39-45 L'Europe en guerre La bataille de l'Escaut

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Octobre 1944, les Alliés sont confrontés à une crise majeure de ravitaillement. Le carburant et les munitions indispensables pour continuer le combat n'ont toujours pas été débarqués sur les plages du Jour J. Quand le port belge d'Anvers tombe aux mains des Alliés, les problèmes d'approvisionnement semblent terminés, mais ils doivent d'abord se dégager de l'estuaire de l'Escaut, qui relie Anvers à la mer.
Transcript
00:00 1944, la seconde guerre mondiale déchire la planète.
00:07 Les bombes volaient de tous côtés.
00:11 Les alliés se livrent à une guerre sans merci pour libérer l'Europe, occupée par les nazis.
00:17 C'est une guerre au cours de laquelle les deux camps vont jouer une véritable partie d'échec.
00:22 Depuis les plages de Normandie...
00:24 L'eau de la mer était couleur rouge sang.
00:27 Aux forêts allemandes...
00:30 Des milliers de cadavres gisaient devant moi.
00:34 Chaque camp déploiera des armements de plus en plus puissants et sophistiqués.
00:39 Ces tanks donneront un avantage de taille aux américains. C'est une arme très efficace.
00:45 Voici l'histoire de l'ultime campagne des alliés, comptée par les hommes qui l'ont directement vécue.
00:52 On tirait, et ensuite on manœuvrait.
00:58 Il était comme un frère pour moi.
01:01 Septembre 1944.
01:10 Une bataille meurtrière s'engage le long de la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas.
01:15 L'objectif est d'anéantir les défenses allemandes et de dégager une voie navigable stratégique.
01:21 Les Allemands étaient là depuis quatre ans. Ils connaissaient la région comme leur poche.
01:26 Et contrairement à ce que l'on raconte, ils étaient redoutables.
01:32 Dégager l'estuaire de l'Esko est indispensable à l'avancée des forces alliées en Allemagne.
01:38 Mais l'armée allemande occupe les deux rives et tire profit des nombreux avantages de ce terrain dangereux.
01:44 Chaque fois que l'on parvenait à avancer, les Allemands faisaient sauter les digues et inondaient le terrain.
01:50 Il y avait des champs de mines partout.
01:53 Pour les Canadiens, la bataille de l'estuaire de l'Esko sera la plus sanglante de la Seconde Guerre mondiale.
01:59 En septembre 1944, les armées hitlériennes commencent à perdre du terrain.
02:14 Ce même été, l'armée rouge de Staline mène une offensive stratégique contre les troupes allemandes sur le front de l'Est.
02:21 Les Russes parviennent à avancer jusqu'en Pologne et en Roumanie.
02:25 A l'ouest, les Alliés ont libéré la France et s'approchent maintenant du Rhin et de la frontière allemande.
02:34 Mais des problèmes de ravitaillement contraignent les Alliés à interrompre leur avancée.
02:40 Les industries des forces alliées aux États-Unis et en Grande-Bretagne produisaient d'énormes quantités de matériel.
02:46 Des dizaines de milliers de chars, des millions de munitions et des litres d'essence.
02:51 La difficulté était d'acheminer tout ce matériel sur le front.
02:57 Avec cinq armées sur le terrain, soit deux millions et demi d'hommes, les forces alliées avancent sur un front large en direction du Rhin.
03:07 Avec pour objectif final l'invasion de l'Allemagne nazie.
03:11 L'approvisionnement de guerre provient encore de la tête de pont de Normandie, à près de 500 kilomètres de là.
03:16 Mais les troupes ne reçoivent plus le carburant ni les munitions nécessaires pour continuer à avancer.
03:22 La guerre moderne nécessite beaucoup d'essence. Les chars d'assaut consomment plus que les voitures.
03:30 C'est pour ça que les forces alliées ont pris cette direction. C'est qu'elles étaient à court de réserve.
03:37 Le 4 septembre, la 11e division blindée britannique, aidée de la résistance belge, prend le contrôle du port d'Anvers, avant que les Allemands ne réussissent à le saboter.
03:56 Au premier abord, il semble que les problèmes de ravitaillement des alliés soient bientôt terminés.
04:01 Il y a des kilomètres et des kilomètres de doc là-bas.
04:10 Anvers est, ou était, le plus grand port d'Europe.
04:14 C'était une grande avancée pour l'armée britannique.
04:18 Nous avons pris le port d'Anvers, et il était intact.
04:22 Il y avait encore des grues, et tout était en état de fonctionner.
04:26 La plupart du temps, quand nous prenions un port, les Allemands avaient fait sauter toutes les installations.
04:32 Il y a cependant un problème majeur.
04:37 Anvers est relié à la mer par l'estuaire de Lescaux, long de 70 kilomètres.
04:42 Le terrain est miné, et massivement défendu par les Allemands.
04:49 Les Alliés ne peuvent pas acheminer de marchandises vers le port d'Anvers avant d'avoir nettoyé la zone.
04:55 L'estuaire de Lescaux libérée, les Alliés pouvaient faire d'Anvers leur port de ravitaillement principal.
05:03 Il serait suffisant pour supporter une grande partie de l'effort de guerre,
05:08 et permettre l'avancée vers l'Allemagne.
05:10 Mais bien entendu, les Allemands le savaient aussi.
05:16 Les Allemands ont construit une infranchissable batricotière sur l'île de Valquerène,
05:21 qui domine l'estuaire de Lescaux, rendant ainsi le port d'Anvers inaccessible aux forces Alliées.
05:27 Des canons protègent les rives de l'estuaire.
05:32 Ils sont abrités, des attaques aériennes, par des bunkers en béton armés.
05:37 On ne peut les attaquer que par la terre, dans un paysage de canaux, et de marécages boueux à ciel ouvert.
05:44 Les rives regorgent de fils de fer barbelé, et de champs de mines.
05:48 Cette mission extrêmement périlleuse est confiée à la 1ère Armée canadienne,
06:01 une force multinationale formée de deux divisions d'infanterie canadienne,
06:05 deux britanniques, une division blindée canadienne, et une polonaise.
06:12 L'armée comprend également des vétérans de Normandie très expérimentés après un combat durement gagné.
06:17 Mais ces forces sont délayées par l'arrivée de nouvelles recrues inexpérimentées,
06:21 qui viennent remplacer les nombreux blessés et morts des champs de bataille.
06:25 Certains étaient dans l'armée depuis moins de six mois.
