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Loury Lag, explorateur, & Martin Petit, ex-sportif devenu tétraplégique suite à un tragique accident, publient "Résilience" (éditions EPA). Ils sont les invités de Léa Salamé. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-mercredi-13-septembre-2023-7979258

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Transcription
00:00 Et ce matin, vous recevez deux aventuriers !
00:02 Bonjour Laurie Lag ! Bonjour !
00:04 Et bonjour Martin Petit ! Bonjour !
00:06 Merci d'être avec nous ce matin pour nous parler de votre projet inédit.
00:09 Vous vous êtes lancé un défi humain extraordinaire.
00:13 Vraiment, et je pèse mes mots pour dépasser les limites du handicap.
00:17 On va en parler.
00:18 Mais d'abord, vous connaissez le jeu.
00:20 Laurie Lag, si Martin était un adjectif et un pays, ce serait quoi ?
00:24 Courageux et la France je pense.
00:27 La France.
00:28 Et vous, même question, si Laurie Lag était un pays et un adjectif ?
00:31 Alors moi j'aurais dit électrique.
00:33 Les deux extrêmes, la pile.
00:35 Et un pays, j'aurais dit la France aussi.
00:38 Mais voilà, je le vois aussi comme un capitaine sur son bateau sans manière.
00:44 On va le mettre sur un bateau, c'est pas mal comme pays.
00:46 Est-ce que l'un et l'autre, vous avez des limites ou aucune ?
00:49 Alors je pense qu'à ce sujet-là, on est très différents justement.
00:53 Et c'est aussi la beauté de ce projet, c'est que moi j'aurais tendance à être
00:57 sans limites et Martin de fait lui limité par son handicap.
01:03 C'est un petit peu ce choc de conditions et de philosophie qui a créé le projet Résilience.
01:12 Entre la pile électrique et le courage, parce que le courage, il vous en a fallu beaucoup Martin,
01:16 pour surmonter ce handicap, repousser les limites, c'est ce que vous avez tenté de faire tous les deux
01:21 et que vous racontez dans ce livre Résilience, aux éditions Epa.
01:25 Un livre vraiment magnifique, bouleversante, qui m'a empêché de dormir.
01:29 Je continue à regarder ce livre et à regarder vos yeux et vos larmes
01:33 parce que vous pleurez quand vous arrivez à faire les choses.
01:36 Mais d'abord je vais vous présenter parce que les auditeurs ne vous connaissent pas forcément.
01:39 Lourilhac donc, la pile électrique, on vous appelle le « Mycorn » français,
01:43 vous êtes un explorateur de l'extrême, vous avez survécu 77 jours sur la banquise,
01:47 vous avez affronté des températures dans le monde qui descendaient à -60°C
01:51 et d'autres qui sont des températures à plus de 60°C.
01:54 C'est assez de la folie.
01:55 Et vous, Martin Petit, vous êtes un ancien sportif devenu tétraplégique il y a 6 ans après un accident,
02:00 un mauvais plongeon en mer et vous racontez depuis 6 ans votre vie en fauteuil roulant,
02:05 sur Insta notamment, sur les réseaux sociaux, Insta où vous avez 100 000 abonnés,
02:09 pour sensibiliser sur le handicap avec votre nom de code « El Marticino ».
02:13 Vous ne vous connaissiez pas l'un et l'autre quand vous avez eu l'idée, Lourih,
02:16 de lui proposer de partir ensemble sur les dunes du Sahara,
02:19 de faire du parapente au sommet du Mont Blanc, de traverser l'Atlantique,
02:22 dans une vie extrême qui n'avait été jamais faite par une personne en fauteuil,
02:25 par une personne tétraplégique.
02:27 Comment vous avez eu cette idée, Lourih Lag ?
02:30 L'idée m'est venue d'une réflexion personnelle où moi dans mon métier,
02:33 évidemment, je prends énormément de risques et il ne m'est jamais rien arrivé.
02:37 Je suis toujours rentré entier avec une certaine barracaille, comme je le dis, une certaine chance.
