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Jeudi 10 avril 2025, retrouvez Jean-Baptiste de Chatillon (Directeur général, Fondation Apprentis d'Auteuil), Gael Faure (auteur, compositeur, interprète), Philippe Barre (cofondateur, Climax Festival) et Clément Houllier (PDG, AUUM) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.

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Transcription
00:00Générique
00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue.
00:09C'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:13Et voici le sommaire.
00:15Mon invité, c'est Jean-Baptiste de Chatillon, le nouveau directeur général de la Fondation des Apprentis d'Auteuil,
00:21Fondation catholique de protection de l'enfance.
00:23Il nous dira comment il veut créer plus de ponts entre les entreprises et la jeunesse.
00:28Dans notre débat, on va se projeter vers la saison des festivals.
00:31Comment décarboner ces événements ? Comment produire des spectacles et des tournées autrement ?
00:36Réponse tout à l'heure.
00:37Et puis dans notre rubrique Smart Ideas, la bonne idée du jour, elle est signée Aoum pour Arrêtons l'usage unique maintenant.
00:44Système de nettoyage instantané des verres.
00:48Trois univers, 30 minutes pour les explorer. C'est parti.
00:58L'invité de Smart Impact, c'est Jean-Baptiste de Chatillon. Bonjour.
01:01Bonjour, bonjour Thomas.
01:02Bienvenue. Vous êtes le nouveau directeur général de la Fondation des Apprentis d'Auteuil.
01:06Vous avez fait partie des cadres dirigeants de deux grands groupes, PSA et Sanofi.
01:11Pourquoi ? Pourquoi vous avez décidé de rejoindre les Apprentis d'Auteuil ?
01:14C'était en juillet dernier, je crois.
01:15Pour une raison assez simple, c'est que l'on m'a appelé à prendre cette fonction et de discerner si je pouvais aider cette fondation qui accompagne 40 000 jeunes en France avec 8 500 salariés et qui accompagne aussi 9 000 familles sur à peu près tout le territoire français.
01:37Et moi, la cause des jeunes, c'est vraiment quelque chose qui me tenait à cœur. Et lorsqu'on m'a fait cette proposition, je n'ai pas hésité et j'ai été rejoint de la Fondation.
01:46Vous avez commencé par un tour de France parce que les Apprentis d'Auteuil ne sont pas seulement à Paris. C'est combien de sites, tiens, d'ailleurs ?
01:54C'est 400 sites répartis un peu sur tout le territoire, un département sur deux et tous les départements d'outre-mer. Donc je serai, par exemple, le mois prochain à Mayotte.
02:03– Et alors, qu'est-ce que vous avez retiré comme leçon ? Je comprends bien la démarche. On arrive dans un nouvel environnement. On veut déjà comprendre, connaître.
02:12Donc ce tour de France qui est en cours, qu'est-ce qui vous a appris ? La leçon principale, s'il y en a une.
02:18– S'il y en a une, c'est que la cause des jeunes est une cause extraordinaire. C'est la plus importante. Et comme les jeunes ne votent pas, on les oublie souvent.
02:25– Ce que j'ai découvert, c'est que l'on pouvait changer le cours d'une vie d'un jeune, en général très cabossé, qui a eu des accidents de vie terribles,
02:35qui est grand décrocheur scolaire, qui n'est ni en formation ni en situation d'emploi.
02:41Eh bien, en portant un regard sur lui de bienveillance, d'amour, en lui rendant confiance, on peut l'aider à se redresser, à être debout
02:50et à s'insérer dans la société d'une façon incroyable. Vraiment changer sa vie, c'est un impact extrêmement émouvant.
02:57– On va parler évidemment de l'ARSE, notamment du S, de l'aspect social et sociétal, des apprentis d'auteuil,
03:04du rôle que les entreprises peuvent jouer, des ponts que vous pouvez créer avec les entreprises.
03:08Mais ces jeunes, vous les accompagnez pendant combien de temps ?
03:12C'est quel type d'accompagnement ? Ce sont des écoles ? Pour bien comprendre ce que vous proposez.
03:16– C'est très variable, oui. Merci Thomas.
03:18C'est sur les 40 000 jeunes que je mentionnais, un tiers vient de la protection de l'enfant,
03:23c'est-à-dire en général un juge a prononcé un jugement pour que nous les accompagnons,
03:29très souvent confiés dans des internats, un tiers sont dans des écoles,
03:34nous avons une soixantaine d'écoles en France, et un tiers c'est des jeunes
03:39qui sont en insertion professionnelle avec nos équipes spécialisées en insertion professionnelle.
