• il y a 4 mois

Tous les samedis et dimanches à 19h17, Pascal de la Tour du Pin reçoit un invité au cœur de l'actualité politique pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment. Ce soir, Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation réagit pour la première fois dans un média sur la vente de Rafale à la Serbie.
Retrouvez "Les invités d'Europe 1 Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-europe1-week-end

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Transcription
00:00On va continuer évidemment de parler d'actualité politique dans un instant, mais d'abord je vous le disais, exclusivité Europe 1.
00:06Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation, est mon invité après la vente de 12 Rafales à la Serbie.
00:11Contrat signé à l'occasion de la visite d'Emmanuel Macron,
00:14la Serbie qui devient le quatrième pays d'Europe à s'équiper de ses avions militaires, un contrat qui est aussi l'illustration
00:22de l'apaisement stratégique entre la France et la Serbie qui reste, on le rappelle, l'un des derniers allées de Moscou en Europe.
00:29Bonsoir Eric Trappier.
00:30Bonsoir.
00:31Merci d'être avec nous, on a vraiment hâte et qu'on voudrait savoir, et les auditeurs d'Europe 1 se posent évidemment la question après ce succès,
00:39parce que c'est un succès, cette vente de 12 Rafales, le succès de Dassault, c'est aussi le succès de la France, si je puis me permettre,
00:47le rayonnement de la France à l'étranger à travers vos succès.
00:51Eric Trappier, est-ce que vous pouvez nous raconter, et raconter aux auditeurs d'Europe 1, les coulisses de la signature de ce contrat ?
00:59Écoutez, comme tout signature de contrat, il faut remonter à sa genèse, et la genèse c'est la volonté de deux pays,
01:06la volonté de deux présidents, notre président et celui de la Serbie, de vouloir amorcer un rapprochement stratégique dans la conférence,
01:17et je dirais que c'est de là, de ce travail entre les deux présidents, de cette volonté entre les deux présidents,
01:25qu'il y a eu cette volonté de travailler à essayer d'acheter le Rafale.
01:32Donc depuis, Dassault, bien sûr, a répondu tout à fait présent dans ce contexte stratégique et politique,
01:41et nous avons instruit un dossier depuis quelques années pour arriver, je dirais, dans ces dernières minutes, à finaliser une négociation,
01:51c'est un contrat commercial, et qui bien sûr, je le dis, est un vrai rapprochement aussi stratégique de la Serbie avec la France,
02:00et de cette volonté des deux présidents, donc c'est une vraie réussite pour nous Dassault,
02:04mais c'est aussi et surtout une vraie réussite de la politique de la France.
02:09Une vraie réussite de la politique de la France, vous participez aussi à cette réussite, vous disiez, il a fallu des années,
02:17des années pour conclure ce contrat, on parle d'un contrat qui tournerait autour de 3 milliards d'euros,
02:24est-ce que ce chiffre est crédible, Éric Trappier ?
02:28Oui, c'est un contrat qui a été, le chiffre a été donné hier, de 2,7 milliards à peu près d'euros,
02:37pour des avions qui seront livrés en 2028 et en 2029, et donc c'est un tout à fait crédible comme chiffre, et tout à fait réel.
02:48Vous avez 507 Rafales qui ont été vendues, commandées, c'est un véritable succès de cet avion militaire qui a été lancé en 86,
02:56et qui a mis un peu de temps à rencontrer le succès qu'il a aujourd'hui,
03:01est-ce que votre carnet de commandes qui est plein va vous permettre de livrer en temps et en heure vos clients ?
03:09Je reviens sur ce succès, comme je le dis régulièrement, c'est un vrai moment Rafale qui dure,
03:16parce que l'avion est un bon avion, il a été bien conçu par nos équipes techniques, opérationnelles,
03:22avec le ministère de la Défense français, les aviateurs de l'armée de l'air, de l'armée nationale,
03:29et c'est cette réussite technique qui est saluée, mais c'est aussi une réussite de la France
03:35qui poursuit cette longue tradition de se rapprocher d'un certain nombre de pays,
03:41vous pouvez voir les réussites du Rafale, d'abord en Europe, mais surtout dans les Balkans,
03:46parce qu'il faut noter qu'à service d'un pays clé dans ce contexte de Balkans,
03:50de stabilisation et de volonté de stabilisation de cette région que le Président a souhaitée,
03:57et ensuite on est en Grèce, on est en Égypte, on est, je vais le rappeler, au Qatar, aux Émirats,
04:05et puis bien sûr l'Asie, l'Inde et l'Indonésie,
04:09donc on voit bien que c'est une ligne stratégique pour la politique française.
