Des chercheurs de l'université Stanford aux États-Unis affirme que grâce à des traits du visage communs, une intelligence artificielle peut deviner pour qui vote une personne.
Category
📺
TVTranscription
00:00Bah oui parce que ce matin vous avez nous raconté quand même qu'on peut deviner le parti politique de quelqu'un en regardant son visage.
00:06C'est ça, dis-moi à quoi tu ressembles, je te dirais pour qui tu votes.
00:09Alors c'est très sérieux, c'est des chercheurs de l'université de Stanford qui ont mis au point cet algorithme
00:14et qui en ont publié les résultats dans la très sérieuse revue Nature.
00:19En gros, ils affirment que grâce à l'intelligence artificielle, on peut déterminer ou deviner votre orientation politique
00:26simplement en scannant une photo de votre visage qu'on va récupérer par exemple sur les réseaux sociaux.
00:31Ils sont arrivés à des résultats assez étonnants.
00:33Donc en gros, ils ont pris les photos de 500 personnes, leur algorithme a décomposé le visage de chaque personne en des milliers de points,
00:40une sorte d'empreinte numérique, qu'on a ensuite comparé aux traits moyens d'un électeur démocrate et d'un électeur républicain.
00:47Les traits moyens, c'est en gros un portrait robot qu'on a généré à partir de milliers de visages de gens dont on sait qu'ils votent démocrate et républicain.
00:54Et en fait, on se rend compte, alors ne le prenez pas pour vous si vous nous écoutez et que vous partagez ces traits-là,
00:59c'est des statistiques évidemment, mais qu'en moyenne, les électeurs démocrates ont un bas de visage plus fin,
01:06des mentons plus petits, moins proéminents, des lèvres et des nez un peu abaissés.
01:10C'est des moyennes.
01:11Alors, ils prennent des centaines de paramètres comme ça et à partir de ça, ils font leur petite tambouille.
01:15Ils arrivent à un taux de précision de 70%.
01:18Voilà, à partir d'une photo, on sait que vous, c'est démocrate, vous, c'est républicain, 70%.
01:23Vous allez me dire, bon, il y a une chance sur deux de se tromper.
01:25Aux États-Unis, c'est facile, c'est 50-50.
01:27Démocrate, républicain, je pense qu'en France, il n'y a pas encore les nuances pour dire celui-ci vote modem, celui-ci vote horizon.
01:33On n'est pas à ce niveau de subtilité-là, mais pour les États-Unis, ça fonctionne quand même pas mal.
01:37– Mais c'est n'importe quoi, c'est-à-dire que c'est comme quand vous dites que les gens qui sont frisés sont hystériques
01:42et on en est là quand même, non ?
01:43– Oui, c'est presque, il y a un peu de ça.
01:44Vous avez raison, dans votre critique, vous n'avez pas complètement tort.
01:46Après, encore une fois, c'est des gens qui sont relativement sérieux, qui publient dans des revues scientifiques,
01:50mais effectivement, ils ont été critiqués pour plusieurs raisons.
01:53La première, c'est un peu ce que vous dites, c'est-à-dire que ça rappelle un peu les pseudo-sciences du 19e siècle,
01:57comme la phrénologie ou la physionomonie.
02:00C'était des sciences auxquelles on croyait et qui voulaient qu'on puisse lier l'apparence d'un individu
02:05avec sa personnalité, sa psychologie, des traits psychologiques.
02:08Et ça, depuis, ça a été complètement démystifié, on a dit que c'était n'importe quoi.
02:11On revient un petit peu à ce genre de technologie.
02:13– Ma grand-mère disait grand front, grande intelligence.
02:15– Oui, voilà, c'est ce genre de truc quoi.
02:16– Vous irez voir la tête du mien, de front.
02:18– Mais si, grand-mère, attendez, ça fonctionne bien, ça fonctionne bien.
02:22Non, mais en tout cas, c'est une première critique.
02:24La deuxième critique qu'on peut formuler, c'est sur les dérives potentielles de ce genre de technologie.
02:27Vous imaginez, en termes de fichage, c'est-à-dire qu'on peut vraiment, à partir des photos,
02:31je ne vais pas envoyer des publicités ciblées, d'autant que là, on parlait de l'orientation politique,
02:35mais il y a d'autres études qui ont été faites en analysant des photos
02:38pour essayer de déterminer l'orientation sexuelle, par exemple,
02:40ou essayer de déterminer si une personne est un criminel en puissance.
02:43Là encore, il y a un certain nombre de…
02:45– Mais ça marche ? Il y a vraiment des gens qui l'utilisent ?
02:46– Alors, il y a des gens qui utilisent des technologies
02:48qui se rapprochent un petit peu de ça, sans aller aussi loin.
02:51Je pense par exemple à des algorithmes qui sont utilisés dans les entretiens d'embauche
02:56pour essayer d'analyser l'expression du visage des gens
03:00pour déterminer s'ils mentent ou s'ils ne mentent pas,
03:02quels sont leurs traits de personnalité.
03:04Même chose pour les étudiants qui passent leurs exams en visioconférence,
03:07et même chose, on va essayer d'analyser les expressions de leur visage
03:09pour essayer de déterminer s'ils sont en train de tricher.
03:11Ça ne va pas aussi loin que ce dont je viens de vous parler,
03:14mais l'utilisation de la reconnaissance du visage
03:16et de l'analyse des traits du visage
03:17peut quand même avoir un certain nombre de dérives.