Migrants, passeurs... L'interview en intégralité de Natacha Bouchart, maire de Calais

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Natacha Bouchart, maire DVD de Calais, était l'invitée d'Apolline de Malherbe sur BFMTV et RMC.

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Transcript
00:00BFMTV, face à face. Apolline de Malherbe.
00:09Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFMTV. Bonjour Natacha Bouchard.
00:13Bonjour.
00:14Merci d'être dans ce studio ce matin. Vous êtes la maire de Calais, maire depuis 2008.
00:18Calais, ville portuaire, 76 000 habitants à 60 kilomètres des côtes anglaises.
00:23L'immigration, on en parle beaucoup en ce moment, c'est une question qui traverse l'actualité.
00:28L'Allemagne a depuis hier rétabli ses contrôles aux frontières pour lutter, je cite,
00:32contre l'immigration et le terrorisme islamiste.
00:35Être ferme sur l'immigration est la demande des Républicains pour soutenir le gouvernement de Michel Barnier.
00:41Lutter contre l'immigration, c'est aussi l'expression utilisée par le RN,
00:45condition que met le RN même pour ne pas censurer le gouvernement.
00:49Vous, Natacha Bouchard, l'immigration c'est une réalité quotidienne à Calais,
00:53une réalité humaine avec des tentatives de départ, avec des naufrages.
00:57Dans la nuit de samedi à dimanche, 8 personnes se sont noyées en tentant de partir pour l'Angleterre.
01:03Le 3 septembre déjà, c'est 12 personnes qui s'étaient noyées et 2 disparues.
01:082024 est l'année la plus meurtrière depuis qu'il y a des traversées en bateau de fortune.
01:15Natacha Bouchard, c'est quoi la réalité quotidienne que vous voyez à Calais ?
01:20Depuis le démantèlement de la jungle, on a considéré que la crise migratoire était passée et que les choses se passaient mieux à Calais.
01:32On a aujourd'hui environ 1 500 à 2 000 exilés et migrants qui sont sur notre territoire,
01:42qui viennent s'organiser sur et dans le périmètre de notre agglomération et plus précisément sur la ville de Calais.
01:52Centre-ville, zone de développement économique, on a plusieurs squats qui sont là présents.
01:59Ces squats sont encadrés par les passeurs, sont encadrés par les activistes
02:06et préparent les futurs naufrages, malheureusement,
02:12et organisent sur l'ensemble de la bande littorale plusieurs points de départ pour faire partir ces bateaux de fortune.
02:21Vous parlez de passeurs et d'activistes. Les passeurs, c'est ceux qui moneillent le passage. Les activistes, c'est qui ?
02:28Les activistes, ce sont des personnes souvent extérieures qui viennent de pays européens ou de Grande-Bretagne
02:36pour se donner bonne conscience et faire en sorte d'entourer, d'encadrer ces personnes exilées
02:45et parfois les inciter à se mettre dans des endroits qui ne sont pas adaptés.
02:51Vous parlez de ceux qui se définissent comme membres d'associations.
02:56Vous dites qu'ils se donnent bonne conscience et que vous les mettez dans la même forme de responsabilité que les passeurs.
03:01La responsabilité, la complexité de cela, c'est qu'en les aidant et en les accompagnant sur le terrain, sur Calais,
03:10en ne voulant pas contribuer à la proposition des services de l'État pour pouvoir les mettre un peu en retrait de Calais ou du littoral,
03:21quelque part, ils contribuent à organiser le fait qu'ils puissent, à un moment, traverser.
03:28Et donc, ça reste effectivement complexe, puisque quand ils traversent, ils ont des bateaux de fortune.
03:35Les moteurs ne sont pas suffisamment puissants, puisqu'ils les prennent souvent dans nos ports de plaisance de l'ensemble de la côte d'Opal
03:44et se retrouvent en fait surchargés en pleine mer, sans gilet de sauvetage.
