Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h
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00:00 Bonsoir à tous, soyez les bienvenus, place à Face à l'Info, été.
00:05 On entame nos discussions et je vous présente surtout nos éditorialistes de ce soir.
00:09 Dans un instant, on fait d'abord un premier point sur l'actualité de ce 3 août avec Mathieu Nevesse.
00:13 Bonsoir Mathieu.
00:14 Bonsoir Barbara, bonsoir à tous.
00:16 Dans l'affaire Hedy, le policier soupçonné du tir de LBD est maintenu en détention provisoire.
00:22 Le fonctionnaire de la BAC aurait gravement blessé le jeune homme de 22 ans en marge des émeutes à Marseille.
00:27 Et plus tôt dans la journée, l'avocat général avait requis son maintien en détention provisoire,
00:32 au moins jusqu'à l'interrogatoire de l'agent prévu le 30 août.
00:36 Donald Trump est convoqué devant un tribunal fédéral à Washington.
00:39 L'ancien président américain devra répondre des accusations liées à ses manœuvres
00:43 pour inverser les résultats de l'élection présidentielle de 2020.
00:46 En campagne pour reconquérir la Maison Blanche, Donald Trump a été inculpé pour la troisième fois,
00:51 mais reste le favori des sondages côté républicain.
00:55 Enfin au Niger, des milliers de personnes ont manifesté à Niamey et dans d'autres villes du pays.
01:00 Des rassemblements pro-putsch, pro-russe et anti-français depuis le coup d'État du 26 juillet.
01:05 Les relations avec Paris se sont dégradées.
01:07 « Abat la France, vive la Russie, vive Poutine ! » scandaient notamment les manifestants.
01:14 Merci beaucoup Mathieu. On se retrouve dans la soirée.
01:18 Pour le prochain point sur l'actualité. Pardon, le prochain se sera à 20h.
01:23 On lance le générique pour commencer en bonne et due forme l'émission.
01:27 Envoyons le générique.
01:29 Alors le sommaire. On est ravis d'abord que vous passiez ce début de soirée en notre compagnie.
01:34 Pardon pour ce petit début rock'n'roll.
01:36 C'est vrai que c'est l'été, on n'est pas tout à fait en vacances.
01:38 On est censé travailler mais on a la tête peut-être un petit peu ailleurs.
01:41 Ce soir, Nathan Devers pose un regard critique sur l'interview qu'Emmanuel Macron a donnée au Figaro Magazine.
01:48 Un mois après les émeutes, le chef de l'État est enfin sorti de son silence.
01:51 Il explique qu'il ne voulait pas réagir à chaud pour éviter de dire des bêtises.
01:55 Ce sont ses mots.
01:57 Paul Sujit nous détaillera ce qui, selon lui, explique l'engouement pour les cagnottes en ligne.
02:02 Cette, celle ouverte pour soutenir la famille de Nahel.
02:04 Une autre pour le policier auteur du tir.
02:06 Ils ont beaucoup fait parler.
02:07 Plus récemment, une levée de fonds a été lancée en faveur du policier mis en cause à Marseille.
02:12 Ces cagnottes ne sont-elles pas en train de devenir des instruments d'expression politique ?
02:16 Réponse tout à l'heure.
02:18 Paul Melun nous alerte ce soir sur l'abandon, voire la disparition d'une partie du patrimoine français.
02:23 Il revient sur la déconstruction d'une église de Mayenne dont les cloches ont sonné une dernière fois lundi.
02:28 Fermée depuis près de 10 ans, l'édifice est devenu trop fragile et la commune n'a pas les moyens de la rénover.
02:34 Et puis ce soir, Paul, vous vous penchez aussi sur la conquête spatiale qui intéresse de plus en plus.
02:38 Il y a toujours la NASA, bien sûr.
02:40 Quel rôle joue-t-elle aujourd'hui ?
02:41 Quel est celui d'Elon Musk et quid des autres acteurs émergents dans le domaine ?
02:45 Et puis surtout, jusqu'où l'homme peut-il encore innover en la matière ?
02:48 On a hâte d'en savoir plus.
02:51 Et puis nous partirons outre-Atlantique avec Régis Le Saumier qui va tenter de répondre ce soir à cette question.
02:55 Après une troisième inculpation, cette fois pour complot contre l'État,
02:59 Donald Trump peut-il vraiment redevenir président des États-Unis ?
03:03 Déjà en campagne pour 2024, il conserve le soutien d'une bonne partie du parti républicain
03:09 pour qu'il reste une immense favori.
03:13 Allez, cette fois-ci, on lance le générique pour partir.
03:17 Une heure dans Face à l'info, été.
03:19 Soyez tous les bienvenus.
03:34 Et je dis officiellement besoin.
03:35 Bonsoir à Paul Melin, à Paul Sugil, à Nathan Devers et à Régis Le Saumier
03:40 que je n'ai pas eu le temps de salouer avec ce petit début rock'n'roll.
03:42 Vous manquez à toutes vos obligations Barbara ce soir.
03:45 Ça y est, on est installés, j'espère que vous aussi.
03:47 Et vous aussi chez vous.
03:49 On entame tout de suite nos éditos.
03:51 Il avait donc choisi de ne pas parler à chaud.
03:53 C'est ce qu'il explique dans les colonnes du Figaro Magazine.
03:56 Emmanuel Macron est donc sorti de son silence pour évoquer un mois après, en plein été,
04:01 les émeutes qui ont secoué le pays.
04:04 Nathan Devers, vous vouliez donc revenir sur cet entretien.
04:07 Oui, je voulais revenir sur cet entretien.
04:09 Alors déjà le contexte de cet entretien.
04:10 Il revenait donc de son déplacement dans le Pacifique.
04:13 Et dans l'avion présidentiel, il a accordé un entretien un peu sur la durée
04:18 avec des journalistes du Figaro Magazine qui est restitué.
04:21 J'invite les téléspectateurs à lire l'article parce que vraiment,
04:25 c'est restitué même avec l'ambiance du voyage présidentiel,
04:27 interrompu aussi par toutes les informations en provenance d'Afrique,
04:31 le stress du Niger, des conditions avec des zones de turbulence à traverser,
04:35 un atterrissage difficile.
04:36 Enfin, c'est assez bien raconté.
04:38 Et surtout, l'entretien est vraiment intéressant.
04:40 Alors, il y a trois choses.
04:42 Il y a premièrement un diagnostic de la situation posé par Emmanuel Macron,
04:45 que je vais restituer et qui est discutable.
04:48 Ensuite, il y a, je dirais, une partie de solution ou programmatique,
04:53 qui n'est pas d'ailleurs toujours très claire,
04:54 mais qui est quand même posée par Emmanuel Macron.
04:56 Et troisièmement, il y a toute une réflexion aussi sur l'évolution du macronisme
05:02 par rapport à cette fin du deuxième mandat.
05:04 Alors premièrement, le diagnostic de la situation.
05:06 Emmanuel Macron, on s'en souvient, après les émeutes,
05:09 a décidé de ne pas réagir publiquement tout de suite.
05:12 Et l'explication qu'il a donnée et qui a été donnée autour de lui,
05:16 c'était d'estimer que ce qui se passait pendant ces émeutes
05:19 et ce qui s'est passé était plus complexe que les analyses toutes faites
05:22 qu'on pouvait avoir, notamment parce que la situation n'était pas la même
05:25 que les émeutes qui avaient eu lieu en 2005.
05:27 Et que donc, étant donné qu'il y avait quand même eu des différences,
05:30 notamment c'était beaucoup plus intense que 2005 et c'était plus court.
05:33 Et puis le profil des personnes interpellées n'était pas tout à fait le même.
05:36 Il a dit qu'il a voulu prendre ce temps, comme ça, quelques semaines,
05:39 pour réfléchir et pour essayer de décrypter en profondeur.
05:42 Alors parmi les quatre éléments de diagnostic que j'ai retenus,
05:48 le premier sur les profils des délinquants interpellés,
05:53 il souligne que près de 75% des jeunes qui ont été déférés à la justice
05:57 étaient soit à l'aide sociale, soit dans des familles monoparentales
06:01 et avec aussi quelques mineurs non accompagnés, même si c'est minoritaire.
06:05 Et ce qu'il dit dans cet élément d'analyse,
06:08 c'est que ce qu'il effraie à titre personnel,
06:10 c'est qu'il estime que les gens qui ont commis ces émeutes-là,
06:13 c'est la société de demain.
06:14 Ça veut dire que ce sont des gens très jeunes,
06:16 en situation souvent de vulnérabilité sociale aussi,
06:18 et que donc si on ne fait rien pour régler les causes profondes
06:22 qui ont mené à ces émeutes-là, on se retrouvera demain
06:25 dans une situation, dans une conjoncture où ce genre de situation
06:28 se répétera de manière plus intense.
06:29 Deuxième élément de diagnostic qu'il pose,
06:31 c'est ce concept de décivilisation qu'il reprend encore une fois à son compte.
06:35 Et il dit que les émeutes ont révélé une crise de civilisation,
06:39 un dérèglement dans notre société, accéléré par les réseaux sociaux
06:42 qui créent des meutes et suppriment l'autorité.
06:44 Alors encore une fois, le paradoxe de ce concept,
06:46 je ne vais pas revenir dessus en longueur,
06:48 mais c'est que le concept de décivilisation,
06:49 il y a toute une sorte d'équivoque,
06:51 c'est qu'il a été proposé par Emmanuel Macron en écho à Norbert Elias.
06:55 Mais Norbert Elias, d'abord dans sa pensée,
06:58 c'est plutôt le concept de processus de civilisation
07:01 plutôt que de décivilisation qui est présent.
07:03 Il y a un livre qui est "Les Allemands"
07:04 où il décrit quand même un petit peu cette décivilisation,
07:06 mais pour analyser une situation historique qui n'a rien à voir,
07:09 c'est-à-dire comment l'Allemagne, qui à la fin du XIXe siècle,
07:12 est un État-nation qui incarne le summum de la civilisation européenne
07:15 et de la rationalité, comment en quelques décennies,
07:17 ça tourne au totalitarisme qu'on connaît.
07:20 Et donc la décivilisation chez Norbert Elias,
07:21 ça n'a absolument rien à voir avec, si vous voulez,
07:24 des émeutes, avec des violences dans la rue populaire.
07:26 C'est au contraire plutôt une sorte, je schématise un peu,
07:29 mais de détérioration de la politisation par les élites
07:31 et par la bourgeoisie, notamment en grande partie.
07:33 Troisième partie du diagnostic d'Emmanuel Macron.
07:37 Alors là, c'est assez intéressant.
07:39 C'est que c'est un Emmanuel Macron qui semble avoir renié
07:41 le côté Nouveau Monde de 2017, le côté progressiste,
07:45 l'idéologie progressiste et le côté un peu pensée printemps.
07:48 Et donc là, les journalistes du Figaro Magazine soulignent
07:51 que c'est un Emmanuel Macron qui critique une société post-moderne,
07:56 qui a un regard très, très critique sur les réseaux sociaux.
07:59 Et les journalistes soulignent d'ailleurs que c'est en contradiction
08:01 avec son portrait officiel où il était représenté
08:03 avec deux smartphones sur son bureau.
08:06 Et que même, il a une forme de regret, de nostalgie
08:08 pour ce qu'il appelle les structures qui rassuraient,
08:10 notamment la famille et les religions.
08:13 Donc là, on a manifestement un regard qui est très conservateur,
08:16 voire plus, sur l'état actuel de la société française.
08:19 Et le dernier élément que j'ai trouvé assez intéressant,
08:22 c'est qu'Emmanuel Macron, dans cet entretien,
08:23 revient sur le reproche qu'on lui a beaucoup fait,
08:25 qu'on lui fait beaucoup, qui est le reproche du mépris.
08:27 Et il dit qu'il le nie totalement,
08:29 qu'il estime qu'il a des défauts, mais pas celui-ci.
08:31 Et l'interprétation qu'il donne, c'est qu'il dit en fait,
08:34 ce reproche, il vient du fait qu'on est dans une société
08:36 de consumérisme politique,
08:38 une société où chacun est victime de choses
08:41 et ce qu'il vit est irréductible, irreprésentable et donc intraitable.
08:44 Et à partir de là, quelqu'un qui ne rentrerait pas
08:46 dans ce rapport à une souffrance irreprésentable
08:48 serait perçu comme méprisant, ce qu'il récuse.
