SMART TECH - Emission du mercredi 19 avril

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Mercredi 19 avril 2023, SMART TECH reçoit Guillaume Mortelier (Directeur exécutif, BPI France) et Philippe Notton (Président-fondateur, SiPearl)

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00:00 [Musique]
00:07 Bonjour à tous. Pour bâtir une industrie du microprocesseur en Europe, il faut une volonté politique,
00:13 il faut évidemment des fonds importants et puis une entreprise qui va industrialiser ce process
00:20 et la conviction aussi d'un entrepreneur. C'est mon invité aujourd'hui dans Smartech.
00:24 Grande invitée, Philippe Nothomb, le président fondateur de Seapearl. Deuxième partie de l'émission,
00:30 on découvrira l'accélérateur, un nouvel accélérateur du côté de BPI qui est consacré à l'industrie de la culture et du cinéma.
00:38 Mais tout de suite, sans plus attendre, je propose cette grande interview.
00:40 Philippe Nothomb, président fondateur de Seapearl dans Smartech.
00:44 [Musique]
00:50 C'est la promesse d'un Intel européen, d'un Airbus, du semi-conducteur. Bonjour Philippe Nothomb.
00:56 Bonjour Daphine.
00:57 Vous êtes le président fondateur de Seapearl. Merci beaucoup d'être dans Smartech.
01:01 Est-ce que la comparaison avec Intel ou Airbus vous convient pour votre projet Seapearl ?
01:07 Alors, je suis plutôt fier des deux comparaisons. Airbus, ça a démarré en Europe une volonté franco-allemande.
01:13 Cyperl a démarré également en Europe, à Bruxelles, il y a quelques années.
01:17 Intel, c'est la référence mondiale depuis plus de 40 ans. Oui, le but c'est de faire un Intel en Europe, tout à fait.
01:22 Alors, l'objectif, très concrètement, c'est de construire ce premier microprocesseur pour les supercalculateurs
01:29 qui soit 100% européen. Est-ce qu'il doit être 100% européen d'ailleurs ?
01:34 Alors, on essaie d'être le plus européen possible dans ce qu'on fait.
01:38 Il y a énormément de problématiques de souveraineté d'usines, d'accès aux technologies.
01:43 Dans notre cas, il va fabriquer à Taïwan parce que c'est aujourd'hui qu'il y a les usines les plus avancées pour ce qu'on veut faire.
01:50 Mais toute la R&D, en revanche, est en Europe ?
01:52 La conception est en Europe, oui, tout à fait.
01:55 En Europe, plus précisément. En France, en Allemagne, en Espagne ?
01:59 On a démarré en France avec 4 centres de R&D. En France, mais on a FIT, Massey, Grenoble et Sofia Antipolis
02:05 qui sont des centres de compétences, des bassins d'emploi sur ce qu'on fait.
02:08 On a très vite ouvert en Allemagne, près d'Huisbourg, qui est un centre de compétences également,
02:12 et Barcelone qui est clairement indispensable dans le monde du supercalcul.
02:17 Donc aujourd'hui, 6 centres de R&D ?
02:20 C'est ça, tout à fait.
02:20 Autour du projet, j'ai dit "CIPER", vous dites "CIPER" ?
02:23 Oui, ça fait.
02:24 En anglais, très bien.
02:26 La première fois que je prends contact avec vous, par des relations,
02:30 on ne va pas préciser davantage, ce n'est pas très intéressant pour l'émission, mais c'est en 2018.
02:36 Et à ce moment-là, vous êtes déjà sur ce projet.
02:39 L'idée de construire une entreprise est là, mais elle n'existe pas encore.
02:44 Vous êtes le directeur général d'un programme européen, l'European Processor Initiative,
02:50 derrière lequel, ce programme, on retrouve un consortium de 23 partenaires devenus 27 partenaires.
02:56 Donc aujourd'hui, on peut citer Atos, le CEA, qui d'autres ?
03:00 Atos, le CEA pour les Français, vous avez Asté en Italie, vous avez Infineon en Allemagne.
03:05 Il y a énormément de centres de recherche, que ce soit en Italie, en Espagne.
03:09 Jusqu'à la Grèce. Donc il y a 11 pays qui sont couverts.
03:13 Et Cyperl est la première émanation industrielle de ce consortium que j'ai monté en 2018.
03:18 Et ce consortium, aujourd'hui, ce sont ceux qui vous soutiennent depuis le début, mais aussi vos clients, demain ?
03:25 Tout à fait, c'est l'intérêt de ce type de consortium européen.
03:27 Globalement, c'est un programme qu'on appelle Horizon Europe.
03:30 On a nos clients, ou futurs clients type Atos.
03:33 On a les clients de nos clients, c'est-à-dire ce qu'on va appeler nos end-users, nos utilisateurs finaux,
03:37 type le CEA, type BSC en Espagne, type Jülich en Allemagne, encore Gen-C en France,
03:43 qui a de grandes chances d'héberger la plus grosse machine de recherche civile française.
03:49 Alors, on parle de construire le premier microprocesseur basse consommation au monde,
03:54 dédié aux calculs haute performance. Vous avez qui d'autre sur le marché ?
03:59 En Europe, sur ce type de composants, ce qu'on va appeler des CPU,
04:03 c'est-à-dire un microcrosseur généraliste qui peut tout faire très rapidement.
04:08 On est tout seul. Les concurrents sont essentiellement américains.
04:12 Il y a eu un peu de japonais également dans le temps.
04:15 Ce qui se passe en Chine, c'est devenu complètement isolé.
04:17 Ça ne nous concerne plus. Donc, ça se joue globalement entre les Américains et nous.
04:21 Et ce n'est pas inquiétant quand on est tout seul ? Ou le premier ?
04:23 Alors, effectivement, en règle business ou startup, si vous êtes tout seul, c'est qu'il y a un problème.
04:27 C'est que soit il n'y a pas de marché, soit votre projet, il est farfelu.
04:30 En fait, dans notre cas, c'est différent parce que le projet est tellement grand,
04:35 tellement compliqué que c'est un projet supranational qui a pu démarrer grâce au support de Bruxelles,
04:40 qui n'est pas finançable uniquement par un État.
04:42 Et cet effort que Bruxelles fait à travers 2 Roche PC,
04:46 qui est une entreprise commune de plus de 1 milliard,
04:48 et matérialisé à travers Cyper, ils ne peuvent pas initier beaucoup de sociétés comme ça.
04:53 Et là, on a passé la barrière à l'entrée nécessaire pour être…
04:56 Et alors, vous vous positionnez donc sur un microprocesseur pour des supercalculateurs.
05:01 Pourquoi spécifiquement ce marché ?
05:04 Alors, c'est… On répond à un besoin, ce qui est un peu nouveau également,
05:08 parce qu'en culture, on est surtout français, c'est de créer…
05:10 On travaille la technologie…
05:11 On travaille la technologie, le produit…
05:12 Donc notre offre…
05:13 Après, on essaie de trouver un marché.