03:45– Et donc vous les accompagnez pendant des… c'est variable, ça dépend de l'âge auquel ils rentrent aux apprentis d'auteuil, c'est ça ?
03:52– Exactement, ça peut être un bébé qui est rentré avec nous et qui va se développer, grandir dans la fondation,
04:00et d'autres qui vont venir pour une formation ponctuelle de quelques mois dans un programme d'insertion professionnelle.
04:06– Et donc avec votre volonté mettre l'accent sur le S de RSE, c'est ce que vous aviez en tête en arrivant,
04:14et avec quel principe ? Qu'est-ce que vous voulez faire ?
04:16– La proposition d'apprentis d'auteuil est assez unique vers les entreprises.
04:20D'abord une longue histoire, et l'insertion a toujours été dans l'histoire d'apprentis d'auteuil,
04:25depuis maintenant 159 ans.
04:28Et la proposition est la suivante, effectivement, beaucoup d'initiatives,
04:32et je l'ai vu dans mes entreprises où j'ai travaillé, sur l'écologie ont pris forme,
04:37mais le S est difficile à saisir.
04:39– Nous, nous allons vers les entreprises avec des propositions extrêmement concrètes,
04:45c'est de pouvoir associer l'entreprise avec ses jeunes, en recherche d'emploi,
04:51en recherche d'apprentissage, en recherche de stage,
04:54et de les intégrer en fonction de leurs besoins.
04:58Et les besoins sont multiples, ça peut être des dispositifs
05:01où nous formons des jeunes sur un métier en tension.
05:06Nous avons des très beaux exemples d'entreprises qui ont besoin d'un métier
05:08de maintenance très spécifique.
05:10Eh bien, nous montons une formation avec eux, spécifique,
05:14pour que ces jeunes puissent venir combler un besoin pour l'entreprise.
05:18Mais nous faisons aussi de l'engagement des employés.
05:23Une entreprise que j'ai en tête nous sollicite
05:27parce que nous faisons un challenge connecté avec eux.
05:30Et donc tous les employés sont en lien avec une application sur leur téléphone,
05:35avec ce qui se passe à Apprentis d'auteuil.
05:37Les employés peuvent participer sur nos sites à des actions solidaires.
05:42Et chaque pas qu'ils font avec leur téléphone dans la poche,
05:45eh bien l'entreprise va abonder un cent pour financer les actions
05:51d'Apprentis d'auteuil auprès des jeunes.
05:52Ça crée un engagement incroyable auprès des équipes.
05:56Mais ça n'existait pas ? Ou alors c'était embryonnaire ?
05:59C'était insuffisamment développé auparavant ?
06:03C'est quelque chose qui s'accélère aujourd'hui.
06:06Pour une part, les entreprises étaient encore assez peu sensibles
06:11au S de RSE.
06:13Aujourd'hui, tout ce qui est derrière ce S monte en puissance dans les entreprises.
06:18Et la Fondation Apprentis d'auteuil apporte vraiment des solutions très structurées.
06:23Ce n'est pas toujours facile lorsque vous voulez traiter l'ES et que vous êtes une entreprise
06:27de trouver des interlocuteurs qui peuvent, dans le temps, être fiables
06:32et venir vous proposer une solution un petit peu clé en main,
06:36mais que vous pouvez aussi définir avec eux.
06:40Oui, alors c'est ça que je trouve intéressant parce que vous appelez les entreprises
06:43à venir co-construire, notamment des programmes de formation.
06:46Est-ce que vous pouvez nous donner des exemples ou un exemple ?
06:49On a une entreprise de matériel de terrassement très importante en France,
06:56mais qui ne trouvait plus de spécialistes de maintenance pour ce type de matériel.
07:01On a monté une formation spécifique.
07:04Nous avons, dans le cadre de la grande vague d'installation de fibres optiques,
07:08monté une filière spécifique pour pouvoir former des poseurs de fibres optiques.
07:13Dans ce cas-là, vous croisez vos expertises, c'est ça ?
07:15Oui.
07:15Celle de l'entreprise et celle des apprentis d'auteuil ?
07:18Exactement, parce que nous avons des plateaux techniques que nous adaptons
07:22en accord avec l'entreprise pour que la formation soit directement applicable dans l'entreprise.
07:27Est-ce que, d'une certaine façon, vous aidez, parce qu'on parle de métier en tension,
07:31de difficultés à recruter, à trouver les talents, les profils qui vont matcher,
07:38vous aidez les entreprises à faire ça ?
