Lundi 4 septembre 2023, SMART JOB reçoit Frédéric Petitbon (Associé People and Organization, PwC France et Maghreb)
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00:11 -Bien. Dans son job, on va s'intéresser
00:14 à la précarité dans le travail,
00:16 de la relation des salariés à leur pouvoir d'achat.
00:19 Ont-ils plus ou moins d'argent ? On va en parler.
00:22 C'est une étude passionnante sur 42 pays.
00:26 On accueille Frédéric Petitbon.
00:28 Bonjour, Frédéric. -Bonjour.
00:30 -Ravi de vous accueillir.
00:31 Association People and Organization chez PwC France Maghreb,
00:35 avec sous le bras cette étude "Ops and Fees",
00:37 42 pays. Elle a été menée en avril 2023.
00:40 C'est intéressant, on n'est pas franco-français dans l'étude.
00:44 D'abord, il ressort qu'entre 2022 et 2023,
00:47 une partie des Français, je le dis un peu abruptement,
00:50 tirent la langue. Le pouvoir d'achat,
00:53 bien, leur pouvoir d'achat a diminué.
00:55 -On n'arrive pas à boucler la fin du mois,
00:58 le constat est très clair là-dessus.
01:00 On a 14 % des collaborateurs
01:03 qui n'ont plus rien à la fin du mois.
01:05 On a une baisse de capacité de départ,
01:08 de partir en vacances.
01:09 La tendance est claire de ce point de vue-là
01:12 et très nette en évolution par rapport à 2022.
01:16 Ce n'est pas seulement un chiffre français,
01:18 la tendance est la même mondiale.
01:20 -Mondiale, qu'on soit dans l'univers anglo-saxon
01:23 qu'en Europe.
01:24 -C'est une tendance mondiale.
01:27 18 %, ça, c'est les chiffres des salariés,
01:29 on va voir ce chiffre à boucler les fins de mois.
01:32 44 % déclarent qu'une fois qu'ils ont couvert leurs dépenses,
01:36 il ne leur reste que peu ou plus d'argent sur leur compte.
01:39 Ca veut dire que, je mets des guillemets,
01:41 ils survivent, ils ne peuvent pas se faire le moindre plaisir.
01:45 -Dans un contexte de dépenses contraintes,
01:48 ils ne peuvent plus se faire plaisir.
01:50 Vous comprenez le niveau de tension sur le salaire,
01:53 avec aussi un des chiffres qui ressort de notre étude,
01:56 c'est qu'on a plus d'un tiers des collaborateurs
01:59 qui disent aller vers leur employeur
02:01 pour demander de l'argent au cours de l'année,
02:04 dans les prochains mois.
02:05 -On ne parle pas d'une étude française,
02:08 parce qu'on entend cette petite musique.
02:10 Là, c'est une étude mondiale menée par PwC.
02:13 Ca veut dire que, quels que soient les modèles sociaux,
02:16 les modèles économiques,
02:17 les salariés disent à peu près tous la même chose.
02:20 -Les salariés disent tous la même chose.
02:23 Un niveau d'épargne prévu
02:24 est un peu plus faible en France que dans d'autres pays,
02:28 mais la France reste aussi dans un niveau de grande démission,
02:31 qui était le thème très à la mode il y a un an,
02:34 reste tout à fait d'actualité.
02:36 On a encore plus envie de partir et de quitter son entreprise
02:39 maintenant qu'il y a un an, pour des raisons salariales.
02:42 -On en revient au salaire. -Oui, mais pas que.
02:45 Aussi, pour des raisons de rapport de force qui a changé,
02:48 et ça, c'est plutôt une bonne nouvelle
02:51 pour les collaborateurs,
02:52 je peux partir si je me plais pas,
02:54 si mon manègement ne répond pas à mes attentes.
02:57 -Parce que de l'autre côté de la rue,
02:59 je peux trouver quelque chose.
03:01 -A fortiori, si je suis jeune, dans les métiers technos,
03:05 mais je peux vraiment trouver quelque chose
03:07 de l'autre côté de la rue.
03:09 -Il y a un chiffre assez récent,
03:11 on est plus dans l'étude sociologique,
03:13 c'est le grand écart entre les dirigeants et les collaborateurs
03:16 sur l'adhésion. On parle de la raison d'être.
03:19 Il y a 38 % des collaborateurs français,
03:22 qui admettent que leur comportement
03:24 n'est pas toujours en phase avec les valeurs
03:26 et les orientations de l'entreprise.
