12,8 % : c’est la part de personnes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni en étude, ni en formation (NEET) en France, selon l’Insee. La Fondation apprentis d’Auteuil agit pour leur insertion professionnelle. Un moyen aussi de permettre aux entreprises d’améliorer leurs politiques sociétales, souvent mises de côté.
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00:00– L'invité de Smart Impact, c'est Jean-Baptiste de Chatillon, bonjour.
00:09– Bonjour, bonjour Thomas.
00:10– Bienvenue, vous êtes le nouveau directeur général de la Fondation des Apprentis d'Auteuil.
00:14Vous avez fait partie des cadres dirigeants de deux grands groupes, PSA et Sanofi.
00:19Pourquoi ? Pourquoi vous avez décidé de rejoindre les Apprentis d'Auteuil ?
00:22C'était en juillet dernier, je crois.
00:23– Pour une raison assez simple, c'est que l'on m'a appelé à prendre cette fonction
00:31et de discerner si je pouvais aider cette fondation qui accompagne 40 000 jeunes en France
00:38avec 8 500 salariés et qui accompagne aussi 9 000 familles sur à peu près tout le territoire français.
00:46Et moi la cause des jeunes, c'est vraiment quelque chose qui me tenait à cœur
00:49et lorsqu'on m'a fait cette proposition, j'ai pas hésité
00:52et j'ai été rejoint de la Fondation.
00:54– Vous avez commencé par un Tour de France parce que les Apprentis d'Auteuil
00:58ne sont pas seulement à Paris, c'est combien de sites tiens d'ailleurs ?
01:02– C'est 400 sites répartis un peu sur tout le territoire,
01:05un département sur deux et tous les départements d'outre-mer.
01:08Donc je serai par exemple le mois prochain à Mayotte.
01:11– Et alors qu'est-ce que vous avez retiré comme leçon ?
01:14Je comprends bien la démarche, on arrive dans un nouvel environnement,
01:18on veut déjà comprendre, connaître ce Tour de France qui est en cours.
01:21Qu'est-ce qu'il vous a appris ? La leçon principale, s'il y en a une.
01:25– S'il y en a une, c'est que la cause des jeunes est une cause extraordinaire,
01:29c'est la plus importante et comme les jeunes ne votent pas, on les oublie souvent.
01:34Ce que j'ai découvert, c'est que l'on pouvait changer le cours d'une vie d'un jeune,
01:39en général très cabossé, qui a eu des accidents de vie terribles,
01:43qui est grand décrocheur scolaire, qui n'est ni en formation,
01:47ni en situation d'emploi.
01:50Eh bien en portant un regard sur lui de bienveillance, d'amour, en lui rendant confiance,
01:55on peut l'aider à se redresser, à être debout et à s'insérer dans la société
02:00d'une façon incroyable.
02:02Vraiment changer sa vie, c'est un impact extrêmement émouvant.
02:06– On va parler évidemment de l'ARSE, notamment du S,
02:10de l'aspect social et sociétal des apprentis de Teuil,
02:12du rôle que les entreprises peuvent jouer, des ponts que vous pouvez créer avec les entreprises.
02:16Mais ces jeunes, vous les accompagnez pendant combien de temps ?
02:20C'est quel type d'accompagnement ?
02:21Ce sont des écoles ?
02:23Pour bien comprendre ce que vous proposez.
02:24– C'est très variable, oui.
02:25Merci Thomas.
02:26C'est sur les 40 000 jeunes que je mentionnais,
02:29un tiers vient de la protection de l'enfant,
02:31c'est-à-dire en général un juge a prononcé un jugement pour que nous les accompagnons,
02:37très souvent confiés dans des internats.
02:40Un tiers sont dans des écoles.
02:42Nous avons une soixantaine d'écoles en France.
02:45Et un tiers, c'est des jeunes qui sont en insertion professionnelle
02:49avec nos équipes spécialisées en insertion professionnelle.
02:53– Et donc vous les accompagnez pendant des…
02:56C'est variable, ça dépend de l'âge auquel ils rentrent aux apprentis de Teuil, c'est ça ?
03:00– Exactement, ça peut être un bébé qui est rentré avec nous
03:04et qui va se développer, grandir dans la fondation
03:08et d'autres qui vont venir pour une formation ponctuelle de quelques mois
03:11dans un programme d'insertion professionnelle.