07:41Parce que vous, vous les connaissez, les jeunes qui sont dans vos écoles, dans vos internats ?
07:45Oui, et c'est un public bien spécifique qui est souvent en grande difficulté.
07:49Bien sûr.
07:50Ce qui permet à ces entreprises de vivre la double dimension, de satisfaire un besoin business,
07:57mais en même temps de faire vivre le S de RSE.
08:01Oui, on co-construit, et ça peut être sur des filières techniques,
08:05ça peut être aussi sur des métiers en tension comme l'hôtellerie.
08:09Nous avons plusieurs écoles hôtelières en France, dont une magnifique à Paris,
08:13et ces écoles hôtelières viennent aussi, à l'intérieur de tout ce qui fait les métiers de l'hôtellerie,
08:23sur les métiers particulièrement en tension.
08:25Et du côté des jeunes, est-ce qu'il y a des métiers qu'ils s'interdisent ?
08:31Je ne sais pas comment poser cette question-là, mais vous voyez,
08:33quand les parcours sont cabossés, des fois on se dit « ça, ce n'est pas pour moi ».
08:37Et est-ce que vous réussissez à sortir de cette spirale négative ?
08:41C'est vraiment une belle question, parce qu'elle est au cœur du projet éducatif d'Apprentis d'Auteuil,
08:48c'est de rendre confiance à ces jeunes.
08:51Ils pensent qu'ils ont perdu toute possibilité d'agir sur leur vie.
08:54Eh bien, nous leur redonnons confiance, on leur donne la fierté d'un métier,
08:58et cette fierté les amène, on ne sait pas où, jusqu'où,
09:02parce qu'une fois qu'ils sont partis, ils peuvent aller très très loin,
09:05et nous avons des exemples de jeunes qui sont passés dans notre école hôtelière,
09:11qui sont devenus des chefs connus.
09:13Nous avons des exemples de jeunes qui sont passés en menuiserie,
09:18qui sont devenus ébénistes.
09:20Donc, c'est vraiment un démarrage pour eux,
09:23et ça apporte à l'entreprise des personnes dont ils savent
09:28qu'ils vont pouvoir avoir un savoir-être,
09:30parce que c'est une chose d'avoir un savoir technique,
09:32mais nous équipons aussi ces jeunes sur les attentes de l'entreprise.
09:37Et ce n'est pas toujours évident aujourd'hui,
09:40surtout lorsque l'on est un petit peu laissé pour compte de notre société.
09:45Donc, être à l'heure à un job, se présenter prêt à travailler,
09:52être capable de gérer un client,
09:55eh bien, c'est ce que nous préparons aussi avec ces jeunes.
09:56Et je vous posais cette question,
09:58parce qu'il y a en ce moment tout un débat sur l'aide sociale à l'enfance,
10:00sur la grande misère de l'aide sociale à l'enfance de ce service public,
10:03et avec une statistique qui, moi, m'effraie,
10:08c'est que si on prend des personnes sans domicile fixe en France,
10:12il y en a une sur deux qui est passée par l'aide sociale à l'enfance.
10:14Donc, il y a une espèce de...
10:16Voilà, on est cantonné à un destin, et à un destin cabossé.
10:21Vous réussissez à casser cette spirale ?
10:24C'est extrêmement important,
10:28et c'est pour ça que nous sommes là, à Apprenti d'Auteuil,
10:31et avec des particularités qui font la différence.
10:36L'exemple que vous citez, qui est absolument dramatique,
10:38des jeunes sont parfois accompagnés jusqu'à l'âge de 18 ans...
10:42Et puis, d'un seul coup, ça s'arrête.
10:43Et ça s'arrête.
10:44Dans nos statuts à la Fondation Apprenti d'Auteuil,
10:47la fidélité est inscrite,
10:49et nous restons aux côtés de ces jeunes,
10:50au-delà de leurs 18 ans, parfois au-delà de leurs 21 ans,
10:53avec une assistance à l'insertion professionnelle et au logement,
10:58même lorsqu'elle est financée indépendamment de l'aide publique,
11:04parce que nous avons la chance d'avoir des donateurs.
11:07En fait, si nous sommes capables de changer le sort de ces jeunes
11:11pour qu'ils puissent être heureux dans leur vie,
11:14c'est grâce à tous les donateurs qui aident Apprenti d'Auteuil dans sa mission.
11:18Merci beaucoup, Jean-Baptiste de Chatillon,
11:20et à bientôt sur Be Smart for Change.
11:23J'en passe à notre débat.