08:50 Donc il a aussi une critique derrière,
08:52 d'une forme d'individualisme total,
08:54 qui atteindrait même la politique
08:57 et la manière d'envisager l'action politique.
08:59 Donc ça, c'est le constat qu'il fait,
09:00 éventuellement les excuses qu'il se donne,
09:02 est-ce qu'il avance des solutions ?
09:04 Alors, sur les solutions, encore une fois,
09:05 il y a quatre éléments que j'ai trouvés intéressants.
09:08 Le premier, c'est qu'il justifie le fait
09:10 qu'il a voulu prendre du temps avant de réagir.
09:13 Et il dit, j'ai voulu prendre du temps,
09:14 cette formule est assez incroyable,
09:16 il dit, parce que je ne voulais pas choisir mon camp.
09:18 Et quand il y a eu les émeutes, rappelle-t-il,
09:21 parmi les analyses et donc les solutions préconisées,
09:24 il y avait, si vous voulez, on l'a vu dans le débat public,
09:27 deux types de solutions un peu caricaturales,
09:29 comme ça, qui s'affrontaient de manière monolithique.
09:31 Une première analyse consistant à dire,
09:33 la cause des émeutes est purement sociale,
09:36 famille monoparentale, taux de chômage
09:37 dans certains quartiers, etc.
09:39 Et donc la solution, c'est d'augmenter
09:40 les aides sociales aux familles, etc.
09:42 Et une deuxième, entre guillemets,
09:45 grille de lecture, consistant à dire, non,
09:47 la cause de ces émeutes est, entre guillemets, morale.
09:50 Et donc la solution, c'est la justice,
09:52 la responsabilisation, la punition.
09:54 Et Emmanuel Macron dit, je n'avais pas envie
09:56 de choisir entre ces deux types de solutions.
09:59 Et donc, dans cette logique-là, il dit littéralement,
10:03 il reprend l'expression de "et en même temps",
10:04 qu'on lui connaît, je reviendrai dessus tout à l'heure
10:06 un peu plus en longueur, mais il dit,
10:08 on doit accompagner ces familles, les familles des émeutiers,
10:10 donner plus de moyens, mieux les préparer,
10:12 et en même temps, les responsabiliser
10:14 avec des politiques de sanctions, en supprimant,
10:17 mais sans supprimer les allocations familiales, justement.
10:20 Et donc, si vous voulez, là-dessus,
10:22 il y a clairement, premier élément de solution,
10:25 c'est de dire, je garde la ligne historique,
10:27 du macronisme historique, le "et en même temps",
10:29 et je reprends, en fait, les analyses.
10:31 C'est vraiment ça, c'est reprendre les diagnostics
10:33 des deux camps et dire qu'il va reprendre
10:35 les solutions des deux camps.
10:36 On verra comment ça se passera, mais voilà.
10:38 Deuxième élément de solution, c'est assez intéressant,
10:40 il avait fait une interview à la télévision récemment,
10:43 où il avait dit que la solution face aux émeutes,
10:45 c'était l'ordre, l'ordre, l'ordre.
10:47 Et alors, pareil, vous voyez,
10:48 donc ça, c'est une phrase quand même qui est très droitière,
10:50 et d'ailleurs, ça a été perçu comme tel par la société.
10:52 Les oppositions ont dénoncé le fait qu'Emmanuel Macron
10:55 était uniquement dans une réponse répressive.
10:57 C'est vrai qu'il y a eu beaucoup de comparutions immédiates
10:59 très sévères après les émeutes,
11:01 et que donc, il envisageait de ne pas penser
11:02 à l'aspect global, social, etc.
11:05 Et là, Emmanuel Macron, dans cet entretien,
11:06 il réinterprète complètement cette notion d'ordre,
11:09 en disant, non, mais quand je parle d'ordre,
11:11 ça ne se réduit pas à sa pointe immergée,
11:13 la police et la justice,
11:14 mais quand je parle d'ordre,
11:15 je vise la confiance dans les institutions,
11:17 et donc, je désigne aussi l'ordre dans la parole publique,
11:20 l'autorité à l'école, l'autorité, etc.,
11:23 presque peut-être dans la santé,
11:25 enfin là, ce n'est pas écrié,
11:26 mais c'est un peu, c'est l'idée, si vous voulez.
11:27 Et donc là, encore une fois,
11:29 il y avait une prise de parole qui était très droitière,
11:31 et là, qu'il est en train, si vous voulez, de déplacer,
11:33 pour dire, non, l'ordre, ça doit être une sorte de prisme
11:35 de fonctionnement global des institutions.
11:37 Et donc, ça ne désigne plus vraiment
11:38 ce qu'on appelle le concept stricto sensu d'ordre.
11:41 Troisième élément,
11:43 ce que dit Emmanuel Macron,
11:45 c'est qu'il reconnaît une sorte d'échec personnel,
11:48 politique et global de la société française
11:50 par rapport à sa promesse originelle de 2017,
11:52 qui était de réconcilier la France.
11:54 Le soir de sa victoire à l'élection présidentielle en 2017,
11:56 il dit que son objet,
11:58 ce sera de faire en sorte que cinq ans plus tard,
12:00 les gens n'aient plus envie de voter pour Marine Le Pen,
12:02 ou votent moins, qu'il y ait moins de souffrance,
12:03 qu'il y ait moins de clivage, qu'il y ait moins de division,
12:04 et il reconnaît, enfin, il faudrait vraiment être aveugle
12:08 pour ne pas le reconnaître,
12:08 mais que la réconciliation des Français n'a pas eu lieu depuis 2017.
12:13 Ce n'est peut-être pas de la faute d'ailleurs
12:14 que d'Emmanuel Macron,
12:15 c'est peut-être un phénomène global,
12:16 et qu'au contraire, la division s'est accentuée.
12:18 Et donc là-dessus, il dit,
12:19 moi j'aimerais qu'on change de paradigme,
12:20 qu'on passe du vivre ensemble au faire nation.
12:23 Et il dit, dans les quatre années qui viennent,
12:25 je suis dans une logique extrêmement volontariste,
12:28 où je vais essayer de reconstruire le faire nation.
12:30 Dans un entretien à la revue Le Grand Continent,
12:32 il avait dit que tout son enjeu aussi,
12:34 c'était d'essayer de faire en sorte de réhabiliter
12:36 le modèle Westphalien,
12:37 donc old school entre guillemets de la nation,
12:38 à l'époque de la mondialisation.
12:40 Donc c'est exactement ce qu'il dit.
12:41 Et donc, cerise sur le gâteau de l'entretien,
12:43 c'est qu'il dit qu'à la fin du mois d'août,
12:45 il y aura, de sa part, une initiative politique d'ampleur
12:48 qui refondera le pays.
12:49 Donc on ne sait pas exactement ce que c'est,
12:51 mais il annonce vraiment quelque chose,
12:52 pour faire une annonce de cette nature,
12:53 c'est que manifestement,
12:55 en tout cas il entend le présenter
12:56 comme quelque chose de très important
12:57 pour refonder la nation.
12:59 On verra ça à la rentrée sans doute.
13:01 Vous voulez donc revenir...
13:03 Pardon ?
13:03 Le suspens est à son tour.
13:04 Le suspens, finalement, il faut un peu le teasing.
13:06 Ça va être un grand débat, un immense débat,
13:08 ou un giga débat.
13:09 On verra ça.
13:10 Nathan, vous vouliez revenir sur cette
13:13 non-volonté du président de choisir son camp.
13:15 Comment vous interprétez cette phrase ?
13:16 Oui, je voulais revenir là-dessus,
13:18 parce que finalement, quand Emmanuel Macron dit
13:20 "je ne choisis pas mon camp",
13:22 ça réactive tout de suite les critiques
13:24 qu'on fait à Emmanuel Macron depuis le 2017,
13:25 et même avant, c'est la critique du "et" en même temps.
13:27 Et l'autre fois, je ne sais plus si c'était avec Paul,
13:29 mais on discutait et on se disait,
13:31 c'est vrai quand même qu'il y a une forme
13:32 de paresse intellectuelle dans cette critique
13:35 qui est répétée systématiquement contre le macronisme.
13:37 Et dès lors qu'Emmanuel Macron s'exprime
13:39 et qu'il essaye d'avoir une pensée nuancée,
13:41 qui n'est pas, si vous voulez, ancrée
13:43 dans un bloc idéologique unique,
13:44 les gens vont dire "oh là là, c'est toujours
13:45 la même chose avec Emmanuel Macron,
13:47 c'est du "et" en même temps,
13:48 il dit une chose et son contraire, etc."
13:49 J'aimerais essayer de proposer une critique
13:51 moins, je dirais, moins automatique
13:53 de ce "et" en même temps.
13:54 Parce que quand même, fondamentalement,
13:55 il y a quelque chose d'intéressant
13:57 dans le modèle du "et" en même temps,
13:58 qui est d'estimer que ce qui paralyse,
14:00 voire ce qui contamine le débat public,
14:02 c'est que vous avez des gens qui arrivent,
14:03 chacun avec leur stock de vérités,
14:05 en fonction de leur chapelle idéologique,
14:07 de gauche, de droite, peu importe,
14:08 que quels que soient les événements,
14:09 ils vont les analyser en se disant
14:11 "l'événement prouve que ça me donne raison,
14:13 moi qui suis de gauche, moi qui suis de droite,
14:15 moi qui suis du centre, j'ai toujours dit ça."
14:16 Et finalement, quand il y a un événement,
14:17 quel qu'il soit, que ce soit une épidémie,
14:19 que ce soit un attentat, que ce soit des émeutes,
14:21 les analyses dans le débat public,
14:23 que ce soit de la part des intellectuels,
14:24 des éditorialistes et des politiques,
14:26 consiste souvent à dire "mais regardez,
14:27 ça prouve que ça fait dix ans que je dis la même chose,
14:29 il fallait m'écouter, sinon ce ne serait pas arrivé."
14:31 Et finalement, il y a quand même,
14:32 dans la promesse initiale du macronisme,
14:35 de dire "on va faire du en même temps",
14:36 c'est de dire peut-être qu'il y a de l'intelligence
14:38 de tous les côtés, et qu'il faut surtout sortir
14:40 de cette logique-là.
14:41 Alors, ça ne veut pas dire que je fais l'apologie
14:43 du en même temps pour autant.
14:44 Mais déjà, revenir sur une chose.
14:45 - Vous faites du en même temps aussi,
14:47 ça veut dire ?
14:48 - Je vais essayer de...
14:49 - Du en même temps, du en même temps.
14:51 - De distinguer deux types de "en même temps".
14:53 Premièrement, il y a quand même une chose
14:54 qui est un peu trouble, c'est qu'en 2017,
14:57 quand il a présenté le "en même temps",
14:58 il y avait une forme d'ambiguïté totale.
15:00 C'est que si on reprend toutes les interviews,
15:02 là ce que je faisais tout à l'heure,
15:04 on ne pouvait pas savoir exactement
15:05 où se positionnait Emmanuel Macron.
15:06 Parfois il disait "je suis de gauche,
15:08 mais j'accueille la droite",
15:09 parfois il disait "je suis de gauche et de droite",
15:12 "je suis conservateur et progressiste",
15:14 "je ne suis ni de gauche ni de droite",
15:16 et si on fait la somme, déjà, de toutes les déclarations,
15:17 rien que d'Emmanuel Macron, et ensuite des macronistes,
15:20 on ne comprend pas où se situent les "en même temps".
15:22 Et justement, c'est ça peut-être qui est intéressant
15:24 dans cette démarche-là,
15:25 c'est que la gauche et la droite,
15:26 ça n'a apparu quand en France ?
15:27 Ça a apparu le 11 septembre 1789,
15:30 lors d'une séance à l'Assemblée des Constituantes,
15:32 on débat des modalités du véto royal,
15:35 et donc vous avez tous les représentants de la nation
15:37 qui sont dans l'Assemblée Constituante, dans la salle,
15:40 et puis ils sont divisés,
15:41 et puis ils décident de donner une représentation spatiale
15:44 à leur division.
15:45 Donc tout simplement, les gens qui étaient pour
15:47 le fait qu'il y ait un véto royal se sont mis à droite,
15:49 mais ils auraient pu se mettre à gauche,
15:49 il n'y a pas un sens d'ailleurs sémantique
15:51 entre la droite et le fait d'être conservateur
15:53 ou attaché à la monarchie,
15:54 et les autres se sont mis à gauche.
