Avec Ségolène Royal, femme politique et auteure de "Refusez la cruauté du monde ! : le temps du d’aimer est venu"
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NewsTranscription
00:00 Bonjour Gilles, bonjour Valérie, comment ça va ?
00:02 Bonjour, très bien, et ravi de vous recevoir, c'est Golen Royal, bonjour, merci d'être avec nous.
00:06 C'est l'émission Média, mais vous êtes une femme médiatique, vous êtes présente depuis un certain temps en tant que chroniqueuse,
00:14 vous avez fait, et puis surtout, Femme politique.
00:17 Et puis le fameux débat, c'est une telle épreuve pour un homme politique de se retrouver sur un débat.
00:23 Vous pensez que ça change une élection, le grand débat face à la télévision ?
00:27 Ça se joue à ce moment-là ou pas ?
00:30 Ce qui change l'élection, ce qui peut changer, enfin qui peut faire bouger un certain nombre de voix,
00:36 c'est l'exploitation qui en est faite après.
00:39 C'est-à-dire que par exemple, après mon débat, quand Nicolas Sarkozy sort et dit "j'ai perdu le débat",
00:44 il était très content, moi et mes équipes en étaient très heureux.
00:48 Quand les sondages sortent à l'international, qu'on voyait pas en France, j'avais gagné le débat,
00:53 et dans la nuit qui a suivi le débat, il y a eu des sondages qui ont été commandés,
00:59 parce qu'ils étaient très malins, très dégourdis dans l'équipe de Nicolas Sarkozy sur ce genre de manœuvre.
01:05 Et le matin, certains journaux français que je ne citerai pas ont titré "C'est Gwen Royale qui a perdu le débat".
01:11 Oui, mais c'est pareil pour les sondages.
01:14 Jusqu'à quand les sondages, je pense, ne modifient pas une opinion,
01:17 mais ont une influence sur l'opinion et sur le vote.
01:21 Quand on répète, par exemple, que quelqu'un va perdre, ça fait une spirale négative.
01:26 Une spirale qui influence le jour du vote.
01:28 Et donc, je pense qu'il y aurait tout un travail à faire sur les médias,
01:32 peut-être de réflexion sur l'analyse de l'impact des sondages sur la motivation du vote.
01:39 Ou si, par exemple, dans une élection, on vous dit "de toute façon c'est plié, c'est un tel qui va gagner",
01:45 ça peut renforcer l'abstention.
01:47 Vous changez, alors ça joue à la marge, je pense.
01:51 Mais ce qui est étonnant, c'est qu'il n'y ait pas plus de recherche psychologique
01:56 sur les comportements électoraux par rapport à l'impact répétitif des sondages.
02:02 D'ailleurs, vous aurez observé qu'à chaque élection, depuis une dizaine d'années,
02:06 les sondages se trompent à des dimensions considérables.
02:10 Ils continuent quand même à vendre leurs sondages dans la foulée,
02:13 parce que ça a besoin de nourrir le débat public.
02:16 Et puis vite, il faut oublier qu'ils se sont trompés.
02:18 Mais il y a des écarts entre les sondages et la réalité qui sont considérables.
02:23 Pourquoi ? Parce que dans les échantillons de sondage,
02:27 vous avez regardé ça très près, dans les échantillons,
02:29 un échantillon c'est 800 personnes,
02:31 comment voulez-vous qu'un échantillon représentatif,
02:33 en plus ça ne leur coûte pas grand-chose,
02:35 c'est des questions par téléphone,
02:38 et pourtant ça coûte très cher, donc c'est un vrai business,
02:41 et dans les échantillons de 800 personnes, c'est pas vrai.
02:44 Vous ne pouvez pas représenter la totalité de la population.
02:46 - Je vous proposais un débat avec Frédéric David,
02:48 parce qu'on avait fait une émission très didactique sur les débats,
02:51 et lui évidemment ne partage pas votre agitif.
02:56 - Rapidement, vous vous êtes dit quelque chose après Nicolas Sarkozy ?
03:01 Ou quand c'est fini, chacun part de son côté ?
03:03 - Non, chacun part de son côté.
