Soir Info (Émission du 28/07/2023)

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Julien Pasquet et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité de la journée dans #SoirInfo

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00:00:00 Bonsoir et bienvenue à vous qui nous rejoignez à l'instant sur l'antenne de CNews.
00:00:05 Dans un instant le débat Soir Info avec mes invités que je vous présenterai dans quelques minutes,
00:00:09 juste après le JT de Sandra Thion. Bonsoir Sandra.
00:00:11 Bonsoir Nelly, bonsoir à tous.
00:00:13 A la une de l'actualité ce vendredi, cet accident de bus qui a fait deux morts.
00:00:18 Il a eu lieu ce vendredi matin à Mézières-sur-Seine dans les Yvelines.
00:00:22 Un automobiliste de 21 ans a été placé en garde à vue.
00:00:25 Son taux d'alcoolémie a été mesuré à 2,04 g/l de sang.
00:00:29 Sa voiture est entrée en collision avec un bus dans lequel se trouvaient une cinquantaine de personnes.
00:00:33 On fait le point avec Soumaya Lalou.
00:00:35 Dès les premières minutes qui ont suivi l'accident, un important dispositif a été mis en place.
00:00:40 93 pompiers, 7 équipes médicales et 20 véhicules de secours étaient sur place.
00:00:45 Il y avait aussi un nombre important de policiers venus constater les dégâts, sécuriser la zone
00:00:50 et récolter des indices dans le but d'en savoir plus sur les circonstances de ce drame.
00:00:54 Très vite, les blessés ont été évacués.
00:00:57 Cinq d'entre eux, les plus graves, ont été héliportés vers les hôpitaux les plus proches du département.
00:01:02 14 blessés légers ont été accueillis dans la salle polyvalente de la mairie par des psychologues.
00:01:07 Ils ont pu s'y restaurer à l'abri jusqu'en début d'après-midi.
00:01:11 De son côté, le conducteur âgé de 21 ans a été placé en garde à vue.
00:01:15 Sachez également que deux hommes sont en garde à vue, soupçonnés d'un viol en Réunion.
00:01:20 La victime est une touriste mexicaine.
00:01:22 Le viol aurait été commis dans la nuit de mercredi à jeudi au Champ de Mars à Paris.
00:01:25 En cette période estivale, nous sommes allés à la rencontre de touristes.
00:01:28 Nous leur avons demandé s'ils se sentaient en sécurité dans la capitale. Écoutons.
00:01:32 C'est affreux, mais on a le même problème à Berlin, en Allemagne.
00:01:38 Je n'en ai pas entendu parler. Je suis vraiment choquée.
00:01:44 Ça peut arriver n'importe où. Pas seulement ici. On doit faire attention partout.
00:01:51 Ça me surprend. Car je pensais que dans une ville comme Paris, où il y a du monde en permanence,
00:01:58 ce genre de choses n'arrive pas. Ça va clairement me rendre plus méfiante.
00:02:02 Je vous avoue, dans l'ensemble, on sent sécurité parce qu'il y a beaucoup de police.
00:02:06 On voit beaucoup la police, donc c'est quelque chose qui est important.
00:02:09 Je dirais que le soir, on sent un petit peu moins de sécurité.
00:02:11 Ça veut dire qu'à partir du moment où on arrive à la fin de la journée,
00:02:14 j'ai pris la bijouque de grandissant à Paris et de regarder derrière moi.
00:02:18 Le défi est colossal. Ce sont les mots de Gabriel Attal, le ministre de la Jeunesse et de l'Éducation nationale,
00:02:25 a présenté sa feuille de route ce vendredi dans une interview.
00:02:29 Au quotidien Midi Libre, il prône la fermeté et le retour de l'autorité, notamment Vincent Faandes.
00:02:34 L'un des chantiers principaux de Gabriel Attal, restaurer le respect de l'autorité et la laïcité à l'école.
00:02:43 Le nouveau ministre de l'Éducation affiche ce matin sa fermeté quant au port de l'Abaïa.
00:02:49 Venir en Abaïa à l'école est un geste religieux visant à tester la résistance de la République sur le sanctuaire laïque que doit constituer l'école.
00:02:57 Toujours évoqué, jamais mis en place, la question du port de l'uniforme fait son grand retour.
00:03:03 Gabriel Attal n'y ferme pas la porte.
00:03:06 Si la communauté éducative d'un établissement demande à l'expérimenter, j'y suis favorable.
00:03:11 Mais je suis réaliste. Est-ce qu'on peut imaginer que ce serait une solution magique pour régler tous les problèmes ? Je n'y crois pas.
00:03:17 Parmi les personnes que nous avons interrogées, les avis sont partagés.
00:03:20 Le fait que tout le monde soit habillé de la même manière, qu'il n'y ait pas de différence,
00:03:25 au moins personne ne pourra avoir un premier regard sur toutes ces catégories sociales.
00:03:31 J'estime que ça introduit a priori des contraintes pour les parents, pour les enfants.
00:03:39 C'est une très bonne idée parce que ça met tous les enfants sous le même plan d'égalité.
00:03:44 Enfin, le ministre de l'Éducation évoque le harcèlement scolaire.
00:03:48 Un plan interministériel doit être présenté à la rentrée.
00:03:52 Des membres du gouvernement qui sont désormais en vacances.
00:03:55 Un repos qui se veut tout de même studieux.
00:03:57 Les ministres doivent rester mobilisables.
00:03:59 Certains ont décidé de rester à Paris pour préparer la rentrée.
00:04:02 D'autres ont choisi le sud de la France cet été.
00:04:04 Reportage Vincent Farnage.
00:04:06 Le premier conseil des ministres, d'après Romaniment,
00:04:09 aura été le dernier avant les vacances du gouvernement.
00:04:12 Comme tous les ans, les consignes sont claires.
00:04:15 Rester à deux heures de Paris, être joignable et en veille active,
00:04:19 être mobilisable.
00:04:21 Des vacances, mais pas trop.
00:04:23 On ne s'arrête jamais pendant la pause.
00:04:25 On part tous avec nos devoirs de vacances.
00:04:27 Simplement, on travaille différemment, à distance, avec nos collaborateurs.
00:04:31 Pour se reposer, beaucoup ont choisi le sud de la France.
00:04:35 Stanislas Guerini sera sur la côte basque,
00:04:38 tout comme Bruno Le Maire qui partagera son temps également à Chamonix.
00:04:42 La première ministre sera dans le Var,
00:04:45 Clément Beaune dans le sud-ouest
00:04:47 et Gérald Darmanin dans les bouches du Rhône.
00:04:49 Le ministre de l'Intérieur, avec le ministre de la Transition écologique,
00:04:53 seront d'ailleurs particulièrement mis à contribution
00:04:56 à cause notamment des risques accrus d'incendie.
00:04:59 La rentrée des classes, pour les membres du gouvernement,
00:05:02 se fera mi-août.
00:05:05 Eric Dupond-Moretti sera bien jugé par la Cour de justice de la République.
00:05:09 Il est soupçonné de prise illégale d'intérêt.
00:05:12 Les magistrats évoquent une situation inédite
00:05:14 qui décrédibilise le ministre de la Justice.
00:05:16 Il n'en garde pas moins la confiance d'Elisa Bethborn,
00:05:19 qui rappelle la présomption d'innocence.
00:05:21 On écoute le garde des Sceaux.
00:05:23 Je suis d'abord à la tâche, vous l'avez vu,
00:05:26 et puis je répondrai le moment venu.
00:05:29 Chaque chose en son temps.
00:05:33 Le Conseil de l'ordre des avocats de Nîmes dénonce la vétusté
00:05:36 des cellules de garde à vue dans les commissariats.
00:05:38 Il a même déposé une requête devant le tribunal administratif
00:05:41 contre le ministère de l'Intérieur.
00:05:43 Selon le Conseil, la dignité humaine des gardes à vue n'est pas garantie.
00:05:47 On fait le point avec Sarah Varny.
00:05:49 Des cellules vétustes, sans fenêtres ni aucun accès à l'eau,
00:05:54 et marquées par des infiltrations et inondations régulières.
00:05:57 C'est ce qu'a découvert le 15 mars dernier la bâtonnière du barreau de Nîmes
00:06:01 lors de la visite nationale des lieux de détention aux commissariats de la ville.
00:06:05 Le Conseil de l'ordre des avocats a donc décidé de lancer une procédure
00:06:09 contre le ministère de l'Intérieur devant le tribunal administratif
00:06:12 pour demander que l'Etat garantisse la dignité et le respect
00:06:15 des personnes placées en garde à vue.
00:06:17 Une requête rejetée par le ministère de l'Intérieur.
00:06:21 Pour eux, il n'y a pas atteinte à la dignité de la personne humaine.
00:06:24 Il n'y a pas violation de l'article 3 de la CEDH.
00:06:28 Pour autant, et de façon très paradoxale,
00:06:31 ils reconnaissent que des travaux doivent être faits.
00:06:34 L'ordre des avocats réclame une rénovation du commissariat de Nîmes
00:06:37 qui n'a connu aucun travaux depuis son inauguration en 2004.
00:06:41 Une demande partagée par les policiers qui, depuis 10 ans,
00:06:43 font remonter les problèmes d'évacuation et d'inondation des cellules de ce commissariat.
00:06:47 Nous sommes très attentifs aux locaux.
00:06:50 Vous savez, dans les gardes à vue, vous avez bien sûr le disanthose,
00:06:55 le garde à vue, vous avez les policiers qui sont dans cette proximité
00:06:59 et qui sont vigilants justement pour que les locaux restent propres.
00:07:03 Dans la grande majorité des cas, les locaux sont conformes pour recevoir le disanthose.
00:07:10 Le tribunal administratif doit décider aujourd'hui s'il fait suite aux demandes des avocats
00:07:15 et si des mesures d'urgence doivent être prises.
00:07:18 Trois semaines sans aucune connexion à Internet.
00:07:21 C'est le quotidien des habitants de Flessel dans la Somme.
00:07:24 Le réseau est en panne depuis un vol de câbles en cuivre, 8 km au total.
00:07:29 Et la situation tarde à se résoudre car l'usine n'arrive pas à fournir un matériel de remplacement.
00:07:34 Tony Pétarone.
00:07:36 Allô ? Non, ça ne marche toujours pas. Nous n'avons pas de téléphone depuis le 3 juillet.
00:07:43 Plus de téléphone, plus d'agence postale, plus de distributeur de billets.
00:07:49 Voilà comment vivent les habitants de cette commune de la Somme depuis plus de trois semaines.
00:07:54 En cause, un câble en cuivre volé.
00:07:57 8 km de câbles qui ont été volés dans la région en deux semaines.
00:08:05 Ça a été constaté par les gens de Flessel qui n'avaient plus d'Internet.
00:08:10 Ça leur prend 5 à 10 minutes pour voler 2 à 3 km de câbles.
00:08:15 Une période très compliquée à vivre pour les habitants, surtout pour les personnes âgées qui ont du mal à utiliser un téléphone portable.
00:08:23 Internet, personnellement, je ne l'ai pas. Mais le téléphone, ça me panique beaucoup.
00:08:28 Parce que moi, je suis souvent en relation avec mes enfants qui sont sur Paris.
00:08:32 Quand j'ai un petit coup de blouse, comme on dit, je téléphone. Ça me rassure.
00:08:36 Vous savez, quand on est à la campagne, c'est un sauveur, le téléphone.
00:08:39 De son côté, l'opérateur annonce une réparation pour fin août. Une enquête est en cours.
00:08:45 On en vient à la crise du mildiou. Les assureurs n'indemniseront pas les dommages.
00:08:51 Ce parasite très virulent, cette année, n'est pas couvert par les contrats.
00:08:55 Il touche les vignobles dans les régions de Bordeaux, du Gers, de la Drôme ou encore de Lyon.
00:08:59 Viticulteurs, élus, organisations professionnelles réclament des aides de l'État depuis plusieurs semaines déjà.
00:09:05 Les bouquinistes parisiens prient de déménager à l'approche des JO de Paris 2024.
00:09:10 Les autorités évoquent des mesures de sécurité. 570 boîtes sur les quais sont concernées.
00:09:15 Mais ces bouquinistes présents depuis 450 ans n'ont pas l'intention de bouger.
00:09:19 La mairie nous demande de déménager nos boîtes. Environ 600 boîtes vont être déménagées
00:09:29 pour la journée d'ouverture des JO. Il y aura une cérémonie sur la Seine.
00:09:36 Cela va gêner la vue et pour des problèmes de sécurité, la préfecture nous demande de dégager.
00:09:44 La ville de Paris les invite à participer à un village des bouquinistes dans un quartier littéraire proche de la Seine.
00:09:51 Mais pour les riverains, leur place reste sur les quais, un secteur avec une identité bien marquée.
00:09:58 Ça fait partie de Paris, de l'image qu'on se fait aussi de Paris, des bords de Seine où on flâne.
00:10:06 Et je trouve ça un peu dommage que les touristes venant du monde entier ne voient pas aussi cet aspect-là de Paris.
00:10:13 Je ne comprends pas trop pourquoi pendant les JO tout devrait fermer, tout devrait s'arrêter.
00:10:18 J'ai l'impression que... On sait que les JO c'est un grand événement mondial et ça montre la richesse d'un pays.
00:10:23 Je pense que c'est des Parisiens, des gens qui vivent de ça et qui vont en subir les conséquences.
00:10:28 Je ne trouve pas ça normal.
00:10:30 Déjà ça fait partie un peu du cachet de Paris.
00:10:33 Les bouquinistes ont été tout le temps là.
00:10:35 Ils se battent pour préserver cette tradition et continuer.
00:10:39 Et le minimum c'est quand même de leur permettre de continuer leur activité.
00:10:45 Merci beaucoup Sandra pour ce point sur l'info.
00:10:48 On vous retrouve à 22h pour un nouveau rendez-vous avec l'actualité.
00:10:52 Petite pause et on se retrouve avec les invités de Soir Info pour le début du débat tout de suite.
00:10:57 C'est donc le début de notre débat et j'ai plaisir à accueillir sur ce plateau Lucas Jakubowicz.
00:11:03 Bonsoir, merci d'avoir répondu à notre invitation.
00:11:05 Vous êtes journaliste politique et rédacteur en chef de Décideur Magazine.
00:11:09 A vos côtés Denis Deschamps de retour sur le plateau de Soir Info.
00:11:12 Re-bonjour, re-bonsoir, conférencier géopolitique je le rappelle.
00:11:17 Et de l'autre côté de la table Vincent Roy.
00:11:19 Bonsoir.
00:11:20 Bonsoir, bienvenue à vous. Vous êtes écrivain et journaliste.
00:11:23 On a beaucoup de thèmes à vous soumettre ce soir.
00:11:25 On a le temps de les aborder, on a du temps pour se poser.
00:11:28 On va commencer avec l'accord de cassation qui a donc confirmé qu'Éric Dupond-Moretti serait jugé prochainement par la CJR,
00:11:35 c'est la Cour de justice de la République, pour des soupçons de prise illégale d'intérêt.
00:11:40 C'est une audience inédite, il faut le dire, dans l'histoire de la Ve République.
00:11:44 Il n'en garde pas moins.
00:11:45 Il y a eu beaucoup de réactions de l'exécutif dans la foulée.
00:11:48 Toute la confiance, je la cite, d'Elisabeth Borne, elle prend acte, la première ministre, de cette décision.
00:11:56 Mais elle rappelle que le ministre de la Justice est présumé innocent, que les procédures judiciaires se poursuivent en toute indépendance.
00:12:03 Faisons le point sur cette affaire à volet multiple avec Noémie Schultz pour commencer.
00:12:07 L'audience devant la Cour de justice de la République pourrait se tenir à la fin de l'année 2023 ou en tout début 2024.
00:12:15 Une situation totalement inédite avec un ministre de la Justice en exercice qui compare devant cette juridiction spéciale
00:12:22 la seule habilité à poursuivre et juger des ministres pour des actes commis dans l'exercice de leur fonction.
00:12:28 Un cas d'école intenable nous confiait il y a quelques semaines un haut magistrat.
00:12:32 Imaginez-vous, le procureur général va devoir requérir contre son ministre.
00:12:36 Dans cette affaire, Eric Dupond-Moretti a toujours contesté les faits qui lui sont reprochés,
00:12:40 à savoir avoir profité de sa nomination comme ministre de la Justice pour régler ses comptes avec des magistrats auxquels il avait été confronté quand il était avocat.
00:12:49 Il a toujours expliqué avoir agi en suivant les conseils de son administration.
00:12:53 Il a toujours exclu le fait de démissionner.
00:12:56 Il se dit même impatient de pouvoir prouver son innocence.
00:13:00 Je suis d'abord à la tâche, vous l'avez vu, et puis je répondrai le moment venu.
00:13:06 Chaque chose en son temps.
00:13:08 Eric Dupond-Moretti comparaîtra, on le rappelle, devant 15 juges de la Cour de justice de la République,
00:13:14 3 magistrats professionnels de la Cour de cassation et 12 parlementaires, 6 issus de l'Assemblée nationale, 6 issus du Sénat.
00:13:22 Alors on rappelle, on l'a vu à l'instant, il a le soutien d'Elisabeth Borne, mais il a également le soutien du chef de l'État, Emmanuel Macron, qui l'a fait en ces termes.
00:13:31 Regardez, cela ne touche en rien ce qu'il a fait en tant que ministre dans son activité.
00:13:36 Il est un sujet qui relève de la morale.
00:13:38 Je souhaite que la justice puisse suivre son cours, qu'il puisse défendre ses droits.
00:13:43 Néanmoins, Denis Deschamps, est-ce que pour vous, ça entache durablement son image et l'exercice de sa fonction ?
00:13:50 On est dans une situation à peu près jamais vue, on le rappelle à ce niveau-là, donc évidemment il n'y a pas de précédent.
00:13:56 A votre sens, est-ce qu'il peut continuer à exercer sereinement la fonction de garde des Sceaux en étant à ce point inquiété par la justice ?
00:14:04 Mais c'est justement ça qui est intéressant, c'est que là tout est nouveau.
00:14:08 Vous avez remarqué les précautions de langage de la Première ministre, du Président de la République.
00:14:13 Vous avez vu qu'il s'affiche serein, qu'il va s'expliquer très calmement.
00:14:18 Donc là, il n'est pas dans la provocation.
00:14:20 Et puis c'est un personnage, c'est presque un personnage de roman qui n'est pas insensible.
00:14:25 D'ailleurs dans les prêtoirs, c'est ça, c'est son énergie, il adorait faire ailler, qui a fait ses succès également.
00:14:30 Et là, on se retrouve dans une situation où, comme votre journaliste l'a dit, le procureur général va requérir contre son ministre.
00:14:39 C'est incroyable.
00:14:40 Et habituellement, la Cour de Justice, qui est une entité spéciale justement pour les ministres, là il n'est pas passé par la justice ordinaire,
00:14:49 il est directement arrivé dans cette justice-là.
00:14:51 Ce qui est assez intéressant, c'est que là, il va comparaître pendant l'exercice de ses fonctions,
00:14:56 alors que précédemment, on se souvient du sang contaminé, on se souvient du Covid, ils ont été entendus après.
00:15:03 Et là, en fait, c'est pendant l'exercice de son mandat.
00:15:05 Donc vous avez raison, c'est absolument inédit.
00:15:08 Mais en même temps, il va être jugé en partie par, entre guillemets, ses pairs, même s'il n'est pas issu du monde politique.
00:15:15 Vous allez avoir les représentants du Sénat, les représentants de l'Assemblée nationale, plus trois juges du siège,
00:15:21 donc ça fait 18 personnes qui vont devoir statuer sur cette affaire.
00:15:25 Donc, en fait, tout est possible.
00:15:28 En même temps, ne vous inquiétez pas, il va quand même fortement faire railler pour défendre son honneur, sa réputation.
00:15:35 Là, effectivement, on sent, on l'a vu dans cet extrait, qu'il est dans une communication à minima,
00:15:39 parce qu'il prépare forcément ses éléments de langage.
00:15:41 C'est un monstre des prêtoirs, donc on sait très, très bien qu'il faut obliger ses armes pour la suite.
00:15:47 Lucas Jacobois, sur la question du maintien en exercice, est-ce qu'il faut émettre un avis ?
00:15:52 Est-ce que ce n'est pas incompatible, en fait, ces deux situations ?
00:15:55 Il y a présomption d'innocence.
00:15:57 Tant qu'on est présumé innocent, on reste en poste.
00:15:59 Donc il n'y a même pas de débat à avoir là-dessus.
00:16:01 Ce qu'il faut aussi avoir à l'idée, c'est que vraiment, Éric Bupon-Moretti,
00:16:04 c'est un ministre qui a un poids extrêmement important, mais peu connu en Macronie, pour plein de choses.
00:16:09 Par exemple, c'est un des seuls à aller vraiment ferrailler, à aller au clash contre le Rassemblement national,
00:16:13 qui en réalité est le premier opposant aujourd'hui de la Macronie.
00:16:16 C'est un des seuls à avoir un langage qui n'est pas technocratique, mais assez vrai.
00:16:20 C'est un des seuls à parler avec ses tripes.
00:16:22 C'est un des seuls aussi, et c'est important avec Gérald Darmanin, à venir d'un milieu populaire, d'un milieu pauvre, d'un milieu provincial.
00:16:28 Et donc, en fait, il a un symbole, il est un symbole, il incarne quelque chose de très important en Macronie.
00:16:34 C'est aussi un des seuls ministres issus de la société civile qui a vraiment réussi à marquer son poste, à marquer son entrée dans le gouvernement.
00:16:42 Il incarne quelque chose, et donc c'est vrai que le voir partir, ce serait une perte pour Emmanuel Macron.
00:16:47 Et juste peut-être une autre petite chose, désavouer publiquement quelqu'un qui serait potentiellement innocent,
00:16:53 c'est aussi créer un fâcheux président pour les gouvernements qui viennent.
00:16:56 Mais on rappelle quand même qu'il avait été fragilisé ces dernières semaines,
00:16:59 au point qu'on se demandait s'il figurait dans le gouvernement remanié.
00:17:03 Bon, finalement, il a été maintenu à son poste.
00:17:05 Aller contre lui aujourd'hui, ce serait se dédire par rapport au choix de l'avoir maintenu en poste.
00:17:10 Vincent Roy, votre regard sur son retour dans la situation, il faut bien l'appeler ainsi.
00:17:15 Trois petites choses très rapidement.
00:17:16 D'abord, cher Denis, on n'est pas du tout certain que M. Dupond-Moretti comparaisse dans l'exercice de ses fonctions.
00:17:24 Il peut être débarqué, il peut être débarqué avant, auquel cas, ce ne serait plus une première, si j'ose dire.
00:17:30 Premier point.