15:56 Et donc à partir de là, c'est vrai que ça a ouvert
15:58 une vision de la politique qui était clivée, binaire,
16:01 qui correspond sans doute à une réalité historique
16:03 de la Révolution française et à d'autres réalités,
16:05 mais que l'idée de remettre en question
16:07 cette idée qu'une décision politique,
16:09 ça doit être toujours sur un partage binaire,
16:11 je trouve ça intéressant.
16:12 Mais j'arrive à la critique,
16:13 parce que j'ai quand même une critique dure en même temps,
16:15 c'est qu'à mon avis, il y a deux modalités dures.
16:17 Une première modalité qui est,
16:19 que j'appellerais une modalité, entre guillemets,
16:21 adaptative.
16:22 C'est-à-dire que le « et » en même temps
16:24 consisterait à dire,
16:25 moi, Président de la République,
16:26 je refuse de trancher la question idéologique,
16:29 la pensée complexe, c'est juste un refus de penser,
16:32 et donc je vais piocher un peu partout,
16:34 en faisant plaisir à tout le monde,
16:35 en séduisant tous les camps politiques,
16:36 et surtout, en allant m'adapter
16:39 aux camps politiques proportionnellement
16:41 à leur poids dans les sondages.
16:42 Donc si la droite est forte dans les sondages,
16:43 je vais prendre plus d'idées, etc.
16:46 Ça, c'est un modèle où le « et » en même temps,
16:47 c'est l'autre nom d'une forme d'électoralisme,
16:49 de dépolitisation, de managerialisation de la politique,
16:52 et donc de vide, l'air du néant,
16:53 comme disaient certains journalistes du monde.
16:55 En même temps, enfin, en revanche,
16:57 il y a une deuxième modalité du « et » en même temps,
16:59 ce que j'appellerais le « et » en même temps de l'émergence.
17:01 Ça, c'est une modalité, on pourrait dire,
17:03 en quelque sorte gaullienne,
17:04 qui est d'estimer que quand, dans une société,
17:07 il y a deux perspectives qui sont en conflit,
17:09 ce qu'il faut faire, c'est pas seulement
17:10 aller par syncrétisme,
17:12 dire un peu à tout le monde que chacun a raison,
17:14 mais c'est d'essayer de trouver une modalité
17:15 de dépassement de ce conflit.
17:17 Ça veut dire de trouver un paradigme supérieur,
17:19 qui soit pas seulement une sorte de pot pourri
17:21 de toutes les opinions qu'on peut entendre
17:23 dans le marché des opinions,
17:25 mais qui soit au contraire, si vous voulez,
17:26 une prise de hauteur.
17:27 Et si, donc je finirais sur une question
17:30 pour pas être dans l'affirmation,
17:32 mais si, on verra ce que va annoncer
17:34 Emmanuel Macron fin août.
17:35 Si Emmanuel Macron, ce qu'il annonce,
17:37 c'est en gros le melting pot
17:40 des propositions politiques qu'on entend ici et là,
17:42 ce sera de l'électoralisme.
17:43 Si en revanche, c'est un projet de faire nation,
17:44 un projet émergent, alors peut-être,
17:46 ce serait un... et en même temps,
17:48 qui serait intéressant.
17:50 Très dense, très riche, cette édito.
17:52 Non, je suis d'accord.
17:52 Et bavard le Nathan Devers.
17:54 Désolé.
17:54 Oh là là !
17:55 Oh là là, oui, il a vu le compteur.
17:57 Attention, je vous fais pas réagir,
17:58 mais si on enchaîne avec l'édito de...
17:59 On meurt tous d'envie de réagir
18:01 à la question rhétorique finale.
18:02 Eh ben, vous avez quatre heures,
18:04 on prépare une copie, on corrige la semaine prochaine.
18:06 J'ai juste un tout petit désaccord,
18:07 c'est quand Nathan dit que c'est que le hasard
18:11 qui a séparé la gauche et la droite.
18:13 Moi, j'aime, à me plaire à l'idée quand même,
18:14 que la gauche est la sinistra en latin,
18:16 que la gauche est du côté du sinistre.
18:18 Mais enfin, c'est ma petite consolation
18:20 étymologique personnelle.
18:21 On vous donnera le sujet à traiter
18:22 une autre fois, peut-être, Paul Sugil.
18:23 Il y a un bien idéologique dans l'analyse de points.
18:25 Je... non, non.
18:26 Autre question ce soir.
18:27 Qui n'a pas donné un peu d'argent, déjà,
18:29 en ligne pour l'anniversaire d'un parent
18:30 ou le pot de départ d'un collègue ?
18:32 Litchi, GoFundMe, Lydia,
18:34 de plus en plus de Français
18:35 se sont habitués à utiliser ces sites
18:37 de cagnottes en ligne.
18:39 Mais de plus en plus,
18:40 ces cagnottes sont aussi devenues
18:41 un outil politique.
18:42 On l'a vu après la mort de Naël.
18:44 Il y a une sorte de compétition
18:45 un peu gênante, on peut le dire,
18:47 entre la cagnotte lancée pour soutenir
18:48 la famille de l'adolescent
18:49 et celle en faveur du policier
18:51 auteur du tir.
18:51 Et plus récemment, on a vu se créer
18:53 des cagnottes en faveur d'Eddy,
18:54 le jeune matin, par un tir de flashball
18:56 à Marseille et une autre en face
18:57 pour les policiers, le policier de la BAC
18:59 mis en examen.
19:00 Sommes-nous donc, Paul Sugil,
19:01 entrés dans l'ère de la démocratie
19:03 des cagnottes ?
19:04 Oui, la question en tout cas
19:05 que vous posez est légitime.
19:06 C'est normal, c'est moi qui vous l'ai suggéré.
19:09 Il ne faut pas tout dire.
19:10 L'ère des cagnottes,
19:12 je crois que le terme montre bien
19:14 effectivement cette forme un petit peu,
19:16 on va dire, nouvelle de participation
19:18 politique qui consiste à donner
19:21 un peu d'argent pour une cause
19:22 sans non plus rentrer dans
19:24 les manifestations habituelles
19:26 de l'engagement politique,
19:27 que sont la manifestation,
19:28 l'engagement partisan au sein
19:30 d'un organisme militant,
19:31 d'un syndicat, d'un parti, etc.
19:33 Donc, c'est une forme de participation
19:34 soft, si vous voulez, à distance
19:37 que l'on peut faire depuis chez soi,
19:38 sur le canapé, avec quelques
19:40 coups de pouce sur l'écran
19:42 de son smartphone.
19:43 Alors, ce n'est pas complètement nouveau.
19:44 D'ailleurs, on avait vu au moment
19:45 des Gilets jaunes, ce même genre
19:47 de cagnottes se produire.
19:48 Rappelez-vous, c'était en faveur
19:49 du boxeur Christophe Détingé,
19:51 qui avait frappé des policiers
19:53 et qu'un certain nombre de soutiens
19:55 des Gilets jaunes avaient voulu
19:56 soutenir financièrement par une
19:57 cagnotte qui avait finalement
19:58 d'ailleurs été fermée par la justice.
20:00 Ce qui est le point commun,
20:02 si vous voulez, entre les cagnottes
20:03 pour les Gilets jaunes ou les cagnottes
20:04 pour les policiers, que ce soit
20:06 dans la fin de Noël ou dans
20:07 celle d'Eddy, c'est qu'on voit bien
20:09 que c'est une participation
20:10 politique qui émerge de la base
20:12 et qu'elle est une forme de
20:13 représentation plébiscitée
20:15 par des personnes qui ont le
20:17 sentiment de n'être justement pas
20:18 suffisamment représentées dans le
20:20 débat politique.
20:21 C'est très lié au fond, au principe
20:23 des grassroots movements.
20:24 Et d'ailleurs, beaucoup de gens
20:25 l'ont dit. J'ai ma collègue
20:27 Elisabeth Pierson, qui a fait un
20:28 papier passionnant dans Le Figaro,
20:29 que je vous recommande, dans lequel
20:31 elle essaie de faire parler
20:32 justement les quelques 85
20:34 ou 86 000 personnes qui ont donné
20:36 à la cagnotte pour le policier
20:37 hauteur du tir mortel sur Naël.
20:39 Et donc, beaucoup d'entre eux lui
20:40 confient ça, lui disent nous sommes
20:42 d'une forme de majorité silencieuse
20:44 dont la voix n'a pas été
20:44 suffisamment portée au cours du
20:46 débat qui a suivi sur les violences
20:48 policières. Je vous en cite
20:49 quelques-uns.
20:50 Quelqu'un lui dit ça, c'est le
20:52 référendum, la cagnotte, c'est le
20:54 référendum qu'on n'a pas voulu
20:55 nous faire faire.
20:56 Un autre lui dit c'est la seule
20:58 voix qu'il nous reste.
20:59 Et un dernier confie encore,
21:01 c'est un appel à nos politiques
21:03 de réagir.
21:04 On voit d'ailleurs une forme de
21:05 critique aussi larvée contre un
21:07 certain nombre de représentants
21:08 politiques à droite qui,
21:09 et bien de l'avis de ces donateurs
21:10 ont été peut-être trop timorés
21:12 dans leur soutien aux policiers.
21:14 Et de fait, on le comprend, c'était
21:15 un sujet qui était miné pour les
21:17 politiques, mais sur lequel les
21:18 Français, eux, qui n'ont pas de
21:19 compte à rendre à des électeurs,
21:21 depuis leur canapé, encore une fois,
21:22 avaient eux un avis très tranché.
21:23 On l'a vu dans les sondages
21:25 d'opinion qui ont été faits, avec
21:26 une nette majorité d'ailleurs qui
21:27 se dégageait si on demandait aux
21:29 Français de choisir un camp, ce
21:30 à quoi Emmanuel Macron lui-même
21:32 s'est refusé.
21:32 Et bien, eux, choisissaient
21:34 majoritairement le camp du
21:35 policier.
21:36 Bon, c'est pas complètement nouveau
21:37 quand même.
21:38 C'est plutôt le truchement de la
21:39 technologie et de ces plateformes
21:41 en ligne qui permet maintenant
21:42 d'envisager la cagnotte comme un
21:44 outil inédit.
21:45 Mais en réalité, ça rejoint la
21:46 longue tradition des pétitions.
21:48 Une cagnotte, c'est une pétition
21:49 où on signe avec un chèque.
21:51 Mais il y avait déjà aussi les
21:52 caisses de grève qui, d'une
21:54 autre manière, mais un peu dans le
21:55 même style, manifestaient la
21:56 solidarité de particuliers
21:59 restés chez eux, c'est-à-dire ne
21:59 participant pas directement à un
22:01 mouvement de contestation, mais
22:02 avec ceux exposés au premier plan
22:04 de la contestation politique.
22:06 D'ailleurs, intéressant, il y a un
22:07 débat qui entoure la question des
22:08 cagnottes et des caisses de
22:10 grève, un débat qui existe au
22:12 sein de la communauté des
22:12 politistes, personnes qui
22:13 réfléchissent au sens de la
22:14 participation politique, à savoir
22:16 si c'est un geste d'engagement ou
22:18 au contraire, un geste paresseux.
22:20 Parce que finalement, la caisse
22:21 de grève, c'est dire "battez-vous
22:23 à ma place, moi, je vous soutiens,
22:25 mais je ne fais pas moi-même
22:26 grève, je reste à distance".
22:28 Bon, c'est soit effectivement une
22:29 forme de démission politique qui
22:31 consiste un peu comme un passager
22:32 clandestin à faire porter à
22:34 d'autres la responsabilité de
22:35 défendre des droits qui ensuite
22:36 vont être pour tout le monde,
22:38 soit une autre manière de voir
22:39 aussi les choses.
22:40 C'est par exemple, pour le cas
22:41 des caisses de grève, une manière
22:43 de dire "je ne peux pas moi-même
22:44 faire grève parce que je suis
22:45 retraité, parce que je suis au
22:46 chômage, parce que d'une manière
22:48 ou d'une autre, je ne peux pas
22:48 moi-même me battre, mais je suis
22:50 solidaire et votre combat est le
22:51 mien". Bon, il y a ce débat-là qui
22:53 existe, cette ambivalence.
22:54 On a donné la parole dans cet
22:55 article d'Elisabeth Pierson, le
22:57 figaro, à Jérôme Fourquet,
22:59 qui a souvent une parole
23:00 intéressante quand il s'agit
23:01 d'analyser le renouvellement de
23:03 la participation politique et qui
23:05 dit, je le cite, "il y a un côté
23:07 téléton dans cette séquence où
23:09 chacun des camps s'est mobilisé
23:10 pour faire gagner à l'applaudimètre
23:12 sa cause, l'applaudimètre étant
23:14 ici le nombre d'euros collectés
23:15 en un délai record.