03:49Et malheureusement, depuis le début de l'année, ils sont 46 à être décédés.
03:57Et les conditions d'aujourd'hui, de cette semaine, font que la mer apparaît d'huile, mais elle est dangereuse.
04:05Il faut savoir qu'il faut 15 minutes dans l'eau pour qu'on se retrouve en hypothermie.
04:11Donc, c'est très dangereux.
04:12C'est très dangereux quand vous dites effectivement ces derniers jours, vous parlez du rôle des passeurs,
04:17des bateaux qui sont donc de plus en plus précaires, souvent des zodiaques gonflables,
04:21avec de plus en plus de monde entassé sur ces bateaux.
04:24Les Britanniques eux-mêmes parlent en moyenne de 52 passagers sur ces embarcations de fortune,
04:30là où ils étaient en moyenne 13 l'an dernier.
04:32Ça veut dire qu'ils sont de plus en plus nombreux, avec des situations de panique,
04:35avec une application qu'ils utilisent, c'est ce que racontent notamment les Anglais, qui s'appelle Windy.
04:41Et donc, quand il y a un peu moins de vent, ils partent au milieu de la nuit.
04:47Tout à fait.
04:48Vous alertez aujourd'hui, les associations dont vous parliez à l'instant,
04:52on vous dit qu'ils se donnent bonne conscience,
04:53bon, eux, expliquent que la sécurité a été renforcée sur les côtes
04:58et que, indirectement, c'est aussi ce qui met en danger ces migrants,
05:02parce qu'ils redoutent davantage les policiers.
05:06Ils partent alors que les conditions ne sont pas forcément favorables.
05:10On sait, en fait, que la sécurisation du port et du tunnel à Calais est remarquable.
05:16Donc, ils ne peuvent plus passer par le port ni le tunnel.
05:20Ces organisations vont continuer à se faire,
05:24parce que, pour l'instant, c'est le seul moyen qu'ils ont pour obtenir leur objectif.
05:30Les forces de l'ordre et de sécurité sont là pour les empêcher de la traverser.
05:37Elles sont là pour les empêcher d'aller se noyer.
05:40Par conséquent, je pense que les forces de l'ordre et de sécurité
05:45restent encore aujourd'hui, pour moi, insuffisantes
05:48pour protéger ces personnes à ne pas aller traverser,
05:52mais aussi pour faire en sorte de chasser, en fait, effectivement, les passeurs très fortement.
06:01Pourquoi ? Parce que ces mafieux...
06:03Mais on a presque l'impression que vous savez où ils sont,
06:04que vous savez qui sont les passeurs.
06:06Au fond, c'est une situation installée.
06:09Oui, installée, parce qu'on les voit, en fait, arriver par la gare.
06:12On les laisse donc cheminer de façon tout à fait illégale par la gare.
06:18Ils arrivent à la gare de Calais.
06:20Ils sont entre 30, 80, voire 150,
06:23arrivés dans cette gare, en plein centre-ville.
06:26Et à partir de là, on a des passeurs, des guetteurs devant et puis à l'arrière.
06:32On a l'impression vraiment d'un business quasiment organisé.
06:36Très organisé et qui coûte très cher.
06:39Parce que quand on voit qu'un passage, ce n'est pas 1 000 euros,
06:42on nous dit 1 000 euros. Non, ce n'est pas 1 000 euros.
06:44C'est entre 5 000 et 10 000 euros.
06:47Et donc, quand vous êtes 50 ou 80 sur une embarcation,
06:51faites le calcul avec le nombre de migrants,
06:53puisqu'ils sont près de 23 000 à être passés aujourd'hui.
06:57Cette organisation mafieuse est très lucrative pour eux.
07:03Et je pense qu'on n'a pas suffisamment de moyens
07:07pour lutter contre ces passeurs.
07:11Vous alertez sur ces drames.
07:1446 morts depuis le début de l'année.
07:17Vous alertez aussi sur le rôle de la Grande-Bretagne,
07:20qui ne ferait pas suffisamment.
