• il y a 3 mois
À 9h20, Thomas Jolly, directeur artistique des cérémonies des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 est l'invité de Léa Salamé, au lendemain de l'ouverture officielle des Jeux Paralympiques. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-29-aout-2024-6876550

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Transcription
00:00Il est 9h25.
00:02France Inter
00:08Le 7-10.
00:09Et Léa, ce matin vous recevez le directeur artistique des cérémonies des Jeux de Paris.
00:14Et bonjour Thomas Joly.
00:15Bonjour.
00:16Merci d'être avec nous ce matin et merci de nous avoir encore éblouis hier soir avec cette cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques sur les Champs-Élysées
00:22et sur la place de la Concorde.
00:24Très belle, très forte, engagée aussi cette cérémonie.
00:28Je viens de vous donner le chiffre d'audience.
00:3110 millions de téléspectateurs, 52% de part de marché.
00:35C'est exceptionnel.
00:36Bon, c'est moins que celle des JO mais c'est énormissime pour la télé.
00:4010 millions de téléspectateurs.
00:42Comment ça va ? Vous avez bien dormi ?
00:44Moi j'ai peu dormi.
00:45J'ai dormi les 3 petites heures.
00:47Mais j'ai forcément bien parce que je crois qu'on est en train de célébrer au-delà des valeurs du sport et maintenant des Jeux Paralympiques,
00:55des valeurs qui sont bien plus larges que ça et moi ça me rend très heureux.
00:58A qui vous avez pensé ou à quoi vous avez pensé ce matin en vous réveillant ?
01:01Honnêtement j'ai pensé est-ce que je vais entendre mon réveil ?
01:03J'étais content de l'entendre parce que j'ai pensé à vous et à ces interviews ce matin.
01:07Le show que vous avez imaginé hier qui a été chorégraphié par le Suédois Alexander Ekman a duré 3 heures.
01:14140 danseurs dont 16 en situation de handicap.
01:16Il y a eu aussi 4400 athlètes paralympiques qui ont défilé sur les Champs-Élysées.
01:22Vous, vous êtes satisfait du résultat ?
01:25Tout a marché comme vous l'aviez prévu ?
01:27Là il n'y avait pas de pluie cette fois-ci ?
01:29Absolument !
01:30Tout s'est merveilleusement bien passé et même exactement comme avec la pluie à la cérémonie d'ouverture,
01:35ce qui est beau c'est qu'on conçoit des spectacles quand même pour célébrer les athlètes,
01:40en l'occurrence là les paralympiens, moi j'aime bien ce mot-là.
01:43Et tout à coup les voir entrer, on l'imagine, on fait des projections,
01:48mais d'un coup les voir entrer c'est un symbole extrêmement fort, extrêmement puissant
01:52et puis surtout la masse de spectateurs et de spectatrices rassemblées sur la place de la Concorde
01:56qui est un rond-point, qui est pourtant la plus grande place de Paris
01:59et tout à coup elle est cette agora.
02:01Moi ça m'a bouleversé hier soir.
02:03Vous aviez parlé de cette cérémonie para-olympique,
02:07comme la petite sœur rebelle de la cérémonie d'ouverture des JO.
02:10Vous vouliez un spectacle paradoxal, vous l'avez titré d'ailleurs.
02:14Paradoxe, absolument.
02:16Pourquoi paradoxal ? Pourquoi petite sœur rebelle ?
02:19Déjà les Jeux paralympiques, ils ont une nature militante, une nature politique
02:24et c'est pour ça que c'est important qu'ils soient dissociés des Jeux olympiques.
02:27Peut-être le sens de l'histoire nous fera, comme on l'a montré d'ailleurs de manière utopique
02:31dans le spectacle comme Alexander l'a chorégraphié, un jour peut-être des Jeux
02:35qui mêlent à la fois des sports où il y a dans les équipes des athlètes en situation de handicap
02:40et d'autres qui ne le sont pas.
02:42C'est ce que vous souhaitez, vous ?
02:44Parce que c'est vrai que c'est une des questions, le fait de dissocier les Jeux olympiques
02:47et les Jeux paralympiques qui arrivent deux semaines après.
02:49Certains disent que ça aurait été bien que ce soit en même temps.
02:52D'autres disent, et on avait posé la question à Anthony Estandard,
02:54qui disait non, parce que ça...
02:56On n'en est pas là.
02:57Oui.
02:58Encore.
02:59Là on les met en pleine lumière.
03:01Absolument, et c'est ça qui compte.