03:05 - Alors vous venez, on va parler de votre livre "Refuser la cruauté du monde,
03:08 le temps d'aimer est venu", c'est paru aux éditions du Rocher,
03:11 c'est un livre très personnel, très intime,
03:13 et je l'ai trouvé lumineux, c'est le mot qui m'est venu à l'esprit en le lisant,
03:16 ce qui est rare quand on parle d'un livre de politique,
03:19 vous dites les choses clairement, vous êtes engagé,
03:22 mais vous parlez d'amour, vous parlez de fraternité,
03:25 vous n'avez pas dévié de votre ligne,
03:28 et quand on vous lit, on se rend compte que peut-être que certains des mots
03:32 de notre société et des politiques sont dus à une forme d'égoïsme,
03:37 d'égo-centrisme, et que s'il y avait un peu plus d'amour et de fraternité,
03:41 je reprends votre mot, on n'en serait peut-être pas là,
03:44 et on va en reparler dans un instant, tout de suite c'est le Zapping.
03:46 - Moi je vous aime.
03:47 - Sud Radio Média, l'instant Zapping.
03:50 - Eh bien, c'est assez rare pour le remarquer Valérie,
03:53 hier le parler vrai s'enfiltre d'un journaliste, Thomas Soto,
03:57 vous savez, il fait un passage d'antenne avec Samuel Etienne,
04:00 il a exprimé sa colère sur l'agression par des supporters de Football Corse,
04:05 sur le petit Kenzo, 8 ans, et sur son père,
04:09 il était très caché hier.
04:11 - Comment ça va Samuel ?
04:12 - Super, pleine forme.
04:13 - Ça va ? Moi je suis un peu de mauvais poil pour vous dire la vérité.
04:16 - Qu'est-ce qui se passe ?
04:17 - Non mais vous avez parlé du petit Kenzo,
04:19 et moi j'aurais parlé de ces débiles mentaux qui s'en sont pris à lui,
04:22 qui lui ont arraché son maillot, qui se demandent un peu ce qu'ils feraient
04:25 s'ils étaient moins cons dans la vie, parce que,
04:27 et d'ailleurs pour tous ceux qui s'empruntent aux adversaires adverses
04:29 dans tous les sports du monde, s'il n'y a pas deux équipes,
04:31 il se passe quoi sur le terrain bande de nazes ?
04:33 Il ne se passe rien, il ne se passe rien.
04:35 - Thomas, je m'associe à votre colère.
04:37 - Non mais je trouve ça stupéfiant de connerie,
04:39 on devrait les interdire de stade à vie dans tous les stades du monde,
04:43 et je ne sais pas, je vais pas leur greffer un cerveau peut-être.
04:45 Bref !
04:46 - On sent la colère, beaucoup de colère, j'imagine que vous voyez cette montée
04:50 de la violence un petit peu partout, et que vous vous aviez connus.
04:55 - C'est particulier, c'est la violence sur un enfant.
04:58 - Absolument, la violence sur un enfant.
04:59 - C'est un enfant handicapé.
05:00 - C'est monstrueux.
05:01 - Qu'est-ce qui peut se passer dans le cerveau d'un individu
05:04 qui agresse un enfant ?
05:06 La passion sportive, quand elle dérape à ce point-là,
05:10 pose vraiment des questions dramatiques.
05:12 Il faut que la sanction soit exemplaire.
05:15 - Le bio, alors vous avez évidemment été la ministre de l'Ecologie
05:20 et du Développement Durable en 2014, et de l'environnement,
05:23 donc ça va vous intéresser.
05:24 Eh bien le bio ne fait plus recette, si on avait retrouvé le goût des choses,
05:28 faites maison et sain durant évidemment la période Covid.
05:31 On adorait le circuit court, rappelez-vous, pendant la période Covid.
05:35 Aujourd'hui fini, on essaye d'avoir les produits le moins chers avec la crise,
05:39 et donc les agriculteurs arrêtent le bio car ils ne peuvent plus tenir.
05:43 C'était dans le 20h de France 2.
05:45 - On ne parle pas de sexisme, on ne parle pas de féminisme, on ne parle de rien.
05:49 - Depuis six mois, ce jeune éleveur renonce à produire du lait bio,
05:53 plus assez rentable.
05:54 - On a produit quelque chose qui était demandé par toute la population,
05:58 et aujourd'hui on revient en arrière.
06:00 Moralement, ça fait quand même quelque chose.