07:22Et vous voulez aussi alerter parce que dans ce moment
07:24où le gouvernement est en train d'être mis en place,
07:27vous estimez qu'il faut sonner l'alerte.
07:29La Grande-Bretagne, d'abord.
07:31Quel rôle elle joue ou elle ne joue pas ?
07:33Elle est vraiment, et elle restera,
07:36et elle reste aujourd'hui hypocrite dans sa façon de gérer les choses.
07:41Elle considère que parce qu'elle négocie une enveloppe financière
07:45pour « assurer la sécurité »,
07:48payer les forces de l'ordre sur le périmètre de Calais,
07:52elle fait son job.
07:54Sauf qu'en fait, nous, il faut bien comprendre
07:57qu'on vit au quotidien les Calaisiennes,
07:59et les Calaisiens vivent au quotidien cette situation.
08:03Il faut savoir que les publics des personnes exilées,
08:06parfois, sont violentes.
08:08On a encore vu un exemple.
08:09On va y revenir dans un instant.
08:11Mais, très clairement, moi j'ai pu faire des propositions.
08:15Tant que les Britanniques ne toucheront pas
08:20à leurs problématiques concernant le droit du travail en Angleterre...
08:25En fait, le problème, c'est qu'effectivement,
08:27pourquoi est-ce que les migrants souhaitent partir en Angleterre ?
08:30C'est que la situation en Angleterre,
08:32de la légalisation sur l'emploi,
08:34leur est finalement assez favorable,
08:36et même est assez favorable pour les entreprises
08:38qui sont très contentes d'avoir cette main-d'œuvre pas chère
08:41et assez corvéable.
08:42Voilà, leur droit du travail, en fait, crée l'appel d'air.
08:45C'est ça le sujet numéro un.
08:47Il faut arrêter de nous dire que c'est parce qu'ils parlent anglais,
08:50parce qu'ils ne parlent pas tous anglais, c'est pas vrai.
08:52En l'occurrence, là, il y a de nombreux,
08:54en tout cas dans les derniers jours, parmi les naufragés,
08:56il y avait des personnes originaires d'Érythrée, du Soudan,
08:59de Syrie, d'Afghanistan, d'Égypte ou d'Iran.
09:01Il faut qu'il y ait des propositions.
09:04Il faut des propositions.
09:06Aujourd'hui, on subit les choses,
09:08on n'est pas entendus.
09:10Très clairement, les maires qui, comme moi,
09:15subissent ces situations, même si Calais représente
09:20le pôle, malheureusement, de la plaque tournante
09:24pour les organisations littorales,
09:26il faut impérativement qu'on puisse réétudier
09:29le délit de séjour irrégulier sur la bande littorale.
09:34Il nous faut une expérimentation pour éloigner
09:39ces personnes exilées et les empêcher d'aller se noyer
09:44très clairement.
09:46C'est une mesure de protection.
09:48Les protéger, dites-vous.
09:50Il y a une sorte de délit si l'on se trouve dans cette zone.
09:53Mais les mettre où, Natacha Bouchard ?
09:55Il faut créer un lieu d'accueil humanitaire.
09:57Vous me connaissez.
09:58J'ai la fermeté et j'ai l'humanité.
10:01En ça, excusez-moi, je fais une parenthèse.
10:03Mais allez-y.
10:04C'est ça ma différence aussi avec le Rassemblement national.
10:08Ces lieux d'accueil humanitaire,
10:10ces LAH pourraient accueillir ces personnes
10:14qui ont pour projet de passer en Angleterre.
10:18Les accueillir, les retenir aussi.
10:21Les accueillir, les retenir, mais pour étudier leur situation,
10:24pour que le gouvernement britannique,
10:26de façon très officielle, puisse voir à créer
10:30cette fameuse demande des associations.
10:33Ce serait une forme de camp de réfugiés, en quelque sorte.
