SMART BOURSE - Planète marché(s) du mercredi 12 juillet 2023

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Mercredi 12 juillet 2023, SMART BOURSE reçoit Sebastian Paris Horvitz (Directeur de la recherche, LBP AM) , Xavier de Buhren (Directeur des investissements, Otea Capital) et Aymeric Diday (Directeur de la gestion, Pergam)

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00:00 (Générique)
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète, marché.
00:14 Emeric Didet avec nous, le directeur de la gestion de Pergam. Bonsoir Emeric.
00:17 - Bonsoir Grégoire. - Merci beaucoup d'être là. Merci à Xavier de Buren d'être avec nous également. Bonsoir Xavier.
00:21 - Bonsoir Grégoire. - Vous êtes le directeur des investissements d'OTA Capital et Sébastien Paressorwitz à nos côtés également ce soir. Bonsoir Sébastien.
00:28 - Bonsoir. - Ravi de vous retrouver. Vous êtes le directeur de la recherche de LBP AM.
00:33 Commençons par l'inflation. C'était le jour de publication du CPI américain, l'indice des prix à la consommation pour le mois de juin qui marque à nouveau un mois de détente.
00:45 3% d'inflation globale sur un an en juin, 4,8% pour l'inflation sous-jacente.
00:50 Quand on regarde les choses en séquentielle, mois après mois, on voit quand même que la progression des prix commence vraiment à être de plus en plus limitée,
00:59 y compris dans les parties les plus chaudes encore de l'économie américaine, à savoir la partie des services.
01:05 À partir de quand est-ce que la Fed se sentira suffisamment confortable pour proclamer la fin de la lutte contre l'inflation excessive Sébastien ?
01:14 - Personne ne le sait en fait. Quand la Fed va s'arrêter, nous on a un pronostic. Ce pronostic c'est que la dernière hausse de ce cycle de hausse c'est en juillet avec 25 points de base.
01:27 Le problème, commençons par la bonne nouvelle. C'est quand même une bonne nouvelle de voir l'inflation baisser et cette tendance c'est quand même plutôt favorable.
01:38 Et surtout sur la partie cœur, c'est la première fois depuis très longtemps qu'on a une inflation qui passe même en dessous de 0,2, c'est 0,16 la baisse d'un mois sur l'autre.
01:47 Et c'est une bonne nouvelle au niveau de l'inflation cœur. Il n'empêche qu'il ne faut pas créer victoire. L'inflation en glissement annuel est à 4,8%, c'est-à-dire bien plus que le double de ce qui est la cible d'inflation de la Fed.
02:01 Et les effets de base très positifs qu'on a eu depuis plusieurs mois vont s'estomper. Ce qui fait que l'inflation totale elle, qui a baissé à 3%, comme le disait Alex tout à l'heure, en fait ce chiffre pour nous va être le plus bas de l'année.
02:17 A partir de maintenant, on devrait avoir des chiffres en tous les cas pour cette contribution très forte de l'inflation, des effets de base, l'énergie, les matières premières, pas mal de biens.
02:30 C'est un peu fini, c'est un peu fini comme vous le disiez. Ça y est, c'est moins fort que ce qu'on voyait jadis et surtout au cours du début de l'année.
02:41 Ce sera-t-il encore plus bas que 3% de l'inflation globale ?
02:44 Pour cette année, pour cette année. Nous, on continue à voir l'inflation continuer à décélérer. Et les questions qu'on se pose et tout le monde se pose, peut-être pas tout le monde, mais en tous les cas nous on se pose, c'est qu'est-ce qui a fait que l'inflation est repartie ?
02:57 Donc évidemment, les détentements, les détanglements, les effets qui étaient transitoires. Et la question est-ce qu'on n'a pas réveillé des mécanismes d'inflation classiques ?
03:08 Les gens se mettent à monter les prix, d'autres les montent et ça crée une dynamique. Et surtout, si on regarde les sous-jacents de qu'est-ce que fait ou qu'est-ce qu'oblige une entreprise à monter ses prix, finalement ses coûts, on a plus ou moins de coûts pour les matières premières, restent les salaires.
03:23 Et les salaires, quelle que soit la zone, c'est pas qu'aux Etats-Unis, continuent à progresser très vite. On a eu dans le rapport emploi aux Etats-Unis, 4,4% en glissement annuel, ça ne bouge plus depuis 3 mois.
03:36 On est à 4,4%, évidemment, 4,4%, Powell, les recherches de la Fed disent, avec ce chiffre-là, vu les gains de productivité qu'on fait, on peut pas aller à 2%.
03:47 Il faudrait que ça se calme. Or, le marché de l'emploi reste très fort. Donc, sur ce côté-là, la Fed continuera à avoir ce discours.
03:55 Attention, peut-être tout ça c'est bien, mais on a ce doute, est-ce que c'est suffisant pour ramener l'inflation plus bas ?
04:02 Il n'empêche qu'avec ces bonnes nouvelles, prendre plus de risques, de faire que l'économie américaine lâche et se mette en récession violente, c'est un risque que Powell, je pense, lui-même, ne prendra pas.
04:15 C'est pour ça que nous, on a cette limite, mais on voit bien que le risque et que les mécanismes qui se sont réveillés, et notamment ces salaires qui se maintiennent très élevés, font que c'est pas évident.
04:28 C'est pas évident parce qu'on n'a pas vu depuis plus de 20 ans, 30 peut-être, on n'avait pas vu ces mécanismes revenir.
04:36 Donc il y a certains qui ne croient pas, certains qui pensent qu'il n'y a que des effets transitoires, des effets d'offre, et c'est fini l'inflation, il y a des éléments séculaires qui poussent l'inflation vers le bas.
04:46 Est-ce qu'on peut au moins écarter l'idée que ramener l'inflation sous les 3% pour l'inflation globale peut se faire sans ce que les anglo-saxons appellent un sacrifice ratio trop important ?
04:58 C'est-à-dire l'idée qu'il va falloir quand même sacrifier beaucoup d'emplois et beaucoup de monde sur le marché du travail pour revoir un chiffre autour de 2%.
