• l’année dernière
Partout en France, la mer gagne du terrain.
En Aquitaine, la côte recule et avec la montée des eaux, le phénomène s'accélère.
Malgré l'alerte des scientifiques, les prix de l'immobilier sur le littoral ne baissent pas, et les français rêvent toujours d'une maison avec vue sur la mer.
Sophie Panonacle, députée Renaissance de la Gironde, fait partie de la "Team Maritime" à l'Assemblée nationale. Nommée en mars présidente du Comité national du trait de côte par le gouvernement, la parlementaire a un an pour imaginer nos littoraux de 2050 et proposer une stratégie de financement.
Son tour de France des littoraux débute dans sa circonscription, sur le bassin d'Arcachon, à la rencontre des spécialistes qui constatent le phénomène, des riverains qui luttent contre l'assaut des vagues, et des élus qui se questionnent sur les relocalisations éventuelles.
Peut-on encore vivre en bord de mer ? Faut-il rapidement entamer un repli stratégique ? De l'homme ou de la nature, qui aura le dernier mot ?

Un magazine réalisé par Maïté Frémont, Pierre Beretta et Ilana Azencot.

C'est une partie essentielle du travail parlementaire qui est de nouveau mise en lumière à travers ce reportage où les journalistes de la rédaction suivent un député dans sa circonscription pour expliquer son travail sur le terrain. C'est aussi un voyage sur un territoire, avec ses enjeux locaux, et une rencontre avec ses habitants. Suivez votre député sur LCP !

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Transcription
00:00 Bonjour Madame la députée.
00:01 Monsieur Boucher bonjour, vous allez bien ?
00:03 Merci de vous rendre disponible et de venir nous exposer ce qui s'est passé cet hiver
00:08 où nous en sommes par rapport à ce phénomène d'érosion côtière.
00:10 On a eu un recul de 35 mètres entre novembre et actuellement.
00:15 Ce qui finit par être la moyenne chaque hiver.
00:16 Donc là le poste de secours qui est juste derrière nous est à 39 mètres de la falaise d'érosion
00:22 donc là clairement il est menacé et il faudra le déplacer.
00:25 Il va falloir le déplacer une nouvelle fois.
00:26 Tout à fait.
00:27 Voilà donc ce poste de secours qui a effectivement été déplacé trois fois.
00:30 Depuis 2010.
00:31 Depuis 2010, ça veut dire qu'en 20 ans, une vingtaine d'années, on a reculé quoi ?
00:38 On a reculé d'une centaine de mètres.
00:41 Mais ce n'est pas 100 mètres en 20 ans.
00:44 Finalement c'est des épisodes très denses, très forts sur 3-4 ans.
00:48 Ça veut dire une accélération actuellement.
00:50 Tout à fait.
00:51 Il faut que j'appuie là. C'est parti ?
00:55 Oui.
00:56 Bonjour, Sophie Panonac, députée de Gironde et plus précisément du bassin d'Arcachon.
01:01 Nous sommes sur un territoire extrêmement fragile.
01:05 Donc je suis extrêmement préoccupée par tous ces enjeux.
01:08 Les enjeux qui touchent bien évidemment l'espace marin, l'océan, mais également nos littoraux.
01:14 Et précisément là donc face à ce phénomène d'érosion côtière, de submersion.
01:18 Voilà, bienvenue sur le bassin d'Arcachon.
01:21 La côte atlantique attire toujours et pourtant l'océan la fait rétrécir un peu plus chaque année.
01:28 Le trait de côte, cette limite où s'arrêtent les vagues à marée haute, recule.
01:33 Le phénomène n'est pas nouveau, mais il s'amplifie avec la montée des eaux.
01:38 À quelques kilomètres d'Arcachon, cette plage a été avalée par les vagues.
01:43 380 mètres de moins en 50 ans.
01:49 Cédric gère la forêt et la dune depuis 10 ans.
01:52 Il observe la plage se métamorphoser.
01:55 On a eu cet hiver, donc il y a eu 35 mètres de recul.
01:59 Et on a quand même eu sur un coup de mer 12 mètres de recul en une nuit.
02:03 C'est énorme.
02:04 C'est énorme.
02:05 Et on n'a pas eu de tempête.
02:06 Donc voilà, ça peut évoluer vraiment très vite.
02:10 On voit la marée qui monte et donc il vient taper vraiment sur le bas de dune.
02:16 Voilà, tout à fait.
02:17 On voit bien aussi là les fritements de la dune avec des restes de troncs
02:22 qui sont en train de tomber avec les racines qui sont là complètement à nu.
02:28 Tout à fait.
02:29 Donc là, dans ces travaux-là, pour nous, l'idée c'est aussi d'éviter que les arbres tombent sur la plage.
02:34 Donc on exploite la forêt sur ces bordures-là.
02:37 Alors ce qu'il en reste, parce que ça a été touché par l'incendie,
02:42 il restait une petite partie, donc on a été obligé de les retirer
02:44 pour pas qu'ils tombent sur la plage.
02:46 Le site est très prisé.