03:14– Et donc avec votre volonté de mettre l'accent sur le S de RSE,
03:18c'est ce que vous aviez en tête en arrivant ?
03:22Et avec quel principe ? Qu'est-ce que vous voulez faire ?
03:24– La proposition d'apprentis de Teuil est assez unique vers les entreprises.
03:27D'abord, une longue histoire et l'insertion a toujours été dans l'histoire d'apprentis de Teuil
03:33depuis maintenant 159 ans.
03:35Et la proposition est la suivante.
03:37Effectivement, beaucoup d'initiatives, et je l'ai vu dans mes entreprises
03:42où j'ai travaillé sur l'écologie, ont pris forme.
03:45Mais le S est difficile à saisir.
03:48Nous, nous allons vers les entreprises avec des propositions extrêmement concrètes.
03:52C'est de pouvoir associer l'entreprise avec ses jeunes
03:57en recherche d'emploi, en recherche d'apprentissage, en recherche de stage
04:02et de les intégrer en fonction de leurs besoins.
04:06Et les besoins sont multiples.
04:07Ça peut être des dispositifs où nous formons des jeunes sur un métier en tension.
04:13Nous avons des très beaux exemples d'entreprises qui ont besoin d'un métier de maintenance très spécifique.
04:18Eh bien, nous montons une formation avec eux, spécifique,
04:22pour que ces jeunes puissent venir combler un besoin pour l'entreprise.
04:26Mais nous faisons aussi de l'engagement des employés.
04:30Une entreprise que j'ai en tête nous sollicite parce que nous faisons un challenge connecté avec eux.
04:37Et donc tous les employés sont en lien avec une application sur leur téléphone,
04:42avec ce qui se passe à Apprentis d'Auteuil.
04:45Les employés peuvent participer sur nos sites à des actions solidaires.
04:50Et chaque pas qu'ils font avec leur téléphone dans la poche,
04:53eh bien l'entreprise va abonder un cent pour financer les actions d'Apprentis d'Auteuil auprès des jeunes.
05:00Ça crée un engagement incroyable auprès des équipes.
05:03Mais ça n'existait pas ou alors c'était embryonnaire, c'était insuffisamment développé auparavant ?
05:11C'est quelque chose qui s'accélère aujourd'hui.
05:14Pour une part, les entreprises étaient encore assez peu sensibles au S de RSE.
05:21Aujourd'hui, tout ce qui est derrière ce S monte en puissance dans les entreprises.
05:26Et la Fondation Apprentis d'Auteuil apporte vraiment des solutions très structurées.
05:31Ce n'est pas toujours facile lorsque vous voulez traiter l'ES et que vous êtes une entreprise
05:34de trouver des interlocuteurs qui peuvent, dans le temps, être fiables
05:40et venir vous proposer une solution un petit peu clé en main,
05:44mais que vous pouvez aussi définir avec eux.
05:48Oui, alors c'est ça que je trouve intéressant parce que vous appelez les entreprises
05:51à venir co-construire notamment des programmes de formation.
05:54Est-ce que vous pouvez nous donner des exemples ou un exemple ?
05:56On a une entreprise de matériel de terrassement très importante en France,
06:04mais qui ne trouvait plus de spécialistes de maintenance pour ce type de matériel.
06:09On a monté une formation spécifique.
06:12Nous avons, dans le cadre de la grande vague d'installation de fibres optiques,
06:17monté une filière spécifique pour pouvoir former des poseurs de fibres optiques.
06:21Dans ce cas-là, vous croisez vos expertises, c'est ça ?
06:23Oui.
06:23Celle de l'entreprise et celle des apprentis d'Auteuil ?
06:26Exactement, parce que nous avons des plateaux techniques que nous adaptons
06:30en accord avec l'entreprise pour que la formation soit directement applicable dans l'entreprise.
06:35Est-ce que, d'une certaine façon, vous aidez, parce qu'on parle de métiers en tension,
06:39de difficultés à recruter, à trouver les talents, les profils qui vont matcher,
06:46vous aidez les entreprises à faire ça ?
06:49Parce que vous, vous les connaissez, les jeunes qui sont dans vos écoles, dans vos internats ?
06:53Oui, et c'est un public bien spécifique qui est souvent en grande difficulté.
06:57Bien sûr.
06:58Ce qui permet à ces entreprises de vivre la double dimension,
07:02de satisfaire un besoin business, mais en même temps de faire vivre le S de RSE.