03:03Mais peut-être, et moi je crois que c'est le sens de l'histoire,
03:05un jour peut-être il y aura des Jeux qui vont être inclusifs complètement.
03:09Et le paradoxe, le premier c'était de mettre au cœur de la ville les athlètes paralympiques
03:15alors qu'on sait que les villes ne sont pas suffisamment adaptées
03:18pour les personnes en situation de handicap.
03:20Et ça déjà c'était militant, et ça c'est l'idée de Thierry Reboul aussi.
03:23Rendons à César, ce qui est à César, Thierry Reboul qui est le directeur des cérémonies
03:26et qui a conçu, même proposé et réussi à imposer ces deux cérémonies d'ouverture au cœur de la ville.
03:32C'était important pour vous aussi, hier soir, de montrer tous les corps des athlètes et des danseurs,
03:38les corps tels qu'ils sont, avec leur handicap, sans cacher un bras en moins, une jambe en moins,
03:44sans cacher les béquilles, sans cacher les fauteuils.
03:46Absolument.
03:47D'abord parce que tous les corps sont beaux.
03:49Avec l'équipe avec laquelle j'ai travaillé, on s'est dit,
03:52vous savez dans notre jargon de spectacle vivant, on dit qu'on fait des représentations le soir où on joue.
03:57On dit, ah je vais jouer ce soir, je fais une représentation.
04:00Mais ce mot de représentation, il faut représenter, mais à la fois représenter, mais représenter, présenter à nouveau.
04:06Quand on montre, quand on rend visible, quand on considère, quand on met une lumière sur une question,
04:12eh bien tout à coup, ça permet que la pensée circule.
04:15Donc oui, tous les corps sont beaux, montrons-les.
04:18D'ailleurs, on va en voir qui vont faire tous ces exploits sportifs pendant ces dix jours.
04:23Montrons-les et ça permet, à partir du moment où on se sent représenté,
04:27où on se voit représenté, alors on est mieux inclus.
04:30L'un des moments les plus émouvants hier soir, c'est la prestation du chanteur Lucky Love,
04:34qui est la nouvelle star qu'il montre, que tout le monde adore et qui est né sans un bras.
04:38Et au lieu de cacher, il commence la prestation avec sa veste et ensuite il enlève sa veste.
04:43Il va danser avec d'autres danseurs en montrant son corps.
04:47Et c'est magnifique.
04:48Et on écoute.
04:57...
05:15Il dit Lucky Love que la danse lui a permis d'accepter son corps, d'accepter son handicap.
05:21Et c'est ce qu'ils disent tous les parathlètes.
05:23Ils disent que le sport, la danse, leur permet d'accepter le manque ou le corps différent.
05:32Parce que l'art fait bouger les normes.
05:36On n'est pas dans un endroit normé, sur un plateau de danse, sur un plateau de théâtre.
05:40Et je crois que le sport aussi bouge la norme.
05:42Puisque d'ailleurs, il faut la dépasser.
05:44Il faut être dans la compétition des records, etc.
05:48Je crois que le sport, la culture et l'art sont des endroits où les corps sont au centre.
05:54Parce qu'ils ont une place libre.
05:56On dit que c'est magnifique, mais c'est aussi tout simple ce que fait Lucky Love hier soir.
06:00Il est chanteur, il retire sa veste et c'est tout simple.
06:04Oui, c'est tout simple.
06:06Ces cérémonies des J.O. et des Paras, ça a quand même été une formidable tribune.
06:10On ne l'a pas assez dit pour le spectacle vivant.
06:12Absolument.
06:13Il y a des millions et des millions de gens dans le monde qui ont vu ce que c'est du spectacle vivant.
06:18Des danseurs, des chanteurs, mais aussi des costumiers.
06:21Tous les métiers du spectacle vivant.
06:23Vous pensez que ça peut pousser les gens à aller voir plus de spectacles vivants, à aller voir du théâtre ?
06:29C'est ça aussi l'objectif ?
06:31Oui, parce que nous, le spectacle vivant, on n'a pas souvent non plus cette grande fenêtre médiatique.
06:37Et les cérémonies nous permettent ça.
06:39De montrer d'abord que le spectacle vivant, ce sont des gens, comme son nom l'indique, qui sont des êtres humains,
06:43qui le font en live et qui ne le font qu'une fois.
06:45Ce qui fait que chaque performance est unique.
06:47Et puis vivant, c'est aussi dans le sens où c'est partagé.
06:49On est entre vivants et vivantes, assemblés autour de la scène.