02:48 Pour protéger les promeneurs, quoi qu'il en coûte,
02:51 plus d'un million d'euros ont été mis sur la table cette année par la collectivité.
02:56 Et la facture continue de grimper chaque année.
02:59 Qu'est-ce que l'on attend de nos élus ?
03:02 C'est une aide sur la partie réglementaire.
03:06 Parce qu'on le voit, ici on est sur un site qui évolue très rapidement
03:10 du fait du phénomène d'estuaire, des passes du bassin.
03:12 Ça recule très vite.
03:13 On doit s'adapter, mais d'un point de vue réglementaire,
03:16 c'est beaucoup plus lent, parce que pour faire une reconstruction,
03:20 c'est au minimum deux ans de réflexion.
03:22 Et nous, c'est un hiver d'intervention.
03:25 Alors si on attend deux hivers, le poste, on ne le déplace pas, il est à l'eau.
03:30 Donc c'est de pouvoir trouver des moyens de s'adapter
03:33 sur des choses vraiment très très particulières.
03:36 Ce qu'on peut apporter nous en tant que législateurs,
03:39 c'est des outils aux élus locaux pour leur faciliter la vie
03:42 et pour avoir des moyens plus souples d'adaptation de nos territoires.
03:46 En tout cas, c'est l'objectif du travail que je vais mener pendant cette année.
03:49 La députée entame une année bien particulière.
03:54 Sophie Panonacle a été nommée par le gouvernement
04:01 présidente de la commission du trait de côte.
04:05 La députée va sillonner toute la France
04:10 pour trouver des réponses à toutes ces questions.
04:13 On continue à protéger, on protège davantage.
04:19 Comment on s'adapte, on relocalise, comment, où ?
04:23 On aperçoit donc les fameux pérés
04:28 qui protègent de l'érosion,
04:31 qui protègent de la montée de l'eau également, pour l'instant en tout cas.
04:35 À Maréhote, l'eau s'approche quasi à certains endroits,
04:38 il n'y a plus du tout de plage.
04:41 Et l'eau va jusque vraiment au bord des protections en béton.
04:45 Le long du littoral fleurissent ces ouvrages,
04:49 car pour continuer à vivre en bord de mer,
04:52 les propriétaires doivent se protéger.
04:55 Ce sont leurs terrains, c'est donc à eux de payer pour défendre leur villa.
05:00 On voit, l'entretien se fait en direct, d'ailleurs,
05:03 on voit les grues, les camions, les pelles,
05:06 en train d'apporter du gravat.
05:09 Pour garder sa maison avec vue sur l'océan,
05:15 un homme s'est lancé dans un projet pharaonique.
05:18 7 digues de 450 m de long,
05:24 haute de 30 m.
05:27 Cela fait 35 ans que Benoît Barterot n'a qu'une seule obsession,
05:31 protéger son coin de paradis.
05:35 On ne doit pas attendre que l'État vienne vous aider.
05:38 La défense du trait de côte ici est 100% privée.
05:41 Donc vous ne pouvez pas appeler au secours.
05:44 - Chacun est censé défendre sa propriété privée.
05:47 - C'est la loi de 1807.
05:49 Alors là, ça n'a pas l'air, mais on a versé plus de 450 camions
05:53 depuis le 23 décembre.
05:55 Vous ne le voyez pas, mais il y a un pied très large,
05:58 qui est la fondation, le fameux chênage.
06:01 Donc avec du béton ferraillé, après on en met du petit comme ça,
06:04 les vagues prennent le petit et le mettent dedans.
06:07 Et ça fait un truc souple et armé.
06:10 Et comme vous le voyez, la digue, cette partie,
06:13 j'ai commencé cette partie depuis le pavillon que vous voyez là-bas,
06:16 j'ai commencé depuis janvier 1994 cet allongement.
06:19 Ça n'a pas bougé.
06:21 - Si Benoît Barterot n'avait pas déboursé des millions d'euros,
06:25 sa maison aurait déjà été engloutie.
06:28 Une lutte permanente, et il le sait,
06:31 si l'océan gagne, il perdra tout,
06:34 sans aucune indemnisation par l'Etat.
06:37 Alors faut-il faire évoluer la loi ?
06:40 Comment l'Etat doit-il accompagner les propriétaires ?
06:44 Le 3 février dernier, en Gironde,
06:47 un immeuble devient le symbole de l'érosion.
06:50 À seulement 20 m de l'océan, il est démoli.
06:54 - Il y a, en fonction de ce que sera la réduction,
06:58 il y a, en fonction de ce que sera la réalité du réchauffement climatique,
07:02 jusqu'à 50 000 habitations, logements,
07:06 jusqu'à 750 entreprises
07:09 qui vont être concernées un titre ou un autre
07:12 des dizaines de kilomètres d'infrastructures
07:15 qui vont être, d'ici la fin de ce siècle,
07:18 concernées par cette érosion du trait de côte.
07:21 - Après une longue bataille judiciaire,
07:24 les 78 propriétaires, évacués de leur appartement,
07:28 sont exceptionnellement indemnisés.
07:31 Coût pour l'Etat, 7 millions d'euros.