03:28 C'est énorme. L'entreprise travaille, cogite,
03:31 fait presque de la philo,
03:33 et puis il y a 38 % qui disent
03:34 "Bon, moi, je suis pas très en phase."
03:37 -Je suis pas très en phase ou je ne vois pas encore
03:39 ce que ça veut dire pour moi.
03:41 C'est aussi ça, le fil à tirer pour les employeurs.
03:44 C'est comment, à partir d'une vision
03:46 qui est souvent forte d'une stratégie d'entreprise,
03:49 comment on va jusqu'au sauvette pour les équipiers ?
03:52 Il y a encore du travail à faire.
03:54 -Il y avait la grande démission, il y a un an,
03:57 vous nous en parlez.
03:58 La tendance reste à peu près la même.
04:00 Le rapport de force est plutôt bon pour le salarié.
04:03 C'est un paysage noir pour terminer ce portrait sombre.
04:06 Il y a quelques petites notes, quelques lumières qui jaillissent,
04:10 mais il y a un chiffre assez inquiétant.
04:12 Un collaborateur sur cinq se dit proche du burn-out.
04:17 C'est alarmant.
04:19 C'est vrai pour toutes les générations,
04:21 y compris pour ceux qui rentrent dans l'emploi
04:24 pour les moins de 26 ans, où le chiffre est encore plus élevé,
04:27 et ça pour des raisons de manque de ressources,
04:30 pour des raisons d'objectifs trop élevés,
04:32 pour des raisons de stress liés aux clients.
04:35 La tendance est très forte de ce point de vue-là.
04:38 -C'est un paysage sombre.
04:39 Et puis, au même moment et en même temps,
04:42 il y a aussi des collaborateurs, il faut le dire,
04:45 qui se sentent bien dans leur job, qui se sentent épadouis.
04:48 Il faut le dire.
04:49 -Des collaborateurs heureux.
04:51 Heureux, très clairement.
04:53 La tendance est forte aussi là-dessus.
04:55 Il y a une augmentation très claire sur ma capacité d'autonomie,
04:59 la confiance en soi, la capacité de son chef
05:01 à vous donner des marges de manoeuvre,
05:04 qui est très claire.
05:05 L'augmentation est très nette en France
05:07 par rapport à l'année dernière sur le sujet.
05:10 -On est sur la France.
05:11 Qu'est-ce que dit l'étude mondiale sur ce sujet ?
05:14 Sur le bonheur au travail, pour le dire d'une manière pompeuse.
05:18 -Ca va mieux partout,
05:20 et ça va bien mieux en dehors de la France qu'en France.
05:24 -Donc, il y a deux mondes.
05:25 -Il y a un monde français
05:27 qui reste plus dépressif que le reste du monde.
05:31 -Comment vous l'expliquez ?
05:33 -On a une attente vis-à-vis du travail considérable.
05:36 On investit dans le travail de manière très forte,
05:38 ça donne du sens, et on attend que son travail vous réalise,
05:42 vous permette de faire des chefs-d'oeuvre,
05:44 d'être épanoui, avec un niveau d'attente
05:47 qui est probablement supérieur à ce que le monde du travail
05:50 permet de fournir et supérieur à ce qu'on trouve dans d'autres pays
05:53 où le rapport est plus transactionnel.
05:56 -Les Français ont trop d'attente, pas assez de recul.
05:59 -C'est merveilleux, bien sûr,
06:00 car ça leur permet de donner beaucoup dans leur travail,
06:03 mais ça génère ce niveau d'attente et de frustration.
06:07 -Etude passionnante, "Hopes and fears",
06:09 à découvrir sur le site de PwC France et Maghreb,
06:12 42 pays avec des focus et des chiffres qui varient
06:15 sur certains items en fonction des pays.
06:17 Merci, Frédéric Petitbon, de nous avoir rendu visite,
06:20 associé People and Organization, PwC France et Maghreb.
06:23 Je l'ai bien dit, cette fois-ci, c'est un vrai plaisir de vous accueillir.
06:27 -Merci de votre accueil. -On tourne une page.
06:30 Le cercle est rache, c'est bientôt la rentrée des classes,
06:33 évidemment pour les élèves, mais aussi pour les professeurs.
06:37 Est-ce qu'il y aura un professeur devant chaque classe ?
06:40 La promesse de l'ancien ministre de l'Education,
06:43 qui a fait des annonces retentissantes ces derniers jours.
06:46 Que se passe-t-il ? Crise des vocations,
06:48 problème de salaire ? On en parle avec nos invités,
06:51 juste après cette courte pause.