération qui prend parfois plusieurs jours.
28:02 Et peut-être seront-elles trop endommagées.
28:04 Pourtant, quelques heures après le début des recherches, les enquêteurs ont un coup de chance.
28:10 Marion Blackay, porte-parole du NTSB, fait une déclaration.
28:15 "Nous avons retrouvé l'enregistreur phonique."
28:20 Si les spéculations autour de l'accident vont bon train, l'hypothèse est que le coup d'enregistrement a été fait.
28:29 Si les spéculations autour de l'accident vont bon train, l'hypothèse de l'attentat reste privilégiée dans l'esprit du public.
28:34 Pourtant, Bob Benzon et son équipe sont perplexes. Ils n'ont encore découvert aucune preuve dans ce sens.
28:41 Il n'y a eu aucun signe d'activité suspecte à l'aéroport, et aucun groupuscule n'a revendiqué l'attentat.
28:53 Alors que l'enquête ne fait que commencer, le NTSB se risque à annoncer qu'il ne s'agit pas d'un acte délibéré.
28:59 "Si le NTSB reste chargé de la direction de l'enquête, c'est parce que tous les renseignements actuels indiquent qu'il s'agit d'un accident."
29:07 Mais cette déclaration ne suffit pas. Les New-Yorkais pensent qu'on cherche à étouffer la vérité.
29:13 Le NTSB s'efforce de les rassurer.
29:20 "Si nous devions trouver des traces d'une activité criminelle, nous ferions en sorte que le public le sache aussitôt, et l'enquête serait alors redirigée."
29:28 Pour Bob Benzon et son équipe, la tension monte.
29:34 La découverte de l'enregistreur phonique est un grand pas en avant.
29:38 Grâce à la première boîte noire et à l'empennage vertical, le NTSB espère pouvoir reconstituer l'enchaînement des événements qui ont conduit à l'accident.
29:48 Afin que l'enregistreur soit endommagé, la bande magnétique qu'il contient est intacte.
29:52 Elle est expédiée d'urgence au siège du NTSB à Washington.
29:56 Loin des médias, des spécialistes commencent à étudier les derniers instants du vol.
30:02 Chaque mot, chaque son est soigneusement analysé.
30:10 A la 89e seconde du vol, la bande a capté un bruit effrayant.
30:18 Une déflagration bruyante. Et tout de suite après, l'équipage commence à se battre contre les commandes.
30:24 "Ça va ? Ouais, bien. Cramponne-toi ! Cramponne-toi !"
30:28 S'agit-il d'une explosion ? Y avait-il bien une bombe à bord ?
30:37 En l'absence de l'enregistreur de paramètres, établir la vérité s'annonce pour le moins difficile.
30:44 "Sans cet appareil, raconter ce qui est arrivé relève de la spéculation. C'est plus difficile."
30:54 Deux jours durant, les enquêteurs passent au Pengfeng, une montagne de gravats, pour localiser le précieux enregistreur.
31:04 Mais c'est à trois kilomètres de là qu'ils vont trouver une nouvelle piste.
31:13 Deux caméras de surveillance installées sur le pont de Traiborau ont filmé les derniers instants du vol 587.
31:19 Ces bandes contiennent peut-être la solution.
31:27 Sur les images granuleuses, l'airbus n'est qu'un point noir.
31:32 Sur un des films, le point en question disparaît derrière un bâtiment.
31:37 Puis il entre dans le champ de la deuxième caméra.
31:42 On y voit alors ce qui est peut-être un instant crucial.
31:44 Une traînée blanche, tout juste visible dans le sillage de l'avion.
31:48 Est-ce l'explosion que tant de témoins disent avoir vue ?
31:52 Est-ce la source de l'explosion après laquelle l'OPL a perdu le contrôle ?
31:58 Est-ce la preuve qu'il y avait finalement bien une bombe à bord ?
32:02 Le seul moyen d'en être sûr, c'est de comparer le minutage.
32:11 Si la traînée blanche est apparue au moment du bruit de l'explosion enregistré par la boîte noire,
32:15 c'est que ces deux phénomènes correspondent vraisemblablement au même événement.
32:19 Les enquêteurs se rendent au péage du pont de Traiborau.
32:24 En se servant des bâtiments comme point de référence, ils calculent exactement où et quand la traînée est apparue.
32:30 Et le résultat confirme leur hypothèse, il ne s'agit pas d'une bombe.
