Midi News (Émission du 29/06/2023)

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Sonia Mabrouk reçoit les acteurs de l'info du jour, nos experts et nos journalistes dans #MidiNews

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00:00:00 Bonjour à tous et bienvenue à vous.
00:00:03 Vers quoi bascule-t-on ? L'ordre public peut-il vaciller après une nuit de chaos ?
00:00:07 La cartographie des violences est impressionnante.
00:00:10 Le spectre de 2005 est dans toutes les têtes.
00:00:12 Et pour certains policiers, le niveau de violence hier nuit a dépassé le niveau des émeutes
00:00:17 justement de 2005.
00:00:18 Alors comment rétablir l'ordre et l'autorité ? L'exécutif peut-il assumer des décisions
00:00:22 fortes ? Ou est-il tétanisé par le risque d'un autre drame qui pourrait tout embraser ?
00:00:27 Quels ordres sont donnés ? Nos équipes sont sur le terrain.
00:00:31 En plateau avec nous de nombreux invités dont l'avocat et expert en sécurité intérieure
00:00:35 Thibault de Montbréal qui nous racontera ce niveau inédit de violence hier.
00:00:40 Le tout avant une marche blanche que l'on va couvrir évidemment à partir de 14h avec
00:00:45 nos journalistes sur place à Nanterre.
00:00:47 Une marche des risques réels de nourrir encore plus la colère.
00:00:51 Et tout d'abord le rappel des faits.
00:00:53 Le journal c'est avec vous.
00:00:54 Bonjour Michael.
00:00:55 Bonjour Sonia.
00:00:56 Bonjour à tous.
00:00:57 Le placement en détention provisoire requis pour le policier mis en cause dans la mort
00:01:02 du jeune Maël.
00:01:03 Il sera présenté à un juge en vue d'une inculpation pour homicide volontaire.
00:01:08 Écoutez le procureur de Nanterre qui a donné une conférence de presse tout à l'heure
00:01:12 et livré les derniers éléments de l'enquête.
00:01:13 En l'état des investigations et des éléments recueillis, le parquet considère que les
00:01:21 conditions légales d'usage de l'arme ne sont pas réunies.
00:01:25 Par conséquent, à l'issue de sa garde à vue, le policier mis en cause pour avoir
00:01:32 fait usage de son arme a été déféré aujourd'hui devant deux magistrats instructeurs, co-saisis,
00:01:39 dans le cadre d'une ouverture d'information judiciaire du chef d'homicide volontaire.
00:01:44 Au regard des faits, de la nécessité de préserver les investigations, le parquet
00:01:52 a requis le placement du policier hauteur du tir en détention provisoire.
00:01:56 Le procureur de Nanterre a également annoncé le placement en garde à vue de 39 individus
00:02:02 hier dans les Hauts-de-Seine en marge d'une nouvelle nuit de violence.
00:02:05 150 personnes ont été interpellées en France selon le ministère de l'Intérieur.
00:02:09 Une deuxième nuit de chaos donc après la mort de Maël.
00:02:13 Retour sur cette soirée avec Marine Sabourin.
00:02:15 Les premières tensions ont éclaté en Essonne au sud de l'île de France.
00:02:21 Aux alentours de 21h à Viry-Châtillon, plusieurs individus ont incendié un bus bloquant la
00:02:26 circulation toute la nuit.
00:02:28 A Damaril-Elysse, un groupe d'individus s'est introduit sur le parking du commissariat de
00:02:34 la ville avant de brûler plusieurs véhicules de police.
00:02:40 Une scène similaire se serait déroulée à Medon quelques kilomètres plus loin.
00:02:44 Les forces de l'ordre ont été ciblées dans de nombreuses villes d'île de France par
00:02:48 des tirs de mortier, à l'instar de vitrilles sur scène.
00:02:51 Toujours dans le Val-de-Marne, le poste de sécurité de l'entrée du domaine de la prison
00:02:57 de Frenne a été attaqué aux tirs de mortier d'artifice.
00:03:01 Les émeutiers tentaient de s'y introduire.
00:03:03 Sur ces vidéos, les individus appellent à libérer des détenus.
00:03:06 En Seine-Saint-Denis, des incidents ont été recensés dans une vingtaine de communes.
00:03:12 Feux de poubelle, circulation bloquée mais révisée comme un montre-œil.
00:03:16 Des scènes de guérilla visibles également à Amiens-Vaux-en-Velin ou encore Toulouse.
00:03:20 Et voilà donc pour ce sujet de Solène Boullant.
00:03:25 Solène qu'on va tout de suite rejoindre.
00:03:27 Bonjour, vous êtes actuellement avec Charles Bagé à Neuilly-sur-Marne en Seine-Saint-Denis.
00:03:31 Neuilly-sur-Marne où des bâtiments publics et des véhicules de police ont été incendiés hier soir.
00:03:36 Oui tout à fait, vous le voyez sur les images de Charles Bagé.
00:03:42 Ce sont 7 voitures de la police municipale qui ont été incendiées cette nuit vers 1h30 du matin.
00:03:49 Place François Mitterrand où nous nous trouvons.
00:03:51 Un bâtiment de la police municipale mais aussi des services de logement.
00:03:56 Les services de logement qui se trouvent au rez-de-chaussée.
00:03:59 Vous le voyez sur ces images.
00:04:00 En fait le feu s'est propagé des voitures jusqu'au rez-de-chaussée.
00:04:03 Il a totalement dévasté les locaux.
00:04:06 Plus de 2300 documents de ce service de logement sont partis en fumée.
00:04:11 Le feu s'est aussi propagé au premier étage.
00:04:14 Mais aucune victime n'est à déplorer.
00:04:16 Un peu plus loin d'ici, la médiathèque a également été incendie.
00:04:19 Mais le feu a rapidement été maîtrisé par les pompiers.
00:04:23 Alors j'ai pu m'entretenir avec le maire de Neuilly-sur-Marne
00:04:25 qui se dit extrêmement choqué par les incidents qui se sont produits cette nuit.
00:04:30 Il dénonce une attaque contre ce qu'il considère comme étant des symboles de la République.
00:04:35 Et il condamne évidemment ces actes de dégradation.
00:04:39 Il appelle notamment à plus de renforts des forces de l'ordre dans les jours à venir
00:04:43 et espère une aide de l'État pour remettre en l'état les services qui ont été touchés.
00:04:48 Merci Solène Boullant, en direct de Neuilly-sur-Marne.
00:04:50 Et les images sont de Charles Bagé.
00:04:52 Des scènes de violence injustifiable.
00:04:54 Emmanuel Macron a réagi à ces dégradations.
00:04:57 Le chef de l'État s'est exprimé lors d'une cellule de crise interministérielle
00:05:01 convoquée ce matin.
00:05:02 On l'écoute.
00:05:04 Les dernières heures ont été marquées par des scènes de violence contre le commissariat
00:05:10 mais aussi des écoles, des mairies et donc au fond contre les institutions et la République.
00:05:16 Et celles-ci sont absolument injustifiables.
00:05:21 Et je veux remercier l'ensemble de ceux qui, durant la nuit, comme ils ont fait hier,
00:05:28 ont œuvré pour protéger ces institutions et ramener le calme.
00:05:33 Et voilà pour ce journal, Sonia.
00:05:34 Mais bien sûr l'actualité continue dans cette édition spéciale de Midi News
00:05:38 en compagnie bien sûr de vos invités.
00:05:40 Et la question est de savoir vers quoi bascule-t-on et maintenant quel sursaut
00:05:44 après cette nuit de chaos.
00:05:45 Nous sommes avec Naïma M. Fadel.
00:05:46 Merci d'être là.
00:05:47 Bonjour à vous.
00:05:47 Maître Maxime Thibault nous accompagne.
00:05:50 Notre journaliste pour les justices, Sandra Buisson.
00:05:52 L'avocat également spécialiste de sécurité intérieure,
00:05:56 avocat souvent engagé dans la défense des policiers, Thibault de Montbrial.
00:05:58 Merci d'être avec nous également.
00:06:00 Denis Jacob, secrétaire général Alternatives Police,
00:06:03 est présent dans Midi News.
00:06:04 Et Michael Sadoun, également présent avec nous.
00:06:07 Je voudrais qu'on écoute, mesdames, messieurs, le procureur de Nanterre
00:06:11 qui a donc demandé le placement en détention du policier.
00:06:14 Mais qu'on l'écoute en longueur également sur la description
00:06:17 de ce qui s'est passé auparavant dans la matinée,
00:06:21 notamment autour de Noël, ses explications
00:06:24 et les premiers éléments également qu'il donne.
00:06:29 Afin de contrôler celui-ci au regard de sa conduite,
00:06:32 mais aussi du jeunage apparent des occupants du véhicule,
00:06:37 les deux fonctionnaires ont tenté une première fois
00:06:39 de procéder à un contrôle en activant leurs avertisseurs
00:06:43 sonores et lumineux, se portant à la hauteur du véhicule
00:06:46 au niveau d'un feu rouge et en lui indiquant où stationner.
00:06:50 Le véhicule a alors redémarré en grillant le feu rouge.
00:06:55 Au cours de ce périple, plusieurs éléments,
00:06:58 dont les déclarations des policiers et les images de vidéosurveillance,
00:07:03 permettent de constater plusieurs infractions au code de la route,
00:07:07 notamment des traversées de passages piétons mettant en danger
00:07:12 un piéton et un cycliste.
00:07:14 Voilà pour le cheminement à ce qui s'est passé aussi auparavant
00:07:18 tout au long de cette matinée, avant la mort et l'événement
00:07:22 de ce qui s'est passé à Nanterre.
00:07:23 Sandra Buisson, donc demande de placement en détention
00:07:26 pour le policier tireur.
00:07:28 Il n'y a pas de surprise, c'est pour l'instant la procédure ?
00:07:32 C'est relativement peu fréquent qu'il soit requis le placement
00:07:37 en détention provisoire d'un policier qui a fait usage
00:07:40 d'une arme à feu et sur lequel il y a une suspicion
00:07:43 d'usage illégitime de cette arme.
00:07:46 Le procureur le justifie.
00:07:48 Vous savez qu'il y a des conditions pour placer quelqu'un
00:07:49 en détention provisoire.
00:07:50 Ce n'est pas une peine.
00:07:52 C'est en attendant que les investigations se poursuivent.
00:07:54 Et là, il dit que c'est au regard de la gravité des faits
00:07:57 et de la nécessité de préserver les investigations.
00:08:00 Vous savez qu'il y a plusieurs...
00:08:01 Il entend de sécurité publique aussi ou de sûreté publique ?
00:08:04 Il n'a pas précisé, mais on imagine que quand il parle
00:08:07 de la gravité des faits, peut-être pense-t-il également
00:08:11 à ce que ça a engendré.
00:08:13 Mais effectivement, vous savez qu'il y a plusieurs conditions
00:08:15 normalement pour pouvoir demander cette détention provisoire,
00:08:17 qui n'est pas la règle.
00:08:18 La règle, c'est la liberté, c'est éviter une concertation
00:08:22 avec d'autres personnes, éviter des pressions sur des témoins.
00:08:25 Tout ça, il ne l'a pas cité.
00:08:26 Il considère uniquement que c'est en regard de la gravité des faits
00:08:29 et du risque pour le bon suivi de la procédure.
00:08:35 Votre réaction à cette demande, Denis Jacob ?
00:08:38 Je confirme les propos de Sandra Buisson, bien évidemment.
00:08:42 Je pense qu'il y a aussi le contexte actuel que nous vivons
00:08:45 dans notre pays qui pousse aussi le procureur de la République
00:08:48 à faire une telle demande.
00:08:50 Moi, je ne vais pas commenter ce qu'il a dit.
00:08:52 Il a quand même rappelé un cadre légal dans lequel le policier
00:08:57 pouvait faire usage de son arme.
00:08:59 Les conditions ne sont pas retenues, mais c'est quand même
00:09:01 l'article 435-1 alinéa 4, au regard des circonstances
00:09:07 qui ont été expliquées par le procureur, qui permettait...
00:09:10 Mais au regard de ce qui est en train de se passer,
00:09:12 de la gravité de la situation, d'une nuit de chaos,
00:09:15 des questionnements autour de la sûreté, de la sécurité publique,
00:09:18 est-ce que c'est une décision qui vous paraît légitime ou pas ?
00:09:20 Non, mais ce n'est pas une décision, Sonia Babou, qui est prise là.
00:09:23 C'est les juges qui vont...
00:09:25 C'est le juge de la liberté et de la demande qui vous paraît légitime.
00:09:28 Les juges vont à nouveau auditionner le collègue mis en cause
00:09:31 et ensuite, ils vont solliciter le juge de liberté et de la détention
00:09:35 et c'est lui qui décidera ou pas, sous contrôle de maître,
00:09:39 mais qui décidera de la mise en détention provisoire ou pas.
00:09:43 Le contexte que nous vivons aujourd'hui est très grave.
00:09:47 On n'a jamais connu ça.
00:09:48 Moi, j'ai un retour depuis ce matin...
00:09:49 - C'est plus que 2005 ?
00:09:51 C'est plus que 2005.
00:09:52 C'est plus de 2005 dans le niveau et la rapidité
00:09:57 à laquelle se sont déroulées les violences.
00:09:59 Ça donne même le sentiment que quelque part,
00:10:02 tout était déjà prêt et qu'on attendait une étincelle
00:10:05 pour mettre à feu les quartiers sensibles, notamment.
00:10:10 C'est beaucoup plus localisé.
00:10:11 C'est beaucoup plus localisé, mais ça fait 48 heures.
00:10:14 Pour le coup, c'est assez étendu.
00:10:16 Là, on a quand même beaucoup de villes qui sont touchées.
00:10:23 Il est vrai qu'on est à trois semaines à peu près du 14 juillet,
00:10:26 que le 14 juillet est connu aussi pour des violences urbaines,
00:10:29 mais enfin, le niveau de violence auquel sont confrontés les policiers...
00:10:33 Au moment où je vous parle, moi, j'ai 21 policiers...
00:10:36 - Excusez-moi, s'il vous plaît. On va écouter M. Jacob.
00:10:39 - Au moment où je vous parle, on a 21 policiers qui seraient blessés.
00:10:42 On en a 15 sur l'agglomération lyonnaise.
00:10:45 - Pardonnez-moi, priorité au direct. On écoute le garde des Sceaux.
00:10:48 - C'est un conseil. Rien d'autre que ça.
00:10:54 Accepter, évidemment, la série psychologique qui est mise en place.
00:10:57 Parce que vous pensez peut-être, demain, après-demain, lundi, je sais pas,
00:11:01 que tout ça, vous arrivez à le digérer. C'est pas vrai.
00:11:06 Donc, il faut que vous disiez les choses et à une oreille particulière,
00:11:12 qui est celle du psychologue.
00:11:14 Donc, allez-y, faites-le, ça va vous faire du bien.
00:11:17 Ça n'efface pas tout, y a pas d'éponge magique.
00:11:21 Mais c'est important que vous puissiez dire les choses. Vraiment.
00:11:26 Je veux vous dire qu'au travers de ma personne,
00:11:33 mais c'est tout le ministère qui est évidemment solidaire de ce qui vous arrive,
00:11:39 qui est absolument inadmissible.
00:11:46 Rien ne justifie cela.
00:11:52 Courage.
00:11:54 - Merci, monsieur le ministre.
00:12:00 - Du garde des Sceaux, rien ne justifie cela.
00:12:03 Y a pas beaucoup de propos, là.
00:12:05 Ça va un petit peu dans la droite ligne de ce qui avait été dit
00:12:07 par le président de la République avant-hier et Elisabeth Borne.
00:12:11 On sent aussi qu'il y a beaucoup, il faut le dire, Thibaut de Montbréal,
00:12:14 une volonté d'apaiser, une crainte aussi, une peur du spectre de 2005.
00:12:19 Est-ce que vous-même vous dites aujourd'hui que ce niveau de violence a été dépassé ?
00:12:22 - D'abord, je voudrais dire un mot sur ce que l'avocat Eric Dupond-Moretti
00:12:26 vient de dire à la famille.
00:12:27 C'est pas le garde des Sceaux qui vient de parler, c'est un avocat.
00:12:30 Il fait écho aux propos sidérants d'Emmanuel Macron hier,
00:12:34 qui a employé le terme d'inexcusable, qui est un terme juridique,
00:12:37 qui met les juges de Nanterre devant une équation impossible.
00:12:40 Si jamais le policier était remis en liberté, les émeutiers diraient
00:12:44 "mais comment est-ce possible ?" alors que le président de la République
00:12:46 lui-même dit que c'est inexcusable.
00:12:47 Et si jamais les juges placent, le JLD place le policier en détention,
00:12:51 les policiers diront "ça ne pouvait pas être autrement,
00:12:53 puisque le président de la République a fait pression sur la justice".
00:12:56 Donc je pense que l'exécutif est, on ne peut pas dire tétanisé,
00:13:02 parce que c'est plus compliqué que ça, mais extrêmement inquiet
00:13:04 de ce qui est en train de se passer.
00:13:05 Finalement le seul qui a eu une parole mesurée,
00:13:08 c'est Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur,
00:13:10 qui a exprimé une émotion légitime que nous ressentons tous,
00:13:13 mais sans aller au-delà et sans prendre de vitesse
00:13:16 la décision judiciaire à venir.
00:13:18 Tout ça pourquoi ? Et je réponds à votre question,
00:13:20 je pèse mes mots, ça fait deux nuits d'émeutes.
00:13:23 - D'émeutes, pour vous ce sont des émeutes ?
00:13:25 - Non mais c'est en train de devenir plus que des émeutes.
00:13:28 Avec le centre de réflexion sur la sécurité intérieure,
00:13:30 nous avons tout un tas de capteurs, et le matin entre 7h et 8h et minuit,
00:13:35 nous recevons des messages qui viennent d'un peu partout en France,
00:13:37 que ce soit des forces de l'ordre, que ce soit des parquets,
00:13:40 que ce soit des préfectures, etc.
00:13:41 Je pèse mes mots.
00:13:42 L'intensité de la violence entre les deux nuits que nous devons vivre,
00:13:45 elle est exponentielle.
00:13:47 C'est-à-dire que la nuit que nous venons de vivre
00:13:49 n'a rien à voir avec la nuit d'avant.
00:13:51 Il y a de nombreuses différences avec 2005,
00:13:56 qui toutes sauf une concourent à dire que ce que nous vivons
00:13:59 est d'ores et déjà pire que 2005.
00:14:01 La seule chose qui n'est pas encore arrivée,
00:14:03 qui moi me paraît inéluctable compte tenu du cycle,
00:14:07 mais qui n'est pas encore arrivée et qui était arrivée en 2005,
00:14:10 c'est l'utilisation d'une arme de catégorie B,
00:14:12 c'est-à-dire d'une arme à feu, sur les policiers.
00:14:14 Ça, on en a vu sur certaines vidéos, mais non pas encore...
00:14:17 Les policiers municipaux cette nuit ont tiré en l'air avec leur arme de service.
00:14:20 Je parle de tir, de dénotier vers les policiers.
00:14:25 Pour l'instant, ça n'est pas arrivé.
00:14:26 Par contre, quelles sont d'ores et déjà les différences observées ?
00:14:28 Moi, j'ai plusieurs anciens qui m'ont dit ce matin,
00:14:30 cette nuit, c'était pire que la pire nuit de 2005.
00:14:33 Pourquoi ? Parce qu'en 2005, c'était très localisé dans le Val d'Oise.
00:14:39 Il y a eu quelques émeutes un peu ailleurs,
00:14:41 mais c'était très localisé dans le Val d'Oise.
00:14:43 D'ores et déjà, depuis deux nuits, nous sommes partout en France.
00:14:47 Moi, j'emploie le terme parce que je suis prudent de quelques dizaines.
00:14:51 Je pense qu'on n'est pas loin de la centaine.
00:14:53 Je mesure mes propos, je dis quelques dizaines,
00:14:55 mais on va dire de nombreuses dizaines d'endroits en région parisienne
00:14:59 et partout sur le territoire.
00:15:00 Ensuite, des voyous qui ont quitté leur quartier pour aller au contact.
00:15:05 Le président de la République l'a dit, on l'a vu,
00:15:07 attaquer des symboles de l'État, des bâtiments, des écoles, des mairies.
00:15:13 Mais également, on a vu quelques images des commissariats de police municipales,
00:15:18 des commissariats de police nationale, des brigades de gendarmerie
00:15:20 qui ont été attaquées, on n'en parle pas beaucoup,
00:15:22 mais dans plusieurs endroits en France et en particulier en province.
00:15:25 Et j'ajoute un fait qui, à ma connaissance, est inédit,
00:15:28 c'est que plusieurs unités de force mobile ont été attaquées
00:15:31 près de leur caserne vers 5h du matin en rentrant chez elles
00:15:34 par des gens qui les attendaient en embuscade.