07:09Oui, on co-construit, et ça peut être sur des filières techniques,
07:13ça peut être aussi sur des métiers en tension comme l'hôtellerie.
07:16Nous avons plusieurs écoles hôtelières en France, dont une magnifique à Paris.
07:23Et ces écoles hôtelières viennent aussi sur, à l'intérieur de tout ce qui est fait,
07:29les métiers de l'hôtellerie, sur les métiers particulièrement en tension.
07:33Et du côté des jeunes, est-ce qu'il y a des métiers qui s'interdisent ?
07:39Je ne sais pas comment poser cette question-là, mais vous voyez,
07:41quand les parcours sont cabossés, des fois on se dit « ça, ce n'est pas pour moi ».
07:45Et est-ce que vous réussissez à sortir de cette spirale négative ?
07:49C'est vraiment une belle question, parce qu'elle est au cœur du projet éducatif d'Apprentis d'Auteuil,
07:56c'est de rendre confiance à ces jeunes.
07:58Ils pensent qu'ils ont perdu toute possibilité d'agir sur leur vie.
08:02Eh bien, nous leur redonnons confiance, on leur donne la fierté d'un métier.
08:06Et cette fierté les amène, on ne sait pas où, jusqu'où.
08:10Parce qu'une fois qu'ils sont partis, ils peuvent aller très très loin.
08:13Et nous avons des exemples de jeunes qui sont passés dans notre école hôtelière,
08:18qui sont devenus des chefs connus.
08:21Nous avons des exemples de jeunes qui sont passés en menuiserie, qui sont devenus ébénistes.
08:27Donc, c'est vraiment un démarrage pour eux.
08:31Et ça apporte à l'entreprise des personnes dont ils savent qu'ils vont pouvoir avoir un savoir-être.
08:38Parce que c'est une chose d'avoir un savoir technique, mais nous équipons aussi ces jeunes sur les attentes de l'entreprise.
08:46Et ce n'est pas toujours évident aujourd'hui, surtout lorsque l'on est un petit peu laissé pour compte de notre société.
08:53Donc, être à l'heure à un job, se présenter prêt à travailler, être capable de gérer un client,
09:02et bien c'est ce que nous préparons aussi avec ces jeunes.
09:04Et je vous posais cette question, parce qu'il y a en ce moment tout un débat sur l'aide sociale à l'enfance,
09:08sur la grande misère de l'aide sociale à l'enfance de ce service public.
09:12Et avec une statistique qui moi m'effraie, c'est que si on prend des personnes sans domicile fixe en France,
09:20il y en a une sur deux qui est passée par l'aide sociale à l'enfance.
09:22Donc, il y a une espèce de... Voilà, on est cantonné à un destin et à un destin cabossé.
09:29Vous réussissez à casser cette spirale ?
09:33C'est extrêmement important, et c'est pour ça que nous sommes là, à Apprenti d'Auteuil,
09:39et avec des particularités qui font la différence.
09:43L'exemple que vous citez, qui est absolument dramatique,
09:46des jeunes sont parfois accompagnés jusqu'à l'âge de 18 ans.
09:50Et puis d'un seul coup, ça s'arrête.
09:51Et ça s'arrête.
09:52Dans nos statuts à la Fondation Apprenti d'Auteuil, la fidélité est inscrite,
09:56et nous restons aux côtés de ces jeunes, au-delà de leurs 18 ans, parfois au-delà de leurs 21 ans,
10:01avec une assistance à l'insertion professionnelle et au logement,
10:06même lorsqu'elle est financée indépendamment de l'aide publique,
10:12parce que nous avons la chance d'avoir des donateurs.
10:15En fait, si nous sommes capables de changer le sort de ces jeunes
10:19pour qu'ils puissent être heureux dans leur vie,
10:22c'est grâce à tous les donateurs qui aident Apprenti d'Auteuil dans sa mission.
10:26Merci beaucoup Jean-Baptiste de Chatillon.
10:29Et à bientôt sur Be Smart for Change.
10:31On passe à notre débat.
10:31Voilà comment produire des spectacles et des festivals autrement.
10:35Et à bientôt sur Be Smart for Change.
10:36Merci beaucoup.
10:37Merci beaucoup.
10:38Merci beaucoup.
10:39Merci beaucoup.
10:40Merci beaucoup.