05:07 Est-ce que cette idée un peu sacrificielle qui a été vendue à un moment quand même par Jérôme Poel lui-même, est-ce que cette idée-là on peut l'écarter ?
05:14 On a un taux de chômage à 3,6% qui bouge assez peu depuis plusieurs mois et plusieurs trimestres maintenant, quand l'inflation, y compris l'inflation cœur des services, elle, continue de baisser.
05:25 On est encore dans ce phénomène de désinflation sans impact sur le marché du travail.
05:31 Nous on n'y croit pas. Ça serait un petit peu le poisson volant, on n'y croit pas.
05:35 Maintenant, est-ce que la récession doit être très forte ? Est-ce que le nombre de points de hausse du chômage pour obtenir cette accélération du salaire...
05:42 Oui, c'est ça. Quel niveau de sacrifice ?
05:44 Et ce niveau de sacrifice en fait, aujourd'hui, nous on le voit faible.
05:47 Mais peut-être on se trompe parce que, j'imagine, Grégoire vous faites référence à l'histoire.
05:51 Et l'histoire nous dit que dans ces phases-là de surchauffe, il faut que le taux de chômage monte beaucoup pour que ça baisse.
05:58 Et plutôt dans les 3, voire 6 points, évidemment dans la récession très dure, ça a été beaucoup plus.
06:03 Si on se refait à la période des années... au début des années 80 ou à la fin des années 70, on a eu des hausses du chômage extrêmement fortes.
06:14 Nous, on ne croit pas que c'est vers là qu'on va.
06:17 Mais on voit, nous en tout cas en prévision, pour que ça marche, il faut quand même que ça monte.
06:22 Monsieur Powell pense que non.
06:25 Lui, c'est un des seuls qui pense qu'on peut passer entre les gouttes.
06:29 Et donc, pas de récession.
06:31 Les chiffres pour l'instant sont des chiffres qui font que l'économie américaine résiste, l'emploi résiste.
06:36 Est-ce que ça va être magique ou pas ?
06:39 Nous, on est très mauvais en magie et donc on n'arrive pas à y croire.
06:44 Il n'empêche que la réalité a été plus forte.
06:47 Il y a eu des chocs favorables. L'énergie a été un choc favorable.
06:50 De revenus pour les ménages. L'emploi...
06:53 C'est 20% de baisse sur un an, les prix de l'énergie aux Etats-Unis.
06:55 Et donc, c'est un effet de point d'achat.
06:58 Et la même chose en Europe. On parle beaucoup aux Etats-Unis.
07:00 La même chose en Europe qui a permis à la consommation de tenir moins que aux Etats-Unis.
07:04 Et on voit bien que les choses deviennent un peu plus difficiles pour l'Europe.
07:08 Bon, Emric, vos commentaires. 3% d'inflation, 3,6% de taux de chômage.
07:13 On aura plus de 2% de croissance trimestrielle annualisée au T2 aux Etats-Unis.
07:18 C'est quasiment certain aujourd'hui. On a eu quand même l'ensemble des données sur le deuxième trimestre.
07:22 J'imagine que ça reste quand même une photographie assez enviable.
07:27 Mais c'est totalement la bonne nouvelle.
07:29 La bonne nouvelle du jour, c'est qu'on a une confirmation claire
07:34 que les mouvements extrêmement violents qu'ont pratiqué les présidents de Banque Centrale et particulièrement la Fed,
07:39 puisqu'ils l'ont fait très rapidement par rapport à la BCE,
07:42 ont aujourd'hui un impact très clair sur l'économie et ont permis d'évacuer tous les scénarios noirs.
07:48 Ça, c'est vraiment le signe qu'on a l'impression de toucher aujourd'hui.
07:54 On évacue les scénarios catastrophiques qu'on a pu lire partout en début d'année.
07:58 Donc déjà, ça, c'est une bonne nouvelle.
08:00 Savoir s'il y aura petite récession, si l'emploi va bien.
08:03 C'est évacué ou c'est reporté ?
08:05 Non, pour le moment, c'est quand même assez évacué.
08:07 Parce que l'économie tient relativement bien.
08:09 L'inflation nous prouve que ça continue à baisser.
08:12 Donc ça aussi, c'est quand même des signes qui ne trompent pas.
08:14 On est soutenu, certes, par des facteurs exogènes, les matières premières, ce genre de choses.
08:18 Très bien. On a consommé énormément d'épargne aux États-Unis pour faire soutenir l'économie.
08:23 Très bien aussi.
08:24 Ce sont des soutiens qui ont été extrêmement puissants,
08:28 tout comme l'économie américaine sait nous donner ce genre d'éléments
08:32 dans les périodes de crise.
08:33 Et là, ça a particulièrement bien fonctionné,
08:36 avec un système bancaire qui a montré ses limites
08:39 et qui a forcé les banquiers centraux à ne pas aller trop loin non plus.
08:42 Donc ça, c'est aussi un élément qui produit aussi des bonnes choses aujourd'hui sur les chiffres.
08:50 Parce que finalement, on a monté les taux très vite, très fort.
08:54 Mais on sait aujourd'hui qu'on arrive à la fin de cette période-là.
08:58 Donc aujourd'hui, on commence déjà au niveau des investisseurs.
09:00 Et les marchés nous prouvent assez bien sur cette séance
09:03 qu'on essaie de regarder ce qui va se passer après.
09:05 Donc là, c'est plutôt des signes avant-coureurs
09:09 d'une transmission des décisions de la Banque centrale jusque dans l'économie
09:14 de façon assez bien organisée.
09:17 Et au final, ça a l'air de plutôt bien se passer.
09:20 Maintenant, évidemment, le scénario n'est pas idyllique à ce point-là.
09:27 Après trois ans de choc historique, oui.
09:29 Il y a quand même plein de petits phénomènes qui peuvent aujourd'hui revenir sur le devant de la scène.
09:37 L'inflation ne va pas redescendre en dessous de 2% immédiatement, ça faut être très clair.
09:42 Et l'emploi est quand même très fragile.
