Soir Info Week-End (Émission du 30/06/2023)

  • l’année dernière
Les invités de CNEWS décryptent et débattent de l'actualité des dernières 24 heures dans #SoirInfoWE
Transcript
00:00:00 Bonsoir à tous, bienvenue si vous nous rejoignez sur CNews, soir info week-end.
00:00:05 Nos équipes mobilisées ce soir alors que les tensions ne retombent pas en France.
00:00:09 Le ministre de l'Intérieur qui a déployé de nouveaux moyens importants ce soir pour faire face aux émeutes.
00:00:15 Édition spéciale donc à suivre pour notre antenne avec autour de ce plateau Karima Brick.
00:00:20 Bonsoir Karima, à vos côtés François Puponi.
00:00:24 Bonsoir François Puponi, bonsoir Sandra Buisson journaliste Police, Justice, CNews.
00:00:30 Judith Vintraube, bonsoir, grand reporter de Figaro Magazine.
00:00:33 Bonsoir Philippe Guière, bonsoir Olivier Françaignan et consultant.
00:00:36 Et à vos côtés Jean-Christophe Couvy, bonsoir Jean-Christophe, secrétaire nationale Unité SGP Police.
00:00:42 Toutes nos équipes, je vous le disais, également mobilisées sur le terrain.
00:00:46 Mais avant les dernières informations, avec vous Trina Magdine. Bonsoir Trina.
00:00:52 Bonsoir Olivier, bonsoir à tous.
00:00:54 Gérald Darmanin s'est exprimé sur TF1 suite aux nombreuses émeutes des nuits dernières.
00:00:58 Il a annoncé le déploiement de 45 000 policiers et gendarmes pour cette nuit.
00:01:03 Ainsi que davantage d'unités spécialisées comme le RAID, la BRI ou le GIGN.
00:01:07 Le ministre de l'Intérieur a évoqué, je cite, "des moyens exceptionnels".
00:01:11 Après la marche blanche, les obsèques de Nahel se tiendront demain.
00:01:15 Le jeune homme de 17 ans a été tué à Nanterre mardi par un tir policier après un refus d'obtempérer.
00:01:20 Ce qui a provoqué de nombreuses émeutes depuis dans toute la France.
00:01:23 Le maire de Nanterre a apporté son soutien à la famille de la victime.
00:01:27 Les circulations de bus et de tramway interrompues depuis 21h en Ile-de-France.
00:01:31 Cela fait suite à l'incendie d'un dépôt de bus de la ville d'Aubervilliers en Seine-Saint-Denis.
00:01:36 Selon Jean Castex, PDG de la RATP, 12 bus ont été incendiés.
00:01:40 Cette mesure s'applique sur tout le territoire jusqu'à nouvel ordre.
00:01:43 Voilà pour l'essentiel de l'actualité. A vous Robin.
00:01:46 Merci beaucoup Trina. Trina, on vous retrouvera toutes les 20 minutes pour faire un point complet sur les dernières informations.
00:01:52 A tout à l'heure, Trina, je le disais, l'attention ne retombe pas après de nouvelles émeutes la nuit dernière.
00:01:58 C'était pour la troisième fois consécutive.
00:02:00 Et deux nouvelles dégradations ont eu lieu cet après-midi à Ronnie-sous-Bois notamment ou encore à Créteil.
00:02:06 Strasbourg également touché. Un magasin Apple Store a été vandalisé.
00:02:10 Alors que 40 000 policiers et gendarmes étaient déployés la nuit dernière,
00:02:14 eh bien, il seront 40 000 ce soir mobilisés.
00:02:17 Des émeutes partout en France après la mort, je vous le rappelle, de Naël.
00:02:20 C'était mardi, tué par un policier.
00:02:22 Et ce soir, des personnes rassemblées à la Concorde il y a un instant.
00:02:27 Mais tout avait démarré à Nanterre.
00:02:29 Nanterre où on va retrouver l'un de nos envoyés spéciaux sur place pour prendre un petit peu la température.
00:02:36 Quelle est l'atmosphère à cette heure à Nanterre ?
00:02:40 Écoutez Olivier, pour le moment ici, tout est très calme.
00:02:46 Les CRS viennent d'arriver ici dans cette ville de Nanterre.
00:02:49 Une ville évidemment sous haute surveillance ce soir.
00:02:51 Une ville qui concentre toutes les tensions depuis maintenant plusieurs soirs.
00:02:55 Les CRS ont pris position autour de la préfecture des Hauts-de-Seine pour assurer la sécurité évidemment de ce bien public.
00:03:01 Mais les CRS ont également quadrillé cette place Nelson Mandela.
00:03:05 La place où se sont affrontés les marcheurs hier avec les forces de l'ordre à la fin de cette marche blanche en hommage à Naël.
00:03:13 Ces forces de l'ordre qui vous le voyez sont aux quatre coins de cette place et gardent cette place sous bonne garde.
00:03:20 C'est ici effectivement que Naël a perdu la vie.
00:03:23 C'était mardi dernier.
00:03:25 Il faut savoir que ces CRS seront soutenus dans leurs opérations ce soir par la BRI, tout comme hier.
00:03:31 La brigade d'élite qui sera à leur côté pour assurer la sécurité et le calme ici dans cette ville de Nanterre.
00:03:37 Un calme qui pourra très rapidement être troublé.
00:03:39 C'est en tous les cas ce que nous ont dit les médiateurs que l'on a une nouvelle fois rencontrés tout à l'heure.
00:03:44 Des médiateurs qui sillonnent la ville de Nanterre dans leur voiture à l'effigie de la municipalité.
00:03:50 Ces médiateurs à qui j'ai posé une simple question.
00:03:52 Comment sentez-vous les choses ce soir ?
00:03:54 Ils nous ont dit que ça va être très chaud. Préparez-vous.
00:03:56 Voilà, je leur ai demandé également par rapport à hier comment ils sentaient les choses.
00:04:00 Ils nous ont dit que ça allait être pire qu'hier.
00:04:02 Alors à quoi s'attendre ? Nous le verrons d'ici quelques heures.
00:04:05 En tous les cas ici, la ville de Nanterre commence à être quadrillée par les forces de l'ordre.
00:04:10 Nous n'avons pas vu pour le moment la BRI.
00:04:12 Mais ici pour le moment tout se passe très bien.
00:04:14 La circulation est fluide évidemment.
00:04:16 Et encore quelques badauds se promènent ici dans la ville de Nanterre.
00:04:20 Merci beaucoup. Merci à nos journalistes mobilisés, vous l'aurez compris, sur le terrain ce soir.
00:04:25 On l'a vu, situation calme.
00:04:26 Pour le moment, à Nanterre, on va y revenir dans un instant.
00:04:30 On marque une très courte pause.
00:04:32 Et dans un instant, on revient sur ce dispositif qui a été mis en place par le ministre de l'Intérieur pour cette soirée.
00:04:38 Restez avec nous sur ces news. A tout de suite.
00:04:40 Et de retour sur le plateau de SoirInfo Week-end.
00:04:46 Bienvenue si vous nous rejoignez pour décrypter l'actualité ce soir.
00:04:49 Essentiellement consacré à la situation en France, aux émeutes.
00:04:53 Karim Abric est avec nous, à côté de François Puponi.
00:04:57 Sandra Buisson également autour de ce plateau.
00:04:59 Philippe Guibert, Judith Vintraub et Jean-Christophe Couvy.
00:05:03 On le disait, pour le moment, en région parisienne, une situation plutôt calme.
00:05:08 Notamment à Nanterre, là où tout a commencé.
00:05:11 Mais effectivement, des inquiétudes au niveau des services de police, comme nous disait notre envoyé spécial sur place.
00:05:18 À Marseille également, situation tendue ce soir.
00:05:22 On va retrouver notre journaliste sur place.
00:05:25 Puisque selon les dernières informations, une armurerie aurait été visitée, braquée, volée, pillée par des individus ce soir.
00:05:38 On va retrouver dans un instant notre journaliste sur place.
00:05:41 Mais avant, Sandra Buisson, le ministre de l'Intérieur, est revenue sur ces émeutes en début de soirée.
00:05:47 On va l'entendre tout à l'heure.
00:05:48 Et ces prochaines heures, on le sait, vont être déterminantes.
00:05:51 C'est en tout cas les mots qu'il a employés lorsqu'il s'est adressé aux forces de l'ordre, aux pompiers et aux maires également.
00:05:57 Tout à fait. Une lettre qui a été dévoilée dans les médias.
00:06:02 La priorité absolue, a-t-il rappelé aux forces de l'ordre, aux sapeurs-pompiers, aux maires et aux policiers municipaux,
00:06:10 c'est le rétablissement de l'ordre, la protection des personnes et des biens publics et privés.
00:06:16 Et on sait que la tâche s'annonce ardue pour ce soir.
00:06:19 Déjà hier, 917 interpellations, 492 bâtiments visés dans la nuit.
00:06:24 Ce soir, ce sont 45 000 forces de l'ordre qui sont mobilisées, 5 000 de plus que la nuit dernière, avec des unités qui viennent en renfort.
00:06:33 Hier, nous avions évoqué le renfort du RAID, du EGIGN, de la BRI sur différents territoires, à Roubaix, à Marseille, à Lille.
00:06:42 Ce soir, la gendarmerie met à disposition ces blindés, 14 VBRG, les blindés anciennes génération,
00:06:50 qui ont une lame devant et qui permettent d'évacuer les barricades enflammées,
00:06:55 qui permettent de lancer de la lacrymo en beaucoup plus grande quantité,
00:06:58 qui permettent aussi de transporter de manière plus sécurisée des troupes.
00:07:02 Et puis, ils mettent également à disposition 400 torts.
00:07:05 Ce sont les nouveaux engins blindés, nouvelle génération.
00:07:08 Alors, une précision pour les blindés de la gendarmerie, les VBRG.
00:07:12 On a vu des images qui circulaient sur les réseaux sociaux.
00:07:15 Non, il n'y a pas d'armes sur le toit du VBRG.
00:07:19 Ça, c'est uniquement en configuration OPEX, opération extérieure, et donc avec l'armée.
00:07:24 Sachez qu'en zone préfecture de police, dans les Hauts-de-Seine, dans la Seine-Saint-Denis,
00:07:30 le survol par des drones a été autorisé par le préfet.
00:07:35 Le ministre de l'Intérieur l'avait annoncé.
00:07:38 Il demandait l'annulation des grands événements, des événements de grande ampleur,
00:07:42 pour éviter de mobiliser des effectifs sur ces points-là
00:07:45 et pouvoir les concentrer sur les lieux de tension,
00:07:48 et puis aussi pour éviter les troubles à l'ordre public à cette occasion.
00:07:52 Le ministre de l'Intérieur, qui a demandé au directeur généraux de la gendarmerie et de la police
00:07:59 de réorganiser les équipes, de transférer les équipes sur les moments de tension les plus importants,
00:08:03 de décaler les effectifs, et puis qui a demandé au préfet, le ministre,
00:08:08 d'interdire systématiquement la vente et le transport de mortiers,
00:08:11 d'interdire la vente et le transport de matières dangereuses,
00:08:13 comme l'essence, l'acide, les produits chimiques,
00:08:16 et puis on l'a vu, ça se propage dans différentes communes,
00:08:20 l'arrêt des transports en commun de surface dès 21h sur tout le territoire.
00:08:24 On le voit, des mesures prises importantes ce soir.
00:08:27 45 000 policiers et gendarmes mobilisés.
00:08:29 Merci pour toutes ces précisions, Sandra Buisson.
00:08:32 Vous disiez des tensions à Marseille, et notamment des tensions liées au pillage d'une armurerie ce soir.
00:08:38 Pour en savoir plus, on va retrouver notre envoyée spéciale sur place.
00:08:42 Quelles sont ces informations concernant cette armure ?
00:08:46 Des armes auraient été dérobées à Marseille, c'est bien cela ?
00:08:51 Oui, effectivement. Je vous fais d'abord un petit contexte pour expliquer que la situation ce soir à Marseille
00:08:58 est vraiment très difficile, très compliquée, totalement instable.
00:09:02 Là, on s'est mis à l'abri pour pouvoir vous parler sereinement.
00:09:05 Mais pour vous expliquer un peu la situation, ce sont des centaines de jeunes
00:09:09 qui sont répartis partout dans l'hyper-centre-ville.
00:09:12 Ils sont répartis en plusieurs groupes, et leur activité principale,
00:09:16 c'est d'aller piller des commerces dans les rues piétonnes de la ville,
00:09:20 la rue Saint-Féréol, par exemple, ou la rue Paradis.
00:09:23 Et on a pu voir des dizaines de boutiques qui ont été pillées.
00:09:26 Les vitres sont défoncées, les grilles sont défoncées.
00:09:28 Et à l'intérieur, ils ont absolument tout pris.
00:09:30 Il y a même des passants qui nous disaient, devant une boutique de lingerie,
00:09:33 "mais ce n'est pas possible, ils ont même volé des culottes et des soutiens-gorges".
00:09:37 Et oui, effectivement, n'importe quel magasin où ils arrivent à rentrer,
00:09:40 ils pillent tout, ils volent tout.
00:09:42 Et on a vu aussi, bien sûr, il y a une armurerie rue Paradis qui a été pillée.
00:09:48 Donc ils ont défoncé la grille, ils sont rentrés.
00:09:52 Donc les munitions des enquêteurs qui étaient sur place nous ont expliqué
00:09:56 que les munitions, heureusement, n'ont pas été volées.
00:09:59 Elles étaient à l'abri dans un coffre-fort, dans un autre bâtiment.
00:10:02 Mais il y a sept fusils qui ont été volés.
00:10:05 Et lorsque les policiers sont arrivés sur place,
00:10:08 il y avait un jeune qui était en train de sortir avec un fusil.
00:10:12 Donc cette personne a été interpellée avec ce fusil.
00:10:15 Mais vous voyez, la situation est totalement instable.
00:10:17 Et pour vous dire aussi à Marseille que ça a commencé très tôt.
00:10:20 Tout a commencé dès 18h.
00:10:22 Merci beaucoup pour toutes ces précisions.
00:10:24 N'hésitez pas à revenir vers nous si la situation se tend sur place.
00:10:28 Sandra Buisson, on entendait cette armurerie pillée à Marseille.
00:10:31 Ce n'est pas la seule en France aujourd'hui.
00:10:34 Oui, de la nuit précédente, on a relevé de sources policières
00:10:39 à Vitry-sur-Seine une armurerie qui a été vandalisée.
00:10:43 Et le gérant signale la disparition de deux fusils à pompe
00:10:47 et trois fusils de Schaffs.
00:10:49 Et puis, alors, ce n'est pas une armurerie,
00:10:51 mais dans le contexte de vol sur les forces de l'ordre,
00:10:54 cette fois à Bagneux, dans les Hauts-de-Seine,
00:10:56 une équipe de police a été attaquée tellement violemment
00:10:59 que les effectifs ont dû abandonner le véhicule
00:11:02 et du matériel a été volé,
00:11:04 notamment des moyens de force intermédiaire,
00:11:06 notamment des grenades de désencerclement
00:11:08 qui ont d'ailleurs été utilisées sur les policiers
00:11:10 un peu plus tard dans la soirée.
00:11:12 Merci Sandra Buisson.
00:11:13 Jean-Christophe Couvid, dans quel état d'esprit sont vos collègues ?
00:11:15 Ce soir, on a vu la situation tendue à Marseille, à Lyon.
00:11:18 Également à Strasbourg, cet après-midi,
00:11:20 des centres commerciaux en région parisienne
00:11:22 sont également dégradés.
00:11:24 Quelles sont les informations que vous avez à cette heure
00:11:27 concernant la situation ?
00:11:28 Est-ce que vos collègues s'attendent à une nuit très difficile,
00:11:30 une nouvelle fois ?
00:11:31 Ah oui, alors, nuit très difficile, annoncée déjà.
00:11:34 Les collègues sont très inquiets sur la tournure que ça prend,
00:11:38 parce qu'ils voient très bien qu'il y a un niveau de violence
00:11:41 qui n'a jamais été à ce point-là dans notre pays.
00:11:44 Même ceux qui ont fait les émeutes de 2005
00:11:46 aujourd'hui nous disent, franchement,
00:11:48 ça n'a rien à voir avec 2005, c'est vraiment plus fort.
00:11:51 On a l'impression que ces gamins, c'est une frénésie.
00:11:53 Quand je dis les gamins, c'est un tiers des interpellés.
00:11:55 Les deux tiers sont majeurs, un tiers est mineur.
00:11:58 Il y a quand même des gens très très jeunes,
00:12:00 ça va de 12 ans, à l'âge moyen c'est 17 ans à peu près.
00:12:04 On sent qu'il y a une frénésie, en fait, il n'y a pas de limite.
00:12:07 C'est-à-dire qu'ils vont s'acharner,
00:12:09 mais ça on le voit aussi tous les jours dans nos opérations.
00:12:11 Ils vont s'acharner sur quelqu'un jusqu'à ce que la personne ne bouge plus
00:12:14 et le tuer.
00:12:16 Donc on le voit, ils sont capables de tout, c'est une frénésie.
00:12:19 Le pillage, c'est une certaine forme de jouissance.
00:12:21 On est dans une société de consommation, on casse, on se serre,
00:12:24 c'est l'impunité totale et ça fait penser un peu à certains films américains
00:12:28 qui s'appellent "La Purge" ou alors "Sur une nuit",
00:12:30 on a le droit de tout faire, de tout commettre, y compris de tuer.
00:12:33 On va s'intéresser à la question de l'autorité parentale
00:12:36 soulevée par le chef de l'État cet après-midi.
00:12:38 Mais avant, c'est vrai, François Puponi,
00:12:40 que le profil de ces personnes interpellées cette nuit,
00:12:44 de ces émeutiers, il interroge, puisque ce sont des personnes très jeunes,
00:12:49 entre 13 et 18 ans.
00:12:51 Mais c'est les mêmes qui sont dans les phénomènes de bandes,
00:12:54 avec des morts régulièrement dans un certain nombre de quartiers,
00:12:57 qui sont capables de tuer le camp d'en face parce qu'ils ne sont pas dans le bon quartier.
00:13:01 Il y a effectivement une montée très forte de la violence chez les plus jeunes.
00:13:04 On l'a senti venir.
00:13:06 Ça fait des années que nous, les plus grands, nous disent
00:13:08 "Les petits, on ne peut pas les tenir, ce ne sont plus les mêmes.
00:13:10 Attention, attention."
00:13:12 La vague, on l'a vu arriver, et là, elle explose,
00:13:14 et elle se déverse à une occasion.
00:13:17 Il n'y avait qu'une étincelle qui pouvait faire déborder tout ça.
00:13:19 Et donc, tous les réseaux se mettent en place.
00:13:21 Il y a les petits qui veulent tout casser, aller piller parce qu'ils n'attendaient que ça.
00:13:24 Les plus grands, eux, sont dans une revendication peut-être "plus sociale".
00:13:28 Il y a des réseaux derrière qui agitent, bien entendu,
00:13:30 qui essayent d'exciter tout ça.
00:13:32 Et puis, il y a la haine et la rage.
00:13:34 Et puis, il y a aussi "la faim".
00:13:36 Tout ça mélangé, ça fait que…
00:13:38 Ils disent que c'est le moment.
00:13:40 C'est maintenant.
00:13:42 Et sincèrement, l'inquiétude qu'on a tous,
00:13:44 c'est que, autant on a connu 2005,
00:13:46 on avait le sentiment qu'on pouvait un peu gérer.
