Avec la cérémonie d'ouverture des paralympiques, "les Jeux redémarrent", se réjouit Damien Gabriac
Les Jeux paralympiques, organisés pour la première fois en France, seront lancés le 28 août par une cérémonie d'ouverture entre les Champs-Elysées et la place de la Concorde, orchestrée, comme celle des JO en juillet, par le directeur artistique Thomas Jolly, acompagné notamment de Damien Gabriac.
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00:00Bonjour Damien Gabriac, merci beaucoup d'être avec nous ce matin, à cinq jours maintenant
00:04du coup d'envoi des Jeux Paralympiques, vous êtes l'un des auteurs des cérémonies
00:08de Paris 2024, et co-dramaturge de la cérémonie d'ouverture qui aura donc lieu mercredi
00:14soir quelque part entre les Champs-Elysées et la Concorde, j'espère que vous allez
00:18pouvoir nous donner quelques détails sur ce qui nous attend pour ce nouveau temps fort.
00:22Est-ce que vous craignez tout d'abord de ne pas retrouver le souffle des Jeux Olympiques,
00:26on est un peu dans un entre-deux actuellement, est-ce que vous avez le sentiment que l'ambiance
00:30allait un petit peu retomber ? Alors nous non, parce qu'on ne s'est pas
00:33arrêté, on est encore dedans, il y a une cérémonie toutes les deux semaines, et non
00:40moi je pense que comme cette cérémonie encore une fois est en dehors d'un stade, on va
00:46avoir une parade des athlètes sur les Champs-Elysées, un spectacle sur la place de la Concorde,
00:50ça va être une grande fête, et les Jeux redémarrent, et je pense que tout le monde
00:55a envie, tout le monde a vécu ce qu'on a vécu la précédente quinzaine de Jeux
01:00Olympiques, et non moi je suis convaincu que ça va redémarrer, et on va redonner
01:05le « là » pour ces Jeux Paralympiques ! Parce que c'est vous qui allez entraîner
01:09tout le reste finalement ! C'est une grosse pression sur vos épaules
01:13Damien Gabriac ! Le fait que tout ce soit bien passé sur la
01:17cérémonie des Jeux Olympiques, est-ce que ça vous a libéré d'un poids finalement
01:20pour la suite, pour ce qui va venir à partir de la semaine prochaine, ou est-ce que ça
01:23met une pression supplémentaire, parce que l'attente forcément elle est plus forte
01:26? La pression elle était là, de toute façon
01:29avant les Jeux Olympiques, et elle est encore là, parce qu'on a envie tout simplement
01:34de bien faire.
01:35Tout le monde a énormément travaillé, de la direction artistique de Thomas Joly, d'Alexandre
01:40Ekman qui sera le chorégraphe de cette cérémonie Paralympique, Victor Lemann à la musique,
01:47on a la même pression, on a la même envie de faire plaisir aux spectateurs et aux téléspectateurs,
01:53donc non, c'est pas plus ou moins, c'est la même chose.
01:56Comment éviter que les spectateurs jouent au jeu des comparaisons ?
01:58Ils se disent, ah c'est marrant le 26 juillet, il y avait ça, ça j'ai préféré, ça
02:02c'est pareil, ça c'est pas pareil… Alors ça c'est un jeu obligatoire, même
02:05à l'intérieur même d'une cérémonie il y a des comparaisons, et nous c'était
02:08notre ligne artistique, c'était qu'on voulait donner une identité propre à chaque
02:13cérémonie.
02:14Donc la cérémonie d'ouverture a cette identité-là, la cérémonie de clôture
02:18Olympique a une identité, et la cérémonie d'ouverture Paralympique a une identité,
02:22la cérémonie de clôture Paralympique aura une autre identité, ça sera de nouvelles
02:26émotions, une nouvelle façon de faire, une nouvelle façon de voir, on est encore à
02:31l'extérieur, donc de voir l'histoire de France.
02:33Est-ce que vous avez tout travaillé ensemble, ou est-ce que lorsque vous avez imaginé,
02:37réfléchi avec toute l'équipe, toutes ces cérémonies, vous les avez prises les
02:41unes après les autres ? Alors on a fait dans l'ordre un petit peu
02:45au début, mais la phase d'écriture qui était bien en amont, qui a commencé il y
02:49a deux ans maintenant, on a pensé aux quatre cérémonies dans un temps de six mois.
02:55Donc elles sont réfléchies depuis un moment, elles mûrissent depuis un moment.
03:00Donc on a eu le temps, évidemment on les a séparées, on ne peut pas travailler la
03:03même journée sur toutes les cérémonies, mais elles ont eu le temps de mûrir ensemble.
03:07Et les mots, s'il fallait associer quelques mots à la cérémonie de mercredi prochain,
03:13vous choisiriez quoi comme terme ? Moi je dirais que c'est l'histoire de
03:18France qui rencontre l'histoire du corps, des corps de tous les corps, et à la fin
03:25c'est la Concorde qui triomphe ! Bon, ça dit beaucoup de choses, mais ça
03:28dit pas grand-chose.
03:29Alors on va tout reprendre dans l'ordre, qu'est-ce que vous pouvez nous dire sur
03:32le lieu d'abord ? On l'a un petit peu dit, les Champs-Elysées, la Concorde, ça veut
03:36dire que ça va partir de l'Arc de Triomphe jusqu'à Obélisque ?
