• il y a 2 ans
Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h

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00:00 Bonsoir à toutes et à tous, il est 19h sur CNews, vous êtes bien dans Fastin l'info,
00:05 été, 19h, c'est le moment de faire un point sur les principales informations du jour,
00:10 et c'est avec Adrien Spiteri, bonsoir Adrien.
00:12 Bonsoir C.Y.A. et bonsoir à tous, Vladimir Poutine salue la contribution d'Evgeny Prigojine à l'offensive en Ukraine.
00:21 Le président russe s'est exprimé sur la mort du patron de Wagner hier dans le crash d'un avion.
00:26 Il a présenté ses condoléances, le chef du Kremlin promet, je cite,
00:30 "de mener l'enquête jusqu'au bout pour comprendre les circonstances du crash".
00:34 Gérald Darmanin annonce un renforcement de la sécurité à Nîmes,
00:38 une nouvelle équipe de la CRS 8 sera envoyée sur place, annonce le ministre de l'Intérieur.
00:43 Dans le quartier Pizvin, un homme de 18 ans a été abattu sur un point de dille tôt ce matin.
00:48 C'est dans ce même quartier qu'un enfant de 10 ans est mort dans la nuit de lundi à mardi,
00:52 victime collatérale d'une fusillade.
00:55 Et puis l'épisode caniculaire bientôt terminé.
00:58 En France, la vigilance rouge sera levée demain à 6h pour les 17 départements concernés.
01:03 Les températures vont redescendre après avoir atteint un pic hier.
01:07 La journée de mercredi a été la plus chaude enregistrée après un 15 août dans le pays.
01:13 Merci beaucoup Adrien Spiteri.
01:17 Et pour m'accompagner ce soir dans Face à l'Info été, c'est Linn Pina, essayiste.
01:21 Merci beaucoup d'être avec nous.
01:23 Alexandre Devecchio, journaliste au Figaro, merci beaucoup d'être avec nous.
01:27 Merci.
01:28 Et Jonathan Cixous, journaliste à Causer.
01:30 Bonsoir.
01:31 Bonsoir, merci d'être avec nous.
01:32 Merci.
01:33 Aujourd'hui, vous sortez justement un livre, "Vivre en ville".
01:36 Nous en parlerons à la fin de cette émission.
01:39 Pour le moment, je vous présente le sommaire,
01:41 puisque à la une, la mort du patron de Wagner, Prigojin,
01:46 une annonce confirmée par l'aviation civile russe.
01:49 Avec Jonathan Cixous, nous reviendrons sur les conditions de diffusion de cette information.
01:53 La Russie est-elle responsable ?
01:55 L'avion a-t-il été touché par un missile ?
01:57 Edito à suivre.
01:59 20 jours après le viol barbare survenu à Cherbourg,
02:01 que sait-on du profil de l'agresseur âgé de 18 ans et défavorablement connu de la justice ?
02:06 Ce fait divers, voire ce fait d'horreur, relance le débat sur les peines de perpétuité.
02:11 Le décryptage de l'interview d'Emmanuel Macron réalisé par nos confrères du Point sera assuré par Céline Pinar.
02:16 Le président de la République s'est notamment exprimé sur l'école, ses professeurs ou encore la tenue de ses élèves.
02:22 Et enfin, nous aborderons les projets de référendum annoncés par Emmanuel Macron.
02:27 Pour l'heure, il n'y a encore jamais eu recours,
02:30 mais les Français doivent-ils s'attendre à s'exprimer prochainement dans les urnes ?
02:33 Élément de réponse apporté par Alexandre Devecchio.
02:36 Face à l'info, c'est jusque 19h.
02:40 Restez avec nous sur CNews. C'est parti.
02:44 [Musique]
02:56 Et depuis hier, la mort du chef de la milice Wagner-Prigogine,
03:01 beaucoup de questions se posent car beaucoup d'informations contradictoires
03:05 qui nous parviennent en provenance de Russie.
03:07 Vladimir Poutine est sorti du silence et on va le voir tout de suite avec Jonathan Cixous.
03:12 Vous avez raison, ça a été plus de 24h où le Kremlin, Vladimir Poutine,
03:18 sont restés totalement muets, laissant les interprétations évidemment aller bon train.
03:24 Et il y a 45 minutes à peu près, on a entendu les premières paroles de Vladimir Poutine
03:30 qui est à Moscou en ce moment.
03:32 Le chef de l'État russe a salué un homme talentueux, il parle de Prigogine,
03:38 qui a commis certes des erreurs mais un homme talentueux et il a présenté ses condoléances
03:43 à sa famille et à la famille des autres victimes parce qu'ils étaient quand même
03:48 une dizaine à bord de cet appareil.
03:50 Vladimir Poutine qui a aussi promis d'ailleurs que l'enquête irait jusqu'au bout.
03:54 On sait depuis ce matin qu'il y a une commission d'enquête russe qui a été diligentée.
03:58 De quoi entourer tout ça d'un vernis de légalité comme d'habitude.
04:02 Il y avait quelques voix autorisées mais non officielles qui ce matin nous parlaient
04:07 par exemple d'un tir accidentel.
04:09 Ça pourrait s'apparenter à un accident revendiqué si vous voulez en quelque sorte.
04:15 Même aujourd'hui, à l'heure où nous parlons, même s'il n'y a pas de version officielle,
04:21 pas encore, il y a certes ses condoléances mais c'est un peu maigre, on ne sait pas grand-chose.
04:26 Si on met de côté ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas, on peut peut-être y voir un peu plus clair
04:31 mais ce n'est pas certain.
04:32 Commençons par ce qu'on sait, c'est ce qui va aller le plus vite en fait.
04:35 Hier, un avion privé est abattu à quelques 180 km au nord de Moscou.
04:40 Cet avion se rendait vers Saint-Pétersbourg.
04:44 Le crash est au miracle, aux curiosités filmé.
04:48 Ça se passe au milieu de nulle part mais là il y a un passant qui filme cet avion qui s'écrase.
04:54 Sur les images que nous avions diffusées déjà hier, c'est l'équivalent d'un trombone qui tourne
05:00 mais c'est plutôt bien cadré même et on peut bien voir les choses.
05:04 L'agence Interfax ensuite publie d'autres images où on voit de toute évidence
05:08 et ne plaisantons plus vraiment, un crash avec des morts dans la Kerlingue.
05:13 Il y a 10 morts, 3 membres d'équipage et 10 personnes, 10 passagers
05:17 parmi lesquels on apprend vite qu'il y a Evgeny Prigojin, le chef de Wagner,
05:22 Dmitri Houtkine, le numéro 2 ainsi qu'en fait tout l'état-major de Wagner
05:27 jusqu'au chef de la sécurité du groupe, ce qui est énorme.
05:31 Il y a aussi des témoignages qui corroborent ce qu'on voit sur les images.
05:35 C'est-à-dire que l'image montre quoi ? Un avion qui tombe en chute libre,
05:38 il y a un panache de fumée blanche juste à côté.
05:41 Les experts militaires disent que c'est la signature de missiles Sol-Air.
05:45 D'ailleurs l'avion volait à 8000 mètres d'altitude, il n'y a qu'un missile Sol-Air
05:49 pour abattre un appareil volant à une telle hauteur.
05:53 Mais le Wall Street Journal ce soir nous dit qu'il faut être très prudent.
05:58 Ça pourrait néanmoins être une bombe qui serait à bord.
06:02 Vous voyez bien qu'il faut être très prudent encore maintenant,
06:05 parce que même pour du factuel, il faut parler au conditionnel.
06:07 Tout le monde pense évidemment à un assassinat commandé par le Kremlin.
06:11 Prigojin est mort deux mois, jour pour jour, après sa mutinerie.
06:14 Deux mois, jour pour jour, avoir quitté le front ukrainien pour marcher sur Moscou.
06:19 Il appelait ça la marche contre l'injustice.
06:21 Il dénonçait la gestion de la guerre en Ukraine par le ministre de la Défense
06:26 et par le chef d'état-major de l'armée russe.
06:29 On se souvient du coup de théâtre, le même jour, il était à 300 km de Moscou à peine.
06:34 On apprend par un communiqué de presse qu'il met fin à cette mutinerie.
06:37 Certains voyaient même là-dedans, derrière ça, une tentative de putsch.
06:41 Et quelques jours plus tard, c'est un scénario très russe, on voyait d'autres images.
06:45 Il était bien au Kremlin, mais en train de parler avec Vladimir Poutine,
06:48 qui lui pardonnait, dirons-nous, en échange d'un exil en Biélorussie.
06:52 Depuis ce jour, personne ne lui donnait chair de sa peau, ne lui prêtait longue vie.
06:57 Surtout pas les militaires russes et particulièrement ceux de l'armée de l'air.
07:02 Puisque dans sa mutinerie, Prigojine s'en est pris à des soldats russes,
07:05 mais uniquement à des aviateurs.
07:07 Il a abattu des hélicoptères, au moins un avion, et faisant de facto des morts.
07:12 Et autres qui ne sont autres que les pilotes de ces appareils.
07:17 C'est le seul corps de l'armée, l'armée de l'air, à avoir été touché par cette opération de Prigojine.