00:13:48 Là, tous les acteurs sur le terrain,
00:13:50 je suis en contact avec eux régulièrement,
00:13:52 ils disent "là, on ne sait pas faire".
00:13:54 Parce que c'est organisé, c'est structuré.
00:13:56 Ils décident d'aller attaquer tel magasin,
00:13:58 ils se sont préparés la veille, ils y vont le soir,
00:14:00 ils mettent le feu à des voitures aux deux extrémités des rues
00:14:03 pour que les policiers ne puissent pas arriver.
00:14:05 Il y a une vraie stratégie là.
00:14:07 Ce qui n'était pas le cas de 2005.
00:14:09 2005, c'était spontané, c'était une explosion.
00:14:11 – Et on a le sentiment que la voix des médiateurs,
00:14:13 que la voix, ce qu'on appelait autrefois les "grands frères",
00:14:15 ça n'existe plus aujourd'hui.
00:14:17 – Ça n'existe plus pour ceux qui sont là depuis 20 ans.
00:14:19 Mais dans certains quartiers, en tout cas dans tous les quartiers,
00:14:21 il y a une partie des jeunes qui vont mettre à sac le quartier
00:14:25 et qui vont ensuite voir le maire en disant
00:14:27 "mais si vous nous embauchez, on peut…".
00:14:29 La stratégie des grands frères, c'est celle-là.
00:14:31 C'est-à-dire qu'à l'occasion des meutes
00:14:33 ou des délinquances, ils viennent voir le maire en disant
00:14:35 "attendez, nous on va vous régler le problème, embauchez-nous, vous verrez".
00:14:37 Il y en a qui vont présenter leur CV dès ce soir.
00:14:39 – Et on le disait, 45 000 forces de l'ordre déployées ce soir,
00:14:42 des nouveaux moyens, mais pas d'état d'urgence.
00:14:45 Pourtant certains le demandaient, je vous pose la question
00:14:47 dans un instant, Judith Vintraud, mais il est 23h20.
00:14:50 On va retrouver Trina Magdine pour un point
00:14:53 sur les dernières informations, Trina.
00:14:55 Alors un petit souci technique, on reviendra avec vous
00:15:01 dans un instant Trina. Je le disais donc,
00:15:03 que des voix, Judith Vintraud, s'élèvent pour déclencher
00:15:06 l'état d'urgence, notamment à droite.
00:15:09 Il y a eu un sondage CSA pour CNews, ce soir,
00:15:12 qui a été publié, 70% des Français qui approuvent
00:15:15 ceux qui veulent décréter l'état d'urgence
00:15:17 suite aux émeutes déclenchées, donc suite à la mort de Naël
00:15:20 à Nanterre. Finalement, l'état d'urgence,
00:15:23 est-ce que beaucoup le souhaitent, 70% des Français,
00:15:27 pour autant ce n'est pas le choix de l'exécutif.
00:15:29 Est-ce que vous le comprenez ? Est-ce que ça sera un signe
00:15:32 d'échec au fond ?
00:15:33 Je pense que c'est la raison pour laquelle Emmanuel Macron
00:15:36 ne veut pas prendre cette mesure-là.
00:15:39 Il veut montrer qu'il peut reprendre le contrôle
00:15:43 de la situation. Ça correspond d'ailleurs aux déclarations
00:15:46 de Gérald Darmanin qui nous disait "Jeudi, j'en fais mon affaire,
00:15:52 ça va se calmer". On a vu ce qui est arrivé,
00:15:56 c'est-à-dire que ça ne s'est pas calmé du tout.
00:15:59 Au contraire, par ailleurs, on voit des maires
00:16:02 qui décrètent des couvre-feux un peu partout en France.
00:16:06 Ils en ont le pouvoir, ils le font. C'est une des dispositions
00:16:10 que l'état d'urgence permet de prendre très facilement.
00:16:13 Donc en fait, en gros, chacun se débrouille.
00:16:16 Et Emmanuel Macron donne l'illusion de gérer la situation
00:16:21 sans en arriver à cette extrémité.
00:16:24 - Philippe Dibert, vous sentez un chef de l'État,
00:16:27 un exécutif un peu démuni ce soir ?
00:16:30 Quatrième nuit d'émeute possible ?
00:16:34 - Je sens un chef de l'État qui hésite sur la stratégie,
00:16:38 qui a commencé par une volonté d'apaisement.
00:16:42 Le lendemain, le premier jour où il y a eu des émeutes,
00:16:46 ce qui n'a rigoureusement rien donné,
00:16:49 ce qui n'a provoqué aucun apaisement,
00:16:52 c'est que l'État est condamné d'une certaine manière,
00:16:56 avant même jugement, le policier accusé,
00:16:59 alors même que la justice a été particulièrement rapide,
00:17:03 si elle était rapide dans toutes les affaires, ça se saurait,
00:17:07 donc avec une mise en examen très rapide,
00:17:10 et une volonté d'apaisement pour montrer que l'État
00:17:13 n'était pas contre la jeunesse des banlieues,
00:17:16 qui n'a absolument rien donné.
00:17:18 - Au contraire ?
00:17:20 - En tout cas, ça n'a produit aucun résultat.
00:17:23 Ensuite, on a eu la stratégie d'Armana,
00:17:26 qui a dit avec 40 000 policiers dehors,
00:17:29 "on va rétablir l'ordre républicain",
00:17:32 le fait est que ça n'a pas bien marché.
00:17:35 Là, on a un pas supplémentaire,
00:17:38 on a l'impression que c'est la stratégie des petits pas,
00:17:41 en fonction des réactions du terrain,
00:17:43 et de ce qui se passe chaque nuit,
00:17:45 avec sans doute à la fin des couvre-flou,
00:17:47 l'état d'urgence qui arrivera inéluctablement.
00:17:49 - On a retrouvé notre envoyée spéciale sur place,
00:17:52 qui voulait intervenir.
00:17:54 Quelle est la situation à l'heure où on se parle ?
00:17:57 - C'est toujours volatile.
00:18:00 Je voulais vous raconter deux scènes assez surprenantes.
00:18:05 La première, face à la violence de ces jeunes,
00:18:09 les policiers doivent utiliser des méthodes extrêmement rapides
00:18:13 pour les prendre par surprise.
00:18:15 On était dans une petite ruelle,
00:18:17 pour essayer de retourner vers les groupes de ces jeunes.
00:18:21 Et tout d'un coup, dans une rue piétonne,
00:18:24 très rapidement, une voiture est arrivée,
00:18:27 en roulant à vive allure.
00:18:29 Il y avait un groupe de jeunes qui faisait du repérage
00:18:32 pour voir quel futur magasin ils allaient piller.
00:18:35 Cette voiture s'est arrêtée, coup de frein à main.
00:18:37 Un homme, un policier en civil, est sorti de cette voiture,
00:18:40 et directement il est sorti.
00:18:42 Les jeunes l'ont insulté, et là, il a sorti la gazeuse,
00:18:45 et il a sorti directement des gaz lacrymogènes,
00:18:48 des très forts gaz lacrymogènes, en direction de ces jeunes.
00:18:51 La deuxième scène que je voulais également vous raconter,
00:18:54 ce sont des jeunes émeutiers qui ont failli en venir aux mains.
00:19:00 Entre eux, il y avait un petit espace de chantier devant un bâtiment.
00:19:05 Et là, il y avait trois jeunes qui restaient là.
00:19:08 Ils protégeaient une réserve de pierres et de tout objet qu'ils avaient mis de côté.
00:19:13 Quand l'homme est arrivé, il a vu ce stock, il a commencé à se servir.
00:19:16 Et là, forcément, il leur a expliqué que c'était leur stock de pierres, leur réserve.
00:19:21 Pour vous dire que ces jeunes, ici, ce soir à Marseille,
00:19:24 ils sont très motivés pour piller les magasins
00:19:27 et s'en prendre aussi également aux forces de l'ordre.
00:19:30 Merci beaucoup de nous faire vivre la situation, l'atmosphère sur place à Marseille.
00:19:36 Jean-Christophe Couvy, on le disait, il y a des unités de maintien de l'or traditionnel,
00:19:40 CRS, Gendarmes mobiles, mais également la BRI, le GIGN, le RAID mobilisés.
00:19:46 Ce ne sont pas des unités habituellement utilisées pour faire du maintien de l'ordre.
00:19:50 Donc, quel est l'objectif de cette mobilisation ?
00:19:54 C'est, si je puis dire, montrer les muscles ou alors il y a des risques plus importants
00:19:59 que des lancers de pierres, comme on l'entendait à Marseille, par exemple.
00:20:02 Ce ne sont pas des groupes de maintien de l'ordre classiques,
00:20:07 n'empêche qu'ils s'entraînent aussi à faire du maintien de l'ordre.
00:20:09 On les a vus notamment à Mayotte pour des guérillas urbaines.
00:20:14 Ils sont là en appui, ce n'est pas eux qu'on envoie directement en première ligne.
00:20:20 Mais on a vu hier soir, par exemple, qu'on a eu besoin d'un blindé de la BRI
00:20:25 parce qu'il y avait des voitures qui brûlaient et le blindé est arrivé à dégager la voie.
00:20:29 On parlait des blindes de la gendarmerie qui peuvent peut-être aussi servir à faire les escortes
00:20:33 lorsqu'on a besoin de munitions, d'aller faire un réassort de munitions.
00:20:37 On a vu aussi que souvent les jeunes allaient bloquer certains commissariats ou certains dépôts.
00:20:42 Le camion qui devait emmener des munitions ne pouvait plus passer parce qu'il y avait des barrages.
00:20:48 Donc ça, ça peut être une façon aussi d'aller plus vite.
00:20:51 Et puis, oui, on montre aussi les muscles en disant
00:20:54 "Attention, si au cas où on en reste au mortier d'artifice et au projectile, ça va.
00:21:01 Dès lors que si vous voulez sortir de l'artillerie lourde, nous aussi on est armés et nous aussi on a l'artillerie lourde."
00:21:06 Et en fait, on a des professionnels vraiment qui s'entraînent tout le temps.
00:21:09 Notamment, un GIGN a été hier soir délivré, un policier municipal dans un commissariat qui était seul, qui a appelé au secours.
00:21:16 Et heureusement, le GIGN est venu et avec des techniques, on a réussi à vider le commissariat avec les jeunes et sortir cette personne.
00:21:26 On voit vraiment qu'on est prêt à toute éventualité.
00:21:29 Alors on voit avec cette perspective de grande tension ce soir, Karima Abri,
00:21:34 que effectivement, des moyens ont été mis en oeuvre.
00:21:37 C'était 40 000 la nuit dernière. On l'a bien vu, cela n'a pas suffi.
00:21:40 45 000 ce soir. Et on le disait, les Français, ils auraient été favorables à l'instauration d'un couvre-feu.
00:21:49 Ou en tout cas, à l'instauration, on le voit à l'antenne, 70 % favorables à l'état d'urgence.
00:21:56 Finalement, on sent aussi une population qui a peur aussi ce soir.
00:22:00 Oui, moi, c'est un peu ma lecture. En fait, c'est plutôt un message au gouvernement de dire,
00:22:05 faites quelque chose, il ne faut pas que ça dégénère, il ne faut pas que ça perdure encore.
00:22:09 Je le vois aussi comme un message de la population qui a peur, qui est véritablement inquiète et qui se dit,
00:22:15 peut-être que c'est l'état d'urgence, mais je trouve quand même qu'il y a des conséquences aussi à l'état d'urgence,
00:22:20 souvent sur les libertés individuelles et libertés collectives.
00:22:23 Et parfois, ce sont les simples citoyens qui mènent leur vie normalement réglo,
00:22:28 qui ne causent pas de problème, qui finalement en sont les premières victimes,
00:22:31 parce que ceux qui sont décidés, les émutiers, les casseurs professionnels,
00:22:35 ceux qui décident vraiment de laisser libre cours à leur violence,
00:22:38 ce n'est pas nécessairement l'état d'urgence qui va faire en sorte qu'ils vont arrêter,
00:22:42 qu'ils ne vont pas décider d'aller dans la rue et de faire leur méfait.
00:22:47 Cela dit, oui, ça augmente les pouvoirs de l'État sur les perquisitions,
00:22:51 sur toutes sortes d'autres, et aussi sur la question peut-être du cadre même légal dans certains cas.
00:22:55 Ça facilite beaucoup de choses pour le gouvernement.
00:22:58 Mais oui, c'est un appel de la population pour dire, qui marque vraiment, qui montre son inquiétude.
00:23:04 Alors François Puponi, je ne vous voyais pas convaincu finalement.
00:23:07 Vous auriez été favorable à un état d'urgence. On va peut-être voir d'ailleurs ce que signifie l'état d'urgence.
00:23:13 On va le voir tout de suite à l'antenne.
00:23:15 C'est un régime d'exception qui restreint les libertés individuelles,
00:23:18 installation de couvre-feu, fermeture de lieux publics, interdiction de rassemblement,
00:23:22 12 jours maximum et il peut être prolongé par le Parlement.
00:23:25 Il est décidé dans le Conseil des ministres et il s'applique sur tout ou partie du territoire.
00:23:30 On peut graduer les conséquences.
00:23:32 Moi, j'ai connu 2005. En 2005, le gouvernement a tremblé.
00:23:37 Ils ont mis 10 jours, 15 jours à comprendre ce qui se passait.
00:23:40 Mais c'était trop tard.
00:23:41 Par contre, quand ils ont compris au bout de 15 jours, trop tard, qu'il fallait effectivement agir
00:23:46 et que l'état d'urgence et que les mesures ont été prises, on l'a vu sur le terrain.
00:23:50 Tout à l'heure, on parlait des techniques d'intervention de la police.
00:23:53 Mais le policier ici pourra le confirmer.
00:23:55 C'est qu'en 2005, quand le gouvernement a dit que ça suffit et qu'effectivement,
00:23:59 il y avait les CRS qui protégeaient mais que les unités mobiles allaient chercher et interpeller,
00:24:03 vous savez, dans chaque quartier, quand vous interpelez beaucoup,
00:24:06 il y a un moment, faute de combattants, en face, ça se calme.
00:24:10 Quand ils sont pour la plupart sous les verrous judiciarisés.
00:24:14 La grosse différence, c'est que ça n'est plus dans les quartiers.
00:24:16 Oui, mais on sait que le quartier…
00:24:19 En ce moment, on peut interpeller quand même, on n'a pas besoin d'attendre l'état d'urgence.
00:24:23 C'est pour ça que la police n'attend pas et que le gouvernement ne va pas attendre.
00:24:26 J'en suis convaincu.
00:24:27 Sincèrement, j'ai le sentiment que j'en ai pour en avoir parlé avec des responsables.
00:24:30 On va voir ce qui se passe ce week-end.
00:24:32 Mais si dimanche, ça ne s'est pas arrêté, on ne peut pas recommencer une semaine sans prendre de mesures.
00:24:36 On est obligé de graduer.
00:24:38 Il y a aussi un autre aspect, c'est l'aspect des effectifs.
00:24:41 On parle des CRS. En 2005, les CRS étaient vraiment pourvus en sections.
00:24:46 C'était quatre sections, les CRS, pour pouvoir bien manœuvrer et avoir du monde.
00:24:49 Or, aujourd'hui, on descend des fois à trois sections.
00:24:51 C'est-à-dire qu'on n'a même pas assez d'effectifs pour remplir une compagnie de CRS et pour pouvoir manœuvrer.
00:24:55 Donc, on n'a pas forcément encore aujourd'hui des professionnels du maintien de l'ordre parce que les effectifs ne sont pas là.
00:25:02 Et d'ailleurs, le ministre est venu l'autre jour à notre congrès nous dire qu'il allait remplir les effectifs pour l'année prochaine pour les JO.
00:25:07 Parce qu'en fait, je suis désolé, on est à la corde.
00:25:09 Pourquoi on est à la corde ?
00:25:12 Parce que les effectifs ont diminué en CRS.
00:25:14 Il fallait mettre les effectifs ailleurs, notamment la police aux frontières, notamment sur l'antiterrorisme, un peu partout, aussi dans certains commissariats.
00:25:20 Et on a délaissé les unités mobiles qui sont vraiment, je vous le dis, à la corde.
00:25:24 Et on l'a vu d'ailleurs sur les grosses manifestations où, pour manœuvrer, nous, on était en danger.
00:25:29 Parce que pour manœuvrer, si vous voulez, et que vous êtes moins d'effectifs pour occuper le terrain,
00:25:33 vous êtes obligés d'utiliser plus de grenades et plus de moyens intermédiaires.
00:25:36 Et quand vous utilisez des grenades et moyens intermédiaires, c'est là où, justement, il y a des images qui peuvent déplaire à la population.
00:25:41 Et donc là, c'est la même chose.
00:25:43 C'est-à-dire qu'on a des professionnels du maintien de l'ordre et qu'ils ne peuvent pas manœuvrer comme ils veulent.
00:25:50 Et c'est ça la problématique.
00:25:51 Donc du coup, on appelle, imaginez, là, on vient d'appeler les 280 mètres nageurs-sauveteurs qui sont sur les plages, là.
00:25:57 On les a rappelés pour revenir, pour intégrer les CRS, le temps des émeutes pour après les remettre sur les plages.
00:26:04 Donc les fonctionnaires, par exemple, ont déjà loué, parce que c'est vous qui louez,
00:26:07 vous louez votre appartement ou votre mobilhome pour deux mois de plage.
00:26:10 Vous êtes obligés ce soir de faire votre pactage, de revenir, peut-être pour revenir après sur la plage dans une semaine ou dix jours.
00:26:15 Donc vous voyez, on racle les fonds de tiroir parce qu'on a besoin vraiment de toutes les, j'allais dire, les bonnes âmes,
00:26:21 y compris la BRI, les BRI NAT, BRI nationales, qui sont 400 effectifs à peu près sur le territoire national.
00:26:28 On a le RAID, la BRI PP.
00:26:31 On est obligés de racler un peu partout pour justement avoir ces effectifs et faire des interpellés.
00:26:34 Il est 22h30, passée de deux minutes, si vous nous rejoignez à CNews. On suit de très près l'évolution de la situation en France avec ces émeutes.
00:26:42 On a vu la situation tendue à Marseille, notamment, avec des premières tensions et notamment une armurerie qui a été pillée.
00:26:51 On va voir quelques images de ce magasin, Sephora, cette boutique de parfumerie qui a été également pillée.
00:26:59 Peut-être, Sandra Buisson, peut-on faire un premier point des premières tensions qui ont éclaté aujourd'hui et qui commencent à éclater ce soir ?
00:27:08 Oui, alors ça a commencé assez tôt à Strasbourg, en plein milieu d'après-midi, avec le pillage d'un magasin et la dégradation d'un véhicule de police.
00:27:17 Tout ça a donné lieu à onze interpellations. Et puis ensuite, en fin d'après-midi, vers 17h, 17h30, plusieurs individus sont entrés dans le centre commercial RONI 2.
00:27:27 Ils ont commis différentes dégradations, notamment dans un fast-food. Vers la même heure, c'est le centre commercial de Créteil-Soleil qui a été pris pour cible.
00:27:37 Plusieurs individus, là aussi, ont commis des dégradations, incendié des poubelles, au moins dix interpellations à 7h.
00:27:43 Et puis, un peu plus tard, donc, enfin non, aussi un petit peu plus tard, vers 18h, 18h30, comme vous le disiez, notre envoyée spéciale à Marseille, notre correspondante,
00:27:52 eh bien, début des pillages en plein centre-ville, avec des individus qui se cachaient à peine le visage pendant qu'ils faisaient leurs réserves dans des parfumeries, bijouteries.