32:38 Ils constatent que la traînée est apparue 8 secondes après l'événement qui a conduit à l'accident.
32:42 Les calculs démontrent que la traînée est postérieure à l'explosion.
32:48 Il s'agit certainement de carburant s'échappant de l'avion qui se disloque.
32:55 Ce n'est pas l'origine de l'accident.
32:57 Mais c'est peut-être ce qui a incité certains témoins à croire qu'ils ont vu une explosion.
33:03 Puis, des lieux du drame arrivent enfin la nouvelle tant attendue par les enquêteurs.
33:07 On a retrouvé l'enregistreur de paramètres.
33:10 Mais c'est la douche froide.
33:17 La deuxième boîte noire est endommagée.
33:19 Le NTSB l'envoie malgré tout chez son fabricant pour qu'il tente d'en tirer quelques renseignements.
33:28 C'est alors que l'empennage vertical repêché dans la baie Jamaïca commence à livrer des indices importants.
33:33 La première chose qui attire l'attention des enquêteurs est le fait que l'empennage a été fabriqué à partir d'un polymère renforcé de fibres de carbone.
33:44 Souvent utilisé sur les voitures de course et les équipements sportifs,
33:50 l'empennage a été fabriqué à partir d'un polymère renforcé de fibres de carbone.
33:56 Souvent utilisé sur les voitures de course et les équipements sportifs,
33:58 les matériaux composites sont constitués de couches de fibres de carbone collées les unes sur les autres avec de la résine.
34:04 L'A300-600 a été un des tout premiers appareils civils à être équipé de pièces faites dans ce matériau très résistant.
34:12 Pièces qui sont réparties sur tout l'avion.
34:15 Mais en analysant l'empennage, les enquêteurs font une découverte terrifiante.
34:25 Il existe six points de fixation principaux reliant l'empennage au fuselage.
34:28 Et les six ont cédé.
34:31 Il n'y a jamais eu d'accident dû à un problème avec les matériaux composites, mais Bob Benzon ne peut exclure aucune hypothèse.
34:40 - Imaginez une force suffisamment puissante pour briser six points de fixation fabriqués avec un des matériaux les plus résistants au monde.
34:48 Ces six éléments maintiennent l'empennage vertical et tous sont cassés.
34:55 Ça exige une force exceptionnelle.
34:56 Cette défaillance inquiète l'équipe.
35:00 Les plans montrent que chaque point de fixation compte deux oreilles.
35:05 La première est en aluminium, la seconde en composite et elles sont fixées à l'aide d'un boulon en titane.
35:14 D'après les dégâts constatés, les oreilles et les boulons métalliques ont résisté.
35:20 Mais toutes les oreilles en composite ont cédé.
35:24 Benzon doit envisager une possibilité terrifiante, un défaut du composite.
35:28 Il y a alors 240 à 300-600 en service et des milliers d'autres avions qui font appel à la même technologie.
35:35 Si cette hypothèse était avérée, elle aurait des répercussions phénoménales sur toute l'industrie aéronautique.
35:41 - Les concepteurs, les inventeurs du composite, sont passés à côté de quelque chose il y a 25 ans qui commence simplement aujourd'hui à se dérouler.
35:50 Et c'est une mauvaise nouvelle pour tous les avions en service.
35:53 Avant de pouvoir incriminer la fibre de carbone, il faut cependant des preuves irréfutables.
36:01 Benzon expédie en urgence l'empennage vertical à un laboratoire spécialisé de la NASA,
36:07 afin de voir si une éventuelle défaillance peut être détectée.
36:11 A l'aide d'un microscope électronique à balayage, il est possible de déterminer si la fibre de carbone est défectueuse.
36:19 Avec un microscope électronique à balayage qui a grandi 5000 fois,
36:22 des spécialistes analysent plus de 3000 cm² de composite, traquant la moindre imperfection.
36:28 C'est un travail particulièrement lent.
36:35 Et pendant tout ce temps, la pression ne fait que croître pour Bob Benzon et son équipe.
36:39 - On n'endort pas la nuit. Beaucoup de choses dépendent de ces résultats.
36:44 C'est la preuve du monde entier au départ, puis ceux des professionnels de l'aéronautique sont braqués sur nous.
36:49 Mais la pression augmente aussi pour Airbus.
36:54 Faut-il incriminer la conception de l'avion ? Est-ce une erreur d'assemblage ?