00:15:35 En embuscade, donc vous parlez d'attaques qui sont coordonnées.
00:15:38 C'est là que je veux en venir, Sonia Mabrouk.
00:15:41 Nous avons affaire plus du tout à des gamins de 15 ans qui sont très énervés,
00:15:44 nous avons affaire à des adultes qui sont coordonnés avec des attaques.
00:15:48 Certaines attaques ont commencé à 3h du matin,
00:15:50 qui est en heure militaire, l'heure la plus favorable au combat
00:15:53 parce que l'ennemi est endormi.
00:15:56 Donc nous avons affaire manifestement à des gens qui sont très bien organisés,
00:16:00 qui épuisent nos forces de l'ordre,
00:16:02 puisqu'il y a certains endroits où il y a un problème de munitions,
00:16:04 de catégorie intermédiaire,
00:16:05 puisque beaucoup de munitions ont déjà été tirées depuis de nuit.
00:16:08 Il y a des endroits, je ne vais pas dire où pour des raisons évidentes,
00:16:11 où la police a été appelée et n'a pas pu aller
00:16:13 parce qu'il n'y avait plus de véhicules disponibles
00:16:15 et où des petites villes ont été livrées à elles-mêmes aux émeutiers
00:16:18 qui, pour l'instant, ne s'en sont pas pris aux habitants.
00:16:21 Mais de là à ce qu'ils le fassent,
00:16:22 il y a quand même un petit pas qui n'est plus long à franchir.
00:16:25 Donc je dis solennellement, pour finir, ce matin,
00:16:29 que la situation est gravissime.
00:16:30 Tout ce que je vous dis, le gouvernement le sait, évidemment.
00:16:34 On va voir comment se passe la marche blanche cet après-midi,
00:16:36 mais surtout comment se passe la soirée.
00:16:38 Mais nous sommes à la croisée des chemins
00:16:40 et ce que nous étions nombreux à craindre depuis des années est peut-être en train de se...
00:16:43 Là, vous n'êtes plus en train de décrire une nuit de tension, de violence.
00:16:47 Là, vous êtes en train de dépasser.
00:16:50 La question, on a déjà basculé.
00:16:53 Et la dernière différence avec 2005,
00:16:55 c'est que le pays est beaucoup plus fracturé qu'en 2005
00:16:57 et qu'il y a, sur plein de vidéos, des cris d'Allah Akbar,
00:17:00 c'est-à-dire une dimension identitaire qui était peu ou pas présente en 2005.
00:17:07 Donc nous avons ce que certains experts appellent une hybridation également,
00:17:10 qu'on observe.
00:17:11 On va voir où tout cela nous mène,
00:17:13 mais la tendance de ceux qui suivent ça de près aujourd'hui
00:17:17 et des nombreux gens, notamment des policiers, des gendarmes,
00:17:20 qui échangent avec moi de tout grade, y compris de grade élevé,
00:17:24 c'est une très lourde inquiétude pour les heures et les jours qui viennent.
00:17:27 Vos propos, je vais dire, sont glaçants.
00:17:28 Ce ne sont pas vos propos, c'est le constat, c'est la réalité qui est glaçante.
00:17:32 On va les analyser.
00:17:33 C'est très important ce que vous venez de dire,
00:17:34 avec des attaques qui sont coordonnées, avec un niveau de violence qui est inédit,
00:17:38 avec déjà le spectre de 2005 qui est dépassé.
00:17:40 Et on se demande, alors, quel sursaut, quelle décision pourrait faire revenir l'ordre ?
00:17:46 Et puis aussi le fait qu'on ne soit pas surpris par cela.
00:17:49 Ça, il faut le dire. C'est ce que vous avez dit, Denis Jacquin.
00:17:51 Peut-être d'abord les faits, Sandra Buisson, le rappel, le bilan,
00:17:54 interpellation, violence, dégâts, etc.
00:17:56 C'est une nuit, effectivement, très compliquée.
00:17:59 Vous le savez, au moins 150 interpellations en France,
00:18:02 près de 150 policiers blessés en zone police nationale, dont un sérieusement.
00:18:07 Et effectivement, les violences se sont étendues au-delà de la région parisienne,
00:18:11 puisqu'on a des attaques qui se sont passées d'une mairie à Roubaix,
00:18:17 une police municipale attaquée à Mont-Saint-Barreul,
00:18:19 un incendie d'une école à Tourcoing, nombreux incidents à Amiens,
00:18:22 avec incendie d'une bibliothèque de quartier, attaque du commissariat de sens,
00:18:26 incendie du commissariat de Tourc...
00:18:28 On va écouter de nouveau le garde des Sceaux qui s'exprime.
00:18:30 Cette nuit, je voudrais vous dire que d'abord, le temps est à l'émotion, évidemment.
00:18:42 Un gamin de 17 ans est mort et les gamins de 17 ans ne doivent pas mourir.
00:18:51 Je pense aussi parce que ces douleurs s'additionnent au vigile
00:18:57 qui avait en charge de garder ce lieu, ce lieu de justice,
00:19:03 et qui a failli mourir brûlé cette nuit.
00:19:10 Je pense aussi aux plus de 130 policiers et gendarmes qui ont été blessés.
00:19:21 Après le temps de l'émotion, il y a le temps de la justice.
00:19:25 Et plus que jamais, nous avons besoin de justice et la justice est notre pacte social.
00:19:34 Je veux d'ailleurs à ce titre rappeler qu'une information est ouverte
00:19:41 contre un policier et non pas contre la police.
00:19:47 Et que les amalgames qui d'ores et déjà ont été faits sont insupportables.
00:19:59 Je dis inlassablement que la justice ne se rend pas sur les plateaux de télévision,
00:20:07 qu'elle ne se rend pas sur les réseaux sociaux,
00:20:11 et qu'elle ne se rend pas entre une heure et quatre heures du matin dans la rue
00:20:16 en s'en prenant physiquement aux forces de l'ordre,
00:20:21 en dégradant des lieux qui sont nos lieux communs,
00:20:25 au sens premier du terme, lieux de la République.
00:20:28 Tribunaux, mairies, prisons.
00:20:34 Que la justice ne se rend pas en allumant des incendies dans la rue.
00:20:41 Et je veux enfin dire que tous ceux qui de façon irresponsable, et ils se reconnaîtront,
00:20:51 crachent sur la police et sur la justice, sont aussi les complices moraux des exactions qui sont commises.
00:21:03 Ces exactions feront l'objet également, et M. le procureur de la République de Nanterre
00:21:09 en a parlé dans la conférence de presse qu'il a faite tout à l'heure,
00:21:15 les auteurs seront évidemment identifiés et seront sanctionnés à la hauteur de leur participation.
00:21:23 Je veux enfin dire qu'il faut que nous appelions tous au calme,
00:21:34 que nous fassions tous très attention, je dis tous, aux mots que nous prononçons.
00:21:43 Et je redis toute ma confiance dans la justice de notre pays.
00:21:52 C'est la seule façon d'aller vers l'apaisement.
00:21:58 C'est de faire confiance dans la justice qui est rendue en toute indépendance.
00:22:06 Il y a, je l'ai dit plusieurs temps, la justice ne se rend pas en quelques minutes.
00:22:12 Il faut respecter ce temps. Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je voulais vous dire.
00:22:17 Et enfin, bien sûr, j'ai une pensée particulière pour le personnel qui est ici.
00:22:25 Au bord des larmes, vous l'avez vu, ils ne comprennent pas, ils ne peuvent pas comprendre.
00:22:33 Et je veux rappeler enfin que le tribunal de proximité,
00:22:39 c'est un tribunal qui se consacre exclusivement ou presque à des gens modestes.
00:22:45 Vous savez ce qui devait se passer ici cet après-midi ?
00:22:47 C'était une audience consacrée au sur-endettement.
00:22:51 C'est des gens dans la difficulté qui devaient être aidés par la justice.
00:22:57 Eh bien, ce ne sera pas possible.
00:22:59 Donc, évidemment, j'ai voulu assurer le personnel de mon total soutien,
00:23:04 tant en mon nom personnel qu'au nom de tout le ministère.
00:23:08 Nous ferons en sorte, évidemment, de rénover au plus vite ces bâtiments,
00:23:12 de leur permettre de retrouver ces lieux qui sont les leurs
00:23:17 et dans lesquels ils font un travail quotidien qui est absolument remarquable.
00:23:23 Voilà, je vais maintenant me rendre à Frennes,
00:23:28 à la prison qui a fait aussi l'objet d'attaque cette nuit.
00:23:34 Il faut que tout cela cesse, que nous retrouvions le calme.
00:23:39 Et tous ceux qui font en sorte que ce soit la défiance qui devienne la règle,
00:23:46 quand on évoque nos institutions, ceux-là, je le redis,
00:23:49 sont lourdement responsables de cette situation.
00:23:52 Je vous remercie.
00:23:55 Prise de parole du garde d'Essoe, Eric Dupond-Moretti,
00:23:58 qui insiste sur le temps de la justice, la justice qui ne se rend pas
00:24:01 en allant commettre des violences et en allant incendier dans les rues,
00:24:08 dit-il. Il insiste une nouvelle fois sur le temps de la justice.
00:24:12 Il dénonce ceux qui crachent sur la police.
00:24:15 Donc ça, Denis Jacob, vous allez réagir, évidemment.
00:24:17 C'est un message important de la part du garde d'Essoe.
00:24:19 Je reste quand même sur le constat que vous avez dressé, Thibault de Montbrial,
00:24:23 sur une situation quasi insurrectionnelle.
00:24:25 Et on se demande si les mots utilisés sont à la hauteur de ce que vous venez de décrire.
00:24:31 C'est ce que rejoint ce que vous évoquiez, Sandra Buisson, avec ce qui s'est passé hier.
00:24:35 Vous avez évoqué également une police municipale pour certains qui ont tiré en l'air.
00:24:39 Ils ont tiré en l'air pour préserver leur vie, leur intégrité physique.
00:24:44 Ça s'est passé notamment à...
00:24:49 Attendez que je recherche, mais bon, on va refaire un point.
00:24:52 Moi, les policiers, ce qu'ils m'ont dit cette nuit, c'est on a pris la foudre.
00:24:57 C'était une situation quasi insurrectionnelle, parfois des zones de guerre.
00:25:01 Certains disent que c'était pire qu'en 2005.
00:25:03 Alors, on va voir si sur le long terme, ce sera pire qu'en 2005,
00:25:06 puisque il y avait eu aussi cet effet-là, c'est que ça avait duré très longtemps, en 2005.
00:25:11 À plusieurs reprises, des policiers m'ont dit qu'ils avaient été à court de munitions
00:25:15 parce qu'ils en ont utilisé en masse, en masse, cette nuit.
00:25:20 Et dans certains rapports, il est indiqué que ça a été utilisé à raison.
00:25:24 Ça n'était pas disproportionné.
00:25:27 Certains m'ont dit qu'ils avaient craint pour leur vie.
00:25:30 À Paris, une source policière m'a indiqué que l'intensité des violences urbaines était inédite,
00:25:35 que les policiers ont même eu du mal à contenir ces violences
00:25:38 et qu'il a été parfois difficile de reprendre le terrain.
00:25:42 Dans les Hauts-de-Seine, les violences urbaines...
00:25:44 Difficile de reprendre le terrain ?
00:25:45 Ils se sont même retirés.
00:25:47 Repliés.
00:25:48 J'ai discuté avec un policier dont on a recueilli le témoignage,
00:25:51 qui me disait qu'à un moment, on n'avait plus de munitions,
00:25:53 on a été obligé de reculer, effectivement.
00:25:56 C'était tellement intense que plusieurs interventions,
00:25:58 par exemple dans les Hauts-de-Seine, n'ont pas pu être traitées
00:26:01 parce qu'il n'y avait pas assez d'effectifs pour agir en sécurité.
00:26:03 On pense à des interventions sur les caméras dégradées, des feux de véhicules.
00:26:06 Ça n'a pas pu être traité.
00:26:08 Il y a un policier qui était en urgence absolue,
00:26:10 touché par un jet de pavé dans l'attaque du commissariat de la Courneuve.
00:26:13 Et les deux policiers municipaux qui ont tiré à balles réelles vers le ciel,
00:26:17 mais pour se protéger, c'était en Seine-Saint-Denis également.
00:26:21 Mais je vais vous poser une question directement,
00:26:23 et je reviens vers vous, Denis Jacob, Thibaud de Montbréal.
00:26:25 Quand il y a eu les Gilets jaunes, quand il y a eu des moments paroxystiques,
00:26:28 où la crise était vraiment là et qu'il y avait des départs de feu,
00:26:32 qu'il y avait des violences, des affrontements entre
00:26:34 ceux qui étaient dans la rue et les policiers,
00:26:36 il y a eu quand même des décisions qui ont été prises justement
00:26:40 pour employer une méthode forte, pour ne pas laisser le chaos s'installer.
00:26:45 La situation était doublement différente.
00:26:47 D'abord, elle était extrêmement localisée,
00:26:49 même s'il y avait des incidents en province.
00:26:51 Pardonnez-moi, le ministre de l'Intérieur qui s'exprime.
00:26:53 D'abord, je veux dire à tous les policiers, à tous les gendarmes
00:27:00 qu'ils ont fait un travail exceptionnel cette nuit.
00:27:03 Ils ont été très mobilisés, ils ont été la cible d'énormément d'attaques.
00:27:08 Je rappelle que plus d'une dizaine de commissariats
00:27:10 ou de caisons de gendarmerie ont été attaqués.
00:27:12 Je sais qu'ils ont été très professionnels dans des conditions très difficiles.
00:27:17 Je veux une nouvelle fois leur redire mon soutien,
00:27:19 leur redire ma confiance et leur dire évidemment que je suis à leur côté.
00:27:24 Je suis aussi venu voir les policiers et les gendarmes.
00:27:26 Je remercie les sapeurs-pompiers qui ont été particulièrement mobilisés
00:27:29 à Paris et ailleurs sur le territoire national.
00:27:31 Je remercie les élus.
00:27:32 J'ai eu de très nombreux maires au téléphone ce matin,
00:27:34 dont M. le maire de Mont-Saint-Barreul,
00:27:36 très tôt pour évidemment les assurer du soutien de la République.
00:27:39 Le fait que nous condamnions bien évidemment ces attaques absolument
00:27:43 inacceptables contre les services publics.
00:27:46 À travers M. le maire, je voudrais saluer tous les élus municipaux,
00:27:49 les agents municipaux, dont ici par exemple à Mont-Saint-Barreul,
00:27:52 qui ont été pris à partie dans des conditions qui auraient pu extrêmement mal tourner,
00:27:56 et dire que lorsque l'on attaque des écoles, des mairies, des commissariats,
00:28:01 des centres sociaux, lorsqu'on les incendie,
00:28:03 lorsqu'on pille des commerces de proximité, des bureaux de poste,
00:28:08 nous constatons que c'est les quartiers populaires,
00:28:11 les habitants des quartiers populaires qui sont touchés.
00:28:14 Ce sont les services publics des habitants,
00:28:17 des plus modestes d'entre nous, qui sont attaqués.
00:28:20 Ce n'est pas simplement des symboles du pouvoir politique ou municipal,
00:28:25 c'est évidemment absolument incompréhensible, absolument inacceptable.
00:28:29 Ça doit obtenir la plus grande fermeté comme réponse,
00:28:32 et ça vient toucher des quartiers qui sont déjà extrêmement touchés socialement.
00:28:37 Et donc c'est absolument incompréhensible.
00:28:40 Évidemment on ne peut pas rester naïf devant ces organisations,
00:28:45 puisqu'il s'agit d'organisations qui manifestement cette nuit
00:28:48 ont voulu atteindre notre pacte républicain.
00:28:52 Alors je veux dire que les policiers ont payé un lourd tribut,
00:28:56 les policiers et les gendarmes, puisqu'il y a eu 170 blessés
00:28:58 chez les policiers et chez les gendarmes.
00:29:00 Fort heureusement aucun de la pronostic vitale n'est engagé.
00:29:04 Il y a eu également une réponse de la part de l'État,
00:29:06 puisqu'il y a eu plus de 180 interpellations,
00:29:08 et sans doute qu'on en aura davantage aujourd'hui.
00:29:11 Moi je voudrais surtout dire que nous avons aujourd'hui
00:29:15 à nous mobiliser extrêmement fortement au ministère de l'Intérieur
00:29:18 pour que la réponse de l'État soit ferme,
00:29:21 et que si la justice doit passer dans le calme,
00:29:23 et le procureur de la République s'est exprimé ce matin
00:29:26 bien évidemment sur la terrible affaire de Nanterre,
00:29:28 je veux redire que les émeutes que nous avons connue cette nuit
00:29:31 n'ont rien à voir avec cette histoire,
00:29:33 et qu'attaquer une école, incendier un centre social,
00:29:35 incendier une mairie n'a rien à voir avec cette histoire de Nanterre.
00:29:38 Donc les professionnels du désordre doivent rentrer chez eux.
00:29:41 Ce soir il y aura beaucoup plus de policiers et de gendarmes présents,
00:29:45 cela a été arbitraire à la réunion que vous avez vu ce matin,
00:29:48 puisqu'hier il y avait 9000 policiers et gendarmes mobilisés,
00:29:50 dont 2000 sur la plaque parisienne.
00:29:52 J'ai décidé qu'il y ait 40 000 policiers et gendarmes
00:29:55 ce soir et cette nuit mobilisés,
00:29:56 dont 5000 en plaque parisienne,
00:29:58 et des moyens techniques et technologiques importants
00:30:00 pour lutter évidemment contre ces émeutes,
00:30:03 pour procéder à des interpellations,
00:30:06 et surtout pour rétablir l'ordre républicain
00:30:07 qu'attendent légitimement les Français.
00:30:10 Je veux dire une nouvelle fois que je crois que la position
00:30:13 du gouvernement a été à la fois nuancée, claire et équilibrée,
00:30:19 et que nous attendons de tous les responsables politiques,
00:30:21 quels qu'ils soient, tous les responsables politiques,
00:30:23 parce que dans les responsables politiques il y a politique,
00:30:25 mais il y a surtout responsables,
00:30:27 qui leur appartient pour le bien de l'intérêt général,
00:30:29 pour le bien des populations,
00:30:30 pour le bien des institutions de la République,
00:30:32 d'appeler au calme.
00:30:33 Il ne peut pas y avoir un 2e conditionnel,
00:30:36 ou de 8 mai, lorsqu'on attaque des écoles,
00:30:39 lorsqu'on attaque des mairies,
00:30:40 lorsqu'on attaque des agents du service public,
00:30:42 parce qu'un drame aurait pu se dérouler cette nuit,
00:30:43 et grâce aux policiers, aux gendarmes et aux pompiers,
00:30:45 grâce aux élus municipaux,
00:30:47 il y a eu des drames bâtimentaires,
00:30:48 ce qui est évidemment déjà extraordinairement difficile
00:30:51 à constater,
00:30:52 mais il n'y a pas eu de drame humain,
00:30:54 et nous allons tout faire désormais
00:30:56 pour que l'ordre républicain revienne partout,
00:30:58 sur tous les points du territoire national.
00:31:00 Je voulais assurer évidemment à M. le maire de Mons,
00:31:02 et à travers lui, à tous les maires de France,
00:31:04 même la Première ministre est en déplacement
00:31:05 au moment où nous parlons.
00:31:06 Je sais, et on a eu une réunion avec elle ce matin,
00:31:09 qu'elle est parfaitement mobilisée
00:31:10 comme le président de la République,
00:31:11 pour que les choses soient très clairement dites,
00:31:13 je crois qu'elle en était,
00:31:14 et que nous comprenons tous
00:31:16 que ce qui se joue aujourd'hui,
00:31:17 c'est les institutions de la République.
00:31:18 Est-ce que le gouvernement envisage
00:31:19 l'instauration de l'état d'urgence
00:31:20 comme cela avait été le cas en 2005 ?
00:31:22 Je crois que vous aurez constaté
00:31:23 qu'on peut mobiliser d'énormément de moyens,
00:31:25 puisque je vais multiplier par 4
00:31:27 le nombre de policiers et de gendarmes,
00:31:28 mobiliser les moyens technologiques et techniques
00:31:31 du ministère de l'Intérieur,
00:31:32 en lien bien sûr avec le ministère de la Justice,
00:31:34 sans qu'on ait besoin de recourir
00:31:37 à des articles particuliers de la Constitution.
00:31:39 Je compte que ce soir,
00:31:41 après les appels au calme que tout le monde aura répété,
00:31:44 parce que sinon je crois qu'il y aura
00:31:46 réitération d'une forme d'irresponsabilité
00:31:48 que personne, évidemment, j'imagine, ne souhaite,
00:31:51 je crois que nous constaterons
00:31:52 que l'ordre républicain va revenir.