23:17 C'est une manière de se compter,
23:18 de dire "regardez comme nous sommes
23:19 nombreux". Il y a effectivement un
23:21 petit peu de ça.
23:22 Ce que l'on voit aussi, c'est la
23:23 façon dont le buzz, l'émergence
23:25 justement de ces cagnottes sur les
23:27 réseaux sociaux en un temps record
23:29 permet de très, très rapidement
23:30 se faire un avis sur une cause
23:32 précise. C'est beaucoup plus
23:33 facile de dire "je suis pour
23:35 Nahel" ou "je suis pour le
23:36 policier" ou "je suis pour un tel
23:37 ou un tel". C'est beaucoup de
23:38 cagnottes qui concernent des
23:39 causes précises, la cause animale,
23:41 etc. C'est beaucoup plus facile
23:43 que d'avoir une réflexion plus
23:44 profonde et de dire "j'adhère à
23:46 la ligne de telle ou telle partie,
23:47 j'adhère à telle ou telle
23:48 idéologie". Là, on n'a pas à
23:50 assembler des idées entre elles.
23:51 C'est une cause ponctuelle,
23:53 ce qui peut nous faire dire aussi
23:55 que par l'aspect peu coûteux,
23:57 finalement assez simpliste, de
23:59 la participation à une cagnotte,
24:00 est-ce que ce n'est pas une forme
24:02 d'engagement politique de
24:03 seconde zone, un engagement un
24:05 petit peu dilué ?
24:06 Ça fait partie aussi du débat, au
24:07 fond, un engagement à la fois
24:08 spontané, hors cadre, mais en
24:10 même temps moins fort que celui
24:12 de l'attachement à la politique
24:13 partisane, on va dire plus
24:14 traditionnel.
24:15 Alors, j'ai d'autres questions à
24:16 vous poser, mais vous savez quoi ?
24:17 Je vais vous les poser après la
24:18 publicité, puisqu'il est déjà
24:19 l'heure de faire une petite pause.
24:20 Mais on continue l'édito de Paul
24:22 Sujit juste après. Je demanderai
24:23 aux deux suivants de peut-être
24:24 faire un tout petit peu plus
24:25 court que prévu.
24:26 A tout de suite.
24:27 On reprend cette édito sur le
24:31 succès des cagnottes.
24:33 Alors, si on vous a bien suivi
24:34 avant la publicité, Paul, vous
24:36 liez le succès de ces cagnottes
24:37 finalement au désintérêt
24:40 à la démocratie et aux campagnes
24:42 électorales ?
24:43 On peut le penser parce que ce
24:44 qui est vrai, c'est qu'effectivement,
24:45 il y a une baisse année après année
24:46 de la participation politique.
24:47 Et en même temps, il y a le
24:48 succès de ces cagnottes, encore
24:49 une fois, qui passent complètement
24:50 en dessous des radars de la vie
24:51 politique traditionnelle pour
24:53 permettre une expression directe,
24:54 populaire et, je dirais,
24:56 immédiate, c'est-à-dire sans être
24:57 interceptée par le
24:59 personnel traditionnel de la vie
25:00 politique.
25:01 Alors, on peut le penser, c'est
25:03 tentant.
25:04 Ce qui est vrai, c'est qu'effectivement,
25:05 ça permet de pousser un coup de
25:06 gueule rapide quand on est un
25:07 citoyen, je dirais, entre guillemets,
25:09 ordinaire.
25:10 Et c'est moins coûteux que, eh
25:12 bien, d'aller à un meeting, d'aller
25:13 à une manifestation.
25:15 Maintenant, je crois qu'il faut
25:16 aussi prendre ça, si vous voulez,
25:17 comme un avertissement qui nous est
25:19 donné par le
25:20 sentiment qu'ont de nombreux
25:21 Français de ne pas pouvoir voir
25:23 leurs idées clairement et
25:24 fidèlement représentées par le
25:25 personnel politique.
25:26 C'est-à-dire que c'est une manière
25:27 de dire, eh bien, intéressez-vous
25:29 à ce que l'on pense vraiment et pas
25:31 simplement à vos lubies,
25:33 vous d'en haut.
25:33 Et en l'occurrence, en ce qui
25:35 concerne que ce soit la question des
25:36 violences policières d'un côté
25:38 ou de la protection de ceux qui
25:40 agissent pour l'ordre de l'autre,
25:42 eh bien, l'un et l'autre
25:44 camp avaient le sentiment que, au
25:45 fond, leur avis n'était pas
25:46 suffisamment pris en compte.
25:48 Ce qui est assez intéressant, c'est
25:49 que, évidemment, le politique face
25:50 à ça, lui, réagit avec les
25:52 outils qu'il a et notamment, il
25:53 veut tout réglementer.
25:54 C'est ce qui est en train de se
25:55 passer. Il y a deux députés,
25:56 Stéphane Vogeta et Arthur de la
25:57 Porte, qui se posent déjà la
25:59 question de savoir comment mieux
26:00 réglementer ces cagnottes
26:01 utilisées dans un but politique.
26:03 Alors, ils le font dans deux
26:05 sens, un qui me paraît légitime,
26:06 l'autre qui me paraît beaucoup
26:06 plus dangereux.
26:07 Première chose qu'ils demandent,
26:08 c'est une transparence absolue.
26:09 C'est normal.
26:10 Des dons de particuliers vont être
26:12 utilisés, souvent des petits dons.
26:14 Par exemple, la moyenne, c'était
26:14 20 euros sur la cagnotte en faveur
26:16 du policier qui a tiré sur Naël.
26:18 Des dons, certains, sont plus
26:19 importants, mais ça montre que
26:20 c'est souvent des dons modestes
26:21 de personnes qui veulent exprimer
26:23 un petit signe.
26:24 Mais en tous les cas, si ce sont
26:25 des dons des particuliers, il faut
26:26 qu'ils soient utilisés dans les
26:27 conditions les plus transparentes
26:28 possibles.
26:29 Ce n'est pas toujours le cas.
26:30 Par exemple, quand des
26:31 influenceurs lancent un peu
26:32 activement des cagnottes, ça a
26:33 été relevé par le passé.
26:35 On ne sait pas toujours très bien
26:35 ce qu'on en fait après.
26:36 Bon, l'autre chose, en revanche,
26:38 là, je m'inquiète un peu plus,
26:38 c'est quand ces mêmes élus qui
26:40 se sont penchés sur ces cagnottes
26:41 disent qu'il faut que
26:42 l'utilisation des dons soit
26:44 réglementée, c'est-à-dire qu'on
26:45 ne puisse pas les utiliser pour
26:46 n'importe quoi et en particulier
26:47 qu'on ne puisse pas les utiliser
26:49 pour des causes qui promeuvent,
26:50 je ne sais quoi, la haine ou je
26:51 ne sais quoi.
26:52 La volonté de vouloir réglementer
26:54 le cadre des causes politiques
26:57 qui peuvent ou non faire l'objet
26:58 de cagnottes, à mon avis,
27:00 méconnaît le principe même de
27:01 ces cagnottes qui sont une
27:02 manière de dire "vous ne vous
27:03 intéressez pas suffisamment à
27:05 nos sujets".
27:06 Voilà. Donc, c'est pour ça que je
27:07 me béfie de cette tentation
27:08 immédiate et quasiment automatique
27:09 de l'Assemblée nationale de
27:10 vouloir de nouveau tout
27:11 réglementer.
27:12 En tous les cas, ces cagnottes
27:14 s'imposent comme un fait
27:14 politique.
27:15 Je crois qu'elles envoient, à mon
27:16 avis, un avertissement à nos
27:18 élus, à ceux qui nous représentent.
27:20 Et je crois qu'on n'a pas
27:21 effectivement fini d'entendre
27:22 parler sur telle ou telle cause
27:23 très émotionnelle de ces
27:25 cagnottes qui, en fait,
27:26 manifeste simplement le fait que
27:27 l'opinion, eh bien, prend acte de
27:29 l'émotion, la ressent et veut
27:31 l'exprimer à son tour.
27:33 Avez-vous déjà participé à ces
27:34 cagnottes, messieurs ?
27:36 Pour des...
27:37 Quelles qu'elles soient.
27:38 Pour des points de départ.
27:39 Pas des causes politiques.
27:40 Mais jamais pour des causes...
27:42 Non.
27:42 Pas politiques.
27:43 Des cagnottes pour le patrimoine,
27:44 par exemple, ça, vous avez
27:45 participé.
27:46 Pourquoi pas ?
27:47 Puisque... Très bien, on y vient
27:48 alors. La sauvegarde du
27:49 patrimoine historique et
27:50 culturel, d'ailleurs français,
27:51 c'est d'ailleurs une question
27:51 qu'on aborde souvent sur ce
27:53 plateau.
27:54 Vous avez souhaité y revenir,
27:55 Paul Melun, ce soir, à
27:56 l'occasion de la déconstruction
27:58 d'une église de Mayenne, un
28:00 édifice devenu trop fragile et
28:02 comme dans de nombreux autres
28:03 cas, que la Commune n'a pas les
28:05 moyens de rénover.
28:06 Tout à fait.
28:07 Alors, vous savez qu'effectivement,
28:08 la question du patrimoine est
28:09 une question qui me tient beaucoup
28:10 à cœur et une fois n'est pas
28:12 coutume, je vais vous parler
28:12 aujourd'hui de notre patrimoine
28:14 cultuel. Notre patrimoine
28:15 religieux est très important en
28:16 France. On le sait, il y a des
28:17 milliers et des milliers d'églises
28:18 en France. Alors, ce lundi, dans
28:20 une petite Commune, il y a un peu
28:22 plus de 2000 habitants de la
28:23 Mayenne, vous en parliez, les
28:24 cloches de l'église Saint-Cornel
28:26 et Saint-Cyprien, donc c'était la
28:27 Baconière, qui est cette petite
28:29 Commune, ont sonné pour la
28:30 dernière fois.
28:30 Donc, c'est une histoire assez
28:32 triste que je vous raconte,
28:33 puisque finalement, faute du
28:35 budget nécessaire, eh bien, la
28:36 mairie a décidé de procéder à la
28:39 démolition de cette église sur un
28:42 parvis où il y avait plusieurs
28:44 dizaines d'habitants, même plus
28:46 d'une centaine d'habitants de la
28:47 Commune qui étaient là,
28:48 rassemblés pour, eh bien, dire ce
28:49 dernier adieu à leur église.
28:52 Église qui s'était imposée comme
28:53 faisant partie de leur paysage,
28:54 comme prolongeant, eh bien,
28:56 l'étoile d'oiseau des Maisons du
28:58 Bourg et cette église qu'ils ont
28:59 toujours connue, puisqu'elle est
29:01 là depuis 150 ans, eh bien, a
29:03 aujourd'hui été détruite.
29:05 Alors, effectivement, c'est une
29:06 église qui a été construite en
29:07 1864 et qui a été
29:10 édifiée sur elle-même.
29:11 Et c'est là que l'histoire est
29:12 parfois facétieuse, qui a été
29:14 elle-même construite et
29:15 réaménagée sur les bases d'une
29:16 église bien plus ancienne, comme
29:18 c'était souvent le cas avec les
29:19 églises du 19e siècle, pour
29:21 faire face, vous savez, à la
29:22 population de la paroisse qui
29:23 s'accroissait.
29:24 Par conséquent, il fallait un
29:24 lieu de culte plus grand pour
29:26 accueillir les paroissiens.
29:26 On était à l'époque sur une
29:28 période de plus forte expansion
29:29 du christianisme qu'aujourd'hui.
29:30 C'est aussi, d'ailleurs, j'y
29:31 reviendrai, une des leçons de
29:32 cette démolition.
29:33 Et donc, c'est la raison pour
29:34 laquelle on avait reconstruit
29:35 cette église, une église de
29:36 style néo-roman.
29:38 Vous savez, le roman, c'est
29:39 ces arches arrondies.
29:40 Eh bien là, on a refait ce style
29:42 là à une période qui, bien sûr,
29:43 n'a plus grand chose à voir avec
29:45 l'art roman primitif.
29:46 Des sculptures de la façade sont
29:48 assez remarquables.