36:59 L'avionneur passe en revue toutes les oreilles et tous les boulons équipant la queue, y compris ceux de l'empennage vertical.
37:06 Après des centaines d'heures d'analyse des plans et des méthodes de fabrication d'Airbus,
37:13 l'équipe de la NASA et ceux du NTSB dégagent la responsabilité du constructeur.
37:17 Ils n'ont rien trouvé de défectueux au niveau de l'avion ou des matériaux employés.
37:26 La nouvelle est accueillie avec soulagement, mais le mystère reste entier.
37:31 - On était soulagés, mais on savait qu'il y avait encore beaucoup à faire,
37:37 car on n'avait toujours aucune idée de la raison pour laquelle l'empennage vertical s'était détaché.
37:43 Puis, alors même que l'enquête semble dans l'impasse, on fait une découverte capitale.
37:48 Les renseignements contenus dans l'enregistreur de paramètres s'avèrent exploitables.
37:56 - J'étais vraiment très soulagé.
37:59 Pourtant, personne n'est prêt à entendre ce que la boîte noire va révéler.
38:04 L'enquête va basculer, et le centre d'attention ne sera plus la boîte noire.
38:11 Le centre d'attention ne sera plus l'appareil, mais celui qui le pilotait, l'officier pilote de ligne, Stan Moline.
38:17 L'enregistreur indique que 83 secondes après le décollage, ce dernier a imprimé 5 mouvements violents à la Gouverne,
38:24 faisant tourner brusquement l'avion d'un côté puis de l'autre.
38:27 L'avion a alors dévié de sa trajectoire, d'abord d'un côté puis de l'autre.
38:36 - J'ai épluché beaucoup de paramètres au cours de ma carrière, mais je n'avais jamais vu apparaître ce genre de comportement.
38:42 Les contraintes aérodynamiques exercées sur un avion de 130 tonnes, volant à près de 470 km/h, étaient inimaginables.
38:52 - Pour nous, c'était du jamais vu. On était abasourdis.
39:01 Il semble qu'au cinquième mouvement de la Gouverne, tout l'empennage vertical se soit détaché.
39:06 Cette conclusion fait l'effet d'une bombe. Rien qu'en actionnant les commandes, le copilote a cassé l'avion.
39:16 La compagnie American Airlines n'en revient pas.
39:27 Même ses pilotes les plus expérimentés en sont restés bouche bée.
39:31 Le NTSB est tellement inquiet qu'il prend aussitôt des mesures.
39:38 Le 8 février 2002, il diffuse une mise en garde à l'attention de tous les pilotes.
39:43 Mais il reste encore à prouver que la queue s'est détachée uniquement à cause des forces aérodynamiques.
39:51 Or, beaucoup de pilotes doutent qu'une telle chose soit possible.
39:55 Le seul moyen de s'en assurer consiste à effectuer des simulations informatiques.
39:58 Un procédé qui peut prendre des mois.
40:01 Si cette théorie s'avère fondée, on pourra enfin écarter avec certitude l'hypothèse d'un attentat terroriste.
40:11 Mais Bob Benzon est confronté à un nouveau mystère déroutant.
40:15 Pourquoi le copilote a-t-il agi ainsi ?
40:20 L'enquête s'est orientée vers l'OPL. Pourquoi avait-il actionné la gouverne de cette façon ?
40:26 L'enquêteur sait qu'on n'utilise que rarement la gouverne en vol.
40:30 Il s'agit d'une commande puissante conçue pour corriger le cap d'un avion dans des situations particulières,
40:36 comme un atterrissage par vent de travers.
40:39 Ou pour diriger un avion quand il n'a plus qu'un seul moteur.
40:45 Mais à grande vitesse, le pilote n'a pas à utiliser la gouverne.
40:50 Benzon constitue une équipe pour étudier le comportement professionnel de l'homme qui était aux commandes de l'A300.
40:56 Ses membres s'entretiennent avec des pilotes d'American Airlines qui ont volé avec lui. C'est une étape délicate.
41:02 L'aspect humain d'une enquête est toujours difficile.
41:06 Tout d'abord, on parle d'un individu qui est décédé.
41:09 Et il faut aller voir ses amis, ses collègues, ses formateurs,
41:13 et tenter de comprendre pourquoi il a agi de la sorte.