00:31:54 Et je veux dire que si la position
00:31:57 des forces de l'ordre hier était de maintenir
00:31:59 l'ordre public et protéger les personnes,
00:32:00 ce qu'ils ont fait, je crois avec beaucoup de courage,
00:32:03 qu'on peut nous le saluer,
00:32:04 ce soir, des interpellations seront faites
00:32:07 dès que nous constaterons que des personnes
00:32:09 veulent s'en prendre à des bâtiments publics,
00:32:11 à des policiers, à des gendarmes,
00:32:12 à des élus municipaux qui ont parfois été menacés
00:32:14 jusque chez eux.
00:32:16 Et donc je pense qu'il ne peut pas y avoir
00:32:19 aujourd'hui d'hésitation dans tous les chiquiers politiques
00:32:21 lorsqu'on voit qu'il y a des élus
00:32:22 qui sont menacés personnellement chez eux
00:32:24 et dans leur famille, qu'on va menacer,
00:32:25 que cramer leur mairie,
00:32:27 d'attaquer des services publics,
00:32:28 il ne peut pas y avoir encore une fois de demi-mesure.
00:32:30 Donc les choses sont claires désormais pour tout le monde.
00:32:33 Je crois que les policiers et les gendarmes
00:32:35 ont bien compris le sens de leur mission.
00:32:36 Je les remercie dans des circonstances difficiles.
00:32:39 Je veux dire que par ailleurs,
00:32:40 chacun aura constaté que le ministère de l'Intérieur
00:32:42 a procédé à un certain nombre d'opérations transparentes,
00:32:46 si j'ose dire, sur l'affaire de Nanterre.
00:32:48 J'ai demandé au préfet de police,
00:32:49 puisque le procureur de la République a communiqué,
00:32:52 de suspendre administrativement le policier
00:32:55 qui est en cause par cette affaire judiciaire.
00:32:58 Mais je veux aussi dire qu'il a le droit,
00:33:00 évidemment, comme tous les agents de la police nationale,
00:33:03 comme tous les Français, à la présomption d'innocence.
00:33:06 Vous parlez d'organisation, M. le ministre,
00:33:07 on peut en savoir un peu plus du profil.
00:33:10 Est-ce qu'il y a des choses que vous savez
00:33:13 de ces personnes procédées, de s'organiser, justement ?
00:33:17 Fort heureusement, les services ministères de l'Intérieur
00:33:20 savent faire des enquêtes, ont des renseignements.
00:33:22 Il ne s'agit pas, sauf exception,
00:33:25 de quelques petits rassemblements qui auraient mal tourné.
00:33:28 Il s'agit de gens qui, à une certaine heure,
00:33:30 ont décidé, même s'ils n'étaient pas très nombreux,
00:33:32 mais ont décidé d'attaquer des symboles de la République.
00:33:35 Je rappelle qu'il y a eu 90 bâtiments publics
00:33:37 qui ont été attaqués cette nuit, quasiment en même temps,
00:33:39 dans le cas de la métropole lilloise,
00:33:40 rendant difficile l'intervention des forces de l'ordre
00:33:42 incontestablement,
00:33:44 donc les choses seront réparées pour ce soir,
00:33:46 et qui ont souhaité attaquer des symboles extrêmement précis.
00:33:49 Quand on s'en prend à une école d'un quartier populaire
00:33:53 comme à Tourcoing,
00:33:54 quand on s'en prend à des centres sociaux,
00:33:57 quand on s'en prend à des domiciles d'élus,
00:33:58 quand on s'en prend à des mairies,
00:34:00 on s'en prend, évidemment, je crois, à des symboles.
00:34:04 Et donc il faut répondre à ces organisations
00:34:07 qui pensent que la République va reculer,
00:34:10 que la main de la République sera ferme,
00:34:12 parce que l'ordre public, c'est ce qui permet la justice.
00:34:16 L'ordre public et le calme, c'est ce qui permet le droit.
00:34:18 L'ordre public, le calme et l'action
00:34:21 proportionnée des forces de l'ordre,
00:34:22 c'est ce qui permet à chacun de vivre en liberté.
00:34:24 Cette nuit, les Français n'ont pas pu vivre totalement en liberté,
00:34:27 et c'est de ma responsabilité mise à l'intérieur
00:34:29 que de faire que ce moment ne se recommence pas.
00:34:30 Je vous remercie.
00:34:31 Un moment grave à n'en pas douter,
00:34:39 eu égard aux mots utilisés par Gérald Darmanin,
00:34:41 qui parle d'organisations qui ont décidé d'attaquer
00:34:43 les symboles de la République, des professionnels,
00:34:47 a-t-il dit le ministre de l'Intérieur,
00:34:48 qui annonce une réponse ferme de l'État ?
00:34:51 Et puis, ce niveau de sécurité qui sera mis en place dès ce soir,
00:34:55 40 000, imaginez, 40 000 policiers et gendarmes dès ce soir.
00:35:00 Vous nous décriviez juste il y a quelques minutes
00:35:02 cette situation, Thibault de Montbréal,
00:35:04 vous avez parlé d'attaques coordonnées,
00:35:05 d'organisations, de professionnels,
00:35:07 des émeutes, ce que vient de dénoncer le ministre de l'Intérieur.
00:35:10 On sent véritablement que c'est une autre étape, finalement.
00:35:13 C'est une autre étape, et ce qu'a dit le ministre de l'Intérieur,
00:35:15 c'est assez habile, c'est que ce soir,
00:35:19 il faut que l'ordre vienne,
00:35:20 il y a des moyens, 40 000 policiers et gendarmes,
00:35:22 considérables, considérables, qui sont déployés.
00:35:25 On sait, par ailleurs, sans rentrer dans les détails,
00:35:27 que depuis deux jours, il y a beaucoup de mouvements
00:35:29 sur le territoire de forces qui sont déplacés de ci, de là.
00:35:32 Il y a des réservistes qui sont rappelés,
00:35:33 enfin, il y a quand même une prise de conscience
00:35:36 de ce qui est en train de se passer.
00:35:37 Mais c'est intéressant, parce que Gérald Darmanin
00:35:39 dit que ce soir, il appelle à un retour au calme,
00:35:42 mais il est extrêmement improbable
00:35:44 que ce soir, il y ait un retour au calme.
00:35:46 Et en réalité, vous posiez la question tout à l'heure
00:35:48 de savoir comment rétablir l'autorité et le sursaut.
00:35:52 Et là, ça va être compliqué,
00:35:53 et c'est là qu'il ne faut pas que la main tremble,
00:35:55 parce que les choses doivent être dissociées
00:35:58 entre Nanterre et entre les émeutes.
00:36:00 – Il a essayé de le faire.
00:36:01 – Mais il a raison, avec des gens qui sont,
00:36:04 qui attendaient depuis longtemps sans doute leur heure
00:36:06 pour passer à l'attaque sur le territoire avec cette ampleur,
00:36:09 et il ne faudra pas, parce que les Français ne le comprendraient pas
00:36:12 et nos forces de l'ordre ne le supporteraient pas,
00:36:14 qu'au moment où il faudrait riposter à des attaques létales,
00:36:17 nos forces de l'ordre tremblent à leur tour ou ne soient pas soutenues.
00:36:21 – C'est-à-dire que c'est ça ce qui peut se passer ?
00:36:23 C'est-à-dire un mort, un drame et un embrasement encore plus grand ?
00:36:25 – Mais pour être clair, c'est tout à fait la crainte de chacun.
00:36:29 Mais là où l'équation doit être posée sur la table,
00:36:33 c'est qu'il y a des lois, il y a des règles d'engagement,
00:36:35 il y a la force légitime qui incombe aux forces de l'ordre de par la loi.
00:36:41 Et il faut rappeler que le rétablissement de l'autorité,
00:36:44 il ne passera pas en laissant faire.
00:36:48 Et donc il y a un moment donné où il y aura une confrontation des volontés
00:36:52 et sans doute une confrontation de moyens,
00:36:54 toute la difficulté étant que si un policier est tué ou si un émeutier est tué,
00:36:58 je ne dis pas un jeune ou un manifestant, je dis un émeutier,
00:37:00 parce que ce sont des gens qui sont venus combattre,
00:37:02 à ce moment-là le phénomène de boule de neige est à craindre.
00:37:05 Et donc il faudra que l'État tienne le choc et c'est pour ça je pense,
00:37:10 et c'est pour ça je pense qu'avec pas mal d'habileté dans la réponse
00:37:13 sur la question de l'état d'urgence, le ministre de l'Intérieur a dit
00:37:17 il n'y a pas besoin de mettre l'état d'urgence puisqu'on a les moyens
00:37:19 et que ce soir, grâce à mon appel, le calme va revenir.
00:37:22 Sous-entendu, si le calme ne revient pas,
00:37:24 eh bien on pourra passer ensuite à l'état d'urgence.
00:37:27 Mais ce qui est sûr c'est que les deux jours et les deux nuits qui viennent sont détournants.
00:37:31 Et je dis avant de partir, toute ma sympathie, ma solidarité
00:37:35 pour les forces de sécurité intérieure, la police, la gendarmerie,
00:37:38 qui plus que jamais dans les heures et dans les jours qui viennent
00:37:41 sont les garants de la cohésion de notre nation et de la défense de nos institutions.
00:37:45 Je vous demande encore un instant Thibaud de Montbréal
00:37:47 puisque ce qu'on est en train de dire en réalité,
00:37:49 et ce qu'a dit le ministre de l'Intérieur, c'est ainsi que je le comprends,
00:37:51 c'est que pour beaucoup qui sont sortis hier pour mettre le chaos,
00:37:55 c'est un prétexte d'Intérieur.
00:37:57 C'est un prétexte. En réalité beaucoup attendaient ça
00:37:59 et la plupart des Français qui nous regardent ne sont pas peut-être pas surpris
00:38:02 de ce qui est en train d'arriver.
00:38:03 Depuis des années, certains disent "attention, attention le fait couvre,
00:38:07 il suffit d'un drame, d'un incident, d'un événement pour que ça se produise".
00:38:11 C'est votre sentiment aussi Denis Djakovic ?
00:38:13 Bien sûr, c'est le sentiment de mes collègues qui sont surtout sur le terrain
00:38:16 confrontés à cette ultra-violence.
00:38:18 Je vous l'ai dit tout à l'heure, ça a démarré d'un coup,
00:38:21 brutalement, partout en France.
00:38:23 On est au-delà de 2005.
00:38:26 Et j'apprécie particulièrement les propos du ministre de l'Intérieur,
00:38:30 déjà de souligner toute la mesure qu'il a eue face à la polémique la plus haute
00:38:34 avec des propos inacceptables qui ont été tenus par des élus,
00:38:37 par des people, par des personnalités publiques
00:38:40 qui ont attisé les tensions et qui ont envenimé la situation.
00:38:46 Et d'affirmer que ce soir, les policiers vont intervenir,
00:38:50 on l'attendait.
00:38:51 Parce que moi j'ai eu le retour ce matin,
00:38:53 les collègues avaient quand même le sentiment d'être un peu tout seul
00:38:57 à gérer ce bazar, et je reste poli.
00:38:59 C'est-à-dire d'être passif ?
00:39:00 Pas passif, mais en tous les cas, surtout pas actif
00:39:03 dans l'interpellation, ou en tous les cas, de manière mesurée.
00:39:07 Et que beaucoup d'entre eux ont été obligés de reculer
00:39:10 pour éviter la confrontation.
00:39:12 Là, on a un engagement du ministre de passer à l'action,
00:39:15 parce que l'autorité de l'État doit s'affirmer,
00:39:17 et elle doit s'affirmer partout sur le territoire,
00:39:19 et que c'était important que le ministre de l'Intérieur
00:39:22 puisse envoyer ce message à destination de nos collègues.
00:39:24 Vous allez nous parler de ce dispositif, et on va élargir le débat.
00:39:26 Je remercie Thibault de Montbrial, merci pour cette analyse,
00:39:29 confirmée par le ministre de l'Intérieur.
00:39:31 On va écouter Emmanuel Macron dans cette cellule de crise ce matin.
00:39:35 Écoutons ses mots.
00:39:37 L'émotion qui accompagne la mort d'un jeune homme
00:39:41 est en elle-même, je dirais, impose le recueillement et le calme,
00:39:47 et ce à quoi le gouvernement a constamment appelé.
00:39:51 Je pense que c'est cela qui doit continuer à guider
00:39:55 les prochaines heures et la marche blanche.
00:39:57 Néanmoins, ceci a fait l'objet ensuite de réactions,
00:40:02 vraisemblablement de tentatives de récupération,
00:40:06 et les dernières heures ont été marquées par des scènes de violence
00:40:10 contre le commissariat, mais aussi des écoles, des mairies,
00:40:13 et donc au fond contre les institutions et la République.
00:40:17 Et celles-ci sont absolument injustifiables.
00:40:23 Et je veux remercier l'ensemble de ceux qui, durant la nuit,
00:40:27 comme il a fait hier, ont œuvré pour protéger ces institutions
00:40:32 et ramener le calme.
00:40:34 Donc, pour moi, les prochaines heures doivent d'abord conduire
00:40:40 au recueillement, au respect,
00:40:42 et la marche blanche doit se faire sous ce signe.
00:40:47 Ensuite, la protection, évidemment, de tous les lieux et des institutions,
00:40:53 on y reviendra, et la caractérisation de ce qui s'est passé
00:40:56 dans les dernières heures.
00:40:57 Et puis la préparation des prochains jours
00:40:59 pour que le calme complet puisse arriver.
00:41:03 Voilà, cette prise de parole, c'était ce matin.
00:41:05 Depuis, vous venez de l'entendre sur CNews,
00:41:07 le ministre de l'Intérieur a annoncé une réponse aux fermes de l'État,
00:41:10 a dénoncé des organisations, des professionnels,
00:41:13 des émettiers qui sont pris à des symboles très précis de la République.
00:41:17 Il a annoncé également, et on va en parler,
00:41:19 imaginez le dispositif 40 000 policiers et gendarmes.
00:41:22 Sandra Buisson, arrêtons-nous sur ce dispositif qui est véritable,
00:41:26 qui n'a rien de commun dans une telle situation.
00:41:27 Qui n'a rien de commun, qui commence à ressembler
00:41:29 à ce qui a été mis en place au moment des Gilets jaunes.
00:41:32 On n'est pas encore à ce niveau-là, mais on y va.
00:41:35 40 000 policiers et gendarmes sur tout le territoire ce soir,
00:41:39 puisque, vous l'avez vu, il y a eu ces violences urbaines
00:41:41 dans toute la région parisienne, mais aussi au-delà,
00:41:44 en province, en région, il y a eu de fortes tensions
00:41:47 et plusieurs commissariats et institutions visées, attaquées,
00:41:52 avec des débuts d'incendies pour certains,
00:41:55 pour la région parisienne ce soir, ce sera 5 000 forces de l'ordre,
00:42:00 policiers et gendarmes, contre 10 000 hier,
00:42:03 donc ils doublent, les effectifs seront plus du double
00:42:07 de ce qu'ils étaient hier, hier au total en France,
00:42:09 on était à 9 000, donc 40 000 ce soir.
00:42:11 Avec des ordres un peu plus, j'allais dire, actifs,
00:42:15 on n'est pas dans la défensive là, par rapport à ce que dit
00:42:18 le ministre de l'Intérieur, Denis Jacob.
00:42:19 Clairement, il y a une différence, je ne sais pas, il faut dire,
00:42:21 s'il y a un changement de stratégie, de maintien d'ordre,
00:42:23 mais là, la question c'est de reprendre en main.
00:42:26 Oui, complètement, je pense que personne ne pensait
00:42:30 à un tel démarrage de violence, je pense que c'est la rapidité
00:42:35 et l'étalement sur l'ensemble du territoire qui a peut-être surpris,
00:42:39 et donc on a eu un dispositif à la base, je dirais, plutôt classique.
00:42:43 Là, on sent bien que c'est monté très fortement en puissance,
00:42:46 et qu'on est obligé de reprendre la main par rapport à ces violences,
00:42:51 parce qu'on ne peut pas laisser la population,
00:42:54 qui est quand même la première victime de ce qui se passe,
00:42:56 au quotidien, et on ne peut pas laisser l'insécurité
00:42:59 dans certains endroits de France.
00:43:00 Est-ce qu'il dit tout ? On ne peut pas ?
00:43:03 Qui a ordonné de laisser faire ?
00:43:05 Non, on n'a pas ordonné de laisser faire.
00:43:07 Non, parce que là, ils étaient sur le pont tous.
00:43:08 D'accord, vous avez été surpris par cette violence ?
00:43:10 Oui, c'est ça ma question.
00:43:12 Oui, mais complètement, complètement surpris du niveau de violence,
00:43:16 et donc on doit reprendre cela en main rapidement,
00:43:19 et le ministre vient de l'annoncer, et je m'en félicite,
00:43:22 il faut qu'on passe à l'action,
00:43:23 et qu'on aille tout de suite procéder aux interpellations.
00:43:26 Il a parlé de groupes, moi j'ai des remontées,
00:43:29 également depuis ce matin, ce ne sont pas que des jeunes de quartier.
00:43:33 On a des groupuscules, des groupuscules anarchistes,
00:43:36 genre Black Bloc, comme on a connu sur les manifestations
00:43:40 contre la réforme des retraites,
00:43:42 c'est-à-dire qu'on a des professionnels de la casse
00:43:45 qui sont là pour en découdre avec tous les symboles de la République
00:43:49 qui ont été très clairement visés.
00:43:51 Habituellement, on a quoi dans les émeutes ?
00:43:53 On a des voitures qui sont brûlées des poubelles, ça a été le cas,
00:43:56 mais là on est pris directement aux mairies, aux écoles,
00:43:59 aux commissariats, à tout ce qui représente la République,
00:44:03 donc ça c'est à souligner.
00:44:04 Oui, avec des tentatives d'intrusion,
00:44:07 je fais attention, pas dans la prison de Freine directement,
00:44:09 mais quand même, une tentative qui a échoué,
00:44:11 on va tous réagir à ça, des émeutiers très déterminés.
00:44:14 Je voudrais qu'on écoute simplement Cédric Boyer du syndicat
00:44:17 Force ouvrière du centre pénitentiaire de Freine,
00:44:19 qui décrit véritablement une scène presque hallucinante.
00:44:22 C'est la première fois qu'on a ce genre d'incident.
00:44:26 Freine, c'est un établissement où on a un domaine pénitentiaire,
00:44:30 donc on a une porte d'entrée, un portail à l'entrée,
00:44:34 un poste de police, donc c'est un poste de garde.
00:44:37 On a des agents qui sont affectés sur ces postes de garde-là,
00:44:40 et ils ont été victimes de cette tentative d'intrusion,
00:44:43 ils ont été victimes de tirs de mortier, de jets de parpaing,
00:44:47 donc c'est des gens qui étaient extrêmement déterminés
00:44:50 pour faire régner un climat de violence et de terreur
00:44:53 sur le centre pénitentiaire de Freine.
00:44:55 Comment on réagit à cela ?
00:44:57 Nuit de chaos, vous avez des policiers qui nous disent
00:44:59 "on ne s'attendait pas à un tel niveau de violence",
00:45:01 on sent bien que le gouvernement, je crois que c'est le mot,
00:45:03 a peur et réagit chacun avec ses mots.
00:45:06 Avec un Gérald Darmanin, on nous dira Gauthier Lebrun
00:45:07 beaucoup plus ferme.
00:45:09 Le ministre Darmanin, Sonia, réagit dans une situation
00:45:12 extrêmement grave et il réagit en responsabilité.
00:45:16 C'est vrai que par rapport à 2005,
00:45:18 alors moi j'étais chef de projet développement social et urbain
00:45:20 sur un quartier, effectivement pour vous rejoindre monsieur Jacob,
00:45:23 c'était surtout des jeunes, des ados ou des pré-ados.
00:45:26 C'est vrai.
00:45:27 Donc ils étaient localisés dans leur quartier,
00:45:30 ils brûlaient ce qui était dans leur quartier.
00:45:32 Ce qui est différent c'est que là on voit des cibles
00:45:34 en centre-ville où s'attaquaient à des institutions
00:45:36 comme les équipements d'agglomération,
00:45:39 comme les commissariats etc.
00:45:41 qui sont même hors des quartiers.
00:45:43 Donc on voit bien, et c'est intéressant ce que vous avez dit,
00:45:46 parce que je vous dis franchement, je n'avais pas cette information,
00:45:48 mais si c'est des groupes anarchistes, effectivement,
00:45:50 on comprend mieux l'organisation aujourd'hui
00:45:53 à laquelle on a affaire et le degré de violence.
