Jeudi 11 mai 2023, SMART BOURSE reçoit Cécile Aboulian (Directrice Equity Capital Market, In Extenso Financement & Marché)
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00:00 *Musique*
00:10 Le dernier quart d'heure de Smart Bourses chaque soir c'est le quart d'heure thématique
00:13 et comme annoncé en début d'émission, le thème ce soir c'est celui des small caps.
00:17 Nous en parlons avec Cécile Abouillant, directrice Equity Capital Market d'Innextenso Financement & Marché.
00:22 Bonsoir Cécile.
00:23 - Bonsoir.
00:24 - Ravie de vous retrouver pour parler de ce segment des petites capitalisations boursières
00:27 que vous connaissez particulièrement bien.
00:29 Le thème ce soir c'est ce rattrapage qui se fait attendre.
00:32 C'est plus que ça même, encore, parce que ça fait des années notamment sur le marché français
00:37 que les small caps sont très en retard et se traitent même avec une décote
00:41 contre une prime historique par rapport aux grandes capitalisations.
00:45 C'est pas parce qu'il ne se passe rien aujourd'hui et que ce segment de marché est mort, entre guillemets,
00:49 pour reprendre les termes qu'on employait dans le débat juste avant vous Cécile.
00:54 C'est pas pour ça qu'il ne faut pas en parler.
00:56 Mais vous êtes d'accord sur l'idée qu'il n'y a pas le moindre début de commencement de signal
01:01 d'un rattrapage de cette classe d'actifs ou de ce segment de marché aujourd'hui ?
01:05 - Alors, aujourd'hui si on regarde les chiffres en termes de performance,
01:08 le CAC small c'est +3%, le CAC 40 c'est +14%.
01:12 Donc aujourd'hui non, il n'y a pas de rattrapage.
01:15 Si on prend un peu de champ, on regarde sur 20 ans par exemple,
01:19 les small surperforment.
01:21 Elles font une croissance de 7% contre 4,5% pour le CAC 40.
01:25 C'est vrai que depuis 5 ans elles sous-performent 4 fois sur 5.
01:28 Pourtant, ce sont des sociétés qui sont solides en termes de bilan.
01:32 Ce sont des sociétés qui sont solvables avec des gearing debt net sur equity inférieur à 1,
01:38 avec des ratios debt net sur EBITDA inférieur à 3.
01:42 Ce sont des sociétés qui ont plus de croissance que les large,
01:45 avec une croissance sur les 10 dernières années de 6% par an contre 1%.
01:49 Néanmoins, et c'est normal, c'est dans leur modèle,
01:52 ce sont des sociétés qui sont un peu moins rentables,
01:55 avec une marge d'EBITDA de 16% contre 12% pour le CAC 40 par exemple.
01:58 Un peu moins de free cash flow généré également,
02:01 et donc un peu moins de dividendes,
02:03 parce que ce sont des sociétés qui doivent investir pour leur croissance.
02:06 Ce qui fait qu'à un moment, depuis 5 ans,
02:10 où il y a beaucoup de thématiques géopolitiques, macroéconomiques,
02:16 l'inflation s'est mêlée à la géopolitique,
02:21 et puis les taux d'intérêt ont augmenté.
02:23 C'est vrai que le manque de liquidité sur les small caps
02:27 a amené un détour des investisseurs,
02:31 qui ont préféré des sociétés avec un petit peu moins de risque.
02:35 Ce manque de liquidité a alimenté un manque de liquidité,
02:38 parce qu'effectivement, quand on a 7 milliards de décollectes en 5 ans sur les small caps,
02:42 ça veut dire des ventes, et ça veut dire des performances moindres.
02:46 Néanmoins, sur 2023, il y a quand même des belles histoires sur les small caps.
02:51 Il y a Pierre Evacance, qui sait se transformer,
02:54 qui a une performance de 60% depuis le début de l'année,
02:57 qui a amélioré sa guidance de chiffre d'affaires,
03:02 des bits d'art, de cash flow opérationnel.
03:04 C'est un segment intéressant, parce qu'il y a beaucoup d'opérations.
03:08 Il y a une OPA qui est lancée sur Ville-Morin, par exemple.
03:12 Ville-Morin fait 40% de croissance depuis le début de l'année,
03:17 dont l'actionnaire principal, Limagrin, a décidé de racheter les 30% environ restants,
03:23 avec une prime d'environ 35% sur le dernier cours coté.
03:28 Il y a des choses sur l'Easy, par exemple.
03:31 Tu es sur Ville-Morin, Limagrin, ça m'intéresse beaucoup.
03:34 Pourquoi est-ce qu'on sort un actif de la cote ?
03:38 C'est intéressant, parce que ça crée une dynamique.
03:42 Il y a des opérations sur capital, etc.
03:44 Ça entretient l'activité dans ce segment de marché.
03:47 En même temps, quand j'écoute le discours de Limagrin,
03:50 c'est de dire que notre business n'est pas fait pour la bourse.