11:24Comment produire des spectacles et des festivals autrement ?
11:28Comment décarboner les spectacles et festivals ?
11:36C'est le thème de notre débat.
11:37Je vous présente mes invités tout de suite.
11:39Philippe Barr, bonjour.
11:40Bonjour.
11:40Vous êtes le cofondateur du Climax Festival,
11:43fondateur de Darwin aussi,
11:45l'écosystème de l'ancienne casernière à Bordeaux.
11:48Et Gaël Fort, bonjour.
11:49Bonjour.
11:50Vous êtes auteur, compositeur, interprète.
11:52Allez, on présente pour démarrer.
11:53C'est quoi ce Climax ou Climax Festival ?
11:56Eh bien, c'est un festival qui existe depuis 2015 maintenant.
12:00Donc, on est parti il y a maintenant 10 ans
12:03pour essayer de réveiller un petit peu plus les consciences,
12:08faire en sorte que la joie, la convivialité
12:13soit au cœur de la transformation.
12:16On pense que l'art, l'art de vivre, la culture
12:19sont les ferments du changement.
12:22Même s'il est important d'être lucide
12:24et de parler de la réalité du monde,
12:28si on peut le faire en donnant aussi du plaisir
12:30et en enthousiasmant les gens, c'est important.
12:33Parce qu'on ne les emportera pas que en les stigmatisant,
12:35en les montrant plus.
12:36On est 100% d'accord, c'est un des enjeux majeurs
12:38dont on parle souvent ici, l'acceptabilité
12:40et la capacité à emporter les foules.
12:43D'une certaine façon, vous mêlez artistes et activistes,
12:46si je simplifie ?
12:47Artistes, activistes, scientifiques,
12:49même aussi politiques, des philosophes, des sociologues.
12:55Il y a vraiment des profils très différents qui se croisent.
12:58Il y a autant de conférences que de musiques,
13:03que d'expositions, aussi du ride,
13:06parce qu'on est un lieu où on fait du skate, du BMX, du roller.
13:10Je l'ai visité plusieurs fois à la Ruin, j'y suis allé.
13:12Il y a aussi des riders qui viennent pendant ce festival-là
13:17et c'est un joyeux mélange.
13:20On arrive, je pense, les Anglais parlent d'empowerment,
13:25c'est de donner vraiment le pouvoir de changer les choses aux gens
13:30par un sentiment aussi du collectif.
13:33Et la musique, l'art, avec toutes les conférences qu'il y a,
13:40cette alchimie fonctionne bien depuis 10 ans.
13:42Vous vous définissez, Gaël Fort, comme un chanteur artisan.
13:45Pourquoi ce terme ?
13:48Oui, parce qu'il fallait en donner un.
13:50Non, non, mais c'est parce que je...
13:51Moi, je suis fils de paysan, art des choix.
13:53Je viens de là, j'ai été vraiment pétri de terre, de tout ça.
13:56Donc, dans ce système qui, moi, m'a un peu épuisé,
14:00qui était beaucoup trop usinier, justement.
14:02Et c'est pour ça que j'ai fait ce...
14:03L'industrie musicale.
14:04L'industrie musicale, voilà.
14:06Déjà, ça ne me convenait pas, mais j'ai mis beaucoup de temps
14:07à me rendre compte de ça parce que j'ai commencé assez jeune.
14:10Et je mets beaucoup de temps, finalement, à faire mes chansons,
14:13à réfléchir pourquoi je le fais.
14:14Je me questionne beaucoup sur pourquoi, en fait, je fais ce métier encore aujourd'hui.
14:17Alors, j'ai l'impression de me vivre un peu en artisan.
14:20C'est vrai, assez souvent.
14:22Et puis, je n'ai pas envie d'être juste, je crois,
14:24pardon, un énième chanteur comme ça, qui prendrait la parole.
14:28J'aime bien préciser un peu les choses.
14:31Et c'est pour ça que j'ai fait ce pas de côté avec ce spectacle, notamment.
14:34Effectivement, dont on va voir un extrait.
14:37Et puis, surtout, le témoignage d'un spectateur.
14:40On verra ça tout à l'heure.
14:42Le bruit du blé, c'est le titre de ce spectacle.
14:45Vous êtes passé, effectivement, par La Nouvelle Star.
14:46C'était il y a une vingtaine d'années.
14:50Vous dites, bon, OK, je sors de la machine de l'industrie.
14:53C'était il y a une vingtaine d'années.
14:54Oui, c'est ça.
14:55Ça pique.
14:57Et encore, c'est un gamin.