00:17:31 Je ne suis pas certain qu'Emmanuel Macron, si par bonheur, il avait su que le parquet, etc.,
00:17:41 que M. Dupond-Moretti serait amené à comparer devant la Cour de justice,
00:17:45 l'aurait d'autant qu'il y a des bruits de couloir qui disent qu'on avait pensé également à M. Attal comme garde des Sceaux.
00:17:53 Donc, je ne suis pas certain.
00:17:55 Et puis, pour vous dire le fond de ma pensée, je trouve quand même, enfin, pour les Français, ça doit être la même chose,
00:18:03 je trouve quand même qu'un garde des Sceaux qui comparaît devant la Cour de justice de la République, ça la fout plutôt mal, non ?
00:18:11 À une époque où on se dit la parole politique est discréditée, où on se dit les Français n'ont plus confiance dans leur politique, etc.
00:18:19 Ce n'est pas n'importe qui, le garde des Sceaux.
00:18:21 C'est précisément le garde des Sceaux et c'est lui qui, d'une certaine manière, alors bien sûr présomption d'innocence,
00:18:27 enfin, c'est à mi-temps la présomption d'innocence, il y a certains flics pour lesquels on en reparlera sans doute tout à l'heure.
00:18:33 La Cour Dupond-Moretti, c'est présomption d'innocence.
00:18:35 Quant au propos, dernier point, quant au propos d'Emmanuel Macron que vous avez cité, il date, si je ne me trompe, d'octobre 2022.
00:18:44 Il serait heureux de l'écouter à l'heure où nous parlons. Peut-être qu'il sera moins à l'aise avec toute cette affaire.
00:18:52 Avoir dans son gouvernement quelqu'un qui va comparer devant la Cour de justice de la République,
00:18:55 quand cette personne en l'espèce est M. Dupond-Moretti, très bon acteur d'ailleurs, qui va passer des planches au parquet, ça ne va pas être la même musique.
00:19:05 Alors on rappelle quand même, pour ceux qui nous regardent, parce que c'est un dossier assez compliqué,
00:19:10 ce qu'il lui est reproché, il est soupçonné d'avoir profité de sa fonction de ministre pour régler ses comptes avec des magistrats auxquels il s'était opposé dans sa première vie d'avocat.
00:19:18 Il avait formé, lui, sept pourvois contre la procédure, un huitième contre l'arrêt d'octobre qui avait prononcé le renvoi en procès.
00:19:27 Et parmi les points litigieux, c'est important de le souligner parce que c'est là-dessus que misait et que reposait au fond sa défense,
00:19:33 il y avait l'absence de notification aux gardes des sceaux de son droit au silence lors d'une audience cruciale.
00:19:37 Bon, ça arrive, on a vu qu'il y avait pas mal de vices de procédure dans des dossiers récents,
00:19:42 le tri de documents par une greffière, le rôle de juge et parti attribué à François Mollins, qui entre-temps a pris sa retraite,
00:19:48 les plaintes initiales des syndicats de magistrats et d'anticorps, présentées comme irrégulières,
00:19:53 et finalement, les deux camps, pas seulement le camp de la défense, mais les deux camps s'attendaient à ce que la décision soit plutôt favorable aux ministres,
00:20:00 il n'en a pas été ainsi, ça reste un coup de théâtre assez important quand même.
00:20:06 On va voir après la réaction des magistrats.
00:20:08 Moi je suis assez stupéfait parce que je pense quand même que le pays a des problèmes extrêmement graves à régler,
00:20:16 de délinquance, d'organisation des JO pour que tout se passe bien, on a encore beaucoup de pauvreté,
00:20:22 les restos du cœur sont encore extrêmement bien implantés alors qu'ils auraient dû disparaître,
00:20:26 et là, vous avez soulevé un certain nombre de points de procédure, c'est quand même pas non plus des faits extrêmement graves
00:20:32 par rapport à une guerre en Ukraine, par rapport à des tensions géopolitiques,
00:20:36 je pense quand même qu'on aurait peut-être pu s'épargner ça dans le temps court,
00:20:40 voir ça peut-être après l'exercice de ses fonctions, plutôt que d'occuper un grand personnage de ce gouvernement,
00:20:48 vous l'avez dit, c'est un poids lourd, après on pense ce qu'on veut, mais c'est quand même un poids lourd,
00:20:51 c'est comme Darmanin, c'est un poids lourd dans le gouvernement, le maire, et là en fait on va consacrer la tension.
00:20:56 Quelque chose de l'ordre de l'acharnement ou du réglement ?
00:20:58 Si on raisonne comme ça, ça voudrait dire qu'il y a des justiciables qui sont plus égaux que d'autres,
00:21:02 il y en a un on va dire "vous avez un métier stratégique dans une situation importante et périlleuse,
00:21:07 donc on va vous laisser tranquille", et au contraire je trouve que c'est plutôt à l'honneur de la justice
00:21:11 de poursuivre son travail sans tenir compte de cet effet.
00:21:15 Ce n'était pas urgent d'aborder ces sujets-là maintenant, ça pouvait attendre la fin de ses fonctions.
00:21:19 La justice, c'est son calendrier qui tient pas compte de l'actualité, les choses sont décorrélées.
00:21:25 Et heureusement, parce que sinon rien ne se passerait jamais au niveau sociétal.
00:21:29 Et puis pour être tout à fait complet, rappelons cette formule célèbre de Mitterrand,
00:21:33 "les juges ont eu la peau de l'ancien régime, ils auront la peau de la République",
00:21:36 c'était pour être complet dans le dossier.
00:21:38 Alors on va enchaîner avec Gérald Darmanin, alors ce n'est pas son meilleur ami, loin s'en faut.
00:21:44 On a vu hier soir, on n'a jamais réussi à les réconcilier ces deux-là,
00:21:49 et je pense que là maintenant les choses sont pires que tout.
00:21:52 Il a apporté dès son retour de Nouméa son plein soutien, on l'attendait beaucoup bien sûr,
00:21:57 pour soutenir ses troupes, ça s'est passé hier, d'abord dans un commissariat du XIXe,
00:22:03 et puis ensuite il a reçu les syndicats de policiers Place Beauvau,
00:22:07 des syndicats qui étaient satisfaits dans leur ensemble, en tout cas les représentants syndicaux
00:22:11 étaient très satisfaits à la sortie, ils se sont sentis compris.
00:22:15 Et puis il a réitéré par cette occasion son soutien à Frédéric Vaud,
00:22:20 c'est le premier finalement à avoir lancé, comme ça, jeté un pavé dans la mare
00:22:25 en prenant fait des causes pour les policiers, et il avait déclaré, on s'en souvient il y a quelques jours,
00:22:29 qu'un policier n'avait pas sa place en prison.
00:22:31 Écoutons Gérald Darmanin venir au secours de Frédéric Vaud.
00:22:34 Le directeur général de la police nationale est un grand policier, j'allais dire un grand flic.
00:22:38 30 ans de carrière au service de la République, à arrêter des voyous, à protéger des innocents.
00:22:44 Et je vais vous dire, je souhaite à tous ceux qui ont craché sur le directeur général de la police nationale,
00:22:48 qui l'ont insulté, la même carrière, le même service, le service de la République.
00:22:52 Le dire qu'il n'est pas démocrate, le dire qu'il n'est pas républicain,
00:22:55 est une insulte vis-à-vis de la carrière de ce fonctionnaire
00:22:58 qui a risqué sa vie des centaines de fois pour nous protéger.
00:23:01 Donc c'est un excellent directeur général, il a parlé comme parle un chef vis-à-vis de ses policiers,
00:23:06 je le soutiens totalement et je suis très fier que ce soit mon collaborateur.
00:23:09 Chacun est dans son rôle ici, depuis le début de toute cette affaire,
00:23:13 on a entendu un président et sa première ministre dans la foulée
00:23:16 être en même temps permanents pour maintenir l'équilibre institutionnel.
00:23:22 Évidemment, Éric Dupond-Moriti, qu'on entendra dans un instant,
00:23:25 qui lui défend la sacro-sainte indépendance de la justice.
00:23:31 On n'en attendait pas moins de Gérald Darmanin,
00:23:33 de point de vue des défections au série quand même des policiers,
00:23:37 parce que là, ça commence à devenir tendu comme situation.
00:23:39 Il est dans son rôle, c'est aussi un homme politique qui a une très bonne mémoire
00:23:42 et il sait que la dernière fois qu'un ministre de l'Intérieur a émis des réserves sur sa propre police,
00:23:46 il s'est fait virer dans le mois, c'est sur Castaner.
00:23:50 Il est proposé de mettre un genou à terre.
00:23:53 Voilà, donc maintenant, lui, il a retenu la leçon, il soutient jusqu'au bout ses troupes.
00:23:58 Vincent Roy, est-ce que c'est un soutien d'affichage
00:24:04 ou est-ce que derrière, il y aura des actes concrets,
00:24:06 il va pouvoir vraiment leur donner des gages sur une reprise de travail sereine ?
00:24:11 Parce qu'il ne peut pas faire grand-chose en fait en l'espèce.
00:24:13 Ça, ça serait d'abord beaucoup s'avancer.
00:24:15 Non, il y a une chose qui est, enfin qui moi me paraît intéressante,
00:24:19 c'est de mettre en regard la déclaration hier soir de Gérald Darmanin
00:24:24 et puis les déclarations du président de la République au moment de l'affaire Nael,
00:24:30 lorsqu'il avait dit c'est inexcusable, c'est-à-dire ce sont deux routes bien différentes
00:24:37 qu'empruntent l'un et l'autre, bien que faisant partie du même gouvernement.
00:24:41 Mais là, on voit bien qu'il y a une confiance adressée à la police
00:24:47 et d'un autre côté, Emmanuel Macron qui désavoue,
00:24:51 qui a désavoué à ce moment-là sa police complètement.
00:24:55 Donc ce sont deux routes qui soient dans son rôle.
00:24:58 Après, que peut faire Gérald Darmanin ?
00:25:02 C'est difficile de le dire.
00:25:05 Est-ce qu'il peut vraiment rassurer ?
00:25:07 Je ne suis pas sûr que ce discours-là ait totalement rassuré la base dont nous parlions tout à l'heure.
00:25:12 On va le voir tout à l'heure.
00:25:13 Effectivement, il y a des voix dissonantes quand même qu'on a pu entendre.
00:25:16 Et puis, écoutons aussi Éric Dupond-Moretti, lui qui pareil, défend sa chapelle.
00:25:22 Ce dont la justice a d'abord besoin et surtout besoin,
00:25:28 elle a besoin, comme les policiers, de respect.
00:25:32 Elle a besoin d'indépendance.
00:25:35 Elle a besoin qu'on la laisse travailler.
00:25:38 Et il y a trois ans que je dis, et je le redis aujourd'hui,
00:25:42 que la justice ne se rend pas dans la rue,
00:25:45 elle ne se rend pas sur les plateaux de télévision,
00:25:48 elle se rend dans les palais de justice.
00:25:51 Et quand on n'est pas content d'une décision,
00:25:53 eh bien on utilise les voies de recours que nous autorise le code de procédure pénale.
00:25:58 Alors, le 3 août, il y aura un appel, on verra à l'issue de ça.
00:26:02 Denis Deschamps, l'opposition est plus marquée que jamais en ce moment
00:26:06 entre les différentes institutions, entre les différents piliers,
00:26:09 les incarnations de nos institutions.
00:26:11 On n'avait jamais vu pareil fossé, même depuis cet inimitié
00:26:14 qui commence à dater entre ces deux-là.
00:26:16 En même temps, ces deux ministères qui nous a fournis quelques exemples dans le passé,
00:26:21 vous savez, c'est les deux aimants qui se repoussent en permanence.
00:26:24 - Giravald. - Voilà, par exemple.
00:26:27 Et même sous les gouvernements de droite, il y en a eu aussi.
00:26:31 Non, là, ça me fait sourire de voir, en fait, le ministre Dupond-Moreti
00:26:37 qui a beaucoup utilisé également les plateaux télé
00:26:39 justement comme tribune pour certaines de ses affaires.
00:26:42 Maintenant, il a quand même tout doucement rappelé
00:26:45 que la justice a besoin de sérénité.
00:26:47 Il n'a pas dit sérénité, mais il a expliqué qu'elle a besoin de sérénité
00:26:50 et surtout d'indépendance.
00:26:51 Ça, c'est très clair. En gros, nous, nous sommes indépendants.
00:26:54 On fait notre travail, on est dans le temps long.
00:26:56 Laissez-nous agir en toute indépendance.
00:26:58 Je reviens sur le ministre Darmanin.
00:27:01 Il est dans son rôle indiscutablement.
00:27:03 Effectivement, ce n'est pas du bout des lèvres,
00:27:05 mais en tout cas, c'est très mesuré, son discours, son appui.
00:27:08 Il est très, très mesuré.
00:27:10 Peut-être que ça va se faire en plusieurs temps.
00:27:12 On le saura plus tard.
00:27:13 Mais en tout cas, c'est très mesuré.
00:27:15 Ça semble calculé.
00:27:17 Ça semble quand même globalement assez sincère,
00:27:19 ce soutien qu'il a envers son collaborateur.
00:27:23 Mais en même temps, il faut aussi regarder, déplacer l'angle de la caméra.
00:27:28 Il y a aussi un regard apporté sur les gens de terrain, les policiers.
00:27:32 Il y a beaucoup de fatigue, beaucoup de tension.
00:27:34 Mais ça va au-delà de la simple détention du policier.
00:27:38 Oui, tout à fait.
00:27:39 Ils ont accumulé beaucoup de fatigue.
00:27:41 Vous avez vu tout de suite, l'émotion s'enflamme.
00:27:43 Et on peut les comprendre.
00:27:44 Et ils vont être très sollicités pour la Coupe du Monde de Rubis
00:27:47 et ensuite pour les JO.
00:27:48 Donc on a besoin d'eux pour que la France rayonne aussi.
00:27:51 Ce n'est pas que la Tour Eiffel.
00:27:52 On a besoin d'eux aussi.
00:27:53 Donc ils vont être très sollicités.
00:27:55 Si on s'arrête un instant sur Gérald Darmanin,
00:27:57 et qu'on voit les choses d'un point de vue, d'un angle plus politique,
00:28:01 il a quand même des ambitions assez marquées.
00:28:04 On a dit qu'il était chafouin, triste.
00:28:06 Je crois que c'est le terme qu'avait employé son entourage,
00:28:08 parce qu'il n'avait pas été promu à Matignon.
00:28:10 Il y a eu aussi cette petite passe d'armes avec Emmanuel Macron
00:28:13 qui répondait à une question posée à Nouméa
00:28:15 où se trouvait lui-même son ministre de l'Intérieur quasiment à ses côtés.
00:28:19 Il dit d'Édouard Philippe qu'il pourrait l'adouber,
00:28:21 qu'il pourrait être un dauphin naturel.
00:28:23 Il y a des jeux qui se jouent aussi en coulisses entre ces deux larmes.
00:28:26 Mitterrand était très fort là-dessus.
00:28:27 C'est des jeux de billard à trois bandes.
00:28:29 Parce qu'en réalité, alors ça c'est un piège dans lequel beaucoup de gens sont tombés.
00:28:33 Quand Emmanuel Macron félicite et considère Édouard Philippe comme un ami.
00:28:38 Mais ce n'est pas du tout un adoubement.
00:28:40 C'est une immense peau de banane qui lui est envoyée.
00:28:42 Si vous voulez, il y a une constante dans l'histoire de la Ve République.
00:28:45 Quand il y a le président d'un parti et son dauphin du même parti,
00:28:49 souvent c'est toujours la même chose.
00:28:52 Le dauphin va dire "Moi en fait, je vais essayer de faire une rupture dans la continuité.
00:28:56 Donc je vais dire des choses un peu méchants quand même sur le boss.
00:28:59 On va dire qu'il est vieux, usé.
00:29:01 On va dire, c'est ce qu'il disait Sarkozy,
00:29:03 qu'il s'occupe de nettoyer les serrures du château pendant que le pays va à volo.
00:29:07 Et là en fait, quand Macron dit "Mais en fait, Édouard Philippe, c'est mon ami.
00:29:10 Édouard Philippe est coincé.
00:29:12 Il ne pourra plus jamais dire "En fait, Macron, il n'a pas un super bon bilan".
00:29:15 Il le muselle habilement.
00:29:17 Sachant en fait que pourquoi Macron a dit ça,
00:29:19 parce que depuis quelques temps,
00:29:21 Édouard Philippe commençait à avoir cette petite offensive.
00:29:24 Par exemple, quand il essayait d'être plus dur que la majorité sur l'immigration,
00:29:28 remettre en cause les accords migratoires avec l'Algérie, etc.
00:29:31 Il faisait comme Sarkozy avec Jacques Chirac.
00:29:35 Oui, c'est vrai.
00:29:36 Et là, Macron a été très habile.
00:29:38 Il a savonné la planche.
00:29:39 Il fait en sorte qu'il y ait multiples compétiteurs derrière lui.
00:29:42 Ça peut être Gérald Darmanin, ça peut être Édouard Philippe, ça peut être Bruno Le Maire,
00:29:45 qui sait, Gabriel Attal ou un autre outsider.
00:29:47 Il va se contenter de brouiller les pistes jusqu'au bout.
00:29:49 Exactement, comme Mitterrand.
00:29:50 Le casting n'est pas terrible.
00:29:52 De toute façon, les présidents n'aiment rien,
00:29:56 moins que des anciens premiers ministres qui nourrissent des ambitions présidentielles.
00:30:00 On pourrait aussi citer l'exemple de François Fillon et Nicolas Sarkozy.
00:30:04 Et souvent, ils préfèrent même "adouber" quelqu'un d'un parti adverse.
00:30:09 Par exemple, on le sait maintenant quand on lit toute la littérature politique,
00:30:14 François Mitterrand préférait quand même avoir comme successeur Jacques Chirac que Lionel Jospin.
00:30:20 Ou Michel Rocart, à qui il a causé du tort pratiquement pendant tout son passage à Matignon.
00:30:28 Peut-être que je m'égare un petit peu, mais vous voulez réagir sur le plan politique ?
00:30:31 Non, mais vous venez de faire une démonstration formidable qui explique très bien
00:30:36 pourquoi finalement les Français n'accordent plus beaucoup de crédit à la parole politique.
00:30:43 C'est absolument évident.
00:30:44 On voit bien que là, c'est tout à fait élégité.
00:30:48 À partir du moment où le compliment est parti, le personnage est fixé,
00:30:53 il ne peut plus bouger, il ne peut plus dire du mal de Macron.
00:30:56 Il l'a cornerisé.
00:30:57 Il l'a cornerisé, voilà.
00:30:58 Ça va se feuilletonner pendant trois ans.
00:30:59 Bien sûr.
00:31:00 Peut-être que Macron va propulser légèrement des Gabriel Attal par exemple pour régler le jeu aussi,
00:31:05 ce qui est tout à fait possible.
00:31:06 Il est brillant, il n'y a rien à redire là-dessus.
00:31:08 Il faudra qu'il s'illustre à l'éducation nationale, on verra.
00:31:11 Il est proactif, on y viendra tout à l'heure.
00:31:13 Bruno Le Maire ne va pas lâcher l'affaire non plus, monsieur Darmanin non plus.
00:31:16 Bruno Le Maire qu'on a trouvé très discret, c'est un sujet dont on ne l'a pas entendu.
00:31:20 On va se revoir probablement plein de fois sur ces sujets-là.
00:31:23 Il ne faut pas qu'il se l'aurove au kiri.
00:31:25 Si on peut faire peut-être une comparaison historique, Bruno Le Maire, il se giscardise.
00:31:30 C'est-à-dire que Giscard est resté très très longtemps, j'allais dire à Bersim, à l'époque c'était au Louvre,
00:31:34 donc ministre de l'Économie, à l'époque des Trente Glorieuses où tout allait bien.
00:31:38 Il est arrivé en disant au mois, en fait j'incarne le Renouveau, je suis l'homme de la Prospérité.
00:31:43 Là, Bruno Le Maire est exactement sur la même ligne.
00:31:46 Il va dire, moi j'étais aux manettes quand le chômage a baissé,
00:31:49 quand on a arrêté le chômage de masse, les aides Covid, etc.
00:31:52 Toutes les bonnes annonces, c'est lui qui les sort.
00:31:55 Il va faire peut-être comme Giscard dessin.
00:31:57 Il nous fera une Giscard.
00:31:59 Et du reste, le slogan de Giscard c'était le Renouveau,
00:32:02 et Bruno Le Maire quand il était candidat à la primaire LR, son slogan c'était le Renouveau, c'est Bruno.
00:32:07 Il ne va pas pouvoir le ressortir celui-ci.
00:32:08 Non, mais surtout ça n'avait pas très bien marché à l'époque.
00:32:10 C'est vrai, ça ne va pas réussir.
00:32:11 Dernière comparaison, c'est très juste ce que vous venez de dire,
00:32:14 dernière comparaison, que ça soit Giscard ou Bruno Le Maire,
00:32:17 ils ont écrit tous les deux de très mauvais livres.
00:32:19 Excellente comparaison.
00:32:20 Donc ça leur fait un point commun qui pourrait les porter d'un succès.
00:32:25 Alors qu'Edouard Philippe en sort un, ça ne vous a pas échappé ?
00:32:27 Oui, mais peut-être celui-ci sera tellement...
00:32:29 Un deuxième, peut-être.
00:32:30 Alors, on va écouter...
00:32:32 Le titre était super marrant, je crois, c'était "Des lieux qui..."
00:32:35 "Des lieux qui disent" ?
00:32:37 "Qui disent".
00:32:38 "Des lieux qui disent".
00:32:39 Je crois, je crois.
00:32:40 On est vraiment sur la notion d'identité.
00:32:43 Et du coup c'était rigolo, il y a eu une contrepétrie qui circule beaucoup sur les réseaux sociaux,
00:32:47 où le livre c'est "Des vieux qui élisent".
00:32:50 Ah d'accord.
00:32:51 Donc la couverture a été détournée.
00:32:52 Contrepétrie...
00:32:53 Ou "Des vieux qui disent".
00:32:55 "Des vieux qui disent" ou "Des vieux qui lisent".
00:32:57 On peut en faire pas mal.
00:32:58 J'aimerais qu'on écoute Olivier Faure,
00:33:00 qui alors, lui, a carrément jeté un pavé dans la mare
00:33:04 en demandant la démission de tout le monde dans cette affaire de police.
00:33:07 Je ne sais pas s'il parle d'une même voix, si c'est le cas, c'est inquiétant.
00:33:11 Pourquoi ? Parce que vous avez aujourd'hui des institutions républicaines
00:33:14 qui sont parfaitement remises en cause,
00:33:17 assumées par le ministre de l'Intérieur,
00:33:18 qui, comme le DGPN et comme le préfet de police de Paris,
00:33:22 devraient démissionner.