07:21 Et cela n'a jamais été digéré par les gradés de ces soldats d'élite.
07:27 Est-ce que ce sont eux qui ont tiré ce missile Sol-Air ?
07:31 S'il s'agit bien d'un missile Sol-Air, pourquoi pas ?
07:34 Ont-ils pu le faire sans l'aval du Kremlin ? Sûrement pas.
07:37 Mais qu'est-ce que Vladimir Poutine a gagné avec cette disparition de Prigojine ?
07:42 Tout. Tout. Parce que Vladimir Poutine a toujours dit que s'il savait pardonner,
07:47 il ne pardonnait jamais la trahison.
07:50 Et Prigojine l'a trahi. Même s'il est rentré dans les rangs,
07:53 rien ne pouvait l'assurer, le garantir qu'il ne ressortirait pas des rangs.
07:57 Et puis ensuite, il élimine un soutien encombrant.
08:00 Prigojine, ça a été un ami, un ami de longue date.
08:03 Il a évolué dans son entourage, il a été dans l'ombre de Poutine pendant des années.
08:07 Ça a vraiment été l'homme des hautes et basses œuvres de Vladimir Poutine.
08:11 Autant dire qu'il est au courant de tout.
08:13 Donc cet homme un peu fort en gueule, un peu ingérable pour tout dire.
08:17 Cet homme mort, c'est un témoin plutôt bavard qui est en moins à prévoir.
08:23 Et puis enfin, ça permet à Vladimir Poutine d'affirmer son pouvoir.
08:26 On le disait affaibli, souvenez-vous, on le disait malade, on le disait près de la sortie.
08:31 En fait, il n'en est rien, du moins pour le moment, et autre peut-être énième rebondissement.
08:36 Il réaffirme être le chef de l'armée.
08:38 Il a même réaffirmé encore ces derniers jours que Wagner dépend de l'armée russe,
08:42 que c'est l'État russe qui finance Wagner.
08:44 Et donc, en gros, Prigogine n'y est pour rien dans cette histoire de milice paramilitaire.
08:49 Ça lui permet quoi aussi ? Prigogine disparue.
08:52 En cas de succès militaire sur tous les fronts, c'est à mettre à son crédit, à lui,
08:56 et non pas au crédit de quiconque.
08:58 Et puis il y a un petit point.
09:00 Le 17 mars prochain, il y a des élections présidentielles en Russie.
09:04 Vous me direz, c'est des élections à la russe, mais ce sont des élections tout de même.
09:08 Il vaut mieux se poser en homme fort du pays quand on se présente.
09:11 Et puis là aussi, enfin, où Vladimir Poutine renforce indéniablement son pouvoir
09:16 en éliminant Prigogine, si c'est lui qui est derrière tout cela, bien sûr.
09:20 Vladimir Poutine envoie un message fort, non pas à la communauté internationale,
09:24 parce qu'il sait bien que personne ne pouvait apprécier ce gangster, ce mafieux,
09:27 ce criminel de guerre, il n'y a pas d'autres mots.
09:30 Même les Ukrainiens lui disent merci en quelque sorte aujourd'hui.
09:34 Mais en fait, ce message, avec cette élimination,
09:36 s'adresse même non pas au peuple russe, mais à l'élite russe,
09:39 où il met tout le monde dans les rangs.
09:41 Il leur dit, voilà ce qui arrive si vous me trahissez, d'une part.
09:45 Voilà ce qui arrive si vous marchez sur mes plates-bandes.
09:47 On prêtait à Prigogine quelques intentions, même pour les prochaines élections présidentielles.
09:51 Avec cette élimination, je pense qu'il y a pas mal d'oligarques qui vont rester tranquilles.
09:56 Alors, même si on a peu d'informations fiables, même si tout est encore flou,
10:00 on sait qu'il y a de vraies tensions dans l'entourage de Vladimir Poutine.
10:03 Alors, vous avez raison de le dire, on ne sait pas grand-chose,
10:06 mais on sait néanmoins qu'il y a des tensions.
10:08 Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y a pas que Prigogine qui est mort dans cet avion,
10:12 c'est tout l'état-major de Wagner, je vous le disais.
10:14 Ce qui est là aussi un peu curieux, parce que c'est le B.A.B. de la sécurité,
10:18 quand vous êtes aussi bien chef d'État que chef d'entreprise,
10:21 vous ne faites pas voyager le président et le Premier ministre dans le même avion,
10:24 vous ne faites pas voyager tout le conseil d'administration d'un grand groupe dans le même avion, etc.
10:30 Là, tous ces hommes hyper parano, avec les raisons de l'être,
10:34 sont tous montés dans le même avion.
10:36 On sait en plus qu'ils sortaient d'une réunion qui s'était passée,
10:39 pas très bien d'ailleurs, avec les services de renseignement militaire.
10:43 C'était aussi une raison pour laquelle il y avait des tensions ces derniers temps.
10:47 Quoi qu'il en soit désormais, il n'y a plus aucun dirigeant de Wagner de vivant.
10:53 Poutine et ses hommes de confiance du jour ont les coups d'effranche pour mener les opérations.
10:58 On pense à l'Ukraine, parce que Wagner a fait parler de lui et de ses troupes avec l'Ukraine,
11:02 mais aujourd'hui l'Ukraine, même s'il y a des petits coups comme ça pour les caméras,
11:06 notamment Kiev aujourd'hui pour sa fête nationale, qui a réussi à accrocher un drapeau en Crimée,
11:11 même si sur le terrain on voit bien qu'il y a des drones ukrainiens qui arrivent à toucher Moscou,
11:18 on est davantage rentré dans une guerre de harcèlement qui fait des morts tous les jours, bien sûr,
11:22 mais ce ne sont plus les grandes manœuvres qu'on avait vues ces derniers mois.
11:26 Wagner, en fait, désormais, c'est l'Afrique.
11:29 C'est un enjeu autrement plus stratégique pour le Kremlin et pour les hommes de Vladimir Poutine,
11:34 parce que l'Afrique, pardon de l'expression, mais ça rapporte gros.
11:37 Il y a des milliers de soldats, on parle d'au moins 3500 hommes,
11:40 qui sont déployés au Soudan, en Centrafrique, au Mali, en Libye, au Burkina Faso, au Niger.
11:46 Que font tous ces hommes de Wagner là-bas ?
11:49 Ils appuient les militaires, des jeunes militaires, le dernier réclat en date c'est le coup d'État au Niger,
11:56 ils matent les islamistes armés et ensuite que font-ils ?
11:59 Ils font main basse sur les ressources naturelles.
12:01 Ce sont des contrats qui se comptent en dizaines de milliards de dollars,
12:05 avec des commissions, des co-commissions, etc. C'est énorme.
12:09 La dernière vidéo de Frigogine est à quelques jours seulement.
12:12 Elle date de lundi, peut-être mardi dernier.
12:15 Il était alors vraisemblablement au Mali et il pensait à ce moment-là avoir,
12:21 franchement, encore la cote auprès de Vladimir Poutine, qu'il avait regagné la confiance du chef.
12:26 Il parle sur ce ton épouvantablement vulgaire, grossier et guerrier face caméra.
12:30 Que dit-il ? Ça se passe de commentaires.
12:32 Nos activités recommencent pour rendre la Russie encore plus grande et encore plus puissante.
12:37 Des très beaux mots pour sortir.
12:40 Il est mort deux jours après.
12:41 Voilà, pour terminer cet édito.
12:43 Merci beaucoup à Jonathan Cixous.
12:45 Une réaction à Alexandre Devecchio.
12:47 On a suivi ensemble dans le soir Infoété cette annonce hier.
12:50 Là, on a un peu plus d'informations, mais tout reste encore flou.
12:54 Il est difficile de démêler le vrai du faux entre les informations qui nous sont apportées
12:58 depuis les agences russes et ce que l'on sait factuellement.
13:02 Les assassinats officiels, si vous voulez, c'est rare.
13:05 Donc, je pense qu'on n'aura jamais la confirmation du Kremlin.
13:08 Mais je pense qu'il y a peu de doute.
13:10 Et il y a peu de doute, et ça a été très bien dit par Jonathan,
13:13 c'est ce qu'on disait aussi un peu hier, c'est que Vladimir Poutine n'a pas cherché
13:17 à faire un assassinat discret, ce qu'il aurait pu faire.
13:20 Il a évidemment envoyé un message clair.
13:23 Si vous me défiez, vous vous prendrez un missile sur la tête.
13:26 C'est ça, en réalité.
13:28 Donc, ça me paraît effectivement une piste crédible.
13:32 La coïncidence serait quand même, avoue-le, très, très troublante.
13:35 Le contraire aurait peut-être été plus surprenant,
13:38 de voir Prégojin continuer à pavaner, à faire des vidéos.
13:42 Moi, Céline, ça me rappelle juste un épisode de Game of Thrones
13:45 où vous avez un personnage qui est extrêmement machiavélique
13:50 et qui, à un moment donné, devant la reine Cersei, va lui dire
13:53 "le pouvoir, c'est l'information".
13:55 Et la reine, elle prend un couteau, elle lui colle sous la gorge,
13:57 elle lui dit "le pouvoir, c'est ça".