10:37C'est compliqué comme nom de camp de réfugiés.
10:40On n'aime pas trop utiliser.
10:43Il faut bien y réfléchir.
10:45Parce qu'aujourd'hui, il n'y a rien.
10:47Il n'y a rien.
10:48On peut l'appeler comme on veut.
10:50Je dis lieu d'accueil humanitaire.
10:53On a quelques chambres par-ci, par-là.
10:55On a des squats partout.
10:57On a des conditions inhumaines.
10:59Et si on pouvait créer ce lieu d'accueil humanitaire,
11:02en dehors de la bande littorale,
11:04ça nous permettrait aussi de pouvoir,
11:07dans des bonnes conditions, les accueillir temporairement
11:10et voir comment les Britanniques,
11:12de façon légale et réglementaire, les acceptent.
11:15Et que dans un sens, ils prennent leurs responsabilités.
11:17Vous évoquiez à l'instant l'une des conséquences
11:19de ces errances et de ces très grandes précarités.
11:22Une forme de violence qui s'installe.
11:25Le parquet de Boulogne-sur-Mer a ouvert une enquête
11:28pour menaces avec armes et dégradations
11:30après un face-à-face qui a eu lieu dans la nuit
11:32de samedi à dimanche.
11:33Entre une soixantaine visiblement de migrants
11:37et des chasseurs, qui étaient des chasseurs de canards,
11:40qui étaient là pendant la nuit.
11:41Je voudrais qu'on écoute le témoignage
11:43de l'un de ces chasseurs au micro de BFMTV.
11:46Ils ont arraché les têtes de tous les canards
11:49qui étaient dans des cages à cet endroit-là.
11:51Ils ont ramassé des barres de fer, tout ça.
11:53Ils sont tous arrivés en courant.
11:54J'ai vu ma vie défiler.
11:55De toute façon, j'ai vraiment cru qu'on allait mourir.
11:57J'avais peur qu'ils viennent casser ma maison
11:59et rentrer, finir ce qu'ils ont voulu faire.
12:01Je pense qu'ils ont juste voulu se venger
12:03qu'on les a empêchés d'aller en Angleterre.
12:05Mais c'est pour leur bien qu'on a fait ça.
12:06On les a vus passer, on a prévenu la gendarmerie.
12:08Après, on les a vus arriver.
12:09Ils étaient fou furieux.
12:10Ils voulaient nous tuer.
12:11Avant, non.
12:12Avant, on cohabitait facilement avec eux.
12:13Mais maintenant, j'ai une peur bleue.
12:14La cohabitation, c'est le passé.
12:16Il raconte sa peur au quotidien.
12:19Comment vous réagissez à ça, Natacha Bouchard ?
12:21Je comprends.
12:22Je dois dire qu'il nous arrive aussi
12:26assez souvent à Calais d'avoir des rixes
12:30entre les communautés elles-mêmes
12:34et de constater des violences
12:38qui se font publiquement dans la rue.
12:43Ils n'ont pas la même culture.
12:45Y compris entre migrants.
12:47Entre migrants, entre nationalités.
12:51Ils se refont la guerre sur notre territoire.
12:54C'est vrai qu'aujourd'hui, ils sont plus armés.
12:58Ils sont plus agressifs.
13:00Plus violents.
13:02Et donc, dans une situation
13:06où on est plus amené à interpeller
13:10les services de l'État.
13:13En l'occurrence, Mme Curie, la sous-préfète de Calais,
13:17qui, avec les moyens qu'on lui donne,
13:19c'est pour ça que je demande des moyens supplémentaires
13:22pour le territoire,
13:24fait en sorte à devoir gérer avec le commissariat,
13:29la PAF, etc.
13:31Pour pouvoir apaiser.
13:33Encore hier, à Calais,
13:35on a eu un sujet dans un quartier.
13:37Pourquoi ?
13:38Parce qu'il y a eu un regroupement d'une centaine de migrants
13:41qui créent le trouble à l'ordre public.
