Mercredi 9 avril 2025, retrouvez Joanna Ferrière (Directrice, Cyneo), Cevan Torossian (Directeur du département Études & Recherche, Arthur Loyd) et Marie Viard-Klein (fondatrice, Minuit sur Terre) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.
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00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue dans Smart Impact, l'émission de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale un axe fort de leur stratégie.
00:17Et voici le sommaire, mon invité c'est Johanna Ferrière, la directrice de Cineo, nouvelle filiale de Bouygues Construction dédiée au réemploi des matériaux du bâtiment.
00:30Dans notre Zoom, on va dévoiler les résultats du baromètre Arthur Lloyd sur la réindustrialisation verte en France avec notamment le top 10 des départements les plus attractifs.
00:40Et puis dans notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables, vous découvrirez Minuit sur Terre, marque de vêtements mais aussi de chaussures et de sacs sans cuir animal.
00:51Bâtiment, industrie, mode, trois univers, 30 minutes pour les explorer, c'est parti.
01:03L'invité de Smart Impact c'est Johanna Ferrière, bonjour.
01:07Bonjour. Bienvenue, vous êtes la directrice de Cineo, filiale du groupe Bouygues Construction que vous avez créé, c'était il y a deux ans, 2023.
01:15Avec quelle idée, quelle ambition ?
01:17Tous les jours, sur les chantiers de construction ou de déconstruction, on génère énormément de déchets.
01:21Mais en fait, ces déchets, ils ont un potentiel, un vrai potentiel de seconde vie.
01:25Et du coup, l'idée, c'était de réunir tous les outils pour faire en sorte qu'on arrive à réparer, reconditionner les matériaux pour les réintégrer dans les futures opérations.
01:33On parle de quels déchets ? Alors, vous, ça vous semble totalement naturel ?
01:37Moi, je vais dire, bon, je ne sais pas, il y a du béton, il y a des trucs de porte, enfin bon, en fait, la gamme, elle est très large.
01:43Exactement, c'est tous les matériaux qui nous entourent dans les ouvrages qui occupent nos vies,
01:48donc que ce soit les hôpitaux, que ce soit les bâtiments scolaires, que ce soit les bureaux.
01:52Donc, on parle de moquettes, de portes, de luminaires.
01:54Il faut savoir que tout ça, ça représente 46 millions de tonnes de déchets chaque année.
01:58C'est trois quarts des déchets qui sont produits en France.
02:01Donc, quand on regarde le parallèle, en tant que citoyen, on se dit déjà, ça déborde nos poubelles, mais en fait, c'est un quart du sujet.
02:07Donc, il y a beaucoup à faire, tous les matériaux intérieurs et tous les matériaux structurels.
02:11Mais, ça veut dire, à chaque famille de matériaux, sa filière, d'une certaine façon ?
02:17Exactement. En fait, on est en train de prendre le chemin...
02:19La complexité, elle est là, quoi.
02:21C'est ça. On est en train de prendre le chemin de l'automobile et de l'électroménager.
02:25À un moment donné, on a un produit. Il faut lui redonner des performances comme à son origine,
02:29en changeant des pièces, en changeant son esthétique, pour faire en sorte que ce soit un produit comme neuf,
02:34avec une durée de vie qui est remise à zéro et qui repart pour une durée de vie totale.
02:37Et alors, justement, cette économie circulaire, ce réemploi dans le secteur du bâtiment, c'est quoi ?
02:43C'est encore marginal aujourd'hui ou pas ?
02:45Alors, on va dire qu'on n'a pas toutes les datas.
02:47C'était assez marginal il y a encore cinq ans. Maintenant, on a une vraie accélération.
02:51On disait souvent que le réemploi, c'était à peu près moins de 1% des 46 millions de tonnes.
02:56Moi, j'étais un peu resté sur ces chiffres-là.
02:58Voilà, que je vous ai donnés. Donc, on n'a pas tout à fait les nouveaux chiffres.
03:01En tout cas, on sait qu'il y a une vraie accélération.
03:03On constate que l'écosystème de reconditionneurs, de déconstructeurs qui déposent soigneusement les matériaux,
03:09augmente tous les jours. Donc, on rapproche des milliers de tonnes aujourd'hui
03:12qui sont réemployées sur le territoire français.
03:14Est-ce que la crise que traverse le secteur du bâtiment, ça incite les acteurs à se tourner vers le réemploi ?
03:21Parce qu'il y a aussi là une base d'économie budgétaire.
03:24Ou alors, peut-être à se dire, bon, ce n'est plus une priorité, on appuie sur le frein.
03:28En fait, il y a un peu des deux.
03:29À la fois, le réemploi, ce n'est pas forcément moins cher.
03:31Parce qu'on attend dans le secteur de la construction que le réemploi, ça soit comme le neuf.
03:35C'est-à-dire que ça ne se voit pas.
03:36Pas comme les vêtements que vous portez où vous dites, bon, s'il y a un petit bouton à réparer,
03:40ce n'est pas grave, je vais payer 30% du prix.
03:41Dans la construction, pas du tout. Il faut que ce soit assuré et que ça ait la même existé.
03:46Donc ça, ça a un coût, ça ?
03:47Donc ça, ça a un coût.
03:48Par contre, la vraie opportunité, c'est qu'on se concentre sur les bâtiments existants.