05:15 Nous, on répond à un besoin de supercalcul.
05:18 Il y a besoin de supercalcul pour tout faire en simulation,
05:20 et d'autant plus depuis la problématique Covid,
05:23 depuis la problématique guerre en Ukraine,
05:25 et simplement des problématiques industrielles, de climato, etc.
05:29 Il faut faire du calcul pour tout.
05:31 Et depuis quelques années, Bruxelles a pris la décision très éclairée
05:36 de monter le nombre de supercalculateurs européens dans ce qu'on appelle le top 500,
05:41 c'est-à-dire les 500 supercalculateurs mondiaux.
05:44 Et ça commence à porter ses fruits, parce que dans le top 4, il y a deux Européens,
05:47 il y a la machine finlandaise, il y a la machine italienne,
05:50 maintenant, on attend encore une machine allemande,
05:52 puis une machine française, dont on compte bien en faire partie.
05:55 Vous avez évoqué quelques domaines d'application.
05:59 Plus précisément, à quoi vont servir ces supercalculs
06:04 boostés par des microprocesseurs européens ?
06:06 Alors, il y a des microprocesseurs dans tous les cas.
06:08 Il peut y avoir des accélérateurs également,
06:10 on parlera peut-être d'accélérateurs quantiques,
06:11 ou des solutions avec lesquelles on s'interface.
06:14 Ça, c'est une projection beaucoup plus long terme ?
06:17 Ça commence à arriver tout doucement.
06:19 Nous, on fournit le microprocesseur universel
06:21 qui va être au centre de tout de cette taille-là.
06:25 Donc, c'est tous les calculs…
06:26 Alors, vous montrez cette taille-là, ça c'est un microprocesseur pour un supercalculateur ?
06:31 Voilà, 7 cm sur 7, dans un supercalculateur,
06:33 vous allez en avoir entre 5 000 et 150 000.
06:36 D'accord.
06:36 Le record a été fait par le supercalculateur japonais, le Fugaku,
06:39 qui a une 150 000 processeurs comme ça.
06:41 Donc, tout le challenge, c'est de les orchestrer, de les faire travailler ensemble,
06:45 qu'il y ait des interconnexions très, très rapides d'un microprocesseur à l'autre.
06:47 Il ne suffit pas de faire des calculs dans les cœurs du microprocesseur,
06:50 encore faut-il les envoyer sur les processeurs à côté,
06:54 les envoyer vers la mémoire, etc., et que les données soient accessibles.
06:58 Donc, ça, c'est une partie de nos spécialités.
07:00 Mais pour répondre à votre question, donc, qu'est-ce qu'on y met ?
07:02 Comme on a une charge applicative dessus, c'est tout ce qui est massivement parallèle.
07:06 Donc, typiquement, ça va, l'application historique Météo France, calcul météorologique.
07:11 Maintenant, ça joue au niveau planétaire,
07:13 je dirais tout ce qui est simulation climato pour limiter les réchauffements de la planète.
07:19 C'est tout ce qui est simulation mécanique.
07:20 Un Airbus, aujourd'hui, c'est conçu en simulation.
07:24 Une voiture, c'est conçu en simulation.
07:26 On va jusqu'à faire les simulations de crash Euro NCAP.
07:28 Maintenant, c'est plus sur des cas réels, des vrais crash test.
07:32 C'est fait en bonne partie sur simulation.
07:34 Donc, c'est beaucoup plus green.
07:37 En France, depuis qu'on a arrêté les essais nucléaires dans le Pacifique,
07:40 ça se fait en simulation.
07:46 C'est fait au CEA, c'est-à-dire que la quantité d'applications est énorme.
07:49 Il y en aura de plus en plus.
07:51 Ça va aller jusqu'à ce qu'on appelle le jumeau numérique,
07:53 où le but, c'est globalement d'être capable de tout remodéliser,
07:55 y compris un corps humain pour faire de la modélisation biologique, etc.,
07:59 voir des effets médicamenteux ou calculer les médicaments eux-mêmes.
08:02 Vous n'avez pas encore parlé d'intelligence artificielle.
08:05 C'est une des applications.
08:07 On a beaucoup parlé récemment, par exemple, de chat GBT.
08:10 Derrière, vous avez un supercalculateur qui est spécial et endien,
08:12 qui est capable de préparer ou de calculer toutes les réponses.
08:16 C'est un marché.
08:18 C'est un marché.
08:18 C'est un marché pour vous.
08:20 Vous avez évoqué la voiture.
08:23 Quand on avait discuté en 2018,
08:25 vous m'aviez dit qu'on pourrait aussi être utilisé demain pour la voiture autonome.
08:30 C'était demain en 2018, qui est en fait plutôt après-demain.
08:33 Effectivement, à l'époque, il y avait un très gros hype sur tout ce qui était voiture autonome,
08:37 ce qu'on appelait niveau 4, niveau 5.
08:39 C'est un peu retombé après.
08:41 C'est en train de reprendre.
08:43 Parce que depuis, ils ont eu le diesel gate,
08:45 ils ont eu, il fallait gérer l'électrification.
08:47 Maintenant, il commence à y avoir un besoin, effectivement,
08:48 très fort de gros calculateurs embarqués dans les véhicules.
08:52 Alors, ce n'est pas tout à fait ce type de composants qui sont encore,
08:54 on va dire, très chauds, qui consomment beaucoup.
08:56 Et avec une puissance de calcul qui est peut-être un peu trop forte pour les véhicules.
09:00 Mais d'ici quelques années, oui, ça va être le cas.
09:04 D'autant plus qu'ils ont des cycles qui sont assez lents de développement.
09:07 Ça peut aller jusqu'en 10 ans entre la création du besoin et la mise en production.
09:10 Donc, c'est des secteurs sur lesquels on commence à regarder tout à fait.
09:13 En même temps, 10 ans, ce n'est pas grand chose.
09:15 À notre échelle, ce n'est pas grand chose.
09:16 Non. Alors, là, on a parlé du développement applicatif.
09:21 À quoi ça va servir, tous ces super calculateurs ?
09:26 Il y a aussi cet enjeu de souveraineté.
09:28 Est-ce que vous vous inscrivez dans le Chipped Act qui fait l'actualité d'ailleurs en ce moment,
09:33 puisqu'on est en trilogue au niveau européen ?
09:36 On connaît très bien le Chipped Act, comme dit, parce que le consortium EPI,
09:39 ça a démarré à Bruxelles.
09:42 Le Chipped Act est une très, très bonne chose,
09:43 donc qui a été ratifié hier avec plusieurs piliers.
09:48 Ça va entre autres permettre d'avoir du budget pour des usines,
09:51 parce que, comme dit précédemment, dans notre cas, on est faiblesse.
09:55 On ne peut pas avoir notre propre usine.
09:57 C'est juste impensable en termes de budget,
09:59 vu qu'on est sur des classes d'usines de l'ordre de 20 à 30 milliards.
10:02 On ne représenterait nous-mêmes qu'une fraction de ce que pourrait produire une usine.