02:41 Et j'avais envie de raconter une histoire pour sensibiliser à la fois sur la prise de risque
02:48 par rapport à celle que je prends, mais aussi pour toutes les personnes qui sont à mobilité réduite,
02:55 comme Martin et les gens qui ne le sont pas, et de croiser les univers et de se dire qu'en fait,
03:00 en une seconde, tout peut basculer. Et qu'est-ce qui se passe quand tout bascule ?
03:04 Et qu'est-ce qu'on peut faire quand tout a basculé ?
03:06 Exactement. Et donc le projet Résilience est né de ça, et c'est comme ça que j'ai décidé de bâtir
03:10 des expéditions autour des quatre étapes de la Résilience.
03:15 Donc il faut savoir qu'en fait, chaque expédition retrace une étape de la Résilience.
03:20 La colère, le déni, la colère, l'acceptation et la renaissance.
03:25 Et en fait, j'ai guidé Martin dans des pays différents pour accomplir chacune de ces missions.
03:30 La Résilience, c'est ce terme qui a été popularisé par Boris Yannick, qui expliquait d'ailleurs,
03:35 on va l'écouter avant de vous donner la parole, qui expliquait à Vincent Josse dans le Grand Atelier
03:39 ce que c'est que la Résilience. On va parler des quatre étapes, écoutez-le.
03:42 Il n'y a pas plus bébête que la définition de la Résilience. Vous êtes traumatisé,
03:47 votre cerveau arrête de fonctionner, vous ne comprenez pas ce qui se passe, vous êtes éteint,
03:53 KO, qu'est-ce qu'on fait ? Ou bien vous restez prisonnier du passé, vous souffrez,
03:58 c'est le syndrome psychotraumatique, ou bien vous cherchez à reprendre un bon développement
04:03 le mieux possible, c'est la Résilience, la reprise d'un autre bon développement.
04:09 Voilà, c'est la Résilience, c'est très juste, vous dites.
04:12 Martin, quand il est venu vous voir en vous disant "tu vas monter avec ton fauteuil sur la plus haute dune du Sahara,
04:21 tu vas faire du parapente en montagne sur le mont Blanc", au début il vous a menti, c'est ça ?
04:27 Vous n'êtes pas dit, il est complètement illuminé ce gars ?
04:30 Un petit peu, mais je m'en suis rendu compte surtout après.
04:33 Loury m'a vendu un peu du rêve, il m'a mis des étoiles dans les yeux.
04:36 C'est vrai que quand j'ai eu mon accident, j'ai eu un gros sentiment de revanche.
04:40 La nature, elle m'est inaccessible et j'ai vu en Loury beaucoup d'énergie et l'opportunité
04:45 peut-être de m'emmener dans des endroits un peu rêvés.
04:47 Donc il m'a vendu du rêve, c'est le cas de le dire.
04:49 Après, j'ai découvert un petit peu le personnage sur le terrain, ça a été compliqué,
04:53 mais c'est aussi le contraste entre toutes les émotions qu'on a pu ressentir qui donne de la consistance au projet.
04:59 Vous dites "je n'avais pas accès à la nature" et ce livre-là révèle un des impensés
05:03 parce qu'on parle beaucoup de l'accessibilité des handicapés dans la ville.
05:08 Vous n'aviez pas accès à la nature.
05:13 Il y a encore un impensé, c'est l'accès des personnes handicapées à la nature.
05:17 Vous n'aviez pas revu la montagne depuis votre accident, depuis six ans.
05:20 Non, je n'avais pas revu la montagne depuis mon accident et c'est aussi pour ça que j'ai eu envie de participer à cette aventure.
05:26 C'est vrai qu'on parle beaucoup d'accessibilité en France,
05:29 il y a encore beaucoup de choses sur lesquelles on doit travailler.
05:33 Et quelque chose dont on ne parle pas, c'est l'accès à la nature.
05:36 La nature reste quand même un exutoire, c'est un endroit où on peut faire de l'introspection.