03:52Parce que tous ces bâtiments existants, ils ont des gisements à donner.
03:55Et donc, toute l'accélération qu'il y a autour de la performance énergétique,
03:58le fait qu'on veut rénover le patrimoine existant,
04:02ça va contribuer à intensifier l'économie circulaire dans le BTP.
04:05Mais je suis surpris par la question du prix.
04:09Ce n'est pas forcément moins cher.
04:11Est-ce que ce n'est pas un objectif atteignable pour accélérer le réemploi ?
04:15Vous voyez ce que je veux dire ?
04:16Ah si, c'est vraiment le plafond de verre avec lequel on côtoie tous les jours.
04:20Sauf que les matériaux aujourd'hui neufs sont souvent fabriqués loin,
04:22pas en France, et plutôt de basse qualité.
04:24Dès que vous êtes sur de la moyenne ou du haut de gamme, le réemploi, c'est moins cher.
04:28Mais le réemploi, c'est surtout de l'emploi.
04:29À 75%, le coût du réemploi, c'est de l'emploi en France, non délocalisable,
04:34où il faut réindustrialiser des chaînes de production, etc.
04:37Et ça repose la question des taxes environnementales aux frontières de l'Europe.
04:39Mais ça, c'est un vaste débat et on ne va pas rentrer là-dedans.
04:43On parlait des filières.
04:44Il y a quand même un défi à la fois de logistique et d'organisation de chantier.
04:49Peut-être qu'on commence par l'organisation de chantier.
04:51C'est facile ? C'est le plus facile, ça ?
04:53Se dire qu'on récupère tous les matériaux, il suffit de s'organiser ?
04:56Aujourd'hui, c'est presque devenu facile.
04:59On va dire que ce n'est pas homogène chez tous les acteurs.
05:01Mais il y a vraiment eu un déclic de « je détris tout à la masse »,
05:04à « j'utilise la dévisseuse », pas que la visseuse.
05:06Je la mets dans l'autre sens et cette fois-ci, je vais récupérer les matériaux.
05:09Les matériaux, aujourd'hui, sont plutôt assemblés de façon à pouvoir être récupérés.
05:13Il y a de nombreux fabricants qui travaillent sur le fait que ce soit encore plus démontable
05:18et qu'on ait même un indice qui nous permet de dire « ce matériau, vous pouvez le récupérer assez facilement ».
05:23Donc ça, c'est en train de changer.
05:24Il y a plein de flux qui sont récupérables facilement
05:26et puis d'autres qui restent plus compliqués dès qu'on touche à du structurel.
05:29Aujourd'hui, on ne fait pas de découpe de béton, on ne récupère pas des voiles en entier.
05:33Tout ça, c'est quand même déconstruit encore.
05:34Donc ça, c'est sur l'organisation du chantier et sur la logistique ?
05:38Eh bien ça, c'est pareil, ça progresse.
05:41Aujourd'hui, ces matériaux, les déconstructeurs les mettent sur palette.
05:45Ils sont récupérés par les filières du reconditionnement
05:47qui, eux, vont opérer la mise à niveau du matériau.
05:50Et donc, des logisticiens et des acteurs comme Cineo récupèrent ces gisements
05:54pour faire en sorte de pouvoir les apporter aux filières qui reconditionnent.
05:58Et alors, vous avez ouvert, je crois que c'était en janvier dernier, votre deuxième centre.
06:02Je dis deuxième parce qu'il va y en avoir un troisième, un quatrième, un cinquième.
06:05Ce n'est pas le second.
06:06Basé à Saint-Aignan-Grand-Lieu, on est près de Nantes.
06:10Je veux bien que vous nous décriviez le lieu.
06:11On y trouve quelles activités, quels services ?
06:14Complètement.
06:15Déjà, pour rappeler, Cineo, le cœur de Cineo,
06:17c'est de faire en sorte qu'il y ait plus de matériaux de réemploi mis sur le marché.
06:19Et pour ce faire, on porte du service aux acteurs
06:22qui ont décidé dans le BTP de faire du réemploi ou de changer d'échelle.
06:25Et donc, à la fois, on a une communauté que l'on anime avec des événements,
06:29un magazine et un outil digital qui fait rencontrer l'offre et la demande
06:32pour travailler France entière.
06:34Et puis, le deuxième outil, ce sont effectivement nos centres techniques.
06:37Et ces centres techniques, ils ont deux volets.
06:39Mutualiser les moyens pour réduire les coûts.
06:41On en a parlé il y a quelques instants.
06:42Donc, on est un peu comme un co-working de reconditionneurs avec des ateliers.
06:46On gère le stockage et la logistique pour eux.
06:48Donc, chaque occupant a sa coque pour reconditionner ses matériaux.
06:52Et puis, derrière, ces lieux-là, ce sont des grands démonstrateurs.
06:55Donc, on va trouver des showrooms.
06:56Donc, c'est comme des magasins du réemploi.
06:58C'est drôle, ça.
06:59Pour montrer que c'est possible, pour susciter les vocations, c'est ça ?
07:02Se dire que le réemploi, c'est possible, c'est commandable, c'est qualitatif et c'est assuré.
07:06Donc, on y voit les produits, quoi.
07:07On les voit, les produits, mis en scène.
07:09Un petit peu comme chez Laura Merlin.
07:10Vous avez le corner salle de bain, le corner extérieur.