10:06 Donc, c'est un effort mutuel.
10:08 Donc, si le Chipped Act permet d'avoir des usines en Europe,
10:10 il y a une possibilité qu'il y ait une usine d'Intel assez significative en Allemagne de l'Est.
10:16 Pourquoi pas ?
10:16 On imagine mal Intel accueillir votre projet.
10:20 Est-ce que vous venez concurrencer directement ?
10:22 Non, parce que justement, Intel, effectivement, est concurrent avec une offre produit,
10:25 ce qu'on appelle l'écosystème x86, mais à des usines.
10:29 Il y a une politique de fonderie comme TSMC,
10:31 c'est-à-dire d'accueillir des sociétés comme nous dans leurs usines.
10:34 Donc, vous êtes éventuellement en discussion avec eux ?
10:36 On est potentiellement client.
10:37 Le tout, c'est d'avoir que l'usine arrive, et une usine de ce niveau-là,
10:40 ça ne se fait pas en quelques minutes, on est plutôt sur quelques années.
10:43 Comme ça s'est produit en Arizona, les premières usines en Arizona,
10:48 la première a déjà dû être inaugurée, là, pour du 5 nanomètres.
10:51 Et puis, il y a Nvidia aussi.
10:54 Alors, Nvidia et Fabless, comme nous, là, on va être en partie concurrents sur certains marchés,
10:59 partenaires, d'ailleurs, on a publié un accord stratégique parce que notre CPU,
11:05 c'est-à-dire notre microprocesseur, peut très bien travailler avec des accélérateurs Nvidia,
11:09 comme avec des accélérateurs Intel, comme avec des accélérateurs AMD,
11:12 ou Gravcore en Angleterre, et on peut partager les mêmes usines.
11:16 Comment est-ce qu'ils regardent ça, ces grands puissants américains
11:20 du semi-conducteur, de la puissance de calcul ?
11:22 Comment ils vous regardent, petit Européen, qui essayent d'émerger ?
11:26 C'est une très bonne question.
11:27 On va dire, leur regard sur nous a énormément changé en 5 ans de projet.
11:32 Au départ, c'était, oui, c'était encore une petite idée européenne qui ne va jamais marcher,
11:36 qui va faire foutre au bout de 6 mois.
11:39 Ça ne va pas le faire, par cette répartie sur X pays, avec plutôt une vision académique.
11:46 Très bien, parce que les Européens sont très bons pour la partie recherche amont,
11:49 mais après, pour ce qui s'agit de l'industrialisation, on sait que ça part.
11:53 Donc, ça, c'était l'idée au départ.
11:54 Ouh là, un des très gros nous a dit, d'ailleurs, la seule façon de faire un micro-processeur en Europe,
11:58 c'est que les Américains le fassent pour vous.
12:00 Avec toute, on va dire, toute l'arrogance qu'il y avait derrière.
12:04 Et il se trouve qu'avec, justement, les balbutiements du Chips Act,
12:08 le fait qu'on soit sortis, globalement sortis de ce consortium comme entité privée,
12:12 c'est-à-dire avec une gestion privée, énormément de super-européens,
12:16 c'est quelque chose qu'ils n'avaient pas vu depuis Airbus.
12:18 Airbus, c'était pareil.
12:19 Au départ, la caravel, ça faisait rigoler les Américains.
12:22 Après, quand il y a eu A300, A320, c'est différent.
12:24 Et maintenant, il se trouve qu'Airbus est au-dessus de Boeing.
12:27 Alors, toute proportion gardée, parce qu'on n'est pas du tout à ce niveau-là,
12:31 on fait maintenant partie de l'écosystème.
12:33 Et si on a pu signer ces accords avec, justement, Intel, Nvidia, AMD,
12:37 c'est pas anodin.
12:38 C'est-à-dire, à l'époque, quand on a démarré avec Intel, on était 5 ans.
12:41 - Vous êtes un interlocuteur pris au sérieux aujourd'hui.
12:42 - Très, très pris au sérieux.
12:43 - Avec qui vous pouvez négocier ? Vous pouvez négocier avec Intel, Nvidia aujourd'hui ?
12:46 - Alors, il y a quand même un certain rapport de force,
12:48 parce qu'ils sont, on va dire, plusieurs milliers de fois plus gros que nous.
12:52 Mais il y a un truc qu'ils n'auront jamais, c'est le rapport européen.
12:55 - Alors, vous annoncez, début avril, une levée de fonds de 90 millions d'euros.
13:00 Donc, d'un seul coup, vous êtes dans la lumière.
13:03 On peut dire que c'est vraiment le grand démarrage.
13:05 Vous ne partez pas juste avec ces 90 millions d'euros,
13:08 puisque, au départ, donc, avec ce programme Montblanc 2020
13:13 et puis l'Européenne Processeur Initiative,
13:16 vous cumulez au total 220 millions d'euros, c'est ça ?
13:19 - Alors, on va être sur un budget total de 220 millions d'euros.
13:21 On a touché jusqu'à présent, que ce soit en aide de Bruxelles,
13:25 ce qu'on appelle des grantes, donc H20, puis après Horizon Europe,
13:28 ainsi qu'une aide plutôt sympathique, la région Ile-de-France,
13:32 à plus de 20 millions d'euros,
13:33 ce qui nous a permis de dé-décoller, d'avoir les premiers employés.
13:36 Et là, cette première partie de notre série A de 90 millions d'euros
13:39 qu'on a annoncé il y a deux semaines,
13:41 va nous permettre, dans un premier temps, de gérer, de consolider la technologie
13:44 et surtout de doubler nos effectifs.
13:45 - Et qui vous a suivi pour cette levée spectaculaire ?
13:48 - Alors, on en revient sur le drapeau européen
13:50 qu'on a un peu partout sur ce qu'on fait,
13:52 la Banque Européenne, le IBI, enfin la BUE, pardon,
13:56 l'EIC, l'European Innovation Council, qui est un super outil,
14:00 que j'ai remercié aujourd'hui.
14:03 Alors là, on va dire que ça se passe sous forme de concours,
14:06 il y a des dossiers à monter, etc.
14:07 On est challengé au niveau européen
14:09 et on fait partie de la promo de décembre 2021,
14:12 où il y a eu 99 start-up qui ont été sélectionnés,
14:15 donc quand même très orientés de deep tech
14:17 et sur des projets très durs à financer.
14:18 Donc ça va d'Abiotech au Cortic au Semiconducteur.
14:21 Et sur notre promotion là, la Commission Européenne
14:23 a mis plus de 680 millions d'euros d'investissement,
14:26 ce qui est colossal.
14:27 En fait, l'EIC, c'est un peu la French Tech au niveau européen,
14:30 mais pour des projets qui sont moins logiciels, moins SaaS.
14:33 Donc très bien pour ce qu'on fait.
14:35 Ça, ça a été pour les deux premiers,
14:37 donc ça, c'est la consolidation européenne de ce qu'on fait.