06:30 Ils ont traversé la Manche, et ils sont arrivés sur la ligne de front par camion.
06:37 Ensuite, on nous les a confiés. Nous avons essayé de mettre tout le monde au pas.
06:42 Mais ces jeunes recrues ne savaient pas charger un fusil, ni manier une grenade.
06:46 Ils ne connaissaient rien du travail d'infanterie.
06:49 Le lieutenant général Guy Simmons commande cette 1ère Armée canadienne.
06:54 Simmons est un militaire né. Il a reçu le sabre d'honneur du Collège militaire royal du Canada.
07:04 Reconnu pour ses compétences, il connaît une ascension fulgurante.
07:08 Il est nommé au commandement supérieur à la tête d'une division en Sicile, puis d'un corps en Normandie.
07:13 Quand son supérieur, le général Créard, qui commande la 1ère Armée canadienne, tombe malade,
07:20 Guy Simmons le remplace.
07:22 À 41 ans, il devient le plus jeune commandant d'une armée alliée.
07:27 C'était un Canadien à l'esprit très britannique.
07:32 Il est né en Grande-Bretagne.
07:34 Son père avait été officier dans l'armée britannique et son grand-père dans l'armée de la compagnie britannique des Indes orientales.
07:40 Guy Simmons était très apprécié par Montgomery, par Eisenhower et par Bradley.
07:46 Peut-être parce qu'il était très difficile de travailler avec son prédécesseur,
07:51 le commandant de la 1ère Armée canadienne, le général Sir Harry Créard.
07:58 Simmons partageait aussi la vision des choses de ses supérieurs.
08:02 Montgomery appréciait la collaboration avec Simmons.
08:07 Et ce n'était pas le seul.
08:09 Mais Guy Simmons n'a pas la tâche facile en raison des violents désaccords sur la stratégie à adopter cet automne 1944.
08:18 Le commandant suprême des forces alliées, le général Eisenhower, veut attaquer les Allemands sur un front large.
08:27 Mais le Field Marshal britannique, Bernard Montgomery, pense que la traversée du Rhin par les Pays-Bas
08:31 permettrait aux alliés de prendre Berlin et de mettre fin à la guerre d'ici Noël.
08:36 Le succès de cette opération rendrait la défense allemande sur l'estuaire de l'Escoe inutile.
08:43 Ainsi, en ce mois de septembre, l'avancée des troupes de Simmons sur l'Escoe est mise en attente
08:49 pendant que Montgomery lance son ambitieuse opération aéroportée.
08:54 Nom de code, Marquette Gardenne.
08:57 Cette opération sera un désastre.
09:00 Les troupes aéroportées devaient prendre les ponts et les garder jusqu'à ce qu'on arrive.
09:10 Nous devions prendre la relève des parachutistes américains à Nimeg, et après cela à Arnhem, mais ça a été désastreux.
09:17 Quand nos parachutistes ont atterri, ils se sont fait massacrer.
09:23 L'opération aéroportée Marquette Gardenne pour prendre les ponts a été un échec.
09:28 Le commandement allié a ainsi décidé d'ouvrir l'accès au pont d'Anvers.
09:33 L'échec de l'opération Marquette Gardenne coûte très cher en hommes et en ressources matérielles.
09:40 En outre, il retarde la libération de l'estuaire de l'Escoe et bouscule les prévisions.
09:46 En effet, les Allemands ont fait bon usage de leurs quatre semaines de répit.
09:53 Ils ont profité de cette accalmie pour déplacer des milliers de renforts le long de l'estuaire.
09:57 Quand Montgomery accepte enfin de considérer le nettoyage de l'estuaire de l'Escoe comme une priorité,
10:04 les défenses allemandes sont devenues plus redoutables que jamais.
10:08 En ce mois d'octobre, les alliés occidentaux comptent sur la première armée canadienne,
10:15 dont le rôle est de libérer l'estuaire de l'Escoe des troupes de défense allemande,
10:20 afin de pouvoir acheminer l'approvisionnement tant attendu jusqu'au port d'Anvers.
10:24 Jusqu'à présent, les efforts de la première armée canadienne ont été ralentis par les événements,
10:30 mais plus pour longtemps.
10:32 Le plan des Canadiens comprend quatre phases.
10:44 Phase 1. La deuxième division d'infanterie du Canada, aidée par la quatrième division blindée du Canada,
10:50 avance au nord d'Anvers pour sécuriser Wundstrecht et Berenobzum,
10:54 à l'entrée de l'isme de la péninsule du Beveland du Sud.
10:58 Phase 2. La troisième division d'infanterie du Canada et la première division blindée polonaise
11:04 éliminent les forces allemandes le long de la rive sud de l'Escoe.
11:10 Phase 3. Les troupes canadiennes avancent le long de l'étroite péninsule du Beveland du Sud.
11:15 La phase 4. Les troupes de Guy Simons attaquent l'île de Valkérenne par terre et par mer.
11:21 Le terrain est extrêmement périlleux et représente un gros défi pour les troupes alliées.
11:31 C'est un paysage de digues et de canaux, avec un sol bourbeux, détrempé et jonché de mines.
11:38 Le terrain autour de l'estuaire de l'Escoe était une zone de polder,
11:41 ce qui signifie que c'était des terrains gagnés par la mer.
11:44 La région était divisée par des digues et le terrain entre ces digues avait été inondé par les Allemands.
11:49 Ils avaient inondé le terrain.
11:53 Et la seule protection qu'on avait était de rester toujours dans l'eau.
11:56 Si l'on tentait de monter sur les digues, on était ciblé.
12:00 Les digues elles-mêmes sont très raides.
12:06 Ils ont un rempart d'environ 4 mètres de haut qui constitue une position de défense idéale pour les Allemands.
12:11 Très peu de voies sont praticables pour les chars.
12:16 La bataille pour l'Escoe sera de ce fait presque exclusivement une bataille d'infanterie.
12:21 Pourquoi l'armée de l'air n'a-t-elle pas rasé cet endroit ?
12:25 Si elle l'avait pilonné avec toutes ses munitions, tout aurait sauté.
12:28 Mais ils ont envoyé l'infanterie.
12:31 C'était terrible.
12:34 Plus que jamais, l'infanterie canadienne doit se contenter des armes et des équipements transportables à dos d'hommes à travers les plaines inondées et les digues abruptes.
12:46 L'armée canadienne en 1944 avait le même armement que les Anglais et le même fonctionnement en matière de tactique et d'entraînement.