09:45 C'est la donnée qui aujourd'hui va être quasiment plus regardée que les données d'inflation.
09:50 Donc là aussi, tout n'est pas gagné.
09:54 En tout cas, tant aux États-Unis qu'en Europe.
09:56 En plus, on n'a pas fini la guerre en Europe.
09:58 Il y a encore beaucoup de sujets géopolitiques entre la Chine et les États-Unis.
10:01 Parce que dès qu'on a des améliorations économiques, comme par hasard, on a un arrêt d'urgence.
10:05 C'est le moment où les tensions peuvent reprendre.
10:06 Des tensions.
10:07 Mais au final, pour le moment, savourons un tout petit peu les bonnes données économiques.
10:11 Parce que ça justifie aux investisseurs de rester investis.
10:16 On peut, Xavier, profiter d'un moment de soulagement, comme on le voit aujourd'hui sur les marchés.
10:21 Ou est-ce que c'est au moment où tout le monde évacue les scénarios de hard landing de l'économie américaine
10:27 qu'il faut peut-être se remettre un peu en mode vigilance ?
10:31 Sachant, encore une fois, les hausses de taux ont démarré il n'y a même pas 18 mois.
10:35 C'était mars 2022 pour la première hausse de taux.
10:38 Et tous les académiques nous expliquent qu'on n'a pas vu encore le plein effet
10:41 des 500 points de base et quelques de hausses de taux délivrés par la Fed.
10:45 Les effets sont encore aussi devant nous, d'une certaine manière.
10:48 Si on prend un peu de recul, ce n'est pas tellement les effets sur l'économie qui font varier les marchés.
10:55 C'est l'anticipation qu'on va avoir.
10:57 On a vu avec ces marches très hautes et très rapides de remonter des taux,
11:01 c'est ça ce que le marché a regardé, il s'est ajusté en fonction.
11:05 Là, ce qu'on constate également, et le marché a déjà bien retracé depuis le début de l'année,
11:11 alors si on regarde les économistes, les stratégistes qui étaient tous extrêmement noirs en début d'année
11:18 à voir cette récession que tout le monde attendait qui n'est pas là,
11:21 sont effectivement en train de changer de braquet, de retourner leur veste
11:26 par rapport à ces données macroéconomiques qui sont très bonnes.
11:30 Parce que ce qu'on constate, c'est que le pari de la Fed est gagné aujourd'hui,
11:34 à savoir faire ralentir la croissance économique, faire descendre l'inflation
11:39 et avec un marché de l'emploi qui tient très bien et une consommation qui tient.
11:44 Donc ça c'est quand même un travail qui est assez remarquable vu le délai très rapide avec lequel c'est fait
11:51 et avec ces marches qui sont très hautes.
11:55 Ce qui est très important, je pense, c'est la pause qu'on a sur le resserrement monétaire.
12:01 Vous l'avez dit, ça a commencé il y a 18 mois, mais on a fait 95% voire 99% du chemin
12:07 et il faut se projeter devant, même pas anticiper une baisse des taux,
12:14 mais si on a un plateau, ça, une stabilité, une normalisation,
12:19 ça c'est très important pour les investisseurs et une normalisation aussi de l'inflation.
12:24 Pour revenir sur l'inflation, il faut un niveau sans doute normatif d'inflation,
12:28 il est plutôt à 3% qu'à 2%.
12:31 Il y a un grand débat sur ce pivot de 2% qui est retenu par les banques centrales.
12:37 Pour moi, la vérité n'est pas à 2%.
12:40 Il y aurait peut-être une chose assez simple qui pourrait être faite par les banques centrales,
12:43 c'est de remonter ce taux cible éventuellement à 3% avec un environnement de taux qui est normalisé
12:49 et avec une croissance économique qui tient plutôt correctement.
12:53 Donc ça, c'est des éléments qu'il faut prendre en compte.
12:56 Effectivement, le marché, et on le voit sur les séances d'aujourd'hui,
13:01 se dit effectivement qu'on est sur un changement.
13:05 On a de la visibilité un peu.
13:09 Il y a pas mal d'anticipation, il faut savoir aussi que tous les investisseurs n'étaient pas investis dans le marché,
13:15 donc là, il y a pas mal de gens qui prennent le train en marche.
13:20 Et un élément d'un point de vue micro qui va être très important, c'est les publications
13:25 du deuxième trimestre, donc ça commence là.
13:28 Évidemment, c'est la troisième semaine du mois de juillet où on a 50% du stock 600
13:33 et séparé sur le S&P 500 qui va publier, donc ça va être très chargé.
13:37 Ce qu'on a constaté sur les publications du premier trimestre,
13:41 là aussi, il y avait des scénarios qui étaient très négatifs en disant que les marches
13:45 pouvaient pas continuer à augmenter, qu'on allait avoir un impact sur la croissance des ventes
13:50 avec cette récession que les gens anticipaient.
13:53 Et au final, on a eu 11% de hausse des bénéfices par action après les publications du T1.
13:58 Donc là, l'enjeu des publications du deuxième trimestre, ça va être les commentaires sur la deuxième partie de l'année.
14:07 Et à mon avis, ça vaut la peine de laisser passer ces publications de résultats pour repartir
14:15 avec les bons élèves qui vont montrer qu'ils arrivent à maintenir des niveaux de marge élevés,
14:20 des niveaux de génération de trésorerie importante.
14:26 Et faire le tri avec d'autres entreprises qui, eux, ont peut-être moins de pricing power,
14:33 de pouvoir de fixation de prix.
14:35 Parce qu'il faut bien faire la part des choses entre le fait de passer les hausses de prix qu'on subit
14:40 et du vrai pouvoir de fixation de prix.
14:43 Donc voilà, la publication à venir va être vraiment importante, je pense, pour la poursuite du mouvement.
14:50 Et on risque d'avoir une divergence en termes de performance à partir de ces publications.
14:54 – Sur l'inflation, Sébastien, la nouvelle normalité de l'inflation,
14:59 quand est-ce qu'on la jaugera le mieux ?
15:04 On est encore dans des phénomènes un peu post-Covid, avec des phénomènes d'inertie,
15:10 il y a encore un peu d'épargne excessive chez les ménages américains, etc.
