• il y a 4 mois
Thomas Jolly et son co-auteur Damien Gabriac sont les invités de Télématin. Deux jours après la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques, Damien Gabriac est heureux que « les jeux redémarrent enfin ». « On est très content de revoir des compétitions, de revoir Paris avec tous les spectateurs ». De son côté, Thomas Jolly, qui restera le nom associé à ces Jeux Olympiques et Paralympiques, salue la dimension de rassemblement grâce à des jeux. Quant aux cérémonies, « c’est le spectacle qui dit ‘Bonjour, bienvenue. On recommence’», explique le directeur artistique. Les deux invités expliquent le choix du nom de cette cérémonie intitulée « Paradoxe », un hommage aux athlètes paralympiques.

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Transcription
00:00Alors que certains attendent la postérité pour recevoir l'honneur qui leur est dû,
00:03d'autres ont décidé d'en l'embrasser de l'heure vivant.
00:06Et comme l'un n'empêche pas l'autre, il restera à jamais le nom associé aux cérémonies de ces Jeux Olympiques et Paralympiques.
00:12L'artisan de la liesse, le bien-nommé Thomas Joly, est l'invité de Télé Matins, accompagné de son co-auteur Damien Gabriac.
00:20Bonjour à tous les deux.
00:20Bonjour.
00:21Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:23Merci.
00:24Bonjour à tous les deux.
00:25On a une première question, on a envie de vous dire.
00:26On est à J2, c'est quoi l'émotion qui vous reste en tête après cette cérémonie ?
00:31L'émotion, c'était surtout que les Jeux redémarrent enfin.
00:36On les avait quittés pendant deux semaines et là on est très contents de revoir des compétitions, de revoir Paris avec tous les spectateurs.
00:43Donc c'est ça l'émotion qui a recommencé plutôt que l'émotion qui nous reste.
00:47Thomas ?
00:48Oui, je crois que c'est se remettre ensemble.
00:50D'ailleurs, l'idée de ces Jeux, c'est de nous rassembler, c'est de nous réunir autour des compétitions, des paralympiens.
00:58Mais les cérémonies, c'est le spectacle qui dit bonjour, bienvenue, on recommence et donc c'est tout à fait ce qui se passe.
01:04C'est vrai que mercredi soir, il paraît que vous avez dansé avec la personne assise à côté de vous, vous vous êtes un peu lâché.
01:11Est-ce qu'enfin, je ne sais pas si c'était le cas sur les précédentes cérémonies, mais est-ce qu'enfin vous réussissez à profiter plus qu'à stresser ?
01:19Non, il y a quand même encore le trac, ça s'appelle chez nous le trac dans les spectacles, absolument.
01:25Mais dans cette cérémonie d'ouverture paralympique, j'avais sollicité Alexander Ekman, le chorégraphe,
01:32pour traduire tout ce que nous avions conceptualisé avec ma bande d'auteurs et d'autrices.
01:38Donc j'étais vraiment en tant que directeur artistique, moins metteur en scène à cette occasion.
01:44Donc évidemment un tout petit peu plus disponible pour recevoir l'œuvre et en profiter, comme tous les spectateurs et spectatrices.
01:51Damien, Thomas, une question aussi, si on parle un peu plus de cette cérémonie, elle s'appelait Paradoxe.
01:56Expliquez-nous pourquoi le choix de ce terme ?
01:58Le choix de ce terme, c'est venu de la rencontre avec les athlètes paralympiens au tout début de l'écriture.
02:05Et on s'est rendu compte qu'ils allaient parader sur les Champs-Elysées,
02:09qu'il y avait cette image qui restait pour eux de héros, qui accomplissait des exploits.
02:16Et ils en avaient un peu marre de cette image-là, ils disaient qu'on est avant tout des citoyens,
02:19il y a quand même d'énormes problèmes d'accès, d'égalité et d'accès à nos droits.
02:28Et donc voilà, il y avait une multiplicité de situations paradoxales.
02:32Il y avait la place de la Concorde qui raconte une histoire de France aussi chargée de paradoxes.