00:28:03 Et puis, là, il y a peu ce pillage d'une armurerie. Des tensions aussi signalées depuis 21h à Lyon, tensions assez violentes.
00:28:12 J'ai projectiles en direction des forces de l'ordre, 17 interpellations pour l'instant. À Paris, il y a eu une tentative de rassemblement sur la place de la Concorde.
00:28:23 Mais le rassemblement était interdit par la préfecture de police. Donc, différents individus sont partis à droite à gauche dans les rues de Paris.
00:28:30 Pour l'instant, pas de violence notable à rapporter. A noter donc que tout rassemblement est interdit au-delà de la Concorde, sur les champs, aux Tuileries, aux Champs de Mars et à l'Assemblée nationale.
00:28:40 — Et Emmanuel Macron qui appelle les parents à la responsabilité. On va parler dans un instant. Mais avant, on va retourner retrouver notre envoyé spécial à Marseille, où la situation, vous le disiez, est instable à 7h.
00:28:53 — Oui, effectivement, la situation est toujours instable. Ça a commencé depuis 18h. Et là, eh bien ça continue. Si je peux dire, ça n'arrête pas.
00:29:01 Ce sont des centaines de jeunes qui sont répartis en plusieurs petits groupes partout dans la ville, dans l'hyper-centre-ville.
00:29:07 Et donc leur but, eh bien principal, eh bien c'est d'aller piller les magasins. Donc ils sont principalement dans les rues piétonnes, la rue Saint-Féréol, les rues Paradis.
00:29:15 Et donc là, on a pu la traverser il y a quelques minutes. On a vu des dizaines de magasins avec les vitres brisées. Et à l'intérieur, il n'y a absolument plus rien du tout.
00:29:26 Ils prennent absolument tout. Et on a vu des jeunes un peu plus tôt dans la soirée qui étaient en train de piller une parfumerie.
00:29:33 Ils nous expliquaient en rigolant « Allez, c'est super, venez, venez vous aussi vous servir, c'est super, moi, j'ai pris cette marque, moi, j'ai pris cette autre marque ».
00:29:39 Et pendant très longtemps, ils sont restés à peu près une trentaine de minutes dans ce magasin. Il n'y avait aucune force de l'ordre.
00:29:47 Et ils faisaient des allers-retours avec des valises vides pour venir se charger encore plus en affaires.
00:29:52 Il y a aussi une armurerie qui a été pillée non loin d'ici avec 7 fusils qui ont été pris. À l'intérieur, heureusement, il n'y avait pas de munitions,
00:30:01 car les munitions étaient conservées dans un autre bâtiment. Mais les enquêteurs qui étaient déjà sur place nous ont expliqué qu'ils ont pu interpeller un homme,
00:30:09 un individu qui était en train de sortir avec un autre fusil.
00:30:12 — Merci pour toutes ces précisions. N'hésitez pas à revenir vers nous dès que la situation évolue.
00:30:18 Une situation intenable à Marseille. Sandra Buisson, Marseille, où deux policiers en civil ont été lynchés.
00:30:24 — Ils étaient en civil, hors service, dans le milieu de la nuit dernière. Ils revenaient d'une soirée entre amis.
00:30:31 Et ils ont été bloqués avec leur voiture dans une rue où il y avait des poubelles incendiées.
00:30:35 Et là, une vingtaine d'individus ont reconnu l'un d'entre eux, puisqu'il y en a un qui travaille sur la voie publique.
00:30:41 Et les policiers ont été pris à partie. Ils sont sortis du véhicule. Et là, ils ont été littéralement passés à tabac.
00:30:48 Vous allez peut-être voir les images d'ici peu. C'est assez impressionnant. L'un d'entre eux a été littéralement laissé inconscient.
00:30:57 Il est resté sur le sol une vingtaine de minutes. Il a un traumatisme crânien. Il est toujours hospitalisé.
00:31:03 — Voilà. On voit les images en direct. — Vous allez le voir. Et son collègue a une fracture du plancher orbital.
00:31:08 Coup de couteau qui lui a provoqué aussi une estaphylade au poignet. Donc lui a pu sortir de l'hôpital.
00:31:14 Mais effectivement, une agression extrêmement violente. Vous voyez ce policier qui est resté inconscient de très longues minutes.
00:31:20 — Effectivement. Merci, Sandra Buisson. Des images impressionnantes.
00:31:24 Karim Abrik, vous étudiez un petit peu les réactions à l'international. On voit des images d'émeute.
00:31:30 On voit ces images ultra-violentes qui sont diffusées sur les réseaux sociaux. Comment est-ce que ça réagit à l'étranger?
00:31:36 — Bien, c'est repris partout, en fait. Donc vraiment, ce qui intéresse les gens, c'est bien sûr...
00:31:41 Ces images qui sont saisissantes, donc les images de chaos, circulent partout.
00:31:45 Je regardais dans la presse, bien sûr, anglo-saxonnes, en Europe, un peu partout, au Québec, aux États-Unis.
00:31:51 Et ça, bien sûr, ça attire l'attention. Et ce qui est intéressant du côté anglo-saxon, notamment aux États-Unis,
00:31:59 disons, c'est la question des violences policières. Eux, évidemment, ils ont eu le mouvement Black Lives Matter.
00:32:04 Alors, c'est comme s'ils se disent « Est-ce que la France est en train de vivre son moment avec la mort de Naël? »
00:32:11 Et je lisais sur le site de CNN, il y a un article assez intéressant, en fait, c'est un éditorial d'un homme qui s'appelle Keith Maggi.
00:32:20 Et lui, il parle, il remet en question, il dit « Tant qu'il n'y aura pas de débat sur le racisme, la discrimination systémique. »
00:32:26 Donc, on est vraiment dans cette logique. C'est quand même, comme je vous le dis, on l'accroche.
00:32:30 C'est sur la question du racisme systémique dans les institutions. Est-ce qu'il y a des violences policières?
00:32:36 Et si oui, jusqu'où? Est-ce qu'il y a un déni de l'État, des institutions?
00:32:41 Donc, c'est comme s'ils appliquaient la grille américaine avec l'historique, si vous voulez, du racisme envers les populations afro-américaines.
00:32:50 Et ils font un peu cette analogie avec ce qui se passe ici.
00:32:54 Donc, moi, c'est vraiment ce qui m'a frappée du côté de la presse, disons américaine notamment,
00:33:00 mais aussi du côté, par exemple, sur la BBC ou des journaux anglais. On voit ça.
00:33:05 Et sinon, au Canada, moi, j'ai reçu tellement d'appels. Je faisais des entrevues pour expliquer la situation.
00:33:10 Parce que la France, bon, je parle par exemple pour le Canada ou pour le Québec, il y a une fascination sur la France,
00:33:15 qui est un pays qui fait rêver, bien sûr. Donc, l'histoire, l'architecture, l'art de vivre,
00:33:23 tout ça, la littérature, la philosophie, tout ce qui vient avec la France.
00:33:27 Et en même temps, en se disant, bien, est-ce que la France est ingouvernable?
00:33:31 Pourquoi il y a autant de violence? Qu'est-ce qui fait que finalement, on a l'impression d'assister à des scènes de guérilla ou de guerre civile?
00:33:37 Donc, ça, c'est une inquiétude. Mais oui, ces images font le tour du monde.
00:33:41 - Et des images qui vont encore faire le tour du monde, notamment à Marseille.
00:33:46 On va y retourner dans un instant où des violences et des pillages ont eu lieu.
00:33:51 Une situation intenable en ce moment dans la cité phocéenne.
00:33:57 Mais avant, on fait un point sur les dernières informations. Et c'est avec vous, Trina Magdine.
00:34:01 - L'état d'urgence n'est pour le moment pas nécessaire pour Emmanuel Macron.
00:34:07 Pourtant, la question se pose à quelques mois de la Coupe du monde de rugby et des Jeux olympiques 2024.
00:34:13 Pour rappel, l'état d'urgence est un régime juridique d'exception qui peut être décrété, notamment en cas d'atteinte grave à l'ordre public.
00:34:20 L'Académie de Versailles annule toutes les fêtes de fin d'année dans les collèges et les lycées.
00:34:25 Le maintien des kermesses pour les écoles sera étudié au cas par cas.
00:34:28 Une décision prise dans le contexte actuel de fortes tensions.
00:34:32 Le ministre Papendiaïe avait appelé jeudi soir les recteurs d'académie à la vigilance et à la sécurisation des bâtiments.
00:34:39 - Et puis face à l'ampleur des dégâts de ces derniers jours, Valérie Pécresse annonce une enveloppe de 20 millions d'euros
00:34:44 des fonds débloqués par la région Île-de-France pour aider notamment à réparer les nombreux bâtiments publics vandalisés.
00:34:50 L'ULR a d'ailleurs dénoncé des actes intolérables vis-à-vis des services publics dont les habitants ont besoin.
00:34:57 C'est tout pour l'actualité. À vous, Olivier.
00:34:59 - Merci, Trina. Trina Magdine, on vous retrouve dans une vingtaine de minutes pour un nouveau point sur l'actualité.
00:35:05 Je vous le disais, situation très tendue à Marseille. Un magasin de parfum, une parfumerie pillée, des camions de police caillassés,
00:35:12 des dégâts encore visibles de la nuit dernière et des tensions avec les forces de l'ordre.
00:35:19 On va retrouver sur place notre journaliste. Alors quelle est la situation ?
00:35:24 On voit effectivement des camions de CRS prêts à intervenir, mais une situation relativement calme autour de vous, visiblement.
00:35:32 - Oui, ici, c'est relativement calme parce qu'en fait, on a cherché à se mettre à l'abri, si je peux dire,
00:35:39 parce que dans les ruelles de Marseille, du centre-ville, c'est vraiment le chaos.
00:35:43 Il y a des dizaines et des dizaines de petits groupes avec de très nombreux jeunes, des jeunes qui sont aussi extrêmement jeunes,
00:35:51 entre 14 et 16 ans. Et bien, ils sont répartis partout dans la ville pour semer le chaos.
00:35:56 Ils montent des barricades, ils mettent le feu à des poubelles. Mais surtout, leur priorité, vous en parliez,
00:36:03 c'est de piller des magasins. Et tous les magasins, quels que soient les magasins, toutes les vitres qu'ils arrivent à casser,
00:36:09 ils rentrent, ils prennent tout. Donc on a vu une parfumerie qui a été pillée. On a vu des boutiques de vêtements,
00:36:15 même des boutiques de vêtements pour personnes âgées, une marque qui n'est pas forcément adaptée à ces jeunes gens.
00:36:22 Mais ils l'ont quand même entièrement pillée. On a vu une armurerie qui a été pillée non loin de là, où 7 fusils ont été volés.
00:36:29 Les enquêteurs qui étaient présents sur place nous ont expliqué qu'ils ont pu interpeller un homme qui était en train de sortir avec un fusil.
00:36:36 Donc cet homme a été interpellé. Et avec les CRS, donc là, effectivement, autour de... Si je peux dire, c'est un peu la base arrière.
00:36:43 Les CRS se relaient pour être ici dans les camions. Et dès qu'il y a un nouveau magasin pillé, un incendie ou un caillassage quelque part,
00:36:53 eh bien ils repartent pour aller dans la ville, pour aller pousser, chasser, éparpiller ces petits groupes.
00:36:59 Mais partout dans la ville, eh bien il y a aussi dans les rues piétonnes des policiers en véhicule et même d'autres dans des véhicules de voitures civiles
00:37:08 pour contrer ces jeunes, pour essayer de les éparpiller totalement et qu'ils rentrent enfin chez eux.
00:37:13 — Merci beaucoup pour toutes ces précisions. Vous revenez bien évidemment quand la situation évolue. Je vous le disais, on va parler dans un instant
00:37:22 d'Emmanuel Macron, qui appelle les parents à la responsabilité. Mais avant, peut-être un mot, Julie de Vintraud. C'est vrai, pas de couvre-feu ce soir à Marseille.
00:37:30 Ça peut étonner quand on voit que les tensions ont commencé assez tôt cet après-midi dans la cité phocéenne. Comment est-ce que vous le comprenez ?
00:37:38 — Il faut croire que Benoît Payan considère qu'il faut pas faire de peine à ces gamins qui sont dans la rue ou alors que c'est trop tard
00:37:49 pour essayer de les faire rester chez eux. Moi, ce qui me frappe énormément dans toutes les images que vous montrez, c'est le sentiment d'impunité des émeutiers.
00:37:59 Ils le font la plupart du temps à visage découvert, que ce soit du pillage ou même – on a vu l'agression des policiers – il y en avait un masqué.
00:38:11 Enfin c'est ce que j'ai discerné sur l'image. Mais les autres étaient à visage découvert. D'où ça vient, ce sentiment d'impunité ?
00:38:18 Pourquoi est-ce que les refus de tout tempérer se multiplient ? Eh bien parce qu'on a un système où nombre de familles sont complètement démissionnaires.
00:38:29 On va parler de l'appel d'Evangeline Macron. Mais 13 ans, c'est trop tard. C'est trop tard pour inculquer les fondamentaux.
00:38:37 On a une justice qui n'est pas équipée pour sanctionner les mineurs délinquants. Quand vous regardez la peine à laquelle ont été condamnés les deux agresseurs de Angèle,
00:38:51 vous savez, cette femme de 89 ans sauvagement agressée à Cannes avec un troisième qui filmait, le troisième a été relaxé.
00:38:59 Les deux ont eu un an de sursis probatoires. Vous pensez que ce genre de sanctions est dissuasif ? Je ne le crois pas.
00:39:07 – Effectivement, ça interroge et notamment sur la responsabilité parentale. Je vous propose d'ailleurs d'écouter Emmanuel Macron à ce sujet.
00:39:18 Il s'est exprimé après la cilule interministérielle de crise. Chef de l'État qui a parlé d'une situation inacceptable.
00:39:24 Et il a donc appelé les parents à la responsabilité. Les auteurs des violences urbaines ont lisé des profils très jeunes, entre 14 et 18 ans.
00:39:33 On écoute le chef de l'État.
00:39:35 – Dans ce contexte, je finirai mon propos au-delà de ces remerciements et de ces décisions que nous avons prises, en appelant tous les parents à la responsabilité.
00:39:46 Il est clair que le contexte que nous vivons, on le voit, c'est la résultante de groupes parfois organisés, violents et équipés,
00:39:54 que nous condamnons, que nous appréhendons, qui sont judicialisés, mais également de beaucoup de jeunes.
00:40:03 Un tiers des interpellés de la dernière nuit sont des jeunes, parfois des très jeunes.
00:40:07 C'est la responsabilité des parents de les garder au domicile.
00:40:10 Et donc il est important pour la quiétude de tous que la responsabilité parentale puisse pleinement s'exercer.
00:40:16 Et j'en appelle au sens de la responsabilité des mères et des pères de famille.
00:40:20 La République n'a pas vocation à se substituer à eux.
00:40:23 – Et on le lise à des émeutes qui se poursuivent à Marseille.
00:40:26 Alors où sont les parents de ces jeunes de 13 à 14 ans ?
00:40:29 Est-ce que ces émeutes, elles révèlent aussi la disparition de la figure parentale dans notre société ?
00:40:34 Pères ou mères, voire oncles, finalement, qui ont démissionné, Philippe Guibert, depuis plusieurs années ?
00:40:39 – Oui, enfin quand on est au troisième soir d'émeute,
00:40:44 l'autorité parentale, effectivement, est en difficulté.
00:40:48 Puisqu'il y a déjà eu plusieurs soirs où les parents, à l'évidence, ont laissé sortir des gamins.
00:40:53 Et donc d'une certaine manière, la bataille est un petit peu perdue.
00:40:57 Alors une bataille perdue peut être suivie d'une bataille gagnée.
00:41:01 Et on peut espérer que des parents, que ce soit des pères ou des mères,
00:41:05 puissent retrouver un petit peu le contrôle sur leurs adolescents.
00:41:09 Mais la question est ancienne, et elle va de père avec un certain délitement de l'école,
00:41:16 parce que les deux marchent ensemble, finalement.
00:41:19 La perte d'autorité parentale par rapport à des gamins, ça, ça vaut pour toute la société.
00:41:25 Ça ne vaut pas que pour les banlieues.
00:41:28 Pour des gamins à qui, finalement, on ne demande plus tellement de comptes,
00:41:32 et pour lesquels il n'y a jamais de sanctions terribles, je pense notamment à l'école,
00:41:38 fait qu'on est dans un ensemble où l'autorité sur des gamins est particulièrement difficile.
00:41:44 Alors cette autorité est encore plus difficile quand on est dans des quartiers qui ne sont pas dans la richesse,
00:41:51 bien qu'on connaisse des quartiers aisés où l'autorité parentale peut être difficile à conserver.
00:42:01 Donc il y a le facteur social incontestablement, mais il n'y a pas que le facteur social.
00:42:06 Puis après, il y a la fameuse question des familles monoparentales,
00:42:10 il y a la fameuse question des pères.
00:42:13 On ne dispose pas vraiment de données.
00:42:15 Il y a une image qui a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux avec ce père qui vient chercher son fils
00:42:20 et qui le met dans le coffre pour le ramener à la maison.
00:42:22 - Effectivement, on l'a vu tourner.
00:42:25 - On ne peut pas faire des généralités en disant que c'est un problème de famille monoparentale.
00:42:30 Je ne crois pas du tout que ce soit un problème uniquement pour des familles où le père n'est plus là.
00:42:35 Je ne crois vraiment pas.
00:42:37 Il n'empêche que l'autorité paternelle peut être mise à mal dans des quartiers où les pères sont de manière générale,
00:42:44 eux aussi, dans des situations qui peuvent être difficiles.
00:42:48 Tout ça ne contribue pas à l'autorité parentale.
00:42:51 - Alors regardez ces images en direct.
00:42:52 On voit des billages à Marseille.
00:42:54 Vous le voyez sur ces images en direct de notre envoyé spécial sur place.
00:42:59 On voit de nombreux dégâts qui ont été commis et des pilleurs qui semblent s'être servis dans ces magasins.
00:43:06 On voit cette vitrine qui a été brisée, littéralement brisée.
00:43:11 Aux alentours, pour le moment, pas de force de l'ordre visible ou qui intervienne à l'instant T.
00:43:20 On va parler de la situation sur place avec Rudy Mana, qui est avec nous.
00:43:24 Rudy Mana, policier, porte-parole Alliance Sud.
00:43:27 Bonsoir.
00:43:29 Merci d'être avec nous pour nous éclairer sur la situation à Marseille.
00:43:33 Qu'est-ce que vous pouvez nous dire à cette heure-là ?
00:43:36 On voit il y a eu des pillages, des dégradations ce soir au niveau du Vieux-Port.
00:43:41 - Oui, je vous confirme qu'après avoir vécu une situation insurrectionnelle hier soir,
00:43:47 ce soir c'est un total chaos que nous avons dans le centre-ville.
00:43:51 Je me permets de dire à votre antenne que j'ai une vraie pensée pour tous ces policiers qui travaillent d'arrache-pied,
00:43:59 tous ces CRS, tous ces collègues de la sécurité publique de Marseille,
00:44:03 tous ces services qui sont là, qui vont encore travailler sûrement une vacation de 12, 13 ou 14 heures,
00:44:09 comme hier soir, comme avant-hier soir, et qui sont aujourd'hui encore utilisés
00:44:15 pour essayer de maintenir en semblant de paix publique dans cette ville et qui depuis deux jours s'embrasent totalement.
00:44:23 - Ces images en direct de nos envoyés spéciaux, on voit des jeunes errés,
00:44:28 on voit des vitrines qui ont été brisées, des magasins qui ont été pillés.