14:40 Le troisième, et Cocorico, c'est le drapeau français,
14:43 French Tech Souveraineté,
14:44 qui est un, ça dépend du plan France 2030,
14:48 qui prend un ticket significatif
14:50 et qui consolide l'ancrage français sur ce qu'on fait.
14:53 Et après, nous avons deux corporate,
14:56 ARM, qui est détenue par Softbank,
14:58 qui est le numéro un mondial.
14:59 Mais ARM, alors, américain ?
15:01 Alors aujourd'hui, c'est anglo-japonais.
15:03 OK.
15:04 C'est une société mondialisée, il y a quand même 400 personnes,
15:06 par exemple la Sofia Antipolis, qui développe des coeurs
15:08 et qui est le numéro un mondial de ce qu'on appelle l'IP,
15:11 la propriété intellectuelle, et qui est dans tous les smartphones.
15:14 Donc vous avez dans un smartphone comme celui-ci,
15:17 plusieurs dizaines de coeurs ARM.
15:20 Donc ARM est partenaire stratégique
15:22 et investisseur corporate chez nous.
15:24 Donc pas américain, pardon,
15:25 mais vous êtes allé chercher des fonds chez les Américains ?
15:28 On est allé chercher des fonds partout.
15:31 On continue parce que c'est une série A
15:33 qui va se faire sur plusieurs, on va dire plusieurs niveaux
15:36 avant une série B,
15:37 parce que la problématique de la deep tech et du semi-conducteur,
15:40 c'est qu'on est sur des tickets qui sont très gros.
15:43 On est sur une approche deep tech,
15:45 donc il faut dépenser énormément de cash pendant plusieurs années
15:48 avant d'avoir un produit,
15:50 comme dans une biothèque où il faut tester la molécule,
15:52 faire toutes les phases cliniques,
15:54 et au bout de dix ans, ça peut être jackpot.
15:55 Bon, nous, c'est sur des cycles quand même un peu plus courts.
15:58 Et pour le dernier investisseur,
15:59 qui est quand même assez fondamental sur ce qu'il fait,
16:02 qui est le numéro un en Europe,
16:03 alors à l'époque, on l'appelait Atos,
16:04 maintenant c'est évident,
16:06 qui fabrique des supercalculateurs
16:08 et qui, pour nous, est un client privilégié.
16:11 Alors, vous, vous avez mené toute votre carrière dans le domaine,
16:14 on va dire, des technologies, des semi-conducteurs, de la sécurité.
16:19 Vous travaillez à l'époque pour ST Microelectronics
16:21 quand l'idée de Cyperlainé.
16:24 Pourquoi ne pas avoir proposé ce projet en interne ?
16:26 Alors, je ne peux pas rentrer dans des sujets un petit peu délicats.
16:30 Juste, ST Microelectronics, c'est franco-italien.
16:34 Donc, à priori, une base avec laquelle on pouvait construire quelque chose
16:38 autour du semi-conducteur souverain.
16:40 Tout à fait. Alors, je dirigeais la division,
16:43 ce qu'on appelait grand public consumer,
16:44 c'est essentiellement des produits audio-vidéo,
16:47 qui a une dizaine d'années, ST a été numéro un mondial sur ça.
16:51 C'est une division que j'ai en partie redressée,
16:53 mais pour des raisons stratégiques que je respecte tout à fait,
16:56 ST a décidé d'arrêter ce qu'on appelait à l'époque le digital,
16:59 c'est-à-dire les composants complexes,
17:02 ou celui-ci, globalement la Formule 1, c'est-à-dire à l'extrémité du spectre,
17:06 pour se concentrer sur ce qu'ils font très bien aujourd'hui.
17:08 Je reviens au smartphone, capteur d'image,
17:10 et tout ce qu'on appelle les composants de puissance,
17:12 qui permettent de charger ou décharger la batterie de votre véhicule électrique.
17:15 Donc, pour des raisons stratégiques.
17:17 Et du coup, le digital et l'accès au process avancé type 6 nanomètres,
17:21 3 nanomètres, comme on a sur ce type de composants,
17:24 n'étaient plus du tout dans la ligne stratégique d'ST.
17:27 C'est pour ça que je suis parti pour faire ça à l'extérieur.
17:29 Alors, que pensez-vous aujourd'hui de la politique européenne ?
17:32 On a évoqué le Chips Act ensemble.
17:34 Est-ce que vous estimez qu'on est suffisamment protecteur aujourd'hui de notre industrie ?
17:41 Est-ce qu'on devrait davantage pousser la préférence européenne ?
17:45 Alors, le Chips Act et tout ce qui se passe dans le semi-conducteur depuis quelques années,
17:49 on trouve depuis la pénurie qui a démarré pendant le Covid,
17:51 c'est un peu une révolution.
17:52 Enfin, je vois ça comme une révolution en Europe.
17:55 Alors, ce n'est pas que le marché se referme,
17:56 mais on se rend compte que si on met de l'argent public sur des projets,
17:59 à terme, si les PME et les sociétés locales, locales, européennes pouvaient en profiter,
18:03 ce serait quand même bien mieux.
18:05 Donc, on commence à faire ce que les Américains, les Chinois,
18:10 même les Japonais font depuis des dizaines d'années.
18:12 C'est-à-dire, on met de l'argent public,
18:14 c'est d'abord pour des emplois locaux, créer de la valeur locale.
18:17 Aujourd'hui, si vous achetez un million de dollars de composants américains,
18:20 que ce soit Intel ou AMD, c'est un million de dollars qui vont aux Etats-Unis,
18:24 à quelques pourcents pour les forces de vente d'Intel en Europe.
18:26 Mais le reste, c'est parti.
18:28 Donc, la création de valeur, les emplois, c'est là-bas.
18:30 Vous allez acheter un million de dollars de composants faits
18:32 dans des sociétés européennes, que ce soit chez nous ou nos voisins.
18:37 Alors, il y a une petite partie qui va aller à l'usine qui est en Asie,
18:39 ça, c'est évident, mais le reste, c'est quand même la création de valeur locale,
18:42 ce qui permet après, cercle vertueux, de recréer des emplois, créer d'autres produits.
18:46 Donc, enfin, on arrive là-dessus, avec tout le respect de l'OMC pour éviter des problèmes derrière.
18:52 Mais j'ai vu en quelques années...
18:54 - Pour vous, il y a vraiment un changement de doctrine ?
18:57 - Il y a un début de changement de doctrine.
18:58 On va le voir sur des faits et dans notre cas en particulier,
19:01 quand on est tout seul en Europe,
19:03 il n'y a pas de problématique de distorsion de concurrence en Europe.
19:05 - Alors, c'est l'autre question.
19:06 Est-ce que vous devez rester seul en Europe ?
19:08 Où est-ce qu'il nous faut plusieurs Cyperl pour vraiment bâtir cette industrie du microprocesseur ?
19:12 - Alors, on va dire pour bâtir une industrie du semi-conducteur au sens large,
19:16 parce que le spectre est très large, ça va être composants.
19:18 On est à l'extrémité très haute gamme du spectre sur des composants qui valent plusieurs milliers de dollars.