00:33:24 Vous demandez ce matin leur démission, à tous les deux, y compris Laurent Nunez.
00:33:27 Bien sûr.
00:33:28 Ah mais aux trois, bien sûr.
00:33:29 Pourquoi ? Parce qu'ils défient aujourd'hui les lois de la République.
00:33:32 Imaginez que demain vous ayez des ministres qui, les uns après les autres,
00:33:36 viennent expliquer que la règle que nous avons toutes et tous adoptée
00:33:40 est une règle qui ne s'applique pas à eux.
00:33:42 Comment pouvez-vous justifier le fait que vous ayez aujourd'hui
00:33:45 une catégorie de fonctionnaires qui n'acceptent plus de répondre de la loi
00:33:50 et qui considèrent qu'ils le précèdent d'eux-mêmes ?
00:33:54 C'est quand même complètement inouï.
00:33:56 Et donc vous avez là effectivement une situation qui est extrêmement grave,
00:33:59 qui suppose que le chef de l'État s'en empare
00:34:02 et qu'il rappelle quels sont les fondements de la République.
00:34:04 Et je le répète, il est le garant de l'indépendance de la justice.
00:34:08 C'est son rôle constitutionnel.
00:34:11 Jean-Luc Mélenchon, je crois cette semaine, parlait de factieux, de sédicieux.
00:34:14 Il est quand même assez zélé ces derniers temps, Olivier Faure.
00:34:18 On ne l'avait pas connu si incisif.
00:34:21 Je ne sais pas si c'est la transformation au sein de la NUP,
00:34:24 ça n'a pas toujours été simple ces dernières semaines pourtant.
00:34:26 Mais là, il est en train de reprendre un peu du poil à la pâte, de se remettre en selle.
00:34:29 Il essaie d'exister, de toute façon.
00:34:31 Donc il faut qu'il durcisse un petit peu son discours.
00:34:34 Il ne propose rien en attendant.
00:34:35 La gauche est inexistante sur l'échiquier politique.
00:34:38 Il ne propose rien.
00:34:40 Il oublie de dire quand même que M. Mélenchon a essayé de faire des coups
00:34:44 pendant la présidentielle, après la présidentielle, le troisième tour,
00:34:47 avec le poste de Premier ministre.
00:34:49 Donc ça, il l'écarte et il se concentre sur les trois personnages
00:34:52 qui devraient démissionner.
00:34:54 D'abord, ça ne résoudra absolument rien.
00:34:56 Ensuite, c'est une proposition qui est un petit peu grotesque.
00:34:58 Mais en attendant, il essaie justement d'amener à lui les caméras
00:35:01 pour essayer d'exister.
00:35:03 Je pense qu'ils sont quand même en carence violente d'idées,
00:35:06 de structuration, d'équipe.
00:35:08 Parce qu'ils n'ont pas un homme fort,
00:35:10 ils n'ont pas un Mitterrand, un Rocart, vous voyez ce que je veux dire.
00:35:12 Ils n'ont pas une tête qui sort.
00:35:14 - Mais surtout qu'il y a une ligne dissidente qui est en train d'émerger
00:35:16 chez les socialistes, avec le retour en force d'un Bernard Cazan,
00:35:19 enfin qui tente de faire un retour en force.
00:35:21 Comment vous analysez ces propos, Lucas Jakobowicz ?
00:35:25 Jakobowicz, pardon.
00:35:27 - Oh, c'est pas grave.
00:35:29 On peut faire démissionner qui on veut, la situation de front,
00:35:32 elle ne changera rien.
00:35:34 En fait, ce qui se passe, c'est que, imaginez-vous il y a 20 ans,
00:35:37 imaginez-vous, on se téléporte maintenant.
00:35:39 Et on voit qu'en France, on a des gilets jaunes,
00:35:41 violences d'extrême droite, violences d'extrême gauche,
00:35:43 attentats terroristes, émeutes, émeutes en banlieue,
00:35:47 émeutes dans les zones rurales.
00:35:48 On est dans une situation qui est extrêmement tendue
00:35:50 sur le plan sécuritaire, beaucoup plus qu'il y a 20 ans.
00:35:53 Moralité, on a besoin de qui ?
00:35:55 Les pouvoirs publics ont besoin de qui ?
00:35:56 Des forces de l'ordre.
00:35:57 Aujourd'hui, les forces de l'ordre occupent dans la pari de l'État
00:36:00 un poids considérable.
00:36:01 Un poids tel, et là-dessus Olivier Faure a raison,
00:36:03 qu'elles sont aujourd'hui en position de force
00:36:05 et elles peuvent imposer aux pouvoirs politiques certaines choses.
00:36:07 C'est-à-dire, en fait, on a un policier qui peut-être a filé une balle
00:36:11 dans la tête de quelqu'un qui est handicapé,
00:36:13 enfin une belle, belle BD, mais on va demander
00:36:15 à ce que le policier soit relâché.
00:36:16 En fait, aujourd'hui, ce qui se passe, c'est que la police
00:36:18 est en train de devenir tellement forte dans l'appareil de l'État
00:36:21 et les politiciens ont tellement besoin de sécurité,
00:36:24 en fait, qu'ils vont faire plein, plein de concessions à la police.
00:36:27 Mais on peut changer n'importe qui à la tête de l'État,
00:36:29 à la tête de la préfecture de police ou autre,
00:36:31 ça ne changera rien.
00:36:32 Je vais même vous dire une chose,
00:36:33 si un jour la gauche arrive au pouvoir,
00:36:35 elle sera obligée de composer avec les policiers
00:36:37 et leur faire des concessions comme la Macronie
00:36:39 est en train de faire aujourd'hui.
00:36:40 Si tant est que les policiers veuillent encore exercer ce métier,
00:36:43 parce que c'est, on voit qu'il y a des défaits.
00:36:45 Certains de leurs syndicats disaient cette semaine,
00:36:49 on s'attend à des démissions en série,
00:36:51 c'est-à-dire qu'au-delà de la crise actuelle,
00:36:53 il pourrait aussi y avoir des défections.
00:36:55 Moi, je ne suis pas tout à fait d'accord.
00:36:56 Majeur, non, mais je vous ai vu.
00:36:57 Oui, je ne suis pas tout à fait d'accord avec ses propos.
00:36:59 Je ne trouve pas que la police soit en position de force
00:37:02 à l'heure actuelle.
00:37:03 Moi, je pense qu'on a chargé beaucoup de nouvelles missions,
00:37:06 la police.
00:37:07 Ils sont sous effectifs flagrants dans plein d'endroits.
00:37:10 Ils sont débordés de missions dans plein d'endroits.
00:37:13 Effectivement, parfois, il y a,
00:37:15 mais c'est en statistique par rapport au nombre de missions
00:37:18 qu'ils délivrent, c'est epsilonesque.
00:37:20 Mais effectivement, parfois, il y a,
00:37:22 je ne sais pas comment on pourrait appeler ça,
00:37:23 ce n'est pas des dérapages.
00:37:24 Peut-être que c'est des circonstances qui font
00:37:26 que ça crée un clash.
00:37:27 On n'est pas aux États-Unis,
00:37:28 donc il ne faut pas faire le parallèle comme ça.
00:37:30 C'est très facile de le faire,
00:37:31 mais on n'est pas aux États-Unis.
00:37:32 Ce n'est pas des francs tireurs,
00:37:34 ce n'est pas des cow-boys, les policiers français.
00:37:36 Et je le répète, ils sont débordés de missions
00:37:40 et ils sont en sous-effectifs.
00:37:41 Donc, je ne pense pas du tout qu'ils soient en position de force.
00:37:44 Je crois même que dans certains endroits,
00:37:45 ils sont en position de fatigue, de détresse,
00:37:48 tellement tout leur tombe dessus.
00:37:50 Et de pression.
00:37:51 Et de pression, exactement.
00:37:52 Parce qu'il n'y a pas que…
00:37:53 Oui, oui, oui.
00:37:54 Il y a effectivement des problèmes de sous-effectifs,
00:37:57 mais il y a aussi une pression telle que
00:38:01 les soirées d'émeutes devaient être particulièrement épouvantes.
00:38:06 Avant, il y a eu Sainte-Soline.
00:38:08 Ils sont très sollicités.
00:38:10 Il y a des rendez-vous majeurs qui nous attendent.
00:38:12 Mais justement, ils sont de plus en plus sollicités.
00:38:14 Donc, ils sont en position de force.
00:38:16 Aujourd'hui, s'ils s'arrêtent de travailler,
00:38:18 qu'est-ce qui se serait passé s'ils avaient fait grève,
00:38:19 par exemple, à Sainte-Soline,
00:38:20 s'ils avaient fait grève pendant les émeutes
00:38:22 au début du mois de juillet ?
00:38:24 Donc, pour vous, ils ont un levier quand même pour la salle.
00:38:26 Ils ont un levier.
00:38:27 Pour l'instant, ils n'ont pas trop…
00:38:30 On verra.
00:38:31 … de promesses en termes de renforcement des effectifs.
00:38:33 À propos de Sainte-Soline, on a dit que les phénomènes de…
00:38:35 De revalorisation.
00:38:36 De violence qui avait lieu à Sainte-Soline
00:38:40 étaient dus à la présence même de la police.
00:38:42 On l'a entendu.
00:38:43 Enfin, pour ceux qui étaient…
00:38:44 Ça reste contre notre horacie aussi.
00:38:45 Pour ceux qui étaient atteints de cette maladie
00:38:46 qui s'appelle la mélanchonite.
00:38:47 Oui, effectivement, mais on ne l'a beaucoup pas entendu.
00:38:49 Mais on a appris aussi après qu'il y a des éléments
00:38:51 200 ou 300 personnes qui viennent de l'étranger,
00:38:53 qui sont des spécialistes…
00:38:54 Absolument.
00:38:55 … qui sont…
00:38:56 C'est la guérilla quelque part.
00:38:57 Absolument.
00:38:58 Et donc, les pauvres policiers,
00:38:59 ils sont quand même fortement attaqués.
00:39:00 En tout cas, ce qui est sûr,
00:39:01 c'est qu'au plus haut sommet de l'État,
00:39:02 on n'a pas intérêt à que les policiers
00:39:04 poursuivent leur grève.
00:39:05 Ah ben non.
00:39:06 Vous parliez des propos d'Emmanuel Macron tout à l'heure.
00:39:08 Moi, je le trouve très, très modéré
00:39:09 et très, très bienveillant par rapport à la police.
00:39:11 Et d'ailleurs, dans son dernier discours,
00:39:13 il n'a pas prononcé une seule fois le mot de Niel.
00:39:16 Élisabeth Born, silence radio,
00:39:18 elle n'a rien dit qui pourrait heurter les policiers.
00:39:20 Oui, on le sent qu'ils sont dans un profil bas par rapport à la crise.
00:39:23 Donc vraiment, il y a des concessions énormes, je pense,
00:39:25 qui vont être faites à la police et qui ont déjà commencé.
00:39:27 Il suffit de regarder le budget du ministère de l'Intérieur depuis 2014.
00:39:31 Il y a beaucoup de questions autour des salaires quand même.
00:39:33 Ah ben oui.
00:39:34 Au-delà même des effectifs et de la…
00:39:36 Il demande aussi la considération.
00:39:37 C'est un mot qui revient souvent dans la bouche des policiers.
00:39:39 Mais les salaires, les arriérés d'heures supplémentaires
00:39:44 qui n'ont jamais été, à vrai dire, rémunérés.
00:39:46 Mais ce n'est pas très attractif comme métier, oui, en effet.
00:39:49 Oui, quand on regarde la base salariale, franchement…
00:39:53 On parlait tout à l'heure des syndicats et de la base qui se dissocie
00:39:58 de ce qui s'est passé hier, Place Beauvau.
00:40:01 Écoutez, Marc Lamolla, alors lui, c'est un ancien policier,
00:40:04 il n'est plus en exercice, mais il a eu des mots très durs
00:40:07 sur l'issue de la rencontre avec Gérald Darmanin.
00:40:10 Les propos du ministre de l'Intérieur d'hier, moi, je suis effaré
00:40:14 de voir que les syndicats sont insatisfaits.
00:40:17 Je peux vous assurer quelque chose, monsieur Lebrecht,
00:40:19 c'est que les syndicats sont satisfaits, mais pas les collègues de la base.
00:40:22 Je ne les représente pas, comprenons-nous bien,
00:40:24 je ne représente personne d'autre que moi-même.
00:40:27 Néanmoins, je suis en contact régulier avec l'ensemble des collègues
00:40:31 marseillais au moins, qui sont en arrêt maladie aujourd'hui,
00:40:34 et eux ne sont pas satisfaits.
00:40:36 Eux, voilà, ont entendu des mots, des palabres.
00:40:38 Je pense que, évidemment, le temps des palabres est terminé
00:40:41 depuis bien longtemps, il faut passer aux actes,
00:40:44 aux actes forts qui feraient que mes collègues,
00:40:47 et notamment, j'y reviens, la mise en liberté
00:40:50 de notre collègue incarcéré à Marseille.
00:40:52 Il lui est difficile de faire autrement, Gérald Darmanin.
00:40:55 Il était à 16 000 km, la crise a débuté il y a 4-5 jours maintenant,
00:41:01 on en a parlé surtout au début du week-end,
00:41:03 donc il faudra voir dans quelques semaines à la rentrée.
00:41:05 Faut-il quand même dans ces conditions, convoquer des Etats généraux ?
00:41:08 On en parlait tout à l'heure, des Etats généraux de la sécurité,
00:41:11 de la justice, je crois qu'Unité SGP plaide pour ça,
00:41:16 c'est-à-dire qu'ils ont vraiment émis ce souhait
00:41:18 pour remettre un peu tout à plat,
00:41:20 mais convoquer aussi les représentants de la justice,
00:41:22 c'est-à-dire ne pas faire des colloques chacun dans son coin.
00:41:24 Est-ce que ça peut assainir les choses ?
00:41:26 Non, mais les Etats généraux, est-ce que c'est pas la tarte à la crème ?
00:41:29 A chaque fois qu'il y a un problème maintenant,
00:41:30 on convoque des Etats généraux.
00:41:32 Moi, je voudrais savoir ce qu'il en sort.
00:41:34 Des rapports, des pistes de réflexion.
00:41:36 Des rapports qu'on lit, qu'on ne lit pas.
00:41:39 Si les Etats généraux pouvaient fournir des idées,
00:41:43 permettre aux gens de se mettre d'accord,
00:41:45 que ça soit dynamique, etc., on ne voit pas ça.
00:41:47 On convoque simplement des Etats généraux
00:41:49 comme pour planquer quelque chose sous le tapis.
00:41:51 Ça n'a jamais donné quoi que ce soit.
00:41:53 Donc arrêtons de convoquer les Etats généraux,
00:41:56 mettons les bonnes personnes ensemble pour discuter
00:41:59 et prenons les décisions en politique.
00:42:02 Ce qui, à mon sens, manque depuis très longtemps,
00:42:05 et on le verra tout à l'heure sans doute sur d'autres sujets,
00:42:07 c'est simplement un peu de courage, ça serait pas mal.
00:42:09 Et de l'action.
00:42:10 Et de l'action, évidemment.
00:42:11 L'intelligence, c'est la décision.
00:42:13 Oui, et ce qui manque aussi, c'est de l'argent.
00:42:16 S'il faut avoir quelques chiffres concrets,
00:42:18 aujourd'hui, c'est 72 euros par habitant
00:42:22 qui est consacré à la justice en France.
00:42:24 La moyenne de l'OCDE, c'est 122.
00:42:26 Il faut parler du nombre de magistrats aussi.
00:42:29 Je crois qu'il y en a deux fois moins qu'en Allemagne.
00:42:31 De procureurs, de greffiers.
00:42:32 Alors oui, on peut comparer avec l'Allemagne
00:42:33 qui est vraiment en pointe dans la matière,
00:42:35 mais par rapport au PIB, l'OCDE,
00:42:37 sur tous ces sujets, on est 30% moins bien.
00:42:39 Il suffit de débloquer un peu plus d'argent,
00:42:41 et je pense qu'une grande personne...
00:42:43 Mais il n'y en a plus de l'argent.
00:42:44 On nous dit que la dette est abyssale,
00:42:45 qu'il y a pas...
00:42:46 Je sais pas, j'ai vu qu'il y avait des aides
00:42:49 pour reconfectionner des habits usés,
00:42:51 des aides pour les vélos,
00:42:52 des aides pour plein de choses.
00:42:53 Il pourrait y en avoir un peu pour la justice.
00:42:54 Donc d'une meilleure affectation des deniers publics.
00:42:57 Un dernier mot.
00:42:58 C'est un vrai sujet, en fait.
00:42:59 La justice a quelque part un certain nombre de symptômes,
00:43:03 exactement comme la police, sous effectif.
00:43:05 Énormément d'heures de travail, problèmes d'heures supes.
00:43:08 On a vu des policiers qui travaillaient 9 jours, 10 jours de suite.
00:43:12 Donc effectivement, la fatigue s'accumule.
00:43:14 Ils travaillaient dans des conditions compliquées.
00:43:16 Sans parler des réquisitions, les soirs de crise, on l'a vu.
00:43:19 Exactement.
00:43:20 Forcément, tout ça, c'est très compliqué.
00:43:22 C'est comme l'hôpital.
00:43:23 C'est exactement comme l'hôpital.
00:43:24 Et donc là, peut-être qu'au lieu de faire des états généraux,
00:43:27 c'est peut-être refonder quelque part,
00:43:29 parce qu'en fait, il y a eu une déliquescence sur plusieurs années.
00:43:32 Maintenant, il faudrait peut-être refuser.
00:43:34 Sur bien des années, oui.
00:43:35 Oui, c'est ça.
00:43:36 Et en fait, maintenant, ça devient criant.
00:43:38 Et donc là, par contre, il y aurait peut-être des grandes décisions à prendre,
00:43:42 mais il faut du courage.
00:43:43 Il ne faut pas que des budgets, il faut aussi du courage.
00:43:45 Absolument.
00:43:46 Allez, Jean, on vous propose de s'interrompre quelques secondes.
00:43:48 Nous retrouverons dans la foulée Sandra Thionbaut pour le journal,
00:43:52 tout ce que nous avons raté pendant cette heure.
00:43:54 Et puis évidemment, on parlera de cet accident de bus dans les Yvelines.
00:43:58 Deux morts, une trentaine de blessés,
00:44:01 cinq en urgence absolue depuis ce matin,
00:44:04 avec un conducteur qui était ivre
00:44:07 et qui dépassait largement le seuil autorisé pour la consommation d'alcool.
00:44:11 C'est un cas qu'on a déjà vu il y a quelques semaines,
00:44:13 vous vous en souvenez, dans la mort de trois policiers.
00:44:15 C'était à Arrombay.
00:44:16 À tout de suite.
00:44:17 Soir Info, la suite du débat.
00:44:21 Dans un instant, ce sera juste après le rappel des titres,
00:44:24 en compagnie de Sandra Thionbaut à nouveau.
00:44:26 À la une de l'actualité ce vendredi,
00:44:28 deux morts dans un accident impliquant un bus et une voiture.
00:44:32 Il a eu lieu ce vendredi matin à Mésières-sur-Seine, dans les Yvelines.
00:44:35 Un automobiliste de 21 ans a été placé en garde à vue.
00:44:38 Son taux d'alcoolémie a été mesuré à 2,04 g par litre de sang.
00:44:42 On écoute la procureure de Versailles.
00:44:44 Ce que je peux vous indiquer concernant ce conducteur,
00:44:48 c'est que la prise de sang qui a été effectuée,
00:44:50 évidemment immédiatement après son interpellation,
00:44:53 a permis de donner un résultat
00:44:55 et nous pouvons indiquer que son alcoolémie est fixée à 2,04 g.
00:45:00 Évidemment, une enquête judiciaire a été ouverte dès ce matin.
00:45:03 Des chefs d'homicides involontaires et blessures involontaires,
00:45:08 à la fois avec des blessures de plus de trois mois,
00:45:11 on sait probablement que ce sera le cas,
00:45:13 blessures involontaires de moins de trois mois,
00:45:15 c'est une qualification générique.
00:45:17 Ces qualifications sont aggravées du fait de la consommation d'alcool
00:45:22 par, à ce stade, l'auteur supposé de l'accident.
00:45:27 Deux hommes en garde à vue soupçonnés d'un viol en réunion
00:45:31 sur une touriste mexicaine.
00:45:33 Les faits auraient été commis dans la nuit de mercredi à jeudi
00:45:35 au Champ de Mars à Paris.
00:45:36 Cinq hommes au total seraient impliqués dans cette affaire.
00:45:38 Les investigations se poursuivent, précise le parquet de Paris.
00:45:42 L'enquête a été confiée au 3e district de police judiciaire parisienne.
00:45:46 Éric Dupond-Moretti sera bien jugé par la Cour de justice de la République.
00:45:51 Il est soupçonné de prise illégale d'intérêt.
00:45:53 Les magistrats évoquent une situation inédite
00:45:55 qui décrédibilise le ministre de la Justice.
00:45:58 Il n'en garde pas moins la confiance d'Elisabeth Borne
00:46:00 qui rappelle la présomption d'innocence.
00:46:02 On écoute le garde des Sceaux.
00:46:04 Je suis d'abord à la tâche, vous l'avez vu,
00:46:07 et puis je répondrai le moment venu.
00:46:10 Chaque chose en son temps.
00:46:12 Rendez-vous à 23h pour un nouveau point sur l'actualité.
00:46:16 Soir Info continue avec vous Nelly.
00:46:18 Merci et dans un instant nous parlerons à nouveau
00:46:21 de cet accident de bus terrible qui a coûté la vie à deux personnes.
00:46:27 Cinq autres sont en urgence absolue.
00:46:29 On fera le point justement avec la procureure de la République de Versailles.
00:46:32 Je vous propose de revenir à cet accident tragique
00:46:37 qui a eu lieu dans les Yvelines.
00:46:39 Tôt ce matin, deux morts sont dans cet accident de bus.
00:46:43 Un bus qui a dû détourner sa trajectoire
00:46:46 face à un chauffard qui arrivait en sens inverse sur la voie.
00:46:51 Le bilan provisoire fait aussi état d'une trentaine de blessés,
00:46:54 dont cinq qui sont en urgence absolue.
00:46:56 Écoutons ce qu'on disait à l'issue de la matinée.
00:46:59 La procureure de la République de Versailles
00:47:01 rappelle les circonstances de ce terrible accident.
00:47:04 Ce jour, 28 juillet 2023, aux alentours de 7h du matin,
00:47:09 sur la commune de Mézières-sur-Seine,
00:47:12 route départementale D113,
00:47:15 un accident mortel de la circulation est survenu entre deux véhicules.