06:02 Une exploitation familiale de 80 vaches dans la Drôme.
06:06 Il y a cinq ans, par conviction, Sébastien Ageron s'est converti au bio.
06:10 Pas d'engrais, pas de pesticides,
06:12 mais les prix du lait bio n'ont pas progressé,
06:15 et le producteur ne s'en sortait plus.
06:17 - Le prix du bio s'est retrouvé à peu près au même niveau que le prix du conventionnel.
06:21 Donc vendre un produit au même prix alors que les chars sont plus que le double,
06:25 c'est pas possible.
06:26 - Quelle marche en arrière quand même.
06:28 - C'est dramatique.
06:29 - T'en parlais beaucoup.
06:30 - J'ai présidé pendant dix ans une région très agricole, rurale,
06:34 une région d'élevage, Bois-Touches-à-Rentes,
06:36 et on avait effectivement orienté les agriculteurs vers le bio.
06:40 Mais c'est dramatique.
06:41 Et là, il y a des solutions.
06:42 Il faut que le gouvernement intervienne de façon extrêmement rapide.
06:46 C'est quoi le bio ?
06:47 C'est empêcher qu'il y ait des pesticides.
06:49 C'est-à-dire, c'est protéger la santé humaine.
06:51 Tous les cancers sont liés aux pesticides et aux produits qu'ils nous infectent,
06:58 d'une certaine façon.
06:59 Donc quand les agriculteurs s'engagent dans le bio,
07:01 ce sont des auxiliaires de la santé publique.
07:04 Et donc quand il y a un recul du bio, il y a un recul de la santé publique.
07:07 Et il y a une prime qui est donnée à ceux qui utilisent des pesticides
07:11 et des intrants chimiques.
07:13 D'abord, je pense qu'il y a un vrai problème avec la grande distribution,
07:17 qui est, comme vous le savez, très concentrée,
07:19 qui a encouragé, au moment où le bio rapportait,
07:22 qui a encouragé les agriculteurs à s'installer en bio,
07:25 qui les a même aidés.
07:26 Et puis aujourd'hui, le bio rapporterait moins,
07:29 qui les laisse en race campagne,
07:32 et qui ne paye plus le prix correspondant au travail supplémentaire
07:37 que nécessite l'agriculture bio.
07:39 Parce que c'est du travail supplémentaire, l'agriculture bio.
07:41 Et donc, à partir du moment où la grande distribution française
07:44 ne paye plus les agriculteurs bio avec leurs marges nécessaires,
07:47 ils peuvent très bien faire une péréquation.
07:50 C'est-à-dire, s'il y a une baisse du pouvoir d'achat et de l'inflation,
07:52 en effet, les gens achètent moins le bio quand il est plus cher,
07:55 il appartient donc aux grandes surfaces et aux ministères concernés
08:00 d'imposer une péréquation entre les produits bio et les produits non bio
08:05 pour que les produits bio soient à la fois bien rémunérés,
08:07 mais ne soient pas plus chers pour le consommateur.
08:09 Donc il y a des solutions qui existent.
08:11 Pour peu qu'il y ait un peu de volonté politique.
08:14 - Ça veut dire que le gouvernement de Macron est "movern" écologiquement ?
08:17 - C'est pas ça, c'est que c'est des choix idéologiques.
08:19 C'est-à-dire, on dit que c'est la liberté du commerce et de l'industrie,
08:22 on ne gère pas les prix en fonction du coût de production,
08:25 en fonction des marges des grandes surfaces.
08:27 Mais non ! La question de la santé publique justifie qu'il y ait des règles
08:31 de gestion des prix pour pouvoir permettre aux agriculteurs
08:36 de continuer à produire bio parce qu'ils rendent un service d'intérêt général à la population.
08:42 - Vous en parlez dans le livre, il y a un des chapitres,
08:45 c'est pour cela qu'il faut réaliser l'écologie intégrale
08:47 et puis le combat écologique qui relie les humains entre eux.
08:50 - Une question indiscrète à vous poser, que je poserai à Rouen, nos invités.
08:53 Est-ce que vous êtes épilé ? Est-ce que vous avez les jambes épilées, Mme Royal ?
08:57 - Les aisselles, c'est ça ?
08:59 - Les aisselles, écurie !
09:01 - Oui, quelle question ! Allez-y, Gilles !