06:53Comme hier soir, par exemple.
06:55Et que c'est des moments de connexion.
06:58Mine de rien, son voisin de siège, moi hier soir, on a dansé ensemble.
07:01Je ne connaissais pas cette personne.
07:03C'était qui, votre voisin ?
07:04Je ne sais pas.
07:05Vous n'étiez pas dans le carré J, vous ?
07:07Non, pas hier soir.
07:08Vous avez regardé le spectacle ?
07:10Oui, j'avais la chance de regarder le spectacle depuis les gardes, hier soir.
07:12Génial !
07:13Alors, il y a les nouvelles stars ou les étoiles montantes que vous mettez en valeur dans toutes ces cérémonies-là,
07:18comme Lucky Love.
07:19Et puis, il y a les méga stars, les tauliers.
07:22Et hier encore, comme pour les cérémonies des JO, il y avait Johnny !
07:38Que je t'aime.
07:41Les athlètes français sont rentrés sur Que je t'aime.
07:44La délégation française, c'était très beau.
07:46Johnny, évidemment.
07:48Evidemment.
07:49Victor Lemann, qui est le directeur musical des cérémonies, et aussi avec mes équipes d'auteurs-autrices.
07:54On voulait Johnny.
07:57Il nous manque.
07:59Il est aussi certainement l'un des plus grands chanteurs en langue française.
08:03Et il fallait qu'il soit là d'une manière ou d'une autre.
08:06Alors, Victor Lemann a proposé cette version instrumentale de Que je t'aime.
08:10Et si vous entendez bien, le public reprend Ce que je t'aime.
08:14Le public et les athlètes quand ils rentrent.
08:16Absolument.
08:17Et c'est une déclaration d'amour ?
08:18Aux athlètes, aux para-athlètes, au sport, à ce qu'on est en train de vivre ensemble, je crois.
08:23Je voulais vous faire entendre le danseur qui a incarné le Golden Voyager lors de la cérémonie de clôture, Arthur Cadre.
08:30Il était dans notre studio il y a deux jours.
08:33Il a parlé de vous et de l'ADN très français de vos spectacles.
08:37Écoutez.
08:38J'ai eu l'occasion d'être vraiment sur de très grosses productions.
08:41Et je trouve que, encore une fois, je vais parler de lui encore.
08:44Mais je trouve que Thomas est très bon dans ce qu'il fait.
08:46Moi, je pense qu'il est l'un des meilleurs, si ce n'est le meilleur metteur en scène de sa génération.
08:49Et je trouve que vraiment, il y avait une ADN française.
08:52Et voir une ADN française sur ce genre d'échelle de production, c'est hyper rare.
08:56On ne voit ça jamais nulle part ailleurs.
09:00ADN très français.
09:02Et vous allez me demander que ça veut dire quoi ?
09:03Non.
09:04Je vais vous demander si vous êtes d'accord avec lui.
09:06Et si vous avez voulu aussi montrer ça dans tous ses spectacles.
09:10En fait, en vrai, l'esprit français, je sais que c'est quelque chose.
09:13On en parle.
09:14Mais de l'intérieur, c'est difficile à définir.
09:17Je crois qu'il y a quelque chose de l'ordre de l'audace dans ce qu'on a proposé.
09:20Je parle de moi, mais aussi de mes équipes.
09:22Parce qu'on est plusieurs cerveaux à s'être penchés sur toutes ces cérémonies.
09:26De l'audace, de la liberté.
09:28La création artistique est libre dans ce pays.
09:30Et je crois que c'est aussi très important de le redire et de le montrer.
09:34Et puis, peut-être aussi un pas de côté.
09:39C'est comme un peu un esprit alternatif artistiquement parlant.
09:42Par exemple, hier soir, sur la question notamment autour du handicap.
09:46On va se regarder vraiment en face.
09:48On va être lucide.
09:49On ne va pas se dire que tout va bien et qu'on va faire une ronde.
09:51On va commencer par dire non.
09:54Il y a de la discorde.
09:55Au sens où c'est discordant.
09:56Tout n'est pas OK concernant la question du handicap.
09:59Allons vers la concorde.
10:00Mais on n'y est pas.
10:01Mais sur l'ADN français, on a beaucoup entendu et vous l'avez entendu.
10:04Vous l'avez même dit.
10:05Que ces JO nous avaient redonné de la joie d'être français.
10:08Nous ont rendu une fierté française.
10:10Qui était sans doute écornée ces dernières années.
