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SMART IMPACT reçoit Anthony Babkine, cofondateur de Diversidays. Cet entrepreneur social, porteur de la flamme paralympique, explique comment son association lutte pour l’égalité des chances. Sa conviction : le numérique peut être l’ascenseur social du XXIe siècle.

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Transcription
00:00L'invité de Smart Impact, c'est Anthony Babkine, bonjour.
00:09Bonjour Thomas.
00:10Ça va bien et vous ?
00:11Pas mal.
00:12Heureux de vous accueillir de nouveau sur ce plateau, vous êtes le cofondateur, le
00:16délégué général de Diversidades, association créée en 2017 avec Moulira Hamdi, vous
00:22vous définissez comme un entrepreneur social, quel sens ça a pour vous ?
00:26C'est fondamental, ce n'est pas un petit mot à côté, c'est le mot qui structure
00:30la démarche.
00:31J'ai créé une association et pas une entreprise, la démarche est différente, ce n'était
00:36pas dans le but de m'enrichir, c'était plutôt dans le but d'aider, initialement
00:40et c'est toujours le cas d'ailleurs, et social parce que je pense qu'on est nombreux
00:45dans la génération 18-35 ans à considérer que cette question sociale est restée vachement
00:53en suspens, soit on l'a donné aux mains du politique, soit on l'a donné aux mains
00:56des associations, il n'y avait pas de corps intermédiaire qui créait ces ponts, donc
01:01immodestement j'ai envie de dire avec l'association, notre but c'est d'essayer de raccorder un
01:05peu des initiatives terrain, donc beaucoup d'entrepreneurs qu'on accompagne qui sont
01:10des acteurs de proximité et on essaye de les faire monter dans l'ascenseur en leur
01:15ouvrant des réseaux de dirigeants d'entreprise, des financeurs, des experts dans leur domaine,
01:21de l'intelligence artificielle au financement d'un projet, et donc voilà, notre but c'est
01:25de créer des ponts, donc social parce que le but in fine c'est évidemment de créer
01:29une nouvelle génération d'entrepreneurs, aider des gens à se reconvertir professionnellement
01:32mais surtout créer des ponts.
01:33Avec qui, pour qui ? Qui profite des services, de cette belle idée de diversité aujourd'hui ?
01:40Initialement avec Munira, on est des purs produits de banlieue, on a grandi tous les
01:43deux dans l'Essonne et avec des familles, on va dire, petite classe moyenne ou classe
01:47populaire et je pense que l'idée initiale c'était vraiment de se dire comment on peut
01:51aider des gens qui viennent d'en dehors du périph' globalement à prendre leur place
01:55dans les métiers de la tech, c'était l'idée initiale de diversité.
01:58Le numérique comme un levier ? Un ascenseur social, comment grâce à la compétence numérique
02:03on peut à un moment monter dans le navire et faire en sorte qu'avec des compétences
02:06clés, on devient assez déhisable, on peut choper un job plutôt bien payé, plutôt
02:10rémunérateur et sortir de sa condition initiale.
02:13Ça a fonctionné, 13 000 personnes ont été accompagnées via notre dispositif, il y en
02:18a plus de 40% qui ont repris la route des études rien que sur notre dispositif de reconversion
02:21pro mais en fait ce sujet de diversité on l'a étendu avec un grand S, j'aime bien
02:26parler des diversités aujourd'hui parce qu'on se rend compte que les freins à l'entrée
02:29ils peuvent être liés à l'âge, au niveau de diplôme, au lieu d'origine bien sûr,
02:33à la condition sociale parce que tiens je suis dans un environnement socio-professionnel
02:37où on ne me parle pas de ces métiers, typiquement moi je vis en ce moment en ruralité, mon
02:42copain et moi on vit en ruralité et je vois bien que les métiers de numérique on n'en
02:45parle absolument jamais.
02:46Donc s'il n'y a pas quelqu'un qui a un peu un…
02:47Oui, ce n'est pas que les banlieues, ça peut être rural et ça peut être des personnes
02:51en situation de handicap aussi.
02:52Exactement et aujourd'hui c'est plus de 15% de nos publics qui sont en situation
02:55de handicap visible ou invisible, ça peut être un handicap auditif, moteur, quelqu'un
03:02qui a un TDAH, voilà.
03:04Et donc c'est des gens à qui on va essayer d'apporter un maximum d'informations sur
03:08les métiers de la tech, du numérique, des perspectives professionnelles qu'ils peuvent
03:11avoir et tenter d'avoir un déclencheur positif, d'ailleurs j'en parle, le programme
03:15s'appelle Déclic numérique, il recommence dans quelques semaines donc c'est un programme
03:18gratuit.