00:44:34 Quels sont les consignes pour les forces de l'ordre ? Comment est-ce qu'ils vont travailler cette nuit ?
00:44:39 - Vous savez, on fait ce qu'on peut. Il y a beaucoup de groupes de jeunes qui se séparent.
00:44:44 Dès qu'on peut procéder à des interpellations avec des objets qui ont été dérobés
00:44:51 ou lorsqu'on a vu des individus casser des vitrines ou autre, dès qu'on peut les interpeller en toute sécurité,
00:44:57 parce qu'il faut penser aussi de les interpeller en toute sécurité pour éviter d'avoir trop de blessés chez nous,
00:45:02 on n'hésite pas à le faire. Croyez bien que toutes les forces de l'ordre sont mobilisées,
00:45:09 mais quand vous avez 500, 600, 700 jeunes, parce qu'ils sont encore plus nombreux qu'hier soir,
00:45:15 vous faites comme vous pouvez, vous faites du mieux que vous pouvez,
00:45:19 surtout en essayant de protéger au maximum tous les bâtiments, tous les gens qui éventuellement passent dans le quartier.
00:45:28 Et là, j'ai envie de conseiller à toutes les personnes qui n'ont rien à faire là de rentrer chez eux,
00:45:33 parce qu'aujourd'hui on est en train de vivre un nouveau chaos sur le centre-ville de Marseille et il n'est pas utile.
00:45:40 C'est terrible de dire ça. En France, on ne peut plus circuler librement maintenant.
00:45:45 Il est plus utile de rester dans les rues de Marseille pour éviter toutes ces difficultés.
00:45:50 – Et est-ce que les pilleurs qu'on a pu voir en direct sur notre antenne,
00:45:55 ce sont les mêmes profils que ces émeutiers qui ont sévi la nuit dernière ?
00:46:01 – Alors il y a de fortes chances que ce soit surtout des jeunes de quartier comme ça a été le cas hier.
00:46:07 Maintenant, je n'ai pas de retour encore sur les interpellations qui ont été faites.
00:46:11 Il est fort probable que ce soit encore des jeunes de ces quartiers qui profitent, qui surfent,
00:46:18 c'est terrible de dire aussi ça, mais qui surfent sur le drame qui est arrivé à Nahel
00:46:23 pour se rassembler et pour procéder à des pillages et pour détruire tout simplement la ville de Marseille
00:46:33 et pour détruire tout simplement le pays France.
00:46:37 – Vous restez avec nous Rudi Mana pour commenter la situation à Marseille.
00:46:41 François Puponi, finalement on le voit, les Marseillais ce soir s'appliquent à eux-mêmes le couvre-feu.
00:46:47 – Partout, et puis à Sarcelles, je peux vous dire qu'à Sarcelles les gens ne sortent pas.
00:46:51 Ça brûle tous les soirs, ça casse tous les soirs, ils restent à la maison,
00:46:55 ils sont indisposés par les odeurs de fumée, ils entendent les cirés,
00:46:58 ils entendent les mortiers, les bruits de la tourée, les gens restent chez eux.
00:47:02 Donc c'est pour ça que je ne comprends pas que les maires ne prennent pas d'office,
00:47:05 y compris pour protéger la population, ces arrêtés de couvre-feu,
00:47:10 parce que ça va permettre d'ailleurs, on en parlait, le ministre de la Justice a été très fort en disant,
00:47:14 voilà, il demande au procureur général d'appliquer strictement la loi,
00:47:17 un mineur qui est dans la rue la nuit, les parents sont responsables.
00:47:20 Il suffit d'interpeller le mineur, de le ramener chez lui,
00:47:23 et de mettre en cause des procédures sur les parents.
00:47:25 Ça avait été fait en 2005, c'est plutôt efficace, parce que ce n'est pas possible,
00:47:28 on ne peut pas avoir des gamins de moins de 18 ans, errés comme ça,
00:47:32 pillés des magasins, enfin quelle image on leur donne ?
00:47:34 Donc il faut effectivement le couvre-feu pour régler ce problème-là,
00:47:37 limiter les déplacements, et puis après il faut des interpellations sur les mineurs
00:47:41 avec la judérisation qui est nécessaire.
00:47:43 Si on ne fait pas ça, enfin aujourd'hui moi je le dis, je ne veux pas être trop pessimiste,
00:47:47 mais si on ne fait pas ça, je ne vois pas comment on y arrive,
00:47:49 quand on voit le nombre, le fait que les gens soient déterminés, violents,
00:47:54 décidés et structurés.
00:47:56 Donc si on ne fait pas ça pour "diviser" un peu ces bandes qui pillent tout,
00:48:01 je ne vois pas comment la police peut y arriver.
00:48:03 – Et justement, à l'heure actuelle, la situation est très tendue,
00:48:06 notre journaliste sur place se met à l'abri,
00:48:09 et nous allons donc avoir son récit dans un instant,
00:48:13 mais avant Rudy Mana peut-être cette dernière question,
00:48:15 quelle est la mobilisation du côté des forces de l'ordre ce soir à Marseille ?
00:48:19 – Mobilisation maximale, tous les effectifs ont été rappelés,
00:48:24 il y a des collègues qui ont travaillé hier soir qui essaient aussi un peu
00:48:28 de se reposer sur leur jour de repos, mais il y a de fortes probabilités
00:48:31 qu'ils soient rappelés pour le week-end alors qu'ils étaient toujours
00:48:34 sur leur jour de repos, parce que la situation est tellement insurrectionnelle
00:48:38 qu'il faut qu'il y ait le maximum de policiers qui soient sur la voie publique
00:48:43 pour essayer d'éviter les drames, comme on a pu éviter hier soir,
00:48:48 et permettez-moi d'avoir une pensée aussi émue pour mes deux collègues
00:48:51 qui ont été agressés sauvagement hors service hier soir,
00:48:54 tout simplement parce que c'était des policiers qui ont été reconnus
00:48:58 par des barbares, par des sauvages.
00:49:00 – Merci Rudy Mana, on voit sur ces images en direct des émutiers
00:49:05 qui s'en sont pris à un supermarché, vous le voyez au fond,
00:49:09 ces images en direct, ils courent avec certainement après Jean-Christophe Couilly
00:49:14 une intervention de la police, la police qu'on ne voit pas intervenir
00:49:19 pour le moment, est-ce que c'est une volonté de ne pas trop aller au contact
00:49:23 ce soir également, vous pensez ?
00:49:25 – Non, non, c'est pas ça, c'est juste qu'il faut intervenir en toute sécurité
00:49:29 et donc on ne peut pas, ce n'est pas la chasse au dahut,
00:49:31 on ne va pas se séparer, s'isoler, il faut qu'on reste groupé
00:49:36 parce que quand on a des groupes très mobiles de 40, 50, 60 personnes,
00:49:42 si vous êtes un effectif qui est isolé, vous êtes une cible
00:49:45 et puis vous faites des montées, il faut dire ce qui est.
00:49:47 Donc en fait on reste vraiment soudé, on préfère intervenir
00:49:51 avec toute la sécurité, ça prend peut-être un peu de temps
00:49:54 mais au moins on intervient, l'idée c'est d'avoir le moins de blessés possible,
00:49:58 hier soir il y a eu quand même 249 policiers et gendarmes blessés,
00:50:02 c'est pas rien en une nuit, on ne peut pas se permettre d'avoir ça tous les soirs,
00:50:05 donc il faut aussi qu'on fasse gaffe et surtout là c'est Marseille,
00:50:08 mais après ça va être, je peux vous le dire, il est quoi 23h,
00:50:12 vers 1h, 2h du matin, 3h du matin, ça va repartir dans toutes les cités un peu partout.
00:50:17 Hier c'était ça, à 4h du matin, c'était très tard en fait
00:50:20 et personne ne s'attendait à ce qu'à 4h du matin,
00:50:22 il y ait une déflagration de violence en même temps dans tous les quartiers
00:50:28 de la banlieue parisienne et de Paris intra-Muros,
00:50:32 c'est la première fois que dans Paris intra-Muros, les commissariats se font attaquer,
00:50:36 il faut comprendre aussi un petit peu dans quelle intensité de violence on est arrivé là.
00:50:42 Sandra Buisson, après on va aller retourner à Marseille voir notre journaliste.
00:50:46 A Paris hier, des sources policières nous ont dit que c'était une intensité de violence inédite,
00:50:52 un nombre inédit d'interpellations, d'utilisation de cocktails molotov massifs,
00:50:57 dans Paris ça a même duré particulièrement longtemps, notamment place des fêtes,
00:51:02 parce que les MET étaient particulièrement résistants à la confrontation avec les forces de l'ordre.
00:51:07 Donc il y a eu au HAL ce problème de pillage et puis en banlieue parisienne,
00:51:14 en petite couronne, des violences généralisées sur les Hauts-de-Seine,
00:51:17 en Seine-Saint-Denis, à Bagneux, une équipe de police attaquée.
00:51:22 Alors là on voit qu'on est reparti à Marseille sur du pillage.
00:51:25 C'était des images qui ont été filmées ce soir, ce ne sont pas des images en direct.
00:51:30 Imaginez la nuit, on dirait des criquets.
00:51:32 En fait à Paris, comme en région, vraiment ce qui a marqué un basculement entre la nuit d'hier et la précédente,
00:51:40 c'est le recours au pillage massif, vraiment, partout.
00:51:44 C'est ça que les gens du mal, j'entends les explications, elles sont tout à fait logiques,
00:51:49 mais c'est ça que les gens du mal à comprendre.
00:51:51 Ce matin j'étais dans la rue à Sarcelles et des commerces ont été pillés hier,
00:51:55 et les policiers étaient là, ils n'ont rien fait.
00:51:57 Parce que c'est vrai que les policiers sont là pour protéger éventuellement certains équipements,
00:52:01 ils sont là pour protéger les personnes,
00:52:03 mais quand il y a des hordes comme ça qui arrivent,
00:52:05 s'il y a un camion de CRS devant, qu'est-ce que vous voulez qu'ils fassent ?
00:52:09 Mais par contre, pour le citoyen, pour le commerçant,
00:52:12 ou pour les gens qui regardent la télé, ils disent "mais c'est incompréhensible".
00:52:14 On les laisse faire, on n'intervient pas.
00:52:16 – Il y a une vraie communication,
00:52:17 – Julie de La Trouve et Sandra Buisson.
00:52:19 – Il y a une interrogation et puis il y a aussi des gens qui passent à l'action.
00:52:25 J'entendais sur une radio ce matin le témoignage d'une femme qui habite à Drancy,
00:52:31 où il s'était passé des pillages et des saccages monstrueux, il y a deux nuits.
00:52:39 Les gérants des magasins, qui sont des grands frères,
00:52:44 et qui viennent exactement de la même population que les émeutiers,
00:52:48 ils les connaissaient, ils les ont repérés, ils en ont pris une vingtaine,
00:52:54 ils leur ont collé des baffes, c'est ce que racontait la dame en question,
00:52:59 vraiment ils les ont secoués d'importance, bref, ils ont fait eux-mêmes la police.
00:53:04 Résultat, hier soir, dans le quartier concerné, ça a été parfaitement calme.
00:53:09 Ça aussi c'est un danger, que les citoyens, voyant que la police ne peut pas intervenir
00:53:16 face à la masse, prennent les choses en main.
00:53:18 – On va aller faire un détour par Marseille.
00:53:20 – Exactement, c'est pas ce que je souhaite.
00:53:23 – Non, non, ce que je veux dire, c'est qu'en fait, ce qui est fou,
00:53:27 c'est que dans ces quartiers, ce sont les grands frères qui distribuent des baffes,
00:53:30 je reprends vos… mais c'est vrai, parce que souvent c'est la violence,
00:53:36 qui entraîne de la violence, mais souvent ces jeunes ne comprennent que ça,
00:53:41 parce qu'ils sont nés sous le signe de la violence.
00:53:43 – Bien sûr.
00:53:44 – Imaginez, prenez maintenant un policier isolé qui met une baffe,
00:53:47 ça y est c'est l'affaire du siècle, ce soir il est déféré.
00:53:50 – Maurice Bergé, le pédopsychiatre Maurice Bergé,
00:53:53 qui travaille sur l'ultra-violence des jeunes, pas sur ceux-là bien sûr,
00:53:59 mais sur les jeunes sur lesquels il a travaillé,
00:54:02 il disait que plus de 65% de ces jeunes-là avaient été témoins de violence à leur domicile,
00:54:09 violence conjugale ou eux-mêmes victimes de violence.
00:54:12 – Mais il y a aussi, si je peux me permettre, on parlait tout à l'heure des parents…
00:54:14 – Une écrasante majorité est née là-dedans.
00:54:16 – On va aller faire un dédouan, allez-y, prends ton pognon,
00:54:18 on ira faire un dédouan à Marseille.
00:54:19 – C'est un problème culturel.
00:54:21 – En particulier pour les structures familiales de l'Ouest, de la Conne en Afrique,
00:54:27 il y a une structure familiale qui n'est pas forcément adaptée,
00:54:30 qu'il faut faire évoluer, le père peut être présent tout en étant complètement absent.
00:54:35 – Ah oui, je sais.
00:54:36 – C'est le village qui doit éduquer, et pas forcément la famille.
00:54:40 Et que la famille est pris de chance large.
00:54:42 – Mais les structures familiales…
00:54:43 – Il est 23h, pardonnez-moi, on va continuer de parler de cette nuit des mautes,
00:54:47 ça commence à chauffer visiblement également en région parisienne,
00:54:51 on va y revenir, on ira à Marseille dans un instant,
00:54:54 mais avant on vous retrouve, Trina Magdine,
00:54:55 pour un point sur les dernières informations, c'est à vous Trina.
00:54:58 [Générique]
00:55:01 Marine Le Pen demande à Emmanuel Macron de recevoir les partis politiques
00:55:04 représentés à l'Assemblée nationale.
00:55:06 L'objectif est d'évoquer la situation grave qui touche actuellement le pays.
00:55:10 Elle a déclaré qu'il n'y avait pas d'autres solutions immédiates
00:55:13 que les couvre-feu sectoriels et la déclaration de l'état d'urgence
00:55:17 si la situation devait s'aggraver.
00:55:19 Le secrétaire national du Parti communiste français Fabien Roussel
00:55:23 a exprimé dans un tweet sa condamnation absolue des violences
00:55:26 après la mort du jeune Nahel.
00:55:28 "Quand on est de gauche, on défend les services publics, pas leur pillage.
00:55:31 Ce qui doit être à l'ordre du jour, c'est la justice.
00:55:33 Justice pour Nahel, justice pour nos quartiers, justice pour notre pays."
00:55:38 Et puis Eric Dupond-Moretti demande une réponse pénale rapide,
00:55:41 ferme et systématique à l'encontre des auteurs des violences urbaines,
00:55:45 y compris à l'égard des mineurs et de leurs parents.
00:55:48 Le garde des Sceaux a rappelé la possibilité de contrôler les identités
00:55:51 et les véhicules même en l'absence de comportements suspects.
00:55:56 C'est tout pour les 6 heures du Latte-Fay.
00:55:58 Merci beaucoup Trina. On vous retrouve dans une vingtaine de minutes
00:56:01 pour un nouveau point complet sur les dernières informations.
00:56:03 Je vous le disais, situation tendue dans toute la France ce soir,
00:56:07 notamment à Marseille.
00:56:09 Bienvenue si vous nous rejoignez dans ce soir Info Week-end,
00:56:12 toujours avec Karim Abrik, François Puponi, Sandra Buisson,
00:56:16 Philippe Guibert également avec nous ce soir,
00:56:18 Julie Devin-Traube et Jean-Christophe Couvy.
00:56:21 Je vous le disais, situation également qui se tend en région parisienne.
00:56:25 On va vous donner plus de précisions dans un instant,
00:56:28 mais avant, direction la cité faussaine Marseille,
00:56:30 où on va retrouver notre envoyé spécial sur place,
00:56:33 où on voyait il y a quelques minutes ces images en direct,
00:56:36 ces images de pillages, de tentatives de pillages,
00:56:39 en tout cas d'un supermarché.
00:56:42 Oui, effectivement, ces images que vous avez vécues en direct,
00:56:45 ça symbolise réellement ce qui se passe ce soir à Marseille,
00:56:50 depuis 18h, une situation extrêmement volatile, instable,
00:56:53 qui change sans arrêt.
00:56:55 On était en train de traverser la place Charles de Gaulle à Marseille,
00:56:58 juste à deux pas du Vieux-Port,
00:57:00 et tout d'un coup, 50, 60 jeunes sont arrivés tous ensemble,
00:57:04 depuis le début de la journée.
00:57:06 Ils essayaient de piller cette petite supérette,
00:57:09 et là, ils sont tous arrivés, tous ensemble, d'un seul coup.
00:57:12 Ils ont réussi à casser la vitre, à casser la grille.
00:57:15 Ils sont rentrés, ils ont rapidement pris des bouteilles d'alcool,
00:57:19 et là, rapidement, parce qu'il y avait des CRS juste à côté,
00:57:22 les CRS sont arrivés, ils les ont chargés,
00:57:24 et donc tous ces jeunes sont partis.
00:57:26 Mais tout cela se passe en moins de 4, 5 minutes,
00:57:29 c'est extrêmement rapide, et après, on a pu,
00:57:31 nous aussi, on s'est poussés un peu plus loin,
00:57:33 parce que ces jeunes, ils vont plus loin,
00:57:35 ils s'infiltrent partout, dans toutes les ruelles de la ville,
00:57:38 et plus loin, on a vu passer des jeunes très satisfaits
00:57:41 avec des sacs qui n'étaient forcément pas eux,
00:57:43 qu'ils avaient pris dans d'autres magasins,
00:57:45 où ils étaient en train de charger des bouteilles d'alcool à l'intérieur,
00:57:49 très contents de leur journée, de leur butin.
00:57:52 Merci beaucoup, n'hésitez pas à revenir vers nous
00:57:55 pour nous tenir au courant de l'évolution de la situation.
00:57:59 Sandra Buisson, on le voit, c'est à Marseille,
00:58:02 à Lyon également, où il y a des tensions en ce moment même,
00:58:05 un peu moins en région parisienne,
00:58:07 pour autant, il y a des réelles craintes,
00:58:09 du côté des forces de police,
00:58:11 particulièrement en région parisienne, pour cette nuit.
00:58:13 Oui, parce que la nuit dernière a été vraiment très compliquée
00:58:16 en région parisienne, aucun département n'y a échappé.
00:58:19 En Seine-Saint-Denis, c'est toutes les communes
00:58:22 qui ont été touchées, enfin les principales,
00:58:25 à tel point que beaucoup d'interventions de police-secours,
00:58:29 même urgentes, n'ont pas pu être traitées,
00:58:31 c'est ce que nous ont remonté certaines sources policières.
00:58:35 En Seine-Saint-Denis, il y a eu des attaques massives
00:58:38 sur les commissariats, le poste de police municipale
00:58:40 de Rony Soubois a été attaqué à la pelleteuse,
00:58:43 pour vous donner une idée de l'ingéniosité des émeutiers.
00:58:46 Et là, selon nos informations, c'est un commissariat
00:58:50 à Roissy-en-Brie qui aurait été pris pour cible
00:58:53 avec une tentative d'incendie.
00:58:56 Les principales cibles, ce sont les représentations
00:58:59 des institutions, les mairies, les écoles, malheureusement,
00:59:03 services publics, les commissariats, bien sûr,
00:59:06 les postes de police municipale.