10:12On n'a jamais autant entendu la marseillaise avec mille interprétations différentes.
10:17Ça aussi, c'était ça ces Jeux Olympiques.
10:20La fierté française.
10:22C'est le mot qui est revenu le plus à mes oreilles depuis la première cérémonie.
10:26Ce qui m'a touché et qui m'émeut.
10:29C'est qu'en réalité, notre travail dans les cérémonies, c'est de montrer.
10:33Comme je l'ai dit.
10:34Et notamment la première, c'était de montrer la pluralité.
10:37De ce qu'est la France.
10:38Sa diversité.
10:39Et c'est en montrant la pluralité qu'on a créé de l'unité et même de la fierté.
10:42C'est assez intéressant parce que en parlant de singularité.
10:47Un peu comme hier soir aussi.
10:49C'est là où on crée un sentiment commun.
10:51Ça veut donc dire quoi ?
10:52Ça veut donc dire qu'on est au quai.
10:54Pour se considérer les uns les autres, les unes les autres.
10:57Dans nos différences.
10:59Quelles qu'elles soient.
11:00Que c'est au quai.
11:01Et que ce n'est pas un discours qu'on entend souvent.
11:03Ni dans les bouches des politiques.
11:05Ni forcément dans les médias non plus.
11:07Et puis aussi en nous-mêmes.
11:08Je crois que c'est un effort qu'on doit tous perpétuer.
11:10Notre voisin.
11:11Notre voisine.
11:12Notre collègue de travail.
11:13Nos familles.
11:14Nos amis.
11:15On n'est pas tout à fait au quai.
11:16C'est au quai d'être pas tout à fait pareil.
11:18En vrai.
11:19Et on peut coexister.
11:20Je crois que c'est ce qui se célèbre là.
11:21La coexistence.
11:22Vous n'avez pas peur que cette parenthèse enchantée se referme ?
11:25Il ne faut pas.
11:26Il ne faut pas.
11:27Déjà la politique a repris le pas.
11:30Vous le savez.
11:31Vous le suivez.
11:32Est-ce que c'est bientôt fini en gros ?
11:34C'était juste une parenthèse et c'est tout.
11:38Je ne le souhaite pas.
11:39En tout cas, je crois que ce qui a été allumé.
11:41Alors on parle des cérémonies.
11:42On parle aussi des athlètes.
11:43Et là, t'es pas athlète parce que c'est aussi ça.
11:46C'est aussi eux et elles qui génèrent tout ça.
11:49C'est le sentiment que nous connaissons.
11:53C'est un effort commun à perpétuer.
11:56Et peut-être aussi une leçon.
11:58On parlait du spectacle vivant.
11:59Le spectacle, pour moi, il a toujours été politique.
12:01Pas au sens militant ou politicien dans son sujet.
12:04Mais parce qu'il réunit la cité.
12:06Police.
12:07P.O.L.I.S.
12:08Voilà.
12:09Il réunit la cité.
12:10Et donc voilà.
12:11Le job, pour nous, il est fait.
12:13Enfin, pas complètement.
12:14Parce qu'il reste une cérémonie de clôture d'ailleurs.
12:15Oui, oui, oui.
12:16Comment alors ?
12:17Dites-nous trois mots sur la cérémonie de clôture.
12:19Eh bien, ce sera « Paris est une fête ».
12:21Titre d'Hemingway.
12:2224 DJ français qui vont retracer toute l'histoire de l'électro.
12:2724 2024, bien sûr.
12:28Je ne vous demande pas s'il y a Daft Punk dedans.
12:30Parce que la dernière fois, il y a un an.
12:31Non, il n'y a pas Daft Punk.
12:33On avait fait une bourde, vous et moi.
12:36Mais il y a 24 DJ.
12:38Il y a Jean-Michel Jarre.
12:39Il y a The Avener.
12:40Il y a Keating.
12:42Il y a Kiddy Smile.
12:43Il y a 24 DJ qui vont retracer une grande fresque
12:47de la musique électronique française.
12:49Un de nos fleurons aussi.
12:50Victor Lemann a inventé une grande distribution
12:54de DJ qui vont s'enchaîner au Stade de France.
12:57Vous dites que ces cérémonies, c'était l'occasion de se réunir.
13:00De réunir et de se réunir même quand on est différent.
13:03Et puis, il y a eu la plus belle réunion.
13:06Le moment de grâce.
13:08Aya Nakamura featuring la Garde républicaine.
13:12Avec la Garde républicaine, on s'est vraiment amusé pendant les répètes.