41:18 En étudiant le passé de Stan Mullen et en discutant avec ses amis et collègues,
41:22 ils vont découvrir quelque chose de profondément troublant.
41:26 L'ultime rebondissement dans l'enquête sur le drame du vol 587 va ébranler les fondements même de l'industrie aéronautique.
41:38 L'ultime rebondissement dans l'enquête sur le drame du vol 587 va ébranler les fondements même de l'industrie aéronautique.
41:44 L'enquête sur le drame du vol 587 va ébranler les fondements même de l'industrie aéronautique.
41:54 L'enquête sur le drame du vol 587 va ébranler les fondements même de l'industrie aéronautique.
42:04 L'enquête sur le drame du vol 587 va ébranler les fondements même de l'industrie aéronautique.
42:09 Les enquêteurs pensent être sur le point de découvrir la cause exacte de l'accident.
42:15 L'enregistreur de paramètres a indiqué que c'était les mouvements latéraux imprimés à l'avion par le copilote qui avaient provoqué l'arrachage de l'empennage.
42:32 Il ne reste plus qu'à savoir pourquoi il a actionné la gouverne de cette façon.
42:36 Les spécialistes épluchent à nouveau les données de l'enregistreur phonique.
42:40 Première possibilité, le sillage turbulent.
42:47 Un phénomène bien connu des enquêteurs du NTSB.
42:51 Un avion en vol laisse derrière lui de l'air en rotation.
42:58 Les tourbillons peuvent parfois renverser l'avion qui se présente juste derrière.
43:02 Mais les enquêteurs concluent rapidement que ce n'est pas là la cause de l'accident.
43:10 Car les turbulences n'étaient pas assez puissantes pour perturber suffisamment un avion de la taille de l'A300.
43:16 - Plus l'avion est gros, moins les turbulences le perturbe.
43:21 - Et les A300 sont de gros avions.
43:26 Ce sont alors des preuves qui viennent tout bouleverser.
43:28 En interrogeant les amis et collègues de Sten Moline, les enquêteurs tombent sur un élément capital.
43:34 Un pilote et ancien collègue de Sten Moline se souvient d'un vol qu'il a fait avec ce dernier.
43:44 Dans une zone de turbulence, il avait actionné violemment la gouverne alors que l'avion ne semblait aucunement en danger.
43:50 Cette preuve est concluante.
43:54 Et elle a déjà réagi de cette façon dans des conditions similaires.
43:57 - Quand les pilotes nous ont parlé de la tendance de l'officier pilote de ligne à trop utiliser la gouverne, ça a fait tilt de notre côté.
44:07 Mais les révélations ne s'arrêtent pas là.
44:11 Lorsqu'on l'avait interrogé à l'époque, Sten Moline avait répondu qu'on lui avait appris à utiliser la gouverne de cette façon chez American Airlines.
44:21 Si c'est bien le cas, c'est la porte ouverte à d'autres problèmes.
44:24 - Si d'autres pilotes avaient suivi la même formation et qu'elle était inadéquate, ça voulait dire que beaucoup de pilotes avaient des idées fausses quant à la façon de piloter.
44:36 La compagnie ayant 712 avions en service, Bob Benzon doit rapidement faire toute la lumière sur ce problème.
44:45 American Airlines confirme qu'une de ses formations enseigne aux pilotes à utiliser la gouverne pour se sortir d'une situation inhabituelle, comme le prouve cet enregistrement.
44:54 - Si vous n'actionnez pas la gouverne à ce moment de roulis, voilà ce qui va arriver.
44:59 Ensuite, le NTSB examine les autres outils de formation et plus particulièrement les simulateurs de vol.
45:10 Ils permettent d'enseigner aux pilotes à réagir face à différentes situations d'urgence, dont le sillage turbulent.
45:16 Dans un de ces scénarios, les pilotes apprennent à utiliser la gouverne de manière très agressive.
45:23 Le programme informatique du simulateur de vol a même été modifié pour inciter à utiliser la gouverne, surtout lorsque l'avion inclinait à gauche ou à droite.
45:34 Airbus avait pourtant signalé aux compagnies aériennes que cette pratique était une source d'inquiétude.
45:40 - La formation disait aux pilotes qu'il était permis d'utiliser la gouverne pour sortir l'avion de certains comportements inhabituels.
45:51 Plus important encore peut-être, en simulateur, on leur apprenait à utiliser la gouverne de manière vraiment très agressive pour y parvenir.
