Donner une chance à chaque personne en situation de handicap de retrouver une place dans le monde professionnel, tel est le credo de CAP INTERIM. Découvrez comment cette entreprise d'insertion transforme la donne pour un secteur de la population trop souvent laissé en marge.
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00:00 Le grand entretien avec Jean-Michel Guiteni, qui est directeur général de Cap Interim
00:11 France.
00:12 Bonjour Jean-Michel Guiteni.
00:13 Bonjour.
00:14 Qu'est-ce que c'est que Cap Interim France ?
00:15 Cap Interim France, c'est un réseau d'agences de travail temporaire qui est spécialisé
00:19 dans l'accompagnement des personnes en situation de handicap.
00:21 C'est une entreprise inclusive.
00:22 Qui a été créée il y a longtemps ?
00:24 Qui a été créée en 2009 par une association qui s'appelle Cap Energy, qui gérait elle
00:27 des structures de travail protégées, donc des ESAT et des entreprises adaptées, et
00:31 a complété son offre de services avec cette entreprise qui est aujourd'hui sous une
00:34 forme de SAS.
00:35 Très bien.
00:36 Et vous êtes arrivé dans cette entreprise au début ?
00:38 J'étais le premier et aujourd'hui nous sommes 36 collaborateurs.
00:41 Qu'est-ce qui vous a conduit là ?
00:42 L'envie de relever un challenge sur un sujet très particulier, et d'accompagner les
00:48 personnes en situation de handicap par le biais de missions de travail temporaires,
00:52 mais aussi dans l'accompagnement social et professionnel personnalisé, pour les amener
00:55 à nous quitter et à retrouver le chemin de l'emploi pérenne.
00:58 Alors, vous allez m'expliquer comment ça marche.
01:00 La mission principale de Cap Intérim, c'est ce que vous venez de dire finalement.
01:05 Donc, il faut trouver des employeurs ?
01:07 Il faut trouver des entreprises.
01:09 Pour ça, on démarche les entreprises de façon quotidienne, on va dire ça comme ça,
01:13 qui ont des besoins à la fois de compétence, et qui dans leur RSE, cherchent de la diversité
01:18 et espèrent subvenir à l'obligation d'emploi de travail handicapé en faisant appel à
01:26 nos services.
01:27 La priorité, excusez-moi, la priorité c'est d'abord la compétence.
01:30 Le handicap est un terme assez vaste.
01:33 Quels sont les handicaps ?
01:37 Ils sont divers.
01:40 Nous n'allons pas nous adresser aux personnes qui relèvent des structures de travail protégées,
01:44 des attentes entreprises adaptées, donc on ne sera pas sur des gens qui sont dans la
01:46 déficience mentale, mais après c'est tout autre type de handicap.
01:49 Donc des problématiques de dos, des cancers, des gens qui sont amputés de certains éléments
01:53 de leur corps, c'est vraiment très difficile.
01:56 Je le disais, là, ce n'est pas de notre temps, aujourd'hui le catalogue de la redoute ne
02:00 comporte pas suffisamment de pages pour décrire tous les types de handicaps.
02:03 Et donc, ils vous contactent, comment ça se passe ?
02:06 Certains nous contactent, mais aussi on va les chercher auprès des pôles emploi, auprès
02:09 des partenaires de l'emploi, des cap emploi, même sur Indeed aujourd'hui puisqu'on est
02:13 présent aussi sur ce job board, et puis aussi le bouche à oreille puisqu'aujourd'hui
02:17 on a 14 ans, donc on est un tout petit peu connu, et cette passerelle qu'on a et ce
02:21 sas de dire "je prends quelqu'un, nous prenons quelqu'un sur le bord de la route qui est
02:24 inscrit à Pôle emploi", on lui confie des missions de travail temporaires, on l'accompagne
02:28 pour éliminer les derniers freins du retour à l'emploi, et puis un jour il franchit
02:32 le pas de la porte en disant "c'est bon j'ai signé un CDI, merci beaucoup, vous
02:35 m'avez bien aidé".
02:36 C'est là où vous avez rempli votre mission ?
02:37 Absolument.
02:38 Donc pour arriver là, je vous disais il faut trouver des entreprises qui recherchent du
02:43 personnel et qui prennent du personnel avec handicap, et comment vous faites là, comment
02:49 vous démarchez les entreprises ?