19:23 Mais vous pouvez avoir des composants pour ce qu'on appelle du "edge", pour de l'IOT, etc.
19:28 Enfin, des tas de secteurs techniques.
19:30 Il y a un besoin de créer énormément de sociétés fablesses.
19:32 D'ailleurs, c'est des startups de semi-conducteurs,
19:34 alors qu'elles n'ont pas forcément besoin de budget aussi élevé que les nôtres.
19:38 Mais sur certains secteurs techniques, pour 10 millions, 20 millions d'euros,
19:42 vous pouvez faire des produits.
19:43 Donc, dans notre cas, on est plutôt sur classe 200 millions d'euros.
19:46 Mais il faut des produits.
19:48 Il faut que l'écosystème prenne pour que les ingénieurs aient envie d'aller dans ce secteur.
19:52 Parce que, paradoxalement, il n'y en a pas assez.
19:54 Il y a un enjeu de recrutement pour vous aussi ?
19:57 C'est colossal sur ce qu'on fait.
19:58 Ce n'est pas par hasard qu'on est sur 600 BRD et probablement d'autres.
20:01 Donc, il faut créer une filière.
20:03 On en fait partie.
20:04 Montrer aux ingénieurs qu'on est sur des projets qui sont très sexy, sur lesquels ils peuvent aller.
20:10 Et que ce n'est pas du tout en ce qui nous concerne du fer à souder, monter des composants, etc.
20:14 C'est de la conception.
20:15 Donc, ça se fait sur des consoles de CAO, comme pour concevoir un avion.
20:20 Et qui dit start-up, dit produit, dit ingénieur, dit après création de valeur.
20:23 Et pareil, le cercle vertueux, la machine va se mettre en route pour qu'il y en ait beaucoup plus.
20:27 C'est toute la spécificité de la Silicon Valley.
20:30 Un petit peu moins maintenant parce que l'effet télétravail, c'est un peu en train de se déporter sur d'autres sites aux États-Unis.
20:36 Mais c'est visible en Californie.
20:38 C'est également visible en Israël.
20:39 Alors, comparé aux États-Unis, c'est peut-être un peu démesuré.
20:42 L'Israël n'est pas beaucoup plus gros que la France, même plus petit.
20:45 Donc, ce que les Israéliens font, on devrait arriver à le faire.
20:48 Et d'ailleurs, sur vos recrutements, quel est le nombre de nationalités que vous avez dans votre entreprise Saiperl ?
20:54 Est-ce que vous allez chercher des talents aussi au-delà des frontières européennes ?
20:59 Est-ce que vous allez les chercher aussi en Silicon Valley, peut-être ?
21:01 Alors, on a été très vite sur pas mal de nationalités.
21:05 C'est une problématique de recrutement global.
21:06 On en a plus de 15.
21:08 On a sur notre siège à la Maison Laffitte des ingénieurs qui ne parlent pas français, qui sont en train d'apprendre le français.
21:14 Deux CV sur trois aujourd'hui qu'on reçoit sur la base de tous les postes qu'on a ouverts sont hors Europe.
21:21 Et alors où ? D'où ?
21:23 Alors, on a des flux venant de l'Afrique du Nord.
21:25 On a énormément de flux, enfin de demandes, pardon, venant d'Inde.
21:29 Pourquoi ? Ben l'Inde, 1,4 milliard de citoyens, je crois qu'ils produisent plus d'un million d'ingénieurs par an.
21:36 10% des ingénieurs indiens n'auront pas de travail en Inde.
21:39 Donc, de toute façon, ils sont obligés de fuir.
21:41 Puis dans le semi-conducteur, c'est assez classique.
21:43 C'est un vivier intéressant.
21:44 Après, c'est le management d'équipes aussi éclatées sur la planète.
21:50 Ça doit être compliqué.
21:51 Alors, pour l'instant, on est en France, Allemagne, Espagne.
21:54 Donc, on est dans la même time zone.
21:56 Contrairement aux États-Unis, vous êtes très vite sur trois flux horaires.
22:00 Pour les jeunes sortis de l'école, c'est très bien de démarrer directement dans un contexte international,
22:06 d'avoir des voisins de bureaux qui sont de nationalités différentes.
22:10 Alors forcément, tout se passe en anglais.
22:12 C'est de la, on va dire, c'est de l'amidité.
22:15 Ça diffuse très bien comme ça.
22:17 Et on n'a pas le choix.
22:18 De toute façon, on est bien au-delà d'une problématique de trouver des ingénieurs français.
22:21 Ça, c'est fini.
22:23 Le président Biden a dit que dans le cadre du US CHIPS Act,
22:25 donc le pendant de la version européenne,
22:27 il lui fallait plus de 50 000 ingénieurs en semi-conducteur par an.
22:30 Ça va être la bataille.
22:31 Quasiment pas.
22:32 Et là, il faut y aller.
22:33 D'où ces relations qu'on est en train de tisser avec les écoles.
22:36 Allez dans le secteur.
22:37 Il n'y a pas que le conseil.
22:38 Il n'y a pas que la finance.
22:40 Allez, faites ingénieur, c'est pour faire de l'industriel.
22:42 Bon, et puis, c'est intéressant en termes de technologie.
22:44 C'est aussi intéressant en termes de défis à relever pour la planète,
22:47 que vous travaillez aussi sur les économies d'énergie.
22:51 Économie d'énergie, entre autres.
22:53 Mais effectivement, parce qu'il faut se projeter sur ce qu'on fait en termes d'application,
22:56 ce qu'on va supporter en termes d'application.
22:57 Alors, il y a une acronyme assez classique, la Tech for Good.
23:00 Effectivement, les cas applicatifs qu'on gère du supercalcul sont très séduisants
23:04 pour un précision pour tout le monde parce que vous donnez un sens à votre travail.
23:08 Vous venez ici.
23:09 J'irai. Vous allez améliorer la vie de chaque citoyen, etc.
23:12 Que ce soit en termes de santé, que ce soit en termes de météo, enfin, sur beaucoup de choses.
23:16 Eh bien, j'espère que vous serez entendu.
23:17 Vous allez recevoir plein de candidats.
23:19 J'espère aussi.
23:20 Très prochainement.
23:21 Le sujet du recrutement, c'est un sujet aussi qu'on suit beaucoup dans Smart Tech.
23:24 Merci beaucoup, Philippe Nothomb de Cyperl.
23:27 Merci de toutes vos explications.
23:29 On se retrouve après une courte pause.
23:30 Cette fois, on va basculer du côté de la BPI pour s'intéresser à ce qui se passe du côté du financement de la culture.
23:36 Deuxième partie de Smart Tech, votre quotidienne sur le numérique, les technologies, l'innovation.
23:46 Philippe Nothomb nous a fait le plaisir de rester avec nous.
23:49 Président fondateur de Cyperl, vous nous avez accordé cette grande interview pour nous parler de votre ambition sur le microprocesseur pour les supercalculateurs en Europe.