09:03 - Parce que si vous êtes épilé, les jambes et les aisselles,
09:07 vous pourriez être une charmante hôtesse à Roland Garros.
09:10 Je ne sais pas si vous avez suivi cette histoire du petit guide de l'hôtesse parfaite de Roland Garros.
09:16 Évidemment, ça fait débâcher nos amis de "Touche pas à mon poste",
09:18 hier, qu'Élive Edvedi, sur "Touche pas à mon poste",
09:21 a trouvé ridicule cette polémique du fait de trouver que c'était du sexisme.
09:25 - On ne parle pas de sexisme, on ne parle pas de féminisme,
09:28 on ne parle de rien de tout ça, parce que quand on demande aux hommes de se raser, alors c'est quoi ?
09:31 - Bien sûr.
09:32 - On demande juste d'être présentable, d'être élégant,
09:35 d'être dans les rangs de quelqu'un qui va accueillir une personne
09:39 et qui va prendre soin de cette personne tout au long d'un événement.
09:42 Donc, en fait, quand on parle d'un homme et de se raser,
09:44 on ne parle pas de... ce n'est pas macho.
09:46 - Bien sûr. - On est en train de vous dire que...
09:48 - C'est vrai que moi, on m'a demandé de me raser plein de fois.
09:50 - Eh bien, voilà. - J'avais mal compris, je me suis rasé le...
09:52 Voilà. Là, j'ai oublié. Non, mais c'est vrai.
09:54 - Ce n'est pas qu'on regarde au discrimination, c'est les agences d'hôtesse.
09:56 - Non, écoutez, il y a deux choses.
09:58 Il y a deux choses. Vous savez, quand on se pose des questions,
10:01 il faut en revenir au droit et à la règle.
10:04 C'est des règles. Qu'est-ce que c'est que la règle ?
10:07 La règle, c'est que toute profession a le droit d'avoir un code de tenue.
10:11 C'est un cahier des charges d'une profession. Dans les trains, les gens portent un uniforme, etc.
10:17 - Les hôtesses, dans l'avion ? - Les hôtesses portent un uniforme, etc.
10:21 Ce que vous n'avez pas le droit de faire, c'est une ingérence dans le comportement privé, vous voyez ?
10:27 Mais il y a des choses qui vont de soi. L'imbécilité dans cette affaire, c'est d'avoir écrit ça.
10:32 - Bien sûr. - Les femmes, c'est à eux ce qu'elles ont à faire.
10:35 On leur demande de bien se présenter.
10:37 C'est pas la peine d'aller jusqu'à l'intimité d'une contrainte sur leur corps.
10:41 Ça, c'est pas légal. Mais en revanche, ça va de soi.
10:45 - Oui, mais ça va peut-être plus de soi aujourd'hui.
10:48 Il y avait la question des tatouages qui étaient posés,
10:51 où on leur dit également de ne pas être tatoué pour être hôtesse.
10:54 Alors visiblement, il y en a qui sont tatoués, de ce que j'ai pu lire.
10:57 Mais c'est vrai que vous le décrire, vous avez raison.
11:00 - Je pense que ça va de soi.
11:02 On est tenu correct, exigé, personne n'est choqué, tenu correct, exigé.
11:06 Maintenant, aller dans un texte préciser des choses comme ça pour les femmes,
11:11 c'est complètement dépassé, c'est vrai.
11:14 Donc ça peut paraître effectivement choquant quand c'est utilisé comme ça,
11:18 en plus ridiculisé.
11:20 - Vous êtes d'accord ? - Gilles ?
11:23 - Non, on a le temps pour un petit extra-musical ?
11:26 - Oui, allez-y.
11:27 - Pour finir, c'est les 40 ans, hier, jour pour jour,
11:30 de la victoire de Yannick Noah, vous savez, à Roland-Garros.
11:33 C'est un peu notre Marie Myriam du tennis.
11:36 - On n'a pas gagné depuis.
11:38 - Vous ne demandez pas s'il était pilé, lui.
11:40 - Non, vous avez raison, mais vous avez raison.
11:43 C'est le dernier vainqueur de...
11:46 C'est une question d'homme, que voulez-vous ?
11:48 C'est le dernier vainqueur de Roland-Garros.
11:53 - Ça fait rire, vous êtes très sexiste.