14:58Et moi, je dis, ça pique.
14:59Bon, bref.
14:59Et donc, vous dites, je sors de l'industrie musicale.
15:04OK ?
15:04Sauf que, comment on fait un spectacle qui est quand même rentable ?
15:07Comment on gagne sa vie en sortant de cette mécanique-là ?
15:10C'est un défi compliqué.
15:11Parce que, non, déjà, ça fait 20 ans, dans cette émission.
15:14Et c'est vrai que c'est vraiment derrière moi.
15:15J'étais un enfant.
15:17Et puis, je suis juste simplement revenu à des choses que je...
15:20C'est ce que je disais un peu tout à l'heure.
15:22Je me suis réquestionné sur pourquoi je faisais ce métier encore.
15:24Et surtout, mon utilité dans ce métier.
15:27Parce que, moi, du haut de mes 37 ans, je vois aussi beaucoup d'artistes qui veulent
15:31juste simplement être un peu connus, être des artistes et remplir des salles.
15:34Et c'est très bien.
15:35Chacun son parcours.
15:36Mais c'est vrai que, moi, je commençais à être triste.
15:39En fait, j'avais plus trop de joie.
15:41J'étais plus assez nourri, finalement, par ce que je faisais.
15:44J'ai habité à Paris à l'époque.
15:45Moi, j'en reviens aujourd'hui.
15:46Mais je veux dire, j'étais un peu dans une belle dépression, je crois, au bout d'un moment,
15:50à me rendre compte que les grosses maisons de disques et tout ça, c'était pas moi.
15:54Et c'est pour ça que j'aime le côté un peu artisan.
15:55Parce que j'ai l'impression qu'il y a beaucoup plus de...
15:57On est plus proche des gens.
15:59Moi, j'avais surtout vraiment ce besoin-là.
16:00Besoin de sortir aussi des salles de spectacle pour voir les gens, pour connecter avec eux.
16:06Et surtout, le spectacle vivant dans le vivant, quoi.
16:09C'est tout simplement ça.
16:12La boîte noire me fatigue.
16:14Je me nourris plus.
16:16Donc, c'est un peu un pari aussi.
16:18Mais oui, j'en vis mieux à tout niveau, quoi.
16:22C'est vraiment ça.
16:23Mais après, ça veut dire qu'il y a beaucoup de choses à mettre en place.
16:25Parce qu'il faut aller chercher, évidemment, les financements.
16:27Parce que c'est vraiment un truc un peu de travers.
16:28Donc, c'est moi qui appelle les agriculteurs, les maraîchers, les vignerons.
16:33Parce que vos spectacles, vous les faites sur leurs exploitations.
16:36Exactement.
16:37Et mon père étant agriculteur, je l'ai vu devoir arrêter la ferme parce que crise du lait en 2003.
16:42Grosse sécheresse en 2003.
16:44Il faisait 15 tonnes de framboises.
16:45On n'avait plus de...
16:46Enfin, les framboises avaient été grillées sur plan à l'époque.
16:49Je connais la difficulté agricole.
16:51Et j'ai envie de donner ma voix dans un endroit où ça a du sens, en fait.
16:55Parce que, finalement, chanter, on a un impact.
16:59On doit avoir un impact.
17:00On devrait, selon moi, avoir un message à faire passer.
17:03Et j'ai l'impression qu'aujourd'hui, c'est assez creux ce qu'il se passe.
17:06Je voudrais qu'on...
17:07Sans vouloir...
17:08Non, mais j'entends l'argument.
17:11Je voudrais qu'on parle de l'impact carbone de ce métier et des festivals.
17:14On a trouvé, c'est le Shift Project qui donne ce chiffre.
17:17L'impact carbone d'un festival de grande taille sur 4 jours.
17:21Ils ont pris l'exemple des vieilles charrues.
17:23C'est plus de 15 000 tonnes d'équivalent CO2.
17:25Comment on crée un...
17:26Alors, là, on peut parler de Climax.
17:28Mais on peut parler de Darwin aussi, du lieu, quoi.
17:30Comment on crée, finalement, une économie différente ?
17:33Alors, déjà, c'est partir du principe qu'on doit...
17:38On doit, même s'il y a des...
17:39On sait que dans le festival, l'élément carbone le plus important...
17:43C'est les déplacements des spectateurs.
17:44C'est les déplacements des spectateurs, des festivaliers, des gens qui viennent.
17:49Pour autant, c'est pas pour cette raison-là qu'on doit rien faire sur les petites choses.