00:59:08 Et puis, il y a des violences qu'on n'explique pas,
00:59:12 qui ne rentrent absolument pas dans le cadre,
00:59:14 et c'est pour montrer à quel point, parfois,
00:59:16 ça risque de déborder, cette violence.
00:59:19 À Châtenay-Malabrie, un chauffeur d'un camion en poubelle
00:59:22 a été agressé, il a été sorti de son camion
00:59:24 et on lui a brûlé son camion.
00:59:26 - Merci Sandra pour toutes ces précisions.
00:59:28 N'hésitez pas à nous interdire.
00:59:29 Philippe Guibert, je voulais vous entendre
00:59:31 sur ces pillages, justement.
00:59:33 Réaction Sandrine Rousseau.
00:59:35 Elle s'est intéressée à la question
00:59:37 de l'instrumentalisation politique.
00:59:39 À propos du pillage, on en a vu à Marseille.
00:59:42 Et si le pillage avait à voir avec la pauvreté,
00:59:45 les marques, avec le sentiment de relégation,
00:59:47 peut-être est-ce à analyser politiquement,
00:59:50 pas juste sécuritairement.
00:59:52 Alors, ça a été très mal pris, cette réflexion,
00:59:55 notamment par le maire de Franconville,
00:59:58 qui lui a répondu fermement sur les réseaux sociaux.
01:00:01 Je ne relèverai pas ses propos, quelques peu vulgaires,
01:00:04 mais enfin, quelle est votre réaction
01:00:06 quand effectivement on voit Sandrine Rousseau
01:00:09 excuser ces scènes de pillage que l'on a vues ?
01:00:13 On est dans la récupération politique pure ou pas ?
01:00:17 - Oui, de toute part, on est dans la récupération politique.
01:00:20 Pour le coup, au Sandra Rousseau,
01:00:22 on n'a pas le monopole de la récupération.
01:00:25 Mais on est surtout dans une réaction
01:00:27 d'une personne qui ne sait pas de quoi elle parle.
01:00:30 Pardon, je ne voudrais pas être trop désagréable
01:00:33 et mesurer mes mots, mais je ne vois pas l'intérêt de son tweet.
01:00:37 La question de la pauvreté est beaucoup plus difficile.
01:00:40 D'abord, la pauvreté n'est pas concentrée qu'en banlieue,
01:00:43 elle est concentrée aussi dans des territoires ruraux
01:00:46 qui parfois sont même plus pauvres que la banlieue.
01:00:49 Les banlieues ont eu de l'argent public,
01:00:52 et pardon de le dire, elles ont parfois de l'argent de la drogue,
01:00:56 qui n'est pas forcément fort bien répartie au sein du quartier.
01:01:00 Ce n'est pas l'état-providence, l'argent de la drogue,
01:01:03 et donc ça provoque des inégalités.
01:01:05 Donc oui, évidemment qu'il y a de la pauvreté.
01:01:07 Mais la question du pillage, me semble...
01:01:10 On est vraiment, pour moi, dans des jacqueries.
01:01:13 On est vraiment dans de la rébellion
01:01:16 sans aucun sens politique.
01:01:19 Parce qu'on attaque des écoles,
01:01:21 et on va piller des magasins de marques privées
01:01:24 pour récupérer des biens de consommation.
01:01:27 Tout ça nous éloigne beaucoup de l'idée de l'insurrection.
01:01:30 - Des écoles et des bibliothèques ?
01:01:32 - Et des bibliothèques !
01:01:33 - Malgré l'appel de Jean-Luc Mélenchon ?
01:01:35 - Exactement ! Il a fait ce soir un rapport
01:01:37 à ne pas toucher aux écoles, aux bibliothèques ou aux gymnases.
01:01:40 Il appelle ça "notre bien commun".
01:01:42 - Donc c'est-à-dire qu'on reste en peu ?
01:01:44 - Il a oublié les commissariats dans les biens communs.
01:01:47 - On ne peut pas en oublier, à mon avis.
01:01:49 - On ne peut pas lui demander grand-chose de plus.
01:01:51 - Mais bon, c'est un tel naufrage, Jean-Luc Mélenchon,
01:01:53 que je ne sais pas si c'est utile qu'on en parle beaucoup.
01:01:55 Je pense qu'il est en train de se suicider politiquement,
01:01:57 mais tant pis pour lui, on ne va pas...
01:01:59 - Julie, votre parole ?
01:02:00 - Vous voulez en dire un mot, quand même ?
01:02:01 - Ah oui.
01:02:02 - Oui, non.
01:02:03 - Je laisse la parole à Julie.
01:02:04 - Merci.
01:02:05 Pas simplement de Jean-Luc Mélenchon,
01:02:07 qui effectivement fait ce tweet absolument pathétique,
01:02:10 au bout de trois jours d'émeute.
01:02:12 S'il vous plaît, pas les écoles, les gymnases.
01:02:15 Les autres, oui, on peut.
01:02:18 Son appel est complètement dérisoire, ridicule,
01:02:23 après avoir consciencieusement jeté de l'huile sur le feu.
01:02:26 Mais ce que je voulais dire aussi,
01:02:29 c'est que le tweet de Sandrino Russo
01:02:32 est une insulte à toutes ces familles pauvres,
01:02:36 dont les enfants ne volent pas,
01:02:39 ne fracassent pas des magasins de marques,
01:02:43 qui sont parfois des berceules avec plusieurs enfants.
01:02:47 On en connaît tous, qui réussissent tous à l'école,
01:02:51 qui rentrent le soir, qui n'ont pas le droit de traîner.
01:02:54 Et leur dire que ces comportements-là qu'on voit
01:02:57 de la part des émeutiers, c'est le résultat de la pauvreté,
01:03:00 c'est une insulte à tous ces gens-là.
01:03:02 - Effectivement, Jean-Christophe Couvy, sur le terrain,
01:03:04 qu'est-ce que vous constatez, vos collègues,
01:03:06 quand ils interpellent ce rapport à la pauvreté et pillage ?
01:03:10 Est-ce que ça s'explique comme cela ?
01:03:12 Ou alors, quand vous le constatez, que ce n'est absolument pas le cas ?
01:03:14 - Non, ce n'est pas le cas.
01:03:16 Ou alors, c'est vraiment infiniment petit.
01:03:18 Non, non, ce n'est pas le cas.
01:03:20 C'est juste aussi, on reparle de l'éducation,
01:03:22 du laissé-faire, de l'enfant roi.
01:03:24 Moi, je viens aussi d'un milieu rural.
01:03:26 Ma grand-mère est agricultrice.
01:03:28 Je veux dire, la pauvreté, je l'amène à parler.
01:03:30 Je sais ce que c'est, de par les discours de mes parents.
01:03:34 Et franchement, il y a aussi en zone rurale,
01:03:36 et je suis d'accord avec vous, en zone rurale,
01:03:40 et pour pratiquer aussi, aller voir en zone rurale
01:03:43 des gens qui sont dans la pauvreté,
01:03:46 mais qui sont plus dignes que justement
01:03:48 les gens qu'on voit pillés,
01:03:50 parce qu'eux, ils essaient de s'en sortir,
01:03:52 ils travaillent, ils ne brûlent pas leurs écoles,
01:03:54 ils respectent la loi.
01:03:56 Et pourtant, je peux vous dire que tous les mois,
01:03:58 ils sont centimes prêts, et même souvent,
01:04:00 moi, je suis en admiration devant par exemple
01:04:02 les clubs de foot, de rugby,
01:04:04 qui sont là pour structurer les gamins,
01:04:06 et qui les aident tous les week-ends,
01:04:08 qui les accompagnent au match.
01:04:10 On fait des centaines de kilomètres,
01:04:12 et en fait, il y a cette entraide.
01:04:14 Et dans ces zones-là, qui sont très urbaines,
01:04:16 et tout doit tomber du ciel,
01:04:18 je suis désolé, mais à un moment donné,
01:04:20 quand on veut changer sa vie, il faut se prendre en main,
01:04:22 et on peut changer son univers, déjà à son niveau.
01:04:24 - Philippe Guilbert.
01:04:26 - On peut essayer d'avoir une position non-cis,
01:04:28 ce que vous dites est en bonne partie vrai,
01:04:30 après, il y a aussi de la discrimination
01:04:32 pour les habitants de ces quartiers.
01:04:34 C'est un phénomène assez bien connu, quand même.
01:04:36 - Oui, mais ils ont plus de...
01:04:38 Moi, je suis dans plus de services civiques dans les campagnes.
01:04:40 - Juste, dans le fait de rechercher des emplois,
01:04:44 il y a de nombreuses études.
01:04:46 - Oui, mais, sincèrement,
01:04:48 oui, il y a des études.
01:04:50 Depuis 40 ans, je le dis sincèrement,
01:04:52 je n'y ai pas participé, je ne peux plus entendre
01:04:54 les discours d'aujourd'hui, on n'a rien fait pour nous.
01:04:56 - Mais c'est pas ça.
01:04:58 - Non, non, non, oui.
01:05:00 - On a rénové ces quartiers,
01:05:02 mis de l'emploi, mis de l'éducation,
01:05:04 mis des équipements culturels,
01:05:06 et moi, je suis aussi originaire d'une zone rurale,
01:05:08 ma femme est originaire du Picardie,
01:05:10 et je peux vous dire, pour bien connaître un peu les zones rurales,
01:05:12 il vaut mieux aujourd'hui grandir en banlieue
01:05:14 que dans certains territoires ruraux.
01:05:16 En certains territoires ruraux,
01:05:18 vous n'avez plus accès à la culture,
01:05:20 il n'y a plus de bibliothèque,
01:05:22 alors qu'en banlieue, vous avez tout maintenant,
01:05:24 tout, et souvent gratuitement.
01:05:26 Alors, il reste le problème de la discrimination à l'embauche,
01:05:28 mais sincèrement, des efforts...
01:05:30 - Parfois au logement, quand on veut sortir de son quartier.
01:05:32 - Non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non, non,
01:05:34 avec la rénovation urbaine...
01:05:36 - Pour quelqu'un qui veut sortir de son quartier.
01:05:38 - Non, mais il y a...
01:05:40 Globalement, on y arrive,
01:05:42 mais après, il y avait de la discrimination,
01:05:44 mais des efforts considérables étaient faits,
01:05:46 y compris, enfin, quand on dit que la police...
01:05:48 Allez dans les commissariats de France
01:05:50 et voyez l'origine des policiers,
01:05:52 enfin, voilà, on ne peut pas dire que la police est des racistes,
01:05:54 il n'y a pas de directe relation, on embauche partout,
01:05:56 et il y a plein de jeunes de banlieue
01:05:58 qui sont maintenant embauchés,
01:06:00 et voilà. Or, ce qui est terrible,
01:06:02 moi, ce que je vis très mal, c'est que depuis 40 ans,
01:06:04 on dit tout le temps le même discours,
01:06:06 sans voir les évolutions positives,
01:06:08 parce que certains n'en bénéficient pas,
01:06:10 de ces évolutions positives,
01:06:12 parce que peut-être qu'ils n'en sont pas capables,
01:06:14 peut-être qu'ils n'en ont pas envie,
01:06:16 et eux, ils continuent à véhiculer le discours victimaire,
01:06:18 on n'a rien fait pour nous, et ça obère tout le reste.
01:06:20 Donc, je pense qu'il faut nuancer les choses maintenant.
01:06:22 Je ne dis pas qu'il n'y a pas de problème, mais sincèrement...
01:06:24 - Mais il y a des politiques aussi qui entretiennent ce discours,
01:06:26 je ne dis pas qu'il n'y a pas de problème,
01:06:28 parce qu'il y a des politiques qui travaillent effectivement
01:06:30 sur les problèmes, améliorer la situation et tout ça,
01:06:32 mais il y a aussi un discours ambiant
01:06:34 qui nous assigne à notre origine, notre origine ethnique,
01:06:36 notre couleur de peau,
01:06:38 qui nous assigne à notre milieu social,
01:06:40 qui nous assigne et qui nous dit,
01:06:42 bien, vous allez être cela pour toujours,
01:06:44 et il n'y a pas de façon de vous en sortir.
01:06:46 Ça devient aussi comme...
01:06:48 C'est sans espoir, en fait, c'est le message qui est véhiculé.
01:06:50 Et moi, je pense qu'il faut juste faire attention aussi,
01:06:52 parce qu'on parle des émeutis,
01:06:54 on parle de ces images qui sont extrêmement violentes,
01:06:56 il y a différentes catégories, si on veut,
01:06:58 différents groupes d'émeutis aussi qu'on voit.
01:07:00 Il y a des gens effectivement
01:07:02 avec une revendication politique
01:07:04 sur la question des violences policières, par exemple.
01:07:06 - L'ultra-gauche, les Black blocs, par exemple.
01:07:08 - Oui, c'est ça, exactement. On peut être d'accord ou non,
01:07:10 il y a une revendication politique.
01:07:12 Vous avez d'autres, c'est littéralement,
01:07:14 bien, excusez-moi, c'est de la délinquance pure,
01:07:16 donc on va s'amuser et on est vraiment,
01:07:18 finalement, dans l'exaltation de la violence,
01:07:20 on casse tout, et on se dit,
01:07:22 on plonge en fait...
01:07:24 - Bien oui, il y a un peu de ça dans la délinquance,
01:07:26 qu'on se met à aller casser n'importe quoi,
01:07:28 en fait, ça n'a même plus d'importance,
01:07:30 il y a une logique de défiance,
01:07:32 il y a aussi, on est grisé par ce sentiment,
01:07:34 finalement, de se dire que finalement,
01:07:36 les policiers, on n'a pas peur d'eux,
01:07:38 on n'a pas peur de la justice.
01:07:40 - Et à juste équipe.
01:07:42 - Parce qu'il y a eu une faillite aussi
01:07:44 dans la réponse judiciaire.
01:07:46 - Bien sûr.
01:07:48 - Et ensuite, il y a les casseurs professionnels,
01:07:50 ça, c'est autre chose, et peut-être qu'ils vont arriver
01:07:52 à faire aussi une détestation de nos institutions,
01:07:54 pour ne pas dire de notre pays,
01:07:56 et une analyse qui est de dire,
01:07:58 la France a peur,
01:08:00 on va prendre le pouvoir par la force.
01:08:02 - C'est ça aussi.
01:08:04 - C'est pas le pouvoir.
01:08:06 - Ah si.
01:08:08 - Vous croyez que ces jeunes de 14 ans,
01:08:10 ils ont cette intention-là ?
01:08:12 - On va prendre le pouvoir,
01:08:14 on est chez nous,
01:08:16 c'est pas pour le pouvoir politique,
01:08:18 mais c'est, on est chez nous,
01:08:20 on a les règles, on a les règles,
01:08:22 on prend le pouvoir, on prend le pouvoir social.
01:08:24 - Philippe Guibert, on fera un point sur la situation
01:08:26 avec vous, Sandra Buisson, dans un instant.
01:08:28 - Le slogan "on est chez nous",
01:08:30 il a été utilisé par beaucoup de gens,
01:08:32 ces dernières années.
01:08:34 - Parlons de son utilisation actuelle.
01:08:36 - Oui, d'accord.
01:08:38 "On est chez nous" a été utilisé aussi par Drode,
01:08:40 par des régionalistes indépendantistes,
01:08:42 parfois par...
01:08:44 - C'est le même discours.
01:08:46 - Et aussi parfois par les militants RN.
01:08:48 - Tout le monde est chez soi.
01:08:50 - Non, non, non.
01:08:52 - Je voudrais juste ajouter...
01:08:54 - Quand c'est le RN qui le dit,
01:08:56 ça a un sens très précis.
01:08:58 Quand ce sont des jeunes de quartier
01:09:00 qui le disent dans ces circonstances-là,
01:09:02 ça a exactement le sens.
01:09:04 - On est en philippe Guibert, terminé.
01:09:06 - C'est ça que ça veut dire.
01:09:08 - Là, ça veut dire "on est chez nous",
01:09:10 donc on n'est pas en France.
01:09:12 - Vous êtes très bien enseignée
01:09:14 sur le sens précis.
01:09:16 - C'est-à-dire pas la France.
01:09:18 - Un point, Philippe Guibert.
01:09:20 - Je voudrais quand même ajouter un point
01:09:22 sur ces histoires de dé-excrimination.
01:09:24 C'est pas il y a 20 ans,
01:09:26 mais c'est il y a moins de 10 ans
01:09:28 que j'ai fait une étude auprès des jeunes musulmans
01:09:30 en banlieue, à Argenteuil, dans le Val d'Oise,
01:09:32 notamment, que vous connaissez pas mal.
01:09:34 Et je n'étais pas en train d'étudier
01:09:36 auprès de jeunes délinquants.
01:09:38 Ce n'étaient pas des jeunes délinquants,
01:09:40 c'étaient des jeunes qui faisaient des études
01:09:42 souvent supérieures, qui arrivaient,
01:09:44 ou qui étaient dans des parcours universitaires.
01:09:46 Il n'y en a pas un
01:09:48 qui ne m'a pas raconté
01:09:50 une petite humiliation par la police.
01:09:52 Je voudrais le dire quand même,
01:09:54 je comprends toutes les difficultés
01:09:56 du travail de la police,
01:09:58 mais la relation de cette jeunesse
01:10:00 avec la police, même quand elle n'est pas délinquante,
01:10:02 qu'elle n'est pas en train de devenir
01:10:04 trafiquante de drogue, ou je ne sais quoi,
01:10:06 est compliquée.
01:10:08 C'est-à-dire que le contrôle policier
01:10:10 fait partie du quotidien
01:10:12 des jeunes de banlieue.
01:10:14 Je n'ai pas eu un interviewé
01:10:16 qui ne m'ait pas raconté son histoire.
01:10:18 Plus ou moins grave, parfois pas grave,
01:10:20 mais qui instaure une relation
01:10:22 qui est quand même
01:10:24 celui du mépris, avec un ressenti
01:10:26 de mépris extrêmement fort
01:10:28 de la part de ces jeunes.
01:10:30 Ça n'excuse rien, je ne suis pas du tout dans le...
01:10:32 - Non, non, je répondrai.
01:10:34 - Je dirais qu'éliminer cette question-là
01:10:36 me paraît un peu rapide.
01:10:38 Jean-Christophe, peut-être la parole
01:10:40 du policier, justement, sur ce sentiment
01:10:42 de mépris évoqué
01:10:44 par certains jeunes
01:10:46 de ces quartiers. - Alors moi, j'ai aussi
01:10:48 plein de collègues qui sont originaires
01:10:50 des parents d'Algérie, du Maroc,
01:10:52 Turisie, Vietnam, tout ce que vous voulez,
01:10:54 et qui se sentent très républicains,
01:10:56 qui n'ont pas forcément souffert
01:10:58 du rapport avec la police. Alors après,
01:11:00 effectivement, il y a des endroits où, vous voyez,
01:11:02 les milieux populaires, c'est souvent
01:11:04 aussi des endroits sans stigmatiser,
01:11:06 où c'est là où on intervient
01:11:08 aussi assez souvent. - Je suis d'accord.
01:11:10 - Et donc forcément, quand vous avez des individus, des fiches de recherche
01:11:12 avec des descriptifs,
01:11:14 et que vous faites du contrôle d'identité,
01:11:16 eh bien oui, vous tombez sur des personnes.
01:11:18 Et puis, alors, on peut parler d'humiliation,
01:11:20 mais un contrôle d'identité, c'est pas
01:11:22 de l'humiliation. Mais ça fait partie
01:11:24 de la police administrative. - Ça, c'est un ressenti
01:11:26 qui peut être très différent. - Si je peux me permettre,
01:11:28 là-dessus, si je peux me permettre,
01:11:30 il se passe plein de choses
01:11:32 faussistes dans ces quartiers.