13:59 Je trouve que c'est ce que Poutine vient de faire.
14:01 Exactement.
14:03 Merci beaucoup.
14:04 Alors, Céline, vous avez été quelque peu déroutée par une interview,
14:07 celle du président de la République, qui est parue dans le magazine Le Point,
14:12 et vous souhaitiez nous en parler ce soir.
14:14 Oui, alors, c'est vrai que j'ai empruné le mot "déroutée",
14:17 mais finalement, il est extrêmement égal à lui-même dans cette interview,
14:21 notre président.
14:22 Donc, cette interview s'appelle "La grande explication".
14:26 C'est le nouvel opus de Moiseux, président,
14:29 qui déploie sur 15 pages la vision de son action.
14:32 Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Emmanuel Macron
14:35 n'est pas guetté par l'excès d'humilité.
14:38 Après la grande confession qu'il avait déjà livrée au Point en avril 2021,
14:43 et avant peut-être la grande consternation qui amènera
14:46 au grand déménagement de 2027,
14:48 notre président prend le temps d'expliquer, pardon,
14:52 aux peines à comprendre que nous sommes,
14:55 à quel point il enchaîne les succès, prend à bras le corps les problèmes
15:00 et domine la situation.
15:02 De ce fait, à la sortie de ce très long et peu passionnant
15:06 exercice d'autosatisfaction, on se demande quand même
15:09 si on vit bien dans le même pays et à la même époque.
15:12 Le plus amusant est que derrière cette amphigurie du langage,
15:15 où plus les mots visent haut, plus leur traduction en actes
15:19 rate sa cible, on a par exemple, le cœur de l'interview,
15:24 c'est de donner un contenu à, vous savez, l'initiative politique d'ampleur
15:28 qu'avait annoncé le président justement dans le Figaro magazine du 2 août.
15:33 Eh bien, on a la réponse.
15:35 Et en fait, cette initiative d'ampleur, ça s'appelle un comité théodule,
15:38 puisqu'en fait, il propose aux forces politiques représentées
15:42 dans nos assemblées d'essayer d'agir ensemble.
15:44 C'est pourquoi je veux les réunir sur la situation internationale,
15:48 ses conséquences sur la France et sur les nuits des mots
15:50 que nous avons vécues.
15:52 Alors, le problème, c'est qu'on sait qu'on a déjà des partis
15:55 qui ne sont pas forcément en prise avec les forces réelles de la France,
15:59 mais on ne va tout de même pas reprocher au président
16:02 de discuter avec l'ensemble des partis représentés à l'Assemblée nationale.
16:06 Mais le problème, c'est qu'il donne l'impression d'aller à cette rencontre
16:10 en n'ayant lui-même aucune ligne et aucune capacité d'action sur ces questions.
16:15 Et on a plutôt le sentiment qu'il cherche à diluer ses responsabilités
16:19 en mettant en scène l'incapacité de faire naître un processus d'Union nationale.
16:24 Cette mise en scène, il pourra d'ailleurs la resservir
16:27 lorsqu'il échouera à bâtir ce qu'il appelle des majorités de projets.
16:31 Donc, cette espèce de rêve d'Union nationale étant vouée à l'échec,
16:35 la mise en scène lui permettra surtout de dénoncer l'égoïsme
16:38 et la courte vue de ses adversaires, et donc de faire passer son incapacité
16:42 à se doter d'une ligne propre pour la rançon du manque d'engagement de ses concurrents.
16:47 C'est une ficelle usée, mais il faut reconnaître qu'elle marche toujours très bien en politique.
16:52 Le problème, c'est qu'on ne peut pas créer de dynamique en l'absence de projet,
16:56 et force est de constater qu'au terme des 16 pages,
16:59 on ne sait toujours pas où le président veut conduire la France, ni comment.
17:03 Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous convient dans ces 16 pages ?
17:07 Est-ce qu'il y a quelque chose qui vous a satisfait ?
17:10 Je reconnais que je suis en mode ronchon, et que cette norme m'appellerait grincheux.
17:14 Mais il y en a quand même, pas exagéré.
17:17 Le problème, c'est qu'Emmanuel Macron nous a déjà habitué à dire des choses
17:21 parfois très fortes en interview, pour poser des actes qui les démentent directement juste après.
17:27 Le deuxième problème, c'est qu'il n'est pas d'une grande honnêteté intellectuelle,
17:32 et que dans les deux cas, il y a quand même des moments où on grince un peu,
17:36 parce que certaines choses annoncées sont même carrément fausses.
17:39 Mais bon, revenons au positif.
17:41 Par exemple, ce qui a été souligné, c'est le durcissement du ton sur l'immigration,
17:46 qui semblait prendre en compte, finalement, un désidérata des Français.
17:49 Donc le président nous dit qu'il faut réduire significativement l'immigration.
17:53 Mais dans le même temps, il explique que les gens qui sont de plus en plus en sécession
17:58 à l'intérieur du pays par rapport à nos valeurs, sont souvent nés chez nous.
18:02 Donc tout cela n'est pas incohérent.
18:05 Le seul problème, c'est qu'il ne va pas au bout.
18:07 Ce n'est pas incohérent parce que notre principal problème est le refus d'assimilation
18:11 d'une partie de la jeunesse d'origine immigrée, pour qui le fait d'obtenir des papiers français
18:17 ne signifie pas l'adhésion à un contrat social ou à une civilisation particulière,
18:21 mais est presque un dû qui ne leur donne pas d'identité particulière.
18:27 Si du coup, Emmanuel Macron met en avant les défaillances de l'école pour expliquer
18:34 cette situation et pour expliquer l'ensauvagement de la société,
18:39 il nie le fait que nos valeurs universalistes sont contestées par une force organisée,
18:46 par cet islam en pleine renaissance qui est aux mains des fondamentalistes et des politiques
18:51 et qui exerce une pression identitaire sur les jeunes de banlieue.
18:55 Quand la violence et le pillage sont justifiés par une représentation de la France vue comme colonialiste,
19:01 raciste, voire esclavagiste, dont il est juste de se venger en piétinant ses lois et ses principes,
19:08 voire en se livrant au pillage, ces représentations-là ne viennent pas de nulle part.
19:13 Elles sont le fruit d'un travail politique et elles sont en plus relayées par l'extrême gauche.
19:19 Et toutes les immigrations ne posent pas le même type de problème
19:23 et toutes ne font pas l'objet d'un projet communautariste qui est porté par une vision politique.
19:28 Et c'est ça qu'est l'islamisme.
19:30 Donc refuser de regarder ce facteur-là en face, c'est aussi laisser une grande partie de la population musulmane
19:36 à la merci des semeurs de radicalité, alors que parfois elle est justement venue en France
19:42 pour les fuir et pour fuir l'oppression de cet islamisme qu'eux-mêmes ne supportent pas.
19:49 Et l'affaire Medine, je trouve, elle illustre parfaitement la réalité de cette tension.
19:53 Dans cette interview, il y a toute une partie également sur la nécessité d'une recivilisation.
19:58 C'était un point important à aborder après les déclarations d'Emmanuel Macron sur la décivilisation ?
20:03 C'était même indispensable et il a le courage de le faire,
20:08 parce qu'après les radias et violences du début de l'été,
20:11 les Français attendaient quand même une parole forte sur ce thème-là.
20:14 Donc le président le lie effectivement à un problème d'intégration.
20:18 Mais il va soigneusement éviter de s'étendre sur le sujet,
20:21 alors que pour résoudre la question, il faudrait déjà oser l'aborder de front.
20:26 Et il met le doigt par exemple sur quelque chose de juste
20:29 quand il parle d'une relation qui n'est pas réglée entre une partie de la jeunesse et l'autorité.
20:34 Le problème reste que ce diagnostic n'est suivi d'absolument aucune proposition forte.
20:39 Quant au satisfait-ci que va s'accorder le locataire de l'Elysée sur la gestion des émeutes,
20:45 il est entendable, de même que son explication sur les embauches réalisées,
20:50 les augmentations de budget à la police, à la justice, etc.
20:54 Là où le bas blesse, c'est que la communication est quand même très manipulatrice.
20:58 Quand le président va citer des chiffres mirobolants,
21:01 notamment en matière d'interpellation et de déferment à la justice,
21:05 il oublie soigneusement de donner le chiffre du nombre de condamnations.
21:09 Et on sait tous très bien pourquoi.
21:11 Donc on ne peut que se réjouir du fait de la prise de conscience,
21:15 que l'histoire se comprend mieux, par exemple, quand elle est enseignée chronologiquement.
21:19 Un peu de bon sens en la matière, franchement, ça fait toujours du bien.
21:23 On peut se féliciter du passage, notamment sur la formation des maîtres.
21:26 Le problème, c'est que tout le monde est d'accord pour dire, par exemple,
21:30 que la faim dans le monde, c'est mal.
21:32 Mais personne n'est là pour proposer une solution.
21:35 Là, c'est pareil.
21:36 C'est-à-dire que quand on dit qu'il faudrait que les professeurs soient mieux formés,
21:40 qu'il faut jeter des tomates, personne.