12:55 La plupart des soldats avaient des fusils Lee Enfield Rifle n°4.
13:00 Les commandants de section étaient équipés de pistolets mitrailleurs Sten.
13:04 Mais contrairement à l'armement allemand qui était de la mécanique de haute précision, ces mitraillettes étaient bon marché.
13:10 Celle-ci coûtait 15 shillings à la fabrication.
13:13 Elle se résume à deux pièces usinées, le canon et le bloc de culasse.
13:16 Le reste, ce sont des pièces d'acier soudées ensemble.
13:19 Ce n'était pas très fiable.
13:22 L'arme principale de l'infanterie était le fusil mitrailleur Bren.
13:27 Il était très précis, très bien conçu et très fiable.
13:30 Un artilleur bien entraîné pouvait mettre deux cartouches en même temps dans le même trou.
13:35 Ces armes et tactiques de guerre avaient été utilisées pendant la bataille en Normandie.
13:42 Mais elles n'étaient plus efficaces lors des combats de l'Esco.
13:45 Le sol était inondé, il n'y avait aucune possibilité de manœuvrer et les troupes étaient prises en entonnoir entre des fossés de drainage et des digues.
13:54 Les combattants devaient avancer sur un front étroit et les Allemands savaient par où ils allaient arriver.
13:58 Les défenseurs allemands sont prêts à tous les sacrifices pour leur Führer,
14:05 dont la nouvelle stratégie est de construire des forteresses.
14:10 Hitler a désigné certaines zones ou villes fortifiées et son but était de redonner du courage aux défenseurs de ces villes,
14:23 de les pousser à combattre jusqu'au dernier, à ne pas se rendre, à s'investir le plus possible pour freiner l'avancée des troupes alliées.
14:31 Un certain nombre de villes portuaires autour d'Anvers ont ainsi été fortifiées dans le but de ralentir les Alliés autant que possible.
14:42 Mais cet été-là, l'armée allemande a perdu énormément d'hommes et d'équipements en France et sur le front de l'Est.
14:52 Elle compte désormais sur des adolescents et des appelés de seconde catégorie pour garder l'estuaire de l'Esco.
14:58 Ces divisions de soldats mal formés sont la preuve que l'armée allemande est en perte de vitesse.
15:04 La 64e Division d'Infanterie qui défend la rive gauche de l'Esco est la plus solide, avec 11 000 hommes aguerris et de l'artillerie lourde.
15:15 Les trois divisions du 67e Corps d'Armée Allemande qui garde la région au nord d'Anvers ont perdu la moitié de leur capacité et sont très mal entraînées.
15:25 La 70e Division d'Infanterie qui garde l'île de Valkérenne est constituée d'hommes qui avaient été déclarés médicalement inaptes au service.
15:39 De précédents combats et d'énormes pertes ont fait de tels ravages au sein de l'armée allemande qu'ils n'arrivaient plus à trouver assez de recrus pour renflouer leur rang.
15:48 C'est pourquoi à cette époque, ils sont allés dans les hôpitaux militaires et ont renvoyé au combat des hommes qui avaient jusque-là été déclarés inaptes médicalement.
16:00 Ils ont été intégrés dans des unités particulières.
16:05 Il y avait ce que l'on appelait des bataillons estomac, avec des hommes qui auraient été bons pour le front mais avaient besoin d'un régime spécial.
16:13 Des bataillons oreille, avec des hommes qui avaient des problèmes douillet.
16:17 Tous ces soldats ont tout simplement été renvoyés au front, non pas dans l'infanterie de première catégorie, mais comme des soldats qui pouvaient encore se battre.
16:26 Le 2 octobre, la 2e Division du Canada attaque au nord d'Anvers.
16:33 C'est la première phase de la bataille de l'Esco.
16:36 L'objectif est de sécuriser l'accès à la péninsule du Bévellande du Sud et d'isoler les forces allemandes.
16:43 Pour cela, il faut ouvrir le passage à travers les villages de Hougeraide et de Wundstrecht.
16:50 Au début du conflit, les forces canadiennes avancent régulièrement.
16:56 Elles ne rencontrent qu'une résistance allemande faible et dispersée et libèrent facilement quelques petits villages à la frontière belgonais-irlandaise.
17:03 Mais alors qu'ils s'approchent de leur objectif, les alliés se heurtent à un puissant dispositif de barrage routier, de fossés anti-chars et de chars d'assaut.
17:13 La stratégie de défense allemande typique.
17:16 Les Allemands ont eu beaucoup de temps pour préparer notre arrivée.
17:24 Ils avaient même inscrit des numéros sur les toits pour que l'infanterie puisse se situer et soit ainsi très rapidement capable de savoir exactement où se positionner.
17:37 Ils nous tiraient dessus et avaient une sacrée longueur d'avance.
17:43 Le 7 octobre, de violents combats éclatent autour de Hougeraide et de Wundstrecht.
17:52 Les Allemands sont déterminés à garder le contrôle de cet accès stratégique du Bévellande du Sud.
17:57 Le village de Hougeraide surplombait Wundstrecht.
18:06 Les Allemands avaient de l'artillerie lourde et des mortiers.
18:13 Ils nous tiraient dessus à une très courte distance.
18:18 On pouvait presque voir les soldats qui actionnaient les armes sur cette colline.
18:22 Les Allemands de la 15e armée ont reçu un message clair.
18:28 Le peuple allemand et le Führer comptent sur eux.
18:31 La défense de l'escot doit être menée à bien et les soldats doivent lutter jusqu'au dernier.
18:37 Leur commandant, le général Gustav Adolf von Sangen, est un officier expérimenté qui était à la tête d'une division sur le front de l'Est.
18:47 Six semaines plus tôt, il dirigeait la 15e armée dans la région de Calais en France.
18:51 Malgré les attaques massives des alliés, il a réussi à replier ses troupes aux Pays-Bas,
18:57 et à établir une redoutable ligne de défense le long de l'estuaire de l'escot.
19:02 C'était un commandant très compétent,
19:07 et il a convaincu ses troupes que la bataille de l'escot était de la plus grande importance pour le dénouement de la guerre et pour l'avenir de l'Allemagne.
19:16 Contrairement à l'impression donnée par les actualités filmées de la propagande,
19:19 les chars d'assaut allemands sont devenus d'enrées rares en cet automne 1944.
19:24 Le général von Sangen dispose d'un très petit nombre de blindés,
19:28 et doit se contenter de canons d'assaut mobiles, plus simples mais très efficaces.