07:12On a tout repris, les mêmes codes.
07:14Et puis, ce lieu, on l'anime et on le fait grandir pour faire en sorte que tous les acteurs de la construction voient ce changement d'échelle.
07:20Et dans notre premier centre qui a ouvert fin 2023, Vitry-sur-Seine, on a déjà accueilli 2000 visiteurs.
07:26D'accord.
07:27Et donc, là, il y en a un deuxième, il y en aura un troisième, un quatrième.
07:30Tout ça est prévu ?
07:31C'est ça, en fait.
07:31On a vraiment à cœur d'être au plus proche de nos adhérents, des acteurs qui veulent changer d'échelle sur le réemploi.
07:37Et donc, toutes les métropoles de France s'intéressent au sujet, travaillent activement pour faire en sorte que ça émerge.
07:42Et donc, nous, on a envie de se positionner sur ces grandes villes.
07:45Ce que je comprends, c'est que l'ambition, c'est quand même de fédérer, de créer une sorte d'écosystème du réemploi dans le bâtiment, c'est ça ?
07:53Complètement.
07:54Nous, on veut vraiment être le plus grand réseau professionnel d'économie circulaire dans la construction en France.
07:59Et donc, tous les jours, on fait en sorte que des déconstructeurs travaillent, des reconditionneurs, des reconditionneurs vendent leur matériau aux acheteurs projet
08:05et que les maîtres d'ouvrage comprennent qu'ils ont un tas de solutions pour gérer leur patrimoine.
08:09Parce que c'est quand même un tissu avec beaucoup de PME, le bâtiment, c'est beaucoup de petites entreprises qui ne sont pas acculturées.
08:19Est-ce qu'on peut dire ça ?
08:20Alors, en fait, il y a un peu deux et deux.
08:22À la fois, oui, ça peut changer en termes de pratique.
08:24À la fois, c'est tellement du bon sens, l'économie circulaire.
08:27Beaucoup d'acteurs et même de petite taille nous disent « mais je jette tout le temps et je trouve ça insupportable ».
08:32Donc, ils ont envie.
08:33En fait, on voit qu'il y a quand même un changement de mentalité et ça, peu importe la taille de la structure.
08:37Aujourd'hui, on a à peu près 120 adhérents chez Cineo en un an et on a des très petites structures comme des très grands groupes.
08:43Mais alors, c'est quoi le modèle économique du Cineo ?
08:45Parce que c'est une entreprise.
08:47Exactement.
08:47Comment vous gagnez votre vie ?
08:48C'est une entreprise.
08:50Donc, le business model, il est associé aux services.
08:52On a une dizaine de services.
08:54Donc, on a l'adhésion avec des cotisations annuelles.
08:56On a tout ce qui va être en lien avec les centres, donc des mètres carrés qui sont loués,
09:01de la logistique et stockage associés, des emplacements dans le showroom, des visites de l'événementiel.
09:05Et puis aussi, tout un pôle conseil.
09:07On accompagne à la fois les chantiers à trouver leurs repreneurs ou leurs futurs matériaux.
09:12Et aussi, les industriels du neuf à se mettre à développer des gammes en réemploi.
09:15Et ça, ça fait une dizaine de briques de services qui rendent le modèle viable.
09:19Avec, alors on peut rentrer dans le détail de ce qui est proposé à Nantes, là, à Cineo Nantes.
09:24Il y a quatre ateliers qui sont autant d'entreprises invitées, c'est ça, si j'ai bien compris ?
09:29Alors, on va les citer et puis on va prendre le détail.
09:31Ça va être intéressant.
09:33Miroiterie du réemploi, gueule de bois, déjà j'adore le nom.
09:35Écophon ou Écophon et Carboroc.
09:38Allez, je commence par Gueule de bois parce qu'évidemment, ça claque.
09:41C'est quoi ?
09:41Donc, Gueule de bois, c'est une association qui était déjà présente sur le territoire nantais
09:46qui fait en sorte de produire des matériaux à base de bois qui a déjà une vie.
09:53Donc, ils produisent des plans de travail, des aménagements, du mobilier.
09:56Mais toujours à partir de bois qui a déjà une vie.
09:58Ils fournissent ces éléments soit à d'autres menuisiers qui vont transformer la matière, soit en produits finis.
10:03Donc, eux, ils avaient déjà un premier lieu.
10:05Ils ont souhaité s'intégrer avec nous dans ce nouveau centre pour développer une nouvelle activité
10:09qui est la récupération des mannequins de bois.
10:11Donc, les mannequins de bois, c'est tout ce qui permet de faire les ouvertures dans les chantiers
10:15quand vous coulez le béton pour faire l'emplacement de la fenêtre ou de la porte.
10:19En fait, vous mettez un coffrage en bois dès que le béton coule à l'intérieur.
10:22Sauf que ce bois n'est jamais réutilisé.
10:24En fait, alors que c'est du bois massif.
10:25Donc, eux, ils désaussent tout, ils le poncent et réutilisent ce bois pour en faire autre chose.
10:29Ça, c'est gueule de bois.
10:30– Oui. Et alors, la miroiterie, c'est des miroirs, du verre ?
10:33– C'est du verre. En fait, la filière verre plat, aujourd'hui, existe un petit peu sur le recyclage,
10:38mais quasi pas en réemploi.