21:42 Mais quand vous êtes président de la République et que vous dites,
21:44 et pour ça, je vais rouvrir des écoles normales, là, vous prenez une position forte.
21:49 Sinon, ça n'est que du blabla et c'est une façon de communiquer
21:52 pour éviter de prendre le problème à bras-le-corps.
21:55 Pareil sur l'Ukraine, le Mali, tout ce qu'il dit est tout à fait raisonnable.
21:59 Mais l'interview, elle chope quand même sur de gros mensonges.
22:02 Par exemple, notre président est tout content.
22:04 Rendez-vous compte, il a supprimé le numerus clausus.
22:06 Bah, raté. Il a mal lu sa fiche.
22:08 En fait, il l'a simplement relevé de 15 %, ce qui met le niveau de formation
22:12 au niveau de ce qu'il se faisait dans les années 1970, où nous étions 15 millions de moins.
22:18 Et vous vouliez aussi mettre l'accent sur la partie de l'interview consacrée à l'école.
22:23 Pourquoi vous êtes-elle particulièrement crispée ?
22:26 Bon, tout n'est pas à jeter dans ce passage. Je vous l'ai dit, je suis grincheux.
22:30 On en a beaucoup parlé aussi, de ce passage sur l'école.
22:33 Oui, tout à fait.
22:34 Mais il y a un moment qui exprime un tel déni du réel que, de fait,
22:38 vous n'arrivez plus à entendre et à croire ce qui a précédé et ce qui va suivre.
22:43 Donc, à ce moment-là, ce sont les journalistes du Point qui demandent quand même à Emmanuel Macron
22:48 s'il comprend que sa logique peut être un peu difficile à suivre
22:51 quand il passe de Jean-Michel Blanquer à Pepe Ndiaye comme ministre de l'Éducation nationale.
22:58 Et là, le président nie.
23:00 Et en fait, sa réponse est assez amusante parce qu'elle est très révélatrice.
23:04 Dans sa réponse, on comprend que les deux sont absolument interchangeables.
23:08 Ils n'ont aucune importance.
23:10 Ils ne sont que des exécutants qui sont là pour mettre en place sa politique.
23:14 Le problème, c'est que ce n'est pas le cas.
23:16 Sinon, on n'aurait pas des ministres.
23:18 À la limite, on les appellerait, je ne sais pas, collaborateurs du président.
23:22 Ce serait un gros cabinet.
23:24 Donc, la dimension symbolique que portait ce changement n'a échappé à personne.
23:29 Et elle n'a notamment pas échappé aux islamistes pour qui l'école est une place à conquérir.
23:33 À quoi on peut le voir ? Est-ce qu'il y a des indices ?
23:35 Est-ce qu'il y a des éléments qui peuvent le prouver ?
23:37 Eh bien, tout à fait.
23:38 Le Figaro raconte dans un article paru ce jour qu'une note des services de l'État
23:43 a montré l'explosion des atteintes à la laïcité à l'école
23:47 et notamment à travers l'augmentation du port de signes et de vêtements religieux.
23:51 Vous voulez quelques chiffres ?
23:53 Allez, de septembre à novembre 2021, c'était 91 signalements
23:57 qui ont été remontés pour cause de port d'Abaya, etc.
24:00 D'avril à juillet 2023, on en est à 923 signalements.
24:05 Au-delà de ce phénomène, ce sont les atteintes à la laïcité dans sa globalité
24:10 qui augmentent de manière extrêmement inquiétante.
24:12 4710 atteintes ont été relevées pour l'année 2022-2023,
24:17 contre 2167 l'année précédente.
24:20 Or, ces provocations ne sont pas des mouvements spontanés.
24:24 On a pu le voir, ces renseigners partent sur des réseaux sociaux,
24:27 ils sont lancés par des personnalités qui sont connues.
24:31 Et si les islamistes ont choisi de mener cette offensive,
24:34 c'est parce qu'ils savent que Pape Ndiaye ne saurait pas se positionner.
24:38 Et ils ont eu raison. Qu'est-ce qui s'est passé ?
24:40 Exactement ce qui s'était passé en 1989 avec l'affaire Duval.
24:44 Pape Ndiaye a dit "demerden zizich" aux responsables d'établissement.
24:49 Et qu'est-ce qui s'est passé ? Ils se sont retrouvés en première ligne,
24:52 ils n'avaient pas les arguments pour combattre,
24:54 ils se sont fait attaquer ou alors ils ont fermé les yeux.
24:57 Et les atteintes ont augmenté de plus en plus.
24:59 Le but du jeu étant de faire reculer la frontière.
25:02 Les mêmes lâchetés ont toujours provoqué les mêmes évolutions.
25:05 Les provocations ont donc augmenté,
25:08 les responsables d'établissement se sont sentis abandonnés,
25:11 et l'autorité de l'État a visiblement reculé devant tout le monde
25:15 et notamment devant les yeux de cette jeunesse.
25:17 On va continuer.
25:18 Céline a décrypté cette interview du président de la République
25:21 dans Face à l'Info été, mais pour l'instant on marque une courte pause.
25:24 Restez avec nous sur CNews, on revient très vite.
25:26 De retour sur CNews avec Face à l'Info été.
25:33 Nous étions en train de décrypter, d'analyser l'interview du président de la République
25:38 accordée à nos confrères Dupoint et c'était avec Céline Pina.
25:41 Céline, est-ce que le président de la République a évoqué le sujet de la laïcité ?
25:46 Justement, il évite soigneusement ce sujet pendant toute l'interview.
25:52 Bien sûr, il prononce au moins une fois le mot laïcité,
25:55 mais c'est un petit peu, ça va être le cas à chaque fois.
25:59 C'est-à-dire, dès qu'il y a une question un petit peu précise qui lui est posée,
26:02 en général le président se cabre et botte en touche.
26:05 Par exemple, à un moment donné, les journalistes lui posent la question
26:08 de la rupture des accords avec l'Algérie, étant donné tout ce qu'il vient de développer.
26:12 Et là, on a quelqu'un qui nous dit qu'il n'a de tabou sur rien,
26:14 mais c'est pour refermer immédiatement le débat et le chasser d'un revers de main.
26:18 Eh bien, il va se passer la même chose avec la question de la laïcité.
26:22 Quand les journalistes lui font remarquer qu'il n'en parle pas,
26:25 il va la noyer au milieu de référentiels diverses,
26:28 sans voir à quel point celle-ci est au cœur de la contestation de l'école.
26:33 Pour les islamistes, en fait, la liberté de pensée, la liberté de conscience,
26:37 l'idée que ce sont les hommes qui, en faisant usage de leurs raisons,
26:41 créent et mettent en œuvre la loi, leur est absolument insupportable.
26:46 Eux, ils attaquent la laïcité en tant que pilier de la liberté de conscience.
26:50 Ce n'est pas un ordre ou quelque chose qui dépendrait simplement de l'école.
26:55 Ils veulent substituer la soumission aux dogmes et l'interdiction du blasphème
26:59 à la liberté intrinsèque dont est porteuse la laïcité.
27:03 On est donc au cœur du combat de la décivilisation quand on aborde ces questions.
27:08 Mais jamais le président n'acceptera de lever les yeux sur cette réalité.
27:12 A sa décharge, la faiblesse de son pouvoir et son absence de majorité
27:17 lui font craindre que s'il aborde frontalement ces questions,
27:21 sans moyens d'action réel, finalement il ne fragilise la situation
27:25 de l'ensemble des musulmans sans réussir pour autant à réduire l'influence des islamistes.
27:30 Donc il contourne ce qu'il ne peut affronter.
27:33 Le président dit pourtant vouloir mettre l'école au cœur de son action
27:38 et en fait une priorité pour faire nation.
27:41 C'est vrai, mais on ne voit pas tellement les outils qu'il peut donner pour cela.
27:45 On a donc droit à quelques annonces rationnelles sur le fait que certaines épreuves du bac
27:50 vont avoir lieu plus tôt, qu'on va faire en sorte que le mois de juin ne soit plus un mois de garderie,
27:55 on va essayer d'étendre la politique de soutien scolaire.
27:58 Mais on voit bien que tout cela ne parle pas de faire nation.
28:02 Alors il explique qu'il va peut-être présenter plus de grands textes liés à notre civilisation,
28:08 les faire étudier, faire débattre les enfants derrière.
28:11 C'est super, mais là où on est complètement décontenancé,
28:14 c'est qu'on se dit "mais en fait c'est marrant, dans quel monde vit-il ?"
28:17 Moi je vis dans un monde où on m'annonce que quand il y a un concours pour recruter des professeurs,
28:21 eh bien ils ne se présentent pas et on n'arrive même pas à doter toutes les places,
28:25 que ceux qui sont là, 25% démissionnent,
28:28 qu'aujourd'hui on ne peut pas assurer tous les cours devant tous les élèves,
28:31 que le professeur d'anglais doit remplacer le professeur de français
28:34 parce qu'on n'arrive pas à mettre en place un système qui tient.
28:37 Et là on m'annonce qu'en plus on va pouvoir débattre avec les enfants,
28:41 leur faire étudier les textes.