23:58 Et nous avons maintenant rendez-vous avec Guillaume Mortelier, directeur exécutif en charge de l'accompagnement chez BPI France.
24:05 Donc, on reste un peu dans les mêmes sujets de comment nous aider à pousser cet écosystème français, à gagner cette souveraineté sur le marché numérique.
24:16 On va s'intéresser plus particulièrement au secteur de la culture avec cet accélérateur cinéma et audiovisuel.
24:23 Bienvenue déjà dans Smart Tech sur ce plateau.
24:26 On va parler de ce programme.
24:27 Il est entièrement consacré à ces entreprises du secteur du cinéma et de l'audiovisuel.
24:33 Il est quand même déjà très soutenu en France, ce secteur, je pense notamment par le CNC.
24:38 Alors, effectivement, il y a un soutien du CNC qui est très fort, de l'IFCIC aussi, qui est un des instruments financiers, notamment d'accompagnement du secteur.
24:45 Et nous-mêmes, du côté de BPI France, on a engagé sur les trois dernières années plus de 4 milliards d'euros auprès de 11 000 entreprises du secteur
24:52 pour essayer de leur donner les moyens d'exprimer leur plein potentiel.
24:55 On avait l'impression qu'il n'y avait peut-être pas besoin de davantage.
24:58 Donc, vous nous dites s'il y avait quand même des lacunes encore à combler pour accompagner ce secteur ?
25:03 Exactement, parce que là, on vient de parler plutôt d'enjeux d'accompagnement financier.
25:08 Mais en plus de ça, on est convaincu qu'il faut associer à cet accompagnement financier un accompagnement avec de l'expertise,
25:13 c'est-à-dire apporter plus de conseils à des PME qui sont généralement assez isolés, dont le dirigeant n'a pas forcément le temps de sortir la tête du guidon de son entreprise
25:22 et donc le mettre en contact avec un expert qui est capable de le challenger sur sa stratégie,
25:27 de travailler avec lui sur ses enjeux commerciaux, sur son organisation, ça permet d'exprimer le plein potentiel de son entreprise.
25:36 Peut-être plus précisément, c'est quel type d'entreprise que vous aidez à accélérer ?
25:41 Alors, on cible les entreprises qui sont plutôt catégorisées comme des PME.
25:46 Le centrage de cet accélérateur est autour de 5 millions d'euros, donc c'est des entreprises de 1 million à quelques dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires.
25:56 Quel métier on trouve derrière ?
25:57 Très centré sur la production audiovisuelle, mais on va avoir aussi tout l'amont qui est dans la conception, l'exploitation aussi des salles.
26:07 Et puis tous les écosystèmes, notamment de location de matériel, d'évolution et aussi de solutions technologiques qui vont permettre à ces sociétés de se transformer.
26:18 Alors, évolution technologique, on imagine bien que tout ce secteur a été fortement bouleversé par l'arrivée des plateformes numériques dans la distribution,
26:28 la manière de finalement trouver des nouveaux modèles économiques de distribution de la culture, de nouveaux modes de consommation qui sont imposés dans la société.
26:35 À quel point cette industrie a été chahutée et à quel point elle est aujourd'hui en difficulté ?
26:41 Alors, l'industrie est challengée comme beaucoup d'industries par les enjeux de digitalisation et qui amènent en fait des évolutions profondes sur les modes de consommation de la production audiovisuelle.
26:53 Et ça amène ces entreprises-là qui sont pour la plupart des PME à bien sûr résister d'une certaine manière, mais aussi à saisir les opportunités.
27:02 Et c'est là-dessus qu'on insiste avec le CNC sur cet accélérateur, c'est de se dire en fait ces évolutions pour des structures qui ont des tailles qui leur permettent d'être très agiles, en fait, est source d'opportunités.
27:15 Et saisir ces opportunités notamment sur le digital, sur certaines niches, je pense notamment à une société que vous connaissez certainement qui est Fortiche Productions,
27:25 qui a créé Arkane, qui est une série qui passe sur Netflix, qui a été récompensée d'ailleurs l'an dernier de la meilleure adaptation de jeux vidéo sur une série.
27:33 Eux typiquement, ils se sont vraiment saisis de cette tendance-là et ont été capables, avec un savoir-faire qui est très français en fait,
27:39 qui est incarné notamment par l'école des Gobelins, qui permet de générer régulièrement des talents qui permettent justement à ces sociétés de se développer, a été capable de saisir ce type d'opportunités.
27:50 Et le tissu du PME... - C'est-à-dire que pour réussir à garder une place noble dans ce secteur, en France, il faut travailler sur des niches ?
27:59 - Il ne faut pas exclusivement travailler sur des niches, mais en fait on voit avec ces nouveaux usages et ces nouvelles demandes du public, en fait, je pense que l'enjeu, c'est pas forcément...
28:11 Au début, en fait, on va avoir une niche parce que c'est un nouveau marché qui par définition au début est petit, et s'engager là-dessus, ça peut générer à terme un marché significatif.
28:19 - Donc c'est innover ? - Et c'est innover, exactement. - C'est ça plutôt la clé. Et le niveau de numérisation, de digitalisation, on dit aujourd'hui, du secteur, il est correct ?
28:30 - Alors comme... - Ou on est vraiment à la traîne ? - Comme l'économie française, je dirais pas qu'on est à la traîne, mais je dirais qu'on est largement challengé sur cette dimension-là.
28:37 Et qu'il y a beaucoup de choses à faire, mais ça passe aussi beaucoup par un apprentissage que je qualifierais quasiment de collaboratif.
28:45 C'est-à-dire que dans le numérique et dans l'appropriation des nouveaux usages, le fait de s'ouvrir, encore une fois, à des compétences externes, mais plus largement à s'ouvrir à d'autres acteurs de son secteur,
28:55 permet d'adopter plus vite des nouvelles technologies, des nouvelles manières de faire, et du coup d'être capable de saisir les opportunités dont on parlait.
29:01 - Donc là, ce nouvel accélérateur, c'est une nouvelle promotion qui démarre. Vous embarquez 20 entreprises, c'est ça ? - 16 entreprises.
29:11 - Ah, 16 ! Je me reproche, j'ai un mauvais chiffre. Quel est leur profil et quel est le travail que vous allez effectuer avec elles ?
29:17 - D'accord. Le chiffre d'affaires moyen de ces entreprises, c'est 5 millions d'euros. C'est ce que je vous disais, je crois que c'est 4,5 millions d'euros exactement.
29:24 Et elles sont assez largement centrées sur, encore une fois, la production individuelle, mais on a de l'amont et de l'aval, comme je vous le disais.
29:34 Notre enjeu avec ces entreprises-là, il est double. Le premier, c'est d'aller regarder au niveau individuel de l'entreprise quel est leur potentiel de croissance
29:42 et quelle est la stratégie qu'elles doivent mettre en œuvre pour aller saisir les opportunités dont on a parlé, quasiment indépendamment des aides de l'État.
29:51 On a certaines entreprises qui ont plutôt des fois des réflexes qu'on peut retrouver dans des producteurs. - D'aller chercher ces aides.