13:15Et puis moi, franchement, des fois, je suis tellement en l'air.
13:17Parce que moi, je les vois.
13:18Et je me dis, c'est la Garde républicaine et tout.
13:21C'est cool, on s'amuse.
13:22Mais je ne me rendais pas compte que l'impact de la Garde républicaine
13:25ex Aya Nakamura, c'était banger.
13:28En fait, toi, tu étais là en répétition.
13:30Tu t'amusais avec les patrons.
13:31Ils demandaient des photos.
13:32Toi, tu ne comprenais pas.
13:33Tu blaguais, Aya.
13:34Tu blaguais.
13:35Au final, regarde.
13:36Non, c'était trop bien.
13:39Ça, c'est Aya Nakamura qui parle de son...
13:41C'était banger.
13:42C'était banger.
13:43C'était tellement banger.
13:44Mais déjà, en répétition, en vrai, quand on a vu Aya, ses danseuses et la Garde républicaine,
13:51je voyais, moi, le respect mutuel qu'ils se portaient.
13:54J'en voyais la joie qu'ils avaient aussi à collaborer.
13:57Et alors après, avec le public et la mise en scène, le soir de la cérémonie,
14:03ça, c'est un extraordinaire moment.
14:05Bon, et puis il y a eu des critiques.
14:07Quelques critiques.
14:0885% des Français ont adoré la cérémonie.
14:11Ils l'ont trouvé réussie.
14:12Ils l'ont trouvé réussie, la cérémonie d'ouverture des JO.
14:15Les critiques, trop haut, trop inclusifs, profanatrices, on dit certains,
14:20visant les scènes de drague.
14:22La scène qui n'était pas la scène.
14:24Marie-Antoinette aussi.
14:26Il y a eu les attaques.
14:28Il y a eu aussi un cyberharcèlement.
14:30Et vous avez porté plainte.
14:31Pourquoi c'était important pour vous de porter plainte ?
14:33Parce que la critique, c'est OK.
14:34Moi, ça fait 20 ans que je fais des spectacles.
14:36Bon, la critique, OK.
14:39L'art doit déranger.
14:41Dans les journaux, les spectateurs, le spectatrisme,
14:43ça fait 20 ans que j'entends ça, j'aime bien ça, j'aime pas ça,
14:45ça c'est OK, ça c'est pas OK.
14:46Mais les attaques, non.
14:47La discrimination est un délit.
14:49On ne peut pas attaquer ou cyberharceler impunément les gens.
14:54Donc, comme notre ambition n'était absolument pas ni de provoquer,
14:59mais simplement, je le redis, de montrer la France telle qu'elle est,
15:03belle et bien,
15:05eh bien, on l'a fait.
15:07Et il y a en France, eh bien, une protection.
15:11J'ai porté plainte.
15:13Je voulais pas, pour tout vous dire, que la plainte sorte dans la presse,
15:16mais c'est passé par les arcanes, on sait pas trop.
15:19En tout cas, voilà, du coup, oui, le cyberharcèlement, ça se condamne.
15:22Vous avez des regrets sur ces trois premières cérémonies ?
15:25Non.
15:26Aucun ?
15:27Non.
15:28Aucun artiste que vous auriez aimé avoir, que vous n'avez pas eu ?
15:30Aucun featuring que vous auriez...
15:33Vous savez, un jour, peut-être, il faudrait que je réfléchisse à la trajectoire d'une idée.
15:39Une idée qui peut émerger avec notre groupe de travail, je sais pas, en décembre 2022.
15:43Quel est son trajet jusqu'à la cérémonie d'ouverture olympique, paralympique ?
15:48Ce trajet, il est fait de mailles et d'arrêts.
15:52Même des fois, des idées se sont arrêtées, elles se sont reprises,
15:55parce que toutes ces mailles, c'est quoi ? C'est la technique, c'est la loi, des fois, tout simplement.
16:00C'est le patrimoine, c'est le budget, c'est la pluie,
16:03qui nous a empêchés de performer certaines séquences le soir de la cérémonie d'ouverture.
16:08Mais en fait, le spirit vivant, c'est un one-shot, c'est un moment présent.
16:13Et ça, moi, j'ai pas de regrets avec ça.
16:14Thomas Joly, un jour, vous l'écrirez, l'histoire, les coulisses de ces jeux olympiques ?
16:18Oui, j'aimerais bien.
16:19Vous écrirez tout ? Vous direz ce qui a marché, ce qui n'a pas marché, ce qui vous a énervé,
16:25les artistes que vous avez demandé qui ont dit non ? Vous écrirez toute la vérité ?