05:42 C'est vrai que cette nature, elle m'est complètement inaccessible.
05:48 Après, on peut y prétendre, mais il faut des moyens humains.
05:52 Ça a été le cas avec Laurie et toutes les équipes qui nous ont accompagnés.
05:55 Et puis il faut du matériel, mais le matériel coûte très cher aussi.
05:58 Quel a été le défi le plus difficile que vous ayez fait ?
06:01 Avec lui, avec Martin.
06:03 Le défi le plus difficile, je pense que c'est sans hésiter le Maroc,
06:07 ce qui est la deuxième étape de la résilience, donc la colère.
06:10 D'ailleurs le chapitre s'appelle "Hurler sa colère".
06:12 J'ai essayé de renommer chacun des chapitres,
06:14 puisque c'est un vrai chemin de la résilience, il faut le vivre de l'intérieur.
06:20 Pourquoi c'était si dur le Maroc ? Pourquoi ces dunes du Sahara, c'était si dur pour Martin ?
06:24 Martin a une pathologie associée à son handicap qui régule très mal la température.
06:29 Et de fait, quand son corps commence à chauffer, c'est très compliqué de le faire au descendant de température.
06:33 Et inversement quand on est dans le froid.
06:35 Et donc, comme nous sommes partis au Maroc, le premier jour, il faisait 55 degrés.
06:40 Et donc de fait, nous avons pris d'énormes risques.
06:43 Ce qui était très drôle, c'est que Martin savait très bien qu'il ne connaissait pas son corps dans ses dispositions.
06:49 Et qu'on prenait tous un risque vraiment vital pour lui d'aller affronter ces éléments-là.
06:55 Mais là, qu'est-ce que vous avez ressenti ? Parce qu'on vous voit souffrir.
06:58 Sur les dunes du Sahara, les photos sont hallucinantes.
07:01 Et on vous voit littéralement souffrir, mourir de chaud pour pouvoir monter ces dunes.
07:06 Comme l'a dit Louis, un des troubles associés c'est la thermorégulation.
07:09 Et quand mon corps surchauffe, j'ai un coup de chaud.
07:12 Et on a beau faire tout le nécessaire pour essayer de me refroidir, malheureusement rien n'y fait.
07:16 Non mais des coups de chaud, on en a tous. Mais qu'est-ce que c'est avoir 55 degrés ?
07:20 C'est flirter avec la mort.
07:22 Là, à ce moment-là, on voit sa vie en danger.
07:25 Et c'est aussi pour cette raison que ça a été très dur.
07:27 Il y a des moments où j'ai voulu abandonner.
07:29 Après, on a su prendre les dispositions.
07:31 Laurie, je pense qu'il a été aussi attentif aux signes, qui n'ont pas trompé pour le coup.
07:35 J'ai dû jongler entre le pousser parce que je sentais qu'il était capable.
07:39 Et finalement, quand je le voyais allongé, pratiquement en train de convulser sous la tente,
07:42 il y a eu des moments très très durs où on s'est fait des grosses grosses frayeurs.
07:45 Je le dis et je raconte la vérité.
07:47 Mais en même temps, c'est aussi ça, l'aventure et l'inexpédition et la découverte de ses limites.
07:53 De savoir aussi repousser les limites.
07:55 Et Martin avait beaucoup de barrières mentales.
07:58 Et moi, j'ai dû jongler constamment entre est-ce qu'il est capable, est-ce qu'il n'est pas capable.
08:02 Je vais le pousser. Là, ce n'est plus possible. Je dois arrêter.
08:04 Et comment vous aviez peur, j'imagine.
08:06 A chaque fois, vous vous dites non, ça, je ne vais pas y arriver.
08:09 Et comment il arrivait à vous jouer dans la tête ?
08:12 Parce que par exemple, sur les dunes, ce qui est passionnant, c'est qu'à un moment, vous convulsez,
08:15 vous frôlez la mort et donc vous décidez, c'est fini, on rentre à l'hôtel.