03:19Donc 7 ans, c'est l'âge de raison, un petit bilan, est-ce que vous avez vu les…
03:22Je voudrais peut-être qu'on peut focusser un peu sur le handicap, on vient de boucler
03:26de magnifiques Jeux paralympiques, est-ce que vous avez vu sur ce thème-là les mentalités
03:30évoluer ?
03:31En fait je pense qu'il y a beaucoup d'auto-censure et en fait la réalité pour des publics demandeurs
03:38d'emploi mais en situation de handicap, je dis souvent le syndrome de l'imposteur
03:41il ne tombe pas tout seul.
03:42C'est parce qu'on vous fait comprendre à un moment que vous n'avez pas votre place
03:44légitime ou que vous tapez à la porte de l'entreprise, qu'elle ne s'ouvre pas,
03:48etc.
03:49qu'on finit par douter de son projet professionnel.
03:51Donc je pense qu'il y a beaucoup de programmes proactifs comme les nôtres qui ont ouvert
03:54le champ des possibles et surtout qui travaillent au changement des représentations et cette
03:58séquence qu'on vit en ce moment, elle est remarquable parce qu'on change les représentations.
04:02On voit quelqu'un qui est né peut-être sans bras, enfin on voit bien ce nageur paralympique
04:07brésilien qui a fait une performance absolument remarquable, à la base je pense que rien
04:13le prédestine à aller dans ce sport de haut niveau et pourtant il a la médaille d'or
04:17et en fait les gens sont ébahis, c'est-à-dire qu'on fait rêver à travers le handicap
04:23et on ne voit plus le handicap finalement.
04:24Et c'est une leçon qui vaut pour tous de dépassement de soi, de ne pas se mettre des
04:28barrières, etc.
04:29Et je le vois, nous on a un parrain de l'association qui s'appelle Arnaud Assoumani qui est né
04:34sans bras et il lui manque un bras et en fait il a une prothèse, il fait beaucoup
04:38de pédagogie là-dessus et donc c'est l'occasion de remettre en valeur et en lumière des gens
04:42qui ont des parcours un peu hors normes.
04:43Sauf que la réalité c'est que ce sont des athlètes paralympiques, ce sont des champions
04:48et puis il y a le quotidien avec des gens qui n'ont parfois pas le pédigré de tous
04:52ces gens-là et donc à qui il faut refaire de la proximité, remettre en confiance, montrer
04:57des dispositifs adaptés, travailler l'accessibilité et là c'est plus laborieux.
05:00Et côté entreprise, est-ce que le regard aussi a changé ?
05:05Je suis très timoré sur les évolutions.
05:08Parce que vous disiez, pardon je vais vous donner un chiffre, c'est 2018, ça ne concerne
05:12pas que les personnes en situation de handicap, c'est un chiffre général, 80 000 emplois
05:15non pourvus dans le numérique donc ça veut dire qu'il faut quand même, je ne sais pas
05:18si c'est toujours le même chiffre aujourd'hui, un peu changer d'état d'esprit dans les
05:23modes de recrutement.
05:24On va parler comme les recruteurs tech, mais il y a un mindset qui doit véritablement
05:28changer.
05:29Moi ça fait 4 ans que je travaille jour et nuit pour changer le mindset de la French
05:33Tech et je parle vraiment dans son ensemble, c'est-à-dire toutes les start-up françaises.
05:36Aujourd'hui les personnes en situation de handicap en France, le niveau minimum normalement
05:41d'une entreprise de plus de 20 salariés c'est 6%.
05:43Aujourd'hui sur le marché du travail on est à 3%, aujourd'hui dans le monde de la French
05:47Tech on est à 1%.
05:48Donc ça veut dire qu'un salarié sur 100 est en situation de handicap dans le monde
05:52de la French Tech, ce qui est tout à fait insuffisant et ça reviendrait à dire qu'il
05:55n'y a pas de gens compétents pour travailler dans la French Tech si on est en situation
05:58de handicap.
05:59Et ça vous prouvez que c'est faux.
06:00Je prouve quotidiennement que c'est faux parce qu'on a 15% de nos bénéficiaires
06:02qui vont vers ces métiers-là et qui trouvent trop souvent porte-close parce que les entreprises
06:06ne sont pas adaptées.
06:07Et pas seulement en termes d'accessibilité pour une personne PMR ou quoi que ce soit,
06:12mais je parle véritablement d'accessibilité sur tout, sur l'espace de travail, sur le
06:16temps de travail, sur même la capacité à insérer ou inclure des personnes avec des
06:23singularités fortes.
06:24Donc le regard est peut-être un peu en train de changer, il va falloir voir comment on
06:28transforme cet essai dans les mois qui viennent.