00:47:19 Ces véhicules étaient d'une part un bus
00:47:22 qui transportait une quarantaine de personnes,
00:47:25 peut-être un petit peu plus, ça restera à déterminer.
00:47:27 Et d'autre part, un véhicule dit plus léger,
00:47:30 il s'agissait d'une Clio qui comprenait à son bord uniquement le conducteur.
00:47:35 S'agissant du véhicule, il appartient à son conducteur.
00:47:40 Je vous en dirai un mot évidemment tout à l'heure.
00:47:42 C'est un véhicule qui est en règle,
00:47:44 de même que son conducteur, qui était également en règle,
00:47:46 titulaire de son permis de conduire depuis 3 ans environ,
00:47:49 et il avait l'intégralité de ses 12 points.
00:47:52 S'agissant des victimes de l'accident,
00:47:57 nous déplorons, vous le savez,
00:48:00 deux victimes qui sont quasiment immédiatement décédées
00:48:03 des suites de l'accident.
00:48:05 S'agissant des autres personnes,
00:48:06 et notamment de celles qui étaient grièvement blessées ce matin,
00:48:09 il y avait donc 5 personnes qui avaient été déclarées
00:48:11 en état d'urgence absolue.
00:48:13 Et dont un certain nombre avec un pronostic vital engagé.
00:48:19 Ce soir, sous réserve évidemment d'informations plus objectivées,
00:48:26 beaucoup plus certifiées,
00:48:27 mais ce soir il semblerait que les nouvelles soient plutôt rassurantes
00:48:31 ou plus rassurantes, puisque à l'heure où je vous parle,
00:48:34 une seule personne serait encore placée en pronostic vital engagé.
00:48:40 - Denis Deschamps, évidemment, ça soulève encore
00:48:42 la question des comportements des chauffeurs.
00:48:44 Ce n'est pas la première fois, on se souvient de cette histoire
00:48:46 qui nous a beaucoup marquées.
00:48:47 Il y a quelques semaines, peut-être un mois ou deux,
00:48:49 ça se passait à Roubaix, trois jeunes policiers avaient péri
00:48:52 dans un accident à peu près similaire,
00:48:54 une collision frontale avec un véhicule
00:48:59 dans lequel avaient pris place des personnes qui étaient alcoolisées.
00:49:04 Trop souvent, on voit, parfois dans des histoires,
00:49:08 des défauts de permis, sans que ce ne soit pas le cas,
00:49:10 on voit que le cocktail alcool stupéfiant,
00:49:13 on peut revenir aussi à l'affaire Palmad, par extension,
00:49:17 sont à l'origine de ces drames.
00:49:19 Ça soulève peut-être la question des campagnes de sensibilisation,
00:49:22 parce qu'on nous dit fréquemment, la sécurité routière
00:49:24 met en place des campagnes.
00:49:26 Là, depuis quelques années, on en voit assez peu, à vrai dire.
00:49:30 Est-ce que ça changerait la donne ?
00:49:32 - Moi, j'irais au-delà des campagnes de sensibilisation.
00:49:34 Il y en a qui fonctionnent, il y en a qui ne fonctionnent pas.
00:49:36 Pour certains, c'est endurci.
00:49:38 De toute façon, vous allez beau leur dire,
00:49:39 ils n'entendent pas et n'intégreront pas les données.
00:49:41 Moi, j'irais beaucoup plus loin.
00:49:42 Aujourd'hui, on est dans une phase d'innovation,
00:49:46 de toute part, dans plein de domaines,
00:49:48 et dans le monde automobile.
00:49:49 On parle de voitures électriques, on parle de voitures autonomes,
00:49:52 on parle de taxis volants.
00:49:53 Ils sont en train de faire des tests dans le monde sur les taxis volants.
00:49:55 C'est très simple, il suffit juste d'installer des Alcotest
00:49:58 intégrés à la voiture et il n'y a plus de débat.
00:50:01 Technologiquement, ça coûte 2 euros par voiture.
00:50:04 On peut les mettre en série, ça coûte beaucoup moins cher
00:50:07 que d'installer une clé ou autre dans les voitures.
00:50:09 Et ça, c'est radical. La voiture ne démarre pas. Point.
00:50:12 C'est facile à mettre en place.
00:50:13 Le problème, c'est qu'on peut faire démarrer la voiture.
00:50:15 Ça existe, mais est-ce que…
00:50:16 Oui, alors on peut faire démarrer la voiture par quelqu'un d'autre
00:50:19 et reprendre le volant.
00:50:20 Alors, il y a ce problème.
00:50:22 Vous avez votre ami à côté de vous, il n'a pas bu,
00:50:25 vous le faites souffler, la voiture démarre et vous prenez le volant.
00:50:28 Oui, mais alors là, il y a quand même toute une chaîne
00:50:30 d'événements et de commandements et d'avarie.
00:50:32 Je ne suis pas certain que ce soit très compliqué.
00:50:34 Non, bien sûr, dans les faits, ce n'est pas très compliqué.
00:50:36 Mais enfin, ça s'y poserait que les autres se rendent complices,
00:50:39 là où parfois nos amis nous enjoignent de ne pas prendre le volant
00:50:42 quand visiblement on a consommé un peu plus que les autres.
00:50:44 Mais vous avez des amis merveilleux.
00:50:46 Peut-être, je ne sais pas.
00:50:47 C'est pour ça.
00:50:48 Lucas Jacobus, c'est vrai que la technologie peut venir au service
00:50:51 de la santé publique. C'est heureux parfois.
00:50:53 Ce n'est pas toujours le cas, mais là, il faut être salvateur.
00:50:56 Je vais vous dire quelque chose qui va vraiment casser l'ambiance.
00:50:59 J'en suis désolé.
00:51:00 Je ne suis pas conducteur, je suis journaliste politique.
00:51:03 Et j'avoue que sur ce sujet, je ne vois pas la plus-value
00:51:08 que je peux apporter.
00:51:09 Je vous propose d'écouter à nouveau.
00:51:10 C'est pas grave.
00:51:11 Vous aurez d'autres sujets sur lesquels vous serez amenés
00:51:13 à vous exprimer et vous aurez un peu plus d'expertise.
00:51:16 La procureure de la République de Versailles
00:51:18 qui nous parle du profil de ce conducteur.
00:51:20 Le conducteur de la Clio, qui lui-même a été blessé
00:51:24 puisqu'il s'est fait opérer cet après-midi d'une fracture du bras.
00:51:28 Il est toujours d'ailleurs hospitalisé.
00:51:30 Et lui-même n'a pas encore été auditionné.
00:51:32 Il est actuellement placé en garde à vue depuis ce matin.
00:51:36 Ce que je peux vous indiquer concernant ce conducteur,
00:51:39 c'est que la prise de sang qui a été effectuée,
00:51:41 évidemment immédiatement après son interpellation,
00:51:44 a permis de donner un résultat.
00:51:46 Et nous pouvons indiquer que son alcoolémie est fixée à 2,4 g.
00:51:51 Il avait été en revanche déclaré négatif
00:51:56 au test concernant les stupéfiants.
00:51:59 Denis Deschamps.
00:52:02 Vous avez de bonnes idées en la matière.
00:52:05 Ce qui frappe, c'est dans ces cas tragiques d'accident de la route,
00:52:09 c'est l'extrême jeunesse de ceux qui sont souvent à la source.
00:52:12 D'où la question que je soulevais sur la sensibilisation.
00:52:16 Mais effectivement, ça fait partie aussi des erreurs d'appréciation de jeunesse.
00:52:20 On ne maîtrise pas.
00:52:21 Et dans un contexte en plus où l'on veut abaisser...
00:52:23 - A 17 ans, le permis de conduire.
00:52:26 - A 17 ans, la possibilité de conduire.
00:52:28 Donc ça soulève un certain nombre de questions sur la responsabilité,
00:52:30 y compris pénale, de ces conducteurs.
00:52:33 Parce que normalement, on a l'excuse de minorité,
00:52:35 mais quand on est à l'origine d'un accident...
00:52:37 - A 17 ans, est-ce que la maîtrise est suffisante
00:52:39 pour la responsabilité pénale ? C'est compliqué.
00:52:42 Oui, j'ai quelques idées, parce que je suis passionné d'innovation.
00:52:45 Et je pense qu'on peut, sans investir beaucoup,
00:52:48 mettre quelques ingénieurs là-dessus pour trouver des solutions.
00:52:51 Il y aura toujours des détournements, c'est comme dans tout, malheureusement.
00:52:53 - Et puis ça ne sera pas en un claquement de doigts non plus.
00:52:55 - La solution, elle est très simple, en réalité.
00:52:57 C'est d'ici 5 ou 10 ans, la voiture autonome, on n'en parle plus.
00:52:59 Vous voyez ce que je veux dire ?
00:53:00 Ou en fait, ça va être les taxis autonomes qui vont sans arrêt,
00:53:02 ils vont tourner 24/24, ils vont aller chercher les gens,
00:53:04 ils vont sans arrêt, on aura 3, 4 fois moins de voitures sur les routes,
00:53:07 et ça fera des navettes en permanence, on ne possédera plus les voitures.
00:53:11 Excusez-moi de faire une parenthèse.
00:53:12 Nos enfants ne sont plus attachés aux droits de propriété
00:53:15 comme nos parents, nos grands-parents l'ont été,
00:53:17 sur la maison, sur la voiture, et ça va être justement des jeux comme ça.
00:53:21 Donc ça, c'est la solution absolue, en réalité.
00:53:24 Mais de toute façon, quand vous regardez la mosaïque des accidents,
00:53:27 il y a toujours des gens, et il y en a de plus en plus d'ailleurs,
00:53:29 qui roulent sans permis parce qu'ils n'ont plus de points,
00:53:31 parce que tout un tas de choses comme ça.
00:53:33 Ceux qui roulent sans assurance, là aussi, apparemment,
00:53:36 semble-t-il, d'après les rapports des assurances, c'est colossal.
00:53:39 Donc la responsabilité pénale, on n'en parle même plus, là,
00:53:42 c'est catastrophique.
00:53:43 Les stupéfiants, vous avez vu qu'il y a des campagnes
00:53:46 qui mobilisent de plus en plus sur les stupéfiants,
00:53:48 pas que sur l'alcool, et puis nous, nous sommes une grande nation.
00:53:50 Il y en a encore assez peu, à vrai dire, en termes de santé publique.
00:53:55 Non, de campagne.
00:53:57 Oui, tout à fait.
00:53:58 Parce qu'on le voit aussi dans la prolifération de...
00:54:00 Mais sur les stupéfiants, on ne fait pas de campagne
00:54:02 puisqu'on ne veut pas faire de pub sur les stupéfiants.
00:54:04 Parce que légalement, on ne reconnaît pas, effectivement,
00:54:07 l'utilisation des stupéfiants.
00:54:09 Un dernier mot, je vais juste conclure cette partie
00:54:12 avec le témoignage du maire de Mésir-sur-Seine
00:54:15 qui, évidemment, évoque le suivi psychologique
00:54:18 que ça implique pour ceux qui sont indemnes
00:54:22 ou qui ont été impliqués dans cet accident.
00:54:25 Toutes les personnes qui, comme je l'ai dit, ont été non-blessées
00:54:31 ont été prises en charge ici, à Mésir-sur-Seine,
00:54:33 et toutes celles qui ont été envoyées à l'hôpital
00:54:35 ont eu un suivi psychologique juste après avoir été prises en charge
00:54:40 pour leurs soins liés au fait qu'elles soient blessées légèrement.
00:54:44 Voilà ce qu'on pouvait dire sur cette affaire.
00:54:46 Évidemment, on reste très attentifs au sort des cinq personnes
00:54:49 qui étaient encore en urgence absolue ce matin
00:54:52 et la trentaine d'autres qui devront sans doute voir des psychologues
00:54:55 pour mettre cette mauvaise expérience derrière elles.
00:54:59 Dans un instant, nous parlerons de Gabriel Attal
00:55:01 qui a décidé de prendre le taureau par les cornes
00:55:04 et qui, avant même ses vacances, dessine déjà les grandes lignes
00:55:08 de ce qu'il veut faire de son ministère.
00:55:12 À tout de suite.
00:55:14 Soir Info, la suite avec mes invités.
00:55:19 On va parler de Gabriel Attal qui présente sa feuille de route
00:55:22 pour la rentrée lors d'une interview accordée à la PQR,
00:55:25 enfin une publication de la PQR, en l'occurrence "Midi Libre".
00:55:29 Et il prône dans cet entretien la fermeté,
00:55:32 un retour plus marqué à l'autorité, donc il essaie d'imprimer sa marque.
00:55:37 Regardons avec Vincent Farandeige quelles sont les pistes qu'il essaie de dessiner.
00:55:42 L'un des chantiers principaux de Gabriel Attal,
00:55:45 restaurer le respect de l'autorité et la laïcité à l'école.
00:55:50 Le nouveau ministre de l'Éducation affiche ce matin sa fermeté
00:55:54 quant au port de l'Abaya.
00:55:56 Venir en Abaya à l'école est un geste religieux visant à tester
00:55:59 la résistance de la République sur le sanctuaire laïque
00:56:02 que doit constituer l'école.
00:56:04 Toujours évoqué, jamais mis en place,
00:56:07 la question du port de l'uniforme fait son grand retour.
00:56:10 Gabriel Attal n'y ferme pas la porte.
00:56:12 Si la communauté éducative d'un établissement demande à l'expérimenter,
00:56:16 j'y suis favorable, mais je suis réaliste.
00:56:18 Est-ce qu'on peut imaginer que ce serait une solution magique
00:56:21 pour régler tous les problèmes ? Je n'y crois pas.
00:56:23 Parmi les personnes que nous avons interrogées, les avis sont partagés.
00:56:26 Le fait que tout le monde soit habillé de la même manière,
00:56:29 qu'il n'y ait pas de différence,
00:56:31 qu'au moins personne ne pourra avoir un premier regard
00:56:35 sur toutes ces catégories sociales.
00:56:37 J'estime que ça introduit a priori des contraintes
00:56:42 pour les parents, pour les enfants.
00:56:45 C'est une très bonne idée parce que ça met tous les enfants
00:56:48 sous le même plan d'égalité.
00:56:50 Enfin, le ministre de l'Éducation évoque le harcèlement scolaire.
00:56:53 Un plan interministériel doit être présenté à la rentrée.
00:56:57 Vincent Roy, il apparaît quand même assez volontariste.
00:57:01 En tout cas, quelques jours à peine après sa nomination,
00:57:04 on l'entend déjà beaucoup sur des sujets essentiels.
00:57:07 On reviendra évidemment aux questions de harcèlement tout à l'heure.
00:57:10 Sera-t-il l'anti-Papendiaï ?
00:57:12 J'espère bien.
00:57:13 C'est un homme de peu de mots.
00:57:14 J'espère bien parce que Papendiaï, globalement, a été tellement mauvais
00:57:20 qu'on ne peut qu'espérer qu'Attal soit meilleur.
00:57:25 Je ne doute pas qu'il le sera.
00:57:27 Mais une chose m'interpelle.
00:57:29 Je ne comprends pas bien.
00:57:31 Alors, vous allez dire que je suis un parfait imbécile et pourquoi pas.
00:57:34 Mais pourquoi ne pas interdire la baïa ?
00:57:37 Où est le problème ?
00:57:39 S'il y a un problème avec la baïa, on interdit la baïa.
00:57:42 Point. Final. Un peu de courage.
00:57:45 Est-ce qu'on est capable, dans ce pays, d'avoir un peu de courage ?
00:57:50 On nous dit, c'est très à la française,
00:57:55 "Tiens, l'uniforme, ce serait peut-être pas mal, mais on va l'expérimenter."
00:57:59 "Surtout, on va laisser la responsabilité."
00:58:01 Tout en disant que lui, il ne pense pas que ce soit la solution.
00:58:03 Bien sûr. Mais en laissant la responsabilité.
00:58:05 Alors, où on remet l'uniforme ?
00:58:06 Pour tout le monde, encore une fois, un peu de courage.
00:58:09 Où on ne remet pas l'uniforme ?
00:58:11 Que la question ne se pose pas.
00:58:12 Et la baïa, on l'interdit ou on ne l'interdit pas ?
00:58:14 Parce que lier la baïa au port de l'uniforme, c'est totalement hypocrite.
00:58:18 Où l'on est capable d'interdire et l'on interdit,
00:58:21 parce qu'on pense que c'est ostentatoire, que c'est religieux, etc.
00:58:25 Pas de deux poids, deux mesures.
00:58:27 Ça suffit en même temps, ça ne donne rien.
00:58:29 Tout ça est vain.
00:58:31 Où on fait les choses ou on ne les fait pas ?
00:58:34 On attend d'un grand ministre, du courage.
00:58:36 Courage politique et pas simplement dans le domaine de l'éducation.
00:58:40 On peut en parler dans bien des domaines.
00:58:41 Là, encore une fois, honnêtement, je veux bien que M. Attal s'agite.
00:58:48 Il a raison de s'agiter.
00:58:49 On en reparlera tout à l'heure, notamment sur le harcèlement scolaire.
00:58:52 C'est un vrai sujet.
00:58:53 Enfin, il faut attendre des drames pour que le sujet soit traité.
00:58:55 Parce que le harcèlement scolaire, ce n'est quand même pas tout à fait neuf.
00:58:58 Qu'on arrête de nous raconter n'importe quoi.
00:59:00 Mais du courage.
00:59:01 A baïa, on interdit ou on n'interdit pas ?
00:59:04 L'uniforme à l'école.
00:59:08 On dit uniforme à l'école ou pas uniforme à l'école.
00:59:12 Mais encore une fois, qu'on arrête les mesurettes.
00:59:15 Il faut un peu de cohérence aussi.
00:59:17 En plus du courage.
00:59:18 Parce que là, c'est vrai que les deux sont directement corrélés.
00:59:22 Mais on veut être très dur sur un aspect et un peu plus mou sur l'autre.
00:59:27 Oui, alors sur la baïa, ça va être beaucoup plus difficile
00:59:30 d'interdire que le voile lors de la loi de 2004.
00:59:33 Pour une raison qui est assez simple, c'est que les mentalités ont changé.
00:59:36 Globalement, les Français sont toujours attachés à la laïcité.
00:59:39 A la laïcité à la française, traditionnelle, etc.
00:59:42 Quand l'interdiction du voile a été promulguée, c'était en 2004, je crois,
00:59:46 les personnes en charge de l'application de cette interdiction, c'était les profs.
00:59:50 En 2004, les profs, globalement, c'était beaucoup de "hussards noirs de la République",
00:59:54 de personnes qui étaient très laïques, qui "cassaient du curé",
00:59:58 qui "cassaient du djimmam", qui "cassaient du rabbin".
01:00:00 Enfin, c'était vraiment la gauche à l'ancienne.
01:00:02 Maintenant, les profs ont vraiment changé.
01:00:04 Il y a un coup d'étude, je crois que c'est l'IFOP qui l'a fait régulièrement,
01:00:06 un baromètre de la laïcité, qui montre que les profs sont parfois même moins
01:00:10 attachés à la laïcité à la française que la moyenne de la population,
01:00:15 notamment les plus jeunes.
01:00:16 Et c'est ces gens-là à qui on demandera d'interdire la baïa, c'est assez difficile.
01:00:20 Il faut aussi ajouter, et le sondage est très intéressant, je ne sais plus si
01:00:23 IFOP ou Ipsos, il sortit en décembre, qui montre que même si des profs
01:00:27 sont très laïcs aujourd'hui et sont prêts à interdire la baïa,
01:00:30 parfois ils ont peur, ils n'osent pas, ils ne veulent pas finir comme Samuel Paty.
01:00:33 Donc en fait, la situation a énormément évolué en une vingtaine d'années,
01:00:37 ce qui fait que oui, effectivement, interdire la baïa, si à mon sens,
01:00:39 c'est nécessaire, sera beaucoup plus difficile que l'interdiction du volant.
01:00:43 Tu supposerais du courage à tous les étages, à tous les degrés.
01:00:46 D'autant plus, peut-être une dernière petite chose, c'est qu'en 2004,
01:00:49 il n'y avait pratiquement aucun parti politique qui était pour autoriser le vol
01:00:53 dans les établissements scolaires.
01:00:54 Il y avait une aile d'UPS qui était minoritaire.
01:00:57 Aujourd'hui, vous avez certains partis, je pense notamment en Europe Écologie,
01:01:00 Le Gilet Vert ou LFI, qui quand on va dire que la baïa va être interdite,
01:01:04 ils vont crier à la discrimination, à l'islamophobie, etc.
01:01:07 Donc il y a des relais beaucoup plus puissants sur le plan politique.
01:01:09 Il y a des relais beaucoup plus puissants, à la fois dans le monde intellectuel,
01:01:12 dans le monde associatif et aussi dans le monde politique, et ça c'est nouveau.
01:01:15 Alors là, on a un premier paradoxe, c'est qu'en fait, on a un ministre très jeune,
01:01:20 très dynamique, qui a déjà fait ses preuves lors de grands débats,
01:01:23 qui n'a pas peur d'aller au combat.
01:01:24 Donc je pense qu'il est en train de se positionner sur les chiquiers en disant
01:01:27 "je suis un ministre d'action", pour faire un miroir par rapport à celui qui était avant,
01:01:31 et peut-être par rapport à d'autres ministres dans le gouvernement.
01:01:33 Donc moi je vais être dans l'action, mais en même temps, la première décision
01:01:37 qu'il aurait dû prendre sur, justement, peut-être la blouse à l'école,
01:01:42 ou l'uniforme si on va jusqu'à un système anglo-saxon, justement il n'y va pas.
01:01:47 Et le consensus, il va demander aux établissements de faire un consensus,
01:01:51 s'il n'y a rien de pire que ce ventre mou où tout le monde se cache derrière
01:01:54 pour ne pas prendre de décision.
01:01:55 Et comme de toute façon dans les établissements, on a tous des enfants,
01:01:58 on a tous été parents d'élèves, il n'y a rien de plus agité comme enceinte,
01:02:04 de plus passionnel.
01:02:05 Absolument.
01:02:06 Donc en fait, personne ne décidera, tout le monde va se mettre les uns sur les autres,
01:02:10 et il n'y aura pas de décision.
01:02:11 Et de toute façon, s'il y a une décision qui est prise pour l'adoption,
01:02:13 il y aura une autre moitié qui va tout le temps combattre, toute l'année, ce sujet-là.
01:02:17 Il faut aussi se tenir compte de l'opinion publique, qui n'est pas tout à fait tranchée.
01:02:20 Les décisions tiennent compte aussi de la société.
01:02:24 Il n'y a pas de consensus autour du port de l'uniforme.
01:02:27 Peut-être une petite chose sur l'uniforme.