17:54C'est l'accumulation de tous les curseurs qui fait qu'on va être à la fois performant,
17:59mais surtout qu'on va être cohérent vis-à-vis des festivaliers.
18:03Donc, l'alimentation, la gestion des déchets, le sourcing de l'énergie, etc.
18:07On recycle jusqu'au... Nous, aux toilettes, on est VG, 100% bio pendant le festival.
18:13On est 100% bio toute l'année à Darwin, mais on est 100% VG pendant le festival.
18:18On essaye aussi de démontrer des choses à ce niveau-là.
18:20Et puis, le fait de le faire en ville, eh bien, on a beaucoup moins de déplacements
18:24que si on le faisait loin des gens.
18:27Parce que Darwin, c'est dans Bordeaux, c'est une ancienne caserne.
18:31On est au cœur de Bordeaux, dans une vieille caserne.
18:33Les gens viennent majoritairement en transport doux, à vélo, à pied, en transport en commun.
18:39Donc, déjà, ça, ça réduit considérablement.
18:41C'est pour ça, d'ailleurs, qu'on est ravis que Gaël vienne aussi en ville,
18:47même si, principalement, il est à la campagne.
18:51Mais c'est important aussi de venir parler à la masse,
18:56à cette masse qui sonde dans les villes.
18:59Il sera aussi au consulat Voltaire en mai, dans le 11e, à Paris.
19:02On est ravis de l'accueillir à Darwin pour Climax parce qu'on a besoin de piqûres de rappel régulières
19:11où, collectivement, on va communier, même si ça fait un peu religieux,
19:17mais au sens de la spiritualité de la transformation.
19:21C'est Hubert Reeves qui a été le parrain du premier Climax,
19:26qui disait « Il faut célébrer la vie et on a besoin de se retrouver en communion pour ça ».
19:33Avec ce spectacle qui s'appelle « Le bruit du blé » que vous proposez depuis 2019,
19:38inspiré de l'œuvre de Jean Gionneau,
19:40vous partagez la scène avec le comédien et danseur Nicolas Martel.
19:44On va voir quelques secondes où on vous voit chanter.
19:49Et puis surtout, c'est vous qui nous avez dit « Tiens, regardez ça »
19:52parce qu'il y a un témoignage de spectacteurs qui est assez marquant.
19:55Regardez.
19:56Les lumières dansent et va si au loin
19:59Et j'ignorais alors qu'aussi près de ma ville
20:05À la fois, le texte et sa voix et son accompagnement musical m'ont beaucoup touché.
20:15Et en plus, ce qui a été magique, c'est que je crois qu'il m'a reconnecté
20:20J'en ai vraiment conscience à des racines profondes
20:24dans le sens où mon père était agriculteur, mon grand-père était agriculteur.
20:28Moi, c'est un milieu que je ne connais pas.
20:30Et ça m'a vraiment pris au trip.
20:35Voilà. Alors, ce qu'on ne voit pas là, mais il faut aller retrouver le film,
20:39mais vous êtes effectivement en pleine exploitation.
20:42Il y a des grandes tables, c'est-à-dire qu'il y a le spectacle,
20:44ensuite on dîne ensemble, enfin, c'est ça le bruit du blé.
20:47Oui, c'est ça. Merci de le dire, parce que c'est ça la démarche.
20:50De ne pas faire juste un spectacle.
20:52Mais en fait, toute la journée, la dimension de la journée, c'est déjà le spectacle.
20:55C'est le côté immersif pour les gens aussi.
20:58Moi, ce qui me fatigue souvent, en tout cas en ville, dans les grandes villes,
21:00c'est que ça sort du métro et puis ça arrive dans le spectacle.
21:03On ne s'est pas préparé et puis on rentre chez soi.
21:05Et puis voilà. Mais là, on va chercher des mots.
21:08En plus, Jean Giono est vraiment, pour moi, un des plus grands auteurs.
21:12Bref, peu importe, j'aime tellement, je suis amoureux de cet homme, de ce qu'il a écrit.
21:16Et je pense qu'il est important, en effet, de traverser dans la sensation, en fait, les choses
21:20et d'être sur une, je n'aime pas le mot, exploitation, mais sur une ferme.
21:24Voilà. Vraiment au cœur de ça, en écoutant aussi le fermier parler,
21:28parce qu'on lui donne la place.
21:29Moi, c'est vraiment rendre l'honneur aussi à ces gens qui travaillent,
21:34qui œuvrent à la force de leur bras et de leur cœur tous les jours,
21:36qui se battent contre une industrie qui est absolument violente et célébrer.