06:31Vous avez eu le bonheur de porter la flamme de ces Jeux paralympiques le 28 août dernier.
06:35Je crois que c'était pour représenter la ville où vous êtes né, c'est ça ?
06:38Oui, je suis un natif d'Evry-Courcouronnes et il y avait un symbole un peu sympa, c'était
06:42sur la place de la République et au-delà, déjà c'est un message très fort.
06:47On est très nombreux de la ville d'Evry à avoir du talent et je me range dans les
06:52petits talents parce qu'il y a des gens qui ont fait des choses extraordinaires.
06:55Je pense au chanteur Niska, je pense à This Is A Page, je pense aux gens qui ont fait
06:58la lucarne.
06:59C'est ce concept événementiel d'une lucarne mobile qui est devenue la fenêtre la plus
07:02connue d'Europe.
07:03Je pense à Paul Ley qui a fondé LaBelleVie.com, je pense à Ahmad de Bouscapé qui a créé
07:09le premier média rap R'n'B d'Europe.
07:11Je pense à plein de gens formidables et qu'on ne voit pas, qu'on n'entend pas suffisamment.
07:15C'est une manière aussi de redire que dans nos quartiers, dans nos banlieues, il y a
07:18des gens extrêmement talentueux et qu'on ne voit pas suffisamment dans des médias
07:22de grande écoute.
07:23Modestement, c'est de dire je prends de cette flamme mais dedans cette flamme, il y a énormément
07:28de gens auxquels je pense quand je fais ça et de gens qui ont soutenu aussi l'association
07:33Diversité.
07:34Et vous avez croisé Jackie Chan ce jour-là ?
07:35Alors je lui ai donné des cours de Kung-Fu.
07:37Je pense que vous avez mal regardé cette séquence, mais c'était incroyable.
07:42Le hasard a fait que je me suis retrouvé dans le même bus que lui et tout le monde
07:46a fait son selfie, etc.
07:47Et puis après, plus rien.
07:48Et donc je suis allé un peu le chercher, on a dansé ensemble, il m'a donné des petites
07:53techniques et tout.
07:54Donc il y a une séquence un peu drôle qui a tourné sur mes réseaux et c'était vraiment
07:58un moment un peu suspendu avec quelqu'un que tout le monde connaît et qui est un peu
08:02une star planétaire.
08:03C'était fun.
08:04Oui, j'imagine que ça doit être un beau souvenir classé assez haut dans votre armoire.
08:10Je reviens à l'essence de Diversité, vous défendez cette idée, on l'a bien compris
08:15en vous écoutant depuis quelques minutes, selon laquelle le numérique peut devenir
08:19l'ascenseur social du 21e siècle.
08:21Pourquoi le numérique ? Pourquoi le numérique a ce potentiel ?
08:25En vrai, je trouve que c'est une compétence qui est arrivée un peu vite.
08:27On parle de troisième révolution industrielle, toutes les entreprises ont été prises de
08:31cours sur les 10, 15, 20 dernières années par les transformations digitales, etc.
08:36Donc les entreprises ont été contraintes d'y aller.
08:38En revanche, sur la transition professionnelle, sur les reconversions professionnelles, on
08:43a été ambitieux.
08:44François Hollande avait créé la grande école du numérique, il y a eu des dispositifs
08:47aidés, il y a eu beaucoup de formations financées, mais au final, la deuxième partie de la population,
08:52qui est moins proche des grands centres urbains, etc., a été moins informée.
08:55Alors qu'on parle de 800 000 professionnels attendus sur ces métiers d'ici 2030, en France.
09:01Donc ça veut dire que si on ne capitalise pas sur la reconversion professionnelle, si
09:04on ne forme pas les gens, si on ne les informe pas sur la force ou le potentiel de l'intelligence
09:10artificielle dans leur démarche professionnelle, sur la capacité à reprendre au moins une
09:14remise à niveau en termes de compétences, sur des compétences essentielles, on met
09:18les gens en difficulté.
09:19Parce qu'il y a tout un tas de jobs qui vont disparaître, et c'est le sens de l'histoire,
09:22ce n'est pas moi qui le souhaite.
09:23C'est-à-dire qu'il y a une étude de Google et de l'Institut, mince, j'ai oublié leur
09:28nom, mais je vais le retrouver, une étude qui est sortie récemment sur les besoins
09:32en compétences et sur la transition, et en fait, on voit qu'il y a un certain nombre
09:35de métiers, c'est 6% des jobs qui vont disparaître.
09:37Faute de candidats ou de candidates pour...
09:40Non, parce que c'est le sens de l'histoire, elles vont s'automatiser.
09:44Donc on est dans une réinvention des métiers.