19:34 Au début de la seconde guerre mondiale, les allemands ont développé un canon d'assaut connu sous le nom de Sturmgeschütz.
19:43 L'objectif était d'avoir un chasseur de chars sur lequel on puisse fixer un obusier,
19:47 afin d'aider l'infanterie à attaquer des positions fixes.
19:51 Après l'invasion de la Russie, en juin 1941,
19:57 Hitler a suggéré qu'un canon pour véhicule de combat 7,5 cm soit intégré au châssis de ces Sturmgeschütz.
20:07 Cela en a fait une arme de destruction redoutable.
20:12 Un des avantages de ce Sturmgeschütz est que comme il n'a pas de tourelle, il est très bas.
20:17 Cela signifie que c'est un engin facile à dissimuler, et par sa petite taille, plus difficile à cibler.
20:24 Alors que la guerre avance, les allemands tentent de renforcer leur armée.
20:29 Ainsi, si l'on regarde ce canon d'assaut, on voit que le blindage au devant du char est en fait du béton.
20:39 Il sert à accroître le niveau de protection pour l'équipage à l'intérieur.
20:43 Bien entendu, le problème est que cet engin ne pouvait pas être manipulé comme un canon à tourelle,
20:48 avec une rotation à 360 degrés.
20:51 Ainsi, c'était efficace pour la défense, mais pas pour attaquer.
20:55 Les canons d'assaut qui ralentissent la progression des canadiens à Hugerheide appartiennent à un Kampfgruppe,
21:01 un groupe de combat allemand.
21:05 La destruction quasi totale de l'armée allemande dans l'Ouest avec ses lourdes pertes,
21:09 signifie qu'un grand nombre d'unités ne sont plus efficaces, sont désorganisées et commencent à faiblir.
21:15 Les allemands pensent alors que le meilleur moyen de continuer est de simplement réunir les forces encore valides
21:22 en un groupe informel, un Kampfgruppe, et de les renvoyer combattre ensemble.
21:27 Le Kampfgruppe du général lieutenant Schill est un très bon exemple.
21:34 Les groupes de combat portaient le nom de leur commandant.
21:37 Les services de renseignement canadiens décrivaient Kurt Schill comme un commandant très habile et très compétent.
21:47 Il a constitué un Kampfgruppe d'environ 3000 hommes,
21:52 avec ce qu'il restait de la 3ème et surtout de la 85ème division d'infanterie et de quelques parachutistes.
22:02 Ces 3000 hommes ont été surnommés par les allemands la brigade des sapeurs-pompiers de l'estuaire de l'Esco.
22:08 Ils étaient alors l'une des formations de combat les plus redoutables et les plus expérimentées de l'armée allemande,
22:15 et l'ont compté sur eux lors de violents combats.
22:18 Le Kampfgruppe de Kurt Schill mène une résistance acharnée, se déplace rapidement, frappe et contre-attaque dès que c'est possible.
22:29 Les canadiens se retrouvent soudain pris dans la bataille la plus violente depuis celle de Normandie.
22:33 Les combats sont intenses, et certaines unités risquent d'être écrasées.
22:38 Pour le régiment Blackwatch, ce sera un désastre complet.
22:42 Le Blackwatch, la garde noire du Canada, a souvent joué de malchance.
22:47 En Normandie, lors d'une attaque tragique, ses deux officiers supérieurs sont tués, et le régiment décimé.
22:56 Vendredi 13 octobre, ce même régiment reçoit l'ordre d'attaquer une voie ferrée, gardée par des parachutistes du Kampfgruppe du général Schill.
23:04 Dans l'histoire militaire canadienne, on retiendra ce jour comme le Black Friday, le vendredi noir.
23:12 Les allemands étaient sur la colline à droite, et nous étions en bas, dans la plaine inondée,
23:20 avec deux ou trois polders comme unique protection.
23:26 Les ennemis se tenaient derrière le tout dernier polder,
23:29 et aussitôt que l'un d'entre nous levait la tête, il tirait une grenade.
23:35 Il y avait la voie ferrée sur la gauche, avec un remblai un peu surélevé, qu'ils occupaient également.
23:43 Notre but était d'avancer de polder en polder, jusqu'à la gare.
23:54 Pour couper l'avancée ennemie sur la route, et sur la voie ferrée.
23:58 Nous n'avons pas réussi, nous avons perdu de nombreux hommes ce vendredi 13.
24:03 On a appelé ça le vendredi noir.
24:07 Les quatre bataillons des Black Watch perdent 150 hommes,
24:12 et la chaussée qui relie le continent à la péninsule du Bévelland du Sud reste aux mains des allemands.
24:20 Les communications étaient coupées, ça a été un des problèmes majeurs pour les canadiens.
24:25 Les bombardements préliminaires ont commencé beaucoup trop tôt,
24:28 environ 30 minutes avant le lancement de l'attaque d'infanterie de la compagnie C.
24:33 Cela a permis aux allemands de retourner à leur poste,
24:37 de charger leurs armes, et d'empêcher l'avancée des canadiens.
24:41 Ça a causé de lourdes pertes.
24:49 Après avoir dû se replier, les canadiens attaquent de nouveau trois jours plus tard.
24:53 Finalement, grâce à leur ténacité et à un feu nourri,
24:57 ils parviennent à se frayer un chemin à travers ce qui reste du village néerlandais de Wundstrecht.
25:02 Au prix de lourdes pertes, les canadiens réussissent à isoler la péninsule du Bévelland du Sud,
25:08 avec les 150 000 allemands qui la défendent.
25:11 Pendant ce temps, Simons lance la seconde phase de la bataille sur la rive sud-ouest de l'Esko,
25:18 dans ce qu'on appelle la poche de Breskens.
25:21 Le premier obstacle est le canal Léopold.
25:24 Le général Simons lance le nettoyage de la poche de Breskens.
25:31 Nom de code, opération switchback.
25:34 Il se donne quatre jours.
25:37 Le 6 octobre, l'assaut du canal Léopold est lancé.
25:40 La traversée se fait dans un silence de mort.
25:45 Nous avions reçu l'ordre de ne pas tirer, à moins que nous ne soyons attaqués,
25:49 et soudain nous avons réalisé que les allemands avaient dû recevoir le même ordre.
25:53 Comme ils voyaient que nous ne tirions pas, ils ne tiraient pas non plus.
25:56 Ainsi, il y avait un silence glacial sur ce canal.