29:49 Et puis, il y a 14 verrières qui
29:50 sont répertoriées dans l'inventaire
29:52 régional.
29:53 Contrairement à une idée reçue
29:54 qu'on pourrait avoir sur les
29:55 églises du 19e siècle, c'est une
29:57 église qui n'est pas dénuée d'un
29:58 certain intérêt patrimonial,
30:00 architectural ou artistique.
30:02 On dit souvent beaucoup de mal des
30:03 églises du 19e siècle.
30:05 Effectivement, ça fait partie,
30:06 vous savez, de ces églises qu'on
30:07 a, à tort ou à raison, moi je dis
30:09 plutôt à tort, considérées comme
30:10 étant banales dans les villages.
30:12 Il y en a beaucoup en France et
30:13 donc, ça pose une question très
30:15 importante à laquelle je vais
30:16 revenir.
30:17 Effectivement, les habitants, eux,
30:19 ont commenté de façon assez
30:21 impuissante.
30:22 Ils ont fait part de leur
30:23 tristesse.
30:23 C'est vos confrères de TF1
30:25 qui ont fait un reportage dans
30:26 lequel ils ont pu être
30:28 interrogés. Beaucoup d'entre eux
30:29 ont eu ces mots.
30:29 Certains ont dit, une dame a dit
30:31 "c'est beaucoup de souvenirs,
30:32 c'est triste".
30:33 Et elle avait même les yeux
30:34 larmoyants, cette dame.
30:35 Le maire lui-même a déclaré
30:36 "j'ai un sentiment de
30:37 culpabilité.
30:39 Quand on arrive à ce point final,
30:40 c'est tout de même dommageable".
30:41 Donc, même le maire et son
30:43 conseil municipal ont plutôt eu
30:45 cet acte, vous voyez, d'une forme
30:46 d'impuissance publique face à
30:48 l'ampleur des restaurations.
30:49 En plus, il y avait une tempête,
30:50 donc ça avait fragilisé
30:51 l'édifice, ça charpente.
30:52 Mais il n'y a en aucun cas,
30:54 si vous voulez, de volonté.
30:55 Donc, il ne faut pas ici
30:55 stigmatiser le maire et son
30:56 conseil municipal, qui
30:57 probablement ont fait tout ce
30:58 qui était dans leur pouvoir
30:59 pour conserver l'édifice,
31:00 mais malheureusement,
31:01 n'ont pas pu.
31:02 L'édifice, d'ailleurs, était
31:03 fermé au public depuis 2014.
31:05 Il était devenu trop fragile
31:07 et il fallait une somme
31:08 importante pour une commune
31:09 d'un peu moins de 3 000 habitants,
31:10 il fallait 7 millions d'euros
31:11 pour restaurer cette église.
31:13 Donc, quand on connaît les budgets
31:14 de nos collectivités territoriales,
31:15 d'évidence, 7 millions d'euros,
31:17 c'était très important.
31:18 Ce sont des cas qui sont très
31:19 répandus, malheureusement,
31:20 en France.
31:21 Il y a plus de 5 000 églises
31:22 qui sont dans un état de délabrement
31:24 avancé aujourd'hui en France.
31:25 C'est pour ça qu'on en parle
31:26 aussi régulièrement.
31:27 Est-ce que vous êtes en train
31:28 de nous dire qu'on ne pouvait pas
31:29 éviter cette démolition ?
31:31 Eh bien, en tout cas,
31:32 la mairie ne pouvait pas l'éviter,
31:34 c'est-à-dire que la mairie
31:35 n'avait pas les moyens
31:35 financiers d'agir.
31:37 Alors, on parlait tout à l'heure
31:38 des cagnottes.
31:38 On aurait peut-être pu songer
31:39 à une campagne de crowdfunding
31:40 de cagnottes.
31:41 Il y en a beaucoup.
31:42 Moi qui suis beaucoup
31:43 les dossiers sur le patrimoine,
31:44 il y a énormément de Français
31:45 qui se mobilisent,
31:46 beaucoup d'associations,
31:47 beaucoup de gens qui donnent
31:48 de leur temps, de leur argent,
31:49 y compris des bourses modestes.
31:50 Donc, tout ce genre de projets
31:52 peuvent être faits.
31:53 Mais là, il s'agissait
31:53 de 7 millions d'euros.
31:54 C'est très important.
31:55 Je pense que si on avait voulu
31:56 sauver cette église,
31:57 c'est plutôt du côté de l'État
31:58 et du ministère de la Culture
32:00 qu'il faudrait regarder.
32:01 Effectivement, c'est plutôt
32:02 à l'État qu'il vient de revenir
32:04 sur les périls imminents
32:05 pour ce type de bâtiment.
32:06 Moi, je crois que l'État
32:08 est frileux sur ce type de bâtiment.
32:10 D'abord, pour une absence
32:10 de volonté politique.
32:12 Vous savez, c'était
32:13 Roselyne Bachelot,
32:13 qui c'était notre ancienne
32:14 ministre de la Culture,
32:15 qui s'était un peu trahi
32:17 après avoir quitté ses fonctions
32:18 et qui avait admis trouver
32:20 finalement peu intéressants
32:21 ces édifices du 19e siècle.
32:22 Elle expliquait elle-même
32:24 le patrimoine culturel
32:25 du 19e siècle
32:26 n'a pas grand intérêt.
32:27 Oui, évidemment,
32:28 moi, j'avais fait des bons de cabri
32:29 en entendant cette déclaration
32:30 que je trouve absolument dingue.
32:31 Mais effectivement,
32:32 ça révèle là aussi en haut lieu,
32:35 parmi cette haute fonction publique,
32:36 parfois bien arrogante,
32:37 un mépris souverain
32:38 pour les territoires ruraux,
32:40 pour les petites églises,
32:41 pour le petit patrimoine rural,
32:42 se disant après tout,
32:43 ces gens-là, on leur met
32:44 quelques éoliennes
32:44 et c'est bien comme ça.
32:45 Eh bien non, le patrimoine,
32:47 y compris du 19e siècle,
32:48 a du sens.
32:48 Et quand on regarde,
32:50 quand on fait le parallèle
32:50 entre ces 7 millions d'euros,
32:52 qui, bien sûr,
32:52 pour une bourse normale,
32:53 sont énormes,
32:54 mais à l'échelle du budget
32:55 du ministère de la Culture,
32:56 pour information,
32:57 c'est 11 milliards d'euros,
32:59 le budget pour le ministère
33:00 de la Culture.
33:00 Et je ne vous ferai pas le compte,
33:02 mais effectivement,
33:03 ce n'est pas le patrimoine
33:04 qui coûte le plus cher.
33:05 Pour exemple,
33:06 le loto du patrimoine
33:07 dont on a énormément parlé,
33:08 Stéphane Bern,
33:09 c'est 20 millions d'euros.
33:10 20 millions d'euros
33:11 sur 11 milliards.
33:12 Donc, je pense que
33:13 pour un grand effort
33:14 et beaucoup de lobbying
33:15 qui a été fait par un travail
33:16 qui est assez remarquable
33:16 de Stéphane Bern
33:17 auprès du président,
33:18 on pourrait entendre
33:19 un peu plus que ces 20 millions
33:20 d'euros pour le loto du patrimoine,
33:21 sachant qu'il y a
33:22 énormément de besoins.
33:23 Donc, je pense qu'il faut
33:24 effectivement augmenter
33:25 le budget alloué
33:26 au patrimoine monumental.
33:27 Il y a une vraie urgence,
33:28 pas seulement pour nos églises,
33:29 aussi pour nos châteaux,
33:31 pour certaines mairies,
33:33 pour du petit patrimoine rural.
33:34 Et puis, il faut aussi augmenter
33:36 le nombre de classements
33:37 au titre des monuments historiques.
33:39 Il y a une vraie frilosité
33:40 des directions régionales
33:41 des affaires culturelles et de RAC
33:42 qui essayent de classer
33:43 de moins en moins
33:44 pour que ça coûte
33:44 un peu moins cher à l'État.
33:46 Alors même qu'on a
33:47 beaucoup de dépenses
33:47 qui sont bien inutiles
33:49 et de gabegies,
33:49 je pense que là,
33:50 il y aurait des dépenses
33:51 très importantes
33:51 sur notre patrimoine.
33:52 On va essayer d'aller
33:53 un petit peu plus loin.
33:54 Qu'est-ce que ça dit
33:55 de notre pays ?
33:56 Pourquoi nous dites-vous ce soir
33:57 qu'il est important
33:58 de sauver ces 5000 églises ?
34:00 Mais parce que c'est consubstantiel
34:01 de notre histoire,
34:02 de notre identité.
34:03 Historiquement, la France
34:04 est un des premiers pays du monde,
34:06 un des pays du monde
34:06 parmi les premiers
34:07 à vraiment se soucier
34:09 de son patrimoine.
34:09 C'est très tôt.
34:11 Dès la Révolution française,
34:12 on commence à s'interroger,
34:13 à mettre en place
34:14 des inventaires, etc.
34:15 C'est tout à fait français.
34:16 Si, par exemple,
34:17 vous voyagez à Hong Kong,
34:19 vous allez voir le siège
34:20 des grandes banques hongkongaises.
34:21 Elles ont été écroulées,
34:23 démolies et reconstruites
34:24 trois ou quatre fois
34:25 en un seul siècle.
34:26 La France n'est pas du tout
34:26 sur cette tradition-là.
34:28 Nous sommes sur une tradition
34:29 de conservation.
34:30 Ensuite, ce que ça nous dit
34:31 de la France,
34:31 c'est tout de même que nous sommes
34:32 aujourd'hui la septième
34:33 puissance mondiale.
34:34 Que la septième puissance mondiale
34:35 ne puisse pas consacrer,
34:36 là encore, 7 millions d'euros
34:38 pour sauver une église
34:39 de la démolition,
34:40 en dit long, des priorités
34:41 qui sont les nôtres.
34:42 Donc ça, ça me paraît tout de même
34:44 être aussi un problème
34:45 de volonté politique.
34:46 Et effectivement,
34:47 sauver ces 5 000 édifices,
34:49 pourquoi finalement ?
34:50 Pourquoi est-ce que,
34:51 que l'on soit croyant ou non,
34:53 l'État ferait bien de s'y attarder ?
34:55 Pour trois raisons,
34:55 à mon avis, majeures.
34:57 Par-delà l'héritage religieux
34:58 évident, l'église, je pense,
34:59 est un élément assez fondamental
35:01 qui façonne le village,
35:01 qui participe à l'image
35:03 que l'on a du village.
35:04 Le village lui-même, d'ailleurs,
35:06 découle de l'organisation
35:07 paroissiale.
35:08 C'est-à-dire que même moi,
35:08 qui suis un profond laïc,
35:09 je suis obligé de l'admettre.
35:11 Et il y avait des paroisses
35:12 bien avant d'y avoir des villages.
35:13 Il y avait 44 000 paroisses,
35:14 il y a 35 000 communes aujourd'hui.
35:15 Donc il y a même plus de paroisses
35:16 que de villages.
35:17 Donc sauver l'église,
35:18 c'est sauver le village.
35:18 Premier message.
35:20 Deuxième message,
35:21 l'église par-delà le village
35:22 est un élément fondamental
35:23 de notre identité.
35:25 La raser, c'est admettre
35:26 que cette identité, finalement,
35:27 serait périssable,
35:28 qu'elle serait dépassable.
35:29 Et quand on est attaché
35:31 à notre culture, à notre souveraineté,
35:32 ça paraît tout à fait difficile
35:34 de raisonner comme cela.
35:35 Et enfin, l'église
35:36 et plus généralement le patrimoine
35:37 sont, je crois, des éléments collectifs,
35:39 des appels à rompre
35:40 avec l'individualisme.
35:41 Et une église
35:42 est une structure collective,
35:44 que ce soit dans la pratique
35:45 de la foi, du culte,
35:46 ou que ce soit dans la pratique
35:47 de son entretien,
35:48 de la vie qu'elle peut avoir,
35:50 de la place qu'elle peut avoir
35:51 dans une commune.
35:51 Et à l'âge de l'individualisme,
35:54 à l'âge où, effectivement,
35:55 on se soucie moins des autres,
35:56 je crois que, précisément,
35:57 nous avons besoin de plus de cela
35:59 et de moins d'individualisme.
36:01 Donc, je pense qu'à l'époque
36:01 de la déconstruction
36:02 des valeurs traditionnelles,
36:03 cette démolution
36:04 est un sinistre prolongement
36:06 des périls et menaces
36:07 qui guettent nos sociétés.