00:45:57 Mais qu'est-ce que ça veut dire l'organisation ?
00:45:58 Est-ce que vous pouvez nous expliquer ?
00:45:59 C'est-à-dire qu'il y a eu des actions qui ont été simultanées,
00:46:01 qui ont été coordonnées, qui ont été préparées
00:46:05 avec des appels sur des boucles Télégram.
00:46:07 Il y a eu beaucoup de guet-apens, d'embuscades,
00:46:10 qui ont été organisées contre les forces de sécurité
00:46:12 ces deux derniers jours.
00:46:14 Ça commence par des feux de poubelle.
00:46:16 On intervient, parce qu'on est appelé pour des feux de poubelle,
00:46:18 avec les pompiers.
00:46:19 Et quand on arrive sur place, on est accueilli par des jets de pierre
00:46:24 et surtout, de manière très conséquente,
00:46:26 l'usage de mortiers d'artifices.
00:46:28 Bien.
00:46:29 Est-ce que chacun va faire attention à ses mots ?
00:46:31 On a entendu le ministre de l'Intérieur qui renvoyait encore une fois
00:46:34 à la responsabilité de Jean-Luc Mélenchon,
00:46:37 qui n'appelle pas du tout au calme.
00:46:39 Il y a aussi quand même les mots d'Emmanuel Macron hier,
00:46:41 qui ont été énormément commentés.
00:46:42 Il y a une joute violente, verbale, politique,
00:46:45 en train de s'installer, Gauthier.
00:46:47 Oui, on revoit quelque part ce qu'on avait déjà vu
00:46:49 au moment de la réforme des retraites.
00:46:51 Les mêmes accusations avaient été émises par le gouvernement
00:46:54 contre la France insoumise.
00:46:55 À l'Élysée, des conseillers confiaient que Jean-Luc Mélenchon
00:46:57 était un Hugo Chavez en puissance.
00:47:01 Donc si vous voulez, oui, très clairement,
00:47:03 il y aura un face-à-face entre l'exécutif et la France insoumise.
00:47:05 Vous avez parlé d'Emmanuel Macron ce matin,
00:47:06 qui a dénoncé la récupération politique en cellule de crise.
00:47:09 Éric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin,
00:47:11 on vient de les entendre dans votre édition,
00:47:13 qui, tous les deux, sans nommer la France insoumise,
00:47:16 appellent chaque politique à appeler tout simplement au calme.
00:47:20 La France insoumise, c'est une stratégie politique.
00:47:22 Au bout d'un moment, il faut le dire,
00:47:22 ils veulent tout conflictualiser.
00:47:24 Ils veulent profiter du chaos.
00:47:26 Ils pensent que ça serait payant électoralement.
00:47:28 Donc il y a une stratégie très claire,
00:47:30 que ce soit quand Jean-Luc Mélenchon fait ses tweets,
00:47:32 quand David Guiraud, député LFI, est à la télévision,
00:47:34 ou quand vous avez plusieurs...
00:47:35 Et la Première ministre, pardonnez-moi,
00:47:36 Gauthier Lebret qui s'exprime.
00:47:40 Du gouvernement au maire Benoît Gimenez
00:47:42 après l'incendie de sa mairie.
00:47:45 Peut-être dire qu'évidemment, la mort du jeune Naël est un drame.
00:47:49 Et je comprends l'émotion qu'elle suscite.
00:47:52 La justice est saisie, elle avance.
00:47:54 Le procureur vient de communiquer sur sa demande de mise en examen
00:47:59 et de placement en détention provisoire de l'auteur du coup de feu.
00:48:03 Et rien ne justifie les violences qui se sont produites cette nuit,
00:48:08 que ce soit ici à Garges ou dans d'autres villes.
00:48:12 Et on le voit, sans prendre à des symboles de la République,
00:48:15 sans prendre à des équipements publics,
00:48:17 c'est absolument intolérable.
00:48:20 Et ce sont d'abord les habitants, on l'évoquait avec M. le maire,
00:48:22 c'est le centre d'action sociale qui a été touché,
00:48:25 ce sont d'abord les habitants des villes qui sont pénalisés.
00:48:28 Donc moi, je peux vous assurer que, évidemment,
00:48:31 on est très mobilisés aux côtés des élus,
00:48:34 on va accompagner M. le maire pour remettre en état,
00:48:37 pour reconstruire le cas échéant et les équipements.
00:48:39 Je veux aussi dire tout mon soutien et mes remerciements
00:48:42 aux policiers, aux forces de l'ordre qui sont intervenus cette nuit.
00:48:46 Comme beaucoup d'élus l'ont fait, j'appelle vraiment à l'apaisement,
00:48:50 laissons la justice faire son travail.
00:48:53 Et je peux vous assurer que mon gouvernement est très mobilisé
00:48:57 pour accompagner le retour au calme.
00:48:59 Est-ce que la mise en place d'un état d'urgence
00:49:01 est envisagée aujourd'hui par le gouvernement ?
00:49:04 On n'est pas dans ces circonstances.
00:49:06 Je pense qu'avec tous les élus,
00:49:08 on aura l'occasion de réitérer l'appel au calme.
00:49:12 La justice avance, la justice fait son travail
00:49:15 et on doit retrouver de l'apaisement.
00:49:18 Et les forces de l'ordre seront aussi mobilisées
00:49:22 pour qu'on évite que ce genre de situation se reproduise.
00:49:25 Les violences urbaines et les émeutes de 2005
00:49:28 sont dans toutes les têtes et je pense que M. le maire
00:49:31 le sait bien mieux que moi et que nous,
00:49:34 y compris dans les têtes des habitants ici.
00:49:36 Est-ce que vous vous placez, vous, dans cette comparaison ?
00:49:39 Est-ce que vous vous dites qu'il faut à tout prix
00:49:40 éviter ce scénario-là ?
00:49:43 Je dis qu'il faut évidemment éviter toute escalade.
00:49:46 Il y a un gramme.
00:49:47 La justice fait son travail, je le disais.
00:49:50 L'auteur du coup de feu devrait être mis en examen.
00:49:54 Et je pense qu'on est très mobilisés aussi
00:49:57 pour accompagner tous les habitants des quartiers.
00:49:59 Vous savez qu'il y a un comité interministériel des villes
00:50:01 que je présiderai demain.
00:50:03 C'est l'occasion de réaffirmer aux habitants des quartiers
00:50:06 qu'on est à leur côté face à leurs difficultés.
00:50:08 Mais il faut aussi appeler chacun à la responsabilité.
00:50:11 Et en l'occurrence, sans prendre à des équipements publics
00:50:14 comme ça s'est produit cette nuit ici à Garges,
00:50:17 c'est inacceptable et les forces de l'ordre seront présentes
00:50:21 et seront mobilisées pour faire face à ce genre de violence.
00:50:24 Vous serez demain à Chantelulevine, donc,
00:50:25 pour ce comité interministériel des villes ?
00:50:27 Je présiderai un comité interministériel des villes
00:50:30 et vous aurez des précisions en fin d'après-midi sur les modalités.
00:50:33 On parle de réponses de temps long, Madame la Première ministre.
00:50:37 Voilà donc pour la prise de parole d'Elisabeth Borne.
00:50:46 C'est assez incroyable, je voudrais le préciser à nos téléspectateurs.
00:50:49 Depuis ce matin, vous avez eu la prise de parole d'Emmanuel Macron
00:50:52 dans cette cellule de crise interministérielle,
00:50:55 Éric Dupond-Moretti, Gérald Darmanin, Elisabeth Borne.
00:50:58 Très nettement, on voit une tonalité très ferme
00:51:00 chez le ministre de l'Intérieur qui tranche un peu,
00:51:02 je dois le dire, avec Elisabeth Borne, qui appelle au calme.
00:51:05 Enfin, le calme, ça ne se décrète pas.
00:51:07 On voit bien que c'est le ministre de l'Intérieur
00:51:08 qui a un comble à Gérald Darmanin d'incarner ce côté-là et ce rôle-là.
00:51:14 Ça montre à quel point, dans quelle crise nous sommes plongés,
00:51:16 d'avoir autant de réactions ministérielles les unes derrière les autres,
00:51:20 à commencer par, évidemment, la première,
00:51:22 celle du président de la République en début de journée.
00:51:24 Il y a vraiment une crainte de revivre dans la durée
00:51:27 les émeutes de 2005 qui avaient duré trois semaines.
00:51:29 Et il y a quelque chose qui inquiète le gouvernement.
00:51:31 On n'est pas du tout dans la même temporalité.
00:51:33 Les émeutes de 2005, c'était entre octobre et novembre.
00:51:36 Il y avait, par exemple, un très mauvais temps
00:51:38 qui était à ce moment-là sur la France, un temps météorologique.
00:51:42 Là, en plus, on est dans les périodes de vacances scolaires.
00:51:44 Donc, vous pouvez très bien embrigader facilement les plus jeunes qui sont à l'école.
00:51:49 C'est un pays plus fracturé aujourd'hui.
00:51:51 Aussi, bien sûr.
00:51:53 Mais la période joue aussi, ce qui inquiète évidemment les autorités.
00:51:57 Alors, on verra ce soir, puisque Gérald Darmanin
00:51:59 affichait une assez grande assurance en disant
00:52:02 qu'il pensait que l'ordre républicain reviendrait ce soir.
00:52:06 C'est sans doute un vœu pieux.
00:52:07 Il a appelé, évidemment, la France insoumise à changer de discours en filigrane.
00:52:12 Je voulais prendre un dernier exemple après les tweets de Jean-Luc Mélenchon,
00:52:15 David Guiraud de la France insoumise, qui refuse d'appeler au calme.
00:52:19 Le commissariat, dès les premières heures des émeutes,
00:52:23 en fait, la France insoumise était sur le terrain à Nanterre
00:52:25 pour faire de la récupération politique.
00:52:27 Chaque député a le droit d'aller visiter les commissariats.
00:52:31 Mais évidemment que pour voir comment sont incarcérés les gardés à vue.
00:52:35 Ils n'ont pas le droit d'entrer en contact avec les gardés à vue.
00:52:37 Et de ce qu'on sait, c'est que certains députés LFI auraient demandé,
00:52:41 auraient vraiment insisté pour voir les gardés à vue,
00:52:43 ce qu'ils n'ont pas le droit de faire.
00:52:44 Évidemment que c'était de la récupération politique.
00:52:46 Évidemment que ça calait à un agenda politique.
00:52:47 Et ce qui est en plus à noter, c'est que la France insoumise
00:52:50 n'a eu de cesse de condamner la récupération politique
00:52:53 quand il y a eu des attaques à Annecy, des agressions à Bordeaux.
00:52:55 Évidemment quand ça correspondait beaucoup moins à son idéologie
00:52:58 et à son agenda politique.
00:52:59 Et à l'instant, le groupe, c'est Mathilde Panon qui l'annonce
00:53:02 sur les réseaux sociaux, le groupe parlementaire de la NUPES
00:53:05 qui dépose une loi, je cite, pour abroger l'article 435.1 de la loi CASE 9
00:53:10 qui crée, dit-elle, un permis de tuer.
00:53:13 Depuis 2017, les tirs mortels sur des véhicules en mouvement
00:53:15 ont été multipliés par 5.
00:53:16 Ces meurtres doivent cesser.
00:53:19 Que se passe-t-il ?
00:53:20 Je suis scandalisé d'entendre, pas vous, Sonia Mahboub,
00:53:23 mais ce que Madame Panon rapporte et de manière générale,
00:53:27 là elle est fille avec les tweets honteux et scandaleux
00:53:30 de Jean-Luc Mélenchon.
00:53:32 Premièrement, rappelez qu'il y a eu plus de 25.800 refus d'obtempérer
00:53:39 en 2022, que plusieurs milliers ont été répertoriés
00:53:43 comme à risque de blessure, voire mortelle.
00:53:47 Et que sur l'ensemble de ces 25.800 refus d'obtempérer,
00:53:52 seulement 153 policiers ont utilisé leur arme de service.
00:53:58 Donc je suis désolé, mais faire croire que des policiers
00:54:01 seraient des fous furieux de la gâchette, des cow-boys,
00:54:03 moi je n'accepte pas d'entendre ça des militants.
00:54:05 On vous sent en colère.
00:54:06 Je veux le faire clair.
00:54:07 Est-ce que les propos de l'exécutif, à part ceux de Gérald Darmanin...
00:54:10 Ces propos de les filles et d'autres enveniment la situation,
00:54:15 attisent la haine antiflique.
00:54:16 Et je suis désolé, quand on a des tweets que tout le monde consulte,
00:54:19 quand on a des interventions dans les médias ou sur les réseaux sociaux,
00:54:22 ça ne peut qu'encourager une certaine catégorie de la population
00:54:26 à se rebeller, se révolter.
00:54:28 J'utilise ce terme à dessein, Sonia Babrouk,
00:54:31 parce que nous parlions de la marche qui va être organisée
00:54:34 tout à l'heure à Nanterre, qui est très légitime.
00:54:37 Et moi, je compatis tout à fait à la souffrance
00:54:40 et à la tristesse de la famille du jeune qui est mort.
00:54:43 Mais quand vous avez, par exemple, Madame Assa Traoré,
00:54:47 qui derrière dit "ce n'est pas une marche blanche,
00:54:50 c'est une marche blanche d'appel à la révolte",
00:54:53 c'est scandaleux.
00:54:54 - Qui le dit à la mère du jeune, Naël.
00:54:57 - Voilà, c'est ça, moi je suis désolé.
00:54:59 Ce n'est pas entendable.
00:55:01 Dans le climat dans lequel on est, il y a le temps de l'émotion,
00:55:05 il y a le temps du deuil, bien évidemment,
00:55:08 et là-dessus, personne, ni même les policiers,
00:55:10 ne remettent ça en cause.
00:55:12 Mais utiliser à des fins politiques et dogmatiques ce drame,
00:55:16 c'est scandaleux.
00:55:17 - J'aimerais juste répondre sur le fond au tweet idiot de Mathilde Panot,
00:55:22 parce que la loi CASE 9 modifie l'article dont on a parlé,
00:55:25 le 435-1 du Code de sécurité intérieure,
00:55:30 mais il conserve totalement les modalités de la légitime défense,
00:55:34 c'est-à-dire, un, la stricte nécessité de l'utiliser,
00:55:36 et deux, la proportionnalité à la situation.
00:55:39 Donc, ça n'est absolument pas un droit tué.
00:55:41 - Moi, la question, est-ce qu'il y a là un agenda politique et sociétal ?
00:55:45 - Un dernier exemple, Sonia, sur la France insoumise.
00:55:48 Carlos Martens Bilongo est allé aux côtés des émeutiers,
00:55:51 il y a deux jours.
00:55:52 Il s'est fait agresser par les émeutiers.
00:55:54 Et la France insoumise refuse de condamner l'agression
00:55:57 de leur propre député, Carlos Martens Bilongo,
00:56:00 pour ne pas discréditer les émeutiers.
00:56:02 Vous vous rendez compte ?
00:56:03 Il y a un des leurs qui s'est fait agresser,
00:56:05 les vidéos sont sur les réseaux sociaux,
00:56:07 et il refuse de condamner cette agression
00:56:09 pour ne pas se fâcher avec les émeutiers.
00:56:11 Donc, voilà où en est la France insoumise.
00:56:13 - Mais ce qui est intéressant, c'est que les jeunes l'ont rejetée.
00:56:17 C'est ce que je vous dis, c'est ça qui est intéressant.
00:56:18 - C'est le plus important, le plus important,
00:56:21 c'est que vous avez un ministre de l'Intérieur
00:56:23 qui a confirmé ce qui a été dit ici-même par Thibault de Montbréal,
00:56:26 par vous-même et par Sandra Buisson,
00:56:27 c'est-à-dire qu'il y a eu hier des organisations,
00:56:29 des professionnels, des émeutiers,
00:56:30 pas seulement parce qu'il n'y a pas seulement eu des jeunes
00:56:33 qui ont été pris par l'émotion et la colère de ce qui s'est passé,
00:56:36 non, il y a eu sur les événements, les terribles événements d'hier,
00:56:40 parce que quand vous avez votre voiture brûlée,
00:56:42 quand vous ne pouvez pas aller au travail, etc.,
00:56:44 pardon, ce ne sont pas simplement des dommages collatéraux,
00:56:46 c'est une partie de la France qui n'est pas arrivée hier à vivre tout simplement.
00:56:50 La question c'est, et maintenant, est-ce que ce dispositif sécuritaire,
00:56:54 qui est quand même assez conséquent, comme l'a dit Sandra,
00:56:56 suffit à ramener l'ordre,
00:56:58 on a l'impression qu'il suffit de décrypter l'ordre républicain
00:57:01 et l'autorité pour que ça revienne ?
00:57:03 - Bien sûr que non, bien sûr que non,
00:57:05 mais je suis un peu étonné par la naïveté globale,
00:57:08 aussi bien des pouvoirs politiques que globalement des chroniqueurs,
00:57:11 des commentateurs de la société.
00:57:13 Il y a moins de deux mois, tous les soirs, dans les rues de Paris,
00:57:15 on avait des violences,
00:57:16 par qui ? Par des organisations qui étaient des Black Blocs,
00:57:19 qui étaient des jeunes qui venaient aussi pour certains de banlieue
00:57:22 et qui venaient détruire les rues de Paris.
00:57:23 On le savait, il y a moins de deux mois.
00:57:25 Là, on retrouve exactement le même schéma
00:57:28 avec une autre raison passage à l'acte,
00:57:30 qui est celle de l'usage de l'arme par ce policier,
00:57:33 mais la violence, elle est complètement installée.
00:57:34 Et que fait le pouvoir politique ?
00:57:36 Eh bien, le pouvoir politique, au lieu de s'attaquer concrètement
00:57:39 à la fois aux causes de cette violence
00:57:41 et ensuite aux acteurs de cette violence,
00:57:43 eh bien, il est dans le mi-fi de mi-raisin.
00:57:45 Parce que je suis désolé, on n'a pas à débattre de savoir
00:57:47 si la France insoumise, elle entretient ou pas la violence.
00:57:50 La France insoumise, elle est antirépublicaine.
00:57:52 Elle est d'extrême gauche.
00:57:53 Elle veut la destruction de la République française,
00:57:56 telle qu'elle est constituée aujourd'hui,
00:57:58 pour pouvoir créer un régime qui lui correspond.
00:58:00 Elle dénonce toute la force de la République française
00:58:04 à travers sa force publique.
00:58:05 Vous ne prenez pas bon soin de beaucoup réagir.
00:58:06 Mais bien sûr, parce que c'est la réalité.
00:58:08 Quand vous dites que la police nationale...
00:58:09 C'est un des députés aussi élus.
00:58:11 Ah mais vous savez, je vais vous dire,
00:58:13 le pire a toujours passé par l'élection
00:58:14 pour ensuite retourner le pouvoir.
00:58:16 Toujours.
00:58:16 Vous regardez l'histoire de France,
00:58:17 vous regardez l'histoire de l'Europe,
00:58:18 ça a toujours été ainsi.
00:58:20 Vous regardez le comportement de Jean-Luc Mélenchon
00:58:22 avec la police de la République.
00:58:23 La police de la République qui suit une formation exemplaire,
00:58:26 qui n'ommente jamais de se remettre en cause.
00:58:28 Et je peux vous dire que ce policier
00:58:29 qui a fait usage de son arme
00:58:30 va connaître aujourd'hui un contrôle
00:58:32 à la fois administratif et judiciaire
00:58:34 des plus rigoureux et des plus respectueux d'un État de droit.
00:58:38 Eh bien, lorsque vous voyez que Jean-Luc Mélenchon,
00:58:40 qui pourtant est un sénateur, ancien sénateur PS,
00:58:44 est un vieil inscrit dans la République française,
00:58:46 aujourd'hui porté de telles accusations
00:58:49 contre la police nationale,
00:58:50 il est en train de se mettre en sécession
00:58:52 avec la République française.
00:58:53 Vous vous rendez compte qu'on est déjà sur un baril de poudre
00:58:56 et que certains sont en train de craquer allumette après allumette.
00:58:58 Et je vais vous dire, ils jubilent.
00:59:00 Je n'irai pas jusqu'à dire qu'ils sabrent le champagne,
00:59:02 mais on n'en est quand même pas loin.
00:59:04 Plus il y a de la violence,
00:59:05 plus il y a des policiers qui font usage de la force.
00:59:07 Plus malheureusement.
00:59:08 Mais oui, parce qu'à un moment,
00:59:10 il faut identifier ses adversaires.
00:59:12 Et les adversaires, ils sont le soir contre les policiers et les gendarmes.
00:59:15 Et ils sont à l'Assemblée nationale,
00:59:17 ils alimentent le reste.