26:00 Certaines compagnies canadiennes traversent le canal sans un coup de feu,
26:05 mais d'autres n'ont pas autant de chance.
26:08 Ils se confrontent à une résistance féroce et suient de lourdes pertes.
26:13 On apprendra par la suite que les services de renseignement des alliés
26:16 ont sérieusement sous-estimé les forces allemandes dans la poche de Breskens.
26:20 Finalement, les canadiens prennent une tête de pont sur une partie éloignée du canal.
26:28 Walter Balfour, un mitrailleur de la 4e division blindée canadienne,
26:33 remarque un artilleur allemand en train de cibler son unité.
26:40 J'ai ouvert le feu et lui ai tiré dessus avec un fusil mitrailleur.
26:43 J'avais roulé en bas de la digue pour échapper au tir des mitrailleuses.
26:48 Plus tard, des hommes de ma troupe sont arrivés
26:53 et m'ont dit avoir vu deux brancardiers allemands
26:57 qui avançaient avec beaucoup de précaution par peur d'être abattus.
27:01 Ils ont dit qu'ils allaient charger un blessé pour le sortir de là.
27:06 Le fait que j'ai tiré sur cet observateur a réglé le problème pour les hommes qui étaient sur les rives du canal.
27:10 Ce type causait beaucoup de ravages et leur menait la vie dure.
27:16 Comme l'attaque le long du canal s'enlise,
27:21 Simmons lance alors la Canadian Island Brigade dans une attaque amphibie ambitieuse sur Hofplatt.
27:26 Le combat est un des plus grands de la guerre.
27:34 La guerre de Hofplatt.
27:36 Ils testent un nouveau véhicule amphibie extraordinaire,
27:40 imaginé à l'origine pour un climat plus ensoleillé.
27:43 Ce véhicule est ce qu'on appelle un buffalo.
27:50 Il a été développé pour porter secours aux victimes d'un ouragan dans les Everglades, en Floride.
27:55 Cet engin flottant est doté de chenilles et de lames
27:59 qui propulsent le véhicule à travers l'eau quand elles sont actionnées.
28:04 Cette amphibie est très appréciée par les militaires américains, britanniques et canadiens.
28:10 Ainsi, pour nettoyer l'estuaire de Lescaux et ensuite l'île de Valcairenne,
28:16 de nombreuses opérations ont été menées avec ce buffalo.
28:20 Avec sa capacité amphibie, sa possibilité de transporter des hommes à travers des terrains boueux,
28:25 de traverser des rivières, des digues et même de se déplacer en mer, il a été vraiment utile.
28:32 Mais les canadiens doivent s'entraîner à utiliser ce nouveau char amphibie,
28:36 et l'opération est retardée de 24 heures.
28:39 Quand l'attaque commence enfin, c'est un franc succès.
28:44 L'infanterie canadienne réussit à accoster derrière la ligne de front allemande, sans rencontrer de résistance.
28:50 Les allemands concentrent alors immédiatement leur force sur cette nouvelle tête de pont extrêmement dangereuse.
28:57 Doug Vidler était servant mortier dans la Canadian Highland Brigade.
29:01 C'était une nuit horrible. Nous n'avons pas pu nous coucher avant 8 heures du matin.
29:06 Vers 11 heures du matin, un obus a frappé notre grange.
29:10 Il y a eu des éclats, de la poussière, puis tout s'est effondré.
29:16 Bob était couché à côté de moi, sous une mangeoire.
29:22 J'ai demandé "Est-ce que quelqu'un a été touché ?"
29:26 Blacky a répondu qu'il était touché au genou.
29:29 J'ai donc secoué Bob et lui ai dit "Blacky a été touché au genou."
29:34 Et Bob a roulé. Il avait un petit morceau d'obus planté dans le front.
29:39 Un tout petit morceau, on ne voyait même pas de sang. Il était mort.
29:47 Pendant trois jours, Doug Vidler et ses camarades campent sur la fragile tête de pont.
29:52 Finalement, des chars de la 4e Division blindée canadienne arrivent à la rescousse.
29:57 Dans la poche de Breskens, les forces de défense allemandes n'ont plus aucun espoir.
30:05 Certaines unités ont perdu les deux tiers de leurs hommes,
30:08 et la plupart des survivants sont morts.
30:12 Mais on leur ordonne de continuer les combats.
30:15 La 3e Division canadienne entame alors une avancée incessante à travers la poche,
30:22 détruisant systématiquement chaque point de résistance allemande
30:26 par des tirs d'artillerie ciblés et des raids aériens.
30:30 Après les combats, O'Keele Stewart, un vétéran du D-Day,
30:34 arrive dans ce qu'il prend pour un peu de temps.
30:38 Après les combats, O'Keele Stewart, un vétéran du D-Day, arrive dans ce qu'il prend pour un peu de temps.
30:44 Il y avait un silence de mort pendant que je traversais ce village.
30:50 Pas une âme qui vive, pas un bruit.
30:53 Tout à coup, le maire est sorti du moulin avec une vingtaine de ses concitoyens.
30:58 Je suis allé vers eux, ils m'ont serré dans les bras et embrassé.
31:02 Je leur ai demandé "Vous n'avez pas déjà serré et embrassé l'infanterie quand elle est passée hier ?"
31:07 Je leur ai demandé "Vous n'avez pas déjà serré et embrassé l'infanterie quand elle est passée hier ?"
31:09 "Oh, vous êtes le premier ! L'infanterie a été repoussée par les Allemands, ils sont à environ 2 km de là. Vous êtes le premier."
31:18 Le 3 novembre, la poche de Breskens finit par tomber aux mains des Alliés.
31:25 Le commandant de la division allemande se rend avec le reste des hommes.
31:30 Les Canadiens parviennent progressivement à réduire la défensive allemande sur l'estuaire,
31:36 mais à quel prix ?
31:37 L'heure est venue de lancer le dernier assaut sur l'île de Valkérenne,
31:41 et d'anéantir ainsi la forteresse située à l'entrée de l'estuaire de l'Esko.
31:46 Et l'automne sur la côte néerlandaise s'annonce glacial et détrempé.
31:52 Notre objectif principal était de trouver un endroit chaud et sec où dormir quelques heures.
32:05 "Tant pis pour les Allemands, nous voulions trouver un endroit où dormir. Nous étions tous à moitié inconscients."
32:12 "Il faisait très froid, de la glace se formait sur le canal, l'herbe était couverte de givre."