13:44Et qu'est-ce qui se passe dans ces cas-là ?
13:46Et qu'est-ce qui fait quoi ?
13:47Dans ces cas-là, on appelle les forces de l'ordre
13:51qui viennent pour rétablir des situations.
13:54Mais il y a rarement d'interpellation, en fait.
13:57Ils repartent.
13:58Voilà, ils se dispersent.
14:00On vient disperser.
14:01Le récit du chasseur, en l'occurrence,
14:04il dit qu'effectivement, il a vu cette soixantaine de migrants,
14:08dont des enfants.
14:09Il raconte aussi avoir croisé le regard
14:11de ces tout petits enfants qui suivaient leurs parents.
14:14Tout ça dans la pénombre, évidemment, au bord des étangs.
14:17Qu'ils ont, eux, prévenus la gendarmerie.
14:20La gendarmerie est intervenue,
14:22mais n'a fait que disperser ou empêcher,
14:24en tout cas, l'embarcation.
14:26Cette soixantaine de migrants est donc revenue
14:28vers les chasseurs, évidemment, pour se venger.
14:30Mais ça veut dire qu'il n'y a pas eu d'interpellation, en effet.
14:33Il ne se passe rien, en fait.
14:34Il ne se passe rien.
14:35Je vous rappelle quand même qu'actuellement,
14:37on a une recrudescence de personnes migrantes.
14:40On n'a plus de ministre de l'Intérieur.
14:43On est un peu en suspension, je tiens à le dire,
14:46depuis un moment, puisqu'il y a eu les JO.
14:50Il y a eu des effectifs partis.
14:52Nous, on a eu quand même un certain nombre
14:54de migrants supplémentaires qui sont arrivés.
14:57Ceux qu'on a enlevé des rues de Paris pour les JO ?
15:00Peut-être, j'avoue que je ne sais pas.
15:03En tout cas, vous avez constaté un afflux supplémentaire.
15:07Et là, depuis 15-17 jours,
15:11on voit vraiment un afflux supplémentaire.
15:14Et on se dit, mais pourquoi on les laisse passer par la gare ?
15:18Pourquoi ? Parce qu'ils viennent de Paris,
15:21de Lille, de Dunkerque, de Grande-Synthe.
15:25On n'en sait rien, mais en tous les cas,
15:27on les laisse passer.
15:28Quand vous dites qu'on les laisse passer,
15:30c'est les autorités ?
15:32Tout à fait, les autorités.
15:33Globalement, tout le monde les laisse passer.
15:36Ils finissent par arriver chez vous ?
15:38Ils arrivent chez nous pour aller se noyer.
15:40Malheureusement, avec des femmes et des enfants,
15:44on voit que dans les nouvelles personnalités,
15:49les nouveaux publics,
15:50on a ces femmes, on a ces jeunes enfants.
15:53Et autour, on a des gens plus aguerris, plus agressifs,
15:57qui viennent un peu...
16:00Natacha Bouchard, le gouvernement devrait être mis en place cette semaine.
16:05C'est ce que nous dit l'entourage de Michel Barnier.
16:08Quels sont les impératifs sur lesquels vous voulez les alerter ?
16:12On parle de l'immigration.
16:13LR a dit qu'il y a deux conditions pour soutenir ce gouvernement.
16:17C'est plus de sécurité et plus de fermeté sur l'immigration.
16:21Le RN, dont vous tenez à vous distinguer,
16:25dit quand même qu'aujourd'hui,
16:27ils ne censureront pas s'il y a fermeté sur l'immigration.
16:31Donc c'est encore cette question-là.
16:32Et quand on regarde nos voisins,
16:33l'Allemagne qui renforce ses contrôles aux frontières,
16:35la Hollande qui décide de tenter de sortir même du pacte européen
16:39sur la question de la gestion de l'asile
16:41pour être encore plus ferme,
16:43l'Italie qui renforce également sa police sur l'immigration.
