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Jeudi 29 juin 2023, SMART PATRIMOINE reçoit Régis Yancovici (dirigeant, Luxavie)

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00:00 Et c'est parti pour Enjeu Patrimoine. Aujourd'hui nous faisons le bilan des six premiers mois sur les marchés financiers avec un focus évidemment
00:10 Bourse de Paris. En France 2023 commence bien avec quatre mois de hausse d'affilée du 4,40 ce qui n'était pas arrivé depuis 2019 mais malgré tout le
00:18 contexte, c'est ce que je disais tout à l'heure, macroéconomique reste tendu avec une inflation tenace. Pour faire ce bilan aujourd'hui notre invité c'est
00:25 Régis Iancovici, fondateur et dirigeant de Luxavie.fr. Bonjour Régis. Bonjour Eva. Merci beaucoup de nous accompagner aujourd'hui. Luxavie.fr très rapidement
00:33 vous êtes un spécialiste de la gestion en ETF c'est ça ? Exactement, qu'on fait la plupart du temps dans un cadre d'assurance vie luxembourgeoise.
00:39 Effectivement on met en oeuvre des stratégies qui sont soit plutôt de buy and hold ou de gestion active avec ces fameux produits passifs. C'était bien de le
00:48 repréciser. Régis est-ce que vous confirmez donc que de janvier à avril les actions ont plutôt bien performé ? Et oui à la grande surprise du consensus
00:56 parce que le premier semestre 2023 est encore la démonstration que le consensus peut se tromper et il s'est trompé. Il nous avait prédit des actions en
01:08 berne, qu'il fallait absolument se tourner vers le marché obligataire. Il nous avait prédit une récession, il nous avait prédit une reprise de la Chine.
01:17 Rien ne s'est passé comme prévu. Et c'est intéressant de disséquer un petit peu les raisons du déroulement et de savoir s'il a vraiment tort ou si c'est juste différé.
01:27 Est-ce que ces performances on les doit à certains secteurs, à certaines valeurs qui ressortent particulièrement ? Plus que jamais. La performance du top 7
01:38 aucune référence à la barre chocolatée des années 80. Mais les fameuses valeurs plateforme et semi-conducteur du S&P 500 ont porté tout le marché en particulier
01:50 jusqu'au mois de mai où on assistait à un S&P 7. Il n'existe pas mais si on isole ces 7 valeurs qu'on en fait un indice qui progressait à peu près 30% et le reste du marché
02:02 qui était à zéro. Alors tout le monde se disait c'est intenable et on est d'accord c'est intenable. Et juin a apporté un début de réponse. C'est que les 7 se sont maintenus
02:11 et que le reste du marché est en train de partir. En train de partir gentiment. C'est quand même beaucoup de valeurs et beaucoup de secteurs différents.
02:20 Mais on a une forme de début de rattrapage. En France, est-ce qu'on peut, je ne sais pas, les valeurs du luxe peut-être celles qui ont porté ce début d'année ?
02:29 Alors je n'ai pas les chiffres en tête mais globalement la thématique était l'intelligence artificielle. Et il est vrai que le luxe n'est pas forcément touché par l'intelligence artificielle.
02:38 Alors on peut imaginer des connexions entre les deux. Mais la thématique de début d'année c'est l'intelligence artificielle. Alors est-ce que c'est un feu de paille ou est-ce que c'est une vraie thématique ?
02:48 Moi je pense qu'il y a réellement une révolution technologique derrière l'intelligence artificielle qui aura deux conséquences énormes mais qu'on va mesurer dans la durée.
02:58 Il a fallu 20 ans entre le début d'Internet et constater les résultats dans la macroéconomie. Là il faudra sans doute moins de temps mais c'est un choc de productivité et un choc déflationniste.
03:11 Et tout ça, ces deux éléments-là sont des éléments extrêmement porteurs pour les marchés d'action.
03:16 Vous disiez tout à l'heure contre toute attente. C'est ce que vous disiez. En effet l'année 2022 elle a plutôt été marquée par le décrochage des marchés et des marchés actions.
03:23 Comment vous expliquez-vous aujourd'hui cette remontée ? Je le disais avec un contexte macroéconomique, une inflation qui elle est toujours là.
03:31 Est-ce que vous avez quand même des éléments de réponse pour nous expliquer cette embellie début 2023 ?
