Emmanuel Macron, festival de droite

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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce mardi, il s'intéresse à l'attitude d'Emmanuel Macron qui a recadré Elisabeth Borne en Conseil des ministres après ses propos sur le Rassemblement national.
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Transcript
00:00 7h, 9h, Dimitri Pavlenko.
00:03 L'édito politique sur Europe avec Lufie Garraud.
00:05 Bonjour Vincent Trémolet de Villers.
00:07 Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:10 Vincent, hier, au conseil des ministres, Emmanuel Macron a recadré Elisabeth Borne
00:14 qui avait qualifié le Rassemblement National dimanche de « parti pétenniste ».
00:18 Le président a aussi fustigé l'impôt climat.
00:20 Il n'a pas épargné non plus Justine Triette, la palme d'or au Festival de Cannes
00:24 qui dans son discours avait attaqué frontalement la réforme des retraites.
00:28 Je ne sais pas si c'est l'effet Roland Garros, mais le président de la République était sur toutes les balles.
00:33 À force de penser printemps, il en vient à penser à la droite.
00:36 Hier, au conseil des ministres, c'était une partie de « chamboule tout ».
00:39 Le président a d'abord reproché à Elisabeth Borne, sans la citer bien entendu,
00:43 d'être revenu à Vichy pour disqualifier le RN.
00:45 C'est une tactique des années 1990, lui a-t-il dit, avant d'ajouter,
00:49 qu'on ne combattait pas l'extrême droite par, je le cite, « des arguments moraux ».
00:53 L'antifascisme ne passera pas.
00:55 Jusqu'ici, c'était une formule de Philippe Muray, apparemment Emmanuel Macron l'a fait de sienne.
00:59 Sur l'ISF Climat, promu par l'économiste Pisani Ferry,
01:02 il a recommandé aux uns et aux autres d'éviter, je le cite encore,
01:06 de « tomber dans le piège à con du débat sur la fiscalité des riches ».
01:10 Alors là, c'était franc et direct, comme du Nicolas Sarkozy.
01:13 Enfin, il s'est offert une charge sur le cinéma subventionné,
01:16 en rappelant qu'un certain nombre de stars étaient logées à Cannes au frais de la princesse,
01:20 c'est-à-dire à nos frais.
01:21 Non, Dimitris n'était plus un conseil des ministres, c'était le Festival de droite.
01:25 - Quel enseignement politique peut-on tirer de ce virage à droite verbal du président de la République ?
01:30 - Ce plan idéologique, c'est difficile de conclure.
01:33 Depuis le premier jour, Emmanuel Macron a montré qu'il était capable d'épouser des discours opposés,
01:37 c'est-à-dire de faire l'éloge du puits du fou,
01:39 tout en expliquant qu'il n'y a pas de culture française.
01:41 La cohérence et le principe de non-contradiction sont absents de ces deux quinquennats.
01:46 Le macronisme, c'est surtout une pratique du verbe tous azimuts,
01:49 avec sans doute l'idée que les mots ont une force autoréalisatrice.
01:53 On l'a vu avec l'emploi tout à fait pertinent du mot "déscivilisation" il y a quelques jours.
01:57 Le constat est juste, mais il appelle des actes.
02:00 Et cela fait six ans que sur ce thème, les actes se font attendre.
02:03 Bien nommer les choses ne suffit pas à réduire les malheurs du monde.
02:06 - Bon, vous n'êtes pas convaincu visiblement que ce soit solide sur le plan idéologique,
02:10 mais enfin sur le plan politique.
02:11 Et quels enseignements peut-on tirer de ces saillies d'Emmanuel Macron ?
02:15 - Peut-être que le joli coup DLR sur l'immigration a fait mesurer au chef de l'État
02:19 que son seul véritable point d'appui à l'Assemblée est en train de s'éloigner.
02:22 Il parle donc à la droite, mais ce n'est pas la première fois et c'est à contre-temps.
02:26 C'est sans doute trop tard.
02:27 Mais l'enseignement le plus évident de cette histoire,
02:29 c'est la tension grandissante entre Emmanuel Macron et Elisabeth Borne.
02:34 Jusqu'ici c'était les conseillers du président qui se répandaient contre la première ministre.
02:38 Ils continuent de le faire.
02:39 Mais le président de la République ne s'interdit plus de la reprendre lui-même devant tout son gouvernement
02:45 et de le faire savoir.
02:46 Il n'a jamais fait ça avec Édouard Philippe et avec Jean Castex.
02:49 - C'est le signe qu'il va s'en séparer, vous pensez ?
02:52 - C'est le signe qu'il voudrait s'en séparer,
02:55 mais que le rapport de force politique l'empêche aujourd'hui de le faire.
02:58 Quand on a le pouvoir de trancher dans le vif,
03:00 on est tout sourire, on ne perd pas son temps à des remontrances publiques,
03:04 on décide et éventuellement on l'immoge.
03:07 Il veut donc remplacer Elisabeth Borne, mais par qui et pour quels bénéfices ?
03:12 Vous savez, on parle aussi, comme il y a un an, d'un grand remaniement des conseillers
03:16 à l'intérieur même de l'Elysée.
03:18 En fait, cela fait longtemps que le président voudrait tout changer,
03:22 mais la situation politique entrave sa volonté.
03:25 Les raisons profondes de sa faiblesse reviennent en boucle,
03:28 il ne peut pas se représenter et il n'a pas de majorité.
03:31 Elisabeth Borne n'est pas la cause de cette malédiction,
03:34 elle en est le symptôme et c'est pour cela que le président applique à son endroit
03:38 la célèbre formule des tontons-flingueurs,
03:40 je ne te dis pas que ce n'est pas injuste, je te dis que ça soulage.
03:43 - Merci Vincent Trébolet de Villers.

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