08:19 Sauf qu'il vous réveille en pleine nuit pour vous dire, vous rentrez à l'hôtel,
08:22 et il vous réveille pour vous dire, on y va. Et vous y allez.
08:25 Je pense que Laurie, il a su s'adapter aussi à ma personnalité,
08:29 il a su s'adapter aux conditions qui étaient les nôtres.
08:32 Après, moi, je suis très déterminé, quoi qu'il arrive.
08:36 Ah oui, ça, on a compris, vous avez un gros caractère.
08:38 Oui, c'est ça.
08:39 Ce qui est important aussi, c'est qu'en fait, on a fait une vidéo pilote dans ce projet,
08:42 où on s'est donné le choix de se rencontrer, de se découvrir,
08:45 et on s'est laissé le luxe, pour moi, d'abandonner.
08:49 Et cet abandon, en fait, il était très significatif à ce moment-là,
08:52 mais ça ne se passerait pas deux fois, et moi, je le savais déjà avant de partir,
08:55 et Martin ne le savait pas, juste.
08:57 Et moi, j'ai une extrême confiance aussi en Laurie, et ça, je le répète,
09:00 je pense que je n'aurais pas pu faire ça avec n'importe qui.
09:05 Parce qu'il faut avoir confiance, parce qu'à plusieurs reprises, on voit les photos,
09:08 il vous porte sur son dos, parce que le fauteuil roulant ne peut plus passer
09:11 dans certaines montagnes, dans certaines dunes, etc.
09:13 Et pour confier son corps...
09:15 Ah mais c'est une dimension psychologique qui est très dure.
09:19 Je n'arrive pas forcément à l'exprimer, mais effectivement,
09:21 remettre son corps à des gens qu'on ne connaît pas plus que ça,
09:24 et mettre sa pudeur de côté, sa dignité...
09:29 Son intimité...
09:30 Son intimité, voilà, c'est des choses qui sont aussi difficiles à concevoir,
09:34 et on a dû s'adapter à tout ça.
09:35 Qu'est-ce que vous avez ressenti, Laurie, quand vous l'avez vue pleurer ?
09:38 Parce qu'il y a plusieurs photos où vous avez les larmes aux yeux,
09:40 quand vous voyez à nouveau la montagne, quand vous arrivez enfin au haut de cette dune,
09:43 quand vous volez en parapente...
09:45 Qu'est-ce que vous, vous avez ressenti quand vous l'avez vue littéralement pleurer ?
09:48 Alors, moi, quand je vois Martin pleurer, il y a deux situations.
09:52 Il y en a une, il pleure parce que c'est dur, et donc à ce moment-là,
09:56 c'est très difficile pour moi de savoir la jauge où c'est qu'elle est placée.
10:00 Et donc, c'est là que je dois jouer un petit peu avec les limites.
10:03 Et ensuite, quand Martin pleure de bonheur, je pense que là, par contre,
10:07 on est tous transpercés par la même émotion.
10:09 Quand on le voit décoller en parapente face au Mont Blanc d'un sommet à 2 millimètres
10:15 qu'il n'avait jamais fait de sa vie entière, tout le staff est en larmes.
10:19 Nous, on a réussi le projet, on a l'impression que ça s'arrête là,
10:22 et c'est un message d'espoir, parce qu'il vole comme un oiseau.
10:25 Et pour une personne qui n'a plus d'utilité, et de ses jambes,
10:28 ça va au-delà d'une réalisation documentaire.
10:31 Qu'est-ce que vous avez ressenti quand vous avez volé en parapente en face du Mont Blanc ?
10:35 Quand on ne marche plus, je pense que le fait de voler, c'est un peu le rêve de l'homme.
10:38 On sent un gros sentiment de liberté, et en plus de ça, on est face au plus haut sommet d'Europe.
10:42 C'est très symbolique, et je pense que c'est quelque chose d'unique
10:45 qui n'a été jamais réalisé jusque-là, parce qu'il explique aussi l'histoire de la salette.