01:02:29 En fait, c'est une interview dans la presse régionale, où on lui a posé la question.
01:02:33 Ce n'est pas lui qui a dit on va faire ça.
01:02:35 À sa décharge, ça ne fait pas partie du son de l'uniforme.
01:02:38 Par contre, il y a sûrement eu des éléments de langage qui étaient préparés
01:02:41 dans cette interview.
01:02:42 Il y en a un qui me paraît très important.
01:02:44 Et je ne sais pas si on peut déjà utiliser ce mot, du atalisme, peut-être.
01:02:48 Peut-être que je suis le premier.
01:02:49 Ce n'est pas mal.
01:02:50 Vous avez déposé le copyright à la fin de la soirée.
01:02:53 C'est enregistré.
01:02:54 En tout cas, l'atalisme, si on peut le définir,
01:02:56 c'est la capacité à appréhender des sujets.
01:03:00 Peut-être qu'on ne fera rien dessus, mais on sait que ce sera majoritaire dans l'opinion.
01:03:04 C'est ce qu'il a fait dans son précédent portefeuille,
01:03:06 où il s'est démarqué en parlant de la fraude fiscale,
01:03:09 de la fraude sociale, à la fois des patrons et à la fois des fraudeurs ordinaires.
01:03:12 Qui pourrait être contre ça ?
01:03:13 Oui, c'est ça. Ça fait plaisir à tout le monde.
01:03:15 Mais là, sur ce sujet-là de la baïa, il ne se démarque pas précisément.
01:03:22 Il va un peu plus loin que son prédécesseur quand même.
01:03:24 Oui, ce n'est pas difficile.
01:03:26 Mais M. Papendia, il n'a l'air du pas...
01:03:28 Il aurait pu voter en touche et attendre la rentrée.
01:03:30 Après, il faut savoir qu'à l'intérieur de la Macronie,
01:03:33 il y a quand même des gens qui sont très attachés à la laïcité traditionnelle.
01:03:37 Les deux portes-étendards de ce bord-là chez l'ROM,
01:03:43 c'est Marlène Schiappa, elle est partie, et c'est Blanquer, il est parti.
01:03:47 Donc, il y a une place à prendre, d'autant plus que c'est majoritaire dans l'opinion.
01:03:50 Donc, là, c'est très très habile.
01:03:52 Et comme il est habile, je pense qu'il va être entre guillemets un "croisé"
01:03:55 anti-baïa dans les mois qui viennent.
01:03:57 Mais c'est très effrayant ce que vous disiez tout à l'heure.
01:03:59 Vous nous dites en clair que les jeunes profs,
01:04:02 si je vous ai bien écouté, mais...
01:04:04 Ils suivent la tendance sociétale, on le voit dans les sondages.
01:04:06 Que les jeunes profs sont moins disposés à une laïcité plus stricte
01:04:14 que vous définissez comme étant la France.
01:04:16 Je suis désolé pour les téléspectateurs, je n'ai plus le nom exact du baromètre.
01:04:18 Je ne sais plus si c'est l'IFOP ou Ipsos.
01:04:20 Je sais que c'est sorti en décembre.
01:04:22 Je sais que mes confrères de Marianne avaient fait un gros papier dessus.
01:04:25 Et effectivement, on voyait que plus les profs étaient jeunes,
01:04:28 plus ils étaient entre guillemets communautaristes.
01:04:31 Et les élèves aussi.
01:04:33 Mais on voit aussi...
01:04:35 Ça nous promet une très belle école.
01:04:36 Quand on fait les sondages sur ces questions,
01:04:38 effectivement détenues à l'école,
01:04:40 de toute façon, il y a un fossé, un gouffre entre les plus de 25 ans
01:04:44 et les 18-25 ans qui disent au fond,
01:04:46 chacun a bien le droit de s'habiller comme il veut.
01:04:49 Et quel est le problème ?
01:04:50 J'aimerais qu'on en vienne à la question du harcèlement.
01:04:52 Parce que c'était un des gros morceaux de l'interview.
01:04:54 On vous a sorti quelques extraits de ce qu'il a confié
01:04:56 à nos confrères de Midi Libre.
01:04:58 Regardons un premier extrait sur ce qu'il compte faire
01:05:02 en matière de harcèlement à l'école.
01:05:04 Alors il répète finalement ce que son prédécesseur avait dit.
01:05:09 C'est-à-dire qu'il ne faut pas non plus faire un faux procès à Papendia.
01:05:11 Et sur le harcèlement, il avait dit...
01:05:13 On a retrouvé une citation où il disait
01:05:15 qu'il faut sortir le harceleur de l'établissement,
01:05:17 sauf qu'il ne l'a jamais mis en œuvre.
01:05:19 Il n'y a jamais eu de consigne claire
01:05:21 qui avait été envoyée aux établissements en ce sens.
01:05:23 Lui, ce qu'il dit à Gabriel Attal aujourd'hui, c'est
01:05:25 "Je vais prendre deux décrets importants."
01:05:27 Le premier, au moins, il va faire des décrets.
01:05:30 Ça ira un peu plus vite.
01:05:31 Le premier permettra l'exclusion d'un élève qui s'est rendu coupable
01:05:33 de harcèlement, plutôt que de devoir changer d'établissement la victime.
01:05:37 Et puis la suite, c'est très attendu par les familles.
01:05:41 Mesures de justice, l'autre mesure, c'est la possibilité
01:05:43 de prononcer des sanctions disciplinaires à l'encontre d'un élève.
01:05:47 Et alors là, on touche quand même au cœur du problème.
01:05:50 Les profs et les chefs d'établissement en conseil de discipline,
01:05:55 on l'a vu avec l'affaire Lindsay, qui a été quand même assez retentissante,
01:05:58 étaient très frileux à le faire.
01:06:00 Ils disaient "Nous, on ne veut pas de vagues."
01:06:03 On ne parlait pas de vaguisme tout à l'heure.
01:06:04 - Non mais, attendez, je suis en train de regarder ça,
01:06:06 mais je me demande si on ne devient pas complètement fou.
01:06:08 - Pourquoi ? - Attendez, vous avez un ministre...
01:06:10 - Il ne faut pas faire de décret sur ça ?
01:06:11 - Non mais, attendez, vous avez un ministre qui est en train de vous dire
01:06:14 "Dans un cas de harcèlement, la personne qui harcèle doit être exclue."
01:06:20 - Ça tombe sous le sens, pour vous ?
01:06:22 - Non mais, enfin, attendez, mais c'est...
01:06:24 Sauf que c'est le contraire qui se passe, parce que pour la petite Amandine,
01:06:27 alors, on ne peut pas tout lui reprocher non plus,
01:06:29 il a agi très vite dans la précipitation.
01:06:31 Enfin, en tous les cas, il l'a fait.
01:06:33 Mais, enfin, vous avez un ministre qui est en train de vous dire
01:06:36 "Dans un cas de harcèlement, la personne qui harcèle doit être exclue."
01:06:39 Mais, enfin, ça ressort de l'évidence.
01:06:41 Mais, enfin, aujourd'hui, on devient, dans cette société, pardonnez-moi,
01:06:45 mais on devient un peu malade, quand même.
01:06:47 Enfin, tout ça devrait, depuis longtemps, depuis longtemps...
01:06:51 Je suppose qu'il y a 50 ans, quand un élève...
01:06:55 Mais je suis prêt à prendre les paris.
01:06:58 Quand un élève faisait le bordel, avec mille guillemets...
01:07:03 - Il prenait trois... - Il était exclu.
01:07:04 Enfin, vous êtes d'accord avec moi ?
01:07:05 - Il commençait par prendre trois jours et après...
01:07:07 - Mais, enfin, on a connu cette école-là, quand même.
01:07:09 - C'est toute la problématique que l'on parlait précédemment.
01:07:12 C'est toute la problématique de l'autorité.
01:07:14 Dès l'instant, il n'y a plus d'autorité.
01:07:16 - Il n'y en a plus aucune.
01:07:17 - Donc, on laisse des territoires qui vont être occupés par une autorité de terrain
01:07:20 et qui va envahir, qui va créer du désordre.
01:07:23 S'il n'y a plus d'autorité, ça crée le désordre en bas.
01:07:26 Et dans le désordre, on ne peut pas éduquer.
01:07:28 On ne peut pas transmettre le savoir.
01:07:29 - Bien évidemment.
01:07:30 - Donc, effectivement, il y a 50 ans, on était à peine là, voire pas là.
01:07:34 Mais nos parents nous racontaient, et ce n'est pas non plus l'ancien monde.
01:07:37 Alors, c'est vrai, c'est au siècle précédent.
01:07:40 Mais en attendant, ce n'était pas non plus la préhistoire.
01:07:42 - Ah non ?
01:07:43 - Il y avait une vraie autorité.
01:07:44 Mais regardez dans les villages.
01:07:45 Il y avait une autorité des sachants, du maire, du notaire, du curé.
01:07:50 Il y avait une autorité de l'enseignant.
01:07:52 L'enseignant, c'était un personnage dans un village.
01:07:55 Maintenant, en fait, l'enseignant, vous avez vu, il y a des crises de vocation majeures.
01:07:59 Il y a plus de postes que de candidats.
01:08:01 Donc, c'est quand même très symptomatique.
01:08:03 Les enseignants n'arrêtent pas de se faire, comment dire, chahuter par les parents pour un oui ou pour un non.
01:08:08 - Oui, c'est ça que j'allais dire.
01:08:09 L'autorité et l'action des parents aussi.
01:08:11 Parce que trop souvent, ils sont dans la défiance vis-à-vis du corps enseignant
01:08:14 et la défense absolue de leurs enfants.
01:08:17 C'est-à-dire, ils sont un peu jusqu'au boutiste.
01:08:19 Ils ne veulent pas remettre en question les agissements de leurs propres enfants, Lucas Jakubowicz.
01:08:24 - Oui, oui, ça, c'est une sage panthémonie.
01:08:26 - Mais ça, c'est générationnel aussi.
01:08:28 Enfant roi, un peu.
01:08:29 - Oui, d'ailleurs, ces enfants rois, peut-être ma génération, c'est eux les profs aujourd'hui.
01:08:35 Et donc, ça rend encore plus difficile l'autorité.
01:08:38 Parce que quand on n'a pas forcément connu l'autorité, on va avoir aussi du mal à l'imposer.
01:08:44 Je vais dire un truc qui peut être aussi très macho.
01:08:46 Mais quand vous prenez, par exemple, les professeurs des écoles, en primaire,
01:08:50 il y a une surreprésentation de femmes.
01:08:52 Donc, il n'y a pas non plus, dès l'école, une autorité parentale d'hommes.
01:08:56 Surtout pour des familles où, parfois, on l'a vu d'ailleurs avec les émeutiers,
01:09:00 où c'est beaucoup apparemment de familles monoparentales, sans "hommes" qui tiennent la baraque.
01:09:05 En fait, ces enfants-là n'ont pas d'hommes à la maison.
01:09:07 Ils vont à l'école, ils n'ont pas de présence masculine.
01:09:10 Donc, oui, peut-être qu'ils sont déboussolés aussi.
01:09:12 - Quand il dit, je reviens là-dessus, parce que ça me paraît tellement stupéfiant, lunaire,
01:09:17 je me demande qui conserve encore aujourd'hui le sens du réel.
01:09:20 Quand, je reviens sur ce...
01:09:22 - On exclut celui, enfin, on doit exclure, nous dit le ministre, grande nouvelle, celui qui harcèle...
01:09:27 - Et on prend un décret.
01:09:28 - Attends, on prend un décret.
01:09:29 Ça veut dire, ça veut dire quelque chose.
01:09:32 Ça veut dire qu'actuellement, il y a des jeunes qui harcèlent leur camarade.
01:09:40 - En génère, oui, mais bien sûr.
01:09:41 - Et que l'éducation nationale elle-même, c'est-à-dire les chefs d'établissement,
01:09:44 les professeurs, etc., sont incapables de foutre dehors.
01:09:47 Donc, on confie, donc ça veut dire, je vais plus loin,
01:09:50 ça veut dire qu'on confie nos enfants à des gens qui sont incapables de faire régner l'autorité.
01:09:56 Voilà, c'est ça que je...
01:09:58 C'est là-dessus que je veux insister.
01:09:59 - Le problème...
01:10:00 - Et on va prendre un décret pour en arriver là ? C'est scandaleux.
01:10:02 - Le problème aussi dans le cas des harcèleurs harcelés,
01:10:04 c'est que c'est rarement le fait de deux personnes qui se font face.
01:10:07 C'est-à-dire qu'on l'a vu dans le cas d'Amandine, on l'a vu dans le cas de Vincé,
01:10:10 il y a une espèce de meute qui se met en branle et qui finit par...
01:10:14 Alors, dans ce cas, qui vous excluez ?
01:10:16 Est-ce que vous excluez le harcèleur principal, celui qu'on considère comme l'instigateur ?
01:10:20 - Il y a toujours un chef de meute.
01:10:21 - Oui, enfin écoutez...
01:10:22 - Oui, mais les autres s'engouffrent dans cette brèche.
01:10:24 - Ils sont connus par les profs.
01:10:26 - Les profs sont...
01:10:27 - Ils les côtoient tous les jours.
01:10:28 - La question des réseaux sociaux, alors le cyberharcèlement,
01:10:31 là aussi, il a l'intention de faire quelque chose.
01:10:34 Est-ce que c'est vraiment là que ça pêche ou il faut commencer par la base,
01:10:37 comme vous le disiez, au sein de l'établissement ?
01:10:39 - Il faut commencer par la base, d'abord.
01:10:40 Avant d'aller au...
01:10:41 Mais semble-t-il, avant...
01:10:42 Je suis un spécialiste de ces questions, mais enfin tout de même,
01:10:44 avant d'aller au cyberharcèlement, commençons par le harcèlement basique.
01:10:48 - Dans le réel, déjà.
01:10:49 - Dans le réel, voilà.
01:10:50 On est quand même dans un pays, je vous signale,
01:10:52 enfin je ne sais pas si vous l'avez remarqué,
01:10:54 on est, nous sommes dans un pays où l'on est,
01:10:56 à l'heure où je vous parle, j'espère que tout cela va changer,
01:10:59 mais à l'heure où je vous parle, on est incapables
01:11:02 de nommer un collège ou un lycée Samuel Paty, hein.
01:11:05 On en est là parce qu'on a peur.
01:11:07 Donc on a peur sur tous les sujets.
01:11:09 - La peur a pris l'ampleur.
01:11:10 - La peur a pris une ampleur considérable.
01:11:12 - Vous avez raison.
01:11:13 - Défaite de l'autorité, peur à tous les niveaux.
01:11:15 - Alors je rebondis sur votre question.
01:11:17 Je suis navré d'évoquer ce sujet,
01:11:21 mais le cyberharcèlement, ça nécessite des moyens,
01:11:25 pas spécialement humains, mais des moyens informatiques, comme en Chine.
01:11:29 Il faut surveiller les réseaux sociaux pour connaître les dérives.
01:11:33 Et alors là, on ouvre un nouveau sujet qui est très complexe.
01:11:36 - La boîte de Pandore.
01:11:37 - Parce que là, vous allez voir les passionnalités autour de ça.
01:11:39 Qui détient le pouvoir pour dire...
01:11:41 - Oui, parce que la modération des réseaux eux-mêmes est quasiment inexistante.
01:11:44 - Techniquement, technologiquement, on a tout ce qu'il faut.
01:11:48 Mais alors par contre, il va falloir faire accepter à l'opinion publique
01:11:51 qu'on surveille les enfants.
01:11:52 - Oui, ça pose un tout autre risque.
01:11:54 - Vous voyez ce que je veux dire ?
01:11:55 - Ça soulève des questions de liberté.
01:11:57 - Une question d'éthique, alors.
01:11:58 - C'est un sujet philosophique.
01:11:59 - Lucas Jacobovitz.
01:12:00 - Oui, je voulais juste répondre à Vincent.
01:12:02 Je suis totalement d'accord avec vous quand vous dites dans quel pays on est
01:12:05 pour qu'on se réjouisse qu'un harceleur soit...
01:12:08 - Par décret.
01:12:09 - Soit viré par décret.
01:12:10 Mais ce n'est pas que Gabriel Attal qui est coupable.
01:12:13 Je vous invite à réécouter le dernier discours du président de la République à Nouméa
01:12:17 où il annonce, fier comme Artaban,
01:12:19 "Je promets qu'à la rentrée scolaire, chaque élève aura un prof devant lui."
01:12:22 - Les fameux 3 000 manquants à la tête.
01:12:25 - Et encore haut.
01:12:26 Donc on est dans une situation où on se réjouit, limite,
01:12:29 que le service minimum soit assuré.
01:12:31 - Ce qui a répété Elisabeth Borne aussi l'autre soir dans une interview
01:12:36 sur une chaîne concurrente.
01:12:38 Elle a dit "Je promets à tous les élèves un prof devant..."
01:12:43 - On attend de voir aussi.
01:12:45 - Mais ils disent tous, vous avez vu, que ce soit...
01:12:47 Je voulais vous dire ça tout à l'heure, j'ai oublié, mais ça m'amuse beaucoup.
01:12:49 Vous les écouterez avec attention.
01:12:51 Ils disent tous que ce soit Elisabeth Borne ou M. Dupont-Moriti,
01:12:54 "Nous sommes à la tâche."
01:12:55 - Oui.
01:12:56 - Eh bien oui.
01:12:57 - Et lui, il dit pareil pour les classes de prison.
01:12:58 - Non, non, mais ils sont à la tâche.
01:12:59 Ils sont tout le temps à la tâche.
01:13:00 - Heureusement qu'ils sont à la tâche.
01:13:01 - Ils ont vraiment une belle rentrée alors.
01:13:02 - Ils sont payés pour.
01:13:03 - Oui.
01:13:04 - Rien d'étonnant.
01:13:05 - On délivre.
01:13:06 Un dernier mot peut-être sur ce qu'il attend, le gros morceau peut-être,
01:13:10 c'est quand même ce qu'il va y avoir dans les programmes,
01:13:13 et le fameux dédoublement des classes, le renforcement, l'accueil.
01:13:16 Ça, c'est une marotte quand même d'Emmanuel Macron,
01:13:19 on l'a bien compris, puisqu'il l'a dit à plusieurs reprises
01:13:21 dans ses prises de parole.
01:13:23 L'accueil des enfants de 8h à 18h.
01:13:25 Il l'a dit aussi dans la foulée des émeutes.
01:13:29 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on essaie de se substituer
01:13:31 à une autérité parentale qui est inexistante.
01:13:33 C'est un peu ce qu'on disait.
01:13:34 Est-ce que c'est le rôle de l'école que d'éduquer
01:13:36 et de sortir du rôle d'instruction stricto sensu ?
01:13:40 - Non, le rôle...
01:13:41 - Parce qu'un accueil de 8h à 18h,
01:13:42 ça veut dire que les parents ne sont pas toujours au rendez-vous ou quoi ?
01:13:45 - Le rôle de l'école, ça paraît bête de le rappeler en 2023,
01:13:48 mais c'est apprendre à lire, écrire, compter.
01:13:50 Pourquoi ?
01:13:51 Pour que les élèves soient d'abord ouverts d'esprit,
01:13:54 soient aptes à vivre dans une démocratie.
01:13:56 Et moi, il y a quelque chose qui m'horripile et qui m'horrifie,
01:13:59 et c'est très peu mentionné par les pouvoirs publics,
01:14:01 peut-être parce que c'est très grave.
01:14:03 Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler des tests PISA.
01:14:06 - Oui.
01:14:07 - Les tests PISA, c'est des tests...
01:14:08 - On est très bas.
01:14:09 - Non, mais...
01:14:10 En fait, si on est très cynique, on a toujours été moyen.
01:14:13 On a toujours été moyen,
01:14:14 mais avec une cohorte de 20 % à peu près d'élèves
01:14:16 qui sont parmi les meilleurs mondiaux,
01:14:18 au même niveau des meilleurs Chinois,
01:14:19 des meilleurs Américains, des meilleurs Anglais,
01:14:21 des meilleurs Allemands.
01:14:22 C'est eux, les élites d'aujourd'hui,
01:14:23 et c'est censé être eux, les élites de demain.
01:14:25 C'est les polytechniciens, c'est les directeurs d'usines,
01:14:27 c'est les entrepreneurs.
01:14:28 Cette part de 20 %, en 10 ans, est passée à 7 %.
01:14:32 C'est-à-dire qu'en fait, on a nos têtes de classe
01:14:34 qui deviennent de plus en plus basses,
01:14:36 et c'est ça, le principal problème pour la France.
01:14:38 Tout le monde me dit que le problème de la France,
01:14:40 c'est, je ne sais pas, l'immigration, la sécurité, la santé.
01:14:43 C'est vraiment l'effondrement du système éducatif
01:14:45 et, on va dire, l'effondrement des têtes de classe.
01:14:48 Après, on a des moyens qui sont toujours moyens
01:14:50 et qui restent de plus en plus moyens.
01:14:52 Et des, entre guillemets, des bêtes ou des décevèques.
01:14:55 C'est-à-dire qu'on perd sur le plan de l'excellence.
01:14:57 On perd sur le plan de l'excellence,
01:14:59 donc on perd nos élites, on perd nos créateurs.
01:15:02 Donc ça veut dire quoi ?
01:15:03 Ça veut dire que les innovations de rupture
01:15:04 qui feront le monde de demain ne seront pas faites en France.
01:15:07 On écrase la loi normale.
01:15:08 Parce que le budget recherche-innovation aussi est en chute libre.
01:15:11 C'est peut-être là-dessus qu'il faudrait investir.
01:15:13 Oui, alors il a toujours été très bas en France,
01:15:15 mais vous avez raison, il est tellement en chute libre
01:15:17 qu'en vrai, des cerveaux, on en a.
01:15:19 Moi, je peux vous en citer plein, des cerveaux français.
01:15:21 Mais ils sont où ?
01:15:22 Ils sont partis aux États-Unis.
01:15:23 Regardez les meilleurs économistes français,
01:15:25 vous prenez, je peux citer des noms,
01:15:26 Gabriel Zucman, Vincent Ponce,
01:15:28 enfin, il y en a plein, je ne sais plus son prénom,
01:15:32 Sancheva, je ne sais plus son...
01:15:34 Tous les meilleurs économistes français sont aux États-Unis, par exemple.
01:15:37 Alors ça, c'est un autre sujet.
01:15:38 Il a soulevé beaucoup de sujets,
01:15:40 donc on va essayer de les reprendre dans l'ordre.
01:15:42 Ça, c'est très important.
01:15:43 Surtout quand on voyage,
01:15:44 on les rencontre, les cerveaux, partout dans le monde.
01:15:47 Oui, mais ils s'illustrent parfois avec des prix Nobel,
01:15:49 ils font des collaborations.