11:58 - On écoute Yannick Noah.
12:01 - Pour fêter dignement cet anniversaire.
12:04 * Extrait de Yannick Noah *
12:16 - C'était évidemment le son de Roland-Garros,
12:19 c'est pour ça que ce n'est pas un son télé,
12:21 parce que ça n'a pas été retransmis.
12:23 Et comme guitariste, il y avait Matt Svillander.
12:26 - On se retrouve dans un instant avec Ségolène Royal
12:29 pour parler de son livre "Refuser la cruauté du monde".
12:32 - Et de la charlotte, en plus.
12:34 - Absolument.
12:36 "Le temps d'aimer est venu".
12:38 * Extrait de Ségolène Royal *
12:43 - L'invité du jour, c'est Ségolène Royal,
12:45 avec ce livre "Refuser la cruauté du monde".
12:47 "Le temps d'aimer est venu".
12:49 C'est parmi nos éditions du Rocher.
12:51 Le mot qui m'est venu, c'est lumineux,
12:53 et gonflé aussi,
12:55 parce qu'on sent que c'est sincère.
12:57 Souvent, on se pose la question
12:59 de savoir si les politiques ont écrit leur livre.
13:01 Là, j'ai pratiquement pas de doute.
13:03 Je ne sais pas si je me trompe ou pas,
13:05 mais en tout cas, je l'ai trouvé très sincère.
13:07 - Merci.
13:09 - Oui, vraiment, parce que c'est...
13:11 C'est rare d'entendre parler d'amour en politique.
13:14 - C'est une petite prise de risque,
13:16 parce qu'on peut vite se faire ridiculiser.
13:18 Peut-être qu'un homme, d'ailleurs,
13:20 n'aurait pas osé, même s'il pensait la même chose,
13:22 n'aurait pas osé peut-être faire ce livre.
13:24 - Oui, parce qu'il y a beaucoup de références aux femmes
13:26 dans le livre,
13:28 et sur le fait que si des femmes dirigeaient,
13:30 ce serait peut-être un petit peu différent.
13:32 - Oui, mais je vais jamais jusqu'à ce schématisme.
13:34 - Mais ce n'est pas jusque-là.
13:36 - Parce qu'il y a des femmes qui se comportent
13:38 comme les hommes qui se comportent mal
13:40 sur le plan de la gouvernance.
13:42 Il y a des hommes qui se comportent très bien.
13:44 Vous voyez, je n'ai jamais fait de la question de genre
13:46 une question de primauté, en fait.
13:48 - Oui.
13:50 - Mais ce qui est vrai, et ce que je décris dans ce livre
13:52 sur l'effondrement des tendresses,
13:54 notamment pendant la gestion du confinement,
13:56 et en particulier sur la façon dont ont été traités
13:58 les grands anciens, les épaves,
14:00 ça m'a rappelé les visites à ma mère en épave.
14:02 D'ailleurs, je commence ce livre par ça,
14:04 parce que j'ai ressenti viscéralement,
14:06 au moment de l'enfermement
14:08 des personnes de grand âge,
14:10 la cruauté de cette décision,
14:12 et comme la cruauté
14:14 de l'enfermement des jeunes, à qui on a interdit
14:16 les espaces verts, ce qui était une absurdité
14:18 inconvenante, comme je le disais à un moment,
14:20 parce que,
14:22 en plus, sur le plan de la santé,
14:24 la contamination était moins forte.
14:26 Et cet effondrement des tendresses, et de la cruauté
14:28 de l'appareil gouvernemental,
14:30 je me suis dit, mais comment est-ce que la politique,
14:32 c'est-à-dire la décision publique,
14:34 a pu devenir aussi féroce
14:36 par rapport à la gestion
14:38 d'une crise, qui était une crise
14:40 sanitaire, mais aussi une crise humaine,
14:42 si vous voulez.
14:44 - Il y a toute une partie du livre, qui est consacrée à une grande partie du livre.
14:46 - Et du coup, je tire ce fil,
14:48 en me disant, mais à quel moment,
14:50 qu'est-ce que c'est qu'une mauvaise gouvernance,
14:52 et qu'est-ce que c'est qu'une bonne gouvernance ?
14:54 On en revient à des choses extrêmement simples,
14:56 c'est gouverner, c'est aimer, c'est pas aimer.