32:19 Se réchauffer, se sécher, trouver de la nourriture, c'est le combat quotidien de ces hommes.
32:28 "Il faisait un froid de canard. Les Canadiens portaient de gros manteaux en laine épaisse, des passe-montagne, des gilets de cuir, tout ce qui pouvait servir pour se réchauffer et se préserver de l'humidité."
32:37 Les rations alimentaires des troupes canadiennes et britanniques n'étaient pas très imaginatives, un peu comme celles des Américains.
32:46 "Il y avait par exemple des rations de 24 heures avec ce genre de biscuits, qui était un pain de substitution que l'on pouvait utiliser pour faire de la chaplure."
32:56 "Des extraits de viande, du cornet de bif, des barres de céréales, deux barres chocolatées, des bonbons, des chewing-gums et un peu de sel."
33:03 "Il y avait aussi différentes choses pour faire de la nourriture très simple. Vous cuisiniez cela sur un petit réchaud que vous emportiez dans votre sac à dos, qui s'ouvrait comme ça."
33:12 "Et vous aviez des dosettes d'alcool à brûler. Une fois votre réchaud allumé, vous pouviez mettre votre repas dans la gamelle et le réchauffer directement dessus."
33:24 "Une autre innovation de l'époque, c'était des conserves auto-chauffantes, comme la fameuse Mop Turtle Soup, la soupe à la fausse tortue."
33:31 "Avec votre couteau de l'armée, vous faisiez un trou de chaque côté, il fallait ensuite soulever le couvercle, allumer la mèche à l'intérieur et attendre cinq minutes."
33:39 "Vous pouviez alors ouvrir la boîte et manger une soupe chaude."
33:43 A l'inconfort général des troupes canadiennes s'ajoute un sentiment d'épuisement grandissant.
33:52 La 2e et 3e divisions d'infanterie canadienne sont sur le front de manière ininterrompue depuis la Normandie.
33:57 En raison de la loi canadienne en matière de forces militaires outre-mer, ils ne reçoivent pas assez de renforts et ne peuvent pas être remplacés.
34:05 "En plus des énormes pertes subies au cours des dernières batailles, l'armée canadienne commençait à avoir des problèmes de recrutement vers la fin de 1944."
34:16 "Ceux qui venaient se battre en Europe étaient des volontaires et ils étaient de moins en moins nombreux à vouloir partir sur le vieux continent."
34:23 "Ce qui signifiait que les canadiens se trouvaient face à un manque d'effectifs."
34:29 "En plus de cela, les militaires qui étaient encore sur le champ de bataille commençaient à se décourager."
34:38 "Ils ne voyaient plus d'issue. De plus en plus de soldats canadiens ont craqué, que ce soit physiquement ou psychiquement, épuisés par le champ de bataille."
34:48 "Lors de la 1ere guerre mondiale, ils appelaient cela commotion du combattant."
34:55 "Maintenant, on parle de psychose traumatique."
34:59 "Si après quelques semaines de combat un gars craquait, on l'envoyait dans un camp de sommeil."
35:08 "Il recevait une injection qui le faisait dormir pendant un jour ou deux."
35:12 "Puis il restait encore 3 ou 4 jours en convalescence avant de retourner sur le front."
35:20 "En théorie, après 2 séjours dans des camps de sommeil, l'homme atteint de psychose traumatique rejoignait un bataillon de remplacement moins exposé."
35:31 "Mais nous étions si démunis en hommes à la fin de la guerre que ces bataillons de remplacement ont disparu."
35:37 "Les malades repartaient au front directement et c'était terrible. Certains désertaient."
35:45 "J'avais un très bon ami qui était aussi un très bon soldat."
35:48 "Un jour, des obus de mortier nous sont tombés dessus."
35:55 "Il s'est levé et a commencé à courir en cercle. J'ai dû lui sauter dessus, le mettre à terre et le frapper pour le calmer."
36:01 Malgré la pénurie croissante en hommes, la 2nde Infanterie canadienne se voit attribuer un nouveau rôle clé dans la 3ème phase de la bataille de l'Esco.
36:11 Le général Simmons ordonne une attaque de l'Ouest par l'étroite péninsule.
36:21 L'opération Vitality sera un assaut final sur les batteries de l'île de Valcairen.
36:25 Ainsi, les Canadiens, épuisés, se préparent à une nouvelle attaque à travers les digs défoncés et les champs inondés.
36:37 Ils vont se confronter à des soldats allemands du 6ème Régiment de Parachutistes.
36:43 Tout comme les Canadiens, la plupart d'entre eux sont épuisés, physiquement et psychiquement.
36:50 Mais même si la défense de l'estuaire de l'Esco semble perdue d'avance, les Allemands continuent à se battre obstinément.
36:56 Grâce à une épaisse couverture nuageuse, les Allemands ont échappé aux attaques aériennes des alliés de ces dernières semaines.
37:03 Mais dès que le ciel s'éclaircit, les avions de chasse britannique Hawker Typhoon et Supermarine Spitfire s'abattent comme un naissin d'abeilles sur les positions allemandes.
37:16 Le Canadien John Thompson était un pilote d'un avion de chasse Typhoon.
37:20 Pour les gens au sol, ça ressemblait à l'arrivée d'un train express.
37:26 Surtout les salves.
37:30 Les Allemands étaient terrorisés par les Typhoons, à cause du bruit.
37:37 Plusieurs prisonniers allemands disaient que le bruit de ces fusées était particulièrement terrifiant.
37:46 Fin octobre, les alliés, grâce à des interceptions radio, parviennent à localiser avec précision le quartier général de Fonsangen.
37:54 Ils envoient quatre escadrons de Typhoon l'année entière.
37:58 Pendant l'attaque, 74 officiellement sont tués.
38:02 Durant des jours, le quartier général ne sera plus opérationnel.
38:06 Les Canadiens espèrent prendre l'avantage avec une nouvelle attaque sur la péninsule.
38:13 Mais ils ont retenu la leçon du Black Friday.
38:16 Cette fois, les défenses allemandes sont anéanties par des tirs d'artillerie massifs.
38:21 L'infanterie arrivera de nuit dans un second temps.
38:25 Nous y sommes allés vers 2h du matin.
38:29 Nous nous sommes couchés sur la digue, au bord de la route.
38:34 Vers 6h, nous avons reçu l'ordre d'attaquer.
38:42 Nous devions traverser environ 1 km de champs de betterave, aussi plat qu'une crêpe.