00:59:18 Ce n'est pas parce que Jean-Luc Mélenchon va rappeler au calme ce soir,
00:59:19 ce qui ne fera pas que les émettiers vont rentrer chez eux.
00:59:23 Mais il alimente.
00:59:24 Il alimente.
00:59:25 J'entends ce que vous dites.
00:59:26 C'est ça la difficulté.
00:59:27 Sandra Buisson, les organisations,
00:59:29 c'est professionnel de l'Emoto.
00:59:31 On comprend bien, on a compris,
00:59:33 mais certains ont quand même le subodoré
00:59:35 qu'il ne s'agit pas simplement de gens qui sont sortis
00:59:38 par solidarité à la famille de Nahel
00:59:40 et parce qu'ils étaient choqués par ce qui s'est passé.
00:59:42 Alors, ce qu'on nous remonte de sources policières,
00:59:45 on ne nous indique pas le profil de ces gens
00:59:47 qui restent encore à déterminer.
00:59:48 Notamment, on verra en fonction des gens
00:59:50 qui ont été interpellés leur profil quand ils seront
00:59:52 et s'ils le sont,
00:59:53 présenté à un magistrat et éventuellement jugé en comparaison immédiate.
00:59:57 Mais ce qui a frappé les observateurs hier,
00:59:59 c'est que jusqu'à minuit, ça se tenait.
01:00:02 Et d'ailleurs, il y a même plusieurs personnes qui se sont dit
01:00:04 "Bon, la soirée est gagnée, on n'a pas le même scénario qu'hier".
01:00:07 Et à partir de minuit,
01:00:09 à vraiment de multiples endroits en région parisienne et en France,
01:00:13 ce sont des groupes qu'on nous décrit comme très organisés,
01:00:16 très structurés, très armés et très mobiles,
01:00:18 de 30 à 50 personnes,
01:00:19 qui ont multiplié les attaques avec une unicité de cibles,
01:00:24 c'est-à-dire quasi toujours commissariat, mairie, école,
01:00:28 qui ont été visées.
01:00:30 Et donc, ça interpelle pour l'instant
01:00:33 les personnes qui sont en poste au niveau de la sécurité.
01:00:37 - Ça les interpelle ?
01:00:38 - Il y a les mêmes moyens, les mêmes cibles.
01:00:41 Alors, on n'envisage pas qu'il y ait une seule même personne
01:00:44 qui soit à l'origine de cette organisation,
01:00:46 mais le fait que ça ait démarré après minuit,
01:00:49 d'une manière tout à fait bien spécifique,
01:00:50 et qu'il s'est répété à différents endroits du territoire,
01:00:53 effectivement, ça pose des questions.
01:00:55 On nous dit aussi que par rapport à 2005,
01:00:57 ça semble quand même...
01:00:59 C'était moins organisé que ça, en 2005.
01:01:01 Et puis c'était surtout dans les banlieues, dans les quartiers,
01:01:03 et là, ça touche les zones pavillonnaires,
01:01:05 et puis des petites villes.
01:01:07 On a vu sans ce que je vous disais...
01:01:08 - Il est bientôt 13h.
01:01:10 On va marquer, non pas une pause,
01:01:12 mais on va évidemment faire le point sur la situation
01:01:16 avec différentes prises de parole.
01:01:17 Ce matin, le président de la République, Emmanuel Macron,
01:01:20 et puis Gérald Darmanin, qui a dénoncé,
01:01:22 comme vous venez de le dire, Sandra Buisson,
01:01:23 ces professionnels, ces organisations hier
01:01:26 qui ont semé le chaos,
01:01:26 qui se sont attaqués précisément à des symboles de la République.
01:01:30 La Première ministre, qui parle aussi d'une réponse ferme,
01:01:34 ses 40 000 policiers et gendarmes mobilisés ce soir
01:01:36 et puis la violence également du débat politique qui est en cours.
01:01:40 On va y revenir avec nos invités.
01:01:42 Nous serons également sur place à Nanterre.
01:01:44 Je vous rappelle que la marche blanche va s'élancer
01:01:46 à partir de 14h, sous sécurité,
01:01:49 avec quand même beaucoup de questions sur le but de cette marche blanche,
01:01:53 eu égard évidemment, et bien au-delà de la légitime émotion de la famille.
01:01:56 Mais tout d'abord, le journal.
01:01:58 Rebonjour à vous, Miquel Dorian.
01:02:00 - Rebonjour Sonia, bonjour à tous.
01:02:01 Et oui, vous venez de le dire,
01:02:02 l'exécutif mobilisé au lendemain de cette deuxième nuit de violence urbaine,
01:02:06 durant laquelle de nombreux bâtiments publics ont été incendiés.
01:02:10 Les ministres du gouvernement occupent donc le terrain.
01:02:13 Elisabeth Borne vient de s'exprimer depuis Garges-les-Gonesse,
01:02:16 dans le Val d'Oise, la Première ministre qui appelle à l'apaisement.
01:02:20 - Comme beaucoup d'élus l'ont fait, j'appelle vraiment à l'apaisement.
01:02:25 Laissons la justice faire son travail.
01:02:28 Et je peux vous assurer que mon gouvernement est très mobilisé
01:02:32 pour accompagner le retour au calme.
01:02:35 - Les amalgames sont insupportables.
01:02:37 Les mots d'Éric Dupond-Moretti, le garde des Sceaux,
01:02:39 qui a également pris la parole depuis le tribunal de proximité d'Anières,
01:02:44 dans les Hauts-de-Seine.
01:02:44 Je vous propose de l'écouter.
01:02:46 - La justice ne se rend pas en allumant des incendies dans la rue.
01:02:53 Et je veux enfin dire que tous ceux qui, de façon irresponsable,
01:02:59 ils se reconnaîtront, crachent sur la police et sur la justice,
01:03:08 sont aussi les complices moraux des exactions qui sont commises.
01:03:14 - Gérald Darmanin, de son côté, est dans le Nord.
01:03:17 Le ministre de l'Intérieur s'est rendu à Mont-Saint-Barol,
01:03:19 près de Lille, où la mairie a été incendiée.
01:03:21 Il promet des renforts de police encore plus importants
01:03:25 pour la nuit prochaine.
01:03:28 - Ce soir, il y aura beaucoup plus de policiers et de gendarmes présents.
01:03:31 Cela a été arbitraire à la réunion que vous avez vue ce matin.
01:03:35 Puisqu'hier, il y avait 9000 policiers et gendarmes mobilisés,
01:03:37 dont 2000 sur la plaque parisienne.
01:03:39 J'ai décidé qu'il y ait 40 000 policiers et gendarmes ce soir
01:03:42 et cette nuit mobilisés, dont 5000 en plaque parisienne,
01:03:45 et des moyens techniques et technologiques importants
01:03:47 pour lutter évidemment contre ces émeutes,
01:03:50 pour procéder à des interpellations et surtout pour rétablir
01:03:54 l'ordre républicain qu'attendent légitimement les Français.
01:03:57 - Des heurts et des violences qui ont également fait des dégâts hier à Lyon.
01:04:01 Et près de Lyon, on va retrouver une de nos équipes
01:04:04 qui se trouve précisément à Dessines-Charpieu.
01:04:07 Bonjour, vous êtes en direct Dessines,
01:04:09 où vous vous trouvez et où il reste encore
01:04:12 les stigmates de cette deuxième nuit de violence.
01:04:14 - Oui, absolument, Dessines, qui fait partie des communes
01:04:20 de la métropole de Lyon où la nuit a été très tendue.
01:04:23 Vous voyez à l'image la façade de l'hôtel de ville,
01:04:26 qui a été attaquée vers 4h du matin par une vingtaine de jeunes,
01:04:31 dont deux très jeunes, c'est ce que nous disait ce matin
01:04:34 la maire de cette commune.
01:04:36 Et ces jeunes qui ont tenté d'incendier la façade en plusieurs points.
01:04:40 Alors par chance, l'alarme s'est mise en route très rapidement
01:04:45 et les pompiers ont pu intervenir et éteindre ces débuts d'incendie.
01:04:49 Mais cela fait un signe de la tension qui a régné pendant toute la nuit.
01:04:53 Autre incendie qui aurait pu virer au drame,
01:04:56 cette fois-ci c'est à Villeurbanne, où des tirs de mortier
01:04:59 contre la façade d'un immeuble ont enflammé plusieurs appartements.
01:05:03 Une trentaine d'appartements ont été détruits
01:05:06 et plusieurs dizaines de personnes ont dû être relogées.
01:05:10 Alors la commune de Vau-en-Velin aussi a été victime d'incendie de voiture,
01:05:14 également la commune de Bronc.
01:05:16 En tout cas, selon la préfecture, ce matin,
01:05:18 une quinzaine de policiers étaient légèrement blessés
01:05:21 et quatre personnes interpellées.
01:05:25 Et puis le placement en détention provisoire a été requis
01:05:29 pour le policier mis en cause dans la mort du jeune Naël.
01:05:32 Mardi, à Nanterre, il sera présenté à un juge
01:05:35 en vue d'une inculpation pour homicide volontaire.
01:05:37 Le procureur de Nanterre a donné une conférence de presse.
01:05:40 Tout à l'heure, il a livré les derniers éléments de l'enquête.
01:05:43 Et voilà, c'est la fin de ce journal.
01:05:49 L'actualité continue bien sûr.
01:05:51 Édition spéciale de Midi News,
01:05:52 en compagnie de Sonia Mabrouk et de ses invités.
01:05:55 Et l'actualité, ce sont ces nombreuses prises de parole
01:05:57 de l'exécutif ce matin après le président de la République.
01:06:01 Ce fut le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
01:06:03 qui a dénoncé la présence d'organisations hier
01:06:05 qui se sont attaquées précisément à des symboles de la République.
01:06:09 Éric Dupond-Moretti qui a affirmé que le temps de la justice
01:06:13 doit être sanctuarisé, qu'il faut que la justice passe.
01:06:17 Élisabeth Borne, la première ministre dans le Val-d'Oise,
01:06:19 qui a également appelé à l'apaisement.
01:06:21 Puis on rappelle, tout d'abord,
01:06:23 on va écouter de nouveau le ministre de l'Intérieur.
01:06:25 C'est extrêmement populaire, qui a besoin de services publics.
01:06:30 C'est une école sous contrat catholique qui fait le choix
01:06:33 de rester ici avec des enseignants extrêmement engagés,
01:06:35 qu'on connaît bien.
01:06:38 Ça m'inspire du dégoût, ça m'inspire beaucoup de tristesse
01:06:41 et ça m'inspire beaucoup de sentiments,
01:06:42 manifestement de lâcheté de la part de ceux qui font ça.
01:06:45 Parce que, comme le disait Monsieur le Directeur à l'instance,
01:06:47 c'est des enseignants qui voient l'engagement qu'ils ont
01:06:52 pour les élèves depuis tant d'années anéantis.
01:06:55 C'est des enfants qui pleurent quand ils sont arrivés
01:06:57 pour voir leur école.
01:06:58 Et puis c'est un quartier populaire qui voit
01:07:00 un service public quasi gratuit disparaître.
01:07:05 Évidemment, grâce à l'action de l'OMD,
01:07:06 on va pouvoir se relever et reproposer très rapidement
01:07:12 aux enfants des lieux dans ce quartier.
01:07:13 Parce que ce n'est pas la République qui va reculer,
01:07:16 ce n'est pas la ville de Tourcoing qui va reculer,
01:07:17 c'est les voyous qui vont reculer.
01:07:20 Mais faire ça, c'est dégueulasse.
01:07:22 Et puis ça me touche profondément.
01:07:26 Parce qu'on voit bien que ceux qui font ça,
01:07:30 ils le font sans doute pour atteindre le cœur de la République.
01:07:37 L'éducation, les enfants, l'école, dans des quartiers
01:07:41 où ce n'est ni la drogue, ni les radicalismes qui vont l'emporter.
01:07:46 - Vous appréhendez les nuits qui arrivent ?
01:07:48 - J'ai eu l'occasion de dire tout à l'heure que,
01:07:51 d'abord je voulais vraiment tirer un très grand coup de chapeau
01:07:54 aux policiers, aux gendarmes et aux pompiers,
01:07:56 qui ont été valeureux, qui ont été courageux,
01:07:58 qui n'ont répondu à aucune provocation cette nuit,
01:08:01 malgré des difficultés extrêmement fortes.
01:08:04 Et que rien ne peut excuser ce qui s'est passé cette nuit.
01:08:07 S'en prendre à des écoles, des centres sociaux, des mairies,
01:08:11 menacer personnellement les familles d'élus,
01:08:14 qui courageusement ont été, comme la maire de Tourcoing,
01:08:17 au contact de leur population.
01:08:19 Voilà, ça va s'arrêter.
01:08:21 Parce que des moyens absolument considérables,
01:08:24 à la demande du président de la République,
01:08:25 ont été dégagés pour que ce soir,
01:08:27 il y ait, vous le vouliez, 40 000 policiers et gendarmes mobilisés.
01:08:29 Des moyens technologiques et techniques aussi.
01:08:32 Et puis des moyens de police judiciaire.
01:08:33 Parce qu'il est évident que ceux qui ont incendié des écoles,
01:08:36 des mairies, seront retrouvés, seront interpellés
01:08:39 et seront trahis dans la justice.
01:08:40 En tout cas, je veux vous dire que
01:08:43 la réponse de l'État sera extrêmement ferme.
01:08:46 Et que, dès ce soir,
01:08:50 il faut que chacun comprenne que
01:08:52 leur public va être établi.
01:08:54 Merci beaucoup.
01:08:55 Comment on fait baisser l'attention quand on arrive à ce niveau de...
01:08:57 Merci.
01:08:58 Deuxième prise de parole ce matin du ministre de l'Intérieur,
01:09:03 qui affirme que ce sont les voyous qui vont reculer.
01:09:05 On voit bien, là, que le message est martelé,
01:09:08 qu'on veut décréter le retour de l'ordre public et républicain,
01:09:12 avec ce renfort policier Gauthier Lebrecht.
01:09:15 Et puis, une volonté de reprendre en main aussi le débat politique.
01:09:18 Oui, et le ministre de l'Intérieur qui s'avance beaucoup
01:09:19 en disant que l'ordre public va être rétabli dès ce soir.
01:09:22 Si ce n'est pas le cas,
01:09:23 si on a des nouvelles images de chaos et d'émeute,
01:09:26 on pourra ressortir cette déclaration du ministre de l'Intérieur,
01:09:29 qui prouvera, une nouvelle fois, malgré les moyens colossaux mis en place
01:09:34 avec 40 000 policiers sur le terrain,
01:09:36 l'impuissance de l'État.
01:09:38 Et quand vous avez une France insoumise qui est dans la récupération
01:09:41 la plus grossière possible,
01:09:42 un État qui prouve son impuissance,
01:09:44 qui est la gagnante politique de cette séquence ?
01:09:48 Marine Le Pen.
01:09:49 On va voir les gagnants à long terme, effectivement.
01:09:52 À Cortin, vous avez raison, on va se rendre également à Nanterre,
01:09:55 où se prépare, ce sera dans moins d'une heure,
01:09:57 une marche blanche qui va s'élancer en mémoire et en hommage à Nahel,
01:10:01 avec des mots qui ont un peu provoqué un flottement hier.
01:10:05 Ceux de la mère de Nahel, à qui on a soufflé,
01:10:07 on verra tout à l'heure ce moment, que c'était une marche de la révolte.
01:10:10 Mots qui ont été repris par la maman.
01:10:12 Personne, évidemment, ne peut soustraire à cette mère
01:10:16 l'émotion, la tristesse, et même plus que ça.
01:10:19 Mais c'est vrai que ces mots ont provoqué beaucoup de réactions.
01:10:21 On va en parler.
01:10:22 Tout d'abord, la question que l'on pose à notre journaliste sur place,
01:10:25 c'est dans quel contexte,
01:10:27 quelle est l'ambiance maintenant à moins d'une heure de cette marche blanche ?
01:10:33 Écoutez, Sonia, ici, c'est une ambiance assez particulière
01:10:36 parce que vous l'avez dit, cette marche de la révolte
01:10:38 à l'appel de la mère de Nahel, via une vidéo TikTok,
01:10:41 cette marche devait partir à 14 heures devant la préfecture d'Eau de Seine,
01:10:44 devant laquelle nous nous trouvons actuellement.
01:10:46 Finalement, il y a maintenant quelques minutes, quelques heures,
01:10:48 un nouvel appel a été lancé.
01:10:50 Le départ de cette marche blanche se ferait depuis la cité Pablo Picasso,
01:10:55 à quelques mètres d'ici, la cité théâtre de violents affrontements
01:10:58 avec les forces de l'ordre, de très nombreuses dégradations
01:11:01 depuis ces dernières 48 heures.
01:11:03 Alors, cette marche blanche devrait partir
01:11:05 donc depuis cette cité Pablo Picasso à 14 heures.
01:11:08 Elle devrait passer devant cette préfecture d'Eau de Seine,
01:11:11 puis se terminer à proximité de la station RER Nanterre-Préfecture,
01:11:15 là où le jeune Nahel a été tué il y a quelques jours.
01:11:20 Il faut savoir que cette marche blanche,
01:11:21 elle est scrutée par les médias du monde entier
01:11:24 et de très nombreuses chaînes de télé françaises, évidemment,
01:11:26 mais également internationales sont présentes ici,
01:11:29 devant la préfecture, pour couvrir cette marche blanche,
01:11:32 marche blanche qui devrait rassembler plusieurs milliers de personnes,
01:11:36 mais dû à ce changement, disons, de point de départ,
01:11:39 pour l'heure, et bien peu d'habitants ici, devant la préfecture.
01:11:44 Il faut savoir que le quartier est évidemment cadrié
01:11:46 par les forces de l'ordre, de nombreuses compagnies de CRS,
01:11:50 mais également des escadrons de gendarmerie mobile
01:11:53 qui prennent position un petit peu aux quatre coins de la ville de Nanterre,
01:11:57 ville de Nanterre qui, depuis, effectivement, 48 heures maintenant,
01:12:00 s'embrasent chaque nuit durant, avec de très nombreux affrontements.
01:12:04 Cette marche blanche, elle va prendre, évidemment, un virage politique,
01:12:07 avec notamment la présence de nombreux députés de la France Insoumise,
01:12:10 mais également la présence de Fabien Roussel du Parti Communiste,
01:12:14 et enfin, le maire de la ville qui participera à cette marche blanche,
01:12:18 maire de la ville, Patrick Jarry, qui souhaite que ce rassemblement
01:12:21 soit une grande manifestation pacifique à la mémoire de ce jeune Nanterrien.
01:12:25 – Je vous remercie, on reviendra vers vous,
01:12:27 et merci pour cette information, puisqu'on apprend que le trajet,
01:12:30 en tous les cas, le point de départ de cette marche blanche a été modifié.
01:12:35 Et donc ça, j'imagine que pour les conditions quand même de sécurité,
01:12:37 de sécurisation de ce moment singulier et particulier,
01:12:40 ce ne doit pas être évident.
01:12:41 – Ce n'est pas évident, Sonia Babrouk, parce que toute manifestation en France,
01:12:45 toute manifestation, quel qu'en soit le type,
01:12:48 que ce soit une manifestation pour la défense des oiseaux ou autre,
01:12:51 doit être déclarée, organisée avec les services administratifs,
01:12:55 préfectoraux et de police, parce que notre devoir de policier,
01:12:59 c'est aussi d'assurer que cette marche se déroule
01:13:04 dans les meilleures conditions de sécurité possibles,
01:13:07 qu'il n'y ait pas de problème.
01:13:08 Or, au moment où je vous parle, alors peut-être que ça a changé ce matin,
01:13:11 mais au moment où je vous parle, je n'avais pas connaissance
01:13:14 d'un dépôt de déclaration pour cette marche,
01:13:16 et nous n'avions pas d'organisateur désigné pour cette marche.
01:13:21 Donc ça va être très compliqué pour nous, fonctionnaires de police,
01:13:24 qui avons un devoir de garantir la sécurité de cette marche,
01:13:28 nous ne savons pas comment elle va se dérouler,
01:13:30 où elle part Pablo Picasso a priori,
01:13:33 mais où elle va arriver peut-être à la préfecture,
01:13:35 par où elle va passer, on ne le sait pas.
01:13:37 Et puis il y a derrière, et je le disais tout à l'heure,
01:13:39 malheureusement cette récupération politique,
01:13:41 où on risque d'avoir une agrégation de personnes
01:13:44 qui n'ont rien à voir avec la raison pour laquelle
01:13:46 il va y avoir cette marche, une marche très légitime,
01:13:49 à la mémoire de ce jeune qui est décédé.
01:13:52 Et donc c'est tout le risque que l'on a de pouvoir assurer l'ordre
01:13:56 dans le cadre de cette marche.