01:11:34 Il y a plein de jeunes qui réussissent
01:11:36 socialement, politiquement, à tous les niveaux.
01:11:38 Il y a une tension
01:11:40 forte entre la police
01:11:42 et des jeunes de ces quartiers.
01:11:44 Avec des incompréhensions,
01:11:46 et quelle que soit l'origine, du jeune
01:11:48 ou du policier. Parce qu'effectivement,
01:11:50 il y a plein de policiers qui sont issus de l'immigration.
01:11:52 - Et de plus en plus. - De plus en plus.
01:11:54 - C'est à l'image de la société. - Et qui contrôlent le jeune,
01:11:56 parce que le policier, il en a aussi marre
01:11:58 quand il passe devant la cage d'escalier
01:12:00 de se faire traîner de tous les noms.
01:12:02 Parce que c'est ça aussi. Le manque de respect.
01:12:04 - Non, mais moi j'ai mes collègues qui me disent...
01:12:06 - Et ça on n'a jamais réussi. Par contre, je voulais vraiment le dire,
01:12:08 parce que, il y a plein de réussites
01:12:10 dans ces quartiers. Donc arrêtons de dire que des jeunes
01:12:12 qui viennent de quartiers populaires,
01:12:14 issus de l'immigration, de familles
01:12:16 qui n'ont pas les moyens, ne réussissent pas. Il y en a plein
01:12:18 qui réussissent. Il y a de la discrimination.
01:12:20 Mais on va dans le bon sens.
01:12:22 Et ce qui est terrible dans notre pays, c'est qu'on ne veut pas voir
01:12:24 les choses positives qui arrivent. On ne parle que quand ça va mal.
01:12:26 - D'accord. - J'ai des collègues...
01:12:28 - Quand vous êtes policier, effectivement, c'est compliqué.
01:12:30 - C'est compliqué quand vous êtes issus d'une immigration
01:12:32 ou quand, en fait, on vous ramène à cette immigration.
01:12:34 Moi, j'ai des collègues qui souffrent dans leur chair
01:12:36 par rapport à ça. Ils se font traiter de "nègres de maison".
01:12:38 Ils se font traiter d'"arabes de service".
01:12:40 Voilà, Linda Kebab s'est fait traiter
01:12:42 d'"arabes de service".
01:12:44 Aboulaï Kanteh, policier, c'est de "nègres de maison".
01:12:46 Tous les jours, on le voit sur Twitter, etc.
01:12:48 Et c'est pas fait... Et c'est pas des "blancs",
01:12:50 entre guillemets, qui les traitent de ça.
01:12:52 Ce sont des gens qui les estiment
01:12:54 comme des traîtres. Tout ça parce qu'en fait,
01:12:56 ils sont juste républicains, ils sont juste français.
01:12:58 Et en fait, on les ramène toujours à leur couleur,
01:13:00 à leur origine ou à leur religion.
01:13:02 Et ça, c'est barbant. Il faut vraiment casser ce schéma.
01:13:04 Et quand je vois l'ONU,
01:13:06 parce que c'est ça qui est quand même terrible,
01:13:08 qui nous sort aux gens... - C'est une commission de l'ONU.
01:13:10 - Ah, commission de l'ONU et qui est quand même payée.
01:13:12 - On va vous dire un mot, justement, dans un instant.
01:13:14 Mais avant, vous voyez ces images en direct
01:13:16 de Marseille. Il est 23h18.
01:13:18 Si vous nous rejoignez sur C11
01:13:20 et l'information du soir, eh bien, c'est la situation
01:13:22 qui s'est fortement tendue à Marseille.
01:13:24 Marseille, où se trouve
01:13:26 notre envoyé spécial. On a vu tout à l'heure
01:13:28 en direct ces images
01:13:30 de pillages, pillages d'un supermarché,
01:13:32 plusieurs magasins, dont une parfumerie
01:13:34 également touchée,
01:13:36 et des interpellations ce soir.
01:13:38 - Oui, effectivement, on en est à l'heure actuelle
01:13:42 à 80 interpellations. Et je peux vous dire
01:13:44 que la situation ne s'arrange pas du tout.
01:13:46 Il y a quelques minutes,
01:13:48 il y a eu des affrontements en cours
01:13:50 à la porte d'Aix, en quelques mètres
01:13:52 de là. Et là, ça s'est déplacé.
01:13:54 Les jeunes reviennent maintenant vers le Vieux-Port.
01:13:56 On peut voir les CRS
01:13:58 qui se sont repositionnés ici,
01:14:00 sur le Vieux-Port, et ils vont aller à la rencontre
01:14:02 de ces jeunes qui sont juste au début
01:14:04 de la rue République.
01:14:06 Je pense que vous pouvez les voir.
01:14:08 Ils ont incendié des poubelles
01:14:10 au centre de la route.
01:14:12 Et, eh bien, ils envoient
01:14:14 de très nombreux pétards, des pétards
01:14:16 qui font d'énormes détonations.
01:14:18 Donc, bien évidemment, les habitants,
01:14:20 ce sont les quelques habitants. Il y a encore des habitants
01:14:22 à cette heure-ci, suivant la situation, qui se baladent.
01:14:24 Eh bien, ils sont assez effrayés
01:14:26 par la situation. Donc, non, effectivement,
01:14:28 la situation ne s'arrange pas du tout à Marseille ce soir.
01:14:30 Merci beaucoup.
01:14:32 Violence et pillage, donc, au cœur
01:14:34 de Marseille ce soir.
01:14:36 Situation instable
01:14:38 également en région parisienne.
01:14:40 Merci à vous. Vous vouliez rajouter ?
01:14:42 Vous intervenez, hein,
01:14:46 dès que la situation se tend.
01:14:48 Dans un instant, on fera le point avec vous, Sandra Buisson,
01:14:50 sur les autres points de tension ce soir en France.
01:14:52 Mais avant, il est 23h20.
01:14:54 On va retrouver Trina Magdine.
01:14:56 Trina, pour les dernières informations,
01:14:58 dites-nous qu'est-ce qu'il faut retenir.
01:15:00 Gérald Darmanin s'est exprimé sur TF1
01:15:04 suite aux nombreuses émeutes des nuits dernières.
01:15:06 Il a annoncé le déploiement de 45 000
01:15:08 policiers et gendarmes pour cette nuit,
01:15:10 ainsi que davantage d'unités spécialisées
01:15:12 comme le RAI, de la BRI ou le GIGN.
01:15:14 Le ministre de l'Intérieur a évoqué,
01:15:16 je cite, "des moyens exceptionnels".
01:15:18 Au lendemain des émeutes,
01:15:20 après la mort de Naël, les débordements continuent.
01:15:22 Cette fois, c'est le centre commercial Ronny 2
01:15:24 en Seine-Saint-Denis qui a été la cible de pillages.
01:15:26 Cet après-midi, des individus
01:15:28 vêtus de noir ont tiré au mortier
01:15:30 dans l'enceinte du centre commercial.
01:15:32 La préfecture a demandé d'éviter le secteur
01:15:34 jusqu'à nouvel ordre.
01:15:36 Et puis, deux policiers en civil agressés
01:15:38 la nuit dernière à Marseille, bloqués par un feu de poubelle.
01:15:40 Ils ont été violemment pris à partie
01:15:42 par une vingtaine d'individus.
01:15:44 Un a été touché à l'oeil, l'autre souffre d'un traumatisme crânien.
01:15:46 Une enquête pour tentative de meurtre
01:15:48 sur personne dépositaire de l'autorité publique
01:15:50 a été ouverte.
01:15:52 Merci beaucoup Trina pour ces informations.
01:15:56 Trina Magdine, donc,
01:15:58 pour un point sur les dernières actualités.
01:16:00 On vous le disait, la situation
01:16:02 est tendue à Marseille avec des pillages,
01:16:04 violences et pillages dans la cité phocéenne.
01:16:06 Sandra Buisson,
01:16:08 à 7h,
01:16:10 situation encore calme,
01:16:12 en tout cas,
01:16:14 moins tendue qu'à Marseille, en Ile-de-France.
01:16:16 Est-ce qu'on peut faire un point
01:16:18 avec vous sur les différentes situations ?
01:16:20 Oui, alors à 7h,
01:16:22 les deux gros points de tension
01:16:24 de violence et de pillages
01:16:26 vraiment largement développés,
01:16:28 c'est Marseille et Lyon.
01:16:30 Lyon, on est à 38 interpellations
01:16:32 avec des violences, des pillages.
01:16:34 En revanche, en région parisienne,
01:16:36 pour l'instant, c'est calme.
01:16:38 Il faut savoir que les deux dernières nuits,
01:16:40 la nuit dernière vers minuit
01:16:42 et puis la nuit précédente
01:16:44 aussi assez tard
01:16:46 dans la soirée,
01:16:48 à part un début de rassemblement à Concorde
01:16:50 qui s'est passé vers 20h, 21h,
01:16:52 qui a été rapidement évacué
01:16:54 puisque le rassemblement était interdit
01:16:56 sur la place, donc il y a eu quelques
01:16:58 cortèges sauvages dans Paris, mais pas de
01:17:00 violences ou de pillages
01:17:02 significatifs à déplorer.
01:17:04 Il y a encore quelques individus
01:17:06 qui vont
01:17:08 à droite à gauche dans Paris, mais pour l'instant
01:17:10 on est vraiment très loin de la situation
01:17:12 qu'on a connue à Paris,
01:17:14 mais c'était bien plus tard hier dans la soirée.
01:17:16 Effectivement, Jean-Christophe Couvy,
01:17:18 hier, ça a débuté à partir
01:17:20 de 23h, des groupes de jeunes
01:17:22 qui se donnent rendez-vous relativement
01:17:24 tard au fond des points de rendez-vous et ensuite
01:17:26 qui se dispersent sur différents lieux.
01:17:28 Le premier soir, ça avait commencé assez tôt
01:17:30 sur Paris, tout le monde était un peu surpris,
01:17:32 c'était vraiment dans le milieu de la nuit
01:17:34 où ça a commencé à partir, alors on pensait que ça allait être un peu plus calme
01:17:36 et d'un seul coup, déferlante,
01:17:38 une déferlante à plusieurs endroits.
01:17:40 On essayait de comprendre ce mécanisme,
01:17:42 cette coordination.
01:17:44 Donc effectivement,
01:17:46 on le sait maintenant, on commence à faire le lien,
01:17:48 les réseaux sociaux, Snapchat,
01:17:50 TikTok, d'ailleurs moi c'est ce que j'appelle
01:17:52 le challenge TikTok, c'est-à-dire que
01:17:54 chaque quartier essaie de faire le plus
01:17:56 de ramedam pour que justement, derrière,
01:17:58 on passe,
01:18:00 vous savez, sur les réseaux sociaux
01:18:02 en disant "Victoire, regardez tout ce qu'on a fait",
01:18:04 etc. Donc c'est à celui qui va faire
01:18:06 le plus de démeutes et de dégâts.
01:18:08 Et donc ça, c'est ce qui nous a frappés,
01:18:10 et puis surtout, encore une fois, c'est l'intensité
01:18:12 de cette violence
01:18:14 avec des jeunes qui,
01:18:16 des fois, vous savez, pour attirer les policiers,
01:18:18 c'est le guet-apens, on fait cramer des poubelles,
01:18:20 les pompiers arrivent, les policiers se font attaquer,
01:18:22 là ils n'attendaient même pas. À Bordeaux, par exemple,
01:18:24 c'est ce que nous disaient les collègues, en fait, ils arrivaient
01:18:26 et ils nous fonçaient directement dessus,
01:18:28 comme des ninjas, avec les mortiers
01:18:30 d'artifice, et en fait,
01:18:32 ils allaient tout de suite à la confrontation.
01:18:34 C'est vraiment surprenant. Nous aussi, ça nous surprend,
01:18:36 et puis après, on est un peu, des fois, "désarmés",
01:18:38 parce qu'en face de nous, on a aussi des gamins.
01:18:40 Et donc, comment on réagit quand on a peut-être...
01:18:42 *Explosion*
01:18:44 Comment on réagit quand on a un gamin
01:18:46 qui a l'âge de notre propre gamin ?
01:18:48 - On a entendu des explosions
01:18:50 très fortes en direct, là, depuis Marseille,
01:18:52 où la situation se tend,
01:18:54 donc visiblement, ce sont des
01:18:56 bruits de mortiers d'artifice, Jean-Claude.
01:18:58 - Peut-être des bombes agricoles,
01:19:00 on a reçu des cocktails Molotov, aussi,
01:19:02 les collègues disaient.
01:19:04 Des mortiers d'artifice,
01:19:06 ce n'est pas juste des petits pétards du 14 juillet,
01:19:08 vous savez, ce qu'on appelait les pétards mammouths
01:19:10 quand on était jeunes.
01:19:12 - Parce que là, effectivement, ça fait une grosse détonation.
01:19:14 - Non, mais là, c'est plus, à mon avis, bombes agricoles
01:19:16 ou bombes artisanales, pour faire
01:19:18 des dégâts. - Peut-être que notre journaliste
01:19:20 sur place est en mesure de nous
01:19:22 décrire la situation
01:19:24 qu'elle voit, on voit
01:19:26 en ce moment sur ces images,
01:19:28 au fond, des jeunes rassemblés
01:19:30 avec visiblement des pétards.
01:19:32 - Surtout une fumée très forte.
01:19:34 - Une fumée très forte derrière, effectivement.
01:19:36 Est-ce que vous pouvez nous décrire la situation sur place ?
01:19:38 - Et dans la rue qui remonte à partir du bout du...
01:19:40 - Écoutez,
01:19:42 on a dû
01:19:44 reculer parce que vous avez
01:19:46 entendu, il y avait des pétards
01:19:48 effectivement extrêmement forts
01:19:50 qui étaient balancés, qui étaient jetés, pardon,
01:19:52 en notre direction.
01:19:54 Donc on a dû reculer, donc on ne sait
01:19:56 pas effectivement ce qu'ils ont jeté
01:19:58 dans... Il me semble que c'était un tas de poubelles
01:20:00 qui a été déversé au milieu de la route.
01:20:02 Il y a eu deux explosions aussi
01:20:04 sur ce tas de poubelles,
01:20:06 donc je ne sais pas s'ils ont mis quelque chose
01:20:08 qui a explosé ou si c'était déjà présent
01:20:10 dans les poubelles, donc la situation
01:20:12 est très instable ici.
01:20:14 - En tout cas, une détonation importante.
01:20:16 80 interpellations à Marseille,
01:20:18 situation très tendue.
01:20:20 On se dirige vers une
01:20:22 nouvelle nuit d'émeutes dans la cité
01:20:24 Fausséhennes. Pour le moment,
01:20:26 la situation est un peu plus calme
01:20:28 en Ile-de-France. Lyon,
01:20:30 également, qui connaît de fortes
01:20:32 tensions. On disait 45 000
01:20:34 policiers et gendarmes mobilisés
01:20:36 ce soir. Et
01:20:38 pour certains Français, il faudrait
01:20:40 que l'armée vienne en renfort. C'est
01:20:42 en tout cas ce que nous disent
01:20:44 les sondés d'un sondage CSA pour CNews.
01:20:46 Vous le voyez à l'antienne. Faut-il envoyer
01:20:48 l'armée pour rétablir l'ordre
01:20:50 dans les quartiers touchés par les
01:20:52 émeutes? Karima Brick, c'est oui
01:20:54 à 70 %. Là encore,
01:20:56 ça montre une inquiétude
01:20:58 du côté de la population, ou en tout cas
01:21:00 une volonté d'en finir au plus vite
01:21:02 en mettant tous les moyens, même si,
01:21:04 Jean-Christophe Couvier, vous le direz,
01:21:06 l'armée, ce n'est peut-être pas le meilleur moyen
01:21:08 pour le maintien de l'ordre. Karima Brick.
01:21:10 - Oui, bien en fait, là, on a deux sondages. Tout à l'heure,
01:21:12 c'était sur l'état d'urgence. Maintenant, on parle
01:21:14 des militaires, littéralement. Donc oui,
01:21:16 il y a ce message qu'on envoie au gouvernement
01:21:18 à l'État de dire "faites quelque chose".
01:21:20 Il y a une peur, une inquiétude, mais il y a une volonté,
01:21:22 effectivement, d'en finir rapidement avec
01:21:24 ces débordements, avec ces violences qui s'étendent
01:21:26 un peu partout. Et la différence,
01:21:28 par rapport à 2005 aussi, c'est cette
01:21:30 contagion, l'intensité des choses,
01:21:32 les réseaux sociaux qui font en sorte aussi
01:21:34 qu'il y a un effet de mimétisme.
01:21:36 Donc, les militaires,
01:21:38 il y a aussi des conséquences à ça quand on
01:21:40 décide... parce que la police,
01:21:42 bon, oui, fait l'ordre,
01:21:44 veut maintenir l'ordre, mais les militaires,
01:21:46 il y a quelque chose quand même, il y a une gradation
01:21:48 aussi dans l'intensité de la violence
01:21:50 qui est possible, et les conséquences aussi
01:21:52 qu'on peut voir
01:21:54 par la suite. Donc,
01:21:56 je ne suis pas une experte pour ce qui est des
01:21:58 militaires, mais je trouve que ça envoie quand même
01:22:00 un message très fort de voir ça dans les rues.
01:22:02 - Son révolution. - Oui, alors justement, effectivement, sur la gradation
01:22:04 des moyens, c'est ça la particularité avec
01:22:06 les militaires, c'est que vous passez de
01:22:08 rien à l'arme à feu
01:22:10 directement, il n'y a pas de moyens de force intermédiaire,
01:22:12 pas de grenade lacrymogène, pas de grenade de désencerclement,
01:22:14 aucun moyen. - On est dans une situation
01:22:16 de guerre, alors, ça voudrait dire. - C'est pour ça
01:22:18 qu'effectivement, on entend
01:22:20 souvent, ça revient régulièrement
01:22:22 dans le débat politique, l'appel à faire
01:22:24 venir l'armée, l'armée,
01:22:26 voilà. - Pas son travail.
01:22:28 - L'armée, c'est pas fait pour. - C'est pas fait pour.
01:22:30 - Mais ce que ça signifie ce sondage,
01:22:32 il faut l'interpréter pas au
01:22:34 premier degré en disant
01:22:36 "les gens ont envie d'envoyer l'armée",
01:22:38 c'est qu'ils ont envie que ça s'arrête, et qu'il y a une très
01:22:40 forte demande d'ordre. C'est comme ça
01:22:42 que je comprends ce sondage, et que
01:22:44 70%... - Les gens en ont marre. - Les gens en ont marre.
01:22:46 - Ils l'acceptent plus. - Ils l'acceptent plus. - Il y a un sentiment qu'il y a une
01:22:48 perte de contrôle, en fait, c'est ça qui est inquiétant aussi.
01:22:50 - Absolument, et c'est comme ça qu'il faut comprendre ce
01:22:52 sondage, parce que je crois pas que les gens
01:22:54 ont envie que ce soit la guerre dans les rues.
01:22:56 De ce point de vue-là, pour un petit coup d'icile
01:22:58 à notre petit débat sur la police, j'ai trouvé
01:23:00 absolument catastrophique le communiqué
01:23:02 du syndicat
01:23:04 Allianz et du syndicat
01:23:06 Une Saint-Police. - Recontextualisé
01:23:08 pour les téléspectateurs. - Il est catastrophique puisqu'il dit
01:23:10 que nous sommes en guerre,
01:23:12 qu'ils sont en résistance,
01:23:14 qu'ils sont face, je crois qu'ils
01:23:16 utilisent le terme, à des nuisibles.