15:14 Est-ce que la nouvelle normalité de l'inflation,
15:17 qui permettra peut-être aux banques centrales d'ailleurs de réfléchir, à ajuster une cible,
15:21 c'est quand même un débat qui court au moins dans le monde académique aujourd'hui,
15:25 et sans doute au sein des banques centrales,
15:27 même si elle reste catégorique sur l'idée que la cible ne bougera pas à ce stade.
15:30 Mais est-ce que c'est pour 2024 ?
15:32 – Je pense qu'il y a plusieurs sujets.
15:35 Si on traite d'abord ce sujet académique,
15:38 en fait il vaut mieux avoir une cible plus élevée que celle qu'on a aujourd'hui, que 2%.
15:44 Et la raison, elle est presque technique.
15:47 C'est Blanchard qui avait proposé il y a longtemps,
15:50 on était à la tête de la recherche du FMI, c'était le chief économiste du FMI,
15:55 il avait proposé 4, et aujourd'hui il a changé, il propose 3.
15:59 – Ça c'est quand on était à 1 d'inflation,
16:01 c'est quand on était dans la grande stagnation séculaire.
16:03 – Mais justement, lui il se projetait, on sort de ça à un moment donné,
16:07 évidemment ça a mis beaucoup de temps, mais il pensait qu'on allait sortir de ça.
16:11 Et pourquoi il disait ça ?
16:13 C'est qu'il disait que la façon dont on a traité le sujet
16:17 crée beaucoup de problèmes,
16:20 et donc notamment le fait d'injecter de la liquide dans l'économie,
16:23 même si on sait que ça peut marcher, ça peut créer beaucoup de distorsions, des bulles,
16:28 et on a vu que l'argent n'est pas allé forcément partout où il fallait.
16:32 Et donc aujourd'hui il vient sur 3, et pourquoi sur 3 ?
16:35 Parce qu'il s'est aperçu que quand on demandait aux gens
16:38 "Qu'est-ce qui vous pensait sur 4 ?" et ça faisait trop de bruit,
16:41 et il s'est dit "C'est peut-être pas bien, 3 c'est mieux".
16:43 – 4 ça marque les esprits, 3 entre 3 et 2, on ne le voit pas.
16:47 – Ça va, ça va, ça c'est le débat académique, et pourquoi ?
16:50 Parce que 3 ça fait 300 points de base au moins de plus
16:53 pour baisser les taux, pour les amener à 0.
16:56 Et donc c'est presque technique de comment on manipule les gens.
16:59 Donc cela étant dit, l'échanger quand on a un problème d'inflation
17:04 et se dire en fait "Les gars, aujourd'hui on va faire plutôt 3 que 2",
17:09 là ça pose problème.
17:10 Pourquoi ça pose problème ?
17:11 Parce que la façon dont les investisseurs réfléchissent à l'avenir,
17:14 d'abord ils commencent par… certains détiennent des obligations,
17:17 si on me dit qu'en fait mon obligation elle va être reniée de 3% et non pas de 2%,
17:23 alors ça change le niveau auquel j'accepte d'être rémunéré
17:27 si je veux de tenir cette obligation.
17:30 Donc au total, c'est bien les banques centrales qui doivent nous donner
17:34 le critère d'inflation ou l'objectif d'inflation qu'on poursuit,
17:39 donc ça fait partie de la confiance gagnée par les banques centrales
17:43 auprès des marchés.
17:45 Si vous la changez aujourd'hui, si vous rajoutez disons 1% sur les taux
17:49 qu'on a aujourd'hui, parce que les taux anticipés par le marché
17:53 c'est 2,5 et un peu plus, d'ailleurs des deux côtés de l'Atlantique
17:56 c'est la même chose, vous créez un gros problème
17:59 et ça crée aussi des problèmes sur la valorisation à ce moment-là des actifs.
18:03 Il y aura des entreprises qui ont la capacité de monter leurs prix,
18:08 d'autres pas, donc ça crée du désordre en tous les cas.
18:12 Donc aujourd'hui on ne peut pas le changer, il n'empêche qu'on converge
18:16 vers 2 peu à peu et ça va prendre du temps, nous c'est plutôt à 2025
18:22 et la difficulté c'est de, pendant cette période, est-ce que tout le monde
18:27 va être content avec la vitesse avec laquelle on y va ?
18:30 On est à 2,50, est-ce que les gens disent "ça va trop lentement, il faut que ça soit..."
18:34 Et ça c'est le danger, et si ça arrive, on commence à voir...
18:37 - Il peut y avoir un peu d'impatience, on aura divisé l'inflation par 3
18:41 en un an aux Etats-Unis, passé de 9 à 3, et vous dites "passer de 3 à 2
18:45 ça va peut-être prendre autant de temps" et c'est ce qui va générer
18:48 beaucoup d'impatience.
18:49 - C'est l'impatience et c'est là où on se dit, c'est là où nous on reste inquiet,
18:54 même la Fed reste inquiet, en fait le staff de la Fed qui fait les projections
19:00 a dit "en fait on n'a jamais été en situation aussi incertaine,
19:03 peut-être qu'on passe entre les gouttes, peut-être qu'on a une récession
19:07 et c'est 50/50, donc évidemment c'est...
19:10 "Vous êtes banquier central, merci pour l'aide, parce que qu'est-ce que je fais ?"
19:14 Et pour l'instant on voit, on l'a dit, des chiffres positifs etc.
19:19 Donc les marchés, c'est pas l'économie, mais les marchés ont besoin que l'économie
19:24 leur donne un ancrage pour prévoir l'avenir.
19:27 Si ça devient trop flou, c'est beaucoup plus difficile.
19:30 Et c'est vrai qu'on a vécu un premier trimestre où il y a eu des chocs positifs
19:34 qui ont fait que tout était résilient, de là à se dire "c'est pour toujours,
19:39 on a tout réussi", je pense que c'est pas simple, nous on est plutôt
19:43 prudents, on est très bien rémunérés à très court terme.
19:46 - Oui, oui, toujours.