01:13:57 Je voudrais saluer la présence sur ce plateau d'Aminel Bailly
01:14:00 qui nous a rejoints, merci d'être là,
01:14:02 vous êtes juriste, on connaît votre voix,
01:14:05 et ça nous intéresse aussi d'avoir votre vision
01:14:09 de ce qui est en train de se passer,
01:14:10 depuis tout à l'heure avec Thibaud de Montbrial,
01:14:12 je crois que ça a été l'un des premiers,
01:14:14 qui a affirmé qu'après cette nuit de chaos,
01:14:16 il y avait des organisations, des professionnels,
01:14:18 et pas seulement des jeunes mus par l'émotion légitime
01:14:21 de la mort d'un autre jeune qui était de sortie hier,
01:14:24 mais des émeutiers préparés avec une action coordonnée
01:14:27 qui s'en sont pris à des symboles précis de la République.
01:14:30 Et on écoute tout d'abord la mère d'Onaëlle
01:14:32 qui a appelé à cette marche blanche,
01:14:34 et vous allez entendre quelqu'un à côté d'elle,
01:14:36 que vous avez identifié, Denis Jacob,
01:14:38 et qui appelle à une marche de la révolte.
01:14:41 Je m'appelle Mounia, la maman d'Onaëlle,
01:14:44 celui qui vient de recevoir une balle,
01:14:47 qui est morte à Nanterre le petit de 17 ans,
01:14:49 je suis sa maman.
01:14:50 Rendez-vous jeudi à la préfecture à 14h.
01:14:54 Marche blanche, jeudi, venez tous.
01:14:56 C'est la marche de la révolte.
01:14:57 On fait une révolte s'il vous plaît pour mon fils,
01:15:00 pour mère Zouknaëlle.
01:15:01 On sera tous là. Merci.
01:15:03 La crainte, c'est que cette marche blanche,
01:15:06 en hommage évidemment à la mémoire de ce jeune,
01:15:07 soit un accélérateur en réalité de colère et de violence.
01:15:12 Je vous remercie d'abord madame Mabrouk.
01:15:14 J'étais ce matin à Roubaix-Ouattrolo
01:15:15 pour faire l'état des lieux des scènes de violence
01:15:18 auxquelles nous avons assisté hier soir.
01:15:20 J'ai vu moi ce matin des habitants dépités,
01:15:23 parce qu'on parle effectivement de la violence,
01:15:26 on parle effectivement des dégradations.
01:15:28 On ne parle pas des victimes de ces dégradations.
01:15:31 C'est qui les victimes ?
01:15:32 Ce sont les habitants des quartiers populaires.
01:15:35 On ne parle pas des policiers,
01:15:37 on ne parle pas des 113 policiers qui ont été blessés,
01:15:41 policiers et gendarmes.
01:15:42 Mais je rappelle que dans les policiers et gendarmes,
01:15:45 nous avons aussi des enfants issus des quartiers populaires
01:15:48 qui composent nos services de police.
01:15:50 Et hier soir, sur les réseaux sociaux,
01:15:52 je voudrais rendre un hommage particulier à M. Abdoulaye Kanté,
01:15:56 qui est un policier issu des quartiers populaires
01:15:58 très connu sur les réseaux sociaux,
01:16:00 qui a fait l'objet d'injures à caractère racial
01:16:03 parce qu'il était policier.
01:16:05 Voyez aujourd'hui, l'extrême gauche veut nous amener dans l'affrontement.
01:16:09 Nous avons des professionnels de la récupération politique.
01:16:12 Le député de la France Insoumise, David Guiraud,
01:16:15 interrogé sur BFM TV, il va refuser d'appeler au calme.
01:16:20 Voilà, aujourd'hui, nous payons ces conséquences-là.
01:16:22 Nous n'avons plus, par exemple, à Roubaix ou à Trollo,
01:16:25 nous n'avons plus de centres sociaux.
01:16:27 Nous n'avons plus le centre commercial Lidl qui a brûlé.
01:16:30 Nous avons des familles entières, des ouvriers qui ont perdu leur voiture.
01:16:33 - Parlez de cela parce que l'incendie de ce centre commercial
01:16:35 a provoqué beaucoup de réactions, énormément sur les réseaux sociaux.
01:16:39 - J'ai vu ce matin une personne âgée qui me dit
01:16:42 "Mais moi, vous savez, je n'ai pas de voiture.
01:16:44 Je ne pourrai plus aller au centre commercial faire mes courses."
01:16:46 J'ai vu ce matin des bénéficiaires du RSA
01:16:50 qui étaient accompagnés dans un centre social,
01:16:52 dans le quartier de la Mousserie à Ouattrolo,
01:16:54 et qui, ce matin, se disaient "Nous ne pourrons plus être accompagnés.
01:16:58 Nous avons besoin du service public pour être accompagnés."
01:17:01 Voilà où amène aujourd'hui le chaos et la violence
01:17:03 entretenues par l'extrême gauche.
01:17:05 Et puis peut-être un dernier point, parce que moi,
01:17:07 je ne me suis pas exprimé depuis le début de cette affaire sur Nanterre
01:17:10 parce que j'attendais d'avoir des éléments précis.
01:17:13 Vous savez, depuis 2017, on nous dit qu'il y a eu 13 personnes décédées
01:17:19 suite à un coup accidentel provoqué par les services de police.
01:17:24 L'État sera là, l'État devra assumer, devra réparer s'il y a eu faute.
01:17:28 - 13 en 2022.
01:17:29 - 13 en 2022, pardonnez-moi.
01:17:31 Cependant, et ce dont on ne parle pas,
01:17:33 on ne parle jamais des dizaines de milliers d'interventions
01:17:37 des policiers qui viennent sauver la vie des gens et des quartiers populaires,
01:17:40 des habitants des quartiers populaires.
01:17:41 - Je vais vous poser une question. Est-ce que vous êtes surpris ?
01:17:44 Est-ce que quelqu'un peut dire autour de ce plateau
01:17:46 qu'il est surpris par ce qui est en train de se passer ?
01:17:48 Après avoir dit, année après année, il ne s'agit pas de faire
01:17:52 ni les déclinistes ni les oiseaux de mauvaise augure.
01:17:54 Attention, voilà ce qui peut se passer s'il y a un drame,
01:17:57 s'il y a un événement tragique, etc.
01:18:00 - C'est très drôle que vous disiez ça parce que la situation actuelle,
01:18:03 c'est-à-dire mobilisation massive des gendarmes,
01:18:06 des établissements publics attaqués par dizaines,
01:18:09 des bandes organisées qui ne sont plus seulement des jeunes isolés
01:18:12 mais qui veulent attaquer la République avec en plus derrière
01:18:16 une connotation identitaire qu'on a entendue tout à l'heure.
01:18:19 Ça me rappelle étrangement quand même la citation de Gérard Collomb
01:18:22 au moment de quitter le ministère de l'Intérieur et qui disait
01:18:24 "Aujourd'hui, nous sommes côte à côte, demain, nous serons face à face".
01:18:28 Et bien voilà, nous y sommes aujourd'hui.
01:18:30 Il y a deux Frances qui sont face à face,
01:18:32 qui ne répondent plus aux mêmes autorités,
01:18:35 qui n'ont plus la même vision de la société et qui s'affrontent.
01:18:39 - Est-ce que vous me permettez d'adresser un message à la maman ?
01:18:43 - Il est noir, il est apocalyptique.
01:18:44 - Madame Mamouf, est-ce que vous me permettez ?
01:18:47 - La seule chose à faire pour l'État, c'est d'assumer sa violence légitime.
01:18:49 Je sais qu'il en a peur, je sais qu'il a peur des bavures,
01:18:52 je sais qu'il a peur des affrontements violents.
01:18:54 - Vous êtes dans une cocotte miette et vous vous dites
01:18:56 "parfois il faut rajouter un peu de non, augmenter le feu".
01:18:59 - Si la police ne réagit pas avec la possibilité de violence qui lui est permise,
01:19:04 on laisse l'espace public au racaille ?
01:19:06 - Ce n'est pas ce qu'a dit Gérald Darmanin justement.
01:19:08 - Il a été impeccable et je trouve qu'Éric Dupond-Moretti aussi a été impeccable dans son discours.
01:19:14 - Mais être impeccable ne va pas ramener l'ordre républicain
01:19:17 puisque sur le terrain ce sont les policiers.
01:19:18 - Ramener l'ordre républicain Sonia, c'est à un moment,
01:19:21 on se pose les bonnes questions aussi, parce que je rejoins ce que vient de dire Mickaël.
01:19:25 Ça fait des décennies qu'on n'a rien fait aussi.
01:19:28 Ça fait des décennies que les politiques publiques ont permis
01:19:30 et encouragé l'entre-soi et le séparatisme.
01:19:33 Ça fait des décennies que ces quartiers, on leur a demandé de s'organiser entre eux.
01:19:37 Donc maintenant on s'interroge du fait de cette crise identitaire
01:19:41 et de cet état identitaire qui fait qu'on voit bien qu'aujourd'hui on a deux France,
01:19:47 il faut s'interroger peut-être sur ces politiques.
01:19:49 Et aujourd'hui est-ce qu'on est en train, Sonia, de les remettre en question ces politiques ?
01:19:52 Absolument pas.
01:19:53 Quand on parle de la déléguence des mineurs qui est surreprésentée dans les quartiers,
01:19:57 surreprésentée, quand je parle de la parentalité, de la place et du rôle des parents,
01:20:02 d'accompagner les parents mais aussi de les sanctionner s'il y a un manquement éducatif,
01:20:08 qu'est-ce qu'on a ? On a des cris d'orfraie.
01:20:10 Depuis fin des années 70, Sonia, quand on a créé la politique de la ville,
01:20:15 vous savez pourquoi on l'a créée ?
01:20:16 Parce qu'il y a eu les premières émetteurs urbaines,
01:20:18 parce qu'il y a eu les premières délinquances.
01:20:20 On a répondu par quoi ?
01:20:21 Par un pognon de dingue, des milliards qui ont été déversés.
01:20:25 Donc moi quand j'entends des gens qui disent
01:20:26 « Ah vous savez dans ces quartiers il n'y a rien, il n'y a pas de services sociaux, il n'y a pas d'argent. »
01:20:30 Tout est gratuit.
01:20:31 Moi j'ai travaillé en tant que chef de projet de développement social et urbain.
01:20:34 On est amené des journées faire des gamins, faire du cheval gratuitement.
01:20:37 J'ai emmené quand j'étais à Trappes, directrice des centres sociaux,
01:20:40 la politique de Trappes c'était 30 euros par semaine pour aller faire un voyage qui coûtait 600.
01:20:45 Avant de revoir toutes ces politiques et de réponses d'urgence.
01:20:49 En fait, je termine sur ça parce que ça me met vraiment en colère.
01:20:53 Moi j'ai travaillé avec des policiers à Mante-la-Jolie.
01:20:56 Ils se faisaient cracher dessus.
01:20:58 Quand ils arrêtaient des gamins, ce n'était pas les parents qui venaient les chercher,
01:21:01 c'était les grands frères.
01:21:02 Et ils les laissaient partir parce qu'ils me disaient qu'ils restaient là.
01:21:05 Naïma Amfadal, et avant ce que vous dites, cette remise en cause des politiques,
01:21:07 quelles réponses d'urgence ?
01:21:09 Parce que là on est après une nuit de chaos avec des dégâts qui sont considérables.
01:21:13 Vous allez les voir justement, notamment à Neuilly-sur-Marne avec notre journaliste,
01:21:17 devant un bâtiment de la police municipale.
01:21:19 Vous voyez ces véhicules qui sont incendiés.
01:21:23 Alors racontez-nous, mais je vais dire la force de l'image parle pour elle-même,
01:21:26 cette nuit de violence et de chaos.
01:21:29 Alors écoutez Sonia, vous le voyez effectivement sur ces images,
01:21:34 ce sont sept voitures de la police municipale qui ont été incendiées cette nuit
01:21:38 vers 1h30 du matin.
01:21:41 Alors ce bâtiment, vous l'avez dit, c'est un bâtiment municipal
01:21:43 qui accueille plusieurs services, dont le service logement.
01:21:47 Alors ce service logement, il se trouve au rez-de-chaussée, juste devant nous.
01:21:51 Le feu s'est propagé des voitures jusqu'à ce service.
01:21:55 On a pu pénétrer dans cet endroit, l'étage est complètement détruit.
01:21:59 Évidemment, ça sent la fumée.
01:22:02 Plus de 2300 dossiers logement sont également partis en fumée.
01:22:06 Nous avons pu rencontrer Henriette Martineau, qui est salariée de ce service.
01:22:10 Je vous propose de l'écouter.
01:22:13 Tous les bureaux, tout a brûlé.
01:22:15 Tout ce qui était sur les bureaux, tout est parti en fumée.
01:22:18 C'est la première fois et j'espère que ce sera la seule parce que c'est quand même très compliqué.
01:22:22 Ça nous a fait vraiment verser une larme de manière réelle ce matin.
01:22:26 Parce que moi, je ne m'attendais pas quand j'ai vu les photos de l'extérieur.
01:22:29 Je me suis dit c'est juste la façade.
01:22:30 Et quand je suis arrivée là, j'ai dit mais ce n'est pas possible.
01:22:33 Parce que là, c'est quand même en dehors du fait qu'on aide des gens.
01:22:37 Ce n'est pas un métier, c'est presque une vocation de s'occuper socialement des gens.
01:22:42 Et là, on va se retrouver à ne pas pouvoir aider ces gens qui sont nos vrais demandeurs.
01:22:49 Voilà pour le bâtiment municipal.
01:22:51 Un peu plus loin, il y a également la médiathèque de Neuilly qui a été incendiée cette nuit.
01:22:56 De son côté, le maire espère que des aides de l'État seront apportées
01:23:00 pour reconstruire les infrastructures qui ont été détruites.
01:23:04 Merci à vous.
01:23:05 Et effectivement, c'est un spectacle désolant.
01:23:07 Avec tout ce qui s'est passé, on oublierait presque de quoi nous sommes en train de parler.
01:23:12 Et qu'on oublie presque qu'il y a une enquête qui est en cours.
01:23:15 Et malgré tout ce qui est en train d'arriver, c'est-à-dire le procureur de Nanterre
01:23:18 qui demande que ce policier soit placé en détention.
01:23:22 Malgré la demande de suspension, ou en tous les cas de sanction administrative,
01:23:27 de ce policier, il est encore présumé innocent.
01:23:29 Rappelons-le, ça n'enlève en rien le fait qu'il y a une victime,
01:23:32 c'est dramatique et qu'on compatit à l'émotion de la famille.
01:23:35 Est-ce qu'on peut tenir ce discours aujourd'hui en France sans être accusé d'un côté ou de l'autre
01:23:40 par soit manquer de cœur, soit par de la récupération ?
01:23:42 Pourquoi on n'arrive plus à le tenir ? Pourquoi ?
01:23:45 Parce que je pense que c'est la force de tout ce que l'on voit aujourd'hui,
01:23:49 les réseaux sociaux, la facilité de balancer des messages les uns et les autres.
01:23:54 Qu'aujourd'hui, il n'y a plus aucun respect non plus de la parole institutionnelle.
01:24:00 La parole institutionnelle en premier lieu, ce sont les policiers.
01:24:03 Alors il y a des policiers qui font des fautes, ils doivent être sanctionnés bien évidemment.
01:24:08 Mais ça, c'est à la justice de le décider.
01:24:11 Et moi, comme d'habitude, j'ai toujours été très mesuré, posé, objectif et impartial
01:24:16 sur des affaires qui ne sont pas finalisées avant de prendre toute position.
01:24:19 C'est pour ça que je vous l'ai dit tout à l'heure que je n'avais pas communiqué depuis 48 heures
01:24:23 et que j'ai réagi hier en communiqué de presse au regard de la surenchère politique.
01:24:27 Oui, mais pardonnez-moi, il y a la surenchère, on l'a dénoncée à l'extrême gauche,
01:24:30 il y a aussi les mots du président de la République qui l'a dit hier quand même.
01:24:33 Inexcusable, inexplicable.
01:24:34 Vous savez que l'ensemble des organisations syndicales de la police nationale l'ont dénoncée
01:24:40 parce qu'il y a un peu un mélange des genres entre l'exécutif et l'impartialité qu'on doit avoir
01:24:49 par rapport à une affaire qui est dans les mains de la justice.
01:24:52 On va s'arrêter sur cela quand même, parce qu'un président de la République qui dit inexplicable,
01:24:56 inexcusable, inexplicable, il a clos l'enquête.
01:25:02 Le but c'était de faire descendre la pression pour éviter la tasse d'huile et la contagion.
01:25:06 On a vu, ça n'a pas du tout fonctionné.
01:25:08 Tout simplement, le président de la République, il a clairement bafoué le principe constitutionnel
01:25:13 de séparation des pouvoirs.
01:25:15 Le gouvernement était impeccable, lui pas du tout.
01:25:17 Elisabeth Borne aussi a court-circuité l'enquête.
01:25:20 Le poids des mots.
01:25:21 On va y revenir.
01:25:22 Si je puis dire, pardonnez-moi de reprendre le second et le choc des photos,
01:25:24 parce que véritablement les images de violences sont saisissantes.
01:25:27 Une courte pause.
01:25:29 On rejoindra également, si je puis dire, Eric Dupond-Moretti à Frenne,
01:25:32 à Frenne avec ce qui s'est passé, cette tentative d'intrusion hier soir.
01:25:35 A tout de suite.
01:25:37 - Michael De Santo.
01:25:38 - Et c'est dans une demi-heure que la marche blanche en mémoire de Nahel va s'élancer depuis Nanterre.
01:25:46 Avant cela, il y a énormément de réactions de l'exécutif avec Eric Dupond-Moretti
01:25:51 qui affirme que ceux qui crachent sur la police et la justice
01:25:54 sont aussi les complices moraux des exactions commises.
01:25:57 Gérald Darmanin qui a dénoncé la présence hier de professionnels des émeutes d'organisation.
01:26:03 Et qu'il y a, vous allez en parler tout de suite, Michael De Santo,
01:26:06 on va se parler du dispositif police-gendarme ce soir.
01:26:10 Les titres, c'est News Info.
01:26:11 - 40 000 policiers et gendarmes, dont 5000 à Paris.
01:26:17 Gérald Darmanin a annoncé le dispositif de sécurité pour faire face ce soir à d'éventuelles violences.
01:26:23 Depuis Mont-Saint-Barol où la mairie a été attaquée,
01:26:25 le ministre de l'Intérieur a également rejeté la mise en place de l'état d'urgence
01:26:29 et annoncé la suspension du policier, auteur du tir sur Nahel.
01:26:32 Et puis, plus tôt dans la journée, le procureur de la République
01:26:35 a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire pour homicide volontaire
01:26:38 et le placement en détention provisoire de ce même policier.
01:26:41 Selon les premiers éléments de l'enquête, l'adolescent de 17 ans a refusé de s'arrêter,
01:26:45 mis en danger des personnes quelques minutes seulement avant d'être touché mortellement.
01:26:49 Pour autant, les conditions n'étaient pas réunies pour l'usage de l'arme à feu du policier.
01:26:53 Et puis enfin, toujours à Nanterre, une marche blanche hommage à Nahel
01:26:56 débute dans une demi-heure devant la préfecture de la ville.
01:26:59 L'adolescent de 17 ans a appelé à se réunir à une révolte pour son fils.
01:27:04 Ce matin, Olivier Véran, porte-parole du gouvernement,
01:27:06 a souhaité que ce moment soit solennel et pas une explosion de violence.
01:27:10 Je voudrais qu'on regarde cette carte ensemble qui est édifiante
01:27:15 sur tout ce qui s'est passé hier.
01:27:17 Cette carte de France, c'est une cartographie également des violences et des émeutes.
01:27:22 Alors peut-être davantage, la voici, qui a quasiment touché beaucoup de villes.
01:27:27 Et il y a quand même quelque chose de très particulier,
01:27:29 c'est qu'il y a eu des petites villes, des communes, des provinces, etc.
01:27:33 Et donc cette contagion de Nijacop.
01:27:35 Il manque Rouen, Alençon, Ouattrolo, France, Compiègne, les villes du 93.
01:27:41 Donc la question d'y avoir contagion, elle est déjà dépassée parce que c'était le cas hier.
01:27:45 La contagion a déjà eu lieu.
01:27:48 Avec 40 000 policiers et gendarmes ce soir,
01:27:51 vous nous parlez de ce dispositif, Sandra Busse.
01:27:53 Oui, 40 000 policiers et gendarmes au niveau national,
01:27:56 dont 5 000 dédiés à la région parisienne,
01:27:59 puisque c'est là que se sont concentrés une grande partie,
01:28:02 effectivement, des violences urbaines cette nuit.