10:39Donc, lui, il redécoupe le verre, le verre de cloison de vitrage et le fournit à des agenceurs
10:44qui vont recréer des espaces avec ça.
10:46– Et alors, vous faites partie des lauréats du programme d'accélération Doutang 2050 Now,
10:52Reconnaissance, évidemment. C'est quoi ? C'est aussi une aide stratégique, si j'ai bien compris ?
10:56– Complètement. Alors, c'est une grande chance pour nous.
10:58On fait partie de quatre solutions aux lauréats qui ont été choisies pour leur impact environnemental
11:02et leur capacité à changer d'échelle.
11:04L'objectif de ce Doutang, c'est vraiment d'accélérer en écosystème.
11:07Donc, on bénéficie de beaucoup de conseils et d'échanges avec les pairs, en fait, de cette chaîne,
11:12que ce soit des investisseurs jusqu'aux fabricants de matériaux.
11:15Et donc, leur but à tous, c'est de nous accompagner pour faire en sorte qu'on grandisse plus vite.
11:19– Et ça a commencé, ça, cet accompagnement ?
11:21– Exactement.
11:22– Alors, premier retour d'expérience, ça donne quoi ?
11:23– Très positif, un bel événement de lancement en mars.
11:26Et puis déjà, un certain nombre de rendez-vous commerciaux,
11:28qui était ce qu'on attendait le plus, en fait, qui se sont positionnés dans l'agenda,
11:32des prises de parole, des événements, qui vont faire en sorte de déployer nos solutions plus rapidement.
11:36– Est-ce que quand on, enfin, vous ne vous appelez pas Bouygues Construction,
11:39mais quand on est une émanation de Bouygues Construction,
11:42on a plus de mal à convaincre les autres grands du secteur, ou pas ?
11:46– Non, aujourd'hui, le modèle Cineo est complètement ouvert.
11:49Donc, en fait, ce qu'il faut, c'est être bon, c'est de fournir un service qui est plébiscité,
11:53avoir un écosystème qui est riche, et puis les entreprises arrivent.
11:56Donc, on est en échange avec tous les majors qui trouvent intérêt,
11:59parfois sur du stockage, parfois sur de l'approvisionnement sur certains matériaux.
12:02– Mais qui pourraient se dire, pourquoi pas nous, quoi, on aurait dû le faire ?
12:05– Peut-être, en tout cas, aujourd'hui, ils ont plutôt pris le parti de,
12:09pour certains, porter eux-mêmes le reconditionnement.
12:11– D'accord.
12:11– Et de fait, ils deviennent nos clients.
12:13– Bon, et bien voilà, parfait.
12:14Merci beaucoup, Joana Ferrière, et à bientôt sur Bsmart for Change.
12:17On passe tout de suite à notre Zoom.
12:19On va se poser la question de la réindustrialisation verte.
12:24Le Zoom de Smart Impact, on parle de réindustrialisation verte avec Céline Torossian.
12:37Bonjour.
12:38– Bonjour Thomas.
12:39– Bienvenue, vous êtes le directeur du département études et recherches
12:42chez Arthur Lloyd, réseau de conseils en immobilier d'entreprise.
12:46Vous annoncez plus de 3000 transactions et missions chaque année.
12:50On parle de quoi ? Sur quel type d'actifs immobiliers ?
12:52– Les locaux professionnels, les locaux d'activité, les locaux tertiaires,
12:57donc les bureaux, les entrepôts logistiques, le commerce,
13:00tous les locaux de l'immobilier professionnel.
13:02Nous nous accompagnons, les entreprises, les industriels.
13:05– Pour acheter, pour vendre ?
13:06– Voilà, dans leur recherche d'implantation dans les territoires.
13:09– Et vous publiez chaque année votre baromètre de l'attractivité des territoires.
13:13On va beaucoup se concentrer dans ce Zoom sur la réindustrialisation verte,
13:18mais peut-être la leçon générale de ce baromètre, c'est la 8e édition.
13:22– Tout à fait. L'attractivité, c'est une notion complexe, large.
13:27Nous, on aborde ça avec plein d'indicateurs.
13:30La leçon générale, c'est que tous les territoires, en fait, ont leur chance.
13:33Pour peu, il y a un alignement entre la volonté politique,
13:36les moyens qui sont mis en place et l'émergence d'écosystèmes économiques.
13:41Donc il y a de bonnes énergies partout en France.
13:44– Et sur la réindustrialisation verte, notre focus,
13:47qu'est-ce qu'on peut en dire cette année ?
13:49– Alors, réindustrialisation verte, quand on parle de ça,
13:52il s'agit en fait d'annonce d'investissement des industriels
13:55dans les filières de la transition énergétique,
13:58dans les filières de la transition climatique.
14:01Et donc, 2024 a été une année plutôt performante,
14:04avec un petit peu moins de 24 milliards d'euros d'investissement en France,
14:08en légère baisse par rapport à l'année 2023.
14:10– Mais l'année 2023 était record ?
14:14– Exceptionnel, voilà, exceptionnel.
14:16On compare la moyenne à 5 ans, elle était à 14 milliards d'euros,
14:19vous voyez, donc on est à 24.
14:20Donc on est quand même sur une très bonne année,
14:22compte tenu en plus du contexte qui s'est dégradé, évidemment, en 2024.