14:58 Et alors, il y a deux façons d'aimer, c'est aimer le pouvoir
15:00 pour le pouvoir, ou aimer les gens
15:02 qui vous ont momentanément confié
15:04 la responsabilité du pouvoir.
15:06 C'est pas pareil.
15:08 - Mais est-ce qu'on peut réussir,
15:10 sans faire de coups tordus,
15:12 sans être quelqu'un
15:14 de correct en politique,
15:16 on ne réussit que
15:18 en étant méchant, en faisant des coups tordus ?
15:20 - Il y en a qui réussissent
15:22 en faisant des coups tordus, ça c'est sûr.
15:24 Peut-être que moi, j'ai échoué à certains moments,
15:26 parce que j'ai pas fait de coups tordus,
15:28 et que j'en ai subi, c'est possible.
15:30 - Vous avez souffert quand on s'est évoqué ?
15:32 - Je suis toujours là, vous voyez, en train de dire des choses,
15:34 et je me dis qu'à un moment,
15:36 pourquoi est-ce que certains politiques ont disparu,
15:38 ou on les écoute plus,
15:40 ou on pourrait dire, bon ben ça y est.
15:42 Parce que, justement, j'ai jamais fait de coups tordus.
15:44 Donc, vous voyez, j'ai une force intérieure
15:46 de luminosité,
15:48 si je puis me permettre,
15:50 comme vous le dites.
15:52 Et je me dis, mais peut-être que
15:54 si ma parole peut encore servir
15:56 pour élever les consciences,
15:58 je fais cette prise de parole.
16:00 Et écrire, c'est déjà
16:02 agir d'une certaine façon.
16:04 Et confier cette expérience politique de l'intérieur,
16:06 moi qui ai observé pendant plus de 30 ans
16:08 l'exercice du pouvoir,
16:10 et je pense que ce qu'il y a de pire,
16:12 et ce qu'on a subi récemment,
16:14 c'est la politique par la peur,
16:16 la gouvernance par la peur.
16:18 - C'est tout le côté négatif.
16:20 - C'est tout le côté négatif.
16:22 Et j'étais dimanche dernier,
16:24 samedi dimanche, au Festival du Livre de Nice,
16:26 les auteurs font des conférences,
16:28 et j'expliquais ça aux gens,
16:30 et je voyais, il y avait une écoute
16:32 extrêmement forte, je dis,
16:34 n'acceptez jamais la gouvernance par la peur,
16:36 parce que la peur isole,
16:38 la peur
16:40 rapetisse,
16:42 et la peur fait que,
16:44 elle est exercée par ceux
16:46 qui utilisent la peur
16:48 comme exercice du pouvoir, alors peur des coupures
16:50 d'électricité, par exemple qu'on a vécu récemment,
16:52 qui n'a aucun sens.
16:54 - Mais il n'y a rien eu.
16:56 - Parce que c'était impossible.
16:58 Donc quand un pouvoir ment à ce point-là, pour faire peur
17:00 aux gens, c'est dans un double
17:02 objectif, c'est que s'il n'y a pas de coupure
17:04 de courant, les gens se disent "ah bah il est formidable ce gouvernement,
17:06 il nous a évité
17:08 le risque
17:10 de coupure de courant qui n'existait pas,
17:12 parce que le courant est en réseau, c'est impossible
17:14 de couper un réseau, sinon tout le monde est dans le noir".
17:16 Et deuxièmement,
17:18 c'est aussi
17:20 de faire accepter à l'opinion
17:22 une hausse du prix de l'énergie, parce que après
17:24 les gens se disent "ah oui
17:26 le prix de l'électricité augmente,
17:28 c'est pas grave, parce que
17:30 vaut mieux un prix qui augmente
17:32 qu'une électricité qui n'existe pas".
17:34 Et donc il y a double
17:36 manipulation des consciences
17:38 quand le pouvoir
17:40 exerce par la peur. Regardez
17:42 aujourd'hui ce qui se passe avec la hausse du prix de l'essence,
17:44 vous avez vu que le prix
17:46 du baril
17:48 s'est effondré, mais l'essence continue
17:50 à monter. C'est inadmissible ça.
17:52 - Donc il nous ment. - Donc il nous ment.
17:54 - Et il nous ment conscientieusement.