38:48 L'objectif était d'atteindre une digue éloignée, tenue par des Allemands.
38:55 Nous venions de traverser la route,
39:01 mais nous avons dû revenir en arrière à cause des tirs de mitraillette,
39:05 qui étaient si intenses qu'on ne pouvait plus bouger.
39:10 Nous avons finalement réussi à traverser le champ de betterave jusqu'à la dernière digue.
39:14 Nous n'étions plus qu'une poignée d'hommes quand nous sommes arrivés au bout,
39:20 et nous ne pouvions pas faire grand-chose.
39:22 Nous avons passé le reste de la journée à lancer des grenades,
39:25 les Allemands d'un côté et nous de l'autre.
39:27 C'était un carnage.
39:29 Les blessés gisaient dans les champs.
39:31 Ils hurlaient et pleuraient de douleur.
39:34 Mais les combats continuent.
39:39 A la fin de la première journée, l'armée canadienne franchit la première ligne de défense allemande
39:43 et fait 120 prisonniers.
39:45 Mais le prochain obstacle est encore plus redoutable.
39:49 Le canal du Beveland du Sud.
39:51 La défense allemande dans le secteur du Beveland du Sud est concentrée autour de ce canal.
39:58 Le canal représente un grand obstacle pour les forces alliées,
40:04 et c'est très difficile de le traverser sous les tirs.
40:08 Les Allemands profitent de la situation.
40:10 Cela fait partie de leur plan de défense.
40:12 Le général Simons choisit de ne pas attaquer le canal.
40:19 Il lance sa 52e division d'infanterie équipée de chars amphibies Buffalo sur Oudenkenskerk.
40:25 Cette opération amphibie intrépide contourne le canal
40:31 qui devient dès lors une position défensive inutile.
40:37 Les troupes allemandes se retirent dans l'urgence sur l'île de Valkérenne elle-même,
40:41 où ils sont protégés par les blocauses de béton et les batteries côtières.
40:45 Quelques semaines après le début des combats pour la libération de l'estuaire de l'Esko,
40:54 les Alliés atteignent leur but.
40:56 Libérer l'île de Valkérenne.
40:58 Au bout de l'estuaire de l'Esko se trouve l'île de Valkérenne.
41:04 C'est une île défendue par les Allemands.
41:07 Elle est très plate, à basse altitude et entourée par des digues.
41:11 Les Allemands ont construit des blocauses en béton
41:14 et placé des canons tout le long du sommet de la digue.
41:17 Jusqu'à la prise de l'île de Valkérenne et la neutralisation de son lourd armement,
41:22 aucune embarcation Alliée ne peut traverser l'estuaire de l'Esko et rejoindre Anvers.
41:27 L'avancée en direction de l'Allemagne reste bloquée en raison du manque d'approvisionnement.
41:33 Le général Daseur commande ce qu'Hitler appelle de façon très optimiste
41:38 la forteresse nord de l'Esko.
41:40 En réalité, il ne peut plus guère compter que sur les survivants du 70e
41:46 et du 89e régiment d'infanterie et sur deux bataillons d'artillerie navale.
41:51 Mais les ordres du Führer sont clairs, se battre jusqu'au dernier.
41:56 Pendant ce temps, le commandant canadien Guy Simmons élabore une opération ambitieuse
42:02 qui va marquer l'assaut final sur l'île de Valkérenne.
42:05 La Royal Air Force bombarde d'abord Vestkapel et détruit la digue extérieure de l'île
42:12 permettant ainsi à la mer d'inonder l'intérieur des terres.
42:15 Ensuite, deux assauts amphibies de commandos de l'infanterie écossaise et de la marine royale
42:22 accostent à Vlissingen et Vestkapel.
42:25 Pendant ce temps, la seconde infanterie canadienne attaque par l'est,
42:29 par l'étroit canal qui sépare l'île de Valkérenne du continent.
42:33 Montgomery a imaginé un assaut massif pour prendre la forteresse de Valkérenne,
42:38 avec les nombreux navires de débarquement amphibie Buffalo et des milliers d'hommes.
42:44 Le plan était en gros une réplique du débarquement de Normandie du 6 juin 1944.
42:51 Un bombardement initial massif, suivi d'une armada de navires et amphibies
42:58 apportant des hommes à terre pour capturer la forteresse
43:01 et ouvrir le port d'Anvers pour permettre aux bateaux des alliés de passer.
43:05 Les canadiens attaquent le 31 octobre.
43:10 Mais quand ils atteignent le canal,
43:12 ils s'aperçoivent qu'il est trop profond pour être traversé à pied
43:16 et trop boueux pour permettre à des embarcations de passer.
43:20 La seule solution est d'avancer par la chaussée de Valkérenne,
43:24 une route étroite d'un kilomètre et demi qui relie l'île au continent.
43:28 Les compagnies se succèdent sur la chaussée et suivent des tirs ennemis.
43:33 Ils ont aligné les gars en rangée
43:38 et les ont envoyés sur cette satanée chaussée où ils étaient coincés.
43:42 Les allemands étaient à l'autre bout avec des mitrailleuses.
43:49 Ils avaient tous des canons 75 mm français et tiraient tous azimuts.
43:54 Ils envoyaient de plus en plus d'hommes et nous devions les couvrir.
44:00 J'ai fumé au moins 100 cigarettes en 3 heures.
44:05 Je les allumais les unes après les autres.
44:08 On changeait juste les bandes de cartouches sur les fusils mitrailleurs.
44:13 Entre nos soldats et les leurs,
44:15 il n'est resté qu'une demi-douzaine d'hommes à la fin.
44:18 C'était comme ça.
44:21 Les canadiens sont bloqués sur la chaussée.
44:24 Désormais, le succès de l'attaque dépend entièrement de l'accostage ambitieux de Simonds.
44:29 Les bombardements de la Royal Air Force sont un succès.
44:33 Ils provoquent des trous béants dans les digues et l'île est rapidement inondée.
44:37 La route est libre.
44:39 Les amphibies alliées peuvent avancer et frapper le cœur des positions défensives allemandes.
44:45 Quand l'offensive a été lancée,
44:47 les véhicules amphibies Buffalo ont pu traverser les digues par les brèches
44:51 ou les contourner pour attaquer les défenses allemandes par derrière.
44:55 Les Buffalo sont parfaits pour ça,
44:58 car non seulement ils peuvent transporter des hommes à terre,
45:01 mais ils sont aussi équipés d'armes sur l'avant.