01:15:51 Ce qui est très important,
01:15:52 c'est que là, après, on revient dans l'âme de la nation.
01:15:54 C'est qu'en réalité, en France,
01:15:56 nous n'aimons pas les entrepreneurs,
01:15:58 nous n'aimons pas les chefs d'entreprise,
01:15:59 nous n'aimons pas ceux qui créent de la richesse.
01:16:02 Et ça, on le voit quand on voyage dans d'autres pays,
01:16:04 où en fait, ils ont des rapports au réel très différents.
01:16:07 Et en fait, nos élites,
01:16:08 qui ont envie d'exprimer leur savoir
01:16:10 et les connexions de différents savoirs
01:16:12 pour créer, pour innover,
01:16:14 ils sont plus à l'aise à l'étranger qu'en France.
01:16:16 Et malheureusement, ils sont accueillis à l'étranger.
01:16:18 Et ils gagnent très bien leur vie.
01:16:20 Et nous, en fait, il faut toujours qu'on s'excuse
01:16:22 de gagner de l'argent ou de réussir,
01:16:24 ne serait-ce que de réussir.
01:16:25 Donc c'est ça qui est intéressant,
01:16:26 c'est qu'en fait, on est dans une mentalité
01:16:28 qui est encore extrêmement lourde,
01:16:30 attacher les pieds dans la terre
01:16:31 et se cacher, se méfier de celui qui réussit.
01:16:34 J'ouvre un deuxième sujet,
01:16:36 par rapport à votre question initiale.
01:16:38 - Mais c'est parce que l'idée de la lutte des classes
01:16:40 est très ancrée dans notre pays.
01:16:41 Il y a des résurgences, on l'a vu encore.
01:16:44 - Attendez, mais justement, c'est l'inverse,
01:16:46 parce qu'avec le système qu'on a actuellement,
01:16:48 il n'y a même plus de lutte des classes,
01:16:49 c'est une ultra reproduction des élites.
01:16:51 Encore plus que dans les États
01:16:53 qui sont soi-disant ultra libéraux.
01:16:55 - Oui, mais enfin, on le voit à la faveur
01:16:57 des différents conflits sociaux.
01:16:59 Il y a quand même encore des corporatismes très forts.
01:17:02 Les syndicats qui, certes, n'ont plus d'adhérents,
01:17:04 mais qui continuent à pouvoir rassembler derrière eux.
01:17:07 Le riche est toujours...
01:17:10 - Peut-être différent entre la France et l'étranger,
01:17:12 c'est que les élites politiques et médiatiques
01:17:15 pour beaucoup ont fait, en France, Sciences Po ou des IEP.
01:17:19 Moi, j'en viens, je sais qu'on a très, très peu
01:17:22 d'enseignements scientifiques et économiques.
01:17:24 C'est très littéraire, c'est très théorique,
01:17:26 c'est très sociologique, mais c'est vrai que,
01:17:29 par exemple, on parlait un peu de littérature tout à l'heure.
01:17:32 Un président de la République, en France,
01:17:34 un bon candidat, il doit avoir écrit un livre.
01:17:36 C'est ce qui le rend crédible.
01:17:37 Mais le fait qu'il ait créé une entreprise
01:17:39 ou créé des emplois...
01:17:40 - Ça lui ferait presque les portes du pouvoir.
01:17:43 - C'est une spécificité française.
01:17:46 Nous sommes un pays littéraire.
01:17:49 Plus littéraire que d'autres pays.
01:17:51 - Heureusement que dans l'ombre de l'administration,
01:17:53 on a des polytechniciens et des scientifiques
01:17:55 qui tiennent la baraque, comme par exemple Elisabeth Borne.
01:17:57 - Un dernier mot avant qu'on revienne aux autres thèmes.
01:18:00 - Par rapport à votre question.
01:18:01 - Et puis sur les programmes.
01:18:02 - Ah oui, les programmes.
01:18:03 - Tout d'abord...
01:18:04 - La lecture en sixième, on voit que ça pêche.
01:18:06 - Vous avez vu que lorsque le président Macron
01:18:08 a évoqué le 8h-18h, c'était pour que les parents
01:18:12 puissent...
01:18:13 En fait, je suis désolé, mais les émeutiers,
01:18:15 ils se préoccupent pas de savoir si on sort à 17h ou à 18h.
01:18:18 - Mais c'est surtout que ça existe déjà.
01:18:20 Je dis des enfants scolaires en primaire,
01:18:22 l'accueil à 8h et la sortie à 18h à l'étude,
01:18:24 c'est déjà dans le système public.
01:18:26 - Par contre, je vais soulever un autre sujet un peu plus tendu.
01:18:28 - C'est une expérience personnelle où mes filles
01:18:30 m'avaient demandé quand elles étaient beaucoup plus jeunes
01:18:32 d'être parents d'élèves pour que je connaisse leurs enseignants.
01:18:36 Et c'est là où ça m'a choqué.
01:18:38 Alors moi, je viens de province, j'ai été éduqué en province,
01:18:41 pas à Paris, donc moi je fais partie d'une génération
01:18:44 où effectivement, peut-être que c'était un petit peu dur,
01:18:47 en tout cas, on m'a inculqué des valeurs que je revendique.
01:18:50 Et en fait, ce qui s'est passé, c'est que la première réunion
01:18:53 m'a beaucoup frappé, c'est qu'il y a eu...
01:18:55 Donc c'est une grosse école, beaucoup de parents autour de la table,
01:18:58 et il y a quelqu'un qui vient lire son papier syndicaliste.
01:19:01 Alors on lui dit, écoutez, il y a d'autres problèmes
01:19:03 avant de soulever ces sujets-là.
01:19:05 Et en fait, la première réaction a été de dire,
01:19:07 ah mais moi, je compte sur l'école pour que mes enfants soient éduqués.
01:19:10 Alors moi, j'ai bondi, parce que l'école est là
01:19:12 pour transmettre du savoir, vous l'avez très bien dit,
01:19:14 transmettre des outils pour ensuite acquérir du savoir.
01:19:17 L'école n'est pas là pour transmettre des valeurs,
01:19:19 elle n'est pas là pour transmettre ce que les parents doivent faire.
01:19:22 Et c'est là, en fait, où tout doucement, on voit l'effritement
01:19:24 du travail parental ou la démission parentale, comme vous voulez,
01:19:28 qui fait qu'à l'arrivée, on a les enfants rois,
01:19:30 au bout d'une, voire deux générations,
01:19:32 et en fait, on a des enfants qui sont insupportables à l'école,
01:19:35 je le sais parce que j'ai enseigné pendant 20 ans dans les universités,
01:19:38 du KNAM jusqu'à dans les grandes écoles de commerce centrales Paris,
01:19:43 donc j'ai un panel très très différent,
01:19:46 et vous avez des gens qui sont insupportables
01:19:48 parce qu'ils sont dépouillés de valeurs,
01:19:50 de l'irrespect à tous les niveaux,
01:19:52 de la turbulence envers les autres,
01:19:54 donc de les empêcher d'acquérir du savoir.
01:19:57 Alors c'est une minorité, j'entends bien,
01:19:59 mais ça existe, ça aussi, ça existe.
01:20:01 Mais même dans le rapport au travail, il y a des changements.
01:20:04 Après, une fois que les études sont terminées,
01:20:06 on arrive dans le monde du travail avec une toute autre approche,
01:20:10 y compris sur la hiérarchie électionnelle.
01:20:12 Sur les changements sociétaux à propos de l'école,
01:20:15 il faut quand même mentionner qu'il y a quand même une question qui se pose,
01:20:20 qui est liée aussi à l'école, qui est la question de l'immigration.
01:20:23 On a une immigration de plus en plus importante,
01:20:25 ça veut dire qu'on a de plus en plus d'élèves qui vont rentrer,
01:20:29 enfin qui rentrent, qui sont aujourd'hui à l'école,
01:20:32 qui font partie, voilà, l'immigration joue aussi un rôle à l'école.
01:20:38 Il ne faut pas le négliger.
01:20:39 Monsieur Papendia, il s'en est exclu,
01:20:41 puisqu'il met ses enfants à l'école alsacienne.
01:20:43 C'est vrai qu'à l'école alsacienne,
01:20:45 il y a assez peu de représentation de l'immigration de manière générale.
01:20:48 C'est assez tranquille.
01:20:49 Monsieur Papendia, il a effectivement réglé le problème,
01:20:51 tout en nous parlant évidemment de l'école publique,
01:20:54 qu'il trouve merveilleuse, etc.
01:20:55 Mais l'école a beaucoup changé.
01:20:57 Entre l'école que moi j'ai connue et l'école d'aujourd'hui,
01:21:00 je ne suis pas si vieux, je vous assure, ne me regardez pas.
01:21:02 [Rires]
01:21:05 Les choses ont beaucoup changé.
01:21:07 J'ai l'impression que vous me parlez d'une époque de Jean Gionnaud.
01:21:09 Je sais très bien que vous n'êtes pas si vieux.
01:21:12 [Rires]
01:21:14 Il faut l'aborder le sujet aussi.
01:21:16 Je sais que ça vous passionne,
01:21:18 mais on va conclure quand même assez rapidement.
01:21:20 Juste pour répondre à Vincent,
01:21:23 c'est un témoignage qui vaut ce qui vaut.
01:21:26 Moi, je connais pas mal d'étudiants au lycée, au collège,
01:21:29 dans des quartiers chics.
01:21:31 Il n'y a pas du tout d'immigration.
01:21:32 Je peux vous assurer que le niveau a plongé.
01:21:34 On ne peut pas imputer la baisse du niveau.
01:21:36 Non, non, non, pas du tout.
01:21:37 Je vous sors juste aussi un deuxième chiffre.
01:21:40 C'est que le pays de l'OCDE qui a le plus d'immigrés
01:21:43 ou de gens qui sont à l'étranger, c'est le Canada.
01:21:45 Beaucoup plus d'immigrés que chez nous.
01:21:47 Leur système scolaire est très bon, bien meilleur que la France.
01:21:49 Le niveau à Louis le Grand ne bouge pas.
01:21:52 Non, par contre, il est probable que les parents d'élèves de Louis le Grand
01:21:55 sont ceux qui expérimentent un peu des théories.
01:21:57 Il est peut-être bon de rappeler que le Canada, en matière d'immigration,
01:22:00 est beaucoup plus regardant que la France.
01:22:02 Il ne fait plus laisser les immigrés sur le système de points.
01:22:06 C'est vrai aussi.
01:22:07 Et oui, ça change tout.
01:22:08 Après, c'est tout le débat philosophique qu'on peut avoir
01:22:10 autour de l'immigration choisie ou pas,
01:22:12 et que pratiquent aussi les États-Unis, que pratique l'Australie.
01:22:15 Autant de pays qui sont certes des terres d'immigration.
01:22:21 L'Australie, c'est assez drapant.
01:22:23 On pourrait en débattre des heures.
01:22:25 Mais qu'ils le font et qu'ils l'assument complètement.
01:22:28 Ce n'est pas le choix.
01:22:29 C'est vraiment une de mes passions d'explorer les statistiques éducatives.
01:22:32 Et juste peut-être pour terminer, par exemple, en Grande-Bretagne,
01:22:35 vraiment les endroits où le niveau est le plus bas,
01:22:38 c'est vraiment le nord du pays, qui est très majoritairement blanc.
01:22:41 Vraiment anglais de soule.
01:22:42 Ça, c'est les anciens bassins miniers.
01:22:44 Oui, mais c'est plutôt lié à la sociologie et au niveau de vie
01:22:48 qu'à l'immigration.
01:22:49 Parce que, par exemple, les immigrés pakistanais ou indiens
01:22:51 qui vivent à Londres ont accès au lieu de savoir.
01:22:53 Ça, c'est le modèle anglais.
01:22:55 Il n'y a rien à voir.
01:22:56 C'est encore autre chose.
01:22:57 On pourrait en parler, effectivement, toute la nuit.
01:22:59 J'aimerais qu'on en vienne à la perspective des Jeux olympiques
01:23:02 et surtout de la sécurité qui devra entourer l'événement.
01:23:05 Il y a eu un nouveau viol près du Champ de Mars.
01:23:07 On ne les compte plus, ces derniers mois, à vrai dire.
01:23:11 C'est devenu un enfer dans cette zone si emblématique.
01:23:14 Amaury Bucaud nous rappelle ce qui s'est passé.
01:23:16 L'horreur dans ce lieu touristique et emblématique de la capitale parisienne
01:23:20 qui est le Champ de Mars.
01:23:21 Une touriste de 27 ans, mexicaine, a été violée
01:23:25 dans la nuit de mercredi à jeudi.
01:23:27 Une enquête de flagrance a été ouverte pour viol en réunion.
01:23:31 Deux personnes de suspect ont été interpellées et placées en garde à vue.
01:23:35 Le parquet de Paris indique que cette garde à vue devrait d'ailleurs être prolongée.
01:23:39 Et puis, c'est la 3e DPJ, un service d'investigation parisien
01:23:43 qui est en charge de l'enquête et qui devra notamment
01:23:46 tenter de retrouver les autres suspects puisque 5 personnes sont mises en cause
01:23:50 dans ce viol en réunion.
01:23:52 Écoutons aussi l'avis de quelques touristes que nos équipes ont croisés
01:23:56 dans le courant de la matinée.
01:23:58 C'est affreux, mais on a le même problème à Berlin, en Allemagne.
01:24:03 Je n'en ai pas entendu parler, je suis vraiment choquée.
01:24:09 Ça peut arriver n'importe où, pas seulement ici.
01:24:14 On doit faire attention partout.
01:24:17 Ça me surprend car je pensais que dans une ville comme Paris,
01:24:22 où il y a du monde en permanence, ce genre de choses n'arrive pas.
01:24:25 Ça va clairement me rendre plus méfiante.
01:24:28 Je vous avoue, dans l'ensemble, on sent la sécurité parce qu'il y a beaucoup de police.
01:24:32 On voit beaucoup la police, c'est quelque chose qui est important.
01:24:35 Je dirais que le soir, on sent un peu moins la sécurité.
01:24:38 À partir du moment où on arrive à la fin de la journée,
01:24:41 on a l'impression de grandir à Paris et de regarder derrière moi.
01:24:44 Réaction de Rachida Dati.
01:24:47 Rachida Dati, c'est la maire du 7e, donc on est en plein 7e.
01:24:54 Elle demande à Anne Hidalgo de fermer le Champ de Mars la nuit.
01:24:59 Combien d'agressions sexuelles et de viols attend Anne Hidalgo
01:25:01 avant d'accepter de fermer le Champ de Mars la nuit
01:25:03 pour que les Parisiens et les touristes soient en sécurité ?
01:25:05 Je demande à la mairie de Paris de faire passer la sécurité
01:25:07 avant la politique politicienne.
01:25:09 Ce ne serait pas si fou ?
01:25:11 Oui, évidemment.
01:25:13 Ce ne serait pas si fou, après tout, entre l'affaire de quelques heures,
01:25:18 entre minuit...
01:25:20 Ce que l'on parlait pendant le sujet, c'est que Paris est le Champ de Mars,
01:25:24 mais pas que, c'est une immense vitrine.
01:25:26 Il ne faudrait pas faire du France-Bachille non plus.
01:25:29 D'ailleurs, certains touristes ont remarqué qu'il y avait
01:25:33 quand même beaucoup de policiers de présence.
01:25:35 La journée ?
01:25:36 Oui, la journée.
01:25:37 Ça pose aussi le problème de la nuit, pourquoi pas aussi.
01:25:39 En fait, effectivement, c'est absolument dramatique,
01:25:42 mais comme le disait le jeune homme, à Berlin, ça a lieu aussi.
01:25:45 Ce n'est pas une exception française.
01:25:47 Ça fait presque penser, d'ailleurs, au Japon,
01:25:49 où il y a très peu d'agressions, mais quand il y en a une,
01:25:51 elle est hyper médiatisée.
01:25:52 Bon, effectivement, là, c'est le Champ de Mars,
01:25:54 donc elle est hyper médiatisée.
01:25:55 Et il n'y en a pas qu'une ?
01:25:56 Et il n'y en a pas qu'une.
01:25:57 Non, mais c'est surtout la temporalité.
01:25:58 On est à un an des JO.
01:25:59 Mais voilà, donc en fait, il faut faire attention à ça.
01:26:01 Attention, moi qui baigne dans l'international en permanence,
01:26:04 il y a des pays qui commencent à avoir des fourmis dans les doigts
01:26:08 pour dire attention, vous vous souvenez,
01:26:11 il y a des endroits à ne pas aller,
01:26:13 sur certains sites de ministères des affaires étrangères,
01:26:16 notamment américains, il y a des endroits où il faut surtout pas aller.
01:26:19 Et no go zone.
01:26:20 Voilà, c'est ça, dans Paris.
01:26:21 Donc après, alors ils ont exagéré aussi un peu,
01:26:24 c'était sous le règle de Trump, vous vous souvenez,
01:26:26 mais Paris est quand même une ville assez sécure quand même,
01:26:28 quand on voit toutes les autres villes dans le monde,
01:26:30 mais il ne faut pas faire de France bashing.
01:26:32 Mais effectivement, peut-être que des...
01:26:34 - Du France bashing, non.
01:26:36 Du France bashing, non.
01:26:38 Du Paris bashing, il y a quand même beaucoup de quartiers
01:26:40 qui ne sont pas très...
01:26:41 À partir de 23h, tout le monde sait pour quiconque...
01:26:44 - Pour ne pas aller sur la place de Trocadéro, par exemple.
01:26:46 - Non mais pour quiconque vit à Paris,
01:26:49 chacun sait qu'il y a des quartiers qu'on doit éviter.
01:26:52 Donc il y a quand même un vrai problème.
01:26:54 Alors je sais qu'il y a une incompatibilité d'humeur
01:26:57 entre la préfecture de police et la mairie de Paris,
01:26:59 puisque, attention...
01:27:00 - Et entre Rachida Dati et la mairie de Paris aussi.
01:27:02 - Et entre Rachida Dati et la mairie de Paris,
01:27:04 entre Madame Hidalgo...
01:27:05 - Ah, pas sur tous les sujets, vous allez voir,
01:27:07 sur les bouquinistes, elle est audiente.
01:27:09 - Non, sur les bouquinistes.
01:27:10 - On verra tout ça.
01:27:11 - Sur les bouquinistes, elle est formidable.
01:27:13 Mais là, il y a un vrai problème quand même
01:27:15 qu'il va falloir régler, quoi.
01:27:16 Au-delà de...
01:27:17 Et puis Paris n'a pas qu'un problème, Madame Hidalgo.
01:27:19 Il faut aussi s'attaquer à la saleté de cette ville.
01:27:21 - On en a parlé tout à l'heure.
01:27:22 - Lucas Jacopovis, c'est illusoire de penser
01:27:25 qu'on va fermer tous les soirs, comme ça, le Champ de Mars.
01:27:27 Pour quiconque connaît Paris, quand même, le Champ de Mars,
01:27:29 c'est pas simple.
01:27:30 Vous le fermez le soir, vous le fermez le matin...
01:27:32 - Si vous avez un viol tous les soirs, vous allez le fermer.
01:27:34 - Oui, mais comment vous faites concrètement ?
01:27:36 - Enfin, ça, il y a des solutions.
01:27:37 - Est-ce que c'est pas plus évident
01:27:38 de mettre des patrouilles de police plus régulièrement ?
01:27:41 - Je sais pas, mais en tout cas, ce qui est certain,
01:27:44 c'est que oui, ce viol est tragique.
01:27:45 Et il s'inscrit en toile de fond à plein de choses
01:27:48 qui font qu'entre guillemets,
01:27:49 Paris ne correspond pas à l'image que les étrangers attendent.
01:27:54 Les poubelles, les vendeurs de bonnetaux,
01:27:56 les vendeurs à la sauvette, la pollution,
01:27:58 les rats à tous les coins de rue, etc.
01:28:01 Et d'ailleurs, vous savez qu'il y a une maladie
01:28:03 qui existe à cause de ça,
01:28:04 qui s'appelle le syndrome de Paris.
01:28:06 Le syndrome de Paris, c'est un syndrome
01:28:08 qui a été développé dans les années 80 au Japon.
01:28:11 En fait, c'était des touristes japonais
01:28:13 qui vivaient en France.
01:28:14 Ils s'imaginaient que ce serait la ville romantique,
01:28:16 la ville d'Amélie Poulain avant leur.
01:28:18 Et en fait, ça correspondait pas du tout à leurs attentes.
01:28:20 Et ils revenaient au Japon traumatisés.
01:28:22 Ça, c'était dans les années 80.
01:28:24 Donc, vous pouvez s'imaginer comment c'est aujourd'hui
01:28:26 pour les touristes qui viennent en France.
01:28:28 Quand même, Paris, c'est la vitrine de la France.
01:28:30 On arrive à Roissy, c'est pas fléché.
01:28:33 On sait pas comment sortir.
01:28:34 On sait pas où trouver les taxis.
01:28:35 Si on n'en trouve pas, on prend le ROR,
01:28:37 on arrive à Châtelet.
01:28:38 Enfin, on va dire que l'expérience...
01:28:39 - Quand on n'arrive pas à Gard du Nord,
01:28:40 que quand même, une merveille.
01:28:42 - Donc, pour parler marketing,
01:28:43 la user experience, elle est pas top.
01:28:45 - Et puis, on a vu aussi une forme de récurrence
01:28:48 dans les attaques au scooter,
01:28:50 sur le tronçon du tunnel du Stade de France.
01:28:55 - Il y a l'histoire des supporters anglais aussi.
01:28:58 - Oui, non, mais avec aussi...
01:28:59 - Les autres ont été trompés.
01:29:00 - Oui, ça nous a fait du tort.
01:29:01 Avec ces gens qui se font dépouiller dans les taxis
01:29:04 ou dans des voitures avec chauffeur
01:29:05 et qui se font agresser en pleine circulation
01:29:09 et dont on vole les bagages.
01:29:10 Il y en a eu un certain nombre.
01:29:11 - Peut-être aussi, ce qu'il faut dire là-dessus,
01:29:13 c'est que peut-être que là,
01:29:14 la ville est vraiment au creux de la vague.
01:29:15 Mais peut-être, si on regarde un peu l'histoire,
01:29:17 dans les années 70, New York,
01:29:19 c'est exactement comme ça.
01:29:20 - Oui, d'accord, mais le problème est réglé.
01:29:21 - Il y avait l'expérience, c'est le Bronx.
01:29:23 Aujourd'hui, c'est une ville qui est quand même assez...
01:29:25 - Il y a eu un redit de Giuliani
01:29:26 qui a été ce qu'on a appelé le nettoyeur de New York.
01:29:29 Mais là, on revient au courage et à la volonté politique.