03:35 C'est vraiment très important d'ouvrir la boîte des indices et voir exactement ce qui s'est passé parce que si on se limite à l'explication de la hausse à l'intelligence artificielle,
03:43 je pense qu'on rate une très grosse partie. Et la grosse partie c'est quand même que les marchés... C'est le jeu du chat et la souris entre les marchés et la Fed.
03:54 La Fed nous explique "je vais rester dur, les marchés n'y croient pas". Les marchés n'y croient pas. Comment ça se matérialise ?
04:00 Un, on a les taux à 10 ans qui ne montent pas, qui sont plutôt dans une tendance baissière. Les taux à plus court terme, par exemple le 2 ans qui suit un peu plus la politique de la Fed,
04:10 eux restent tendus et les actions se comportent bien parce que si on utilise, et c'est ce qu'on fait depuis près d'un an, le template des années 70,
04:21 parce qu'on ne peut pas prendre les années 90, c'est des problématiques de déflation dans les années 70, c'était de l'inflation, le marché s'est retourné après une chute en 73-74,
04:30 pas au moment où la Fed a pivoté, au moment où le CPI, l'inflation s'est retournée. Et c'est exactement ce qui s'est passé en octobre dernier, le CPI s'est retourné.
04:39 Et tant que l'inflation est en phase de décroissance, alors je pense que le marché d'action peut rester porteur, devrait rester porteur.
04:49 Je pense que c'est le principal facteur explicatif.
04:51 Mais c'est quand même quelque chose, c'est quand même une thématique qu'on va suivre encore en 2023, que les marchés vont suivre cette inflation.
04:57 Les marchés de l'inflation, bien sûr, ils sont focalisés là-dessus et ils ont raison, parce que c'est ce qui guide la politique de la Fed.
05:02 Et je pense que le moment où on devra peut-être s'inquiéter, c'est quand l'inflation ne baissera plus.
05:10 Alors à quel niveau elle s'arrêtera ? Est-ce que c'est à la cible de la Fed à 2% ? Je ne crois pas trop savoir.
05:15 Mais aujourd'hui, ma conviction, c'est que l'inflation a un potentiel de baisse très important.
05:22 Très important et ce qui devrait porter les marchés et actions et obligataires dans les prochains mois.
05:30 Globalement, c'est l'histoire, je pense, du second semestre et peut-être un petit peu après.
05:35 La raison, si je peux garder la parole, à cela, c'est que jusqu'à présent, la décrue de l'inflation ne s'explique quasiment pas par l'action de la Fed.
05:46 Parce que lorsqu'on a étudié, comme on l'a fait les cycles précédents, on voit qu'il faut en moyenne 24 à 30 mois
05:52 pour qu'une politique monétaire commence à avoir un impact sur l'inflation.
05:57 Ça fait moins de 18 mois qu'ils ont commencé à remonter les taux.
06:00 Donc moi, je crois qu'effectivement, les goulots d'étranglement ont été résolus,
06:05 que la demande qui s'est déplacée du Covid, après elle, a été répandue.
06:13 Donc ces raisons-là de l'inflation ont disparu.
06:15 Reste effectivement le marché de l'emploi, mais il est en train de s'affaiblir un petit peu aux États-Unis.
06:20 Il n'y a plus vraiment de raison, à mon sens, qu'il y ait une inflation tenace.
06:25 Et on va sentir les effets de la Fed à partir du début 2024.
06:30 Donc moi, je pense que là, je me mouille, on fait la pensée.
06:33 Allez-y.
06:35 Je pense que la surprise sera la rapidité de la décrue de l'inflation dans les prochains mois
06:39 et qu'il faut positionner les portefeuilles en conséquence.
06:42 Bon, là, donc, on a parlé des six premiers mois.
06:43 La tendance sur les six prochains, alors, on en est où ?
06:47 Quelles sont les perspectives ?
06:48 Est-ce que parce qu'on commence bien l'année, le bilan de la fin d'année se présage positif ?
06:53 Alors, je ne suis pas sûr qu'il y ait de corrélation entre le premier semestre et le second semestre
06:58 d'un point de vue statistique, historiquement.
07:00 On dit d'ailleurs souvent que les marchés sont plutôt moins bons entre le mois de mai et le mois d'octobre,
07:06 d'où le fameux "sell in May and go away".