36:08 Protéger, restaurer,
36:09 rebâtir nos églises, nos monuments,
36:11 c'est aussi, je crois,
36:12 résister à l'abandon de nous-mêmes,
36:13 refuser une part de l'effacement
36:15 de notre culture.
36:16 C'est beau.
36:17 Sauver l'église et sauver le village,
36:19 voilà une belle...
36:20 Maxime, c'est vrai que c'est
36:21 l'image d'Epinal,
36:22 de nos villages.
36:22 On dirait remettre l'église
36:23 au centre du village.
36:24 Oui, c'est ça.
36:25 Oui, c'est vraiment...
36:26 Remettre les choses en ordre.
36:27 Oui.
36:28 Et là, il n'y a pas que
36:29 les petites églises de village
36:30 qui sont menacées.
36:31 Je ne sais pas si vous avez vu,
36:32 mais à Saint-Sulpice,
36:32 il y a des pierres qui tombent
36:34 de la façade.
36:34 Alors, ce n'est pas anodin
36:35 parce qu'elles tombent quand même
36:36 de quasiment 30 mètres de haut.
36:37 Et à tel point que la deuxième
36:38 plus grande église de Paris,
36:39 par la taille, est aujourd'hui
36:41 quasiment en train de tomber
36:42 en ruine sous nos yeux.
36:43 Et la mairie dit oui,
36:44 mais on n'a pas assez d'argent
36:45 pour la rénover.
36:47 Et d'ailleurs, le siège
36:48 de l'évêché...
36:48 Et qui est effectivement
36:49 la cathédrale de remplacement,
36:51 en attendant que Notre-Dame soit...
36:52 Que le chantier de Notre-Dame
36:53 soit terminé.
36:53 Ce que dit aussi d'ailleurs,
36:54 et ce n'est pas inintéressant,
36:55 Aurélie Philippetti,
36:56 que j'ai eue à ce sujet,
36:57 qui est responsable
36:58 des affaires culturelles à Paris,
36:59 c'est qu'elle a demandé
37:00 que l'excédent des dons
37:01 pour reconstruire Notre-Dame
37:02 puisse être réutilisé
37:03 pour les autres églises à Paris
37:04 qui auraient besoin de travaux.
37:06 Et là, l'État a refusé.
37:08 Ça n'a pas été très malin.
37:10 Étonnant.
37:11 Rebondissement.
37:12 On franchit l'Atlantique
37:13 avec vous, Régis Le Sommier.
37:14 Rebondissement dans les affaires
37:15 judiciaires de l'ancien
37:17 président américain.
37:18 Ce matin, Donald Trump
37:19 a été inculpé une nouvelle fois,
37:22 cette fois pour complot
37:23 à l'encontre de l'État américain
37:25 et aussi atteint
37:26 aux droits électoraux.
37:28 Il est toujours en tête,
37:29 cela dit chez les Républicains.
37:30 Alors, Régis, est-ce qu'on est
37:32 en droit de se poser
37:33 franchement la question ?
37:34 Est-ce qu'il est vraiment possible
37:36 qu'il revienne au pouvoir ?
37:37 Alors, on est en droit
37:39 de se le poser, cette question.
37:40 Moi, j'ignore si Donald Trump
37:42 va pouvoir y arriver.
37:44 Je vais vous esquisser
37:45 un certain nombre de scénarios.
37:47 Je sais qu'en tout cas, lui,
37:48 il pense même très fortement,
37:50 même si aujourd'hui,
37:51 on ne peut plus savoir.
37:51 Vous savez, à une époque,
37:53 il tweetait plusieurs fois par minute.
37:56 Aujourd'hui, c'est un peu plus
37:56 difficile de savoir.
37:58 Alors, il a retrouvé
37:58 son compte Twitter,
37:59 mais il est beaucoup moins proli
38:00 que ce qu'il a été
38:01 à une certaine époque.
38:02 Son compte X, d'ailleurs.
38:03 Oui, voilà.
38:04 Devrait-on dire aujourd'hui ?
38:05 Bien sûr.
38:06 Souvenez-vous, il était 88 millions
38:08 à le suivre lorsqu'il était
38:09 au sommet de sa gloire.
38:10 Mais ça n'a pas beaucoup bougé.
38:12 En revanche, ce que vous avez
38:14 signalé, les sondages,
38:15 plusieurs sondages montrent
38:16 qu'en effet, l'ancien président
38:18 reste le plus populaire
38:19 chez les Républicains
38:20 pour la présidentielle de 2024.
38:23 Depuis qu'il a quitté la présidence,
38:24 il a quand même perdu
38:26 une petite partie de son emprise.
38:28 Mais il y a eu des personnalités
38:31 qui se sont affrontées à lui
38:32 et bien mal lui aura en appris,
38:34 puisque je pense en particulier
38:36 à Liz Cheney, qui était la fille
38:38 de l'ancien vice-président,
38:40 Dick Cheney, qui s'était
38:41 affrontée à Trump et qui a été
38:44 battue à une primaire dans le Wyoming
38:46 l'année dernière.
38:47 Ça a été aussi le cas
38:49 de Mike Pence.
38:50 Alors, Mike Pence, hier,
38:53 quand il y a eu justement
38:54 cette annonce de cette nouvelle
38:56 affaire judiciaire dont on va parler,
38:58 Pence a carrément dénoncé Trump
39:00 en l'accusant de l'avoir poussé
39:02 et avec, je cite,
39:03 "ces avocats cinglés"
39:04 à refuser les résultats
39:06 de l'élection présidentielle,
39:07 parce que c'est de ça qu'il s'agit.
39:09 Alors, le même Mike Pence,
39:11 aujourd'hui, se rêve
39:12 à se présenter à l'élection.
39:14 Voici une anecdote quand même
39:15 assez révélatrice sur les chances
39:16 qu'il aurait d'y parvenir
39:18 il y a quelques mois.
39:18 Trump et Pence se sont retrouvés
39:21 en meeting chacun à Washington, D.C.
39:24 La salle de Trump refusée du monde
39:26 et celle de Mike Pence était à moitié vide.
39:29 Donc, voilà, les autres,
39:31 Mark Rubio, Ted Cruz, Lindsey Graham,
39:34 ou encore son concurrent le plus sérieux,
39:36 le gouverneur de Floride,
39:37 qui est la star montante du parti,
39:38 Ron DeSantis,
39:39 pour l'instant se contentent
39:41 de faire de la figuration.
39:43 Alors, en France,
39:43 quand une personnalité politique
39:45 a des ennuis judiciaires,
39:46 elle devient impopulaire, mise de côté.
39:47 Ce n'est pas du tout le cas de Donald Trump.
39:49 Alors, pas du tout.
39:50 Alors, il n'a rien perdu,
39:51 ce qu'on remarque quand on analyse
39:52 un peu finement cette connexion
39:54 qu'il avait avec les Américains.
39:56 Vous savez, j'ai parlé de Twitter,
39:57 qui était autrefois l'outil de Trump
39:59 pour tisser cette relation
40:01 un peu à la manière de ce qu'avait
40:02 toujours rêvé le général De Gaulle,
40:04 le dialogue direct avec le peuple.
40:05 Et bien, Trump l'avait imposé avec Twitter.
40:07 On peut même dire, d'ailleurs,
40:08 que c'est un peu lui qui a fait Twitter
40:11 à une certaine époque.
40:12 Il avait aussi cette qualité
40:14 du milliardaire des pauvres,
40:15 la voix des revanches,
40:17 des oubliés de la mondialisation
40:18 et surtout le champion du "America first".
40:21 Aujourd'hui, il est dans une position
40:23 où il est acculé.
40:24 On va voir le détail tout de suite.
40:26 Mais il y a aussi face à lui
40:28 une popularité déclinante de Joe Biden.
40:31 Santé chancelante qu'on regarde,
40:33 nous, avec un certain étonnement,
40:36 mais qui est très grave pour les Américains.
40:39 Je rappelle que Joe Biden a annoncé
40:41 qu'il allait se représenter.
40:42 Donc, quand on voit l'accumulation
40:44 de scènes où il s'écroule
40:49 sur une estrade, où il salue une grue
40:52 du rue Chantier, on se demande
40:55 un petit peu s'il va pouvoir
40:57 déjà finir son terme.
40:59 Les difficultés aussi rencontrées
41:01 par le Parti démocrate
41:02 aux élections de mi-mandat,
41:03 même s'ils ont un peu sauvé l'immeuble.
41:05 Et surtout une affaire dont on parle
41:07 très peu en France, mais qui commence
41:08 à agiter sérieusement l'Amérique,
41:10 c'est celle qui concerne
41:11 le fils de Trump, Hunter Biden,
41:13 qui est accusé de corruption.
41:14 Je ne vais pas...
41:14 Je ferai peut-être une chronique
41:16 à un moment sur cette affaire
41:18 en particulier, parce qu'on n'en parle
41:19 pas du tout ici.
41:20 Alors, pour ce qui concerne Trump,
41:22 le problème était le seul événement
41:24 qui pouvait vraiment lui barrer la route.
41:26 C'était le fameux 6 janvier 2000,
41:30 avec l'attaque de ses partisans.
41:32 2020.
41:32 2020, pardon, contre le Capitole.
41:35 Cette enquête dépend l'avenir
41:37 politique et personnel de Donald Trump.
41:39 Alors, on est en plein dedans
41:40 dans cette enquête.
41:41 Justement, qu'est-ce qu'elle dit ?
41:43 Alors, en effet, elle accuse
41:44 Donald Trump d'avoir eu une influence
41:46 sur ces événements du Capitole,
41:48 mais surtout, et c'est là,
41:49 et vous allez voir pourquoi,
41:51 d'avoir fait pression sur des grands électeurs
41:53 dans les États pour que ceux-ci
41:55 ne valident pas les élections,
41:57 les résultats des élections
41:58 qui ont consacré la victoire de Donald Trump.
42:02 Alors, ça a été le cas en Arizona,
42:04 en Géorgie, les fameux avocats cinglés
42:07 dont parlait Donald Trump,
42:08 sont intervenus...
42:10 Mike Pence, sont intervenus.
42:11 Au Nevada, il y a des résultats
42:13 qui étaient extrêmement serrés.
42:15 L'enquête l'accuse donc de tentatives
42:17 d'inverser le résultat de l'élection
42:20 de 2020 basée sur le grand mensonge,
42:22 c'est-à-dire qu'il aurait fait croire
42:24 que cette élection allait être truquée
42:25 et que s'il perdait,
42:27 il était victime d'une fraude.
42:29 Je rappelle que cette accusation
42:31 est très grave.
42:32 Il était, à l'époque,
42:34 c'est la grande différence
42:36 avec les deux autres affaires,
42:37 vous savez, qui le concernent,
42:39 celle où il avait été payé
42:41 une prostituée pour qu'elle se taise,
42:44 là, il n'était pas encore président,
42:46 et celle qui concerne les documents
42:48 du FBI, là, il n'était plus président.
42:50 Donc celle-ci est plus grave.
42:51 Là, il était président.
42:52 Elle était en effet plus grave.
42:54 Et sur la question de, justement,
42:57 des soupçons que Joe Biden
43:00 aurait manipulés, les choses, etc.
43:02 Il faut rappeler que deux tiers
43:04 des partisans, et ça, c'est encore
43:05 un sondage incroyable,
43:06 deux tiers des partisans de Trump
43:08 pensent que l'élection leur a été volée
43:10 encore aujourd'hui.
43:11 Donc, cette affaire du capital,
43:14 elle est très grave.
43:15 Elle est très grave, mais elle n'est pas...
43:17 Et c'est là où la question du droit
43:19 aux États-Unis est très importante.
43:21 Elle ne peut pas aller,
43:22 elle est difficilement prouvable.
43:24 À l'époque, une vidéo,
43:25 je ne sais pas si vous vous souvenez,
43:26 Donald Trump l'avait montrée
43:28 appelant ses partisans à rentrer chez eux.
43:30 Donc, il est infiniment difficile
43:32 de lier personnellement Donald Trump
43:35 et l'insurrection, en tout cas,
43:36 de le prouver devant la justice.
43:38 En revanche, les enquêteurs
43:41 et le procureur connaissent parfaitement
43:43 la fragilité de ce cas.
43:44 En revanche, les pressions exercées
43:46 par Trump et ses avocats
43:48 sur les grands électeurs,
43:49 là, elles sont bien réelles.