29:56 - Oui, d'aller chercher les aides et du coup de faire des projets pour aller chercher les aides, c'est important. Mais ce qui est plus important, c'est en amont,
30:02 d'avoir une stratégie claire et de cibler ce que l'on veut faire en fonction de la manière dont on pense que le marché va évoluer.
30:07 Et ensuite, les aides de l'État doivent venir aider ce mouvement-là. Et donc, on va aller travailler leur stratégie en regardant à 360° leurs opportunités
30:14 et ensuite les accompagner dans la mise en œuvre. Donc ça se passe au niveau individuel. Et c'est le deuxième enjeu qu'on cultive fondamentalement dans nos accélérateurs,
30:22 c'est d'essayer de créer un vrai collectif d'entreprises. Parce que comme je vous le disais, le dirigeant de PME est souvent isolé.
30:29 Le fait de l'inscrire dans un programme où pendant 18 mois, il va avoir, comme il y a 16 entreprises, il a 15 camarades de promotion.
30:36 Et bien avec ses camarades, en fait, il va aller régulièrement réfléchir aux enjeux de son secteur, aux enjeux de son entreprise et du coup créer au sein de ce collectif
30:45 une connaissance intime à la fois personnelle, mais aussi dans l'intimité de leur entreprise. Et de cette connaissance intime, en fait, on voit des projets se générer
30:52 parce qu'on va se donner des coups de main, on va s'aider à l'export et ça permet aux entreprises de se structurer et ensuite de croître.
30:58 Alors ça, c'est pas énorme par rapport, j'imagine, à l'écosystème existant. Comment vous les avez sélectionnés ?
31:04 On les a sélectionnés avec le CNC avec deux critères fondamentaux. Un, la solidité et le potentiel de croissance de l'entreprise. On les connaît très bien du côté de BPI France
31:13 parce qu'on les finance. Le CNC aussi les connaît très bien. Et donc ensemble, on a sélectionné ces entreprises sur ce premier critère. Le deuxième critère qui est très important
31:20 pour nous dans les accélérateurs par rapport à la dynamique que je décrivais, c'est que le dirigeant soit prêt à s'inscrire dans une dynamique collective. Et donc soit prêt à se faire
31:29 quelque part challenger par des consultants externes et aussi de s'ouvrir auprès des autres accélérés de sa promotion pour qu'il soit capable de créer une vraie dynamique.
31:39 Et le potentiel de croissance aussi. Exactement. C'est la technologie que vous regardez ? On va regarder la technologie, mais c'est un des aspects...
31:46 On se fonce justement à la demande comme nous l'expliquait Philippe Nothomb. C'est important de se dire, il y a une demande. On ne pense pas juste offre technologique, mais réponse au marché.
31:54 L'aspect fondamental de ces programmes, c'est que justement, on s'inscrit sur une dynamique de 18 mois. Et du coup, on va d'abord aller travailler sur les enjeux stratégiques, les marchés.
32:01 Et ensuite, la technologie est quasiment un moyen d'y répondre à ces enjeux de marché. C'est vraiment comme ça que l'on va voir la dynamique que l'on crée dans les accélérateurs.
32:10 Et aujourd'hui, on lance la troisième promotion de cet accélérateur. Ce que l'on voit déjà en termes de résultats sur les deux promotions qu'on a lancées,
32:18 notamment la première qu'on a lancée en 2020, c'est qu'on a des entreprises qui, en travaillant en profondeur sur leur stratégie, en travaillant en profondeur sur leur organisation,
32:26 ont réussi à s'inscrire dans un doublement de leur chiffre d'affaires en moyenne sur cette première promotion, sur les trois années d'accélération. Et un doublement aussi de leurs effectifs.
32:37 Ça met une certaine pression pour la nouvelle promotion. Exactement. C'est un challenge. Vous avez profité de dispositifs d'accélération au tout début du projet, Philippe Notho, avec Cyper.
32:48 Je reviens à Bruxelles. Grand H20, Horizon Europe, programme PSPC avec la région Île-de-France. Donc ça, c'est côté français. Et du CIR.
32:58 Évidemment, on voit qu'on est sur une activité qui est très profonde en termes de recherche. Et BPI est un interlocuteur qui s'est imposé rapidement pour vous aussi.
33:08 J'ai vu que dans le déroulé du programme, il y avait six journées de séminaires dispensées par HEC Paris. Je me suis dit, est-ce que ce n'est pas un peu un choc des cultures, ça ?
33:19 Il y a effectivement un petit choc des cultures et puis un retour de ces dirigeantes et de ces dirigeants sur les bancs de l'école, un peu clairement.
33:27 Ce que l'on assume parce que... Et d'une école de commerce. Et en plus, une école de commerce. Qui n'est pas forcément, j'imagine, dans le cursus de la plupart des patrons que vous aidez.
33:38 Exactement. Et le fait finalement d'aller exposer des enjeux stratégiques avec une vision qu'on va qualifier de MBA presque, quasi académique, face à ces dirigeants qui sont très opérationnels,
33:51 leur permet en fait à la fois de s'ouvrir sur de nouvelles perspectives, d'acquérir des fois des compétences qu'ils n'ont pas forcément développées sur le tas, on va dire.
34:01 Et du coup de déverrouiller certains potentiels. Je vous prends l'exemple encore une fois du plan stratégique qui est pour moi assez emblématique.
34:08 La plupart de ces dirigeants, lorsqu'ils rentrent dans l'accélérateur, ont déjà une vision stratégique à peu près claire. Ils ne l'ont pas nécessairement formalisé.
34:16 Ils n'ont pas forcément utilisé les outils pour embarquer leur comité de direction et l'ensemble de leurs équipes sur ce plan stratégique-là.
34:22 Ce qu'on va faire avec HEC comme avec les experts que l'on fait intervenir, c'est que l'on va leur donner les outils justement pour cadrer ce plan et embarquer ces équipes.
34:31 Est-ce qu'il y a des business models à inventer aussi dans le domaine de la diffusion des contenus culturels ? Est-ce qu'aujourd'hui, on n'est pas un peu forcé de suivre finalement ce qu'imposent des plateformes comme Netflix ou Disney ?
34:45 Alors on voit qu'il y a à la fois une évolution qui est tirée par ces nouvelles plateformes et dont je pense qu'on ne peut pas totalement s'affranchir.
34:55 Il faut nécessairement l'intégrer dans une vision stratégique. Néanmoins, toutes ces sociétés de la production audiovisuelle sont confrontées à aussi une diversification de cette plateforme-là.
35:08 Il y a les plateformes qu'on connaît beaucoup qui sont les Netflix et autres, mais il y a des nouveaux médias qui sont en train de se créer, des médias vidéo, des nouveaux supports qui sont quelque part complémentaires,
35:15 notamment dans la promotion des séries qu'ils vont distribuer sur Netflix. Et du coup, se saisir de tous ces canaux-là est pour moi fondamental.