19:47 - Des fois 5%, on se dit "pourquoi je vais prendre du risque ?"
19:50 Surtout si ça dure.
19:51 Et donc ça rentre très vite, et donc il y a des gens qui prennent du risque
19:54 et vous l'avez dit tout à l'heure, très concentrés avec peu d'entreprises
19:59 qui sont les grandes gagnantes, et c'est un problème quand on essaye
20:04 d'investir ou de se diversifier, même si c'est très grosse entreprise
20:08 américaine technologique, c'est pas une entreprise, c'est des gens
20:11 qui sont partout, et aujourd'hui ils produisent de tout.
20:14 - Bon, j'imagine que c'est une des réponses qu'on va chercher à travers
20:17 les résultats des entreprises du deuxième trimestre.
20:21 Quelle est la réalité et la dynamique du thème de l'IA, notamment dans ce groupe
20:27 de valeurs déjà en première ligne sur le thème IA Générative ?
20:31 - Alors ça, ça va être un vrai sujet, de voir déjà si les grands leaders
20:35 qu'on a quelque part arrimés à ce thème là, que ce soit le marché
20:40 ou la portée, toutes ces valeurs là, Microsoft également, sont capables
20:45 de délivrer par rapport aux attentes des analystes, parce qu'on est toujours
20:49 sur le marché américain, marché américain, champion du monde du
20:53 "je guide les analystes", un tout petit peu plus bas, je vous rappelle
20:56 le S&P, on attend quand même une baisse de 7% par share, donc avec une flatitude
21:02 sur le chiffre d'affaires, donc ça veut dire que les marges sont quelque part
21:05 attaquées sur le deuxième trimestre. Donc déjà, il y a un peu d'enjeu,
21:10 mais au final, historiquement, on a plutôt des nouvelles qui sont positives
21:15 et ce qui permet au marché action américain, et particulièrement aux valeurs
21:18 technologiques américaines, de surperformer sur les publications
21:20 de résultats. Ça c'est l'histoire. Aujourd'hui, on a quand même un thème
21:24 qui a vraiment, pour le coup, comme en 2000, tiré la cote totalement vers le haut,
21:30 c'est l'intelligence artificielle, et avec beaucoup d'incertitudes,
21:33 parce que cette thématique, c'est très bien, mais il faut du chiffre d'affaires.
21:36 - Oui, est-ce qu'on va le retrouver déjà dans les chiffres d'affaires
21:39 des entreprises au T2 ? - La plus grosse des surprises,
21:45 ça va être le chiffre d'affaires d'NVIDIA, et de voir si cette société
21:49 va arriver à délivrer par rapport au consensus des analystes.
21:52 - Ils ont cléalé 11 milliards. - Exactement. Aujourd'hui,
21:55 on a une valorisation du titre qui est stratosphérique. Je ne vous cache pas
22:00 que quand on regarde le graphique d'NVIDIA, on prend peur, mais à côté de ça,
22:05 vous n'avez pas d'NVIDIA dans les portefeuilles, c'est dur d'aller faire
22:08 la performance du NASDAQ. Si vous n'avez pas NVIDIA, Microsoft et les 7 autres,
22:12 vous ne pouvez pas faire la performance du S&P ou du NASDAQ, c'est impossible.
22:16 Aujourd'hui, beaucoup d'incertitudes. Qui dit incertitudes, dit un tout petit peu
22:21 de retrait. Ça, c'est vraiment la préconisation qu'on a nous mis en place
22:25 dans les comptes. - Pas besoin de surpondérer
22:28 excessivement ces valeurs qui ont déjà une taille importante.
22:32 - Aujourd'hui, on ne justifie pas les niveaux de valorisation.
22:34 Clairement, on est plutôt à l'aise à prendre des bénéfices, surtout après
22:37 des journées comme celles qu'on a eues aujourd'hui, et se mettre un tout petit
22:40 peu plus sur des valeurs un tout petit peu plus défensives. On revient sur des
22:43 valeurs un tout petit peu de consommation. On voit par exemple des Nestlé tout en bas,
22:46 des valeurs qui aujourd'hui méritent qu'on les regarde de nouveau.
22:51 On peut faire des ajustements quand on fait de la gestion active et qu'on veut
22:55 quelque part essayer de profiter un peu de cette volatilité qu'on a dans les marchés.
22:58 Donc, il y a des choses à faire dans les marchés, mais ça n'empêche pas que ce
23:02 thème de l'intelligence artificielle, il faut le regarder de très très près.
23:06 Parce que potentiellement, si Nvidia arrive à délivrer, on peut avoir une
23:11 poursuite notamment pour toutes les autres, c'est-à-dire Microsoft, Palantir,
23:15 et les valeurs technologiques, y compris européennes, qui peuvent être
23:19 corrélées à cette thématique-là. Donc, à regarder de très très près
23:24 et avoir un tout petit peu autrement d'indiciels et de Nasdaq, même s'il va
23:28 être rebalancé, ça peut être une solution pour ne pas passer à côté de cette publication.
23:32 Pour se couvrir effectivement en cas de craque à la hausse pour ces valeurs.
23:37 On ne sait jamais, même si encore une fois, on a fait déjà un très très beau parcours.
23:41 Donc, plutôt délivrer le gel-risque en avant un petit peu, mais un peu moins que par le passé.
23:45 Comment vous regardez ce thème de l'IA ?
23:49 Alors évidemment, qui génère beaucoup d'enthousiasme, peut-être même au-delà
23:53 du seul cercle technologique. Est-ce que c'est d'ailleurs là qu'il faut regarder aujourd'hui ?
23:57 Xavier, est-ce qu'on a peur à ce stade de se brûler un peu les ailes ou les doigts
24:03 à travers, effectivement, des dépondérations des poids de valeurs
24:07 qui ont pris une forme de démesure au sein des indices ?
24:11 Je pense qu'il faut regarder la valorisation des marchés, qui est bien au-dessus de sa moyenne
24:16 disant que ce soit sur le S&P ou sur Nasdaq. Donc, c'est là où il faut être un petit peu prudent.