17:56 - Il nous ment
17:58 parfaitement, il nous ment
18:00 en sachant qu'il ment.
18:02 C'est même dit dans cette circulaire, au préfet
18:04 que je rends public dans mon livre "Pour être toujours
18:06 des coupures de courant", au préfet
18:08 vous direz aussi aux gens
18:10 qui ne peuvent pas être coupés qu'ils le seront.
18:12 Pour bien faire peur à la population.
18:14 Mais c'est ce qui s'est passé avec
18:16 le harcèlement sur les masques,
18:18 sur les autorisations de sortie.
18:20 - Vous êtes très critique sur la gestion
18:22 de la crise. Vous auriez fait mieux ?
18:24 Vous pensez ?
18:26 - Je pense que si on avait écouté
18:28 les gens, s'il y avait eu une
18:30 intelligence collective, à la fois avec des élus locaux,
18:32 vous vous souvenez, il y a des élus locaux
18:34 qui ont mis les masques, assez tôt d'ailleurs,
18:36 mais de façon bienveillante,
18:38 en disant aux gens "Allez, il faut peut-être mettre les masques,
18:40 on va se protéger, comme on se protège un certain
18:42 nombre de virus", et qui ont
18:44 été sanctionnés, qui ont été renvoyés au tribunal d'administration
18:46 et après les masques sont devenus obligatoires.
18:48 Mais disons que globalement, si on prend un peu de recul,
18:50 il y a eu une espèce d'ivresse
18:52 du pouvoir de la part d'un
18:54 certain nombre de personnes inexpérimentées
18:56 qui ont été
18:58 fascinées par le pouvoir
19:00 qu'ils avaient tout d'un coup
19:02 de confiner des millions de gens
19:04 chez eux et de leur coller
19:06 des amendes quand ils sortaient de chez eux
19:08 en ne s'étant pas fait à eux-mêmes
19:10 une autorisation de sortie. Est-ce que vous vous rendez
19:12 compte ce que l'on a accepté
19:14 d'être sanctionné quand on n'avait pas eu
19:16 le temps de se faire à nous-mêmes ?
19:18 - Ils découvraient, ils avaient peur.
19:20 Ils découvraient, ils avaient peur, ils ont eu peur aussi.
19:22 - Mais c'est vrai, ils réfléchissent, ils réajustent.
19:24 - Mais le monde entier l'a fait.
19:26 - Non, pas toujours de cette façon-là,
19:28 pas du tout.
19:30 Et d'ailleurs dans beaucoup de pays dirigés par les femmes,
19:32 on a souvent dit que c'était les pays dirigés par les femmes
19:34 qui avaient eu la meilleure gestion,
19:36 la plus humaine en tout cas.
19:38 On peut faire des erreurs quand on gouverne,
19:40 mais il faut les accepter,
19:42 les reconnaître et réorienter la décision.
19:44 - Qu'est-ce qui a changé dans la politique ?
19:46 Est-ce que c'est pire qu'avant ?
19:48 Qu'est-ce qu'on a perdu
19:50 par rapport à l'époque de François Mitterrand ?
19:52 Qu'est-ce qui a changé
19:54 sur l'engagement politique justement ?
19:56 L'égoïsme, l'égo-centrique,
19:58 l'envie du pouvoir, est-ce que ça n'a pas toujours été comme ça ?
20:00 - Ce qui a changé je pense c'est
20:02 la hiérarchie des valeurs.
20:04 C'est-à-dire que vous avez
20:06 aujourd'hui des va-et-vient entre le privé
20:08 et le public.
20:10 Et on observe que du coup
20:12 il y a une transmission
20:14 vers la gestion des affaires publiques
20:16 des principes du privé,
20:18 qui sont bons pour le privé.
20:20 Par exemple,
20:22 tout ce qui n'est pas profitable
20:24 n'a plus de valeur.
20:26 Tout ce qui n'est pas profitable n'a plus de valeur.
20:28 C'est pour ça qu'il y a une dégradation
20:30 du service public de l'éducation,
20:32 une dégradation du service public de la santé,
20:34 une privatisation à outrance
20:36 qui va jusqu'à
20:38 la privation des soins aux personnes vulnérables.