01:23:18 Alors, on peut avoir plein de sévérités,
01:23:20 je pense que personne sur le plateau n'est
01:23:22 dans la culture de l'excuse
01:23:24 par rapport à... - Ils sont revenus sur leur communiqué
01:23:26 me semble-t-il. - Ouais, enfin, ils reviennent de loin,
01:23:28 parce que quand même là on était sur un appel
01:23:30 qui était... - Oui, et dans le contexte,
01:23:32 je suis pas sûr que c'était le meilleur communiqué. - ...qui dans le contexte était
01:23:34 catastrophique quand même, il faut bien le dire. - Ils ont même été critiqués
01:23:36 par d'autres branches de l'Unsa.
01:23:38 - Mais c'est surtout aussi qu'en ce moment,
01:23:40 on est vraiment sur un volcan et le potentiel
01:23:42 d'explosion est intense. - Ben oui, c'est vraiment mettre des bruits sur le feu.
01:23:44 Et je sais pas comment on produit un tel
01:23:46 communiqué en plein milieu de l'après-midi.
01:23:48 - Ben vous savez, alors moi, nous on se
01:23:50 désolidarise, l'unité AGP
01:23:52 police, complètement de ce...
01:23:54 de cette communication. - C'est ce que j'avais bien compris.
01:23:56 - Maintenant, parce qu'en fait,
01:23:58 traiter des gens de nuisibles,
01:24:00 être en état de guerre, alors justement on essaie juste
01:24:02 de garder la paix, parce qu'on est quand même gardiens de la paix.
01:24:04 S'il faut l'armée, c'est pour tuer...
01:24:06 enfin l'armée c'est pour neutraliser des ennemis.
01:24:08 Pour l'instant on a pas d'ennemis,
01:24:10 c'est pas des ennemis, c'est quand même des...
01:24:12 des citoyens qu'on doit ramener
01:24:14 à la paix et qu'on doit... c'est du maintien de l'ordre.
01:24:16 - Alors, allez, j'allais dire,
01:24:18 emprunter quand même des
01:24:20 termes aussi forts, la preuve
01:24:22 c'est qu'après il y a eu du rétro-pédalage,
01:24:24 on a sorti les pagaies parce qu'il y a eu encore
01:24:26 un comité de presse derrière pour essayer de
01:24:28 s'expliquer sur les mots en disant "non mais attendez..."
01:24:30 Voilà, et après c'est le même syndicat quand même
01:24:32 qui a demandé il y a quelque temps le choc
01:24:34 tactique pour les rodéos. Alors moi je veux bien
01:24:36 mais 2-3 jours après des émeutes
01:24:38 notamment parce qu'il y a un gamin
01:24:40 qui est mort,
01:24:42 aller faire du choc
01:24:44 tactique, aller pousser
01:24:46 des motos, des deux-roues et peut-être tuer
01:24:48 des gamins, bah bonne chance, mais depuis le début
01:24:50 on tient cette position républicaine
01:24:52 qui n'est, de toute façon pour l'instant c'est impossible
01:24:54 dans l'état de faire des chocs tactiques. - Alors la question
01:24:56 de l'appel au calme, justement,
01:24:58 Kylian Mbappé... - C'est important pour le désir, si je peux me permettre.
01:25:00 - Kylian Mbappé,
01:25:02 célèbre joueur de football qui s'était
01:25:04 exprimé après la mort
01:25:06 de Nael, s'est exprimé
01:25:08 une nouvelle fois ce soir. On va
01:25:10 découvrir ensemble
01:25:12 son communiqué. "La violence
01:25:14 ne résout rien, encore moins lorsqu'elle
01:25:16 se retourne inéluctablement
01:25:18 et inlassablement contre ceux qui l'expriment.
01:25:20 Leurs familles, leurs proches,
01:25:22 notre conscience citoyenne nous incite à appeler
01:25:24 à l'apaisement. Le temps de la violence
01:25:26 doit cesser pour laisser
01:25:28 place à celui du deuil." C'est l'équipe
01:25:30 de France, donc, qui s'exprime.
01:25:32 François Puponi.
01:25:34 Ce soir, ça révèle
01:25:36 tout de même qu'il y a
01:25:38 une prise de conscience
01:25:40 après les différents tweets
01:25:42 des uns et des autres. - Il faut que je le relise,
01:25:44 parce que... - Alors, "La violence
01:25:46 ne résout rien..." - "Inextablement et inassablement
01:25:48 contre ceux qui l'expriment. Leurs familles,
01:25:50 leurs proches..." J'ai rien compris. - "Notre conscience citoyenne nous incite
01:25:52 à appeler à l'apaisement." C'est un appel à l'apaisement
01:25:54 des joueurs de l'équipe de France de football. - Oui.
01:25:56 Le temps de la violence doit cesser.
01:25:58 - Voilà. - Ça veut dire qu'à un moment,
01:26:00 il pouvait être justifié. - Oui, c'est ça,
01:26:02 qui est un peu gênant, je trouve, dans ce communiqué.
01:26:04 - On laissez le place à celui du deuil.
01:26:06 Et peut-être de la concorde, et peut-être
01:26:08 de l'union, et peut-être du dialogue.
01:26:10 Enfin voilà, sincèrement.
01:26:12 - Oui, puis vous voyez, le reste du communiqué,
01:26:14 nous comprenons le fond. - Oui, oui, c'est ça.
01:26:16 - Je ne cautionne pas la forme,
01:26:18 mais nous comprenons le fond. - Il y avait plusieurs
01:26:20 joueurs, aussi des sportifs, des personnalités
01:26:22 qui sont sortis, comme ça, justement,
01:26:24 après la mort de Naël. Donc, on essaie
01:26:26 d'envoyer maintenant un message
01:26:28 de calme, d'apaisement,
01:26:30 parce qu'il y avait probablement
01:26:32 des tweets, aussi, de sportifs,
01:26:34 qui avaient été mal interprétés. - À commencer par Mbappé,
01:26:36 le petit, donc ça. - À commencer par ça.
01:26:38 - Donc, c'est donc sportif. - C'est ça,
01:26:40 mais enfin, je le dis, je suis quand même
01:26:42 un peu choqué, parce que
01:26:44 tous ces joueurs d'équipe de France,
01:26:46 qui pour la plupart, beaucoup, sont issus
01:26:48 des quartiers, ont tous bénéficié
01:26:50 de ces clubs, de ces bénévoles,
01:26:52 de ces subventions, de ces moyens
01:26:54 donnés à la politique de la ville. Tous.
01:26:56 Tous, ils sont sortis de ces clubs,
01:26:58 ils ont été dans l'école de la République,
01:27:00 et ils ont réussi grâce à ça.
01:27:02 Ils ont réussi grâce à leur qualité, bien entendu,
01:27:04 et à leur propre qualité en elle-même,
01:27:06 mais ils ont aussi réussi grâce à un système
01:27:08 éducatif, sportif, culturel,
01:27:10 mis en place depuis des années par des élus,
01:27:12 des bénévoles, des associations, des éducateurs,
01:27:14 et voilà, dire que,
01:27:16 voilà, on comprend, et eux
01:27:18 n'ont pas le droit de dire qu'on ne peut pas être
01:27:20 un son... Alors, qu'on présente les condoléances, c'est normal,
01:27:22 mais de dire que nous assistons à une coalition populaire
01:27:24 dont nous comprenons le fond...
01:27:26 - Mais, oui, c'est parce qu'il y a une culture aussi
01:27:28 qui est très présente, je pense, dans la jeune génération,
01:27:30 qui est très présente sur les réseaux sociaux,
01:27:32 sur la culture des violences policières,
01:27:34 ce que je veux dire, c'est un message...
01:27:36 - Oui, mais, on y est. - C'est exactement...
01:27:38 - Ils ont bénéficié... - C'est exactement
01:27:40 le discours de victimisation dont vous parliez tout à l'heure.
01:27:42 - Oui, mais ce que je dis, c'est ça.
01:27:44 - C'est exactement ça, et c'est à ça
01:27:46 que ces joueurs qui ont signé ce communiqué
01:27:48 et Mbappé participent.
01:27:50 Ce discours de victimisation
01:27:52 est le pire cadeau qu'on peut faire à ces jeunes-là.
01:27:54 - Je comprends. Ce que je veux dire, on peut le déplorer,
01:27:56 mais c'est une réalité, c'est aussi une discussion,
01:27:58 en fait, chez les jeunes, c'est très présent,
01:28:00 ça fait partie de ce son-là.
01:28:02 - C'est un vrai sujet. - C'est un vrai sujet.
01:28:04 - Ça a été mis dans la tête. - On parlait de la grille
01:28:06 américaine sur les violences policières,
01:28:08 sur le racisme systémique dans les institutions.
01:28:10 Je veux dire, maintenant, c'est pas...
01:28:12 Il n'y a plus de frontières pour ce genre d'idéologie.
01:28:14 - Sauf que des joueurs
01:28:16 qui représentent le maillot de l'équipe de France...
01:28:18 - Tout à fait, oui. - ... qui sont écoutés
01:28:20 par ces jeunes, qui ont bénéficié
01:28:22 de toute cette politique publique mise en oeuvre,
01:28:24 ne soient pas capables, dans la communauté,
01:28:26 de le dire, il y a une autre voie
01:28:28 que la violence. La preuve, voilà.
01:28:30 Parce que des efforts sont faits, et valoriser
01:28:32 un peu leur pays, ça pose un problème.
01:28:34 Enfin, bon, ça veut dire qu'en fait...
01:28:36 - Tout à fait, donc il y aurait une responsabilité,
01:28:38 il y a un impact. - Vous avez raison, tous les deux.
01:28:40 Il y a une culture de la banlieue... - Oui, oui.
01:28:42 - ... qui est la défiance à l'égard des institutions.
01:28:44 - Oui, mais bon... - Alors, il faut qu'on en sorte.
01:28:46 - Non, mais bon, c'est bon.
01:28:48 - Mais est-ce que ça rejoint pas un peu,
01:28:50 finalement, le tweet de Jean-Luc Mélenchon,
01:28:52 ou en tout cas, les paroles de Jean-Luc Mélenchon,
01:28:54 ce soir, qui disait, voilà,
01:28:56 "On s'en prend pas
01:28:58 à nos collèges, à nos bibliothèques..."
01:29:00 - Oui, après avoir
01:29:02 attisé le feu. - Après avoir attisé
01:29:04 le feu, voilà. - Il se rend compte
01:29:06 qu'effectivement, c'est ce que veut dire
01:29:08 l'extrait que vous avez sorti, ce sont les gens
01:29:10 qui veulent aller travailler le matin, qui se retrouvent
01:29:12 sans voiture, ce sont
01:29:14 les enfants qui ne cassent rien,
01:29:16 qui se retrouvent sans médiathèque,
01:29:18 sans école, mais c'est
01:29:20 une tentative pathétique
01:29:22 de rattraper le coup. Je suis pas du tout
01:29:24 d'accord pour dire que
01:29:26 la méfiance vis-à-vis des institutions fait partie
01:29:28 d'une culture de banlieue. - Si, si.
01:29:30 - D'abord, c'est pas une culture. - Non, c'est un confinement,
01:29:32 c'est pas une approbation. - Ça n'est pas une culture.
01:29:34 - Non, mais je suis... - Ça n'est pas une culture.
01:29:36 C'est un discours victimaire
01:29:38 qui a infusé dans les
01:29:40 banlieues, véhiculé
01:29:42 par des politiques, en partie
01:29:44 par certains professeurs,
01:29:46 pas tous les professeurs,
01:29:48 en partie par l'éducation nationale,
01:29:50 parce que jusqu'à une période
01:29:52 récente, il était admis
01:29:54 dans les plus hautes sphères de l'éducation nationale,
01:29:56 et oui, je pense à Nadjat
01:29:58 Vallaud-Belkacem en particulier,
01:30:00 que ces enfants-là
01:30:02 n'étaient pas au niveau pour recevoir
01:30:04 un enseignement d'élite.
01:30:06 - C'est un autre sujet. - Il fallait
01:30:08 baisser l'enseignement
01:30:10 pour pas qu'ils soient paumés,
01:30:12 que de toute façon, ils n'iraient pas bien loin.
01:30:14 Donc ce discours victimaire
01:30:16 qui est un discours de mépris,
01:30:18 il a pris chez
01:30:20 certains individus, dans certains groupes,
01:30:22 il n'est pas la culture de la juge.
01:30:24 - Je vous propose justement de pouvoir...
01:30:26 - Allez-y, on accueillera notre amie.
01:30:28 - Je pense qu'il y a des cultures à la juge.
01:30:30 - Posez vos désaccords, et puis on accueillera notre amie dans ce livre.
01:30:32 - Je me permets de constater, mais encore une fois, c'est pas du tout une approbation,
01:30:34 je me permets de constater
01:30:36 que c'est un discours partagé
01:30:38 en dehors de toute considération politique,
01:30:40 Judith, en dehors de toute référence
01:30:42 à des profs. Encore une fois,
01:30:44 c'est un discours que j'ai constaté,
01:30:46 que toutes les études de terrain mené
01:30:48 constatent,
01:30:50 chez les jeunes, on n'est pas en train de dire qu'ils ont
01:30:52 raison, on est en train de dire
01:30:54 qu'ils ont construit ce discours-là,
01:30:56 et que donc...
01:30:58 - C'est pas eux qui l'ont construit.
01:31:00 - Pardonnez-moi, là vous les prenez pour des imbéciles,
01:31:02 ça repose... - Non, je le prends pour des jeunes.
01:31:04 - C'est eux qui l'ont construit, enfin, c'est eux qui l'ont entendu,
01:31:06 - Ça repose aussi sur des vécus.
01:31:08 - C'est les jeunes qui l'ont construit,
01:31:10 les autres ont véhiculé,
01:31:12 et ça permet de dire "on ne fait rien pour nous".
01:31:14 - C'est un discours qu'on leur a servi.
01:31:16 - Non...
01:31:18 - Et en tout cas, on leur permet de casser
01:31:20 des magasins encore, visiblement,
01:31:22 à écouter... - C'est des petits vaut-pain.
01:31:24 - Jean-Luc Mélenchon, pour parler
01:31:26 de la violence
01:31:28 d'une petite partie de cette jeunesse,
01:31:30 je vous propose d'accueillir
01:31:32 Nouroudine Aboulhoussen, président
01:31:34 de l'association "Laissez-les servir".
01:31:36 Bonsoir,
01:31:38 merci d'être en liaison avec nous.
01:31:40 Alors, vous êtes
01:31:42 un ancien officier de l'armée de terre,
01:31:44 aujourd'hui, vous encadrez
01:31:46 des jeunes des quartiers réputés
01:31:48 difficiles, notamment en vous inspirant
01:31:50 des valeurs de l'armée.
01:31:52 Alors, pour commencer, on le disait,
01:31:54 on le voit, des émeutiers très jeunes,
01:31:56 des mineurs, entre 13 et 18 ans,
01:31:58 vous qui les connaissez,
01:32:00 les côtoyez, ces jeunes, comment est-ce que
01:32:02 vous expliquez
01:32:04 les émeutes auxquelles
01:32:06 nous assistons depuis 3 jours ?
01:32:08 - Bonsoir, bonsoir tout le monde,
01:32:12 j'ai entendu, j'ai suivi un peu
01:32:14 l'émission depuis tout à l'heure,
01:32:16 et il y a 2-3 points que j'aimerais
01:32:18 très rapidement développer, mais tout d'abord,
01:32:20 comment on explique ça ?
01:32:22 Vous savez, on n'a rien appris
01:32:24 depuis 2005,
01:32:26 on a mis beaucoup de moyens,
01:32:28 en fait,
01:32:30 je veux faire une métaphore,
01:32:32 on s'est dit, il faut absolument
01:32:34 mettre des moyens, on va acheter une Ferrari,
01:32:36 mais en fait, on a pris des 4L et on a mis des autocollants
01:32:38 dessus.
01:32:40 Qu'est-ce qu'on a fait ?
01:32:42 On n'a pas touché
01:32:44 à cette génération de jeunes, on leur a pas
01:32:46 appris la citoyenneté,
01:32:48 le civisme, on leur a pas
01:32:50 inculqué le savoir vivre,
01:32:52 la cohésion nationale, l'amour de la patrie,
01:32:54 parce que ce que nous voyons
01:32:56 aujourd'hui, c'est une haine, haine de l'autre,
01:32:58 haine de la soif
01:33:00 d'exister, mais dans une sphère
01:33:02 qui n'est pas la nôtre,
01:33:04 le quotidien.
01:33:06 – Et quand vous dites "on", pardonnez-moi,
01:33:08 quand vous dites "on",
01:33:10 vous pensez à qui ?
01:33:12 – "On", ben,
01:33:14 l'État, les politiques,
01:33:16 les politiques
01:33:18 locales,
01:33:20 alors moi, je voudrais juste vous dire
01:33:22 quelque chose, aucune raison,
01:33:24 aucun argument ne justifie
01:33:26 une mort, surtout d'un jeune
01:33:28 qui doit être l'espoir de notre pays,
01:33:30 parce que la nation
01:33:32 attend de ces jeunes qui soient citoyens,
01:33:34 qui contribuent à l'émergence de notre
01:33:36 pays. On est d'accord, c'est
01:33:38 un drame, mais moi je voudrais aujourd'hui
01:33:40 savoir,
01:33:42 il y a le feu dans les
01:33:44 banlieues et dans les grandes villes,
01:33:46 les professionnels sont sur le terrain,
01:33:48 je vois qu'il y a des
01:33:50 gens qui ont une autorité d'exemplarité
01:33:52 visible, ne font pas leur
01:33:54 travail, c'est-à-dire qu'ils attisent le feu,
01:33:56 si, je ne veux pas m'engager
01:33:58 sur la politique, mais parlons
01:34:00 plutôt de l'après-feu,
01:34:02 qu'est-ce qu'on va faire de ces jeunes ?
01:34:04 On va encore mettre
01:34:06 de la pomadothérapie ? Moi, ce que
01:34:08 j'aimerais, c'est peut-être
01:34:10 qu'on parle de l'amour du
01:34:12 pays, du sens,
01:34:14 des valeurs,
01:34:16 du civisme, de la citoyenneté,
01:34:18 tout à l'heure j'ai entendu
01:34:20 "pauvreté",
01:34:22 je ne veux pas nommer les
01:34:24 politiciens qui ont écrit ça, oui ça justifie
01:34:26 les émeutes,
01:34:28 mais la pauvreté n'exclut pas une bonne
01:34:30 éducation, c'est ce qui permettra
01:34:32 à la première marche de
01:34:34 s'émanciper, la pauvreté
01:34:36 n'exclut
01:34:38 pas la verbalisation
01:34:40 en tant que projet de vie, comment expliquez-vous
01:34:42 que cette France, et je parle de la France,
01:34:44 nous y vivons,
01:34:46 est sortie et on a bien la
01:34:48 réussite, alors bien sûr pour certains ça va être difficile,
01:34:50 il y a le plafond de verre, mais
01:34:52 ça n'explique pas et ça ne justifie pas
01:34:54 les émeutes, la pauvreté
01:34:56 ça n'explique pas une dignité,
01:34:58 la pauvreté ça n'exclut
01:35:00 pas le civisme, la
01:35:02 pauvreté ça n'exclut pas la
01:35:04 citoyenneté, quand vous voyez que
01:35:06 aujourd'hui il y a une jeunesse
01:35:08 au grand jour d'ailleurs, tout à l'heure j'ai
01:35:10 encore entendu quelque chose qui m'a frappé, mais
01:35:12 c'est peut-être l'homme du terrain qui parle,
01:35:14 on a dit ingéniosité
01:35:16 vis-à-vis de, vous voyez,
01:35:18 l'engin de chantier pour
01:35:20 en attaque le commissariat Drony
01:35:22 sous bois, mais moi je ne
01:35:24 parlerai pas d'ingéniosité,
01:35:26 je me dirais mais quel potentiel ils ont ces gens-là,
01:35:28 on aurait peut-être
01:35:30 dû utiliser cette potentialité,
01:35:32 cette énergie pour les faire
01:35:34 plutôt citoyens, peut-être
01:35:36 leur apprendre l'autorité,
01:35:38 l'autorité c'est quelque chose de très bien, c'est émancipateur,
01:35:40 c'est très émancipateur, alors peut-être
01:35:42 que l'autorité et la fermeté,
01:35:44 pardonnez-moi, l'autorité et plus
01:35:46 de fermeté aussi, est-ce que ces jeunes
01:35:48 ont manqué visiblement en tout cas
01:35:50 de fermeté ? Il n'y a pas que l'État, il y a les familles
01:35:52 aussi. Alors oui,
01:35:54 de la part de l'État et des familles aussi.