07:10 Mais, alors, ça va dépendre un peu du style d'investisseur que vous êtes.
07:16 Si vous êtes une fibre un peu de trader, effectivement, d'un jour à l'autre, d'une semaine à l'autre,
07:23 vous pouvez prendre des positions.
07:24 Nous, ce n'est pas notre cas.
07:25 On prend des positions à moyen terme à plusieurs mois.
07:28 Donc, je pense que la tendance, tant qu'on est dans cette décrue de l'inflation,
07:33 et je vous dis, j'ai cette conviction qu'on doit avoir une décrue de l'inflation,
07:38 je rappelle que le consensus aussi nous disait que le pétrole devait rester à des niveaux élevés.
07:44 Ça n'a pas été le cas.
07:45 Le pétrole baisse d'à peu près de 40% depuis les plus hauts,
07:48 une quinzaine de pourcents depuis le début de l'année.
07:50 On s'est trompé sur pas mal de choses, en fait.
07:52 Oui, alors, est-ce que le consensus a toujours tort ?
07:54 Je ne crois pas.
07:55 Ça serait, je pense, une erreur de se dire "Ah, le consensus pense ça, donc je vais faire le contraire".
08:00 Mais quand il était aussi marqué qu'au début d'année,
08:03 alors, comment on peut le matérialiser ?
08:05 Par exemple, prenez le VIX, la volatilité implicite,
08:08 qui est le fameux indice de la peur.
08:10 On voyait le marché monter alors que l'indice était au-dessus de 20,
08:13 qui est un niveau, on va dire, vraiment de crainte un peu extrême des investisseurs.
08:18 Bon, il a fallu attendre le mois de juin pour le voir revenir dans une marge entre 12 et 17 à peu près.
08:25 Donc, il y a moins de pessimisme qu'en début d'année,
08:28 donc peut-être qu'il y a un peu moins de jus pour faire encore monter les marchés.
08:32 Peut-être qu'on a fait quand même une première étape.
08:35 Je ne crois pas qu'il faille devenir négatif pour le reste de l'année.
08:39 Sans doute, pour ceux qui ont pu constituer des bénéfices, peut-être les prendre et réinvestir, peut-être en obligation.
08:45 Parce que vous parliez tout à l'heure de ces profils d'investisseurs,
08:47 je le disais en préambule de cette émission,
08:49 les Français sont un peu plus actifs en bourse en ce début d'année 2023.
08:55 Est-ce que 2023 attire de nouveaux investisseurs, de nouveaux profils ?
08:59 Le marché action, est-ce qu'on est prêt à prendre des risques ?
09:03 On a une vision très macro et très globale des marchés.
09:06 Le comportement des investisseurs français, pardon de ne pas faire une autre réponse plus précise,
09:10 impacte très peu la bourse, même la bourse française.
09:14 Donc, je ne suis pas sûr.
09:16 Mais c'est vrai que je vois arriver comme client un nouveau profil d'investisseur,
09:21 beaucoup plus averti, qui ne fait plus confiance aveuglément.
09:26 Et moi, je trouve ça réjouissant parce que dans nos métiers,
09:29 on se plaint sans arrêt de la nullité des Français en termes de marché financier et d'économie.
09:34 J'ai l'impression que c'est en train de se terminer
09:38 et qu'on a des vraies discussions de fonds avec nos clients.
09:41 Moi, je ne peux que m'en réjouir.
09:42 Et qu'ils sont prêts donc à investir sur le marché action ?
09:44 Oui, parce qu'ils savent, ils ont compris qu'à long terme,
09:48 tout ce qu'on raconte aujourd'hui, finalement, à 3-4 ans, on s'en moque, il faut être investi.
09:54 Merci beaucoup Régis d'avoir été avec nous aujourd'hui.
09:56 Régis Siancovici, je rappelle, vous êtes le fondateur et le dirigeant de Luxavis.fr.
09:59 Merci beaucoup d'avoir fait le bilan de ces six premiers mois sur les marchés actions
10:02 avec nous aujourd'hui dans Smart Patrimoine.
10:04 Merci à vous de nous avoir suivis.
10:06 On se retrouve très vite pour un nouveau numéro de Smart Patrimoine sur Bsmart.
10:09 À très vite, ciao.
10:11 [Musique]

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