03:53 Le temps d'un semencier comme Ville-Morin,
03:56 les problématiques, les défis auxquels une entreprise de semences
04:01 dans l'industrie agricole doit faire face,
04:05 ces défis-là ne sont pas les temps des marchés d'aujourd'hui.
04:10 Oui, après, pareil, à mettre en perspective,
04:12 ça fait 30 ans que Ville-Morin est coté.
04:15 C'est une darlingue !
04:17 Il a dû les relever pendant 30 ans.
04:20 Aujourd'hui, on peut aussi mettre ça en relation
04:23 avec les difficultés après l'Ukraine,
04:25 avec le niveau de valorisation de la société.
04:28 Effectivement, il y a des enjeux.
04:31 On peut comprendre que ce sont des secteurs
04:33 qui ont une passion peut-être profonde aussi,
04:35 et qui ont besoin d'un temps différent
04:37 pour répondre à ces transformations.
04:40 Effectivement, qui est celui de la recherche et du développement.
04:42 Il y a beaucoup d'innovation à faire chez les semenciers,
04:44 comme pour les engrais,
04:46 ce sont des secteurs qui se rejoignent.
04:48 Ça peut se comprendre, c'est la raison qui est donnée,
04:52 que le temps de cette société n'est plus celui de la bourse,
04:55 et ça se ressent aussi sur le cours.
04:58 Vous dites que le temps des marchés
05:00 a été le temps de Villemorin pendant 30 ans.
05:03 Je vous ai interrompu, mais sur les autres opérations.
05:06 L'ISI, c'est ça que vous citiez ?
05:08 L'ISI a finalisé son offre publique de rachat.
05:11 La société se sert de sa trésorerie
05:13 pour racheter des titres et les annuler.
05:15 Ce qui permet pour les actionnaires
05:17 de trouver une fenêtre de sortie,
05:19 parce que la prime est intéressante, autour de 25%,
05:22 et pour ceux qui restent, de se reluer.
05:24 Ça a permis, par exemple, pour Peugeot Invest de sortir,
05:27 et pour les actionnaires restants de se reluer.
05:29 C'est un segment de marché sur lequel il y a des opérations,
05:32 sur lequel pour 2023, il va y avoir de la croissance des BPA,
05:36 des bénéfices par action, contrairement au CAC 40,
05:39 pour lequel on attend zéro et même moins.
05:42 Après, il n'est pas dit que ce soit encore révisé à la baisse,
05:45 mais on a vraiment un gap d'attente entre les small et les large.
05:49 Il y a quelques secteurs pour lesquels c'est un peu plus compliqué.
05:54 L'énergie, mais pas plus que pour les large, en réalité,
05:57 et l'immobilier, mais pas plus que pour les large.
06:00 Il y a des choses intéressantes qui se passent sur ce compartiment.
06:04 C'est intéressant, parce que ce qui caractérisait
06:06 ce segment de marché des petites capitalisations boursières,
06:09 ces caractéristiques, elles sont toujours là.
06:11 Elles sont moins en vogue aujourd'hui auprès des investisseurs
06:14 pour des questions de liquidités, de limitations,
06:17 de l'exposition aux risques, etc.
06:19 Mais les forces fondamentales de ce segment de marché
06:21 sont toujours là, même après 4 ou 5 ans de sous-performance.
06:24 Elles sont toujours là, comme on le disait tout à l'heure,
06:27 des bilans sains, de la croissance, des marches tout à fait présentables,
06:30 et un niveau de valorisation qui est attractif.
06:32 Ils ont un PE au niveau de 16 fois au lieu de 24 en historique.
06:36 Donc il peut y avoir un regain.
06:40 Si un segment de marché, je dirais, aujourd'hui,
06:42 à regarder, c'est peut-être celui-ci.
06:45 Oui, l'environnement de marché étant ce qu'il est,
06:47 effectivement, ce n'est pas ce qu'on regarde le plus aujourd'hui,
06:50 mais il faut quand même avoir ça en tête.
06:52 Sur les opérations, et notamment les stratégies de croissance externe,
06:55 la dynamique M&A de ce secteur,
06:57 qu'est-ce qu'on peut en dire aujourd'hui, Cécile ?
07:00 Les sociétés cotées ont deux relais de croissance,
07:04 croissance organique, croissance externe.
07:06 On regarde ça chez Inextenso chaque mois, sur les sociétés cotées.
07:10 Il s'avère que depuis le début de 2023,
07:13 c'est dans la continuité de 2022,
07:15 c'est-à-dire un ralentissement en volume
07:17 avec 136 opérations au début 2022
07:24 et à comparer aux 42 opérations au début 2023.
07:28 D'accord. Mais quand même 42 opérations de M&A
07:31 menées par des small caps françaises
07:34 sur les 4 premiers mois de cette année 2023.
07:36 Effectivement. Donc l'échantillon, c'est
07:38 les sociétés cotées auront en ex pari
07:40 moins de 1 milliard de capitalisation courtière.