21:42C'est vraiment ça, l'important.
21:44Je me suis dit, moi, je n'ai jamais fait encore mon spectacle chez mes parents,
21:47mais je me suis dit, j'ai besoin d'aller vers les gens
21:49et non pas que ce soit les gens qui vont vers nous pour une fois, on va chez eux.
21:52C'est pour ça que la jauge, elle est, on a 150, 200 personnes.
21:56Et c'est déjà bien suffisant, parce que c'est un spectacle de l'ordre de l'écoute active,
21:59on n'a pas besoin de... Si on est trop, en fait, ça ne fonctionnera presque pas.
22:03Parce que, voilà, on est forcément gêné par quelque chose ou quoi.
22:07Et là, c'est la réunification de quelque chose, une communion, justement,
22:11pour retrouver du sens, en fait, et du calme,
22:14avec des mots qui portent, qui ont un vrai message, une émotion.
22:18C'est pour ça que j'aime bien aussi, je l'appelle le spectacle permaculturel,
22:21puisqu'il lit la musique, les textes et aussi le corps.
22:24Parce qu'on ne peut pas parler du monde paysan sans parler du corps physique.
22:26Et il y a une réunification à la fin, une célébration avec un dîner.
22:31Et là, on est carrément...
22:32Là, c'était en Bretagne, on était chez les producteurs, des maraîchers.
22:35Il y avait une grande table et un banque.
22:36Oui, ça donne envie d'aller s'asseoir et de partager le dîner après le spectacle.
22:40C'est simple, mais c'est très important,
22:41parce que je pense que les gens qui sont venus voir ce spectacle
22:44ne l'oublieront pas forcément, parce que ce n'est pas que le spectacle.
22:49C'est ça qui est...
22:49Merci beaucoup, elles ont filé vite les 12 minutes.
22:51Les dates du prochain climax, c'est quand ?
22:54C'est du 11 au 14 septembre.
22:57Et un message, on en parlait juste avant de rentrer sur le plateau,
23:01lisez Jean Gionneau, l'homme qui plantait des arbres.
23:04Bien sûr, évidemment.
23:05Merci à tous les deux et à bientôt.
23:07Merci à vous.
23:08On passe à notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables.
23:11Smart Ideas avec Clément Houillet, bonjour.
23:20Bonjour.
23:21Vous êtes le cofondateur d'Aoum, je ne sais pas comment vous prononcez,
23:25A-2-E-U-M, créé en 2019 avec Maxime Prieto, Thomas Munoz, Mathieu Bouris.
23:31Et quelle idée ? C'est quoi Aoum ?
23:33Alors Aoum, c'est l'acronyme de Arrêtons l'usage unique maintenant.
23:36Donc on vient s'attaquer vraiment au gobelet jetable notamment,
23:40mais plus globalement à tout ce qu'on consomme, tous les déchets qu'on consomme.
23:44Et donc on est parti de la technologie de vapeur sèche,
23:48donc une technologie de nettoyage.
23:50C'était un peu notre constat aussi, au-delà de notre consommation très importante de déchets.
23:54C'est-à-dire qu'il n'y a pas réellement d'acteur du nettoyage qui nous fait rêver
23:57et qui va permettre la réutilisation de manière très simple, très ludique.
24:02Parce que finalement, consommer un gobelet jetable, c'est hygiénique,
24:06c'est assez simple.
24:08Puis on jette et quand, à contrario, on veut boire un café
24:12et qu'il faut aller nettoyer son mug aux toilettes ou à la main,
24:15c'est toujours un peu plus contraignant.
24:16Donc là, c'est un système de nettoyage, c'est ça,
24:19qui ne consomme pas d'eau, si je comprends bien.
24:21Donc c'est une machine qui est assez design,
24:24qui permet de nettoyer en une vingtaine de secondes un contenant,
24:28donc un verre avec seulement 10 cl d'eau.
24:32Donc on vient le nettoyer, le désinfecter,
24:34puisque la vapeur sèche est une vapeur à 136 degrés,
24:37donc on vient vraiment tuer toutes les bactéries.
24:39Ensuite, on vient sécher le verre.
24:40Donc on vient se positionner dans beaucoup de lieux,
24:43notamment de lieux dans les entreprises
24:45où on consomme encore beaucoup de gobelets jetables.
24:48L'objectif, c'est de rendre le collaborateur autonome.
24:50Donc on pose son verre et 20 secondes plus tard,
24:52on le récupère et il est propre et désinfecté.
24:54Ça a demandé pas mal de recherche et développement, j'imagine ?