01:29:31 - En tout cas, avec de la volonté politique,
01:29:33 c'est très facile de changer les choses.
01:29:35 - On ne peut en revenir, hélas, qu'à ça.
01:29:38 On nous dit tout le temps...
01:29:39 Je suis très étonné, par exemple,
01:29:40 on entend des discours où...
01:29:43 C'est une expression évidente.
01:29:46 Gabriel Attal est brillant, Emmanuel Macron est brillant.
01:29:49 C'est-à-dire...
01:29:50 - On s'en fiche, en fait.
01:29:51 - Mais on n'a pas besoin de gens brillants.
01:29:53 On a besoin de gens qui ont une vision.
01:29:54 Et on a besoin d'actions et de gens courageux.
01:29:57 Le courage politique...
01:29:58 - L'action, c'est en long, l'action, c'est en court.
01:30:00 - L'idée restante, c'est d'améliorer le quotidien.
01:30:03 Alors, et qui plus est...
01:30:04 J'aimerais vous soumettre ce dernier thème
01:30:06 pour refermer cette petite partie.
01:30:08 L'article 7 de la loi anti-squat,
01:30:11 qui a donc été invalidé par les sages.
01:30:14 Je vous explique, c'est une mesure
01:30:16 qui exonérait de leur responsabilité
01:30:18 les propriétaires de biens squatés
01:30:20 en cas de non-entretien.
01:30:21 Ce qui veut dire que désormais,
01:30:22 les squatteurs peuvent se retourner contre eux.
01:30:26 Cette notion de propriété,
01:30:27 elle avait été remise en question totalement par LFI.
01:30:31 Notamment, c'est un recours de LFI
01:30:33 qui a permis d'aboutir à cette situation.
01:30:35 Une première réaction côté politique,
01:30:38 qu'on vous a récupérée, c'est Louis Alliot,
01:30:41 le maire de Perpignan, maire RN.
01:30:43 La décision du Conseil Constit qui fait suite
01:30:46 à la saisine des députés de l'extrême gauche
01:30:49 a invalidé l'article 7 de la loi anti-squat.
01:30:51 C'est d'une absurdité totale.
01:30:52 Désormais, un squatteur peut donc poursuivre un propriétaire
01:30:54 s'il ne vient pas entretenir son logement.
01:30:56 Où va-t-on ?
01:30:57 La prochaine étape, c'est de leur remplir le frigo.
01:31:00 C'est quand même assez étonnant.
01:31:02 Mais on peine à imaginer que les membres
01:31:05 du Conseil Constitutuel, que les sages,
01:31:07 n'aient pas eu toutes ces considérations en tête.
01:31:09 On est vraiment dans du juridique stricto sensu.
01:31:14 C'est ce que vous disiez tout à l'heure.
01:31:16 Comment voulez-vous que les gens se passionnent
01:31:18 pour la politique quand on voit qu'une des plus hautes instances
01:31:22 qui gère notre pays, invalide des choses comme ça ?
01:31:27 Effectivement, il peut y avoir tout un tas de choses
01:31:30 et ils vont se remettre sur le métier à tisser.
01:31:32 Mais d'un côté, au manque de logement,
01:31:34 l'État est saturé, il ne peut pas trop investir.
01:31:37 Le parc privé, on est obligé de compter dessus.
01:31:39 Le parc privé, on est en train de le contraindre.
01:31:42 Vous avez bien vu toutes les mesures.
01:31:44 Si c'est le logement vacant, on va vous taxer.
01:31:46 Et puis même les maires rentrent en action.
01:31:48 D'accord, moi je veux bien tout.
01:31:50 Mais là, comment voulez-vous que vous confiez votre bien
01:31:53 qui va être dégradé, que vous ne pourrez pas récupérer ?
01:31:55 Vous avez bien vu certains...
01:31:57 C'est scandaleux, c'est purement scandaleux.
01:31:59 On marche un peu sur la tête quand même.
01:32:00 On ne marche pas sur la tête, on roule à contre-sens.
01:32:03 Tout cela ne veut rien dire.
01:32:05 Encore une fois, tout cela ne veut rien dire.
01:32:07 Et c'est à l'origine, évidemment,
01:32:09 c'est à l'origine de l'ultra-gauche...
01:32:12 En gros, ce qu'ils nous disent,
01:32:14 c'est qu'ils prennent l'abandon de la propriété.
01:32:16 Tout simplement.
01:32:18 Tout ça pour protéger à priori la victime
01:32:21 qui pourrait prendre une tuile si elle passait dans la rue.
01:32:23 Je veux bien qu'on défende la veuve et leur foyer.
01:32:24 Mais à ce moment-là, qui a envie d'accéder à la propriété
01:32:26 si derrière, c'est open bar pour les autres ?
01:32:29 Moi, ce que je ne comprends pas,
01:32:30 c'est ce qui s'est passé dans la tête des députés à Lafitte
01:32:32 qui ont voulu censurer cet article.
01:32:34 Je ne sais pas trop ce qui préside à leur logique.
01:32:36 J'ai peut-être une petite hypothèse.
01:32:39 C'est de l'anticapitalisme ?
01:32:41 Non, non, non.
01:32:42 C'est quoi ?
01:32:43 Je vais me faire taper sur les doigts
01:32:45 par des auditeurs qui votent à Lafitte.
01:32:47 Mais je pense qu'il y a une grosse similitude
01:32:48 entre Lafitte aujourd'hui et le Front National des années 80.
01:32:52 C'est-à-dire que ce sont des partis
01:32:53 qui sont vraiment protestataires,
01:32:55 qui ont très peur au fond d'eux
01:32:56 d'arriver au pouvoir et aux responsabilités.
01:32:59 Et qui sont dans l'outrance.
01:33:00 Qui sont dans l'outrance permanente.
01:33:01 Parce qu'au fond d'eux, ils savent que
01:33:03 s'ils arrivent au pouvoir,
01:33:04 ils n'arriveront pas à appliquer ce qu'ils prônent.
01:33:07 Donc en fait, le plus sage, c'est de se dire
01:33:09 "on fait nos coups de gueule quotidiens,
01:33:12 on est mis en avant sur les réseaux sociaux,
01:33:13 on passe à la télé, on bétonne nos circonscriptions,
01:33:16 on est sûr d'avoir toujours nos 50 députés
01:33:18 parce qu'on a des circonscriptions en béton,
01:33:20 mais on n'ira pas plus loin".
01:33:21 Donc c'est la terre brûlée, pratiquer la politique ?
01:33:23 Ce n'est pas de la terre brûlée,
01:33:24 c'est gérer sa petite boutique.
01:33:25 Vous savez, il y a une formule de Pasolini
01:33:27 qui résume tout ça.
01:33:28 "Le fascisme reviendra, il s'appellera antifascisme".
01:33:31 C'était pour synthétiser le propos
01:33:34 sur le comportement des les filles,
01:33:35 c'est exactement ça.
01:33:36 C'est le fond de conversation.
01:33:37 C'est ça, c'est pas gérer le pays.
01:33:39 Et du reste, il y a aussi un procédé sémantique
01:33:40 qui est très dangereux chez les filles,
01:33:41 vu que vous parliez du fascisme.
01:33:43 Tout le monde est fasciste.
01:33:44 Bien entendu.
01:33:45 Tout ce qui se situe au centre.
01:33:47 C'est la technique fasciste.
01:33:48 Oui, mais du coup, ça veut dire que plus personne ne l'est.
01:33:51 Et que la vraie extrême droite,
01:33:53 elle peut prospérer en disant
01:33:54 "mais après tout, peut-être que vous dites
01:33:56 qu'on est fasciste, mais après tout,
01:33:57 on l'est aussi".
01:33:58 Comme les autres le sont aussi.
01:33:59 C'est la rhétorique habituelle du Lambertiste Mélenchon.
01:34:02 Allez, je vous propose de nous interrompre
01:34:05 quelques instants, le temps de retrouver
01:34:07 Sandra Thiombeau qui va nous faire un point sur l'actualité.
01:34:10 Puis après, on revient là pour parler de ces bouquinistes,
01:34:12 ces pauvres bouquinistes qui vont être
01:34:14 gentiment chassés des quais de Seine.
01:34:18 Et pas juste pour l'ouverture...
01:34:19 On met dans Paris plein de vélos.
01:34:20 Ça, c'est la technique Hidalgo.
01:34:22 Puis on enlève les livres.
01:34:23 Oui, et puis on invoque des...
01:34:24 Ah oui, des poubelles.
01:34:25 On invoque des questions de sécurité,
01:34:27 et on peine un petit peu, en effet, à comprendre
01:34:29 ce qui est en jeu, ce qui est à risque réellement.
01:34:32 Et donc, je vous poserai la question
01:34:34 avec ce témoignage assez, comment dire,
01:34:37 émouvant d'un bouquiniste qui parle aussi
01:34:40 de l'avenir de la profession.
01:34:41 Je vous invite à rester juste après le rappel d'études.
01:34:43 Sandra, de retour.
01:34:45 À la une de l'actualité, ce vendredi,
01:34:47 cet accident impliquant un bus et une voiture,
01:34:50 bilan de mort et plusieurs blessés.
01:34:53 Il a eu lieu ce vendredi matin à Mésières-sur-Seine
01:34:55 dans les Yvelines.
01:34:56 Un automobiliste de 21 ans a été placé en garde à vue.
01:34:59 Son taux d'alcoolémie a été mesuré
01:35:01 à 2,04 g par litre de sang.
01:35:03 On écoute la procureure de Versailles.
01:35:05 Ce que je peux vous indiquer concernant ce conducteur,
01:35:09 c'est que la prise de sang qui a été effectuée,
01:35:11 évidemment, immédiatement après son interpellation,
01:35:14 a permis de donner un résultat.
01:35:16 Et nous pouvons indiquer que son alcoolémie
01:35:18 est fixée à 2,04 g.
01:35:21 Évidemment, une enquête judiciaire a été ouverte
01:35:23 ce matin.
01:35:24 Des chefs d'homicide involontaire et blessures involontaires,
01:35:28 à la fois avec des blessures de plus de trois mois,
01:35:31 parce qu'on sait probablement que ce sera le cas,
01:35:33 blessures involontaires de moins de trois mois,
01:35:35 c'est une qualification générique.
01:35:37 Ces qualifications sont aggravées du fait de la consommation
01:35:41 d'alcool par, à ce stade, l'auteur supposé de l'accident.
01:35:47 Sonné d'un viol en réunion sur une touriste mexicaine,
01:35:52 les faits ont été commis dans la nuit de mercredi à jeudi
01:35:55 au Champ de Mars, à Paris.
01:35:56 Cinq hommes au total seraient impliqués dans cette affaire.
01:35:59 Les investigations se poursuivent, précise le parquet de Paris.
01:36:02 L'enquête a été confiée au 3e district de police judiciaire,
01:36:05 parisienne.
01:36:06 Éric Dupond-Moretti sera bien jugé par la Cour de justice
01:36:09 de la République.
01:36:10 Il est soupçonné de prise illégale d'intérêt.
01:36:12 Les magistrats évoquent une situation inédite
01:36:14 qui décrédibilise le ministre de la Justice.
01:36:17 Il n'en garde pas moins la confiance d'Elisabeth Borne,
01:36:19 qui rappelle la présomption d'innocence.
01:36:21 Elle écoute le garde des Sceaux.
01:36:23 Je suis d'abord à la tâche, vous l'avez vu,
01:36:26 et puis je répondrai le moment venu.
01:36:29 Chaque chose en son temps.
01:36:31 On se retrouve dans une heure pour l'édition de la nuit.
01:36:36 Soir Info continue avec Vouneli.
01:36:38 Merci beaucoup Sandra et donc à tout à l'heure.
01:36:41 Rendez-vous est pris.
01:36:42 Les bouquinistes, donc, ils sont loin d'être les bienvenus
01:36:45 sur les quais de Seine.
01:36:46 Le jour des G.I. au mais même au-delà,
01:36:48 ce qu'on leur a signifié, en fait, c'est que
01:36:50 pour toute la durée des juillets,
01:36:51 ils doivent être rendus invisibles.
01:36:53 Et on invoque des questions de sécurité.
01:36:56 En gros, on ferme tout.
01:36:58 Écoutez l'émotion assez palpable de ce bouquiniste
01:37:01 qu'on a rencontré tout à l'heure.
01:37:03 La mairie nous demande de déménager,
01:37:07 de déménager nos boîtes.
01:37:09 Environ 600 boîtes vont être déménagées
01:37:13 pour l'ouverture, pour la journée d'ouverture
01:37:16 des Jeux olympiques.
01:37:17 Parce qu'il y aura une cérémonie sur la Seine.
01:37:19 Donc ça va gêner la vue.
01:37:21 Et pour aussi des problèmes de sécurité,
01:37:23 la préfecture nous demande de dégager.
01:37:26 Purément, simplement, voilà.
01:37:28 On a eu une période difficile avec le Covid, etc.
01:37:32 La plupart sont smicards, voilà.
01:37:35 La plupart, et encore, il y en a qui gagnent beaucoup moins.
01:37:37 Il faut le savoir.
01:37:38 C'est très difficile, à tel point que la mairie de Paris
01:37:41 a de plus en plus de mal à trouver des candidats.
01:37:46 Chaque année, il y a un nombre de démissions record
01:37:49 parce qu'il y a des gens qui s'en tirent plus.
01:37:51 Et la mairie de Paris n'arrive pas à trouver
01:37:55 assez de candidats.
01:37:56 C'est un métier qui est de plus en plus en déshérence, malheureusement.
01:38:00 Et là, ça risque d'être un coup fatal pour nous.
01:38:04 On sent tout le désarroi quand même dans la voix de cet homme.
01:38:07 En gros, ce qu'on leur dit, c'est "vous allez gêner la vue".
01:38:09 Pour une journée, non ?
01:38:11 C'est que pour une journée.
01:38:12 Oui, non, non, non, mais au-delà, non, non, non.
01:38:14 Ce qu'on a compris, c'est que toute la durée des JO,
01:38:17 ils allaient être gentiment mis de côté.
01:38:19 Dans ce cas-là, il faut les rémunérer.
01:38:21 Ce qu'on comprend, c'est que "gêne la vue",
01:38:25 bon, après, c'est vrai qu'ils ont prévu une cérémonie XXL
01:38:28 avec, vous savez, des gradins, ça va coûter un pognon de dingue,
01:38:32 comme dirait l'autre.
01:38:34 Enfin, donnez-moi cette expression.
01:38:36 C'est injuste pour eux ?
01:38:37 Totalement.
01:38:38 Alors, moi, je suis un lecteur compulsif.
01:38:40 Je fréquente énormément les bouquinistes.
01:38:42 Et je sais que pour parler à certains,
01:38:44 enfin, c'était il y a deux mois,
01:38:46 ils comptaient beaucoup, entre guillemets, sur les JO
01:38:48 pour se refaire la cerise.
01:38:49 Parce qu'ils ont une grande partie, en fait, de leur clientèle
01:38:51 qui est des touristes étrangers,
01:38:53 qui achètent des cartes postales, des estampes,
01:38:55 parfois des livres en anglais.
01:38:57 Et voilà, le libraire, vraiment, on tire la langue.
01:39:00 Ils auraient pu, entre guillemets,
01:39:01 voir un peu une éclaircie pendant les Jeux olympiques.
01:39:04 Et là, sous prétexte que pendant un jour,
01:39:05 on va y avoir une cérémonie sur la Seine,
01:39:07 on les exclut pendant, si j'ai bien compris, deux semaines.
01:39:10 C'est les deux semaines dans lesquelles
01:39:12 ils auraient pu faire le plus haut chiffre d'affaires.
01:39:14 Ce qui est quand même tragique.
01:39:15 - Et pour des raisons de sécurité.
01:39:16 - Bien sûr. Ce qui est troublant, en réalité,
01:39:18 c'est que les hôtels ont doublé ou triplé leurs prix.
01:39:20 Pour certains, pas tous, mais en tout cas,
01:39:22 certains l'ont clairement dit.
01:39:23 Beaucoup vont louer en Airbnb,
01:39:25 officielle ou officieusement, des chambres à des prix d'or.
01:39:28 - Absolument.
01:39:29 - Eux, ils ne demandent rien.
01:39:30 Ils sont la vitrine culturelle de la France.
01:39:33 Regardez les Playades.
01:39:34 Il y a plein de Playades derrière et tout.
01:39:36 C'est fantastique.
01:39:37 - Oui, il y a des éditions, des livres rares aussi.
01:39:39 - Bien sûr.
01:39:40 Et en réalité, on va leur demander de déménager.
01:39:42 Je peux comprendre pour la vue, pour la sécurité et autres.
01:39:45 Mais en attendant, pourquoi on ne leur créerait pas
01:39:48 rendre ces boulevards piétons
01:39:50 et on les met de l'autre côté du boulevard à la rigueur.
01:39:53 On trouve des solutions.
01:39:54 On cherche des solutions avec eux.
01:39:55 On ne leur dit pas simplement de fermer.
01:39:57 Et ça fait vraiment partie...
01:39:59 - Et puis ça fait partie de la flânerie.
01:40:00 - Vous évoquiez tout à l'heure, justement,
01:40:02 que dans la conscience des étrangers,
01:40:03 Paris est romantique, Paris est littéraire ou autre,
01:40:06 on enlève les 600 boîtes.
01:40:07 - Mais alors, comme on a dit,
01:40:08 - La sécurité, je ne comprends pas.
01:40:10 - Moi, la question que je me pose, je n'en sais rien,
01:40:13 bien naïvement, c'est que pour des raisons de sécurité,
01:40:15 on enlève les boîtes parce que peut-être qu'on peut mettre
01:40:18 des bombes, des explosifs dans les boîtes,
01:40:23 enfin, que sais-je encore.
01:40:24 Mais alors, dans le même temps, les jeunes femmes
01:40:26 vont continuer de se faire violer sur le champ de Mars.
01:40:28 Comment ça va se passer ?
01:40:29 Donc d'un côté, sécurité au champ de Mars, on ne nous en souvient rien.
01:40:32 - C'est un peu étonnant.
01:40:33 - La mesure qu'on nous annonce, c'est les boucliers.
01:40:35 - C'est tout ce qu'on a trouvé à faire.
01:40:36 - Pourquoi Hidalgo ne leur propose pas justement
01:40:38 de se mettre le long du champ de Mars ou de l'autre côté ?
01:40:41 - Parce que Mme Hidalgo ne propose rien, elle dispose.
01:40:43 - Alors, regardez la réaction de sa grande rivale, Rachida Dati.
01:40:47 C'était sur Twitter, parce qu'elle aussi, j'imagine,
01:40:52 est concernée sur les quais.
01:40:54 "Nous demanderons au prochain Conseil de Paris
01:40:57 le maintien des boucliers nistes pendant les JO.
01:40:59 À défaut, nous voulons une fermeture limitée à la série Minutes Verture."
01:41:03 - Ce qui sous-entend donc...
01:41:04 - Ce n'est pas idiot.
01:41:05 - On leur a bien demandé de partir pour la quinzaine,
01:41:08 pour l'entièreté de l'événement.
01:41:10 Une indemnisation totale durant cette période.
01:41:13 Après, il faut le quantifier, évidemment, avec Jean-Pierre Lecoq.
01:41:16 Nous sommes aux côtés des...
01:41:18 Voilà, voir plus.
01:41:19 C'était un Fred, on ne verra pas la suite.
01:41:21 On a compris de quelle bois elle se chauffait.
01:41:23 - Ce n'est pas idiot.
01:41:24 - Ce n'est pas fou comme idée ?
01:41:25 - Non, ce n'est pas fou du tout.
01:41:26 Non, non, mais non.
01:41:27 - Il suffirait d'évaluer le manque à gagner et de le compenser.
01:41:30 - Absolument, oui.
01:41:31 Oui, oui, je pense que la mairie de Paris...
01:41:33 - Si on fait une augmentation de 50% de la taxe montière, ça doit être possible.
01:41:36 - Oui, et je pense que la mairie de Paris dépend de l'argent du JO.
01:41:39 - C'est le bout de dos dans le budget.
01:41:41 - Oui, dans le budget JO, c'est rien.
01:41:42 - Oui, attention quand même à une petite chose.
01:41:44 Je sais que le Hidalgo bashing est hyper à la mode.
01:41:46 - Non, non, c'est une...
01:41:47 - Et parfois...
01:41:48 - Mais la préfecture aussi est dans le coup.
01:41:49 Elle a juste anticipé.
01:41:50 - Mais là, pour le coup, c'est préfecture et mairie de Paris.
01:41:52 - Oui, bien entendu.
01:41:53 - Ce n'est pas qu'à Nidalgo, c'est aussi au niveau de l'État que ça se passe.
01:41:55 - Oui, oui, oui, non, non.
01:41:56 - En d'autres termes, même si...
01:41:57 - L'État aussi peut indemniser.
01:41:58 - Oui, mais en d'autres termes, même si un Hidalgo dit
01:42:01 "Ok, on va laisser les bouquinis sauf le jour de la cérémonie d'ouverture",
01:42:04 la préfecture de police de Paris peut dire tout à fait non, en fait.
01:42:07 - Oui, oui, oui.
01:42:08 Nous sommes souvent trop injustes avec madame Hidalgo.
01:42:11 - Non, mais...
01:42:12 - Ça, c'est le point d'ironie, évidemment.
01:42:14 - Non, mais c'est vrai que là, pour une fois, elle n'est pas totalement...
01:42:16 - C'est vrai qu'elle est souvent très, très ciblée à raison,
01:42:18 mais quand elle n'y est pas...
01:42:19 - Oui, oui, oui.
01:42:20 - Oui, là, elle n'est pas la seule fautive, bien sûr.
01:42:23 - Non, mais elle n'est pas la seule dans le coup.
01:42:24 - J'aimerais juste, puisque voilà, ça nous donne l'occasion
01:42:27 de vous montrer cette séquence d'archives qu'on aime bien, nous,
01:42:30 et qui nous rappelle à quel point ils font partie du paysage depuis toujours
01:42:34 et ils incarnent aussi une certaine idée de la France.
01:42:37 Regardez ces petites images d'archives de nos bouquinistes préférés.
01:42:41 - Les bouquinistes de Paris sont connus dans le monde entier.
01:42:44 - Le métier de bouquiniste, c'est d'abord émuler les livres,
01:42:48 ce que j'ai fait, j'étais amateur à vendre des bouquinistes,
01:42:51 je suis comme livreur qui devient marchand de vin.
01:42:53 Et puis, on aime la clientèle parce qu'un collectionneur
01:42:57 vous apprend toujours quelque chose.
01:42:59 - Est-ce que vous pouviez imaginer Paris sans bouquinistes ?
01:43:01 - Ah non, non, non, pas du tout, pas du tout.
01:43:04 Non, non, non, je vois l'avenir sans, mais il y aura toujours des bouquinistes.