07:42 D'accord.
07:43 Et donc sur cet échantillon-là, ce qu'on peut retenir,
07:45 c'est que les petites sociétés résistent mieux que les larges,
07:49 sont encore un peu plus actives que les larges,
07:52 sachant que le rapport, c'est de -70% pour les large caps
07:56 et pour les capi de moins de 500 millions d'euros, -50%.
08:00 Donc il y a un effet. C'est ce qu'on voit aussi
08:03 sur le marché non coté, parce qu'on sort un panorama
08:06 tout juste là sur les sociétés non cotées
08:09 et leur activité en M&A.
08:11 Et effectivement, les PME sont plutôt préservées.
08:14 Ce qu'on observe aussi, c'est que les taux d'intérêt
08:18 et tout est lié, font que les banques
08:22 prennent un peu plus de temps pour regarder les dossiers,
08:24 sont plus exigeantes et pour donner un petit peu plus cher.
08:29 Et en parallèle, les acquéreurs prennent plus de temps
08:32 et se prémunissent aussi des risques
08:34 en proposant des montages qui les dérisquent
08:38 avec des compléments de prix peut-être plus systématiques.
08:40 Oui, je comprends.
08:41 Avec des montages pas que en equity,
08:43 mais aussi avec des obligations convertibles,
08:45 avec des prises de participation majoritaires
08:48 un peu plus fréquemment que les prises de participation à 100%.
08:53 Donc on met un pied, et ensuite on...
08:55 Oui, je comprends.
08:57 Parce qu'effectivement, l'environnement est un peu incertain.
09:01 Donc des risques qui un peu s'édilent à chaque fois.
09:03 Exactement.
09:04 Et ce qu'on peut dire, c'est qu'en termes de valorisation,
09:07 alors les sociétés cotées ne communiquent pas trop
09:10 sur le niveau de valorisation,
09:11 mais si on regarde l'indice Argos,
09:13 on voit que sur les sociétés non cotées,
09:15 parce que les sociétés cotées font des acquisitions
09:18 de sociétés non cotées,
09:19 donc ce n'est pas très éloigné,
09:21 peut-être qu'elles sont un peu plus grandes en taille,
09:24 mais ça dépend.
09:25 Donc néanmoins, la tendance est la même,
09:27 c'est une légère peut-être inflexion des multiples.
09:30 L'indice Argos indiquait 9,9 fois les bid'as
09:33 sur la fin 2022.
09:35 On ne doit pas...
09:37 Oui, on reste dans cet ordre de grandeur aujourd'hui.
09:40 Pour conclure sur un autre élément, Cécile,
09:43 les deals qui sont menés,
09:45 les opérations de croissance externe menées
09:47 par les entreprises de petite taille cotées
09:51 sur NexParis,
09:53 ce sont des deals aussi beaucoup plus franco-français,
09:57 ou en tout cas centrés sur l'Europe.
09:59 Ce sont des entreprises qui, comment dire,
10:02 se projettent moins en dehors de nos frontières
10:05 et de notre marché, ou français,
10:07 ou marché unique européen.
10:08 Effectivement, ça c'est un point un peu nouveau
10:10 sur le début de l'année 2023.
10:12 On a 40% des deals qui sont opérés en France,
10:15 ça c'est plutôt stable,
10:16 mais également 40% en Europe,
10:18 et ça c'est bien plus que ce qu'on avait observé en 2022,
10:22 où les opérations en Europe
10:24 étaient plutôt de l'ordre de 25% en volume.
10:27 C'est-à-dire qu'effectivement, l'Océanie, l'Afrique,
10:31 l'Amérique du Sud,
10:32 sont des zones qu'on ne va pas explorer,
10:35 un peu moins explorées en 2023,
10:37 et effectivement la thématique de la souveraineté européenne,
10:41 de la logistique,
10:43 sont au cœur de la recherche de cibles aussi.
10:46 Et il y a quelque chose qui a bougé à ce niveau-là,
10:48 effectivement, depuis le début de l'année.
10:50 Non, c'est intéressant,
10:51 parce qu'on voit que ce n'est pas un gel complet de l'activité.
10:55 Ça continue, mais de manière un peu différente.
10:57 Oui.
10:58 Merci beaucoup Cécile.
10:59 Merci pour cet éclairage, toujours très précieux,
11:02 sur ce segment de la Côte,
11:03 que vous connaissez bien,
11:04 les petites capitalisations boursières.
11:06 On parlait de l'univers coté,
11:08 mais vous avez une expertise également sur le non-coté,
11:10 chez Inextenso Financements et Marchés.
11:12 Vous êtes directrice écoutie Capital Market d'Inextenso Financements et Marchés.
11:15 Cécile Aboullian,
11:16 qui était avec nous l'invité du Carreur Thématique de Smart Bourse ce soir.
11:19 Voilà pour cette édition.
11:20 On se retrouve évidemment demain à 12h30,
11:22 en direct sur Bismarck.
11:24 [Musique]