01:35:56 Oui, mais
01:35:58 la fermeté, je ne sais pas ce que c'est,
01:36:00 l'autorité en revanche je sais,
01:36:02 c'est bonjour maman, bonjour papa,
01:36:04 monsieur le directeur,
01:36:06 mes respects, est-ce que je peux rentrer ?
01:36:08 Madame la CPE, toc toc, est-ce que je peux
01:36:10 aller ? Est-ce que
01:36:12 je peux sortir monsieur ? Non ?
01:36:14 Ça s'appelle l'équité,
01:36:16 ce n'est pas l'égalité, on parle beaucoup d'égalité,
01:36:18 c'est l'équité, je suis face à
01:36:20 un directeur, je suis étudiant,
01:36:22 peut-être qu'il faudrait mettre
01:36:24 des moyens pour lui expliquer qu'aujourd'hui
01:36:26 il est étudiant, donc il faut
01:36:28 l'écouter. Alors ça commence toujours par là,
01:36:30 et je terminerai par là, vous avez parlé
01:36:32 des parents, le président de la République
01:36:34 est très bien inspiré, Alain Bauer hier
01:36:36 disait à la télé
01:36:38 qu'il faudrait faire descendre
01:36:40 les parents, mais il a totalement raison,
01:36:42 il est très bien inspiré, parce que les adultes
01:36:44 dont il fait
01:36:46 part et il fait mention,
01:36:48 on parle de la parentalité,
01:36:50 allez voir ce que c'est l'éducation populaire,
01:36:52 on met énormément d'argent dedans,
01:36:54 vous avez un élu à côté de vous, il vous
01:36:56 l'expliquera, la
01:36:58 parentalité est un mot
01:37:00 qui cache la montagne,
01:37:02 mais peut-être la parentalité,
01:37:04 il est là, il faudrait peut-être
01:37:06 valoriser les parents, vous savez,
01:37:08 je prends un exemple,
01:37:10 et pourtant on m'en parle souvent,
01:37:12 les mamans d'origine africaine,
01:37:14 les parents d'Afrique,
01:37:16 pour moi, elles sont plutôt déjà françaises,
01:37:18 il faut peut-être les valoriser, il y a des médailles
01:37:20 de la sécurité, de la famille,
01:37:22 etc., les faire venir
01:37:24 de leur endroit,
01:37:26 de leur endroit,
01:37:28 de l'Ange, peut-être qu'un jour,
01:37:30 dans les halls de mairie,
01:37:32 avec la marseillaise, etc.,
01:37:34 il faut changer le regard des
01:37:36 enfants vers leur mère,
01:37:38 de la mère vers leurs enfants,
01:37:40 parce que aujourd'hui, cette parentalité
01:37:42 qui ne s'exprime pas, ces jeunes-là
01:37:44 qui se trouvent dans la rue,
01:37:46 il y a un problème, mais ce problème-là,
01:37:48 il est en amont, et nous ne l'avons pas traité.
01:37:50 Et ce que vous allez voir, dans les
01:37:52 mois à venir, quand nous allons parler
01:37:54 de l'après-feu, on va
01:37:56 reconstruire, etc.,
01:37:58 - Merci à vous, pardonnez-moi,
01:38:00 on doit retrouver Trina Magdine pour
01:38:02 faire un point sur les dernières actualités,
01:38:04 en tout cas, un grand merci d'avoir
01:38:06 témoigné sur notre antenne ce soir,
01:38:08 merci nous, Audeen Aboulhoussen,
01:38:10 et je rappelle, vous êtes le fondateur
01:38:12 et président de l'association
01:38:14 "Laissez-les servir", il est
01:38:16 22h40, passé de 3 minutes,
01:38:18 on a un petit peu perdu de temps pour
01:38:20 faire un point sur les dernières
01:38:22 informations, c'est avec vous, Trina Magdine.
01:38:24 À vous, Trina.
01:38:26 - Après la marche blanche,
01:38:28 les obsèques de Naël se tiendront
01:38:30 demain, le jeune homme de 17 ans a été
01:38:32 tué un enterre mardi par un tir policier
01:38:34 après un refus d'obtempérer,
01:38:36 ce qui a provoqué de nombreuses émeutes
01:38:38 depuis dans toute la France, le maire
01:38:40 de Nanterre a apporté son soutien à la famille
01:38:42 de la victime.
01:38:44 Des émeutes ont éclaté ce vendredi dans le
01:38:46 centre-ville de Strasbourg, un magasin
01:38:48 Apple a été vandalisé et pillé en plein
01:38:50 jour, d'après les premiers éléments,
01:38:52 une cinquantaine d'individus sont entrés
01:38:54 et ont emporté tout, les téléphones
01:38:56 qui étaient exposés, au moins 11 personnes
01:38:58 ont été interpellées selon le ministère
01:39:00 de l'Intérieur.
01:39:02 Et puis, Eric Dupont-Moretti demande une réponse
01:39:04 à la question.
01:39:06 Le conflit de ferme est systématique à l'encontre
01:39:08 des auteurs des violences urbaines, y compris
01:39:10 à l'égard des mineurs et de leurs parents.
01:39:12 Le garde des Sceaux a rappelé la possibilité
01:39:14 de contrôler les identités et les véhicules
01:39:16 même en l'absence de comportements
01:39:18 suspects.
01:39:20 Merci à vous Trina Magdine pour ces dernières
01:39:22 informations. Et je vous le dis, la situation
01:39:24 est très tendue à Marseille en ce moment
01:39:26 avec des violences, des pièges qui ont
01:39:28 eu lieu, 80 interpellations,
01:39:30 mais également
01:39:32 d'autres informations qui vous parviennent
01:39:34 à l'instant Jean-Christophe Kouvis.
01:39:36 Oui, je suis le journaliste là.
01:39:38 Non, non, j'ai mes collègues qui me font remonter
01:39:40 effectivement qu'à Marseille
01:39:42 dans le 3ème arrondissement, il y a des
01:39:44 habitations de pompiers qui sont faits
01:39:46 saccagés. Et donc,
01:39:48 on a une interpellation, on se dit
01:39:50 "mais alors quand on s'en prend aux pompiers, là on n'est plus dans
01:39:52 la vengeance du jeune Nahel, là c'est vraiment
01:39:54 autre chose, c'est vraiment du n'importe quoi
01:39:56 parce qu'en fait c'est tout ce qui ressemble, j'allais dire
01:39:58 effectivement à l'État.
01:40:00 Et encore une fois, les pompiers,
01:40:02 ils y sont vraiment pour rien et leur famille encore moins.
01:40:04 Voilà, donc c'est une information effectivement qui sera
01:40:06 à vérifier, on y verra un peu plus clair demain.
01:40:08 Mais nous, ça nous choque beaucoup
01:40:10 aussi et on voit bien qu'il n'y a pas
01:40:12 de... voilà, je veux dire
01:40:14 c'est un amalgame de tout en fait.
01:40:16 Et c'est pas que une partie qui est visée,
01:40:18 c'est tout le monde et
01:40:20 moi ça m'interpelle beaucoup
01:40:22 ça, d'attaquer des pompiers.
01:40:24 Et vous l'aviez,
01:40:26 une information également,
01:40:28 à vérifier concernant ces pompiers
01:40:30 qui auraient été pris
01:40:32 à partie à Marseille,
01:40:34 situation très tendue car il y a un abri.
01:40:36 Et on le voit effectivement, les pompiers
01:40:38 très mobilisés pour
01:40:40 éteindre les différents feux, ils étaient
01:40:42 très nombreux, notamment hier soir.
01:40:44 Et pourtant les pompiers, eux aussi,
01:40:46 pris à partie et c'est là où on marche complètement
01:40:48 sur la tête et on ne comprend plus rien.
01:40:50 - Oui, c'est ça. Puis on voit que ça n'a plus aucun rapport
01:40:52 maintenant avec une justice
01:40:54 pour Nahel, ça a été un peu
01:40:56 le slogan, la justice pour Nahel.
01:40:58 Il y a une enquête bien sûr qui est en cours,
01:41:00 il y a le policier
01:41:02 qui a été donc,
01:41:04 en ce moment pour le dossier homicide volontaire
01:41:06 qui est maintenant en détention
01:41:08 provisoire, donc on voit que ça n'a même plus
01:41:10 rapport avec ça. On voit qu'on se sert
01:41:12 de ce prétexte maintenant pour
01:41:14 entrer profondément dans une crise,
01:41:16 pour certains, ça va justifier
01:41:18 toutes les violences, on veut pratiquement faire un martyr
01:41:20 pour se dire après qu'on peut faire n'importe quoi.
01:41:22 Parce que c'est au nom de cette cause
01:41:24 alors que finalement, non, ce n'est pas
01:41:26 pour la justice, pour Nahel. Donc c'est vraiment
01:41:28 se laisser à ses bas instincts
01:41:30 de violence et vraiment
01:41:32 d'exulter vraiment
01:41:34 dans tous ces gestes qu'on constate.
01:41:36 Et oui, donc quand on attaque des pompiers qui sont là
01:41:38 pour aider, on est rendu vraiment,
01:41:40 on a encore une fois fait basculer,
01:41:42 on a fait céder des digues
01:41:44 comme on dit de notre civilisation,
01:41:46 littéralement, moi je trouve ça absolument déplorable.
01:41:48 Et la prochaine étape,
01:41:50 on ne veut pas se rendre là, mais je veux dire,
01:41:52 quand il y a des violences comme ça,
01:41:54 quand il y a des feux, quand il peut y avoir des incendies,
01:41:56 quand il peut y avoir des tirs de mortier
01:41:58 ou quoi que ce soit, il peut y avoir des blessés
01:42:00 très graves, il peut même y avoir des morts.
01:42:02 Donc ça va être ça la justice
01:42:04 pour Nahel finalement, que quelqu'un
01:42:06 en finisse par payer de sa vie.
01:42:08 Donc moi je trouve ça très inquiétant
01:42:10 et effectivement,
01:42:12 cette contagion qu'on voit un petit peu
01:42:14 partout à travers le pays. - Et vous le voyez
01:42:16 sur ces images en direct du côté de Châtelet,
01:42:18 cette situation très tendue à Paris,
01:42:20 François Bucconi ? - Non, pour aller dans le même sens.
01:42:22 Le problème, c'est qu'effectivement,
01:42:24 il y a une partie de la jeunesse maintenant
01:42:26 qui dit "on est discriminés,
01:42:28 on vit dans ces quartiers,
01:42:30 on ne nous considère pas, on ne nous considère pas
01:42:32 comme des Français" et lorsqu'il y a un événement
01:42:34 comme la mort de Nahel,
01:42:36 et bien c'est l'excuse pour dire
01:42:38 "ben voilà, on a le droit un, de se venger,
01:42:40 deux, de se servir" parce que de toute façon,
01:42:42 on nous est redevables, on nous doit quelque chose
01:42:44 et donc on a le droit de le prendre parce qu'en fait
01:42:46 c'est à nous, on ne nous l'a jamais donné, donc on va le prendre par nous-mêmes.
01:42:48 Et le discours
01:42:50 que véhiculent certains de ces jeunes
01:42:52 qui sont, je répète, minoritaires dans ces quartiers
01:42:54 parce que là, ils sont en train de stigmatiser
01:42:56 toute une jeunesse de ces quartiers qui est exemplaire,
01:42:58 qui ne pose pas de problème, mais qu'à critérie,
01:43:00 ils brûlent le magasin de leurs parents, les voitures,
01:43:02 les bus, enfin c'est n'importe quoi,
01:43:04 parce que la grande majorité des jeunes de ces quartiers,
01:43:06 ils restent chez eux, ils ne participent pas de ça.
01:43:08 Le problème, c'est qu'ils ont un discours qui est le suivant,
01:43:10 ils se sont convaincus
01:43:12 depuis des années que pour avoir,
01:43:14 il fallait casser,
01:43:16 qu'ils n'obtiendraient rien normalement.
01:43:18 - Mais là, qu'est-ce qu'ils veulent obtenir ?
01:43:20 - Là, c'est rien, c'est "je vais voler, j'ai pris,
01:43:22 j'ai montré que c'est moi le patron, je tape sur la police,
01:43:24 j'attaque les institutions
01:43:26 parce que je suis le chef, parce que je suis le patron,
01:43:28 parce que je suis chef, ça il me prend un portant".
01:43:30 - On va aller retrouver
01:43:32 notre envoyé spécial
01:43:36 à Paris,
01:43:38 vous le voyez avec une situation qui se tend.
01:43:40 - On est dans les Halles.
01:43:42 - On est dans les Halles et c'est là où la nuit dernière,
01:43:44 il y avait eu des vitrines,
01:43:46 des pillages et des vitrines brisées.
01:43:48 Quelle est la situation ?
01:43:50 On voit des forces de l'ordre courir.
01:43:52 C'est une situation
01:43:54 assez tendue, visiblement.
01:43:56 - Oui, effectivement, on est arrivé au niveau des Halles,
01:44:02 du châtelet des Halles à Paris,
01:44:04 au cœur de la ville.
01:44:06 Et ici, plusieurs groupes
01:44:08 d'individus étaient présents
01:44:10 face aux forces de l'ordre.
01:44:12 Nous n'étions pas là,
01:44:14 donc je ne peux pas vous dire ce qui s'est passé en amont,
01:44:16 mais ça semblait être tendu.
01:44:18 Et les forces de l'ordre
01:44:20 se sont donc organisées
01:44:22 pour interpeller
01:44:24 certains individus qui,
01:44:26 du coup, tentaient
01:44:28 d'éviter ces groupes
01:44:30 de forces de l'ordre au niveau des Halles.
01:44:32 Donc, cachés
01:44:34 dans ce labyrinthe qu'on connaît
01:44:36 de ce centre commercial.
01:44:38 Plusieurs
01:44:40 équipes de forces de l'ordre
01:44:42 sont déployées
01:44:44 dans tout le centre commercial.
01:44:46 On a pu également voir des équipes
01:44:48 de la BRAV qui sont passées
01:44:50 au niveau des Halles
01:44:52 de Paris. Et pour l'instant,
01:44:54 le cas me semble être revenu
01:44:56 au niveau de châtelet.
01:44:58 - Merci
01:45:00 beaucoup pour ces précisions.
01:45:02 Et on sent Jean-Christophe Couvy.
01:45:04 Et effectivement,
01:45:06 il est 23h50,
01:45:08 on est au minuit et on arrive
01:45:10 aux horaires compliqués.
01:45:12 En tout cas, les forces de l'ordre
01:45:14 sont sur le qui-vive puisque
01:45:16 les rendez-vous se sont donnés assez tardivement
01:45:18 comme la nuit dernière.
01:45:20 - Oui, on le sait, ça arrive à des heures
01:45:22 vraiment avancées dans la nuit.
01:45:24 Les Halles, c'est un lieu aussi de rendez-vous,
01:45:26 de plein de
01:45:28 "banlieues" de jeunes
01:45:30 qui viennent, qui se croisent, qui vont faire leurs courses.
01:45:32 Donc en fait, ils connaissent bien aussi les lieux.
01:45:34 Et pour eux,
01:45:36 en fait, je pense que c'est vraiment
01:45:38 une image. Les Halles, c'est vraiment
01:45:40 leur endroit.
01:45:42 Quand vous allez vous balader toute la journée,
01:45:44 c'est multiculturel, vous voyez plein de gens,
01:45:46 plein de jeunes qui se croisent.
01:45:48 Et en fait, c'est touristique. - Ils se croisent dans de plusieurs lignes.
01:45:50 - Et de lignes de RER. - Grandes lignes de RER, de banlieues.
01:45:52 - Et c'est ça. Et donc c'est pour ça que c'est des points centraux.
01:45:54 Tout comme d'ailleurs les Champs-Elysées, avec le rond-point des Champs,
01:45:56 où effectivement, c'est des lignes qui se croisent.
01:45:58 Donc voilà.
01:46:00 Encore une fois, c'est un révélateur.
01:46:02 Ils viennent ici, ils viennent péter,
01:46:04 ils viennent faire leur marché,
01:46:06 et ils repartent chez eux en se filmant sur Snapchat
01:46:08 et en disant "ouais, wesh wesh,
01:46:10 on a dégommé ci, on a fait ça".
01:46:12 Et c'est vraiment barbant. Parce qu'en fait,
01:46:14 comme je vous disais tout à l'heure, c'est toujours
01:46:16 l'escalade, l'escalade, l'escalade, et on ne sait pas jusqu'où on va s'arrêter.
01:46:18 - Après, il y a une solution... - Et ça sera le mot de la fin, François Fibon.
01:46:20 - Il y a une solution, enfin, j'y pense.
01:46:22 Il y a beaucoup de jeunes qui ont décidé,
01:46:24 bien sûr, de ne pas tomber dans la délinquance,
01:46:26 mais qui fondent la politique.
01:46:28 Parce qu'ils disent "nous, on veut exister,
01:46:30 je veux présenter l'exemple,
01:46:32 en particulier à une association à Villers-Belles,
01:46:34 Ma Voix, Ma Vie, qui fait un travail extraordinaire,
01:46:36 c'est "on veut exister, on va aux élections,
01:46:38 on va respecter les institutions,
01:46:40 et on va prendre notre décembre".
01:46:42 Et ça, je pense que cette voie-là, c'est la bonne.
01:46:44 - François Puponi, merci.
01:46:46 Merci, Karim Abric, merci,
01:46:48 Philippe Guibert, merci, Julie Devin-Traub,
01:46:50 merci, Jean-Christophe Couilly.
01:46:52 L'actualité continue sur CNews. Dans un instant,
01:46:54 Olivier Benkemoun et les équipes sur le terrain
01:46:56 suivent au plus près la situation.
01:46:58 On vous le disait, on l'a suivi tout au long de cette soirée.
01:47:00 La situation est tension à Marseille,
01:47:02 80 interpellations.
01:47:04 À Paris, la situation qui se tend.
01:47:06 Restez avec nous sur CNews pour suivre
01:47:08 toute cette actualité.
01:47:10 Dans un instant, Olivier Benkemoun
01:47:12 et ses invités en direct cette nuit
01:47:14 pour vous faire vivre au plus près
01:47:16 les événements.
01:47:18 Restez avec nous sur CNews.
01:47:20 A très vite.
01:47:22 Les événements, restez avec nous sur CNews, à très vite.
01:47:25 [Musique]