24:22 Sachant que dans le marché aujourd'hui, il y a plein d'entreprises de très bonne qualité
24:26 qui sont sur du niveau de valorisation par rapport à leur moyenne historique disant,
24:30 encore, parce que c'est plutôt ça qu'il faut regarder, plutôt que du relatif par rapport à un secteur ou au marché,
24:35 qui sont très attractives. Donc, après un début d'année qui a été très important,
24:41 puisque 2023, c'est vraiment l'année de rattrapage. Il faut dire que le début de ces années 2020
24:49 a quand même été assez compliqué. Et donc là, on a un vrai rattrapage, on a dit,
24:53 baisse de l'inflation, plateau sur les taux et des entreprises qui sont quand même en très bonne santé.
25:00 Et donc, on a des acteurs, des leaders qui sont sur des niveaux de valorisation qui sont attractifs.
25:05 À qui vous pensez, Xavier ? Quel type d'entreprise ? Quel secteur ?
25:09 C'est du vrai stock picking. Mais par exemple, un leader européen dans l'aérien qui est Ryanair,
25:17 qui a des taux de croissance attendus, ne serait-ce que par sa flotte et par les gains de part de marché qu'elle a,
25:24 qui se paie sur des niveaux vraiment très attractifs en valorisation.
25:27 Tourisme aérien, il y a du rattrapage encore. Dans la santé, également. Dans la santé, c'est quand même des valeurs de fonds sportifs,
25:34 qui sont quand même attractifs aujourd'hui. Donc, plutôt que de regarder comment jouer l'IA
25:40 et des valorisations qui sont très élevées, nous, on préfère aller chercher de la qualité
25:45 sur des niveaux de valorisation qui sont attractifs, et en étant sûrs que ces valeurs de qualité,
25:51 ces leaders ont un vrai pouvoir de fixation des prix. Et c'est ça qui est important pour pouvoir maintenir les marges,
25:57 voire les augmenter. Donc, c'est plutôt de ce côté-là qu'on va aller se pondérer sur notre exposition,
26:05 plutôt que d'aller sur des thématiques qui sont effectivement, qu'il faut regarder,
26:11 qui peuvent être vraiment un élément de disruption extrêmement important pour les entreprises qui les font,
26:19 mais aussi pour les entreprises qui vont les implémenter. Ça peut prendre sans doute du temps.
26:26 Voilà. Donc, il faut se balancer un petit peu là-dessus.
26:30 Mais ces entreprises, celles que vous avez citées, valeurs d'exemple, mais qui ont encore cette capacité de fixation des prix ?
26:37 Parce que Ryanair, c'est un bon exemple. Enfin, historiquement, c'est quand même un acteur low-cost.
26:41 C'est l'acteur low-cost qui est venu bouleverser le secteur du transport aérien en Europe.
26:46 Vous avez raison. On n'est pas sur un pouvoir de fixation de prix. Je dirais qu'on est sur un pouvoir de fixation des coûts,
26:51 puisqu'aujourd'hui, le coût par passager transporté chez Ryanair est le plus faible d'Europe.
26:57 C'est le meilleur élève de la classe mondiale avec une parfaite gestion des coûts.
27:03 Donc là, c'est des industries de volume, évidemment. Mais autre pouvoir de fixation des coûts ou de management des coûts,
27:12 c'est Inditex. Quand on voit la réalité de la distribution de vêtements en France, toutes les semaines, on voit des entreprises fermes.
27:23 Et on voit qu'Inditex, par son modèle extrêmement intégré – et Inditex, d'ailleurs, ce n'est pas un retailer, ce n'est pas un venteur de vêtements,
27:30 c'est un logisticien en paire. Ça va de la création de studios jusqu'à la livraison par leur produit.
27:38 Et ça reste une entreprise bien positionnée, ne serait-ce qu'en termes de prix, de marques, de produits ?
27:44 On le voit, toutes les enseignes de notre enfance qui collapsent dans l'industrie du textile ou de la mode, c'est normal.
27:51 C'est aussi ça, la mode, d'une certaine manière. Une exception, c'est des marques de luxe qui arrivent à maintenir la déshabilité
27:59 pendant des siècles, peut-être. Mais la roue tourne dans le monde de la mode et du textile. Mais vous dites, Inditex Zara,
28:06 il reste encore bien positionné par rapport aux attentes aujourd'hui du consommateur.
28:10 Ils ont cette efficacité d'être parfaitement intégrés. Aujourd'hui, chez Inditex, ils ont 300 designers qui travaillent
28:15 dans les bureaux d'Inditex. Et ils sont capables, en 15 jours, de partir d'un dessin de vêtements à ce que ce soit.
28:21 D'accord. Et ça arrive dans les rayons.
28:23 Dans les rayons, avec des quantités de production qui sont très faibles.
28:26 Cette flexibilité, cette agilité, ça ne se retrouve pas ailleurs.
28:29 Évidemment, alors que les marques dont vous parlez, c'est des modèles où on fait fabriquer des collections en Asie.
28:35 C'est souvent les mêmes.
28:36 Tout arrive et on se retrouve si ça ne se vend pas dans les stocks.
28:38 Donc, c'est vraiment une question d'intégration, d'intelligence, de revoir son business model.
28:44 Et c'est un peu ce qu'a fait Tesla pour moi. Tesla, dans le monde automobile et Inditex, dans le monde du vêtement,
28:51 c'est les mêmes approches où on repense et on repart d'une page blanche pour recréer une façon de produire.
29:00 On va parler de la macro chinoise parce que ça m'intéresse quand même d'avoir votre regard là-dessus.
29:04 Mais d'un point de vue micro, est-ce que ça fait partie là aussi des interrogations qu'on peut avoir
29:09 dans les résultats et les commentaires des entreprises qu'on attend sur leurs résultats T2 ?
29:13 Est-ce que la déception de la reprise chinoise va se matérialiser dans certains secteurs, dans certaines industries ?
29:20 Alors, c'est une déception, ça c'est sûr. Et ça a été mis en évidence évidemment par les performances des actions chinoises.