04:15Donc c'est cette réussite qui nous amène finalement à une réussite aussi en nombre,
04:20507 avions commandés, on va bientôt dépasser le succès du Mirage 2000,
04:26donc c'est pour un avion qui ne se vendait pas.
04:29Vous vous rappelez que pendant des années on a eu à subir...
04:32Mais bien sûr il a mis du temps à séduire les armées du monde le Rafale,
04:35mais aujourd'hui quel succès Éric Trappier, quel succès !
04:38Le F-35 américain n'a qu'à bien se tenir !
04:42Il faut qu'on soit patient, la patience paye,
04:45à partir du moment où on a un bon avion,
04:47qu'on est en bonne symbiose entre la volonté stratégique de la France
04:51et cette réussite opérationnelle et technique,
04:54je crois qu'on en tire les fruits.
04:57Comment vous allez réussir justement à livrer vos clients en temps et en heure,
05:01parce que votre carnet de commandes est énorme !
05:04Vous allez embaucher, comment vous allez faire,
05:06comment vous travaillez avec les sous-traitants ?
05:08Nous embauchons, l'avantage de négocier sur de longues années,
05:12c'est qu'on anticipe les réussites,
05:14alors ça ne marche pas toujours,
05:16mais honnêtement en ce moment on anticipe plutôt les réussites.
05:19Donc la réussite de ce contrat de 12 avions était d'une certaine manière anticipée,
05:23donc on l'inclut dans notre programmation.
05:27On a des difficultés, je ne cache pas, je l'ai dit à nos résultats,
05:32beaucoup de difficultés, surtout avec nos sous-traitants,
05:35qui sont toujours dans le post-Covid avec des problématiques d'embauche,
05:39des problématiques ce qui est paradoxal,
05:41dans un pays où il y a encore 7,5% de chômage,
05:44il faut donc qu'on poursuive cet effort d'embauche.
05:47Moi j'embauche 2 000 personnes cette année.
05:492 000 personnes embauchées chez Dassault ?
05:52Pour une société qui fait 13 000 personnes, donc c'est beaucoup,
05:55et vous voyez nos sous-traitants vont faire pareil,
05:57donc effectivement on est à la course à l'emploi.
06:03Un emploi qualifié, ce qui nécessite d'ailleurs
06:05qu'il y ait des formations adéquates pour arriver à faire.
06:09Donc le sujet de la formation, le sujet de l'apprentissage
06:13sont des sujets absolument fondamentaux pour arriver à relever ce défi de la réussite.
06:18Mais ce sont des bons problèmes,
06:21je pense que c'est un sujet où on va pouvoir continuer à gagner la bataille de l'emploi.
06:26Je pense que ça c'est fondamental pour un pays.
06:28Je rappelle que quand on est compétitif et qu'on gagne des contrats,
06:32on fait vivre l'économie.
06:33On paie nos impôts, on les paie en France,
06:35on paie nos charges sociales,
06:37nos salariés paient leurs charges sociales,
06:38nos salariés dépensent dans les territoires où ils sont.
06:40Bref, c'est que du bleu, j'aime bien le rappeler
06:42parce que de temps en temps on pourra l'oublier.
06:44Non, non, c'est très important, c'est très important de le rappeler,
06:46vous avez raison.
06:47En juillet dernier vous parliez justement de l'annonce des résultats,
06:49c'est à ce moment-là que vous avez pris la parole.
06:51Vous évoquiez aussi des discussions avec plusieurs prospects,
06:54sans citer de pays en particulier.
06:56Est-ce que pour les auditeurs d'Europe 1,
06:57vous pourriez nous donner une piste ?
06:58Parce que j'imagine, et vous l'avez dit,
07:00vous négociez des contrats sur des années.
07:02Est-ce que vous avez d'autres discussions peut-être engagées
07:04ou qui seraient plus abouties ?
07:06Non, je ne suis pas très bidaire ni bavard,
07:09je ne vais pas faire commenter.
07:11J'ai tenté, c'est normal.
07:12J'avais dit qu'il y aurait un contrat avant la fin de l'année,
07:16sans garantie bien sûr.