01:28:04 Hier, pour vous donner une idée,
01:28:05 on était à 9 000 policiers et gendarmes mobilisés pour la nuit,
01:28:09 et 2 000 pour la région parisienne.
01:28:14 Et c'est un dispositif que vous ne qualifiez pas d'inédit,
01:28:17 mais de conséquent de Nijacop,
01:28:18 parce qu'il y avait eu cela lors des manifestations des Gilets jaunes.
01:28:22 Je vais vous traduire les quelques questions qu'il y a.
01:28:24 Ce ne sont pas là, parfois, ce sont des interrogations du public qui disent
01:28:27 "mais lorsqu'il y a eu la crise des Gilets jaunes,
01:28:29 ça ne veut pas dire qu'on le souhaite, attention,
01:28:31 mais il y a eu une méthode forte,
01:28:32 il y a eu une méthode forte qui a été utilisée,
01:28:34 trop forte évidemment, avec des violences qui ont été inacceptables,
01:28:37 et on a l'impression que là, il y a une crainte d'un basculement.
01:28:40 Pourquoi, madame Mabrouk, vous soulevez une question qui dérange ?
01:28:44 Pardonnez-moi de vous le dire,
01:28:45 mais si vous demandez ce soir aux policiers de faire vraiment leur travail,
01:28:51 c'est-à-dire de ne pas prendre de pincettes,
01:28:53 et d'y aller vraiment, c'est-à-dire rétablir l'ordre public,
01:28:56 vous allez vous retrouver avec des émeutes semblables à 2005,
01:29:00 parce que les policiers aujourd'hui ne peuvent plus être
01:29:03 ce dernier couvercle de la cocotte minute sociale qui va exploser.
01:29:08 Je vais vous dire, c'est même le dernier, je veux dire…
01:29:11 Mais c'est le dernier fil !
01:29:12 C'est le dernier fil pour établir ce lien avec les habitants des territoires populaires.
01:29:16 Parce qu'on parlait de l'extrême-gauche tout à l'heure,
01:29:19 mais vous savez, le premier parti dans ces quartiers populaires,
01:29:21 ce n'est pas l'extrême-gauche, c'est l'abstention.
01:29:24 Ces gens se sentent complètement coupés du monde, coupés du monde.
01:29:27 Il n'y a plus de politique en matière sociale,
01:29:30 en matière d'emploi, de travail, de discrimination à l'embauche.
01:29:34 Vous avez aujourd'hui des jeunes qui se sentent dans l'extrême pauvreté.
01:29:37 Et puis, on parle aujourd'hui d'un adolescent de 17 ans, malheureusement,
01:29:41 que vous avez aujourd'hui, et moi je le vois rouber dans l'une des villes les plus pauvres de France,
01:29:44 deux jeunes sur trois agissent entre 16 et 25 ans, sont au chômage.
01:29:49 Qu'est-ce qu'on a à leur apporter comme réponse ?
01:29:51 Aucune réponse sécuritaire, il faudra aider nos policiers.
01:29:53 Donc vous dites en fait, on est en train de payer, et payer vraiment au sens,
01:29:57 même payer l'addition, d'années de laxisme, d'années de gouvernance.
01:30:00 J'ai écouté les mauvaises décisions.
01:30:02 Je ne suis pas sûr que ceux qui cassent sont les mêmes que ceux qui sont dans la misère.
01:30:06 Sonia Rabou, je ne vais pas ouvrir un autre débat que celui pour lequel on est réunis aujourd'hui,
01:30:10 mais cette situation, c'est aussi, et je le dis à chaque fois que vous m'invitez,
01:30:15 c'est une problématique d'une politique globale qui n'a pas été mise en oeuvre,
01:30:18 de politique de la ville, de politique économique, de politique sociale.
01:30:22 Et moi je pose la question, où est le rapport Borloo ?
01:30:25 Ils sont passés les milliards déversés, dans quelles poches sont-ils allés ces milliards ?
01:30:32 Tant mieux, c'est mis à la poubelle le rapport Borloo.
01:30:35 Le rapport Borloo s'était recommencé les années 80.
01:30:38 Non, il y avait quand même une thématique.
01:30:42 Non, il voulait encore plus cloisonner les quartiers.
01:30:44 Il voulait encore plus l'entre-soi.
01:30:48 Il voulait des maisons de Marianne dans les quartiers pour les dames,
01:30:51 dans les quartiers comme ça elles ne sortent plus de leur quartier.
01:30:54 Il faut arrêter avec ce discours.
01:30:55 Ce n'est pas ça.
01:30:56 La politique de la ville, elle doit être revue de telle manière
01:30:59 à ce que ces quartiers soient décloisonnés, soient apparaissus.
01:31:04 Il y avait des questions des cités éducatives.
01:31:06 Mais il y en a des cités éducatives aujourd'hui.
01:31:09 Donc c'est issu du rapport Borloo.
01:31:10 Et il y avait également la mise en place de ces réseaux d'animateurs sociaux.
01:31:14 Mais il y en a des animateurs sociaux.
01:31:16 Il y a des médiateurs.
01:31:18 J'ai l'impression qu'on est au-delà de ce débat.
01:31:20 Là, on est dans une situation d'urgence, de crise paranchistique,
01:31:23 avec une nuit des meubles.
01:31:24 Je pense qu'on est au-delà du social.
01:31:25 Le département le plus pauvre de France, c'est la crise.
01:31:27 S'il vous plaît, pas tous en même temps, vous aurez la parole.
01:31:29 J'arrive.
01:31:31 On vit exactement l'archipel français de Fourquet.
01:31:33 C'est-à-dire qu'on n'a pas assimilé des populations.
01:31:35 Tout simplement, on a balancé de l'argent public en pensant
01:31:38 qu'on pouvait les acheter et qu'on achèterait la tranquillité publique.
01:31:41 On a laissé faire des trafics de drogue dans beaucoup de quartiers
01:31:43 en se disant qu'on est tranquille.
01:31:45 Pourquoi ça ne flambe pas à Marseille ?
01:31:46 Parce que le trafic de drogue tient les jeunes.
01:31:48 Et puis, c'est tout.
01:31:48 Donc, ça n'a pas flambé hier.
01:31:49 Ça ne flambera certainement pas ce soir,
01:31:50 parce que les trafiquants de drogue tiennent le système.
01:31:53 Donc, en fait, la France a complètement été dépossédée
01:31:55 sur les 30 dernières années.
01:31:56 Le pouvoir politique a préféré penser aux élections à 5 ans
01:31:59 plutôt qu'à penser à la France sur 50 ans.
01:32:01 Et aujourd'hui, on commence à en voir le désastre.
01:32:03 Donc, cette fracture sociale s'installe complètement.
01:32:05 Si on n'a pas une réponse politique qui est globale,
01:32:07 qui ne passe pas par un Borlo 6 ou je ne sais quoi,
01:32:09 si on ne passe pas par une assimilation concrète,
01:32:11 par une déstructuration des banlieues,
01:32:13 là où il faut le faire, avec une politique un peu à la danoise,
01:32:15 je suis désolé, mais dans 3-4 ans,
01:32:18 on se reverra autour du plateau télé,
01:32:19 et on viendra pleurer que des policiers ont été tués
01:32:21 à la Kalachnikov.
01:32:22 Et c'est ça, moi, que j'ai peur.
01:32:23 Je suis d'accord.
01:32:24 Je suis d'accord.
01:32:25 C'est pour ça qu'il y a une certaine émotion
01:32:28 qui doit être présente auprès de tous les Français
01:32:31 aujourd'hui en se disant si l'action publique n'est pas là,
01:32:34 et si on ne passe pas concrètement à l'acte,
01:32:36 et qu'on n'identifie pas aussi les acteurs
01:32:38 de cette action publique, de cette opposition politique
01:32:42 telle que l'FI, malheureusement, on tendra à cela.
01:32:44 Et c'est ça qui me rend complètement dingue.
01:32:46 J'aimerais aussi couper le récit qui consiste à dire
01:32:48 que ces révoltes sont le fait d'une tension
01:32:50 entre les jeunes des quartiers et les policiers
01:32:52 qui seraient supposément violents ou racistes
01:32:54 dans leurs interpellations quotidiennes.
01:32:55 Quand on s'en prend à des mairies,
01:32:57 quand on s'en prend à les écoles primaires,
01:32:59 ce n'est pas avec la police qu'on a un problème,
01:33:01 c'est avec la France en général.
01:33:03 Et ce n'est pas une question sociale,
01:33:05 la Creuse est le département le plus pauvre de France,
01:33:08 désolé de dire qu'il n'y a pas le quart
01:33:10 de la moitié de l'insécurité qui a été observée cette nuit.
01:33:12 Un exemple symbolique.
01:33:13 Vous vous souvenez de ce CRS pendant les manifestations traorées ?
01:33:16 En 2020, il y avait un CRS noir devant le tribunal judiciaire
01:33:21 dans le 17 juillet, qui avait été insulté de traître
01:33:24 par les traorées, la bande à traorées.
01:33:25 En fait, on est face à des personnes
01:33:28 qui considèrent que la France est un ennemi,
01:33:30 et ils s'installent dans cette logique-là,
01:33:31 avec le soutien de complaisants qui sont plutôt à gauche,
01:33:34 et qui considèrent que la République française,
01:33:36 c'est quelque chose de blanc et de discriminatoire par principe.
01:33:39 Le vrai problème, c'est que la réunion du comité à Damat-Traoré,
01:33:42 la manifestation avait été organisée pendant le Covid,
01:33:45 et à l'époque, les pouvoirs publics et le gouvernement lui-même
01:33:47 n'avaient osé rien dire, parce qu'ils avaient dit
01:33:49 que l'émotion passait devant le droit.
01:33:51 Et aujourd'hui encore, on considère que l'émotion passe
01:33:53 au-delà du droit, ce qui est bien de gore.
01:33:55 Il est 13h40, dans à peu près 20 minutes,
01:33:58 il y aura cette marche blanche qui va s'élancer depuis Nanterre.
01:34:01 Nous serons avec nos journalistes sur place.
01:34:03 D'abord, il y a l'émotion, mais il y a aussi une crainte
01:34:06 autour de risques potentiels, après ce que certains ont qualifié
01:34:10 de marche de la révolte, on va y revenir.
01:34:12 Sur les images, il y a quelques instants,
01:34:14 on voyait Sandra Buisson, le garde des Sceaux,
01:34:16 et Éric Dupond-Moretti en visite à Frennes.
01:34:18 On a raconté ce qui s'est passé à Frennes hier.
01:34:21 D'ailleurs, on écoutera dans quelques instants
01:34:23 un extrait d'un son d'un policier que vous avez vous-même récupéré.
01:34:27 Est-ce qu'on peut parler véritablement d'une tentative d'intrusion,
01:34:30 quand même, hier, dans cette prison ?
01:34:32 Les assaillants, effectivement, se sont approchés,
01:34:36 n'ont pas réussi à entrer, mais effectivement,
01:34:38 le policier avec qui j'ai discuté estime que c'était le but.
01:34:44 Au National, sur les différentes interventions
01:34:48 qu'ont menées les policiers, il rapporte à plusieurs reprises
01:34:50 que c'était des guet-apens, c'est-à-dire que,
01:34:53 comme à leur habitude dans les violences urbaines,
01:34:56 les individus allument des incendies pour faire venir
01:34:59 les policiers et pour s'en prendre à eux.
01:35:02 Et on a vu qu'à certains endroits, les équipes ont rapidement
01:35:06 épuisé les munitions qu'ils avaient avec eux et ont dû
01:35:10 être réapprovisionnées pour tenir le coup,
01:35:12 parce qu'il y a eu une utilisation massive, effectivement,
01:35:15 d'armes de force intermédiaire, des LBD, des grenades lacrymogènes.
01:35:21 La crainte, évidemment, ce soir, c'est un scénario
01:35:24 qui va crescendo, 40 000 policiers et gendarmes,
01:35:28 avec des appels parfois à l'apaisement,
01:35:30 qui sont évidemment nécessaires, mais on a l'impression,
01:35:32 Amine El-Bayek, que ce sont autant de coups d'épée dans l'eau.
01:35:34 On dirait que l'ordre public et que l'apaisement et le calme
01:35:37 se décrètent, ce n'est pas le cas.
01:35:39 Et l'apaisement ne se décrète pas, il faut des signes au fort.
01:35:41 D'abord, il faut que l'État ait le dernier mot.
01:35:44 Il faut aussi rétablir l'honneur de la police.
01:35:47 Ce n'est pas la police qui est mise en examen, c'est un policier.
01:35:50 Moi, je retiens d'abord ces dizaines de milliers
01:35:53 d'interventions des policiers chaque année qui ont sauvé la vie
01:35:55 à nos compatriotes, plus qu'une minime série d'actes
01:36:04 déviants qui seront discutés devant la justice.
01:36:06 Ici, cette affaire sera discutée devant la justice.
01:36:09 J'ai entendu tout à l'heure que la justice ne se rendra pas sans calme.
01:36:19 Moi, je dis que la justice se rend seulement s'il y a le calme.
01:36:23 Pour retrouver le calme et l'apaisement, il faut remettre
01:36:25 l'Église au milieu du village.
01:36:27 Il faut dire ce soir à nos 40 000 policiers et gendarmes,
01:36:30 ce soir, c'est vous qui allez remettre l'autorité de l'État
01:36:33 au milieu du village.
01:36:34 Mais c'est ça qui est totalement incompréhensible
01:36:36 chez certains élus de l'extrême gauche.
01:36:38 C'est-à-dire qu'on peut à la fois appeler au calme et à la justice.
01:36:41 En quoi appeler, ne pas appeler au calme pourrait
01:36:45 ne pas entraîner une action judiciaire ?
01:36:46 C'est tout l'inverse.
01:36:47 Mais vous savez, Sonia Mabrouk, il y a le débat.
01:36:50 Il faut complètement revoir la police nationale,
01:36:54 en gros, la dissoudre, reprendre l'expression
01:36:56 de la France insoumise, la refonder.
01:36:59 Et là, aujourd'hui, une affaire très dramatique
01:37:03 que tout le monde comprend.
01:37:06 On en fait le procès de la police nationale et des policiers.
01:37:10 Et ça, ce n'est pas acceptable.
01:37:11 Et moi, je salue le travail de mes collègues qui maintiennent
01:37:14 le public.
01:37:15 - Peut-être, pardonnez-nous, Jacob.
01:37:16 Vous savez qu'on voit bien Élisabeth Borne qui répond
01:37:19 à des discussions, à des interpellations.
01:37:22 On va voir de quel ordre il s'agit.
01:37:24 Éric Dupond-Moreté qui est en visite à Freines,
01:37:27 après ce qui s'est passé hier, cette tentative d'intrusion.
01:37:30 Gérald Darmanin qui était toujours à Tourcoing,
01:37:34 qui a dénoncé, lui, la présence d'organisations
01:37:36 et de professionnels des émeutes.
01:37:39 Et puis, cette marche blanche.
01:37:40 Alors, est-ce qu'on peut poser la question ?
01:37:42 Attention, parce qu'il faut prendre beaucoup de pincettes aussi,
01:37:44 compte tenu de l'émotion et du caractère inflammable
01:37:46 de la situation.
01:37:47 Évidemment, il y a une émotion qui est parfaitement légitime.
01:37:50 Est-ce que le timing de cette marche blanche,
01:37:53 l'enquête est en cours,
01:37:54 il y a toutes ces récupérations politiques ?
01:37:56 Est-ce qu'on peut s'interroger ?
01:37:58 - Madame, il faut dire la vérité à la maman,
01:38:00 malheureusement, qui a perdu son enfant.
01:38:02 Moi, je veux dire à cette maman qui s'appelle Mouna
01:38:04 et qui s'exprimait à la télé et sur les réseaux sociaux
01:38:06 que je compatis, je lui présente mes plus sincères condoléances.
01:38:11 Mais malheureusement, je ne viendrai pas à la marche à 14h.
01:38:14 Je n'irai pas à la marche,
01:38:15 parce que je veux lui dire la vérité à cette dame.
01:38:18 Je ne veux pas participer à une marche avec des faussaires,
01:38:22 des faux-culs qui sont là uniquement pour faire
01:38:24 de la récupération politique,
01:38:26 qui sont là uniquement pour entretenir le chaos,
01:38:29 la terreur, le désordre,
01:38:31 pour entretenir la haine contre nos policiers.
01:38:33 Moi, je veux dire à cette dame que la République
01:38:35 sera toujours à ses côtés,
01:38:37 que si un acte déviant était commis,
01:38:39 elle sera assistée, aidée,
01:38:40 et seule la justice pourra réparer,
01:38:43 réparer son préjudice, réparer sa blessure.
01:38:46 Moi, je mesure le chagrin profond
01:38:49 d'une maman qui a perdu son fils.
01:38:51 Tout le monde mesure ici sur ce plateau
01:38:53 la douleur et le chagrin, bien sûr.
01:38:55 Mais je ne participerai pas à un défilé.
01:38:58 Je présenterai personnellement mes condoléances à la famille.
01:39:01 Je ne participerai pas à un défilé de récupération politique.
01:39:04 Comment vous pouvez empêcher des élus de venir à une marche blanche ?
01:39:06 Est-ce qu'il aurait fallu un message ?
01:39:07 Si elle n'a pas été déclarée, le minimum,
01:39:09 c'est que les élus s'en tiennent aussi à ce qui est...
01:39:11 - Elle a été déclarée. C'est le trajet.
01:39:14 - Ça a été confirmé ?
01:39:15 - Vous ne confirmez pas qu'elle a été déclarée ?
01:39:18 - Au moment où je vous parle...
01:39:20 - Et ça rappelle ?
01:39:21 - La régularisation...
01:39:22 - Ce matin, à la première heure, elle n'était pas déclarée.
01:39:24 - Vous ne le savez pas tous en même temps,
01:39:25 la situation est déjà assez confuse.
01:39:27 Vous nous confirmez qu'elle n'a pas été déclarée ce matin ?
01:39:29 - A ma connaissance, elle n'était pas déclarée ce matin.
01:39:31 Donc c'est pour ça que c'est compliqué d'organiser
01:39:33 un service de sécurité pour le bon déroulé d'une marche
01:39:36 dès lors qu'il n'y a pas d'autorisation préfectorale
01:39:39 pour la marche et qu'on n'a pas un organisateur identifié
01:39:42 puisque pour déclarer une marche,
01:39:44 il faut qu'il y ait un organisateur identifié.
01:39:47 Et à partir de ce moment-là, avec les forces de sécurité,
01:39:50 on détermine le trajet et on assure la sécurité
01:39:54 pour que cette marche s'organise dans des bonnes conditions.
01:39:56 - Maxime Thibault.
01:39:57 - Non mais la marche, de toute façon,
01:39:59 elle va être organisée aussi.
01:40:00 Vous avez parfaitement raison sur une structure plus classique,
01:40:03 on a un délai à respecter d'une organisation.
01:40:05 Quand on est sur des marches au spontané,
01:40:06 on a des relations qui se font
01:40:08 et ensuite une légalisation de cette marche.
01:40:11 Moi, je suis parfaitement d'accord avec ce que vous venez de dire
01:40:14 et je vous en remercie parce que je trouve
01:40:15 que ça apporte un peu de sagesse dans l'ensemble de ce débat.
01:40:18 Tout comme moi, j'aimerais rappeler tout simplement
01:40:20 qu'à un moment, il faut aussi rester sur nos gardes,
01:40:22 dans les jugements et je pense que les gens de sagesse
01:40:25 ont su ne pas faire de commentaire sur l'usage de l'arme
01:40:27 qui a été fait par ce policier et d'attendre tout simplement
01:40:30 d'avoir les conclusions qui seront faites par la justice.
01:40:32 Moi, j'ai été très choqué par le propos
01:40:34 qui a été tenu par le président de la République
01:40:35 parce qu'en disant que l'usage de l'arme était inexcusable,
01:40:38 il a condamné définitivement cette personne à avoir un jugement
01:40:42 qui ne pourra pas être contraire
01:40:43 à la parole du président de la République.
01:40:45 Alors que ce qu'on demande dans un état de droit,
01:40:48 c'est que l'enquête puisse se faire sereinement,
01:40:50 sans qu'il y ait d'entrave d'autres institutions
01:40:52 et surtout celles du président de la République.
01:40:54 Donc ça, ça m'a effectivement beaucoup dérangé.
01:40:57 - Mais on s'est habitué à ce genre de discours depuis des années.
01:40:59 Permettez-moi de dire qu'au moment de Jean-Floyd,
01:41:01 au moment d'Adama Traoré,
01:41:02 quand on a permis aux people de faire la loi,
01:41:06 quand on a permis à l'émotion
01:41:08 de prendre le pas systématiquement sur le droit,
01:41:10 on a tué la possibilité de justice
01:41:13 et de réaction politique saine dans ce pays.