02:50 C'est le rôle des responsables d'agence, des directions d'agence, mais aussi des
02:54 technicaux commerciaux qui vont aller chercher des entreprises qui ont des besoins de compétences,
02:59 vendre notre spécificité parce qu'on connaît vraiment très très bien nos intérimaires,
03:03 un entretien d'embauche chez Cap Intérim c'est pas 10 minutes, ça se fait pas par
03:06 internet, c'est au moins une heure et demie pour faire connaissance, pour créer de la
03:10 confiance et connaître les appétences, mais aussi les conséquences du handicap sur la
03:13 vie professionnelle pour que la mission qu'on va pouvoir leur offrir soit une réussite
03:18 à la fois pour l'entreprise qui répond à son besoin de compétences et est satisfaite,
03:21 s'exonère de sa contribution à Gfib, c'est la cerise sur le gâteau, et puis si l'emploi
03:25 est pérenne, pourquoi pas embaucher d'autres salariés.
03:27 Quel type d'entreprise ?
03:29 Aujourd'hui on a des grands comptes, on travaille avec Suez, mais on travaille aussi avec Eurotunnel,
03:35 mais aussi avec des petites PME qui ont parfois même pas d'obligation d'emploi, mais qui
03:38 viennent chercher la compétence, la proximité et vraiment du partenariat.
03:42 Alors une entreprise qui nous écoute et qui n'était pas au courant et qui voudrait entrer
03:47 en contact avec vous, que doit-elle faire ?
03:48 Alors on est présent aujourd'hui sur l'ensemble des Hauts-de-France et on a aussi une agence
03:52 en Ile-de-France à Vincennes, on a un site internet qui s'appelle Cap Intérim France,
03:56 c'est là où on retrouvera toutes les coordonnées téléphoniques de nos agences.
03:59 Après il y a effectivement en local, quand on connaît les agences, on les appelle,
04:04 mais on est plutôt nous toujours dans une démarche de prospection, on n'est pas un
04:09 majeur du travail temporaire, donc les gens viennent rarement vers nous, c'est plutôt
04:13 nous qui allons vers eux.
04:14 Alors comment sont accompagnés les entreprises dans cette démarche ?
04:17 C'est à la fois les rassurer, parce que le handicap peut parfois faire peur, c'est
04:23 la proximité, quand on délègue un intérimaire pour la première fois dans une entreprise,
04:27 à la fin de la première journée on va appeler le manager de l'entreprise, on va appeler
04:30 le salarié et on va avoir deux éléments de contexte et on va voir si on doit intervenir,
04:35 et on le fait à la fin de la première semaine, c'est la proximité, on se doit de réagir,
04:38 d'accompagner aussi, parfois on accompagne certains intérimaires sur le lieu de travail
04:41 pour la première fois, parce que l'entreprise a quelques appréhensions, ça reste plutôt
04:44 rare aujourd'hui, le handicap, on le voit un peu plus à la télévision, avec les jeux
04:49 handisport et des choses comme ça, mais nous on travaille beaucoup avec des handicaps invisibles,
04:53 donc ça pose toujours question de où est le handicap.
04:55 Quel type de métier proposez-vous ?
04:57 Tout type de métier, aujourd'hui on intervient dans les métiers de la juridique, dans les
05:02 métiers de l'industrie, dans les métiers du tertiaire, dans les métiers du transport,
05:05 on a formé des chauffeurs de bus récemment, les seuls métiers aujourd'hui où on n'est
05:08 pas présent, c'est les métiers du médical et du nucléaire, pour des questions de coûts,
05:12 d'assurance, responsabilité civile.
05:14 Alors on va voir les chiffres de votre société avec Virginie Mass et on se retrouve juste
05:18 après.
05:19 La première agence de cap intérim a été ouverte le 5 mars 2009.
05:23 Aujourd'hui, l'entreprise de travail temporaire d'insertion en comptabilise 14 et travaille
05:28 avec 34 salariés permanents.
05:30 En 2022, Cap Intérim a fait travailler et a accompagné 805 salariés intérimaires
05:36 en situation de handicap.
05:37 En juin 2023, la société en était à 628 salariés intérimaires sur une répartition
05:44 de 60% d'hommes et 40% de femmes.
05:46 Et selon les années, l'entreprise enregistre entre 78% et 94% de personnes qui retrouvent
05:53 un emploi pérenne.
05:54 Pour réaliser tout cela en 2022, ce ne sont pas moins de 216 entreprises qui leur ont
05:59 fait confiance en faisant appel à leur service, générant un chiffre d'affaires de 7 720
06:05 889 euros, en hausse de 35% par rapport à 2021.
06:09 Enfin, fin juin 2023, le chiffre d'affaires de Cap Intérim était en progression de plus
06:15 16% par rapport à 2022.
06:17 Alors on a dit qu'il y a 216 entreprises avec lesquelles vous collaborez, c'est ça ?
06:23 Oui, mais c'est toujours en évolution.
06:25 C'est toujours en évolution dans le bon sens.
06:27 Oui.
06:28 Tout à fait.
06:29 Et avec un chiffre d'affaires qui est croissant aussi.
06:30 Comment vous faites progresser les jeunes, ou forcément les jeunes handicapés ?