01:43:08 - Voilà, on voulait finir avec cette petite séquence nostalgie.
01:43:11 C'est vrai qu'ils font le charme de la ville.
01:43:13 Paris n'est pas la même sans eux, on tient à le rappeler.
01:43:15 - C'est énorme.
01:43:16 - Ils reviendront, bien sûr.
01:43:17 Mais on espère quand même que cette histoire va trouver une issue favorable pour eux.
01:43:21 On change de sujet du tout au tout.
01:43:25 On a vu l'enfer, des flammes sur le porto méditerranéen ces derniers jours.
01:43:30 La Grèce, la Corse maintenant est touchée.
01:43:34 Ça a gagné l'Algérie, enfin on ne compte plus les pays
01:43:37 qui ont été touchés par la canicule et donc qui ont dû procéder
01:43:40 à des évacuations de, à la fois de riverains et de touristes en cette saison.
01:43:44 Et j'aimerais vous faire commenter dans un instant ces mots d'Antonio Guterres.
01:43:48 C'est le secrétaire général de l'ONU, bien sûr.
01:43:50 Il a dit il y a quelques jours, nous sommes dans l'ère de l'ébullition mondiale.
01:43:53 Cette ébullition mondiale qui a commencé alors qu'on le rappelle,
01:43:57 ce mois de juillet a été enregistré comme le plus chaud de toute l'histoire de l'humanité.
01:44:03 Goderic Baie.
01:44:04 Chaleur, sécheresse et incendie, les températures s'affolent autour du globe
01:44:10 et les océans n'ont jamais été aussi chauds.
01:44:13 Le constat de l'ONU est alarmant.
01:44:15 Ce mois de juillet est le plus chaud jamais enregistré.
01:44:18 L'Organisation météorologique mondiale des Nations Unies et l'Observatoire européen Copernicus
01:44:24 estiment avoir suffisamment de données pour annoncer que juillet 2023
01:44:29 sera très certainement le mois le plus chaud jamais mesuré dans l'histoire humaine.
01:44:33 Selon les données récoltées, ce record pourrait rapidement être battu.
01:44:38 L'ère du réchauffement climatique est terminée.
01:44:42 L'ère de l'ébullition mondiale a commencé.
01:44:45 L'air est irrespirable, la chaleur est insupportable
01:44:49 et le niveau de profit des énergies fossiles et de l'inaction climatique est inacceptable.
01:44:54 Selon un rapport du GIEC, le réchauffement planétaire tourne désormais autour d'1,2 degré
01:45:00 au-dessus des niveaux pré-industriels.
01:45:02 Il pourrait atteindre 1,5 degré d'ici 2030.
01:45:05 On parlait de volonté politique tout à l'heure, Denis Deschamps.
01:45:09 A quel moment on arrête un peu l'autoflagellation et la culpabilisation des particuliers
01:45:15 pour s'en prendre aux vrais fautifs, aux vrais pollueurs que sont les Etats
01:45:19 et y compris ceux qui ne jouent pas le jeu ?
01:45:21 Tous les regards sont tournés vers les BRICS aujourd'hui, il faut le dire quand même.
01:45:25 On est en plein dans la démonstration du cynisme des relations internationales.
01:45:30 L'ONU, d'abord parlons de l'ONU, monsieur Guterres,
01:45:36 c'est un exemple dans le temps, vous savez Société des Nations
01:45:39 puis ensuite transformée en ONU, font la démonstration malheureusement,
01:45:43 malgré eux, mais font la démonstration de l'inaction.
01:45:46 C'est le machin de Toto-Kohl.
01:45:48 On regarde partout dans le monde, à chaque fois qu'ils essaient d'intervenir,
01:45:51 ils apportent assez peu de solutions.
01:45:53 On l'a vu avec la Crimée en 2014, on le voit maintenant,
01:45:56 on l'a vu sur d'autres sujets, sur l'Irak et ainsi de suite.
01:45:58 Oui, l'Irak, pétrole contre nourrissure, avec des histoires de corruption encore en plus.
01:46:02 Voilà, donc on voit clairement ça.
01:46:05 Moi, ça me fait penser à une tribune de beaux discours,
01:46:10 "La maison brûle", c'est exactement la même chose,
01:46:13 c'est "La maison brûle" de Chirac,
01:46:14 le grand discours de Villepin aux Nations Unies face aux Américains avec l'Irak.
01:46:20 Et en fait, j'ai été regarder un petit peu ce qu'il a dit.
01:46:22 Alors, je vous ai parlé de tout un tas de choses,
01:46:24 mais moi, ce qui m'a le plus frappé, c'est "transformer une année de chaleur ardente
01:46:28 en une année d'ambition ardente".
01:46:31 Bon, je veux bien, mais l'ONU, c'est un machin avec pas toujours des moyens.
01:46:36 Ils font souvent d'ailleurs, ils lancent des souscriptions pour justement
01:46:39 éteindre le feu, notamment dans des programmes de nutrition, des choses comme ça.
01:46:44 Enfin bref, ils lancent beaucoup, beaucoup d'initiatives,
01:46:48 mais souvent, c'est quand même le résultat de l'inaction à l'arrivée.
01:46:51 Donc, c'est très bien qu'ils fassent ça, mais on le sait très bien,
01:46:55 on l'a vu avec Chirac et "La maison brûle".
01:46:58 Ça n'aboutit pas. Et effectivement, je reviens précisément sur votre question.
01:47:03 Sur les polluants.
01:47:04 C'est que dès l'instant où on aura trouvé le moyen de mettre la pression
01:47:09 sur certains États ou sur certains fauteurs de trouble, pour rester polis,
01:47:13 là, on commencera véritablement à avoir des résultats.
01:47:17 Parce que là, en fait, dans les degrés que vous avez donnés,
01:47:20 à la fin de l'année, d'ailleurs, il y a eu une étude du gouvernement
01:47:23 en disant "la France en 2100, il se pourrait qu'on aille de +1 vers la Bretagne
01:47:27 à +4 degrés dans certains endroits".
01:47:30 Donc, ça va être dramatique, +4 degrés.
01:47:32 Là, c'est plus qu'un changement, c'est une révolution.
01:47:34 Donc, d'ailleurs, il va y avoir des migrations climatiques majeures
01:47:37 à travers le monde.
01:47:38 Donc, en réalité, là, tant qu'on n'aura pas trouvé des moyens
01:47:41 d'imprimer une marque sur des grands pollueurs,
01:47:44 il n'y a pas que la Chine, il y a surtout les États-Unis.
01:47:47 Il ne faut pas les oublier, ces États-Unis-là.
01:47:49 Il y a aussi l'Inde. N'oubliez pas aussi les messages.
01:47:53 Quand vous voyez qu'un Clinton à Kyoto signe un grand mouvement international
01:48:00 sur le climat, vous avez quelqu'un qui détricote ça derrière, le Fizzbush.
01:48:05 Ensuite, vous avez Obama qui ressigne, via son porte-parole, à Paris la COP21.
01:48:12 Et que derrière, ça re-détricote par Trump, quel message on envoie aux jeunes ?
01:48:16 Donc, vous voyez, les grandes instances internationales, c'est très...
01:48:19 Le problème, c'est qu'on n'a pas vraiment de moyens,
01:48:22 à moins de se danser dans des guerres commerciales sans fin,
01:48:25 qu'on a perdues d'avance, d'être coercitifs avec les nations que vous venez de citer.
01:48:29 En fait, l'ONU n'a aucun moyen coercitif en droit international.
01:48:32 Et d'ailleurs, si on fait un petit retour en arrière,
01:48:34 en parlant des bouquinistes, peut-être parler de l'ouvrage d'Albert Cohen
01:48:37 qui s'appelle "Belle du Seigneur", qui se passe à la SDN.
01:48:40 Magnifique. 1930, à Genève.
01:48:43 Oui, juste avant la Deuxième Guerre mondiale.
01:48:45 Donc, le nazisme monte, etc.
01:48:47 Et à la SDN, on dit qu'en fait, il faut ne rien faire
01:48:50 tout en faisant croire que l'on s'agite.
01:48:52 C'est exactement la même chose avec le réchauffement climatique.
01:48:55 En réalité, la situation est telle que l'ONU ne sert à rien.
01:48:57 C'est de la coercition.
01:48:58 Ça se passe au niveau des gouvernements, au niveau des entreprises.
01:49:01 Voilà, donc il a fait un bon mot, mais je ne sais pas si ça va vraiment changer.
01:49:06 Mais ce qui est intéressant aussi, c'est de voir les proportions que ça prend
01:49:09 dans le champ politique français, quand même.
01:49:11 L'écologie telle qu'on la pratique, ou la défense de l'environnement
01:49:15 qu'on la pratique en France, est-ce qu'on se trompe de combat
01:49:17 quand on accuse à tort des agriculteurs qui, parfois,
01:49:21 essaient d'adopter des méthodes plus vertueuses ?
01:49:25 On va détruire leur champ ?
01:49:27 On ne cherche pas à comprendre, en fait, ce qui est en jeu.
01:49:30 Est-ce qu'on se trompe de combat dans la classe politique française ?
01:49:33 On parlait tout à l'heure de sociologie contre science.
01:49:37 La lutte contre le changement climatique, c'est quelque chose de scientifique.
01:49:41 C'est des faits, c'est des données, c'est des plans d'action.
01:49:43 Et malheureusement, l'écologie française est adepte d'une théorie
01:49:46 qui s'appelle l'intersectionnalité des luttes, qui veut mélanger
01:49:49 lutte contre le changement climatique et combats sociétaux.
01:49:52 Par exemple, on parlait aussi tout à l'heure de la Baya.
01:49:54 Ils vont défendre la Baya, ils ont défendu le Burkini.
01:49:57 Ils ont des propos, parfois, qui sont totalement anti-science,
01:50:00 des propos qui peuvent faire peur aux électeurs.
01:50:02 Et malheureusement, alors qu'on aurait besoin d'une politique environnementale
01:50:05 vraiment plus offensive, plein de gens disent qu'on ne va pas pousser à ça
01:50:09 parce qu'on a peur, entre guillemets, de l'écologie made in Europe.
01:50:12 De l'écologie politique.
01:50:14 De l'écologie politique, sachant que par exemple en Allemagne,
01:50:17 les verts sont au pouvoir, ils sont dirigés par des scientifiques,
01:50:20 ils sont centrés sur le climat, ils disent qu'il faut créer des richesses
01:50:23 tout en protégeant l'environnement.
01:50:25 Voilà.
01:50:26 Oui, ils sont confrontés à une surpopulation, à une surconsommation.
01:50:30 Je vous rappelle une chose, je vais vous remémorer vos cours d'économie
01:50:34 quand vous étiez un tout petit peu plus jeune.
01:50:36 Il ne faut pas oublier une chose, à l'heure actuelle,
01:50:38 on est dans un frottement, c'est-à-dire qu'on est dans un élément de punition.
01:50:41 On est dans une économie punitive, parce que ce n'est pas bien
01:50:43 que vous polluez votre voiture avec ceci ou avec les poids à la bois,
01:50:46 ou ainsi de suite.
01:50:47 En réalité, en économie, on adopte un nouveau modèle,
01:50:49 donc un modèle vert, on adopte un nouveau modèle
01:50:52 qu'à la condition que le nouveau modèle soit plus rentable que l'ancien.
01:50:55 Donc il va falloir d'abord penser l'économie verte à très grande échelle,
01:50:59 et pas simplement que pour ça ou que pour la voiture électrique,
01:51:01 mais à très grande échelle, c'est-à-dire penser un système global,
01:51:04 comme une philosophie générale, et ensuite il va falloir prendre
01:51:08 des décisions radicales, je suis navré de le dire, radicales,
01:51:11 pour changer les comportements, parce que les comportements
01:51:14 sont toujours très très très longs à changer.
01:51:15 Oui, c'est les mentalités qui sont les plus engageantes.
01:51:17 Exactement. Alors nos jeunes, moi je m'appuie beaucoup sur les jeunes,
01:51:19 et à transmettre, parce que les jeunes, ils vont tout de suite imprimer.
01:51:22 Je pense que le message, il passe vraiment chez les jeunes.
01:51:25 En fait, on joue sur la peur, on joue pas sur les expressions.
01:51:28 Y compris sur toutes les questions de natalité, d'avenir,
01:51:31 enfin, beaucoup de jeunes qui renoncent à faire des enfants,
01:51:33 parce qu'ils ont l'impression que de toute façon,
01:51:35 ils ont pas un avenir formidable à leur offrir,
01:51:38 ou qu'ils veulent pas contribuer à un monde encore plus dévasté.
01:51:41 On construit pas un avenir sur la peur, on construit sur la science,
01:51:44 d'où l'importance, pour revenir à ce qu'on disait,
01:51:46 d'investir dans l'éducation, d'avoir des scientifiques.
01:51:49 C'est vrai qu'il faudrait devenir à des choses un peu plus optimistes.
01:51:52 D'où à mon avis le peu de participation.
01:51:53 Par exemple, prenez peut-être juste un fait, être éco-anxieux.
01:51:56 Qu'est-ce que ça change ? De clamer qu'on est éco-anxieux ?
01:51:59 C'est pour ça que ce que dit M. Gouthière,
01:52:02 c'est que vraiment tout le monde s'en fout.
01:52:05 Vous savez, il y a 15 jours, il y avait une commission de l'ONU
01:52:08 qui nous disait que notre police était raciste.
01:52:11 Aujourd'hui, il nous a l'air sur trois bons mots, et puis il s'en va.
01:52:16 - A part faire des constats, c'est vrai que ça sert pas à grand chose.
01:52:18 Une dernière histoire.
01:52:21 Vous avez peut-être entendu parler du nouveau Blanche-Neige
01:52:24 adapté au cinéma.
01:52:26 - Ah oui, captivant ça.
01:52:28 - A l'heure qu'il est, je trouve que c'était pas mal pour finir l'émission.
01:52:31 Blanche-Neige qui a été entièrement revisité aux Etats-Unis,
01:52:34 déjà dans le choix de l'actrice pour incarner.
01:52:37 Il n'y a plus de sauvetage de Blanche-Neige par le Prince Charmant.
01:52:41 En tout cas, le Prince Charmant, c'est plus celui qui résout tous les problèmes.
01:52:45 Les sept nains ont été... Je sais pas, on va vous montrer des illustres.
01:52:48 Les sept nains ont été remplacés par des personnages
01:52:51 qui sont plus du tout des nains, qui n'ont plus du tout
01:52:54 quoi que ce soit à voir avec l'histoire originale.
01:52:58 Je vous propose d'écouter l'actrice qui incarne le rôle de Farr
01:53:01 et ce qu'elle a dit sur sa vision de l'histoire aujourd'hui.
01:53:06 Vincent Roy, pourquoi cette obsession d'effacer les mythes et les contes ?
01:53:33 C'est Eugénie Bastier qui disait ça dans un tweet précédemment.
01:53:36 Là, il y a quelque chose de beaucoup plus profond.
01:53:38 Dans le discours de cette actrice qui dit...
01:53:42 On n'est plus en 1937.
01:53:44 Elle sait très bien qu'elle ne sera pas sauvée par le prince ou par le grand amour.
01:53:49 Ce qu'elle veut, c'est devenir un leader et correspondre au propre désir de son père.
01:53:55 On ne peut plus être sauvé par le grand amour.
01:53:57 Vous voyez la limitation de l'imaginaire ?
01:53:59 Mais c'est qui est dramatique, c'est qui est le rêve.
01:54:01 Oui, mais on pourrait l'appliquer aussi à Barbie sur un grand écran
01:54:07 où il y a des messages aussi très féministes qui sont véhiculés.
01:54:11 C'est dramatique.
01:54:13 On aime les livres parce que ça nous transporte, parce qu'il y a du rêve,
01:54:16 parce que ça nous fait plus grand que soi.
01:54:18 "La Belle du Seigneur", vous évoquiez "Belle du Seigneur" ?
01:54:20 Oui, mais j'aurais pu le faire aussi, j'adore ce livre.
01:54:23 C'est un contexte, c'est toute une histoire, tout autour.
01:54:25 Il y a de la passion, il y a du rêve, il y a de l'ambition, tout ça.
01:54:29 Il y a la chute aussi.
01:54:31 C'est dans ces cadavres qu'ils fassent des films et qu'ils les appellent différemment.
01:54:33 Et on ne touche pas à Blanche-Neige.
01:54:35 Oui, c'est ça.
01:54:37 Justement, je vais vous soumettre le truc de Ziné Bassi,
01:54:39 parce que c'est un peu ce qu'elle dit,
01:54:41 j'ai dit qu'on a eu dans l'émission cette semaine.
01:54:44 Elle dit "Blanche-Neige sans nain parce que c'est offensant,
01:54:47 sans prince parce que c'est sexy, sans histoire d'amour parce qu'on n'est pas en 37".
01:54:50 Pourquoi l'appeler encore Blanche-Neige ?
01:54:52 Moi, j'aime bien sa phrase de conclusion en fait.
01:54:55 "Fascinante époque, incapable de créer ses propres mythes,
01:54:58 qui réécrit ceux du passé".
01:55:01 Sans arrêt la déconstruction.
01:55:03 On peut très bien conserver Blanche-Neige et la laisser tranquille là où elle est, telle qu'elle,
01:55:06 et inventer d'autres histoires qui, à elle, sont peut-être plus en phase avec la période que l'on vit.
01:55:11 Enfin, l'histoire d'amour, vous savez, les histoires en phase, ça m'amuse.
01:55:15 Ah, là, voilà l'image des sept nains.
01:55:17 Il y a encore un nain, mais sinon les six autres n'ont plus rien à voir.
01:55:20 Je ne sais pas si vous connaissez cette image.
01:55:22 Vous savez, la réécriture,
01:55:24 je veux bien la réécriture des histoires plus en phase avec notre époque,
01:55:28 mais vous savez, il y a quand même une permanence du cœur humain.
01:55:31 Ce qui agitait, les sentiments qui agitaient le petit garçon
01:55:35 ou la petite fille dans une cour d'école en 1937
01:55:38 sont exactement les mêmes qu'en 2012.
01:55:41 C'est dur moins longtemps, le romantisme, ça s'est un peu perdu quand même en route.
01:55:45 Le cœur humain, il y a vraiment une permanence du "quand ça frissonne, ça frissonne" en 2023
01:55:51 ou en 1937 ou en 1815.
01:55:54 Le problème n'est pas là.
01:55:56 - Lucas Jacobovit.
01:55:57 - Oui, moi, c'est tellement grotesque que ça me fait rire.
01:56:00 - Ils ne sont même pas bien habillés.
01:56:02 - Oui, mais il y a toujours...
01:56:03 - Non, mais moi, je n'aime pas trop cette accoutrement.
01:56:05 - Non, mais il y a toujours un culte du moche.
01:56:07 Donc, de toute façon, regardez, par exemple, "Les seigneurs des anneaux revisités".
01:56:11 Les hobbits, c'est des espèces de zadistes.
01:56:14 Mais non, moi, ça me fait plutôt rire pour une raison.
01:56:17 Et à mon avis, ça va être éphémère parce que, si vous voulez, le but de la culture,
01:56:21 c'est quand même, il faut être franc, de générer du cash.
01:56:23 Et tous les films un peu woke qui sont sortis ces dernières années ont tous fait des fours.
01:56:27 Parce qu'en réalité, la population est de plus en plus...
01:56:31 Elle est quand même au fond d'elle conservatrice, patriarcale.
01:56:35 Regardez, par exemple, les statistiques de mariage.
01:56:37 Les gens restent mariés de plus en plus longtemps, croient de plus en plus au grand amour.
01:56:40 On demande de moins en moins de partenaires sexuels dans leur vie.
01:56:43 Les gens, notamment les jeunes, sont de plus en plus "prudes".
01:56:48 Et donc, toutes ces histoires de déconstruction ou de wakisme, etc.,
01:56:51 en fait, on voit bien qu'elles ne trouvent pas de téléspectateurs.
01:56:54 Ça prouve d'ailleurs qu'il y a un clivage énorme entre les gens qui font les politiques culturelles...
01:56:59 - Oui. Et pour vous, le wakisme risque d'être un phénomène relativement éphémère ou limité dans le temps ?
01:57:05 - Oui, mais il va faire... - Il y aura un retour de...
01:57:07 - Oui, mais il va faire énormément de dégâts parce que, maintenant,
01:57:09 les gens vont se considérer comme appartenant à une race, une religion,
01:57:13 plus qu'appartenant à la communauté humaine.
01:57:15 Forcément, et ça, c'est un terme sociologique, il va y avoir un backlash qui a déjà commencé aux États-Unis,
01:57:21 donc avec un retour conservateur parce que, entre guillemets, le wakisme...
01:57:24 - Dans certains États aussi. - Oui, oui.
01:57:26 Mais, par exemple, regardez ce qui s'est passé à Disneyland, en Floride.
01:57:32 Alors, maintenant, on ne dit plus aux visiteurs "Bonjour, mesdames et messieurs",
01:57:36 mais c'est "Chère personne apte à rêver" ou quelque chose comme ça.
01:57:40 Et, en fait, Disney, ses actions ont vachement perdu depuis deux ans.
01:57:47 - Le wakisme a beaucoup de points communs avec la bêtise.
01:57:51 Au 19e siècle, Flaubert décrivait la bêtise, c'était son sujet.
01:57:55 Aujourd'hui, il nous faudrait un autre Flaubert pour nous décrire cette nouvelle forme de bêtise.
01:58:01 - On va comprendre que l'être humain n'a jamais été aussi grand que quand il aime et que quand il rêve,
01:58:05 il dépasse sa propre condition, s'approche de la méthode physique.
01:58:09 - C'est ce que je disais.
01:58:10 - En tout cas, pour les humoristes, pour les chansonniers, etc., c'est vraiment du pain béni.
01:58:15 Et j'invite d'ailleurs les gens à peut-être s'y lire l'interview de Blanche Gardin dans Le Point de cette semaine,
01:58:19 où elle explique comment, elle, en tant qu'humoriste,
01:58:22 elle considère que, justement, ce wakisme va brider toute sa créativité.
01:58:26 Et pourtant, c'est une humoriste qui est clairement engagée à gauche.
01:58:29 On ne peut pas l'accuser d'être extrême droite.
01:58:31 - Merci beaucoup de m'avoir accompagnée ce soir.
01:58:34 Merci à vous de nous avoir suivies tout le temps qui nous restait.
01:58:36 Émission dense, vous avez vraiment donné de vos personnes.
01:58:39 Merci à vous.
01:58:40 Et dans un instant, on retrouvera Sandra Thiong'o pour la suite de l'actualité sur notre antenne.
01:58:45 À très bientôt.
01:58:46 Bel été à tous.
01:58:47 ♪ ♪ ♪

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