Retraites / IVG : de la crise sociale à la diversion

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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce jeudi, il s'intéresse à la diversion d'Emmanuel Macron sur l'inscription dans la Constitution de l'interruption volontaire de grossesse, en plein mouvement social contre la réforme des retraites.

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Transcript
00:00 - Elle est place à l'édito politique sur Europe avec Le Figaro. Bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:04 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 - Hier Emmanuel Macron, lors de l'hommage qu'il a rendu à Gisèle Halimi, a annoncé vouloir inscrire la liberté de recourir à l'avortement
00:13 dans la constitution française. Le président reprend ainsi à son compte une proposition de loi qui a été déposée en juillet à l'Assemblée par les Insoumis
00:20 et qui a été validée, amendée par le Sénat.
00:23 - Eh oui, c'est la mondialisation des émotions et des constitutions.
00:28 - La Cour suprême américaine a pris une décision en juin sur l'IVG et neuf mois plus tard, le président de la République française prend une décision contraire.
00:36 Alors le fait que l'avortement soit en débat aux États-Unis alors qu'en France aucun candidat à la présidentielle, ni aucun parti, ni aucun syndicat,
00:43 ni personne d'ailleurs ne le remet en cause, ne paraît pas compter.
00:47 La réalité sur ce genre de sujet ne compte plus. Ce qui compte c'est une surréalité symbolique dans laquelle on peut se contempler à peu de frais.
00:55 C'est la grande utilité du sociétal, c'est pratique, ça ne coûte rien et ça permet de prendre une place avantageuse sur la photo.
01:03 C'est d'ailleurs un grand mystère de la politique contemporaine, ce gouffre qui sépare l'impuissance publique de la frénésie anthropologique.
01:10 C'est Emmanuel Macron lui-même qui confie qu'en France il faut un projet de loi pour déplacer un verre sur la table, ce qui n'est pas faux.
01:17 Mais en revanche on légifère sur les mystères de la naissance et de la mort,
01:21 on peut redéfinir les règles ancestrales de la filiation et même décider par circulaire de changer de sexe.
01:26 Plus la politique publique est entravée et plus la politique de l'intime est débridée.
01:30 - Alors la politique est aussi faite de symboles, Vincent, ces décisions sont avant tout symboliques.
01:35 - Certes, mais les symboles sont à manier avec précaution.
01:38 Si on porte un regard politicien sur cette histoire, il est évident que le président joue sur du velours.
01:43 Il va convoquer le congrès, il a plus de chances de réunir une majorité des deux tiers sur ce thème qu'une majorité simple sur les retraites et l'immigration.
01:50 - Il vole à la gauche son idée, il embarrasse la droite et le RN.
01:53 - Très bien. Mais si on prend un peu de hauteur, on peut s'étonner de la méconnaissance par le magistrat suprême de notre droit.
01:59 Le Conseil constitutionnel considère déjà que la liberté d'interrompre sa grossesse
02:04 est une composante de la liberté de la femme découlant de l'article 2 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.
02:09 Ajoutons à cela que depuis 40 ans, le droit à l'avortement en France est sans arrêt élargi, favorisé et protégé.
02:15 Comme le dit le grand constitutionnaliste Jean-Éric Schottel, cette décision relève simplement de l'agite propre.
02:21 Et l'agite propre sur un sujet de cette gravité, sur un sujet qui, quoi qu'on en dise, divise encore les consciences, ce n'est franchement pas à la hauteur.
02:28 - Alors le chef de l'État a justifié son geste en disant qu'il est un signal envoyé à toutes les femmes et, je le cite, aux idéologies réactionnaires.
02:36 - Oui, cette logique de la France phare du progrès et de la liberté, c'est très sympathique.
02:40 Mais le rôle de la Constitution, c'est d'organiser les pouvoirs publics et de définir les fondements juridiques de la communauté nationale.
02:46 Le rôle de la Constitution, ce n'est pas de répondre au pro-life américain.
02:50 Si on pousse cette logique, on inscrit l'interdiction du voile islamique, en solidarité avec les femmes iraniennes,
02:55 ou la possibilité de changer de genre contre Viktor Orban, qui en Hongrie défend la différence des sexes.
03:00 Vous me direz, on n'en est pas loin, puisque Jean-Luc Mélenchon veut inscrire la liberté de changer de genre dans la Constitution.
03:05 Mais toutes ces diversions sociétales, pourtant, ne parviendront pas à dissimuler la réalité de l'affaissement de notre pays.
03:11 En France, on a des pénuries de nucléaire et de médicaments, des frontières poreuses, des rues dangereuses et des trains à l'arrêt.
03:18 On manque d'usines, d'armes et l'on est endetté jusqu'au cou.
03:21 Mais le politique, apparemment, est trop occupé à légiférer sur la condition humaine.
03:25 - La signature Vincent Trémolet de Villers, l'édito politique sur Europe, avec Le Figaro à la une de votre journal, Vincent.
03:32 Angoisse téléphonique ce matin, est-ce qu'il faut avoir peur du réseau social chinois TikTok ?
03:36 L'application est sur la sellette aux Etats-Unis et en Europe.
03:39 - Nous sommes le jeudi 9 mars.

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