43:50 Elles constituent une infraction
43:51 au regard de la loi américaine.
43:53 L'acte de 45 pages fait notamment
43:56 état d'un projet criminel
43:57 et lui reproche d'avoir sapé
43:59 les fondements de la démocratie américaine.
44:00 Donc là, on est sur du très, très lourd.
44:03 Les autres, bon, il y avait eu,
44:04 oui, en effet, la perquisition en Floride.
44:08 Mais vous savez, Trump n'est jamais
44:10 aussi bon que dans l'adversité.
44:12 Quand il avait été perquisitionné
44:14 en Floride, j'ai noté ce qu'il avait dit
44:17 à l'époque. Il avait dit
44:18 "Notre nation vit des jours sombres.
44:20 Ma belle demeure, Mar-a-Lago,
44:23 à Palm Beach en Floride, est assiégée
44:26 et elle a été perquisitionnée
44:28 et occupée par de nombreux agents du FBI."
44:30 Alors, nous, le FBI, ça va.
44:31 Mais les Américains détestent le FBI.
44:33 Ça représente l'État central
44:35 qui vient s'immiscer dans leurs affaires.
44:37 Donc ça, ça marche très, très bien.
44:38 Et Trump n'est jamais aussi bon
44:40 quand il est comme ça.
44:41 Il avait terminé, il avait conclu
44:43 son discours par "ils ont même
44:47 forcé mon coffre-fort".
44:48 Non, ça, ça doit parler aux Amériques.
44:51 Exactement.
44:52 Mais il connaît tout.
44:53 Il connaît tout.
44:54 Et voilà.
44:54 Alors, il y a quand même
44:57 juste un problème, c'est que bon,
44:58 il est embourbé dans ses affaires
45:00 et on est sur des frais de justice,
45:02 évidemment.
45:03 Et on est aux États-Unis
45:04 où ça coûte bien plus cher qu'ailleurs.
45:06 Exactement, Barbara.
45:08 Ça pourrait compliquer son retour.
45:10 L'ex-président, il brasse
45:11 énormément d'argent.
45:12 Son comité de levée de fonds
45:13 a levé 54 millions de dollars
45:15 au cours du premier semestre de l'année.
45:17 Donc il surclasse tous ses rivaux.
45:18 Vous savez, plus on lève d'argent
45:19 aux États-Unis, plus on a des chances
45:21 d'être élu.
45:21 Mais son trésor de guerre est menacé.
45:23 Ses affaires, c'est autant de frais
45:25 d'avocats qui ne sont pas dépensés
45:26 dans les spots publicitaires, etc.
45:28 Il ne lui reste que 4 millions de dollars
45:30 à la fin juin.
45:32 Donc, on ne sait pas s'il pourra
45:34 se refaire.
45:35 Alors, je conclurai ses affaires
45:37 en disant, par la phrase,
45:39 une phrase que j'aime beaucoup
45:41 sur le phénomène médiatique
45:42 aux États-Unis, on dit
45:43 "No such thing as bad publicity".
45:45 C'est-à-dire, en fait, ça veut dire
45:47 "ça n'existe pas".
45:49 Le mauvais buzz, ça n'existe pas.
45:51 À partir du moment où votre tête
45:52 est à la télé, à partir du moment
45:54 où on parle de vous, c'est bon,
45:55 ça compte.
45:56 Et Trump, lui, là-dedans,
45:58 il maîtrise l'art de la provocation,
45:59 ça, on le sait.
46:01 Il adore cette image de persécuté
46:03 et il l'utilise à merveille.
46:05 En fait, il comprend.
46:06 Et c'est là où il est quand même
46:07 extrêmement moderne.
46:08 Il n'est pas le seul.
46:09 On a des gens comme Sandrine Rousseau,
46:11 des gens qui arrivent à se placer
46:13 au cœur du débat.
46:14 Et lui, il est très bon là-dedans
46:16 pour se placer au cœur du débat,
46:18 monopoliser, faire que tous les
46:19 thèmes tournent autour de lui
46:20 et occulte, du coup,
46:21 complètement les autres.
46:23 Chaque démêlée judiciaire,
46:24 en effet, lui donne raison
46:26 puisque ça provoque un afflux
46:27 de sympathie pour lui.
46:29 Lui-même a assuré hier
46:30 n'avoir jamais reçu autant de soutien
46:32 depuis sa mise en accusation.
46:33 Mais alors, est-ce que cela suffira-t-il ?
46:36 Peut-être pas.
46:37 Ce n'est pas du tout d'être populaire.
46:39 On est aux États-Unis,
46:40 il y a la loi.
46:41 Rendez-vous en avril prochain.
46:43 À l'issue de ce troisième procès,
46:45 on saura s'il pourra ou non
46:47 se présenter à l'élection.
46:48 Comment faites-vous pour savoir
46:49 qu'il ne restait que 4 millions
46:50 sur son compte en banque ?
46:51 Vous êtes un peu du FBI aussi ?
46:52 Je suis un peu du FBI.
46:53 Il a ses entrées,
46:54 je me suis assommé à sa fonction.
46:56 Un mot peut-être sur le personnage.
46:58 C'est vrai, Donald Trump,
46:58 qui nous fascine, qui nous...
47:01 Moi, ce que je trouve assez déconcertant
47:03 et assez fascinant avec Donald Trump
47:05 d'année en année,
47:06 c'est que j'ai l'impression
47:07 qu'il doit une bonne partie
47:08 de son succès.
47:09 Et ça a été très justement
47:10 rappelé par Régis,
47:11 par le fait qu'il a perçu le pouls
47:14 d'une Amérique, en tout cas,
47:15 à laquelle la politique ne parle plus
47:16 depuis fort longtemps.
47:18 Et partant de là,
47:19 il pourrait y avoir sur lui
47:20 un rouleau compresseur
47:21 d'affaires judiciaires.
47:22 Il pourrait lui-même être coupable
47:23 de je ne sais quoi,
47:24 je ne sais quelle malversation,
47:26 magouille, affaire sexuelle,
47:27 que sais-je.
47:28 Du moment qu'il a capté
47:30 ce pouls du pays
47:31 et qu'effectivement,
47:32 il parle à cette Amérique-là
47:33 en partie déclassée,
47:35 il arrivera à se relever
47:36 de tous les périls
47:37 parce que ses concurrents
47:38 républicains ne parviennent pas
47:40 à avoir cette ligne directe
47:41 avec le peuple américain
47:42 que je crois, Trump a réussi à avoir.
47:43 Ce qui était très étonnant,
47:44 c'est qu'il avait réussi
47:45 à recréer des électeurs,
47:46 c'est-à-dire des gens
47:48 qui étaient complètement,
47:49 qui ne votaient plus aux Etats-Unis.
47:51 A reconvaincre peut-être, recréer,
47:53 on a l'impression qu'il a faussé
47:54 les listes électorales.
47:56 Et c'était un vrai phénomène
47:57 avec des millions de personnes.
47:59 Ce n'est pas simplement
48:01 quelques personnes
48:02 qu'il a convaincus à la marge.
48:04 Ce qui est aussi intéressant
48:05 avec Donald Trump,
48:06 c'est que c'est un personnage
48:06 qui est insubmersible.
48:08 C'est-à-dire qu'un homme politique
48:10 normal ferait le dixième,
48:12 le millième de ce que fait
48:13 Donald Trump, ce serait
48:14 une mort politique immédiate.
48:15 Il avait dit une fois
48:16 en conférence de presse,
48:17 cette phrase qui est très juste,
48:18 il avait dit "je pourrais aller
48:19 sur la cinquième avenue
48:20 et tuer au revolver un passant,
48:22 je ne perdrai pas un pourcent".
48:24 Et en fait, le moment,
48:25 moi je me souviens même,
48:26 personnellement, le moment
48:27 où je me suis dit que Donald Trump,
48:28 il y avait quand même quelque chose
48:29 de très atypique,
48:30 d'un point de vue même politique,
48:31 en dehors du contenu de ses idées,
48:33 c'est quand il y a eu la phrase,
48:35 vous savez, sur qu'il attrapait
48:36 les femmes, on s'en souvient
48:38 de cette vulgarité.
48:39 Et c'est vrai que là,
48:40 tout le monde spontanément,
48:41 notamment aux États-Unis,
48:42 avait dit "bon, Donald Trump,
48:43 c'est fini, on oublie".
48:45 Et juste après, il avait fait
48:47 son débat face à Hillary Clinton
48:49 et il avait gagné le débat
48:50 en réagissant à cette phrase
48:53 de manière stratégiquement
48:55 archi-violente sur Hillary Clinton,
48:56 notamment avec des accusations
48:57 sur son mari.
48:58 Et il était sorti finalement
48:59 gagnant de cette séquence,
49:00 qui était normalement la séquence
49:01 dont personne ne sort gagnant.
49:02 Et c'est vrai que si on prend
49:03 toute la vie politique de Trump
49:05 depuis cette période,
49:07 tous les moments qui normalement
49:08 tueraient n'importe quel
49:09 homme politique, eh bien lui,
49:11 paradoxalement, ça a pour effet,
49:12 sinon, de le renforcer,
49:13 du moins en tout cas,
49:14 de ne pas l'atteindre.
49:14 Paul Suger, vous n'aviez pas
49:15 l'air d'accord.
49:16 Non, avec ce que disait Paul,
49:17 simplement parce que je crois
49:19 que ce que vous disiez tout à l'heure,
49:20 Paul, sur Trump, qui a compris
49:22 effectivement ce que, au fond,
49:24 l'Amérique profonde a envie
49:25 d'entendre, je crois que c'était
49:26 vrai lorsqu'il s'est présenté
49:27 pour la première fois dans les suffrages.
49:29 Il me semble que la différence
49:30 maintenant et l'effet
49:32 de ce que dit Nathan
49:33 sur, effectivement,
49:34 cet homme politique insubmersible,
49:35 c'est qu'à présent, il ne parle
49:36 plus des Américains,
49:37 il parle plus que de lui.
49:38 C'est-à-dire que s'il y a,
49:40 si sous ces temps, son discours,
49:41 c'était de parler aux Américains
49:44 et de leur parler des Américains,
49:45 de leur parler d'eux,
49:46 maintenant, il leur dit
49:48 une bataille s'est engagée
49:50 à mort contre moi.
49:52 Soyez dans mon camp, sauvez-moi.
49:54 Oui, mais sur les mêmes bases.
49:55 Mais sur les mêmes bases, Paul.
49:56 Non, mais c'est quand même,
49:57 oui, mais c'est quand même,
49:58 en mettant en scène quand même,
50:00 il utilise une forme de cavail.
50:01 Il va véhiculer la même idéologie.
50:03 Il va plus loin.
50:04 Je pense qu'au contraire,
50:05 il va plus loin.
50:05 Il s'attaque directement
50:07 à ce qu'il appelle l'État-propos.
50:09 Il veut changer l'État-propos
50:11 au niveau de la politique
50:11 étrangère américaine.
50:13 Aussi, ce n'était pas le cas
50:14 même pendant qu'il était président.
50:16 Là, il a un discours qui est
50:17 carrément...
50:17 Il flatte même le cœur
50:18 de son électorat du début.
50:20 De l'électorat convaincu
50:21 et très, très radical.
50:23 Qu'il le flatte, j'entends bien.
50:24 Simplement, ce que je dis,
50:25 c'est qu'il le fait en grossissant
50:27 sans cesse l'importance
50:28 que prend sa personnalité
50:29 dans son discours.
50:30 Il parle de moins en moins
50:31 d'autres choses que de lui-même.
50:32 Oui, c'est vrai.
50:33 Allez, une dernière question
50:34 pour Paul Melin.
50:35 Avez-vous rêvé en fond...
50:36 On part des États-Unis,
50:37 on va bien plus loin.
50:37 Avez-vous rêvé en fond
50:38 de marcher sur la Lune ?
50:39 Oui, j'étais un lecteur de Tintin.
50:40 C'était Objectif Lune, bien sûr.
50:42 Qui explique peut-être
50:42 pourquoi vous avez choisi
50:44 de nous parler de conquête spatiale.
50:45 Aujourd'hui, on a appris
50:46 que la NASA avait perdu le contact
50:47 avec l'une de ces sondes lancées
50:49 il y a 46 ans,
50:50 mais je n'en dis pas plus.
50:51 Je vous laisse nous emmener
50:52 dans les étoiles.