20:40 Et quand on arrive
20:42 à des maltraitances dans les crèches
20:44 ou des maltraitances dans les EHPAD,
20:46 c'est pas le fait du hasard,
20:48 c'est parce qu'on applique le principe
20:50 du profit maximal à court terme
20:52 à des métiers
20:54 qui ne peuvent pas faire de profit.
20:56 C'est impossible de faire du profit
20:58 sur des soins aux personnes de grand âge
21:00 en payant, à la fois en dégageant
21:02 des marges de profit et en payant
21:04 des actionnaires.
21:06 Pour faire ce profit-là par rapport à un service public
21:08 qui a juste des salaires réglementés
21:10 à verser et qui n'a pas
21:12 d'actionnaire à rémunérer,
21:14 vous faites des économies sur quoi pour faire du profit ?
21:16 Sur les prestations,
21:18 sur les salaires des soignants,
21:20 vous dégradez aussi leur niveau de formation,
21:22 sur l'alimentation,
21:24 sur les soins,
21:26 et c'est comme ça que vous voyez
21:28 ces maltraitances en EHPAD
21:30 et maintenant ces maltraitances en crèches,
21:32 dans des entreprises économiques
21:34 qui font partie
21:36 des 100 plus grandes fortunes de France.
21:38 Vous vous rendez compte que dans
21:40 les 100 plus grandes fortunes de France,
21:42 il y a les crèches en Babylou où il y a eu
21:44 des maltraitances, et il y a 3
21:46 entreprises
21:48 d'EHPAD
21:50 et c'est pas possible.
21:52 C'est pas possible d'accepter.
21:54 Donc c'est ça qui a changé en politique.
21:56 - On retourne à la présidentielle ?
21:58 - Vous y retournerez ?
22:00 - Je ne veux pas
22:02 gadgetiser la question politique.
22:04 Je ne veux pas gadgetiser la question politique.
22:06 Je ne sais pas trop comment marchent les médias.
22:08 - Vous avez la petite phrase qui va être recouée.
22:10 - Non, non, non.
22:12 Je ne réponds pas à ça.
22:14 - Est-ce que vous avez toujours le goût
22:16 de changer la vie des Français ?
22:18 Est-ce que vous avez envie d'avoir une affluence
22:20 sur la vie des Français ?
22:22 - Ce que j'écris là
22:24 m'a demandé beaucoup d'efforts, de concentration,
22:26 d'appel
22:28 à ma mémoire aussi,
22:30 de liberté de parole,
22:32 y compris par rapport à ce que j'ai vécu.
22:34 - Oui, vous racontez la violence, les deux cambriolages,
22:36 l'intimidation,
22:38 le mise à sac de votre appartement.
22:40 Vous le racontez,
22:42 je n'en avais pas souvenir.
22:44 - C'est incroyable ça.
22:46 - Il n'y a eu aucune répercussion.
22:48 - Si, il y a eu une enquête.
22:50 Le procureur de la République est venu,
22:52 mais on n'a rien trouvé.
22:54 - Sauf les plans de votre appartement chez Squarsini.
22:56 - Qui ont été retrouvés chez Squarsini,
22:58 qui était chef du service du renseignement
23:00 pendant la campagne électorale de Nicolas Sarkozy.
23:02 - Mais vous racontez ça, effectivement.
23:04 Vous racontez un certain nombre
23:06 de choses que vous avez vécues.
23:08 Et puis la brutalité de l'après,
23:10 de l'après-ministre aussi.
23:12 Comme c'est difficile le jour où on n'est plus ministre,
23:14 le jour où ça s'arrête.
23:16 - Pour moi, ça n'a jamais été difficile.
23:18 J'ai observé des effondrements humains,
23:20 lorsque certains sortent du pouvoir,
23:22 et qu'ils n'ont pas été structurés
23:24 autour des valeurs
23:26 pour lesquelles ils s'étaient engagés.
23:28 - Refuser la cruauté du monde,
23:30 le temps d'aimer est venu.
23:32 J'ai écrit ce livre "Comme on aime",
23:34 librement, à coeur ouvert.
23:36 Et c'est vrai, ça se ressent.
23:38 C'est paru aux éditions du Roche.
23:40 - Merci Ségolène Royal d'être revenue ce matin
23:42 sur Sud Radio. Et pardon à Jean-Jacques Bourdin
23:44 pour ses minutes de retard.