24:58On a fait trois ans de R&D avant de commercialiser le produit.
25:03Donc en effet, ça a été beaucoup de travail aussi d'industrialisation,
25:07donc développer la technologie, puis développer le produit industrialisé
25:11et puis produire, puisqu'on a aussi fait le choix
25:13d'avoir un centre de production chez nous.
25:16Donc on produit à Chatillon avec nos équipes de montage.
25:19Donc on prône aussi la réindustrialisation française.
25:23Vous dites que c'est une révolution technologique du nettoyage.
25:27Je comprends bien pourquoi.
25:29Si on compare avec d'autres systèmes,
25:31il y a des gains en eau, en électricité par exemple ?
25:34Donc en effet, il y a un point qui est très important.
25:37Le verre est unique.
25:38C'est-à-dire que pour nous, pour changer le secteur du nettoyage
25:41et se différencier d'un la vaisselle par exemple,
25:43il faut standardiser le contenant.
25:45Donc nous, on a fait le choix de nettoyer un verre,
25:47mais de le nettoyer à la perfection.
25:48Et donc de consommer beaucoup moins d'eau
25:50qu'un la vaisselle, qu'un nettoyage à la main.
25:52Donc on utilise 10 centilitres.
25:54Quand un nettoyage à la main,
25:55on est plutôt sur 2 litres d'eau pour nettoyer un verre.
25:59Et c'est 4 watt-heure par cycle
26:00quand un la vaisselle va plutôt être sur 900 watt-heure.
26:03Donc après, évidemment, on met plus qu'un verre dans un la vaisselle,
26:06mais on estime qu'on est 6 fois moins énergivore
26:09qu'un la vaisselle sur un périmètre constant.
26:12Vous avez déposé des brevets aussi ?
26:13Oui, donc 3 brevets qui ont été déposés.
26:16Et donc quand on parle d'innovation technologique,
26:18en effet, on envoie de la vapeur sèche à 136 degrés sur un verre.
26:22Il faut vraiment, on est sur plusieurs fluides,
26:26puisqu'il y a aussi de l'air,
26:27il y a aussi un tout petit peu d'eau.
26:29C'est assez complexe.
26:31Donc il y a beaucoup de simulations derrière numériques.
26:33Il y a beaucoup de métiers qu'on a pu développer côté R&D
26:35qui fait de nous un acteur technologique important
26:38et sur lequel d'ailleurs on veut dupliquer cette technologie
26:40pour aller adresser d'autres marchés.
26:41Alors justement, c'était la question que j'allais vous poser.
26:44Notamment par exemple le marché de l'industrie cosmétique ?
26:48Exactement, c'est un marché qui est intéressant.
26:50Juste un chiffre, c'est aujourd'hui les contenants plastiques.
26:53C'est 35 kg par français par an.
26:55En moyenne, on consomme encore beaucoup de plastique.
26:58Et donc on veut utiliser cette technologie.
27:00On est aussi accompagné par France Relance 2030
27:02avec le programme IDEMO
27:04pour continuer de venir travailler sur cette R&D,
27:09cette technologie-là.
27:11Et donc le marché de la cosmétique,
27:12l'objectif c'est comment on vient sur un lieu de consommation
27:15faciliter le réemploi
27:17et donc le re-remplissage d'un contenant,
27:20shampoing, gel douche, sérum.
27:23Donc il y a plein de choses à réaliser.
27:25Donc les équipés R&D.
27:26Donc j'arriverai avec mon gel douche par exemple,
27:30ou mon shampoing, quasi vide, un flacon en verre.
27:33On le met dans l'une de vos machines,
27:35il est nettoyé et on peut le re-remplir.
27:36Nettoyé, désinfecté,
27:38et ensuite on vient le re-remplir avec le produit de son choix.
27:40Donc l'objectif est...
27:42Il y a des enjeux qui sont assez forts,
27:44notamment au niveau microbiologique,
27:46de nettoyage, de désinfection,
27:48le fait de laisser zéro trace d'eau aussi à l'intérieur
27:51avant de pouvoir remettre une formule à l'intérieur.
27:53Donc technologiquement aussi, il y a pas mal de travail.
27:55Donc c'est assez intéressant pour les équipes.
27:56Merci beaucoup Clément Rouillet
27:58d'être venu nous présenter votre entreprise Aoum
28:02pour Arrêtons l'usage unique maintenant.
28:06Merci beaucoup, à bientôt sur Be Smart for Change.
28:08Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:10Merci de votre fidélité, à très vite.