16:29Très bien, en tout cas, moi, je vais l'écrire pour moi, parce qu'il faut que je processe ces histoires,
16:34ces deux ans de travail, et surtout, là, le dernier mois et demi que nous vivons,
16:41les équipes et moi, je suis en train de vivre une aventure qui est encore trop grosse pour mon cerveau.
16:46Les gens me disaient, tu n'as pas l'air angoissé, mais parce que je ne peux pas l'être,
16:50je ne peux pas mesurer le degré d'angoisse, sinon je ferais une attaque de panique tout de suite.
16:54Donc tout ça, en fait, il faut, à mon avis, du temps pour le processer, et donc l'écrire peut-être.
16:58Après les JO, après les Jeux Paralympiques, après ce que vous avez fait, tout ne va pas vous sembler fade ?
17:05Alors non, je ne crois pas. En vrai, parce que vous savez, chaque expérience artistique,
17:12c'est pour moi, remettre l'ouvrage sur le métier, c'est ça qui me plaît.
17:15On m'a déjà dit ça, par exemple, après Stamania, c'est vraiment un gros spectacle.
17:18Bon, mais oui, il y a eu les Jeux Olympiques et Paralympiques, on m'avait même déjà dit ça
17:22quand j'avais monté ces 24 heures de Shakespeare d'affilée, mais en vrai, à chaque fois,
17:25et ce n'est pas parce que c'est une question de longueur ou de taille.
17:28Par exemple, quand j'avais joué Roméo et Juliette sur mon balcon, ça a duré 10 minutes,
17:32et c'était fait avec 12 euros de budget, c'était un gros défi aussi.
17:36Et il y a quoi après ? Il y a quoi après pour vous ?
17:39Alors, il y a plein de rumeurs qui vous voient partout, au Théâtre Marigny, à la Comédie-Française...
17:45Un endroit où on raconte des histoires. Alors, est-ce que c'est un théâtre ?
17:48Est-ce que je vais raconter des histoires autrement ?
17:50Mais moi, je raconterai des histoires, je ne sais faire que ça, en vrai.
17:53Des histoires qui nous permettent aussi de remettre la pensée en circulation.
17:57Je crois que j'aime passionnément, et jusqu'à la fin de mes jours, le live du théâtre,
18:01le direct du spectacle vivant. J'y retournerai bien sûr, mais alors on se parle.
18:05Ce qui est prévu, c'est juste des vacances.
18:07Et juste du repos.
18:09Vous allez partir où en vacances ?
18:11Je vais loin.
18:13Les impromptus pour terminer, je sais que vous flippez de cette séquence, mais ce n'est pas grave.
18:17Allez, on y va. Le sport, vous vous y êtes mis, à part ça ?
18:21Non, toujours pas. Et je n'ai même pas pu voir une compétition olympique.
18:25J'espère pouvoir voir des compétitions paralympiques.
18:27Vous avez plus confiance en vous, aujourd'hui ?
18:29Non, mais par contre, je suis plus serein.
18:33Henry VI ou Richard III ?
18:35Richard III.
18:36France Gall ou François Zardier ?
18:37France Gall.
18:38Barack Obama ou Kamala Harris ?
18:40Pour.
18:42Dans l'absolu ?
18:45Kamala.
18:46Ayanna Kamoura ou Céline Dion ?
18:49C'est pas sympa.
18:53C'est pas sympa, je peux pas.
18:55Quel est le plus bel âge de la vie, Thomas Joly ?
18:57Celui qu'on a.
18:59Est-ce que vous avez pris beaucoup de vitamines, de remontants, de coca ou autre chose ?
19:02La spiruline. La spiruline est mon secret.
19:05C'est des algues.
19:07D'eau douce.
19:08Et ça marche très très bien.
19:10Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
19:12Solidarité.
19:14La dernière phrase de la cérémonie d'ouverture des JO, c'était « Dieu réunit ceux qui s'aiment ».
19:17C'est Céline Dion par Edith Piaf.
19:19Et Dieu dans tout ça ? La question Jacques Chancel.
19:22Eh bien, j'espère qu'il est content de ce qu'on est en train de faire.
19:26Et Dieu, ça peut être tout.
19:29Thomas Joly, tu es notre invité.
19:31Merci d'être venu dans le studio Inter après la toute petite nuit que vous avez passée.
19:34Oui, merci.
19:35Et on attend la cérémonie de clôture.

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