35:22 Alors j'ai vu aussi qu'il y avait un enjeu sur la transition bas carbone. De toute façon, ça s'impose aujourd'hui dans toutes les industries. Comment vous traitez ce sujet avec eux ?
35:30 Ce sujet déjà du côté de BPI France, on s'en est saisi très largement parce qu'on a lancé un plan climat il y a deux ans avec comme ambition d'accompagner plus de 20 000 entreprises
35:38 dans les quatre prochaines années sur leurs enjeux de transition. Et donc comment est-ce qu'on va aborder ? On va regarder avec ces entreprises quels sont leurs enjeux de transition.
35:46 C'est l'une d'ailleurs des priorités du ministère de la Culture. Vous l'avez vu, il y a eu une annonce assez récemment d'une enveloppe de 25 millions qui allait être consacrée justement à la transition des acteurs.
35:54 On va regarder en quoi ils sont confrontés à cela avec un niveau de maturité des dirigeants qui est généralement très hétérogène au sein de la promotion.
36:02 Certains sont un peu pionniers sur ces dimensions-là, c'est-à-dire qu'ils se sont saisis de la chose, qu'ils ont fait un bilan carbone. Ils ont déjà des premières initiatives.
36:10 D'autres sont finalement moins sensibilisés, voire potentiellement réfractaires. Notre enjeu, c'est juste de leur expliquer voilà ce à quoi vous allez être confrontés dans les prochaines années
36:23 et du coup quelles sont les stratégies à adopter pour intégrer ces changements-là et puis très vite adopter une organisation suffisamment agile pour que cette transition soit là encore créatrice de valeur et non pas destructrice, quasiment défensive par rapport à votre business aujourd'hui.
36:39 Alors vous avez débuté votre carrière au sein de Bain & Company. Vous avez travaillé notamment à San Francisco. Vous avez vu, j'imagine, évoluer ces liens, ces relations entre l'investissement aux Etats-Unis et l'investissement en France.
36:54 Philippe Nothomb nous disait que les Américains ne regardent plus tout à fait de la même façon quand même aujourd'hui, un peu plus avec sérieux.
37:01 Est-ce que vous avez vu cela aussi changer avec la manière dont BPI s'est emparé de l'investissement dans la French Tech ?
37:08 Alors de façon très claire, je pense que la dynamique qui a été créée par BPI France mais aussi par tout l'écosystème sur la French Tech que je qualifierais quasiment de vague une,
37:17 la French Tech digitale a vraiment rayonné et a vraiment crédibilisé notre capacité en tant qu'économie française à créer des acteurs pertinents, compétitifs, des futurs leaders sur leur secteur en accompagnement des startups.
37:31 Et d'ailleurs notre challenge, ce que je qualifierais de deuxième vague de startups qui sont les startups industrielles, ça va être de créer cette même dynamique, cette même visibilité,
37:40 de donner les moyens aux entrepreneurs qui se lancent, comme pour Cyperl, et qui prennent des risques, qui sortent de grands groupes comme STMicro qu'on connaît bien.
37:50 Ou Atos je crois aussi.
37:52 Et Atos, qui prennent le challenge de créer une nouvelle entreprise, de leur donner les moyens et de les environner par un écosystème qui est capable de maximiser leur chance de réussite.
38:03 Et ça, ça va être notre challenge. Le challenge, je pense qu'on l'a largement relevé sur les startups digitales, on continue. Là, il y a tout l'écosystème de startups industrielles qui est ce nouveau mouvement que l'on se doit d'accompagner.
38:12 Et les fonds aujourd'hui jouent le jeu selon vous ? Alors je ne parle pas du fonds BPI parce qu'on le retrouve partout derrière toutes les initiatives, mais les autres, les fonds privés ?
38:19 Non, pour la deep tech, l'industriel, ils ne sont pas là. C'est les Vici classiques, la fresh tech, ils ne peuvent pas. Ça va être des tickets 300, 500 000, 1 million. Dans notre cas, c'était des tickets minimum de 5 millions.
38:29 Quand vous êtes en early stage, c'est juste que ça ne passe pas. C'est pour ça qu'on est avec des corporate ou du public.
38:35 Et je peux rajouter qu'on partage cet enjeu-là. C'est d'ailleurs pour ça que nous-mêmes, en tant que BPI France, on investit largement sur les startups industrielles.
38:44 Et on a lancé aussi récemment le Fonds National de Venture Industriel, qui est en fait un fonds qui va lui-même investir dans des fonds privés, qui auront vocation à aller investir dans les startups industrielles.
38:55 Donc ça prend un peu plus de temps que notre action directe, je dirais, mais on est en train de s'atteler à créer un écosystème de fonds privés qui seront capables d'accompagner ces projets.
39:05 Merci beaucoup, Guillaume Mortelier de BPI France, été avec nous, Philippe Noton de CYPERL également.
39:10 On se retrouve pour la dernière chronique de Smartech. Elle s'appelle « Où va le web ? ».
39:15 Alors on parle des NFT avec Eva, avec cette erreur qui a coûté des centaines de milliers de dollars.
39:27 C'est l'histoire d'une erreur qui coûte très cher. Il y a quelques semaines, un utilisateur d'OpenSea a dépensé 100 ETH pour un NFT gratuit, pour vous donner une idée, 100 ETH équivalent au moment des faits à 191 000 dollars.
39:44 Tout commence début avril. OpenSea lance une collection de NFT gratuit pour fêter le lancement de la nouvelle version de son protocole.
39:52 Les internautes se jettent évidemment sur l'occasion, mais le 5 avril, un trader en achète accidentellement un pour 100 ETH sur le marché secondaire au lieu de 0,04 ETH.
40:05 Alors erreur ou pratique frauduleuse ? Pour certains internautes, le doute plane. Il pourrait s'agir de « wash trading », une pratique de manipulation fréquente qui permet de faire gonfler le volume de transactions.
40:18 Il suffit à l'utilisateur de mettre en vente un NFT à un prix très élevé et enfin de le racheter lui-même dans la foulée. Mais pour d'autres, il s'agit bel et bien d'une erreur de l'utilisateur.
40:29 Le trader aurait probablement voulu faire une enchaire à 100 dollars, mais a accidentellement misé 100 ETH. Quoi qu'il en soit, le trader se retrouve ici avec une perte sèche de presque 100 ETH
40:42 et a surtout peu de chance de pouvoir un jour revendre ce NFT à un prix aussi élevé. Alors un conseil, ne vous précipitez pas lorsque vous souhaitez acquérir un NFT. Une erreur de devise ou de virgule est vite arrivée.
40:56 Vous avez bien entendu le conseil. Soyons prudents avant d'investir dans l'NFT. Merci beaucoup Guillaume Mortelier, directeur exécutif en charge de l'accompagnement chez BPI France
41:07 et Philippe Noton, président fondateur de Cyperl, de m'avoir accompagné aujourd'hui dans Smartech. Merci à tous de nous suivre. On se retrouve dès demain.
41:14 Les discussions sur la tech continuent sur Bsmart avec Smartech.
41:17 [Musique]

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