06:38 Je crois que nos personnels permanents, et là je remercie au quotidien mes équipes
06:43 parce que c'est elles qui font le travail de terrain, d'aller chercher des entreprises,
06:46 mais aussi aller accompagner nos salariés, leur redonner de la confiance et l'appétence
06:52 de dire "vous pouvez travailler, vous n'êtes pas exclus de la société, on peut vous accompagner".
06:58 Et c'est ça le travail de tous les jours, cette proximité qu'on a avec nos salariés,
07:03 cette confiance avec nos salariés intérimaires fait qu'on a des gens qui sont, qu'on
07:08 retrouve épanouis, qui relèvent la tête, qui retrouvent une utilité à la fois sociale
07:11 et économique.
07:12 Et c'est le Graal, c'est après quand ils retournent sur l'emploi et qu'ils
07:16 viennent nous dire merci, et parfois on a une petite boîte de chocolat ou un petit
07:19 présent, mais le fait de dire merci, cette reconnaissance humaine, elle est forte.
07:23 Et je crois que c'est l'ADN, c'est aussi pour ça que nos collaborateurs sont arrivés
07:28 chez nous, les permanents, pour ces valeurs-là, ces valeurs d'entreprise, cette philosophie
07:32 d'entreprise.
07:33 Vous dites que l'objectif c'est de passer du CDD au CDI, il y a un pourcentage de...
07:37 On varie suivant les moins bonnes années entre 78% de sortie sur l'emploi, la meilleure
07:42 année c'était en 2019 à 94%.
07:45 Ah oui, c'est une très belle réussite.
07:47 Sur quoi repose votre expertise ?
07:49 La connaissance, l'appréciation et l'échange avec nos salariés.
07:54 Il n'y a pas de stigmatisation.
07:55 Quand un salarié arrive chez nous, qu'on n'ait plus lu qu'on fait une mission et
07:59 que ça n'a pas marché parce que tout un tas de raisons, on va retravailler avec lui
08:02 son projet, on va même le former s'il en a besoin.
08:04 On ne laisse pas les gens sur un échec, ça ne doit pas être la fin, Cap Interim.
08:10 Quels sont vos projets pour l'évolution de l'entreprise ?
08:13 Aujourd'hui, on accompagne 800 salariés par an, on espère les dépasser les 1 000
08:19 parce que c'est partout où on doit être présent.
08:21 Après, il faut avoir un développement raisonné parce qu'on ne peut pas se perdre sur notre
08:25 métier, on n'a pas le droit.
08:26 Parce que nos salariés sont aussi parfois nos clients, qu'on accompagne justement sur
08:31 ce métier d'accompagnement socioprofessionnel pour les faire revenir à l'emploi.
08:35 Cette entreprise appartient à qui ?
08:36 C'est une SASU, donc elle appartient à l'association CapEnergie, dont j'ai eu la chance d'être
08:43 au démarrage de cette association qui a été créée par Jean-Pierre Dumont, qui est aujourd'hui
08:46 le président à la fois de Cap Interim et de CapEnergie, et qui a laissé la place pour
08:50 que les choses se fassent.
08:51 Aujourd'hui, on a démarré en 2009, j'étais tout seul, aujourd'hui 14 agences, 36 collaborateurs,
08:56 on ne va pas s'arrêter là.
08:57 Vous allez aller jusqu'où ?
08:58 On avait dit 15 agences, on est à 14.
09:03 Après, je pense qu'il faut le faire de façon raisonnée, et puis créer des zones de proximité,
09:07 de villes où on est déjà présents, pour éviter aux gens de se déplacer trop loin
09:11 pour venir chez nous.
09:12 On sait le coût des carburants aujourd'hui.
09:13 Quelle est la plus belle histoire dans votre société ?
09:17 La plus belle histoire, je crois que c'est une de mes premières histoires, c'est Sarmando
09:22 2009, c'est une jeune femme qui ne travaillait plus depuis 50, qui était incapable de soutenir
09:26 le regard.
09:27 Elle n'avait jamais vu la couleur de ses yeux avant qu'elle retourne à l'emploi.
09:30 Que j'ai déléguée dans un fast-food, on va dire ça comme ça, et dont le chef d'entreprise
09:35 m'a dit, je ne sais pas, elle est incapable de parler, mais j'essaye.
09:38 Et au bout de trois jours, il m'a dit, c'est bon, je la garde, j'ai vu la couleur de ses
09:41 yeux, et au bout de trois mois, elle était embauchée en CDI.
09:44 Cette personne, ça faisait cinq ans qu'elle était au chômage.
09:46 Merci beaucoup.
09:47 Merci.
09:48 [Musique]
09:48 Merci.
09:49 Sous-titrage Société Radio-Canada
09:51 Bismarck