10:49 Mais on a pris beaucoup de risques. J'ai inventé un prototype de salette,
10:52 on le voit dans le livre.
10:54 Oui, parce qu'il y a du matériel. Vous inventez des trucs pour pouvoir réaliser ces aventures.
10:58 Le fait que déjà de fait, l'accessibilité à la nature soit très compliquée pour une personne à mobilité réduite,
11:02 il faut imaginer que le matériel n'existe pas.
11:04 Donc en fait, on l'a inventé. On a inventé cette salette, on a croisé, j'ai croisé.
11:08 C'est pour ça que c'est vraiment, j'incite, inédit, et c'est extraordinaire.
11:13 Vous avez posté, j'ai regardé votre compte Instagram, Martin Petit,
11:16 vous avez posté récemment une photo de vous la veille de votre accident.
11:19 Votre accident, c'était en 2017, et la veille, vous êtes un jeune, beau gosse,
11:22 et vous vous prenez la fameuse photo en face du miroir, où on se regarde.
11:25 - Le six pack ! - Voilà, où vous êtes torse nu,
11:28 vous montrez vos muscles, etc., comme n'importe quel influenceur.
11:31 Là, c'est le dernier jour de votre première vie, mais vous ne le savez pas encore.
11:35 Quand vous regardez cette photo-là de vous d'avant l'accident, vous êtes triste ou non ? C'est dépassé ?
11:39 - C'est dépassé, et je pense qu'après, il y a de l'ambivalence dans les émotions qu'on ressent.
11:44 Effectivement, il y a forcément de la mélancolie.
11:47 Après, la résilience, ça passe aussi par l'acceptation, et je compose avec le moment présent.
11:53 De toute manière, je n'ai pas le choix, donc je n'ai pas le temps de me poser les questions
11:56 de comment aurait été ma vie avant. J'avance.
11:59 - Votre livre m'a fait penser à cette chanson, moi. Johnny.
12:21 - Laurie Lag, vous avez décidé de devenir explorateur il y a une dizaine d'années,
12:24 après un parcours, j'ai vu votre parcours. Quel parcours ?
12:27 Vous avez un parcours marqué par la violence, vous avez été un enfant battu avec un père très violent.
12:32 - C'est le cas, oui. J'ai raconté cette histoire pas mal de fois,
12:36 notamment dans mon premier livre où je me suis un peu dévoilé sur mon histoire personnelle.
12:39 J'ai un parcours de vie très atypique, très cabossé,
12:42 qui m'a forgé un petit peu dans la difficulté, dans la douleur,
12:45 mais qui finalement a fait l'homme que je suis, et qui me permet de réaliser aussi ses exploits,
12:49 donc j'en suis assez fier.
12:51 - Vous avez quitté le foyer familial à 17 ans, vous avez fait de la prison,
12:53 à 20 ans vous faites deux arrêts cardiaques à cause des drogues,
12:56 avant de vous ranger, de devenir à 30 ans entrepreneur dans l'immobilier.
13:00 Là, vous gagnez plein d'argent, vous auriez pu en rester là,
13:03 faire une belle famille, deux enfants, et riches.
13:06 Sauf qu'il y a un truc qui vous manque.
13:08 - J'ai été privé de ma liberté pendant de très longues années,
13:11 que ce soit dans une cellule ou que ce soit assigné à domicile.
13:15 On ne sait pas ce que c'est la liberté tant qu'on ne l'a pas enlevée.
13:20 Je pense que c'est une grosse revanche sur la vie.
13:23 Et ensuite, quand j'ai voulu monter mes entreprises,
13:25 j'ai été enfermé d'une autre manière dans l'entrepreneuriat.
13:27 Le fil rouge de cet enfermement a continué,
13:30 et j'avais vraiment besoin de liberté, de quelque chose qui me donne de l'espoir.
13:34 - Et c'est pour ça que vous êtes devenu explorateur.