02:37Il y avait cette obélisque sur cette place parisienne.
02:40C'est pour ça qu'on a appelé ça Paradoxe.
02:42En réalité, les Jeux paralympiques, bien sûr, c'est une compétition sportive.
02:46Et d'ailleurs, on a déjà des médailles, on est contents.
02:48Mais elle a, et c'est je crois sa raison d'être aussi, un caractère militant, un caractère politique.
02:55Et déjà, la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques en plein cœur d'un centre-ville,
03:00ça c'est l'idée de tirer reboul, bien sûr, qu'on salue,
03:04mais c'est déjà un paradoxe puisqu'on sait que les villes ne sont pas forcément complètement adaptées
03:08aux personnes en situation de handicap.
03:10Donc déjà, c'était militant de mettre cette cérémonie au cœur de la ville.
03:14Et il y a tous les autres paradoxes.
03:15Donc nous, ce qu'on a voulu faire, ce n'est pas une cérémonie qui hésite le sujet.
03:21Au contraire, soyons lucides, il y a des problèmes et il faut justement les voir
03:24pour évidemment essayer de les régler et d'avancer ensemble.
03:29Vous parlez évidemment de militantisme, vous parlez d'engagement.
03:32Emmanuel Macron, il y a de cela quelques mois, avait dit le sport, ça n'est pas politique.
03:36Vous n'êtes évidemment pas d'accord avec lui.
03:38Non, je ne suis pas d'accord. Je ne suis pas d'accord.
03:40Je crois que le sport et d'ailleurs aussi le spectacle vivant sont des événements qui sont politiques.
03:47Alors, ils ne sont pas politiciens, mais politiques, au départ, le mot, ça vient du mot grec polis,
03:52P-O-L-I-S, qui veut dire la cité.
03:54Donc ce qui rassemble la cité, à savoir le sport et la culture, c'est forcément politique.
04:00D'ailleurs, les Grecs ne s'étaient pas trompés.
04:02Je rappelle que dans les Jeux olympiques antiques, il y avait des épreuves culturelles
04:07qui ont d'ailleurs disparu au milieu du XXe siècle,
04:10quand les Jeux olympiques ont été réanimés par Pierre de Coubertin.
04:14Mais donc, sport et culture, c'était au cœur de la cité, donc c'est forcément politique.
04:19Moi, j'ai une question toute simple.
04:20Vous savez, depuis le début de cette cérémonie, on se dit tous après, c'était quoi ton moment préféré, toi ?
04:25J'ai envie de savoir, vous, c'est quoi votre moment préféré à tous les deux,
04:30peut-être de cette cérémonie paralympique ?
04:33Il faut choisir.
04:34Moi, je crois que c'est un geste, un moment chorégraphique d'Alexander Ekman,
04:40au moment où tous les danseurs retirent leurs lunettes noires
04:43et font face aux performeurs en situation de handicap,
04:46comme s'il y avait d'un coup une prise de conscience,
04:49simplement un regard qu'on peut se regarder de manière apaisée
04:52et se considérer, se voir représenté.
04:55Moi, ce moment-là m'a beaucoup ému.
04:56Et puis le moment aussi où il y a tous les performeurs avec les béquilles dans les mains
05:01et qui se mettent à ramer tous ensemble.
05:04J'ai trouvé ces deux images très, très puissantes.
05:06Moi, je rejoins Thomas sur la deuxième image,
05:08parce que je trouve qu'elle pose une question géniale.
05:11Le titre, c'était A Dream of a Team.
05:13Elle pose la question d'un sport créé, la chorégraphie,
05:17avec des personnes en situation de handicap et des personnes valides.
05:21Donc des nouveaux sports, peut-être.
05:23Et ça, ça m'a touché.
05:24Et aussi, un autre moment, c'est la chanson My Ability de Lucky Love.
05:28Ah, elle est sublime.
05:29Bien sûr.
05:30Extraordinaire.
05:31Évidemment.
05:32Mais c'est dur de choisir, c'est dur.