14:26– On va découvrir le top 10 des départements les plus attractifs,
14:31donc ce sont les montants investis dans les filières
14:33liées à la transition climatique,
14:35avec un podium, la Seine-Maritime en première place,
14:38le Barin, la Somme,
14:40puis on voit ensuite les Bouches-du-Rhône,
14:42les Vosges, Hauts-de-Vienne, Hauts-de-Pyrénées,
14:44Nord, Hauts-de-Garonne et l'Aisne.
14:46La Seine-Maritime, c'est quand même assez massif.
14:50Alors déjà, comment vous définissez,
14:52c'est vraiment des promesses d'investissement,
14:55comment vous définissez les critères ?
14:57– Tout à fait, alors on s'appuie sur notre partenaire de la Trendéo,
15:00qui est spécialiste sur l'analyse des projets d'investissement
15:03en France et dans le monde,
15:04et donc on consolide toutes les données
15:08sur les annonces d'investissement de ces industriels,
15:11par exemple dans les filières des énergies renouvelables,
15:15par exemple quand il y a une usine de création,
15:19de construction de pompes à chaleur,
15:21par exemple sur les gigafactories de batteries,
15:23toutes ces nouvelles filières, l'hydrogène vert,
15:26toutes ces nouvelles filières qui vont nous permettre
15:28d'assurer la décarbonation de nos modes de vie.
15:30– Mais avec, alors ce que je lisais dans le baromètre,
15:37moins de petits projets, c'est ça ?
15:39C'est l'une des leçons de l'année.
15:40– Un petit peu moins de petits projets,
15:41au total on a 392 projets d'investissement
15:44qui ont été recensés donc en 2024,
15:46avec qui livraient un petit peu moins de petits projets
15:48sur le segment de moins de 10 millions.
15:50– Tout simplement parce qu'il y a eu une légère baisse
15:53en fait sur la filière batterie et sur la filière énergie renouvelable,
15:57tout simplement parce que ce sont des projets
15:59de plus en plus capitalistiques et donc tout simplement
16:02on a un mouvement de balancier de volume plus faible
16:05vers des plus gros montants, il y a eu plus de 30 projets
16:08de plus de 100 millions d'euros.
16:09Donc on a quand même un mouvement de balancier
16:13mais au global on a quand même des volumes d'investissement
16:15qui sont importants en 2024.
16:16– Vous parliez des incertitudes, il y a les incertitudes politiques françaises
16:21et puis les incertitudes géopolitiques,
16:23on va évoquer ces deux thèmes mais à quel point effectivement
16:28l'année 2024 qui a été bousculée politiquement
16:31avec l'absence de gouvernement, un gouvernement barnier
16:35qui a sauté très vite, enfin bon voilà,
16:37à quel point ça a pu freiner des projets comme ceux-là ?
16:40Parce qu'ils sont souvent dépendants d'une partie
16:43de financement public quand même.
16:44– Bien sûr, alors c'est vrai que les industriels
16:46dans les filières vertes comme dans les autres filières
16:48ont besoin de stabilité, lisibilité
16:50sur le contexte politique, institutionnel, fiscal,
16:53vous avez raison de le souligner.
16:55Ça a pu freiner effectivement des investissements,
16:58également le contexte financier parce qu'on se rend bien compte
17:00qu'il y a un petit peu moins d'argent public
17:01avec le durcissement des conditions de financement,
17:04avec la remontée des taux au niveau de la BCE
17:07et donc c'est vrai qu'il y a un petit peu moins d'argent public
17:09qui jusqu'à maintenant soutenait largement ces filières.
17:14Malgré tout, je trouve qu'une baisse de 10% des volumes d'investissement,
17:18c'est pas si catastrophique compte tenu effectivement
17:21de cette dégradation du contexte que vous venez de souligner.
17:23– Oui, avec quand même beaucoup d'élus qui veulent revenir
17:26notamment sur les objectifs de la loi ZAN,
17:29la loi zéro artificialisation nette, ce zéro il est pour 2050
17:33mais il y a une diminution de 50% qui était prévue dès 2030.
17:37Comment vous l'analysez ça ?
17:38C'est quand même une forme de coup d'arrêt
17:41parce qu'on pourrait rajouter d'autres notions,
17:43je ne vais pas tout citer mais les ZF, les Zonafels, les Mémissions,
17:47on peut parler d'agriculture, enfin bref.
17:49Est-ce que ça impacte par ricochet, par effet de capitalisation,
17:54les projets de transition environnementale
17:56et les investissements dont on parle dans ce baromètre ?
17:59– Écoutez, nous quand on parle avec les industriels,
18:01il y a plusieurs critères, il y a l'accès à l'énergie,
18:03il y a la main d'oeuvre, la volonté politique
18:05mais le sujet du foncier, et c'est le métier d'Arthur Lloyd,
18:08c'est d'accompagner les entreprises sur le volet immobilier,
18:11le sujet du foncier il est vital tout simplement
18:13parce que quand il n'y a pas de foncier,
18:15il n'y a pas de possibilité d'implantation,
18:16finalement ce sont des industriels qui renoncent à s'implanter.
18:20La traduction concrète, quand il n'y a pas de foncier,
18:22en général, dans l'immobilier,
18:25c'est un rapport d'offre et de demande,
18:26ça fait monter les prix.