28:42 Franchement c'est super, mais rien n'est dit quand même sur la capacité à faire,
28:47 mais rien non plus sur la question de l'autorité à l'école,
28:50 sur les classes de niveau,
28:51 sur la possibilité d'expulser les éléments perturbateurs,
28:54 sur la volonté de remettre l'exigence au cœur du projet scolaire,
28:58 pour tirer tout le monde vers le haut.
28:59 Bref, tout ce que réclament à corps et à cri les parents d'élèves
29:04 et tout ce qui permet de faire de l'école un véritable ascenseur social.
29:08 Donc là, la seule chose qu'évoque Emmanuel Macron de concret,
29:14 c'est de dire on va faire des super écoles
29:16 où les gens pourront apprendre en étant à genoux, debout, assis,
29:20 comme ils veulent,
29:21 parce qu'en fait cette posture-là c'est un changement dans le rapport au savoir.
29:26 Là, je reconnais que j'ai failli exploser de rire,
29:29 j'ai trouvé que c'était assez indigent,
29:31 mais j'ai trouvé que surtout que ce n'était pas très rassurant pour l'avenir.
29:34 Donc Emmanuel Macron va aussi éviter tous les sujets qui fâchent
29:38 en faisant semblant de les aborder.
29:39 Par exemple, il dit franchement 80% d'une classe d'âge au bac,
29:43 alors que 80% des gens ne peuvent pas faire l'université,
29:47 ça n'a aucun sens.
29:48 Mais après il dévile tire sur la question des études professionnelles.
29:52 On ne parle pas du tout d'un bac plus sélectif,
29:55 ni de la sélection à l'université par exemple.
29:58 Mais là aussi c'est pareil,
30:00 il se trouve qu'Emmanuel Macron a un électorat de retraités
30:03 et que la jeunesse est aux mains de l'extrême gauche,
30:06 que ça peut être extrêmement inflammable,
30:09 et on comprend que sur ces questions,
30:11 il essaie d'éviter de mettre une bougie dans le baril de poudre.
30:15 Mais quelle image vous retenez d'Emmanuel Macron
30:17 après avoir lu cette interview, interview de rentrée ?
30:19 Quelle image on doit avoir ?
30:21 Il y a tellement de moments d'autosatisfaction pure,
30:25 de moins jeu sur des sujets
30:27 dont on n'a quand même pas l'impression qu'ils aient été résolus,
30:30 qu'à un moment donné,
30:33 on a l'impression d'une perte de sens, de réalité chez ce président.
30:36 Et c'est ce qui arrive quand on est au plus haut sommet,
30:39 on finit toujours un petit peu isolé,
30:41 c'est quelque chose qui arrive au meilleur.
30:43 Mais là on a quand même l'impression
30:45 qu'on est en face de Tartarin de Tarascon en mode 2.0
30:48 et avec une cravate.
30:50 Or Tartarin de Tarascon, pour ceux qui ne connaîtraient pas,
30:53 c'est un personnage hableur qui se vantait de succès,
30:56 qu'il n'avait pas à remporter,
30:58 mais qui faisait néanmoins énormément d'effets sur son entourage.
31:01 Donc il faut espérer que ce soit le cas pour Emmanuel Macron,
31:04 car la longueur de l'interview a quand même du mal à masquer
31:08 à la fois l'absence de vision, de colonne vertébrale
31:11 et de perspective d'avenir.
31:13 Merci beaucoup Céline Pina.
31:14 On va voir si Alexandre Devecquy, vous avez le même avis piquant
31:17 sur cet entretien accordé au point par le président de la République.
31:21 Emmanuel Macron en dit plus sur l'initiative politique qu'il prépare.
31:26 Outre une grande réunion avec les principaux partis politiques,
31:29 il n'exclut pas la possibilité d'utiliser l'outil du référendum pour gouverner.
31:33 Est-ce que vous y croyez vous ?
31:35 Le référendum fait toujours partie des options qui peuvent être utilisées
31:38 et je compte bien y avoir recours.
31:40 Voilà la phrase exacte d'Emmanuel Macron.
31:43 Le dernier référendum qu'on a vu c'était en 2005,
31:47 c'était Jacques Chirac sur le traité constitutionnel européen
31:51 et quelques temps après Nicolas Sarkozy s'était assis sur le résultat
31:56 puisque ça avait été un non et depuis plus aucun président de la République
32:00 n'a osé se servir de cet outil.
32:03 On verra pourtant que le général de Gaulle s'en servait souvent.
32:08 Emmanuel Macron a plusieurs fois évoqué la possibilité d'ailleurs de s'en servir
32:12 depuis les Gilets jaunes, il en a eu l'occasion pendant la réforme des retraites
32:16 puisqu'on en parlera aussi, il y avait même un référendum d'initiative populaire
32:20 qui était proposé.
32:22 Il ne l'a pas fait donc c'est étonnant maintenant de taper le poing sur la table
32:26 et dire vous allez voir ce que vous allez voir.
32:29 Il a plutôt opté pour des conventions citoyennes, moi ce que j'appelle des machins
32:33 cornaquées par des associations et des cabinets de conseil
32:37 donc c'est un tout sauf démocratique si vous voulez,
32:39 on tire quelques français au hasard de manière arbitraire
32:45 et ensuite on encadre très soigneusement ce qui va sortir de ce type de convention.
32:50 D'ailleurs il n'en est même pas sorti grand chose
32:53 puisque ça n'a pas été vraiment traduit dans la loi,
32:55 ce qu'il y avait dans la convention citoyenne pour le climat.
32:58 Donc pardonnez-moi mais pour répondre à votre question,
33:00 je suis plutôt dubitatif mais peut-être que je suis grâcheux comme Céline Pinard.
33:05 L'avenir me démentira, j'espère peut-être d'ailleurs que l'avenir me démentira.
33:09 La France quand même traverse une crise démocratique,
33:12 est-ce que le référendum pourrait être une bonne décision pour en sortir ?
33:16 Oui c'est pour ça que je disais que l'avenir, j'espérais me tromper en fait sur Emmanuel Macron
33:22 et qu'effectivement il propose un référendum au français.
33:25 Vous avez aussi raison de parler de crise démocratique,
33:28 crise démocratique à double titre.
33:30 Je pense qu'on a une crise conjoncturelle qui est liée à la double élection d'Emmanuel Macron par défaut,
33:36 par deux fois malgré tout face à Marine Le Pen qui par deux fois apparaissait
33:40 comme une candidate pas nécessairement crédible, une candidate diabolisée
33:44 avec beaucoup de gens qui ont voté pour lui mais sans forcément adhérer à son projet.
33:49 Et ça s'est confirmé notamment par les législatifs de juin 2022
33:55 où le président de la République n'a pas obtenu de majorité.
33:58 Donc je crois que le message des français a été clair,
34:00 c'est qu'ils acceptaient de désigner Emmanuel Macron comme chef,
34:03 comme président de la République, comme incarnation.
34:05 Ça leur apparaissait moins aventuré que Marine Le Pen mais encore une fois
34:09 ils n'adhéraient pas forcément à son programme, à sa vision.
34:13 D'ailleurs il fallait parfois bien chercher pour savoir quelle était sa vision.
34:17 Céline nous a parlé de son interview qui est floue mais à la limite il y a des choses.
34:21 Mais sa campagne, souvenez-vous, c'était l'interlocuteur privilégié de Vladimir Poutine
34:26 et la réforme des retraites.
34:28 Et ça s'arrêtait un peu là et on a vu l'adhésion des français à la réforme des retraites.
34:32 Mais cela dit, n'accablons pas le président de la République,
34:35 je crois que la crise démocratique vient de plus loin.
34:38 Le sociologue américain Christopher Lasch, dès les années 90,
34:43 parlait de révolte des élites et de trahison de la démocratie
34:46 et montrait dans son livre qu'on avait une classe dirigeante des élites politiques
34:50 mais aussi médiatiques, économiques, qui épousait totalement les codes de la mondialisation heureuse
34:57 et qui est de plus en plus éloignée du terrain et finalement de la vision des simples citoyens.
35:03 En France, il y a quelqu'un qui a alerté justement sur cette crise démocratique, c'est Philippe Seguin.
35:08 Pendant un référendum, justement, c'était le référendum sur le traité de Maastricht
35:13 dans son fameux discours du 5 mai 1992 devant l'Assemblée nationale,
35:17 il dénonçait le danger démocratique représenté par Maastricht
35:21 qui consistait selon lui à un transfert de souveraineté massif,
35:24 donc la souveraineté populaire, au profit d'une structure technocratique déconnectée des peuples.
35:29 Et donc, non élu, il disait même, c'était un peu une anticipation du Macroniste,
35:33 la gauche et la droite ne seront plus que deux détaillants se fournissant au même grossiste.
35:39 Et je crois que depuis Philippe Seguin, la situation s'est aggravée sur fonds de mondialisation,
35:45 d'interdépendance accrue des marchés, de multiplication des institutions financières,
35:50 technocratiques ou juridiques non élues.
35:53 La souveraineté décrite par Philippe Seguin, la perte de souveraineté, n'a cessé de s'accentuer.