13:37 - Je suis devenu explorateur parce que j'ai trouvé plein de valeurs,
13:40 le dépassement de soi, l'adrénaline, la prise de risque,
13:43 ce qui m'a fait vibrer et surtout que c'était un gros défi de devenir quelqu'un dans ce milieu-là.
13:46 - Et vous avez pardonné à votre père d'une certaine manière,
13:49 parce que vous avez traversé l'Atlantique avec lui, en bateau,
13:53 comme une forme de résilience et de pardon.
13:56 - On n'a qu'un père et une mère.
13:59 J'ai passé une enfance très difficile.
14:02 Et puis je me suis dit qu'à un moment donné, il fallait passer à autre chose.
14:04 Donc j'ai proposé à mon père de traverser l'océan Atlantique pour le pardonner.
14:07 - Vous dites "je suis un papa explorateur", c'est comme ça que vous vous définissiez.
14:10 Parce que quand vous n'êtes pas en exploration, dans vos aventures,
14:13 c'est vos filles, vos deux filles. - Ma plus grande aventure.
14:16 - Oui, mais j'ai trouvé qu'il y avait des moments durs. Dans une vidéo Instagram,
14:19 on vous voit les appeler au téléphone de je ne sais plus où.
14:22 Et l'une d'elles vous dit "je veux que tu rentres maintenant à la maison papa"
14:25 et dans une autre, votre fille vous dit "papa, je dois te dire quelque chose, je ne t'aime plus".
14:30 - Quoi qu'il arrive, on ne part pas dans un métier comme celui-là
14:34 sans en connaître un petit peu les conséquences.
14:37 Malheureusement, je fais un métier à risque. Je suis très loin du foyer très longtemps.
14:42 Ça ne m'empêche pas d'être un très bon père, mais par contre, ça crée
14:47 de la dimension affective plus importante que je dois gérer quand je rentre à la maison.
14:52 Et aujourd'hui, mes filles qui ont certainement souffert à un moment ou à un autre
14:56 de cette grande aventure, sont très heureuses de partager avec moi des moments en expédition.
15:04 - C'est quoi le prochain défi ? Vous repartez ensemble ou non ?
15:08 - Je pense qu'on va faire une petite pause. Il m'a quand même bien éradiqué.
15:12 - Bien secoué ! Et vous, c'est quoi votre prochain défi ?
15:15 - Mon plus grand défi, le prochain, c'est de rester à la maison avec mes enfants.
15:19 - C'est pas mal, c'est aussi un autre défi dans son style.
15:22 Question de fin, vous répondez sans réfléchir l'un et l'autre.
15:25 - Maïkorn ou Sylvain Tesson, l'aurélague ? - Maïkorn.
15:27 - La pire chose que vous avez déjà mangée en expédition ?
15:30 - Des scorpions.
15:32 - La mer ou la montagne, Martin ? - La montagne.
15:35 - Si vous étiez un objet de survie ? - Un couteau.
15:39 - Rugby ou foot ? - Rugby.
15:42 - Qu'est-ce qui vous révolte l'un et l'autre ? - L'inaction.
15:46 - Et vous, Martin ? - L'injustice.
15:49 - Votre dernier message envoyé à qui ? - À mon agent, ce matin à 8h.
15:54 - Vous lui avez dit quoi ? - Sois à l'heure.
15:57 - Et vous, Martin Petit, votre dernier message ?
16:00 - Je suis là.
16:03 - Si vous aviez un message à donner ce matin aux auditeurs, ce serait quoi ?
16:07 - Ne croyez pas que vous avez des barrières mentales et physiques.
16:11 Il faut foncer, il faut y aller, il faut tomber, faire des erreurs pour se relever et redevenir plus grand.
16:17 - Martin Petit ? - Faire confiance au temps et à la vie.
16:20 - Le sous-titre de votre livre "Résilience" est "Abandonner n'est pas une option".
16:25 - C'est ce qu'on voit dans ce livre, Loury Lag, Martin Petit, c'est chez Epaventure.
16:32 Merci à vous, très beau livre et très belle journée.

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