18:27Donc en fait, au final, quand il n'y a pas de foncier,
18:30ça vient renchérir aussi les coûts d'implantation,
18:33et donc est-ce que vraiment on veut rajouter des barrières ?
18:37– Mais ça veut dire quoi ?
18:37Cette loisanne, parce qu'on peut aussi se poser des questions
18:39sur la façon dont les textes environnementaux ont été pensés,
18:43parfois ils sont trop compliqués,
18:44elle a été mal fagotée, mal pensée, c'est-à-dire pour vous ?
18:47– De croire qu'on pouvait mettre la même règle partout,
18:51de manière unique et de manière égalitaire,
18:53dans tous les territoires de France,
18:54alors qu'il y a des territoires qui sont en fort développement,
18:57ou des territoires sur lesquels il y avait des capacités,
19:00des possibilités, c'était peut-être une erreur.
19:02Il y a des évolutions récentes,
19:04avec une proposition sénatoriale,
19:06pour faire évoluer cette loisanne.
19:08Il se trouve qu'on a déjà, en France,
19:12et c'est tant mieux pour la protection de l'environnement,
19:13un code de l'urbanisme et un code de l'environnement
19:17parmi les plus draconiens au monde.
19:19La loisanne, elle venait, d'une certaine manière,
19:21rajouter encore un peu de la complexité,
19:24rajouter une marche supplémentaire à la capacité des industriels,
19:27mais aussi de tous les acteurs économiques,
19:28à s'implanter dans l'État.
19:29– Mais avec, il y a aussi la loi Industrivet, par exemple,
19:32qui promeut, qui à la fois prévoit de réduire
19:36des délais d'implantation, quand on parle de réaliser ça,
19:39et puis de réhabiliter les friches.
19:40Alors, ça peut sembler contradictoire,
19:43d'un côté, on dit, on freine un peu sur la loisanne,
19:46de l'autre, il faut accélérer sur la réhabilitation des friches.
19:49Il y en a encore des friches, d'ailleurs, à réhabiliter ?
19:51– Il y en a encore, il y en a encore.
19:52Les friches, c'est un sujet assez complexe,
19:54parce qu'il y a des problématiques techniques,
19:57des pollutions, par exemple,
19:58des problématiques financières, parce qu'il y a un surcoût,
20:01et le vrai défi des friches,
20:02c'est comment on arrive finalement à reconstruire sur des friches,
20:05et donc, finalement, on se rend compte
20:07qu'on a besoin encore d'un soutien public.
20:09– Ça coûte plus cher, quoi. – Ça coûte plus cher, tout simplement,
20:11que de faire du greenfield, de construire sur…
20:13Toujours est-il que c'est vertueux d'un point de vue environnemental, évidemment.
20:16C'est ce qu'il faut privilégier.
20:18La reconstruction de la ville sur elle-même,
20:20reconstruire des sites industriels sur d'anciens sites industriels,
20:23et on a plein d'exemples.
20:25C'est évidemment ce qu'il faut faire, mais ça coûte plus cher.
20:27Ça coûte plus cher.
20:28– Donc, il faut un accompagnement des collectivités locales,
20:32et ou de l'État.
20:33– Bien sûr, bien sûr.
20:34Et voilà, il y a des fonds pour ça,
20:36mais peut-être pas suffisamment.
20:38– Oui, et puis surtout des arbitrages budgétaires qu'on a vus.
20:44Je reviens au baromètre et à ces investissements dans les filières climatiques.
20:49Est-ce qu'il y a des filières climatiques, je simplifie,
20:51plus dynamiques que l'autre aujourd'hui ?
20:54– Oui, incontestablement, la filière batterie véhicule électrique,
20:59pour laquelle certaines régions en France ont de vrais atouts à faire valoir.
21:02Je pense à la batterie vallée, notamment dans les Hauts-de-France, par exemple.
21:05– Les Hauts-de-France, la carte des départements les plus dynamiques,
21:09il y en a vraiment beaucoup qui sont dans le nord de la France.
21:12– Tout à fait, tout à fait.
21:13Vous savez, les Hauts-de-France, depuis qu'on fait cette étude,
21:16concentrent depuis 2019 70% des investissements qui ont été faits
21:21dans la filière batterie véhicule électrique.
21:23Donc il y a une vraie concentration des acteurs.
21:26Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il y a déjà beaucoup d'industries automobiles
21:29qui sont implantées dans les Hauts-de-France, dans le Valais-Anseignois, dans le Bouésie, etc.
21:33Et donc il y a une vraie facilité, si vous voulez, une vraie logique
21:39à avoir les producteurs de batterie à côté des producteurs automobiles.
21:44Il y a d'autres filières qui se distinguent aussi.
21:46Il y a la filière d'hydrogène vert.
21:47Il y a des acteurs, par exemple, qui proposent des solutions assez innovantes,
21:53par exemple sur le kérosène vert, notamment en Seine-Maritime,
21:58où il y a eu aussi un boom des investissements dans les filières vertes.
22:02Pourquoi ? Parce qu'on se rend compte que l'industrie aéronautique
22:04va avoir besoin de kérosène vert décarboné pour faire voler les avions.
22:10Donc il y a vraiment de nouvelles filières qui sont en train de s'implanter.
22:13Et la bonne nouvelle pour nos territoires en France,
22:15c'est que tout ça est vecteur d'emploi, de création d'emploi.