35:59 Si on prend l'exemple français, sans même parler de la Commission européenne,
36:02 qui effectivement n'est pas élue, prenons le Conseil constitutionnel ou le Conseil d'État,
36:07 qui finalement se prononcent un peu sur tout, de l'obligation ou non de se faire vacciner
36:13 ou de porter le masque, jusque à la dissolution ou non des soulèvements de la terre,
36:17 en passant par notre politique d'immigration qui est très largement conditionnée par les décisions
36:24 de ces juges, qui d'ailleurs ne sont pas toujours des juges en plus,
36:28 ce sont souvent des politiques qui ont une retraite dorée, je pense à Laurent Fabius ou à Alain Juppé.
36:36 Tout ça fait qu'il y a un sentiment, je crois, de perte de contrôle des citoyens,
36:42 qui ont le sentiment d'avoir un vote mais pas réellement de voix et de ne pas être maître de leur destin.
36:47 C'est d'ailleurs vrai, pas qu'en France, je crois que c'était une des raisons du Brexit.
36:51 Le slogan des Brexiteurs était "take back control", reprendre le contrôle justement.
36:57 On est sur un référendum qui n'est plus utilisé depuis 2005 et pourtant c'est quand même un outil
37:03 qui est ancré dans l'ADN de la Ve République.
37:06 Oui, effectivement, j'en ai parlé tout à l'heure du référendum de 2005 sur lequel s'était assis Nicolas Sarkozy.
37:13 Je pense qu'il y a aussi un traumatisme démocratique qui a accentué ce sentiment de dépossession.
37:19 On ne s'est peut-être jamais remis de ça et ça explique beaucoup le conflit entre la classe politique et les citoyens.
37:25 Mais pour répondre à votre question, oui, le référendum, on l'oublie, il y a beaucoup d'observateurs qui expliquent
37:33 que ce n'est pas très démocratique parce que c'est un plébiscite, parce que c'est Bonapartiste ou je ne sais quoi.
37:38 En réalité, c'est dans l'ADN de la Ve République.
37:41 La Ve République, on a beaucoup dit que c'était une constitution extrêmement verticale et c'est vrai qu'elle l'était pour le général de Gaulle.
37:49 Mais le général de Gaulle était finalement un bon mélange de verticalité et d'horizontalité
37:54 parce que malgré sa très grande légitimité, qui n'avait rien à voir avec celle d'Emmanuel Macron,
37:58 c'était une légitimité dans les urnes puisque son élection était très nette, mais c'était aussi une légitimité historique.
38:05 Malgré ça, il prenait, j'y reviendrai, le temps de consulter les Français.
38:11 Il y avait l'élection, mais ensuite, il les consultait directement.
38:14 Et c'est dans la constitution de 58, les choses sont très claires, dès l'article 2, qui rappelle
38:23 "La devise de la République est liberté, égalité, fraternité. Son principe est gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple."
38:30 C'est l'article 2. L'article 3 précise "La souveraineté nationale appartient au peuple,
38:36 qu'il exerce aussi bien par ses représentants que par la voie du référendum."
38:40 Donc là, c'est très intéressant parce que dans la constitution, telle qu'imaginée par le général de Gaulle notamment,
38:47 le référendum finalement est mis sur le même plan exactement que la démocratie représentative.
38:51 Donc ce n'est pas une option. C'est les deux en même temps pour le coup, pour parler comme Emmanuel Macron.
38:58 Et d'ailleurs, de Gaulle, on avait une pratique extrêmement banale.
39:02 Il en organise cinq, entre 58 et 69, soit environ un tous les deux ans en moyenne, et pas sur des sujets mineurs.
39:10 On peut notamment citer le référendum sur l'indépendance de l'Algérie ou sur l'élection du président de la République au suffrage universel.
39:16 Du reste, il perd un référendum sur la régionalisation, notamment en 1969, et il démissionne.
39:24 Donc ça, c'est un très grand respect de la démocratie finalement, même si on a beaucoup dit aussi le général de Gaulle autoritaire,
39:30 bonapartiste ou je ne sais quoi. Finalement, je sais, et c'est peut-être aussi pour ça que les autres hommes politiques n'ont pas le courage d'utiliser le référendum,
39:39 parce qu'ils pourraient se sentir obligés de démissionner aussi.
39:42 Cela dit, ce n'est pas obligatoire. Ça, c'était le général de Gaulle qui avait un espèce de sens de l'honneur qu'on a un peu perdu aujourd'hui.
39:48 Vous l'avez évoqué durant la réforme des retraites. Il y a eu ce référendum d'initiative partagée qui a été évoqué.
39:55 Alors pourtant, celui-ci n'a jamais été mis en œuvre. On n'a jamais réussi à le mettre en place.
40:00 Et pourtant, est-ce qu'il pourrait rendre la France ingouvernable, gouvernable ? Qu'en est-il de ce référendum ?
40:07 Alors déjà, pourquoi il n'a pas été mis en œuvre, si vous voulez ? Ce qui est amusant, et ça dit peut-être tout, c'est que celui qui fait voter ce référendum d'initiative partagée,
40:18 c'est Nicolas Sarkozy en 2008. Donc c'est curieux, quelqu'un qui s'assoit sur un référendum au résultat très clair, 55% des Français votent non,
40:27 après un débat très intense et un fort taux de participation, le même, propose le référendum d'initiative partagée.
40:36 Mais c'était peut-être justement pour se faire pardonner de ce qu'il avait fait. Et surtout, c'est un référendum qui est fait pour ne jamais être utilisé.
40:45 On l'a bien vu pendant la réforme des retraites, parce que le système est extrêmement complexe.
40:51 D'abord, ce n'est pas tout à fait un référendum d'initiative populaire, parce que l'initiative revient d'abord aux parlementaires.
40:57 Il faut d'abord un cinquième des membres du Parlement, soit 185 députés ou sénateurs. Ça, c'est la première étape.
41:04 Ensuite, il faut l'autorisation du fameux Conseil constitutionnel dont je vous parlais, qui va généralement expliquer que non, par rapport à la Constitution,
41:14 la question est mal posée, ce n'est pas ce qu'il fallait poser, etc. Donc le processus peut s'arrêter là.
41:18 S'il ne s'arrête pas là, il faut 10 % du corps électoral, c'est-à-dire 5 millions de signatures.
41:25 Et ensuite, une fois que les 5 millions de signatures ont été obtenues, le président n'est pas obligé d'en passer par le référendum.
41:38 Il est obligé que si dans les 6 mois, l'Assemblée nationale, le Parlement, ne s'est pas prononcé sur le texte.
41:46 Donc vous voyez que c'est quasiment impossible à mettre en œuvre.
41:50 Et justement, les arguments de ceux qui sont opposés à un référendum d'initiative populaire, c'est la deuxième partie de votre question,
41:57 c'est que ça va être ingouvernable, les citoyens vont poser des questions en permanence, il y a une démocratie représentative,
42:07 il n'y aura pas de limite. Or, il me semble qu'en Suisse, par exemple, qui pratiquent ça très paisiblement, c'est une démocratie,
42:15 on n'est pas ni dans un régime autoritaire de type Bonapartiste, ni dans un régime qui n'est pas gouverné, qui ne fait pas voter de loi.
42:24 Au contraire, la vie semble paisible. Et voilà, je voulais juste terminer par un point sur le référendum en Suisse.
42:32 C'est intéressant parce qu'il y a différents types de référendums, pour vous montrer que ça marche.
42:38 Il y a d'abord un référendum dit facultatif, en réalité c'est un référendum abrogatif,
42:43 ça permet au peuple de demander l'organisation d'un scrutin pour s'opposer à un acte législatif adopté par le Parlement.
42:49 Il suffit de 50.000 signatures de citoyens pour organiser ce type de référendum.
42:55 Il y a le référendum obligatoire, ça c'est intéressant aussi, ça concerne quand il y a des lois constitutionnelles,
43:02 c'est-à-dire c'est automatique, dès qu'on veut signer un traité, modifier la constitution, on doit le soumettre au peuple.
43:10 Et enfin, il y a le référendum d'initiative populaire, là aussi c'est un instrument démocratique qui permet au peuple pour le coup de susciter une loi.
43:20 Et pareil, il faut simplement 100.000 signatures, donc la Suisse est moins habitée que la France,
43:26 mais c'est quand même beaucoup moins en proportion que les 5 millions de signatures demandées en France.
43:32 Et ça se passe très bien en Suisse, et ce qui est intéressant aussi, c'est que finalement sur les 10 dernières années,
43:40 7 référendums d'initiative populaire ont été acceptés sur 53 ayant fait l'objet d'un référendum.
43:49 Et ça montre aussi que finalement le peuple, dont les élites politiques se méfient tant,
43:54 est assez "vote avec sérieux" et ne prend pas des décisions à la légère.
44:03 Donc je crois que justement si on est dans une crise démocratique et si les choses sont si compliquées en France,
44:08 il faudra peut-être faire un peu plus confiance au peuple et revenir à l'esprit de la 5ème République,
44:13 dont je rappelle que l'article 2, le principe de la République, c'est le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple.
44:20 Ça pourrait recréer du lien entre les Français et la classe politique.