45:04 Sur ce modèle de Buffalo LVT-4,
45:07 il y a un canon de 20 mm et des mitrailleuses Browning
45:10 pour pouvoir faire feu sur les positions allemandes
45:13 quand ils arrivent à terre pour libérer l'infanterie qui terminera l'attaque.
45:17 Jim Kelly, de la Marine royale, a fait partie de la vague d'assaut des Buffalo.
45:23 Mais apparemment les choses n'ont pas été aussi simples.
45:26 Nous sommes rentrés dans ces Buffalo,
45:31 qui étaient des navires de débarquement amphibie.
45:34 Quand nous sommes arrivés sur l'île, nous nous sommes embourbés.
45:41 Nous n'avons jamais réussi à aller plus loin.
45:44 Nous avons dû sortir à découvert
45:48 et traverser les zones inondées pour rejoindre la terre ferme.
45:51 Tout était détrempé, il faisait un froid de canard ce 1er novembre.
45:57 A Wiesingen, le port principal de l'île,
46:02 les Allemands sont pris au dépourvu
46:04 et les troupes britanniques peuvent accoster sans essuyer de pertes.
46:09 Mais au fur et à mesure que les Alliés avancent dans l'île,
46:11 la résistance s'intensifie.
46:13 Les violents combats qui s'engagent vont durer plusieurs jours.
46:17 Pendant ce temps, à Westkapel,
46:20 des navires bombardent la lourde batterie allemande.
46:23 Les Alliés ont attaqué les batteries,
46:29 mais c'était un peu un combat à sens unique.
46:33 Ils ont perdu quelques hommes,
46:37 mais ils ont néanmoins réussi à détourner les tirs,
46:39 ce qui nous a permis de monter sur les batteries.
46:43 Quand les marines accostent sur les plages et sur les digs de l'île,
46:50 ils ne font face qu'à une faible résistance allemande.
46:53 Mais des tirs d'obus occasionnels et les mines font de nombreuses victimes.
46:57 Les mines antipersonnelles allemandes sont particulièrement meurtrières.
47:01 Les britanniques les ont surnommées "bouncing bettys"
47:05 ou "bettys la sauteuse".
47:07 Nous venions de rejoindre le sommet des dunes
47:10 et commencions à avancer, à nos risques et périls,
47:13 à travers les champs de mines.
47:15 Mais ce que nous avions l'habitude de faire,
47:19 c'était surtout de courir le plus vite possible.
47:21 Et plus on restait de temps sur une mine,
47:23 plus il y avait de chances qu'elle explose.
47:25 Une mine met à peu près 4 secondes pour surgir du sol,
47:30 à environ 2 mètres de haut,
47:32 avant d'exploser en éclat.
47:35 Ainsi, si vous courez assez vite,
47:37 vous avez des chances de vous en sortir.
47:40 Et voilà, c'est ce qui s'est passé.
47:43 La bataille de l'île de Walkeren dure 8 jours.
47:48 Le 8 novembre, les Allemands commencent à se rendre.
47:52 Et le matin suivant,
47:58 ils sont venus avec toutes leurs affaires,
48:00 emballées dans leur musette.
48:03 Et ils se sont rendus.
48:05 La batterie côtière allemande est neutralisée.
48:08 Les dragueurs de mines de la Royal Navy
48:10 peuvent désormais sécuriser l'estuaire de l'Esco.
48:13 Les navires de ravitaillement des Alliés
48:15 pourront dès lors rejoindre le port d'Anvers.
48:17 Le 28 novembre, le premier navire allié
48:21 traverse l'estuaire de l'Esco
48:23 et parvient à décharger son précieux contenu
48:25 dans les docks du port d'Anvers.
48:27 Le premier navire qui traverse l'estuaire est canadien.
48:31 L'ouverture du port d'Anvers représente un coup dur
48:33 pour le 3e Reich.
48:35 La réaction des ennemis souligne l'importance stratégique
48:38 que représentaient l'estuaire de l'Esco
48:40 et le port d'Anvers.
48:42 Anvers a été plus bombardée pendant cette période de la guerre
48:44 que n'importe quel autre endroit.
48:46 Ce port était capital pour l'offensive finale d'Hitler
48:50 et l'issue de la guerre.
48:52 La bataille des Ardennes avait pour objectif
48:57 la reconquête du port d'Anvers,
48:59 en vue de couper l'approvisionnement
49:01 de l'effort de guerre des alliés sur le front ouest.
49:04 La bataille de l'Esco a été un combat acharné
49:07 de 5 semaines,
49:09 mené à bien par les troupes canadiennes
49:11 qui ont payé le prix fort.
49:13 7 000 des 12 000 pertes alliées sont des canadiens.
49:17 La bataille a coûté aux allemands entre 10 000 et 12 000 hommes
49:21 et plus de 40 000 soldats du Reich ont été faits prisonniers.
49:28 Cette victoire va permettre aux alliés occidentaux
49:31 de réapprovisionner les troupes sur la ligne de front
49:33 en essence et en munitions,
49:35 ce dont elles ont grandement besoin
49:37 pour mener à bien l'assaut final contre l'Allemagne.
49:40 Malgré tout, beaucoup de Canadiens pensent encore aujourd'hui
49:44 que leur pays n'a jamais reçu la reconnaissance qu'ils méritaient.
49:47 Le premier bateau à entrer dans l'estuaire
49:51 était un destroyer canadien.
49:53 De nombreux dignitaires étaient présents.
49:57 Soudain, quelqu'un a demandé
49:59 « Où sont les Canadiens ? »
50:01 Nous avions fait le gros du travail,
50:06 mais personne ne nous avait invités.
50:09 Le premier bateau à entrer dans l'estuaire
50:11 était un dessus de la première guerre mondiale.
50:13 Le premier bateau à entrer dans l'estuaire
50:15 était un dessus de la première guerre mondiale.
50:17 Le premier bateau à entrer dans l'estuaire
50:19 était un dessus de la première guerre mondiale.
50:21 Le premier bateau à entrer dans l'estuaire
50:23 était un dessus de la première guerre mondiale.
50:25 Le premier bateau à entrer dans l'estuaire
50:27 était un dessus de la première guerre mondiale.
50:29 Le premier bateau à entrer dans l'estuaire
50:31 était un dessus de la première guerre mondiale.
50:33 Le premier bateau à entrer dans l'estuaire
50:35 était un dessus de la première guerre mondiale.
50:37 [Musique]

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