22:17Donc on est dans un changement de monde.
22:19Il y a effectivement des secteurs qui vont moins bien aujourd'hui.
22:21Il y a beaucoup d'annonces de plans de licenciement.
22:25Mais il y a aussi des filières qui sont décentes et qui, elles, créent des emplois.
22:28Donc c'est plutôt des bonnes nouvelles pour les territoires
22:31qui sont parfois même éloignés des grandes métropoles.
22:33Avec effectivement un dernier mot aux 30 secondes.
22:36Alors là, on est vraiment sur l'aspect général, l'attractivité des territoires.
22:40Sur l'emploi, c'est toujours les métropoles qui attirent l'emploi.
22:44Je simplifie, mais c'est un peu ça.
22:46Les métropoles sont effectivement des moteurs de l'emploi en France, clairement.
22:52Quand on parle de Toulouse, de Montpellier, de Lille, de Lyon, Rennes.
22:57Oui, ce sont toujours des bastions en termes de création d'emplois.
23:01Mais c'est vrai qu'au niveau général, on a quand même un ralentissement très fort
23:05des créations d'emplois par rapport à ce qu'on a connu post-Covid.
23:08Voire même maintenant des destructions d'aides d'emplois.
23:09Donc, on a un défi là pour l'année 2025.
23:12Et peut-être que ces filières vertes, justement, sont l'occasion d'avoir des créations d'emplois
23:17dans des nouvelles filières.
23:19Par exemple, pour le Nord, on parle de 20 000 créations d'emplois dans la filière des batteries.
23:24Merci beaucoup, Cévin Torossian.
23:26Et à bientôt sur Bsmart for Change.
23:28On passe tout de suite à notre rubrique startup.
23:30Smart Ideas et notre invitée est avec nous en duplex.
23:41Marie Vierclin, la fondatrice de Minuit sur Terre.
23:44Bonjour, bienvenue.
23:45Vous l'avez créé, cette marque de vêtements, chaussures, maroquinerie en 2017.
23:50Avec quelle idée ?
23:51Bonjour.
23:52Alors, en fait, c'est venu d'une idée assez simple.
23:55Moi, je suis vegan depuis de nombreuses années.
23:57Ça fait plus de 12 ans maintenant.
23:58Et en fait, quand est venu le moment de remplacer mes chaussures en cuir,
24:02je me suis dit, mais en fait, il n'y a rien qui existe en France.
24:04En tout cas, il n'y a aucune alternative.
24:07Et je me suis dit, pourquoi pas ?
24:08J'étais étudiante à ce moment-là.
24:10J'ai fait un double diplôme entre Sciences Po Bordeaux et l'IAE.
24:13Et je me suis dit, bon, il y a un super statut étudiant-entrepreneur
24:16qui permet de convertir le stage de fin d'études en création de projet.
24:19Je fais ça pendant six mois.
24:20Si ça marche, tant mieux, je continue.
24:22Si ça ne marche pas, tant pis.
24:23J'aurais appris plein de choses pendant cette période-là.
24:25Et huit ans plus tard, vous êtes toujours là.
24:27Huit ans plus tard, ça a donc marché.
24:30C'est quoi votre modèle ou votre produit phare ?
24:33Alors, c'est tout ce qui est baskets brodées.
24:35Ce n'est pas le modèle avec lequel on a commencé.
24:37On a sorti la première paire de baskets brodées un an après,
24:40donc en 2018.
24:42Et ce sont vraiment les modèles qui marchent le mieux,
24:44surtout celui avec le chien, qui est là en haut sur la photo,
24:47qui est mon chien d'ailleurs, qui est la mascotte de la marque.
24:49Et du coup, on a fait une paire de chaussures à son effigie.
24:51Et c'est celui qui se vend le mieux depuis des années.
24:53Et alors, elles sont faites comment ?
24:55À partir de quels matériaux, ces baskets ?
24:57Alors, on a plusieurs matériaux qui sont utilisés.
25:00Donc, le critère le plus important pour nous,
25:02c'est qu'il n'y ait aucune matière animale,
25:04donc pas de cuir.
25:05À la place, on a des matériaux qui sont soit recyclés,
25:08soit à partir de végétaux, soit un mélange des deux.
25:11Donc, on a des bouteilles plastiques.
25:12On peut en avoir à base de raisins, à base de maïs,
25:15à base de pommes.
25:15Et même plus récemment, l'automne dernier,
25:17on a sorti un modèle à base de champignons.
25:19Donc, on a vraiment l'embarras du choix, maintenant, sur les matières.
25:22Comment on va du maïs à la basket ?
25:24Alors, ça, c'est un processus qui est maîtrisé
25:26par l'entreprise qui nous fournit les matières.
25:29En fait, ils utilisent seulement les déchets agricoles.
25:32Donc, ce n'est pas le maïs entier,
25:33mais surtout l'enveloppe et tout ce qui n'est pas
25:34destiné à la consommation humaine.
25:37Ils les broient et ils les mélangent
25:39avec des matières synthétiques.
25:40Alors, ce n'est jamais 100% végétal,
25:42sinon ce serait biodégradable
25:43et ça deviendrait compliqué dès qu'il pleut, par exemple, ou autre.
25:46Et ensuite, ça fait une espèce de pâte qui est solidifiée
25:49et étalée en rouleau sur lequel ils appliquent
25:51la couleur qu'ils veulent et la texture qu'ils veulent.