09:47Alors donc, on parle de quel métier ? Evidemment, c'est possiblement devenir codeur.
09:50Oui, oui.
09:51Parce que peut-être que d'ailleurs, le métier de codeur va se transformer aussi avec l'IA.
09:56Bien sûr, le no code, c'est un vrai sujet.
09:58Aujourd'hui, on peut faire un site internet sans avoir des compétences de base.
10:00C'est un site très...
10:01Pas très...
10:02Comment il l'appelle ?
10:03En revanche, ce qu'il faut se dire, c'est qu'il y a un enjeu très très fort côté
10:08compétences, de se dire il y a des jobs qui disparaissent, métier de comptable, le métier
10:13par exemple d'hôte de caisse, le métier...
10:16Enfin, il y a tout un tas même de métiers de l'industrie qui vont s'automatiser.
10:19En revanche, on va devoir interférer de plus en plus avec la machine.
10:22Donc, il va y avoir des gens qui devront avoir plus de compétences techniques.
10:25Et par ailleurs, on va avoir besoin...
10:27La famille des métiers du numérique, c'est là aussi où il y a de la démystification
10:30à faire.
10:31On parle de 800 métiers dans cette grande famille.
10:33Donc, vous pouvez être développeur, vous pouvez être UX designer, vous pouvez être
10:36community manager, vous pouvez être social media manager, vous pouvez être en charge
10:39de l'accessibilité d'un site.
10:40Donc, c'est ces métiers-là qu'il faut faire connaître au plus grand nombre.
10:43Et c'est vrai que quand on ouvre un peu le champ des possibles, les gens se disent
10:45« Pourquoi pas moi ? »
10:46Oui.
10:47Il y a beaucoup de...
10:48Il y a ce que Diversidades propose, mais beaucoup de lieux de formation finalement
10:52pour des gens qui n'ont pas forcément de bac, enfin qui se disent « Non, ce n'est
10:56pas pour moi, je n'ai pas y arrivé.
10:57»
10:58Quels conseils on peut donner ?
10:59Déjà, c'est de démystifier.
11:00Sans le bac, il y a des écoles accessibles dans les métiers de numérique.
11:03Je pense à Saint-Plonge, je pense évidemment à 42, je pense.
11:06Et d'ailleurs, c'est amusant parce qu'on revient à l'envie d'aller vers ces métiers,
11:10c'est-à-dire où la pétence.
11:12Et donc, on voit ce qu'ils appellent la piscine chez 42, c'est le premier socle, c'est-à-dire
11:15que si vous passez cette étape-là, après, c'est à vous de vous former et bienvenue
11:18dans la famille.
11:19Deuxième chose, c'est dans les métiers de la tech, on pense souvent aux métiers techniques
11:23alors qu'il y a des métiers qui sont beaucoup plus de chef de projet web, d'accompagner
11:27la transition d'un projet, etc.
11:30Et donc, on ne parle pas de toutes ces familles de métiers qui sont beaucoup moins les mains
11:34dans le code ou les mains dans le cambouis, et beaucoup plus dans l'accompagnement d'une
11:37transition numérique.
11:38Allez, 30 secondes.
11:39Vous avez un événement là...
11:40Qui arrive.
11:42Qui arrive.
11:43Vous nous en dites un mot.
11:44Il est dans 9 mois.
11:45Il va s'appeler Unique, au pluriel.
11:47Je ne vais pas révéler ni la date ni le lieu, mais ce qui est sûr, c'est qu'il nous manque
11:50notre grand rendez-vous de l'égalité des chances et de la lutte contre la discrimination
11:53en France.
11:54C'est un sujet, je fais toujours cet exercice dans les lieux dans lesquels j'interviens.
11:59Je dis souvent, mais est-ce que vous croyez à l'égalité des chances ? Je n'ai aucune
12:02main levée.
12:03Et je dis, en revanche, je pose la question différemment, je dis, est-ce que vous pensez
12:05qu'il y a des solutions d'égalité des chances qui peuvent aider les gens ? Et là, tout
12:07le monde lève la main.
12:08Donc, il y a un grand paradoxe chez les Français entre leur perception du sujet de l'égalité
12:13des chances et le fait qu'ils savent profondément qu'il y a des solutions utiles.
12:16Donc, ce sera le grand rendez-vous des solutions de l'égalité des chances et de ceux qui
12:20les accélèrent.
12:21Donc, rendez-vous premier semestre 2025 pour toutes les boîtes qui ont envie de s'engager
12:26sur ces sujets-là.
12:27Ça s'appellera Unique.
12:28Merci beaucoup Anthony Babkine et à bientôt sur BeSmart.
12:31On passe au Zoom de cette émission.
12:33Comment ne pas passer à côté des aides sociales ?

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