44:24 Moi je crois que ce serait le cas, ce serait je crois très important, surtout qu'aujourd'hui Emmanuel Macron ne peut pas gouverner
44:30 puisqu'il n'a pas de majorité au Parlement. Donc chiche, il a dit qu'il le ferait, on l'attend.
44:36 On va le voir. Jonathan Cixous, que pensez-vous de cet entretien accordé à nos confrères du Pôle ?
44:42 Est-ce que vous l'avez analysé comme vos confrères ?
44:46 Je crois qu'on a lu les mêmes pages, oui effectivement, puisque nous en tirons les mêmes conséquences.
44:51 La crise démocratique, j'ajouterais peut-être qu'elle est liée, je crois, en plus de ce que vous avez brillamment tous les deux démontré,
45:00 elle est liée à la faiblesse politique. Et la faiblesse politique, elle a sa cause, on la voit dans la globalisation, ça a été dit,
45:10 on la voit aussi dans d'autres choses qui sont directement liées à la façon dont on peut faire de la politique aujourd'hui.
45:17 Vous avez un désintérêt, vous avez une indifférence grandissante, j'allais dire des gens, et du moins dans nos sociétés occidentales,
45:25 du fait même de cette globalisation où vous pouvez avoir une formidable vie virtuelle qui permet de vous soucier
45:32 quand vous ne pouvez pas, vous n'avez pas besoin d'avoir un niveau de fortune très élevé, vous vous dissocier de votre quotidien matériel réellement.
45:39 Et la vie politique, les enjeux politiques, sauver votre voisin ou la personne âgée au-dessus de chez vous ne vous intéresse strictement pas.
45:46 Et je crois que c'est aujourd'hui difficile, et ça va être de plus en plus difficile, de motiver les gens à l'avenir en tant que responsables politiques
45:55 pour appeler le plus de monde possible à l'intérêt général, rappeler que nous vivons tous ensemble.
45:59 Pour finir, je pense que la difficulté pour Emmanuel Macron, il n'est pas lui responsable de la chose, mais il arrive à ce moment-là quand même.
46:07 Et puis son discours, notamment dans le FIGMA qu'il a eu au début août, c'était un peu ça.
46:12 Il est peut-être le premier président d'une république sans nation, et c'est amené à s'aggraver, je crois.
46:20 Président d'une division.
46:21 De moins en moins de dénominateurs communs, il y a moins en moins de... Céline parlait de "faire nation", j'ai du mal avec cette expression,
46:29 mais c'est ce qu'il y a de plus clair.
46:31 C'est lui qui le dit.
46:32 Mais tu as raison, c'est lui qui le dit.
46:34 Il le dit souvent.
46:35 Et il dit qu'il n'aime pas lui aussi ce terme d'ailleurs.
46:37 Mais si vous voulez, c'est ça.
46:39 Et je ne vois pas avec tout ce qui a été dit et le constat qui est fait, et ce qui se verra pendant sa chemine aussi et surtout,
46:46 qu'il pourrait donner une impulsion contraire, malheureusement.
46:51 Il dit un truc très juste dans cette interview.
46:54 À un moment donné, on lui pose la question pour savoir si la division en trois de la politique va continuer.
47:01 Et il dit oui.
47:02 En fait, on n'a pas d'autre choix. Le plus important, c'est que le Bloc central ne se divise pas.
47:06 Ce qui signifie que vous évacuez complètement la démocratie.
47:09 Parce que si vous estimez que deux des acteurs sont absolument infréquentables et que vous les sortez du jeu,
47:14 et que pour gérer le Bloc central, tout doit se faire en interne pour à la fin arriver avec cette fameuse candidature unique,
47:21 ça veut dire que les gens sont dépossédés de la possibilité du choix, puisque tout se fait à l'intérieur des partis.
47:26 Ils doivent donc voter pour le candidat de la raison qu'ils n'ont ni choisi et sur lequel ils n'ont aucune prise,
47:33 puisque aux prochaines élections, ce sera le même problème.
47:36 Et ça, c'est quelque chose qu'il dit très tranquillement.
47:39 Parce que pour lui, finalement, se passer du peuple, c'est bien,
47:42 parce que le peuple est con et il ne comprend pas les solutions technocratiques.
47:46 Mais là, ce qu'on voit, c'est qu'en fait, cette rupture entre l'élite et le peuple,
47:52 dans lequel le peuple n'a plus de voix ou une fausse voix, peut entraîner des conséquences extrêmement dramatiques.
47:58 On referme cet entretien d'Emmanuel Macron avec nos confrères du Point
48:04 et on va rappeler ce drame qui est survenu le 4 août.
48:07 Une jeune femme était sauvagement torturée et violée à son domicile de Cherbourg par un jeune homme de 18 ans.
48:14 Son agresseur est actuellement en détention provisoire et son profil est très inquiétant, Jonathan Cixous.
48:19 Oui, pour le moins. On ne connaît que son prénom. Il se prénomme Oumar.
48:23 Mais avant de vous parler de lui, je voudrais vous faire un bref rappel des faits.
48:27 Nous sommes donc à Cherbourg le 4 août dernier. Il est à peu près 8 heures du matin.
48:31 On ignore encore comment il a réussi à entrer au domicile de cette jeune femme en plein centre-ville.
48:37 Elle se prépare, elle va travailler. Lui, il sort de boîte de nuit.
48:42 Il est possible qu'il l'ait croisé dans la rue et qu'il l'ait forcé à remonter chez lui.
48:45 En tout cas, toujours est-il qu'elle va connaître un terrible supplice.
48:49 Elle va être frappée, torturée et violée à plusieurs reprises.
48:52 Je me refuse même à regard pour elle de vous donner le détail de son calvaire.
48:58 Mais le diagnostic médical parle pour moi.
49:00 Ils ont constaté une perforation du colon, de l'intestin grêle, du périnoire, du diaphragme,
49:05 un pneumothorax, des fractures aux côtes, un risque élevé également de chocs sceptiques.
49:11 Elle était dans un tel état en arrivant aux urgences que même le personnel hospitalier,
49:15 qui est pourtant rodé à la chose, a été bouleversé.
49:19 Ils ont eu du mal à reprendre le travail après.
49:22 Elle est placée depuis dans le coma artificiel et elle est toujours entre la vie et la mort.
49:27 Une question qui est récurrente sur ce plateau, quand on évoque des faits d'horreur comme celui-ci.
49:32 Comment un tel drame a-t-il pu avoir lieu ?
49:35 Un tel drame a pu avoir lieu parce que l'agresseur était en liberté.
49:38 Mais ce n'est pas une lapalisade que de le dire.
49:40 Je m'explique.
49:42 Umar, 18 ans, est ce qu'on appelle défavorablement connu des services de police.
49:48 Derrière ce terme, il y a autant de profils que d'individus.
49:51 Mais dans le cas de ce jeune homme, c'est un profil très inquiétant.
49:56 Si la police a pu l'arrêter à son domicile une semaine après,
49:59 c'est qu'il a été géolocalisé grâce à son téléphone portable.
50:02 Et puis si elle a pu aussi l'inculper, c'est parce qu'il avait laissé des empreintes sur les lieux du crime.
50:08 Or, ces empreintes étaient déjà enregistrées dans le fameux fichier automatisé des empreintes digitales.
50:14 Umar n'a que 18 ans, mais il a 17 mentions au fichier du traitement des antécédents judiciaires.
50:20 Il a été condamné à cinq reprises par un juge pour enfants et par un tribunal
50:25 pour des atteintes aux biens et des faits de violence.
50:29 La justice le connaît aussi, ce jeune homme, parce qu'en 2019, il a été poursuivi pour viol sur mineurs.
50:34 Mais la procédure a été classée sans suite en 2020, au motif que l'infraction n'était pas suffisamment caractérisée.
50:41 Puis il y a une autre procédure le concernant.
50:43 C'est une procédure en cours pour agression sexuelle contre sa petite sœur, qui est âgée de quelques ans.
50:49 Cette agression remontrée à l'année dernière.
50:52 Malgré toutes ces condamnations, Umar n'a jamais fait un jour de prison.
50:57 Il a beau mesurer 1,90 m et des poussières, il a toujours été mineur pour ses précédentes affaires.
51:03 Il a donc toujours été placé en centre socio-éducatif jusqu'à sa majorité.
51:08 Il venait tout juste de rentrer chez sa mère.
51:10 C'est ce qu'on appelle un multi-récidiviste dans le domaine judiciaire.
51:14 Exactement, il n'y a pas d'autre mot.
51:16 Mais dans son cas, ça va plus loin, parce que lors de sa garde à vue début août,
51:19 il n'a exprimé aucune empathie pour la victime, mais vraiment aucun remords.
51:24 Selon un policier proche de l'enquête, c'est un véritable comportement de psychopathe.
51:31 D'ailleurs, les actes de barbarie qu'il a commis le prouvent.
51:35 Ce qui ajoute à l'inquiétude également, c'est qu'on sait malheureusement
51:39 que la réponse pénale ne va pas être adaptée au profil de cet homme.
51:44 La procédure est en cours, vraisemblablement, de toute évidence, pardon,
51:49 mais vraisemblablement, Umar n'est pas jugé irresponsable.
51:54 Il est pénalement responsable de ses actes.