05:33Oui, c'est dur.
05:34On a beaucoup pleuré encore.
05:35Et on a envie aussi de savoir, on le rappelle,
05:3715% de la population mondiale est touchée par le handicap mental,
05:40physique, psychique ou sensoriel.
05:42Comment on fait pour mettre en image, pour visibiliser,
05:45pour mettre dans le propos de la cérémonie, justement, cette information ?
05:48Déjà, on visibilise.
05:49Et c'est ça, l'important.
05:50Un spectacle, c'est fait pour montrer.
05:52Et quand on met la lumière sur un sujet ou sur des personnes,
05:56d'ailleurs, dans toutes les cérémonies, il y a cette idée de représenter,
06:01de montrer, de considérer, de reconnaître,
06:04reconnaître et puis reconnaître, connaître à nouveau.
06:07Eh bien, tout à coup, la lumière permet,
06:10à partir du moment où on commence à voir,
06:12ça permet d'y penser, de réfléchir,
06:14de se considérer les uns avec les autres
06:15et donc d'avancer aussi politiquement.
06:17Vous avez souligné à plusieurs reprises le caractère politique de cette cérémonie.
06:21J'aimerais vous montrer le tweet d'Emmanuel Macron, qui est récent,
06:24qui dit merci Thomas Joly, Alexander Eichmann
06:27et tous les artistes et athlètes pour cette cérémonie
06:29qui restera dans les mémoires.
06:31L'ouverture et la concorde rayonnent dans la flamme
06:34que vous avez allumée ce soir.
06:35Elle continuera de nous éclairer.
06:37Plusieurs questions suite à ce tweet.
06:39Déjà, est-ce qu'il vous fait plaisir ?
06:41C'est toujours plaisant de recevoir des félicitations.
06:45Même d'Emmanuel Macron ?
06:47De n'importe qui.
06:48C'est toujours heureux.
06:49On préfère les félicitations que les attaques, bien sûr.
06:52Mais par contre, elle continuera de nous éclairer.
06:54Voilà, c'était ma deuxième question.
06:56Comment on fait ?
06:57Alors, vous savez, je crois que ces cérémonies,
07:00ces Jeux olympiques et paralympiques
07:02démontrent beaucoup de choses.
07:04Il ne faut pas que ce soit des parenthèses.
07:05Mais à un moment donné, en réalité,
07:07ça devient un travail qui est celui des politiques, justement.
07:12Que toutes ces valeurs qui ont été représentées,
07:15toutes ces questions qui ont été posées
07:17au cours des Jeux et des cérémonies,
07:19soient prises en charge pour plus de concorde, justement.
07:22Ces politiques, c'est aussi médiatique.
07:24Quelle France on montre,
07:25quelle France on fait entendre aussi.
07:28Et puis je crois que c'est peut-être
07:29le travail de chacun d'entre nous,
07:30avec nos voisins, nos familles, nos amis,
07:33de continuer à perpétuer cette unité.
07:38Parce que, regardez,
07:40les cérémonies, on montre de la pluralité
07:42et on arrive à de l'unité.
07:43C'est assez intéressant.
07:44C'est quand on se considère les uns les autres,
07:46dans nos différences, qu'on arrive à être ensemble.
07:49Ainsi donc, la différence n'est pas un problème.
07:51Il faut la traiter, mais c'est un effort.
07:56Ça ne va pas de soi.
07:57Et donc je crois que c'est quelque chose
07:58qu'on doit aussi perpétuer chacun, tous les jours.
08:01Merci.
08:02Merci beaucoup à tous les deux.
08:04Merci Thomas Joly, merci Dabien.
08:05Gabriel, on rappelle dimanche 8 septembre,
08:07votre travail n'est pas fini,
08:08la cérémonie de clôture.
08:09Nous, on est impatients.
08:10Je ne sais pas si vous êtes stressés
08:11ou impatients pour vous.
08:12Un peu des deux, je pense.
08:13Mais on risque de danser, encore.
08:15On risque de danser, encore.

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