01:41:15 La réaction d'Emmanuel Macron,
01:41:16 ce n'est pas une réaction de responsable politique,
01:41:20 c'est une réaction de people.
01:41:22 - C'est un aveu d'échec.
01:41:22 - C'est une réaction de people qui est comparable
01:41:25 à celle qu'a eue Kimyan Mbappé.
01:41:26 - C'est une violation manifeste du principe de présomption d'innocence.
01:41:29 - Mais oui, mais parce qu'à force de mettre la com à tout va
01:41:31 et de se neudonner à chaque dame.
01:41:33 - On a compris, s'il vous plaît, je voudrais rappeler.
01:41:36 Vous avez vu la vidéo, c'est à dire ?
01:41:38 - Oui, je disais, quand j'ai vu la vidéo,
01:41:39 moi je fais aussi des formations sur l'intervention des gendarmes.
01:41:43 Donc je vois des vidéos en permanence
01:41:45 et je suis des moniteurs d'intervention professionnelle
01:41:47 sur l'usage des armes.
01:41:48 Quand j'ai vu la vidéo, je me suis interrogé,
01:41:50 je me suis dit tiens, maintenant je vais essayer de comprendre.
01:41:52 Je vais essayer de comprendre comment un policier de 38-39 ans
01:41:55 avec des états de service aussi excellents que le sien
01:41:57 a pu faire usage de son arme.
01:41:58 Et la seule réponse que j'ai apportée quand j'ai vu cette vidéo,
01:42:00 c'est de me dire, la sagesse c'est d'attendre
01:42:02 et de laisser les enquêteurs faire.
01:42:03 Et là, j'ai vu quoi ?
01:42:05 J'ai vu une logorée de tous les politiques
01:42:08 et du premier en son état, le président de la République,
01:42:11 qui est venu instrumentaliser politiquement une enquête judiciaire
01:42:14 afin de garantir la paix dans les banlieues.
01:42:15 Je suis désolé, moi ça m'a choqué.
01:42:17 Ça m'a choqué vis-à-vis de la séparation des pouvoirs
01:42:19 qui doit garantir à tout un chacun la présomption d'innocence.
01:42:22 - J'aimerais qu'on aille sur le terrain avec des choses concrètes,
01:42:24 avec ces 40 000 policiers et gendarmes qui vont donc se déployer,
01:42:28 avec également des pompiers qui vont arriver en renfort.
01:42:32 Comment se déploie un tel dispositif, Denis Jacob ?
01:42:36 - Alors, c'est un plan d'action, si on peut dire,
01:42:39 pour n'importe quel événement, manifestation et autres,
01:42:43 qui est prévu la veille au soir avec un dispositif très précis,
01:42:47 le nombre de compagnies de CRS qui vont être mobilisées,
01:42:51 comment elles vont être dispatchées,
01:42:52 comment elles vont être orientées sur le terrain
01:42:54 pour sécuriser des accès à certains quartiers ou à certaines rues.
01:43:00 Et puis on investit les CRS, les éléments sur l'île de France,
01:43:05 ça va être les compagnies d'intervention
01:43:07 et les compagnies de sécurisation et d'intervention,
01:43:10 ça va être les BAC, ça va être l'ensemble des commissariats.
01:43:14 Le ministre l'a annoncé, 40 000 policiers,
01:43:15 donc ça veut dire qu'il va y avoir des unités
01:43:18 qui étaient prévues de travailler en matinée ou en début d'après-midi
01:43:21 qui vont être décalées pour travailler en renfort le soir,
01:43:24 de façon à mailler au maximum le territoire
01:43:27 pour éviter d'avoir des attroupements, des regroupements
01:43:29 qui vont se constituer pour aller brûler, casser et dégrader.
01:43:33 Avec un propos quand même qui pourra lui être opposé dès demain,
01:43:37 mais ça c'est, si je puis dire, le risque politique,
01:43:39 Gérald Darmanin qui a dit que l'ordre sera rétabli dès ce soir,
01:43:43 de manière affirmative.
01:43:44 Il n'a pas dit "l'ordre doit être rétabli",
01:43:46 il a dit "l'ordre sera rétabli dès ce soir".
01:43:49 Alors on ne peut pas reprocher en même temps un manque de fermeté
01:43:52 et de la fermeté quand il y en a,
01:43:53 mais il faut dire, Sandra Abyssou, c'est un engagement.
01:43:56 - Ça fait écho au propos qu'on avait entendu de Christophe Castaner,
01:43:57 qui était ministre de l'Intérieur au moment des Gilets jaunes,
01:43:59 c'était le 8 novembre, au tout début des événements,
01:44:03 et le 8 décembre, pardon, et effectivement le 1er décembre,
01:44:06 il y avait eu l'attaque de l'Arc de Triomphe,
01:44:08 et le 8 décembre, on avait vu quand même des scènes
01:44:13 de violences urbaines dans Paris, à différents endroits,
01:44:16 parce que les équipes étaient extrêmement mobiles,
01:44:18 et le soir, il avait expliqué que, selon lui,
01:44:22 son action avait mis un coup d'arrêt aux violences,
01:44:24 et on a vu que ça avait pas été le cas par la suite.
01:44:27 - Pourquoi Gérald Darmanin ne fait pas preuve de courage politique ?
01:44:29 - C'est difficile de le reprocher.
01:44:31 - Non, c'est de l'affichage politique.
01:44:34 Le courage politique, c'est aussi aller plus loin,
01:44:36 c'est aller chercher les responsables.
01:44:37 Monsieur Mélenchon et toute l'extrême gauche,
01:44:39 tous les députés qui sont sur les réseaux sociaux ont entretenu la haine.
01:44:42 Non, il faut être capable d'aller plus loin.
01:44:44 Il faut être capable de demander au Bureau national,
01:44:46 de l'Assemblée nationale, de lever l'immunité parlementaire
01:44:49 et de mettre en garde à vue,
01:44:51 et d'ouvrir une enquête pénale
01:44:52 contre tous les responsables politiques d'extrême gauche
01:44:55 qui ont été les pyromanes de cette affaire.
01:44:57 - Très bien. Il y a le débat politique,
01:45:00 et on peut condamner des propos politiquement,
01:45:04 mais de basculer dans le tout judiciaire,
01:45:06 ça devient compliqué.
01:45:07 Pardonnez-moi, on reste quand même un peu dans une démocratie
01:45:12 où tous les partis d'opposition...
01:45:14 - Mais c'est pas la liberté d'expression,
01:45:15 c'est de l'incitation à la haine contre nos policiers ?
01:45:17 - Non, liberté d'expression, les électeurs se feront un jugement.
01:45:19 Ils savent maintenant que la France insoumise
01:45:21 est un parti de factieux qui a envie de renverser la République
01:45:25 et qui n'aime pas la République.
01:45:26 On laissera les gens se faire leurs idées aux prochaines élections.
01:45:29 - Gérald Darmanin va l'écouter, il a dit
01:45:31 "il faut que tout le monde appelle au calme".
01:45:33 La question que je vous pose, c'est
01:45:34 est-ce que ces politiques sont encore entendues ?
01:45:36 Ce serait bien, évidemment, que tout le monde appelle au calme,
01:45:38 ça nous paraît très légitime, pertinent,
01:45:41 mais est-ce que ces responsables politiques de tous bords
01:45:43 sont encore entendus ?
01:45:44 - Il serait entendu, Sonia Mabrouk,
01:45:46 si tout le monde tenait le même discours.
01:45:48 - Mais ils ne sont plus entendus, il y a une forme de déconnexion.
01:45:50 - Oui, mais si vous avez tout l'ensemble de nos élus,
01:45:54 tout l'ensemble de nos élus, quel que soit le bord politique,
01:45:58 et c'est quand même ce qu'attendent les Français,
01:46:00 c'est que face à des situations graves,
01:46:03 il y ait un front commun politique pour dire "stop,
01:46:08 ce n'est pas ça l'expression de la colère,
01:46:11 aussi légitime soit-elle, ce n'est pas ça l'expression de la colère".
01:46:14 - Et de nouveau, une nouvelle prise de parole
01:46:15 si je puis, d'Éric Dupond-Moretti,
01:46:17 le garde des Sceaux depuis la prison de Frennes.
01:46:19 - Je suis rendu à Agnières,
01:46:22 attaqué ou un vigile a failli être brûlé vif.
01:46:28 J'ai tenu à me rendre à Frennes.
01:46:33 Et au fond, les hommes qui étaient dans ce local,
01:46:37 un local exigu,
01:46:40 ne doivent la vie qu'à l'épaisseur d'une vitre.
01:46:44 Je veux également rendre hommage aux 200 membres
01:46:48 des personnels pénitentiaires,
01:46:50 qui tout autour de cette enceinte ont empêché
01:46:54 que ces hommes cagoulés, pour une grande majorité d'entre eux,
01:47:01 ne pénètrent dans les lieux.
01:47:04 Nous avons évité le pire.
01:47:08 Comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
01:47:11 et je veux le redire ici,
01:47:13 seule la justice est en mesure de pacifier les choses.
01:47:17 Et la justice, ce n'est pas ça.
01:47:19 Et ça ne peut pas être ça.
01:47:21 Les hommes que j'ai rencontrés sont évidemment choqués.
01:47:25 Et on serait à moins.
01:47:30 La justice, ce n'est pas dans la rue à une heure du matin.
01:47:33 C'est une institution dans laquelle nous devons avoir confiance.
01:47:38 Et je veux redire également, comme je l'ai dit tout à l'heure,
01:47:42 que la justice ne vise pas la police.
01:47:47 Une information est ouverte contre un policier.
01:47:51 Et vous m'accorderez que c'est évidemment singulièrement différent.
01:47:57 Pour le reste, je ne peux que redire
01:48:01 qu'il faut que nous soyons tous très attentifs
01:48:04 aux mots que nous utilisons.
01:48:07 Ce qui est important, c'est que le calme revienne.
01:48:12 Et je veux également redire que certains irresponsables,
01:48:18 depuis des mois, utilisent des formules et des mots
01:48:23 qui tentent à discréditer la police et la justice.
01:48:28 Et ils ont pour moi une responsabilité morale
01:48:33 dans ce qui arrive aujourd'hui.
01:48:35 Dégrader une prison, une mairie, un commissariat de police,
01:48:39 un tribunal, c'est dégrader des lieux qui nous appartiennent tous.
01:48:47 Et ce sont des symboles de notre République.
01:48:53 Voilà ce que je veux dire.
01:48:54 Je suis particulièrement affecté et triste
01:49:01 de voir que des hommes ont été menacés dans leur vie,
01:49:10 alors qu'ils ne font qu'exercer leur mission
01:49:13 qui est une mission essentielle,
01:49:15 qu'il s'agisse, vous l'avez vu, des personnels de justice
01:49:19 que nous avons rencontrés ce matin,
01:49:21 ou des personnels pénitentiaires.
01:49:22 C'est absolument insupportable que l'on ait ce type de réaction.
01:49:26 Je le dis, je le redis, je l'ai exprimé déjà tout à l'heure,
01:49:29 mais le temps est à l'émotion et au recueillement.
01:49:34 Un gamin a été tué.
01:49:38 Des policiantes étaient blessées.
01:49:43 Un vigile a failli brûler vif.
01:49:46 Des personnels pénitentiaires doivent leur vie,
01:49:51 je le dis, à l'épaisseur d'une vitre.
01:49:55 Tout ça est insupportable.
01:49:59 Je souhaite vraiment, vraiment que le calme revienne
01:50:06 et que ces exactions qui ont eu lieu cette nuit
01:50:11 et la nuit précédente
01:50:13 fassent l'objet d'une réponse pénale forte.
01:50:17 Merci mesdames et messieurs.
01:50:18 Monsieur le ministre, une question sur l'état d'urgence.
01:50:21 Est-ce que c'est à l'ordre du jour ?
01:50:23 Seule la justice est en mesure de pacifier les choses,
01:50:25 Eric Dupond-Moretti, comme d'ailleurs le reste du gouvernement
01:50:28 qui rappelle, qui martèle que la justice doit passer,
01:50:32 qui évoque aussi ce temps nécessaire.
01:50:34 Et puis on a entendu une question,
01:50:36 la journaliste à laquelle ne répond pas l'exécutif,
01:50:39 état d'urgence.
01:50:40 État d'urgence, mais bon,
01:50:42 est-ce que dans une telle situation,
01:50:43 mettre même un état d'urgence peut permettre,
01:50:46 j'allais dire, un arrêt des émeutes,
01:50:48 que la rivière de la colère revienne dans son lit ?
01:50:51 Si c'est nécessaire, oui.
01:50:53 On l'a déjà vu, ça a déjà été utilisé.
01:50:55 Vous savez, on a quand même mis des couvre-feu
01:50:57 pour éviter d'avoir le Covid.
01:50:59 Donc on peut très bien avoir des couvre-feu
01:51:00 pour éviter à certains jeunes d'aller dans la rue.
01:51:02 Je veux vous dire, on n'est plus à ça près.
01:51:04 Après l'état d'urgence,
01:51:06 vous savez, rétablir l'ordre public,
01:51:07 c'est aussi accepter de casser des oeufs pour faire des omelettes.
01:51:10 Donc maintenant, il faut voir s'il y aura le courage politique
01:51:11 derrière de dire aux forces publiques
01:51:14 qu'il y a certaines actions qui doivent être faites
01:51:16 effectivement pour établir l'ordre.
01:51:17 Je veux dire très concrètement ces actions ce soir,
01:51:19 Denis Jacob, c'est-à-dire qu'hier, on a vu,
01:51:21 enfin on a vu, nous ont rapporté,
01:51:23 étaient rapportées des scènes de policiers
01:51:25 qui ont reculé face à la menace,
01:51:27 véritablement face à une forme d'attaque,
01:51:30 comme s'il y avait des assaillants.
01:51:31 C'est-à-dire que ce soir, c'est autre chose,
01:51:33 c'est un autre scénario.
01:51:35 En tout cas de votre côté.
01:51:36 Si c'était aussi simple,
01:51:39 le maintien de l'ordre, tout serait déjà réglé
01:51:41 depuis longtemps dans notre pays.
01:51:43 Vous comprenez bien que l'action de la police
01:51:46 vise à rétablir l'ordre public,
01:51:48 mais qu'elle ne vise pas à le faire
01:51:50 en allant blesser, voire tuer des gens.
01:51:53 Ce n'est pas ça l'action de la police.
01:51:55 Il faut le rappeler, et je l'ai rappelé encore hier,
01:51:58 les policiers ne sont pas là
01:52:01 pour appliquer la loi en tuant.
01:52:03 Ce n'est pas ça le travail du policier.
01:52:04 On n'est pas rentré dans la police
01:52:07 pour tuer des gens.
01:52:08 Donc l'ordre public, ce n'est pas une science exacte,
01:52:10 c'est très compliqué, surtout de nuit
01:52:12 dans des quartiers sensibles,
01:52:14 ce n'est pas comme maintenir une manifestation pacifique.
01:52:17 Et que forcément, ça va être très compliqué
01:52:20 et que mes collègues vont devoir faire
01:52:22 comme d'habitude, preuve d'un très grand sang-froid
01:52:25 et de professionnalisme pour éviter
01:52:27 tout dommage collatéraux.
01:52:28 Regardez cette image en direct depuis Nanterre,
01:52:31 dans les Hauts-de-Seine, avec toutes ces personnes
01:52:33 qui se dirigent vers le point de départ
01:52:36 de la marche blanche.
01:52:37 Voilà avec nos images CNews de Charles Bagé.
01:52:43 Il y aura probablement beaucoup,
01:52:45 beaucoup de monde à cette marche blanche,
01:52:46 des élus de la NUPES qui sont déjà,
01:52:49 qui très certainement vont s'exprimer
01:52:52 devant les micros.
01:52:54 Alors la question de la récupération politique,
01:52:56 on l'a dit tout à l'heure,
01:52:58 ces mêmes parlementaires, ces mêmes élus
01:53:00 qui avaient condamné vivement,
01:53:02 avec des mots extrêmement durs,
01:53:03 ceux qui faisaient de la récupération politique,
01:53:05 Michael Sadoune lors de l'affaire Lola,
01:53:07 lors de l'attaque d'Annecy, bien sûr, etc.
01:53:11 Il est difficile de ne pas leur opposer aujourd'hui
01:53:13 les mêmes griefs.
01:53:15 Ils sont évidemment dans la contradiction,
01:53:16 mais je ne reproche pas aux hommes politiques
01:53:18 de faire de la politique.
01:53:19 Je sépare très bien le sujet de la marche blanche
01:53:21 qui se déroule aujourd'hui
01:53:23 avec le sujet des violences.
01:53:24 Je pense que là où Éric Dupond-Moretti
01:53:26 fait une erreur,
01:53:27 même s'il s'est bien exprimé sur la question,
01:53:29 c'est qu'il fait penser que la réponse judiciaire
01:53:31 ou politique est de nature à faire baisser
01:53:34 les violences qui ont été commises hier soir.
01:53:36 Ce n'est pas le cas.
01:53:38 Ces gens-là prennent appui sur un fait d'actualité
01:53:40 pour mettre le désordre dans la rue
01:53:43 et renverser les institutions,
01:53:44 mais ils ne sont absolument pas sensibles à mon avis.
01:53:47 À la mort de Nahel, ce n'est pas leur sujet.
01:53:49 Il faut bien distinguer cette marche blanche
01:53:51 des violences qui ont eu lieu hier soir.
01:53:53 Vous voyez ces images de la marche blanche
01:53:56 qui va s'élancer avec un dispositif aussi de sécurité,
01:54:00 évidemment dans cette ville de Nanterre.
01:54:03 Le maire de Nanterrier,
01:54:04 on vous l'a dit,
01:54:05 d'autres élus de la NUPES au sens large,
01:54:08 c'est un moment qui sera important
01:54:09 à la fois d'émotion
01:54:11 et on l'espère, pas de violence.
01:54:12 Toute la question est de savoir
01:54:13 si ça va être un agrégateur de colère,
01:54:15 un accélérateur de colère avant une nuit.
01:54:18 On a compris que le gouvernement
01:54:20 et les forces de maintien de l'ordre
01:54:22 plus largement craignent cette nuit.
01:54:24 Comment on peut aujourd'hui,
01:54:26 avec quels mots,
01:54:27 évidemment, normalement il faut des actions,
01:54:29 quels mots peuvent encore apaiser une situation ?
01:54:32 On a l'impression que l'emploi des mots,
01:54:33 je vous l'ai dit tout à l'heure,
01:54:34 à Minel Baye, ne sert plus grand-chose aujourd'hui.
01:54:36 Qu'on répète comme ça,
01:54:38 fermeté, autorité,
01:54:39 un peu de manière cyclique.
01:54:44 En fait, il n'y a pas de mots à proprement parler.
01:54:46 Je crois qu'il faut du temps.
01:54:49 Il faut du temps.
01:54:50 Parce que pour retrouver du calme,
01:54:52 il faut aussi du temps.
01:54:53 Et pour rendre la justice, il faut du temps.
01:54:55 C'est le problème.
01:54:56 Il y a une distorsion entre le temps de l'enquête
01:54:58 et la colère.
01:55:00 Le temps d'une part, la colère.
01:55:02 Le problème étant qu'aujourd'hui,
01:55:03 nous sommes arrivés à un point de non-retour.
01:55:07 Nous avons d'abord, et nous l'avons vu,
01:55:10 Jean-Luc Mélenchon, l'extrême gauche
01:55:13 et tous les députés qui ont repris cette affaire,
01:55:16 qui l'ont instrumentalisé
01:55:17 et qui veulent impérativement réagir
01:55:20 sous le coup de la colère et de l'émotion.
01:55:21 Aujourd'hui, ce policier est présumé innocent.
01:55:24 Et si demain d'ailleurs,
01:55:25 si cet après-midi,
01:55:27 on parle de tout aujourd'hui,
01:55:28 mais on ne parle même pas du policier,
01:55:29 si cet après-midi, le juge des libertés
01:55:31 et de la détention décide de placer ce policier
01:55:34 en détention,
01:55:35 quelle sera la réaction de tous les policiers
01:55:37 qui sont engagés partout en France pour assurer...
01:55:39 Nous le verrons à l'épreuve des faits et de la décision.
01:55:41 Pour l'heure, vous avez raison,
01:55:43 et vous l'avez rappelé, l'actualité sur cette marche blanche.
01:55:45 Vous le voyez également sur notre écran,
01:55:47 tous les exécutifs qui se déplacent.
01:55:48 Je vous remercie d'avoir été nos invités aujourd'hui.