25:53Ce qui fait que maintenant, on a beaucoup de choix aussi
25:55sur les couleurs et les aspects.
25:57On peut avoir du lisse, du grainé, de l'aspect d'un.
26:01Il y a beaucoup de choix, donc ça nous permet
26:02de faire beaucoup de coloris différents
26:03et ça plaît beaucoup.
26:05Je crois qu'elles sont fabriquées en Italie,
26:07enfin, vos produits en Italie ou au Portugal,
26:10ce qui est déjà bien, on est en Europe,
26:11mais il n'y a pas de filière française
26:14ou alors elles sont beaucoup plus chères ?
26:16Alors, elles sont fabriquées au Portugal,
26:18les matières viennent d'Italie.
26:19Il y a une filière française
26:20qui n'est pas très développée,
26:22dans le sens où c'est plus compliqué.
26:25Et il y a deux soucis principaux.
26:27Le premier, c'est le prix.
26:28C'est à peu près 50...
26:29Enfin, c'était à l'époque...
26:31Là, le Portugal a beaucoup augmenté.
26:33Mais à l'époque, quand j'ai créé ça,
26:35c'était au moins 50 % plus cher qu'au Portugal.
26:38Et surtout, ce qui était compliqué pour les jeunes marques,
26:40c'était les minimums de production.
26:41Ils imposaient à 100 paires minimum
26:45par couleur et par modèle.
26:47Ce qui fait que, par exemple,
26:49nous, avec toutes les variétés de modèles qu'on a,
26:53ça deviendrait très compliqué.
26:54Alors que là, au Portugal,
26:55bon, s'il y a un modèle,
26:57je sais qu'il ne va pas trop marcher
26:58parce que c'est un modèle un peu original,
27:00une couleur un peu originale,
27:01mais j'ai quand même envie de le faire
27:02pour les clients qui aiment les choses,
27:03qui sortent un peu de l'ordinaire.
27:04Si je leur commande 30 paires,
27:05je leur commande 30 paires
27:06et ils ne me font pas de procès.
27:07Donc, ça permet plus de flexibilité aussi.
27:10Moi, j'ai vu que Nathalie Portman
27:11allait porter l'un de vos modèles.
27:14Je crois que c'est des bottines, c'est ça,
27:15dans un prochain film ?
27:16Sacré coup de pub ?
27:18Oui, alors un sacré coup de pub,
27:20je ne sais pas.
27:21J'aimerais bien qu'elle en parle sur ses réseaux,
27:22mais c'est un peu rêvé.
27:24En fait, c'est sa costumère
27:25qui m'a contactée l'année dernière
27:26et elle cherchait un modèle de bottines
27:29qui soit un peu typé safari,
27:33entre guillemets,
27:34parce que c'est un film
27:35qui se tourne en Égypte.
27:37Et elle me demandait,
27:39elle avait déjà commandé une paire
27:40chez un de nos revendeurs
27:41et elle en voulait des paires supplémentaires
27:44parce que c'était cette paire
27:44que Nathalie avait choisie
27:46et il leur en faut plusieurs pour le tournage.
27:48Il ne leur en faut pas qu'une seule,
27:49sauf qu'il n'y en avait plus.
27:49Elle avait commandé la dernière.
27:51Donc, en express,
27:51j'ai appelé les ateliers au portugais
27:53et je leur ai dit
27:53oui, bon, alors là,
27:54c'est un peu une urgence.
27:55Si vous pouvez faire quelque chose,
27:55c'est cool et heureusement,
27:57ils avaient tous les matériaux en stock
27:59et donc, ils ont pu me faire
28:00les paires supplémentaires
28:01hyper rapidement
28:02et on a envoyé ça
28:03dans les studios à Londres
28:04et je n'ai pas eu de réponse.
28:06Après, pendant plusieurs mois,
28:07je me suis dit
28:07bon, c'est tombé à l'eau
28:08et en fait,
28:09elle m'a rappelé la costumière
28:10plusieurs mois après
28:11en me disant que c'était la course
28:12qu'elle avait bien reçu les chaussures
28:13qu'ils avaient tourné avec
28:14et que tout allait bien
28:15et là, les premières images
28:16sont sorties en fin d'année dernière
28:19enfin, l'image de couverture du film
28:23en fait
28:23et on voit Nathalie Portman
28:24avec les bottines
28:25donc, c'est à partir de ce moment-là
28:26que je me suis dit
28:26ah, c'est bon,
28:27c'est vraiment fait
28:28et donc, on attend la sortie du film
28:30qui s'appelle
28:31Fontaine of Youth
28:32avec impatience,
28:34on n'a toujours pas de date
28:34mais ça devrait être cette année.
28:35Bon, ben voilà,
28:36c'est un joli coup quand même
28:38pour la marque
28:38Minuit sur Terre.
28:39Merci beaucoup
28:40d'être venu nous parler
28:42sur BeSmartFantChange.
28:44Très vite,
28:44remerciement
28:45Marie-Billa,
28:46Alexis Mathieu,
28:46Juliette Muglierina
28:47à la programmation
28:48et à la production.
28:50Romain Luc,
28:50le réalisateur
28:51et Louise Merlin,
28:52l'ingénieur du son.
28:52Salut !