29:28 Maintenant, moi je suis plus dans un décalage de temps, décalage de phase, parce qu'il y a plein de catalyseurs
29:34 qui au contraire nous confirment qu'il faut rester sur cette zone géographique.
29:39 Et donc, pour le coup, c'est un soutien à la fois pour les valeurs chinoises,
29:44 parce qu'ils peuvent mettre en place plein de plans de relance qu'ils sont en train de faire.
29:47 Ils vont soutenir notamment tout le secteur de la promotion immobilière, qui est le secteur problématique en Chine.
29:52 Enfin, pour l'instant, ils sont en train d'éviter que ça s'effondre, j'ai l'impression quand même.
29:56 Bien sûr, mais ils ont les moyens de pouvoir le soutenir d'une façon incroyable. Donc ça c'est un premier point.
30:02 Mais le fait que la croissance et l'activité en Chine puissent repartir, ça va permettre également à l'Europe
30:09 d'afficher à mon avis des taux de croissance un tout petit peu supérieurs,
30:12 parce que toutes ces problématiques qu'il y a eu en Chine ont eu des conséquences sur l'économie européenne.
30:16 Donc c'est pour ça qu'on peut avoir également un tout petit peu de mieux en Europe, si l'activité repart un petit peu en Chine.
30:23 Et ça, ce sont deux zones qui vont être assez liées. Donc c'est pour ça qu'on a un petit relais de croissance.
30:29 Ça peut être une petite bonne nouvelle pour la deuxième partie de l'année.
30:33 Mais en attendant, parce que ma question était peut-être pour la poser plus directement,
30:38 est-ce qu'il faut s'inquiéter par exemple pour les affaires de nos groupes de luxe,
30:42 qui dépendent quand même en partie de la reprise de la consommation en Chine ?
30:46 Il y a eu cet effet de rattrapage en début d'année. Est-ce que le deuxième trimestre ne peut pas être une déception de ce point de vue ?
30:53 Alors il y a deux choses sur les groupes de luxe. Il y a l'activité d'abord aux Etats-Unis, qui ont déjà des vrais signes de ralentissement.
30:58 Oui, Chanel ou d'autres avaient déjà communiqué il y a quelque temps là-dessus.
31:01 Ils ont tous un tout petit peu communiqué auprès des analyses pour faire redescendre un petit peu les objectifs.
31:05 La Chine, on reste sur une consommation, sur l'hyperluxe.
31:10 C'est un segment ?
31:12 LMS, LVMH principalement.
31:14 Pour certains groupes bien positionnés, c'est un segment ?
31:16 Extrêmement bien positionnés et d'une agilité incroyable au niveau de la gestion des marques.
31:21 Donc pour le moment, en tout cas, ils ont été immunisés sur les baisses de consommation.
31:27 Et la population qui consomme ces produits-là, pour le moment, est assez immunisée.
31:33 Donc pas trop trop d'inquiétudes à court terme, sachant qu'en plus, ils ont toute la partie middle class
31:39 et ils ont adressé cette population-là sur laquelle on peut avoir des relais de croissance sur la partie asiatique.
31:47 Donc pas trop d'inquiétudes encore pour ce trimestre-là.
31:50 C'est vrai que quand on voit une Chine avec des niveaux d'inflation zéro,
31:55 un taux de chômage historique chez les jeunes, on imagine qu'il y a quand même quelque chose,
32:00 enfin une réponse à attendre en matière de politique budgétaire ou monétaire.
32:05 Mais l'état des lieux que vous dressez aujourd'hui, est-ce que la Chine est au bord de la déflation, Sébastien ?
32:08 Je vais vous donner ma réponse.
32:10 Tout d'abord, je voulais simplement rebondir sur l'IA parce que les marchés adorent l'emanien.
32:16 Et quand ça arrive, les gens pensent quelque chose.
32:21 Si vous avez tous joué avec, tout le monde a joué avec Chatshipiti ou des autres sources,
32:25 on voit bien que ça va révolutionner beaucoup de choses.
32:28 Mais le marché tend à mettre un prix très vite et trop vite.
32:32 Ou capitalise 10 ans d'IA.
32:34 Évidemment, il y aura des gens qui pleureront parce qu'ils verront que tout le monde ne va pas gagner.
32:40 Mais beaucoup d'entreprises vont en bénéficier.
32:42 C'est ce qui s'est passé en 2000.
32:44 Aujourd'hui, on ne sait pas ce qu'il va faire.
32:46 Ce qui est sûr, c'est que les États-Unis, ce que vous le disiez,
32:49 cet engouement pour ces secteurs a fait que beaucoup de la progression depuis le début de l'année
32:55 s'est faite sur l'expansion des multiples et non pas sur des vrais résultats,
33:00 vu que les résultats sont en baisse.
33:02 C'est peut-être une bonne façon de regarder l'avenir.
33:04 C'est un sujet en tous les cas pour nous.
33:06 Et enfin, avant de passer à la Chine, sur le positionnement.
33:10 C'est vrai que nous-mêmes, on était très prudents au début, on reste très prudents.
33:14 Tout le marché était très prudent.
33:17 Et donc le positionnement était très favorable pour ceux qui prenaient du risque et avançaient.
33:22 Le problème aujourd'hui, c'est que beaucoup de gens capitulent
33:25 et beaucoup de gens deviennent très prudents.
33:27 Dans un moment où on a des taux très élevés, peut-être encore un petit bout de pinceau supplémentaire.
33:34 Et ça, c'est quelque chose qui nous, aujourd'hui, nous rend d'en plus moins inquiets
33:41 sur notre positionnement par rapport à ce qui se passe dans le marché.
33:44 Je trouve que c'est un élément de fragilité.
33:46 – Vous dites qu'il y a de la complaisance qui s'installe.
33:48 – C'est sûr, vous l'avez dit sur la volatilité, la volatilité est extrêmement faible.
33:53 Donc, on peut en profiter, d'ailleurs, pour se protéger.
33:57 Dans tous les cas, c'est un élément important.
33:59 Je reviens à la Chine.
34:00 La Chine, je pense qu'il faut le regarder au niveau conjoncturel et au niveau structurel.