07:34 Mais comment les habitants peuvent-ils concrètement s'adapter
07:37 à ce trait de côte ?
07:40 La relocalisation est-elle possible partout sur le territoire ?
07:43 Au Cap-Ferret, la députée retrouve le maire
07:46 et ce restaurateur installés ici depuis 3 générations.
07:50 - Le Cap-Ferret fait 4 km de long
07:53 sur 1,5 km de large.
07:56 Où est-ce qu'on va nous relocaliser ?
07:59 A Socates, à Belimbelier ?
08:02 - C'est pas le sujet.
08:05 Il y a des territoires où on pourra relocaliser
08:08 parce qu'on aura le foncier dispo
08:11 et parce que ça peut être envisageable.
08:14 Ici, sur cette presse qu'il y a du Cap-Ferret,
08:17 c'est pas le sujet.
08:20 - C'est la difficulté.
08:23 - C'est ma question.
08:26 Le danger immédiat est de poter au cément.
08:29 - On ne pourra pas construire le mur de l'Atlantique ?
08:32 - 4 km.
08:35 - Trouver une stratégie est vite.
08:38 La députée garde en esprit les prévisions des scientifiques.
08:41 D'après eux, d'ici 2100, le niveau des mers
08:44 aura augmenté de plus d'un mètre.
08:47 1,5 million d'habitants en France pourraient être impactés.
08:50 Une nouvelle carte pourrait se dessiner.
08:53 En bleu, ces zones auront disparu.
08:56 La circonscription de Sophie-Pannonacle aura rétréci.
08:59 Pour certains, la relocalisation semble inévitable.
09:02 La députée a rendez-vous au flot bleu.
09:05 Le célèbre camping se trouve juste derrière la dune du Pila,
09:08 qui s'érode doucement.
09:11 Après les incendies, c'est le sable qui grignote le lieu.
09:14 Le gérant a décidé de laisser faire la nature.
09:17 - On s'aperçoit que la dune glisse vers nous doucement.
09:20 - On le voit bien.
09:23 On a l'impression qu'il pousse sur la dune.
09:26 Tout ce sable a avancé.
09:29 Vous avez perdu combien de mètres ?
09:32 - 1,5 m.
09:35 - 1,5 m.
09:38 - Vous avez perdu combien de mètres en combien d'années ?
09:41 - Depuis 2011, on a perdu 40 à 50 m.
09:44 Il y a une piscine, un sanitaire,
09:47 le double du camping de l'autre côté.
09:50 Peut-être qu'un jour, il n'y aura pas la grotte.
09:53 - Il s'est posé la question de savoir
09:56 s'il fallait réinstaller les campings ici
09:59 ou si on profitait de la dune.
10:02 - Il y a eu des réactions.
10:05 - On peut imaginer qu'il faudra le faire un jour.
10:08 - On va digérer l'incendie.
10:11 Après avoir digéré le Covid.
10:14 Après, on parlera du reste.
10:17 On a un peu de temps.
10:20 Je suis très attaché à l'incendie.
10:23 - On a un peu de temps.
10:26 - On a un peu de temps.
10:29 - On a un peu de temps.
10:32 - On a un peu de temps.
10:35 - On a un peu de temps.
10:38 - On a un peu de temps.
10:41 - On a un peu de temps.
10:44 - On a un peu de temps.
10:47 - On a un peu de temps.
10:50 - On a un peu de temps.
10:53 - On a un peu de temps.
10:56 - On a un peu de temps.
10:59 - Après cette soirée, Sophie Panonacle réunit les élus
11:02 du bassin d'Arcachon.
11:05 - Je voudrais vous entendre.
11:08 Vos réactions, vos remarques, vos attentes par rapport
11:11 à ces travaux, votre expertise de territoire.
11:14 - S'il s'agit de relocaliser, on tourne vers les services
11:17 de l'Etat.
11:20 Qu'est-ce qui nous est autorisé, permis, comment on travaille
11:23 ensemble pour trouver ces zones de relocalisation?
11:26 - Aujourd'hui, on a besoin d'avoir des réponses tranchées
11:29 de l'Etat qui nous permettent d'expliquer aux gens
11:32 nos décisions ou des impératifs qui nous sont imposés.
11:35 - Aujourd'hui, on est sur des travaux à 5 ans et à 30 ans.
11:38 L'urgence est absolue et elle est maintenant.
11:41 - Il y a bien une solution envisagée par la députée.
11:44 La création d'un fonds d'érosion, une taxe additionnelle
11:47 de 0,01%.
11:50 - On a besoin d'un fonds d'érosion.
11:53 - La création d'une taxe additionnelle de 0,01%
11:56 sur les frais de notaire, une sorte de cagnotte
11:59 à laquelle tous les Français participeraient
12:02 à l'achat d'un bien immobilier pour venir en aide
12:05 aux élus du littoral.
12:08 La proposition, si elle est retenue, pourrait être discutée
12:11 dans le projet de loi de finances 2024.
12:14 D'ici là, Sophie Panonacle continue son tour de France
12:17 de la mer en quête de solutions.
12:20 ...
12:23 ...

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