51:57 Vu la gravité de son crime, il va sûrement écoper d'une peine de prison à perpétuité.
52:02 En France, la perpétuité, c'est 30 ans.
52:04 S'il ne bénéficie pas de remise de peine, quand il sortira de prison,
52:09 Umar aura 48 ans, qui dit qu'il ne recommencera pas quand il sera mis en liberté.
52:13 C'est justement ce type d'affaire, ce fait d'horreur,
52:16 qui relance le débat sur les peines de prison et sur la perpétuité.
52:20 Impossible de ne pas l'évoquer.
52:22 A titre personnel, je suis contre la peine de mort.
52:25 Son abolition est une affirmation, sans doute-t-il,
52:28 une affirmation forte de la puissance de notre civilisation.
52:31 Pour autant, je conçois totalement, par honnêteté intellectuelle,
52:35 qu'on soit pour, qu'on défende la peine de mort,
52:38 notamment pour les crimes abjects sur des jeunes enfants, etc.
52:41 Mais ce n'est pas mon cas.
52:42 Je continue de penser et je continue de vouloir croire en la grandeur de notre civilisation.
52:47 L'abolition de la peine de mort n'a pas aboli la folie criminelle et la barbarie.
52:52 On le voit trop souvent.
52:53 C'est pourquoi il faut une alternative sérieuse à la peine de mort,
52:58 c'est la perpétuité réelle.
53:00 J'évoquais il y a quelques jours, dans un précédent édito,
53:03 la surpopulation carcérale et le fait que les prisonniers en France
53:07 ne peuvent pas bénéficier de ce que le Code pénal prévoit,
53:13 à savoir quand on est en prison, on est puni, mais on doit être aussi réinséré.
53:17 Pourquoi ? Parce que quand on entre en prison en France, c'est pour en sortir.
53:21 Or, et c'est là que notre droit de sérieux trou dans la raquette,
53:25 pour ne pas dire des trous béants, tout le monde ne peut pas, à l'issue de sa peine,
53:29 même longue, même effectuée, dans des conditions idéales,
53:33 se retrouver en liberté parmi nous.
53:35 Il y a des individus, il y en a quelques-uns, heureusement,
53:38 ils sont peu, mais il y en a, qui sont à danger pour la société
53:41 et qui le resteront.
53:43 Des hommes et des femmes qui ne pourront jamais retrouver le droit chemin.
53:47 Tant qu'on ne prendra pas cela en compte, tant qu'il n'y aura pas des peines de prison
53:52 de perpétuité réelle, on continuera de tenir d'autres comptes,
53:57 mais ceux-là seront beaucoup plus macabres, ce seront ceux des victimes
54:01 qui auront croisé des psychopathes sur leur chemin.
54:04 Merci Jonathan Cixous.
54:05 Au Figaro, justement, Alexandre Devecchio, vous avez suivi cette affaire de très près.
54:10 L'un de vos journalistes a réussi à avoir justement ces informations.
54:15 Est-ce que l'on est vraiment sur un fait d'horreur
54:18 qui pourrait appuyer les propos de Jonathan Cixous ?
54:21 Il y a des individus qui ne peuvent pas se retrouver en liberté parmi nous,
54:24 même après une peine de prison ?
54:26 Oui, évidemment.
54:28 On a publié d'ailleurs une tribune de Pierre-Marie Sèvres
54:31 de l'Institut pour la Justice qui explique très bien
54:34 les failles de notre système judiciaire.
54:37 Jonathan parlait de 30 ans, je crois qu'au bout de 17 ans,
54:41 il y a quand même possibilité de remise de peine.
54:44 Pierre-Marie Sèvres disait qu'il était parfois préférable
54:47 d'avoir une condamnation pour les familles de victimes
54:50 à que le criminel soit condamné à 30 ans,
54:52 plutôt qu'à la perpétuité réelle,
54:54 puisqu'il pourrait même être relâché au bout de 17 ans.
54:57 Donc ça, c'est une chose.
54:59 Et la tribune expliquait très bien aussi que si on en est arrivé là
55:04 et qu'on n'applique pas cette peine de perpétuité réelle,
55:07 c'est notamment à cause du droit européen,
55:10 de la Cour de justice européenne,
55:13 qui estime que la perpétuité réelle est inhumaine
55:16 parce que tout le monde doit avoir le droit à une forme de rédemption.
55:20 Je crois que c'est une erreur quand on regarde
55:23 les certains crimes qui sont commis.
55:25 Et Jonathan l'a très bien dit.
55:27 Il y a malheureusement des gens qui ne sont sans doute pas capables
55:30 de se réinsérer.
55:32 Si c'est un psychopathe, il n'a pas l'empathie d'un être humain normal.
55:37 Et donc il faut prévoir des choses pour ce type d'individus
55:40 parce qu'effectivement, il est très jeune.
55:45 Et donc il pourrait sortir très vite de prison,
55:47 en tout cas à un âge où il pourrait encore faire beaucoup de dégâts.
55:51 Donc je crois que derrière des grands principes humanistes,
55:56 notamment défendus par l'Union européenne,
55:58 mais aussi par une partie de la justice,
56:00 on ne prend pas assez en compte les victimes
56:03 et que de manière générale, on devrait plus se tourner vers les victimes.
56:07 Une dernière chose très rapidement.
56:09 Il y a le problème de la perpétuité réelle,
56:11 mais il y a le problème de l'application des peines
56:13 de manière générale en France.
56:16 Parce que ça, c'est symbolique.
56:18 C'est-à-dire que la perpétuité réelle, ça signifie au mieux 30 ans.
56:21 Et sur beaucoup de peines, il y a des peines qui sont prononcées,
56:24 mais il y a des aménagements de peines derrière.
56:27 Et les gens ne font jamais la peine qui est prononcée.
56:29 Je pense que ça participe d'une justice qui est inefficace
56:32 et qui n'est pas comprise, y compris par les délinquants ou les criminels.
56:36 Je vais profiter des deux dernières minutes d'émission
56:39 pour vous parler de votre livre, justement, Jonathan Cixous,
56:42 "Vivre en ville".
56:44 Est-ce que vous pouvez, un petit peu sans spoiler les futurs lecteurs,
56:47 nous raconter ce livre ?
56:50 C'est un livre, c'est une promenade dans la ville,
56:53 dans nos habitudes urbaines.
56:56 Je m'amuse à regarder, à observer, à disséquer.
56:59 J'espère que j'amuserai le lecteur avec moi
57:02 à voir nos petits travers au quotidien.
57:05 Il existe une série de chapitres, de courts chapitres,
57:08 chez soi, au restaurant, dans la rue, dans les jardins, etc.
57:11 On a un solo brunch.
57:14 Et entre autres.
57:16 Vous écrivez "Vivre en ville", non merci,
57:18 et pourtant quand ceux qui y sont veulent en sortir,
57:20 d'autres rêvent d'y rentrer.
57:22 Or, qu'on l'aime ou qu'on la déteste,
57:24 la ville offre un spectacle permanent.
57:26 C'est un entassement de sites et de strates,
57:28 de cases et de castes dans lesquels chacun évolue,
57:31 circule, se perd, se réunit, disparaît ou se révèle.
57:34 C'est le travail de combien de temps d'écriture ?
57:36 C'est un "travail d'observation"
57:39 depuis que je suis né parisien,
57:41 et que je continue de regarder le monde dans lequel je vis.
57:44 Et je m'alarme d'ailleurs de voir qu'autour de moi,
57:47 si on regarde dans la rue, dans les transports,
57:50 le bus, le métro, les gens regardent de moins en moins leur environnement.
57:53 Et ça, ça m'alarme un peu aussi, je le dis.
57:56 Mais je crois que nous assistons,
57:59 avec cette révolution extraordinaire par ailleurs,
58:02 à les petits téléphones, à un enfermement des individus.
58:05 Et je le déplore parce que je suis...
58:08 On ne complète plus aux terrasses de bistrots ?
58:10 Eh bien, il y a les terrasses de bistrots, évidemment.
58:12 Mais quand on voit qu'il y a une terrasse de bistrots,
58:14 alors que c'était le propre de la terrasse parisienne,
58:16 je ne parle pas que de Paris dans le livre, évidemment,
58:18 je m'amuse à parler de beaucoup de villes en France et même à l'étranger,
58:22 mais il y avait un trait de la terrasse parisienne,
58:24 c'est que les gens à la terrasse, regardaient les gens marcher dans la rue.
58:27 Aujourd'hui, les gens qui sont assis à une terrasse de bistrots,
58:30 ils font des selfies pour voir si leur bon âge a évolué
58:33 depuis qu'ils se sont assis pour prendre leur café.
58:35 Eh bien, c'est une lecture de rentrée que l'on vous conseille,
58:38 vivre en ville, de Jonathan Cixous.
58:40 Merci beaucoup. Merci aussi à Alexandre de Vecchio et à Céline Pina.
58:44 On se retrouve demain à 19h pour Face à l'Info été.
58:48 Je vous laisse entre les mains d'Élodie Huchard pour l'heure des pro 2.
58:51 Et nous, on se retrouve à 21h pour Soir Info été.
58:54 ...

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