50:53 Oui, on va aller dans les étoiles
50:54 ensemble, Barbara.
50:55 Mais si vous voulez,
50:56 on va même bien plus loin
50:56 que la Lune.
50:57 Là, on parle de 19,9 milliards
51:00 de kilomètres de la Terre
51:02 et de la sonde Voyager 2,
51:03 qui a été envoyée dans l'espace
51:04 en 1977.
51:06 Donc, c'était il y a 46 ans.
51:08 Donc, effectivement,
51:09 cette sonde, elle a fait
51:10 un sacré voyage que je vais essayer
51:11 de vous conter ici un peu rapidement.
51:12 Mais pourquoi en parle-t-on ce soir ?
51:14 Parce que le contact a été perdu
51:16 avec la Terre.
51:17 Alors, la NASA a expliqué pourquoi
51:18 dans un communiqué.
51:19 Donc, les commandes envoyées
51:20 le 21 juillet ont, par inadvertance,
51:22 fait pointer l'antenne 2 degrés
51:24 à l'écart de la Terre.
51:25 Par conséquent, la communication
51:27 de données a été interrompue,
51:28 mais elle devrait être rétablie
51:30 avec une manœuvre
51:30 de réorientation automatique.
51:32 Cette manœuvre, par contre,
51:33 il va falloir attendre un peu
51:34 parce qu'elle n'aura lieu qu'en octobre,
51:35 nous dit la NASA.
51:37 Mais pour s'assurer que le vaisseau
51:38 soit en vie et opérationnel,
51:40 un réseau international d'antennes,
51:42 le Deep Space Network,
51:44 a permis de détecter
51:46 le pouls de la sonde
51:47 et ainsi de confirmer
51:48 le bon état du vaisseau.
51:50 Donc, rassurons-nous,
51:51 naturellement, il n'y a personne
51:51 à bord de ce vaisseau,
51:52 je rassure nos téléspectateurs,
51:53 mais en tout cas, le vaisseau,
51:54 lui, continue son voyage extraordinaire.
51:56 Alors, il a quitté en 2018
51:59 la bulle protectrice du Soleil,
52:01 appelée l'héliosphère,
52:02 pour entrer dans l'espace
52:03 interstellaire, ce qui est le cas,
52:05 je vais y revenir, de très peu,
52:06 finalement, de sondes
52:07 qui aient été envoyées.
52:08 Alors, c'est un voyage
52:09 absolument fabuleux
52:10 parce qu'avant de quitter
52:11 le système solaire,
52:13 elle a été la seule sonde
52:14 à avoir réalisé un survol
52:16 d'Uranus et de Neptune.
52:18 Donc, c'est une sonde
52:18 qui emporte des enregistrements,
52:20 des sons d'images de la Terre
52:21 sur des plaques en or et en cuivre.
52:23 Et alors, cette sonde,
52:24 eh bien, elle aura une fin.
52:26 Vers 2025, à priori,
52:27 il est probable qu'on ne puisse
52:28 plus transmettre que de faibles
52:29 messages radios.
52:30 La sonde devrait alors avoir
52:32 fonctionné entre 48 et 50 ans
52:35 et elle partira vers d'autres cieux.
52:37 Est-ce qu'elle est la seule
52:38 dans ce cosmos intergalactique ?
52:40 Alors, il y en a eu beaucoup.
52:42 Entre le début de l'ère spatiale,
52:44 donc c'est 1958 et 2020,
52:46 il y a eu près de 300 sondes
52:47 qui ont été envoyées,
52:49 près de 300 engins spatiaux
52:50 qui ont été lancés dans le but
52:52 d'explorer le système solaire.
52:54 Mais aujourd'hui, effectivement,
52:55 on voit que seules cinq sondes
52:57 ont effectivement quitté
52:58 le système solaire comme voyageurs.
52:59 Là, on parle de Voyageur 2,
53:00 mais il y a aussi Voyageur 1
53:01 qui a suivi, peu ou prou,
53:03 la même trajectoire.
53:05 La NASA, dans une note
53:06 publique récente,
53:07 a donné aussi les détails
53:09 de ses grands projets d'exploration.
53:11 Donc là, ça nous donne un peu
53:12 de visibilité sur ce qui se prépare
53:14 dans les années à venir.
53:15 Alors, il s'agirait pour la NASA
53:16 d'explorer la Lune, une fois encore,
53:18 et d'explorer Mars
53:21 et de mettre en place, si vous voulez,
53:22 tout l'aéropage technique,
53:23 technologique pour y parvenir.
53:25 C'est un chantier absolument immense.
53:27 Alors, il s'agit de créer
53:28 un réseau de transport
53:29 entre la Terre
53:30 et différentes bases spatiales.
53:32 Là, on est au-delà même
53:33 des transports de Madame Hidalgo.
53:34 Là, on passe à la catégorie supérieure,
53:36 n'est-ce pas ?
53:37 Et le but serait vraiment d'acheminer
53:39 en grosse quantité du matériel
53:41 qui serait nécessaire
53:43 à la construction d'un avant-poste.
53:44 Cet avant-poste, il serait permanent
53:46 et il serait sur la Lune.
53:47 Donc là, on est vraiment,
53:48 vous voyez, dans les films
53:49 de science-fiction,
53:49 tel qu'on les imaginait jadis.
53:51 Et même, alors là, tenez-vous bien,
53:52 de construire un réseau électrique
53:54 sur la Lune qui permettrait
53:56 que cette base soit autosuffisante
53:58 en production électrique.
53:59 On voit à quel point
53:59 c'est important sur Terre.
54:01 Bien sûr, sur la Lune,
54:01 ça l'est encore plus.
54:03 Je crains qu'on n'ait pas le temps
54:04 de le voir dans notre existence.
54:06 Ne soyez pas pessimiste comme ça, Barbara.
54:08 Non, attendez.
54:08 En plus, vous êtes jeune.
54:09 On a toute la vie pour voir ça.
54:10 Bon, et alors, je vais vous parler
54:11 un peu de Mars aussi.
54:13 Oui, parce que ça rappelle
54:14 un projet d'Elon Musk aussi.
54:15 C'est ces histoires de base
54:17 sur notre planète.
54:18 Oui, il est question de voir
54:19 comment est-ce qu'on peut aussi
54:20 faire cela sur Mars.
54:21 Alors Mars, donc la NASA,
54:22 souhaite créer un réseau
54:23 de communication avec la Terre
54:24 pour y implanter
54:25 un réseau d'infrastructures
54:26 qui serait un peu minimum, essentiel,
54:28 et ainsi générer une forme
54:30 d'autonomie des astronautes
54:31 une fois qu'on les enverrait là-bas.
54:33 Donc ça, c'est un projet qui est immense
54:34 et qui est encore bien plus complexe,
54:35 bien sûr, que la Lune.
54:36 Alors, a priori, c'est quand même
54:37 pas pour tout de suite.
54:38 Effectivement, Elon Musk, lui,
54:39 avait prévu les premiers humains
54:41 sur Mars en 2030.
54:42 Bon, a priori, je vous donne
54:44 un scoop ce soir,
54:45 on n'y sera manifestement pas.
54:47 La réalité semble plutôt
54:48 lui donner tort.
54:49 Et la NASA veut d'abord
54:50 mener à bien la mission Artemis,
54:51 cette fameuse mission, justement,
54:53 qui vise à mettre en place
54:54 des séjours sur la Lune
54:56 pour les astronautes.
54:57 Il s'agirait qu'ils puissent,
54:58 d'ici 2027, avoir un lieu
55:00 qui permettrait de les accueillir
55:02 sur la Lune.
55:03 Alors pour ce qui est de Mars,
55:04 pour le moment, c'est plutôt,
55:05 vous savez, ces rovers
55:06 Curiosity et Perseverance
55:07 qui doivent d'abord effectuer
55:08 leur prélèvement sur la planète rouge
55:10 pour pouvoir veiller à ce qu'un jour
55:11 l'homme puisse y aller.
55:12 Il nous reste deux minutes,
55:13 alors j'ai envie d'ouvrir le débat
55:14 sur cette conquête spatiale.
55:15 Jusqu'où l'homme ira-t-il ?
55:18 On peut aller très loin, là,
55:18 vu les projets.
55:19 Tout à fait, c'est toute la question.
55:21 Alors on assiste à un mouvement
55:22 qui est tout à fait paradoxal,
55:23 Barbara, parce qu'en même temps,
55:25 vous avez des acteurs privés
55:26 qui viennent appuyer les ambitions
55:28 des agences spatiales,
55:29 SpaceX, etc.,
55:30 qui investissent fortement,
55:31 qui parlent de tourisme spatial.
55:32 Et dans le même temps,
55:33 il y a un mouvement intellectuel
55:34 que j'aimerais ici aussi
55:35 vous soumettre, qui va totalement
55:37 en rebours de cela,
55:38 qui est un mouvement dans lequel
55:39 on dit qu'il faut déconstruire
55:40 le mythe de la conquête spatiale.
55:42 J'ai même lu des papiers
55:43 sur des sites écolos
55:44 qui expliquent que non,
55:45 que ce n'est pas écologique,
55:46 que ces rêves-là sont un peu fous
55:48 et que finalement, ils s'apparenteraient
55:49 à une forme d'impérialisme humain
55:51 qu'il conviendrait d'arrêter.
55:53 Et donc, cette question
55:54 que je vous soumets, c'est de se dire
55:55 "Eh bien oui, est-ce que finalement,
55:56 la conquête spatiale
55:57 est une forme de, comment dirais-je,
55:59 d'horizon pour l'humanité,
56:01 maintenant que nous avons
56:02 ces sociétés aussi moins religieuses
56:03 en Occident, ou alors est-ce que
56:05 tout ça est amené à s'éteindre ?"
56:07 Élément de réponse ?
56:08 Le slogan qu'on entend souvent
56:09 dans les écologistes,
56:11 notamment C. Greta Thunberg,
56:12 il le répétait souvent,
56:12 "There is no planet B",
56:13 il n'y a pas de deuxième planète.
56:15 C'était censé être un constat
56:16 qui devait nous amener au réalisme,
56:17 c'est-à-dire, il n'y a pas
56:18 d'autre solution, on est obligé
56:19 de prendre soin de la Terre,
56:20 c'est le seul endroit
56:21 qui nous sera habitable.
56:22 On a l'impression maintenant
56:23 que ça devient une injonction,
56:24 c'est-à-dire, il ne doit pas
56:26 y avoir de planète B
56:27 parce que cela nous ouvrirait
56:28 des perspectives inimaginables
56:30 de progrès, de développement
56:31 et donc encore plus
56:32 de consommation de ressources.
56:33 Alors que la science-fiction,
56:34 depuis longtemps, explorait
56:35 l'idée qu'on puisse partir
56:39 de la Terre parce qu'elle est
56:40 devenue invivable.
56:40 Ça, c'est des scénarios
56:41 qui ont existé depuis très longtemps.
56:43 Nathan, prêt à partir sur Mars ?
56:45 Écoutez, non.
56:46 J'espère qu'il y aura des éoliennes
56:48 à aller sur la Lune.
56:49 Ah non, voilà !
56:50 La découverte de l'espace
56:52 et la conquête spatiale,
56:53 le vertige que ça suscite,
56:55 qui est découvert en fait
56:56 depuis l'héliocentrisme,
56:58 mais surtout depuis qu'on sait
56:59 qu'on peut y aller,
57:00 c'est que ça supprime
57:01 toute distinction,
57:03 tout privilège ontologique
57:04 de l'être humain
57:05 et qu'on est en train de découvrir
57:06 qu'on n'est en fait rien
57:07 et que finalement,
57:07 ce qu'il faudra repenser,
57:08 c'est normal que ça puisse
57:09 susciter des réactions
57:11 un peu impérialistes,
57:12 de vouloir au contraire
57:13 montrer que par la science,
57:14 parce que c'est nous
57:15 qui l'avons découvert,
57:16 nous réaffirmons un privilège
57:18 qu'on a perdu par l'objet
57:19 de la découverte.
57:20 Tout l'enjeu, ce sera de penser
57:21 un propre de l'humain
57:22 qui ne soit pas, si vous voulez,
57:23 sur la base de projections
57:25 métaphysiques.
57:25 Allez, on a de quoi
57:27 Merci, messieurs,
57:28 d'avoir suscité ces pensées.
57:30 Je vous laisse en compagnie
57:31 d'Eliott Deval et de Laure Despros.
57:32 Deux, bonne soirée à tous.
57:33 ...