07:18Je pense qu'on peut en attendre un autre avant la fin de l'année.
07:21Un autre contrat avant la fin de l'année ?
07:23Voilà, je l'espère.
07:25Vous l'espérez, donc un autre contrat,
07:27il s'apporterait à peu près sur combien d'avions militaires ?
07:30Ah ça je ne vous dirai pas.
07:31Ah vous ne me direz même pas ça, zut !
07:33Non, parce qu'on ne sait jamais.
07:35Oui, vous avez raison, on ne sait jamais.
07:37Mais un autre contrat pour Dassault, d'ici la fin de l'année ?
07:39Je garde à vous parler quand des choses se font.
07:42Oui, bien sûr, j'entends bien.
07:44Mais on a un vrai challenge, pour en revenir,
07:46on a un vrai challenge effectivement de fabrication maintenant,
07:48avec nos sous-traitants.
07:50C'est ça qui est très important dans notre pays,
07:52c'est d'être soutenu dans cette politique de l'Ox,
07:55soutenu dans la politique de formation, de l'éducation.
07:59Il faut continuer dans cette voie pour gagner cette bataille de l'emploi,
08:02et de l'emploi qualifié.
08:04Parce que l'emploi qualifié, ça veut dire que vous avez du pouvoir d'achat.
08:07Vous êtes en entreprise industrielle,
08:09je ne vais pas dire bien payée,
08:11certains pourraient dire que ce n'est pas assez,
08:13ce n'est jamais assez.
08:14Ils ont un salaire régulier,
08:16on partage la valeur avec l'intéressement
08:18et la participation si chères
08:20au cœur de Marcel Dassault
08:22et de ses héritiers.
08:24Et donc quelque part,
08:26c'est quand même cette réussite,
08:28cette tradition de réussite
08:30qui permet à un pays
08:32de fonctionner
08:34et de bien fonctionner.
08:36Ça améliorera le pouvoir d'achat de ceux qui travaillent
08:38dans nos sociétés industrielles,
08:40et en particulier celles de l'aéroport.
08:42Une dernière chose Éric Trappier,
08:44je voudrais avoir aussi
08:46votre regard
08:48sur la situation mondiale,
08:50les situations de tensions
08:52que l'on voit évidemment aux frontières de l'Europe,
08:54au Moyen-Orient et ailleurs.
08:56Est-ce que la vente de ces rafales
08:58et le succès du rafale, ce n'est pas aussi l'illustration
09:00d'un monde qui va mal ?
09:02Les tensions internationales, comment vous les analysez ?
09:04Je crois qu'effectivement
09:06le monde change
09:08assez rapidement.
09:10Vous avez
09:12une évolution réelle
09:14dans les tensions.
09:16Les tensions géographiques reviennent
09:18et on ne peut pas s'en réjouir.
09:20Si vous voyez la guerre en Ukraine, nous n'en tirons aucun profit.
09:22Nous ne vendons pas aux pays
09:24menacés en Europe.
09:26Mais par contre,
09:28nous vendons à des pays qui ont
09:30envie de se rapprocher de cette
09:32stratégie française
09:34originale qui
09:36bien sûr est arrivée au sein de l'Europe,
09:38dans l'Union Européenne, mais qui a aussi
09:40sa spécificité stratégique,
09:42historique, d'aller vers
09:44d'autres pays, d'autres continents.
09:46Quand on travaille avec l'Indonésie, c'est loin.
09:48Mais ça résonne
09:50dans ces pays, cette volonté de travailler ensemble.
09:52Donc oui,
09:54le monde est instable,
09:56de plus en plus. Il ne va pas falloir
09:58baisser la garde sur les
10:00budgets de la Défense, sur
10:02cette réalité et trouver
10:04une nouvelle forme
10:06d'allié, de partenariat
10:08pour arriver justement à apaiser ces tensions.
10:10Merci beaucoup Eric Trappier
10:12d'avoir répondu en exclusivité
10:14sur Europe 1,
10:16à cette vente, ce succès
10:18que nous partageons de douze rafales
10:20à la Serbie. Vous nous dites qu'un
10:22autre contrat sera
10:24certainement signé d'ici
10:26la fin de l'année. Merci beaucoup.
10:28J'ai bon espoir, merci.
10:30Vous avez bon espoir. Merci beaucoup Eric Trappier et nous aussi.
10:32Merci. A bientôt. Au revoir.

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