16:48Bref, face à tout cela, quelle est votre position ?
16:51Et sur quoi vous alertez Michel Barnier, Natasha Bouchard ?
16:53Alors d'abord, Michel Barnier, Premier ministre,
16:56je lui ai déjà envoyé un courrier dès sa nomination
17:00pour l'alerter sur cette situation à Calais,
17:04rapportée aux migrants, mais aussi à d'autres sujets.
17:07On en a d'autres comme l'industrie, par exemple.
17:11Je l'alerte pour qu'il puisse venir constater ce qui se passe physiquement.
17:17Pourquoi ? Parce qu'en fait, on se rend compte
17:20que beaucoup d'acteurs ont des discours
17:24mais qu'ils ne connaissent pas ma réalité et la réalité des Calaisiens.
17:29C'est la raison pour laquelle je voulais vous donner la parole ce matin, Natasha Bouchard.
17:31Moi, je vous dis que j'ai des propositions.
17:34Elles sont ce qu'elles sont, mais au moins j'en ai.
17:38C'est bien ce rétablissement du délit de séjour irrégulier
17:42parce que le Conseil constitutionnel a censuré
17:47cette partie-là de la loi immigration.
17:51Pourquoi ? Parce qu'en fait, il était constitutionnel en 2012
17:56et il ne l'est plus aujourd'hui alors qu'il n'y a pas eu de révision de la Constitution.
18:02Il faut nous expliquer pourquoi.
18:05Le rétablissement de ce délit de séjour irrégulier...
18:07C'est la fermeté. L'humanité, c'est la création de lieux d'accueil humanitaires.
18:12Le bras de fer avec les Britanniques, c'est la révision du droit du travail.
18:17On a la question du regroupement familial.
18:20Est-ce qu'il faut réduire le regroupement familial ?
18:23C'est ce que décide notamment la Hollande, par exemple,
18:26qui a donc décidé de réduire le regroupement familial.
18:29C'est un choix à échanger dans un pays.
18:35Il faut un vrai regroupement familial parce qu'il y a certaines conditions
18:41qui font que ça veut dire quoi le regroupement familial ?
18:44On va jusqu'où ?
18:47C'est vraiment une discussion.
18:49Ensuite, on voit que les Allemands referment.
18:52Je tiens quand même à rappeler que c'est eux qui ont ouvert en 2015
18:55et c'est Calais qui s'est retrouvé en 2016 avec une jungle
18:59parce qu'on a ouvert les portes en Allemagne.
19:02C'était une des conséquences du million de migrants,
19:04notamment originaires de Syrie, accueillis par Angela Merkel.
19:07C'est un vrai retour de balancier de l'Allemagne qui prend une question inverse.
19:12Aujourd'hui, on voit bien que tout s'organise sur Calais,
19:17qui est devenu un peu une plateforme,
19:19et se diffuse l'organisation des passages sur le littoral.
19:22On organise chez nous, on diffuse sur le littoral.
19:25Moi, j'appelle les maires, je vous le dis très clairement.
19:29Je profite de l'occasion pour appeler les maires du littoral
19:32de Boulogne, de Dunkerque, de Marquise,
19:35à ce qu'on puisse se rassembler.
19:38Je veux bien être le porte-parole,
19:41mais on doit en fait faire bloc.
19:44Alors qu'aujourd'hui, on est un peu chacun isolé
19:48dans le périmètre de sa commune,
19:50on doit faire bloc pour pouvoir avoir des propositions fortes
19:55pour, justement, éviter l'arrivée sur le littoral
20:00et les passages et les naufrages.
20:02Merci beaucoup, Natacha Bouchard, d'avoir pris le temps ce matin.
20:06Vous êtes maire de Calais, donc maire depuis 2008.
20:09Merci à vous d'avoir répondu à mes questions
20:11et raconté aussi la réalité de ce que vous vivez à Calais.
20:15Il est 8h52 sur RMC-BFMTV.

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