03:39C'est sur la partie basse, le défilé des athlètes, ils arrivent sur la place de la
03:45Concorde, qui avait été organisée d'une certaine façon pour les compétitions olympiques
03:50où les stades se faisaient dos les uns les autres, on les a retournés vers l'Obélisque,
03:55et donc on a une convergence de regards qui est tournée vers ce monument.
04:00Et cette place de la Concorde, voilà, on la connaît, c'est une place qui est forte
04:05en symbole de l'histoire de France, c'était la place Louis XV avant d'être la place
04:09de la Révolution, puis la place de la Concorde enfin.
04:14Donc voilà, et puis vous savez qu'on est un petit peu espiègle avec l'histoire de France,
04:20et comme on se retrouve à nouveau dans Paris avec ces monuments, avec son histoire,
04:24il y aura évidemment des clins d'œil.
04:27Il y aura les athlètes, bien sûr, les délégations qui seront là, 4400 par athlète qui vont
04:33participer à cette cérémonie, il y aura des danseurs aussi ?
04:36Absolument.
04:37Ça vous pouvez le confirmer ?
04:38Je peux confirmer, il y aura des danseurs, il y aura des chanteurs, des chanteuses, des
04:42musiciens, des musiciennes, danseurs, danseuses.
04:45En situation de handicap ou pas forcément ?
04:46En situation de handicap aussi, les deux.
04:48Donc voilà, nous on a créé un grand ensemble inclusif pour cette cérémonie.
04:54C'est une cérémonie, vous le disiez, qui est axée sur le corps, l'idée c'est quoi ?
04:57C'est de le valoriser, c'est de le sublimer, tous les corps quels qu'ils soient ?
05:00Absolument, c'est exactement ça, et là l'identité de cette cérémonie c'est que le chorégraphe
05:07Alexander, avec Victor Lemann à la musique et Daphné Burki au costume, ont dessiné
05:13une ligne qui se suit tout le long de la cérémonie.
05:16C'est-à-dire que le spectacle commence au début et on va suivre un récit qui se raconte
05:22par le corps, par tous les corps qu'on verra différemment, et qui s'aboutit à la toute
05:26fin de la cérémonie.
05:27C'est vraiment une histoire au fil de cette concorde.
05:32Tony Estanguet dit dans le Parisien ce matin que c'est une cérémonie qui va, je cite,
05:35déranger un peu, qui va secouer certains clichés.
05:38Qu'est-ce que ça veut dire, que vous vouliez bousculer un peu les spectateurs ?
05:41Eh bien, nous en fait, on a commencé l'écriture en rencontrant des athlètes paralympiques
05:47pour leur demander leurs ressentis, leurs attentes, leurs expériences des précédentes
05:53cérémonies paralympiques.
05:56Et certains d'entre eux nous disaient, nous, les précédentes campagnes paralympiques,
06:01c'était les super-héros, des héros, des exploits.
06:05Et certains, pas tous, nous disaient qu'on a un peu marre de ça parce que dans la vie,
06:09on est des citoyens et je ne peux pas prendre le métro, j'ai l'impression de ne pas avoir
06:17les mêmes droits.
06:18Donc ils nous disaient, nous, c'est notre fenêtre médiatique pour qu'on parle de nos droits,
06:23de plus d'égalité.
06:24Donc, il y a quelque chose de politique alors ?
06:25Donc, il y a quelque chose de politique, mais c'est un discours.
06:29Et d'autres athlètes nous disaient, nous, cette cérémonie, on veut que ce soit une
06:34grande fête avec de grands artistes.
06:36On veut ça aussi.
06:37Et c'est ce qu'on a tenté d'allier.
06:39C'est ce qu'on avait fait à la cérémonie d'ouverture aussi.
06:42Je prends l'exemple de Ayana Kamoura qui sort de l'Institut français.
06:47On a pris un sujet de société française et on en a fait un moment artistique.
06:53Et on l'a traduit comme ça.
06:54Et là, c'est ce qu'on a tenté de faire.
06:56C'était de traduire à la fois ce qu'on ressentait de ce qu'on nous disait ensemble.
07:03Donc, ce n'est pas ni que politique, ni que artistique.
07:06C'est les deux pour créer un grand moment et une grande fête où on réfléchit, où
07:11on se regarde aussi, nous-mêmes, par rapport à cette question du handicap.
07:15Est-ce que vous avez surveillé la météo ?
07:17Je crois qu'il fait beau, enfin !
07:20Ça change tout ?
07:21Je ne sais pas.
07:22C'est une question bête.
07:23Mais c'est vrai que la pluie, on l'a beaucoup commentée.
07:26Les Jeux Olympiques, on a eu très peur le jour même parce qu'on ne savait pas ce
07:32que ça allait créer.
07:33Après, ça avait été prévu.
07:34Mais tout simplement, ça glisse pour les danseurs.
07:37Ce n'est pas pratique.
07:38Ça peut être piégeux.
07:40Merci beaucoup et bon courage pour les derniers jours.
07:43Merci de nous avoir présenté cette cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques qui aura
07:47lieu mercredi soir.
07:48Merci Damien.
07:49Gabriel, vous êtes l'un des auteurs des cérémonies de Paris 2024.
07:53Invité du 6-9 de France Inter ce matin.