34:05 Au niveau conjoncturel, nous on le pense, les valeurs sont extrêmement faibles en Chine.
34:12 Et notamment, ça s'améliore un tout petit peu grâce à la technologie.
34:15 Nous, on voulait prendre le train de la conso qui rebondit, ça n'a pas marché.
34:20 Ça a marché les 5 minutes et ça a pu marcher.
34:23 Et la conso via la techno, parce que là-bas, les gens consomment via ces grandes plateformes.
34:30 On a voulu le jouer.
34:31 Peut-être que les marchés vont être gentils avec nous maintenant.
34:36 – Ça fait trois jours, c'est ce qu'Alex disait.
34:39 Visiblement, la répression vis-à-vis de ces plateformes semble être un chapitre appartenant au passé.
34:45 – Un chapitre appartenant au passé.
34:46 – Qui devrait aider, surtout si les gens sont au moins à court terme rassurés.
34:51 Ils sont rassurés, pourquoi ?
34:53 Parce qu'on se dit, quand même, j'aurais une petite relance,
34:55 et deux, le cadre géopolitique, les Américains font des énormes efforts pour dire aux Chinois,
35:00 on est méchant, mais pas si méchant, on veut quand même qu'on soit copains.
35:04 On veut, on doit se dérisquer de la Chine, avec nos chaînes de production,
35:10 on a vu la catastrophe que ça peut créer.
35:13 Mais on ne veut pas se découpler, on va continuer à travailler avec vous,
35:17 on a besoin de vous, 500 milliards, quand même, d'exporter des Chinois aux États-Unis tous les ans.
35:23 Donc ça, ça peut apaiser quelques-uns, et notamment les investisseurs internationaux
35:27 qui peuvent revenir en Chine pour revaloriser les choses.
35:30 Il reste le problème structurel.
35:32 Et là, j'en suis pas certain, vous disiez qu'ils veulent absolument relancer,
35:36 le chômage est élevé, je pense que peut-être, mais ils veulent,
35:41 ils ont très peur de cet endettement énorme qu'ils ont,
35:44 ils savent pas le gérer, ils voient que ça a créé beaucoup de problèmes,
35:47 ça crée beaucoup de problèmes, quelle que soit l'économie,
35:50 et surtout, idéologiquement, on voit bien que M. Xi a une façon de voir l'avenir
35:55 qui est très différente de ce que lui-même pensait, je pense, il y a quelques années.
36:00 Et donc, est-ce que le capitalisme chinois mélangé avec le rôle du Parti communiste a complètement changé ?
36:09 Donc, si bien à court terme, nous on est plutôt toujours constructifs sur la Chine,
36:14 à moyen terme, on reste résinqués sur le modèle de la Chine d'avenir,
36:19 même si ça veut rien dire sur le reste de la région,
36:22 mais en tous les cas, c'est un élément qui reste un gros point d'interrogation pour nous.
36:27 À propos de régulation, donc la Chine passe à une autre étape,
36:32 la répression des valeurs technologiques semble derrière nous,
36:35 je me faisais la remarque aussi notamment à l'occasion du deal,
36:39 finalement, qui va pouvoir se faire entre Microsoft et Activision Blizzard,
36:42 et c'est un échec pour l'AFTC quand même, l'autorité de régulation du commerce aux Etats-Unis,
36:47 avec la nouvelle nommée par Joe Biden, Linda Khan, qui devait être la grande guerrière anti-GAFAM,
36:54 le juge de Californie a déjugé d'une certaine manière l'avis de l'AFTC sur le deal Microsoft-Activision Blizzard,
37:02 on parle moins quand même de réguler les GAFAM,
37:04 notamment avec l'IA qui s'invite un petit peu aussi dans la bataille et l'affrontement géopolitique entre Chine et Etats-Unis,
37:13 ça semble un peu moins au goût du jour aujourd'hui.
37:16 Ce qui est clair, c'est qu'on veut avoir une expertise technologique de part et d'autre,
37:21 donc il n'est pas question de se mettre des pattes en roue.
37:24 Donc ce n'est pas le moment de brider ces groupes là ?
37:25 Non, c'est clair.
37:26 Non, mais c'était quand même dans l'agenda Biden quand même.
37:28 C'est un message qui est assez fort, mais la situation a quand même pas mal évolué depuis,
37:32 elle a évolué malheureusement très rapidement.
37:34 Mais ce n'est plus un risque aussi fort qui pèse sur ces valeurs là, on en discutait beaucoup quand même il y a un an.
37:40 Activision est peut-être moins technologique, mais c'est sûr qu'on veut avoir une indépendance technologique,
37:48 et ça fait partie je pense de ces éléments précis qui vont dans ce sens là.
37:56 On entend un peu moins parler de régulation des GAFAM.
37:58 Oui, parce que là aussi les États-Unis veulent vraiment garder ce leadership américain,
38:02 il faut bien voir aussi que tout ce qui est intelligence artificielle c'est aussi beaucoup basé sur la data.
38:08 Aujourd'hui la data est très ouverte aux États-Unis, extrêmement ouverte, extrêmement accessible et pas chère.
38:13 Là où dans le reste du monde, on a beaucoup de régulations, en Europe et en Chine,
38:18 beaucoup moins de données accessibles et également encore moins en Chine.
38:22 Pour nourrir les intelligences artificielles.
38:23 Pour nourrir les intelligences artificielles, c'est là où les Américains ont un leadership exceptionnel
38:27 et risquent d'avoir une vraie grosse longueur d'avance.
38:30 C'est pour ça que la technologie américaine, les Américains réfléchissent à deux fois avant de vouloir trop la brider et trop la réguler.
38:36 Bon, le thème de l'IA ça restera le grand thème que cette année 2023 aura vu naître.
38:41 On va continuer d'en parler dans le dernier quart d'heure pour faire le bilan des stratégies thématiques à mi-parcours de cette année 2023.
38:47 Merci beaucoup à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
38:50 Emeric Didet, Pergam, Xavier De Buren, OTA Capital et Sébastien Parysorvitz, LBPM.

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