46:03 Cette découverte provoque une controverse.
46:05 Lors d'une audition publique, American Airlines affirme qu'Airbus n'a pas expliqué qu'il y avait des limites à l'utilisation de la gouverne.
46:13 - J'ignorais qu'on ne pouvait pas le faire.
46:15 - Pas faire quoi ?
46:18 - Manier les commandes violemment.
46:20 La compagnie affirme également que la gouverne était très sensible, et que les pilotes ne savaient pas exactement quelle inclinaison il lui imprimait.
46:32 Lors de son enquête, le NTSB constate que c'est effectivement le cas, et que la gouverne devient en outre de plus en plus sensible à mesure que l'avion gagne en vitesse.
46:42 Au sol, il faut relâcher la pédale de 10 cm pour obtenir un braquage complet.
46:50 Mais en l'air, 4 cm suffisent pour obtenir le même résultat.
46:58 Et les enquêteurs du NTSB découvrent que ceci n'est pas expliqué dans les manuels de formation.
47:03 - Il y avait apparemment un fossé entre ce que l'avionneur connaissait de la sensibilité de sa gouverne, et ce que les utilisateurs en savaient.
47:13 Viennent ensuite les résultats de l'analyse des 5 mouvements exercés par Stan Mullen sur la gouverne.
47:20 Il confirme ce que prouve le NTSB.
47:24 Il est effectivement possible d'arracher l'empennage d'un avion en plein vol, uniquement en actionnant violemment le palonnier.
47:30 Dès lors, ce qui est arrivé au vol 587 est clair.
47:39 Les enquêteurs peuvent désormais reconstituer l'enchaînement des événements qui a conduit à la minute de vérité.
47:46 H-5 minutes, le vol 587 est en route.
47:52 H-2 minutes, le vol 587 attend de pouvoir décoller.
47:55 - Allez sur le taxiway, attendez.
47:57 Tandis que le 747 de Japan Airlines prend son envol.
48:01 30 secondes plus tard, le vol 587 est averti des risques de turbulence.
48:07 - Vend au 260, tournez à droite.
48:09 H-2 minutes, le vol 587 décolle à son tour.
48:15 - Vario positif, rentre au train.
48:19 - On est en route.
48:20 A H-1 minutes, les premières turbulences se font sentir, mais Sten Moline maintient le cap.
48:30 H-30 secondes, le vol 587 entre dans une zone de turbulence plus violente, et l'avion s'incline sur la gauche, ce qui rappelle à l'OPL son entraînement en simulateur.
48:45 Ignorant que la Gouverne est beaucoup plus sensible en vol, il actionne violemment les pédales, imprimant un braquage maximal.
48:52 L'avion vire brusquement sur sa droite, imposant des contraintes énormes à l'empennage.
48:58 Selon les enquêteurs, Sten Moline, surpris, a dû penser que son avion était victime du sillage turbulent, alors que c'était en fait son usage de la Gouverne qui provoquait les soubresauts.
49:09 Il actionne aussitôt le palonnier dans l'autre sens, faisant violemment tourner l'avion vers la gauche et infligeant à nouveau des contraintes énormes sur la queue.
49:17 Moline et Stets sont tous les deux convaincus que l'avion est victime des turbulences.
49:25 - C'est quoi ce bazar ? Je suis bloqué. - Sors de cette zone !
49:30 Pour tenter de reprendre le contrôle, Sten Moline retente la même manœuvre, mais vers la droite cette fois.
49:37 Complètement désorienté, il actionne la Gouverne au maximum, conduisant le vol 587 au bord de la catastrophe.
49:44 A la cinquième manœuvre, les six oreilles harrimant la queue au fuselage cèdent.
49:53 Dès lors, l'avion est condamné.
49:57 Les passagers et l'équipage n'ont aucune idée de ce qui leur arrive.
50:06 La force d'accélération arrache les deux moteurs.
50:10 Et 106 secondes après le décollage, l'Airbus s'écrase.
50:17 265 personnes trouvent la mort.
50:32 L'enquête a permis de tirer les leçons de cette effroyable tragédie.
50:36 Airbus a émis un bulletin pour rappeler aux pilotes comment utiliser la Gouverne, et American Airlines a modifié sa formation.
50:43 Conjointement avec le NTSB, l'industrie aéronautique a pris les mesures nécessaires pour qu'une telle catastrophe ne puisse plus gérer.

Recommandée