Tous les vendredis, samedis et dimanches à 19h17, Pascale de La Tour du Pin reçoit un invité au cœur de l'actualité politique pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment.
Retrouvez "Les invités d'Europe 1 Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-europe1-week-end
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00:00Comment en finir avec ces refus d'obtempérer ?
00:05Comment réinstaurer l'autorité, la justice ?
00:08Ne fait-elle pas son travail ?
00:10Ce sont des questions que l'on se pose évidemment ce soir,
00:14ces refus d'obtempérer qui malheureusement font l'actualité.
00:17Évidemment la mort de ce gendarme, victime de ce type d'acte lundi,
00:22cette petite fille qui est entre la vie et la mort,
00:24après avoir été renversée par un deux-roues.
00:29Évidemment on va en parler, on a très envie d'entendre Georges Fenech et Rachel Kahn qui sont dans ce studio.
00:33Mais d'abord Aurélie Laroussi, vous êtes présidente de l'association Femmes des Forces de l'Ordre en Colère
00:38et auteure de l'ouvrage Putaflic, l'enfer quotidien des familles des forces de l'ordre.
00:44Je voudrais peut-être vous entendre. Bonsoir Aurélie Laroussi.
00:47Bonsoir.
00:48Je voudrais peut-être vous entendre d'abord sur les mots qui ont été prononcés par la veuve d'Eric Comine,
00:52ce gendarme tué à Mougins lors d'un refus d'obtempérer
00:56et qui estime que la France a tué son mari par son laxisme judiciaire.
01:03Je l'affirme haut et fort, la France a tué mon mari.
01:08La France a tué mon mari, le père de mes enfants.
01:14La France a tué mon mari par son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance.
01:20La France a tué mon mari.
01:23La France a tué mon mari. Ces mots sont très forts.
01:26Évidemment on a tous été bouleversés par les mots de la veuve d'Eric Comine, Aurélie Laroussi.
01:32Qu'est-ce que ça a déclenché chez vous ces mots très forts ?
01:38Déjà on s'est toutes retrouvées, je m'entends heureusement.
01:44Je n'ai pas que des veuves et je pense qu'il n'y a que le vivant malheureusement qu'on peut le comprendre.
01:52Ces mots sont tellement forts qu'on ne peut être que solidaire, qu'approuver la totalité de ce qu'elle a dit.
02:01Le laxisme judiciaire, l'incompétence, tout est vrai dans ce qu'elle a dit.
02:07Elle a dit ça avec une force et un courage qui nous a toutes laissées sans voix.
02:16Elle a tout dit, avec justesse, avec calme.
02:23On a été vraiment un petit peu ébahis, on parle beaucoup depuis des années dans les médias,
02:30mais ce terme-là, la France a tué mon mari, on n'aurait pas fait mieux.
02:35J'aurais pas fait mieux. Tout est dit.
02:41Aurélie Laroussi, vous restez évidemment avec nous parce que je voudrais bien entendre Georges Fenech.
02:45Évidemment je me tourne vers vous, pardon Rachen, mais vous êtes ancien juge d'instruction.
02:50La France a tué mon mari par son laxisme judiciaire.
02:53La justice est pointée du doigt, on l'a également entendu dans le journal, on a le sentiment.
02:59Est-ce la réalité ? Je vous pose la question Aurélie Laroussi, vous êtes avec nous.
03:04Est-ce que la justice n'applique pas la loi assez fort ?
03:09Est-ce qu'on n'a pas assez de levier pour faire respecter la voie et sanctionner ces auteurs ?
03:14Dans ce cas précis du gendarme commune, on voit bien qu'en réalité l'individu avait déjà été condamné à dix reprises
03:21pour des faits de violences routières caractérisés.
03:25Il n'a jamais fait un jour de prison, il a eu un petit bracelet électronique pendant un certain temps.
03:29Donc on voit bien qu'il y a un manque de fermeté, effectivement, de la justice.
03:33Vous l'expliquez comment, vous qui avez été dans les rouages de la justice ?
03:36Parce que ce sont des comportements criminels, véritablement.
03:40D'ailleurs, la qualification c'est homicide, c'est un meurtre, un homicide volontaire, avec arme par destination, qui est un véhicule.
03:47Il faut bien faire cette distinction entre les accidents de la route, la mortalité routière, il y a plus de 3 000 morts par an en France,
03:54qu'on a fait baisser, moi je me souviens des années 70, on avait 16 000 morts par an,
03:58et puis la répression, le radar, les permis à point, etc.
04:01Aujourd'hui, on a divisé par 4 le nombre.
04:04Là, maintenant, on est dans autre chose, on n'est pas uniquement dans la conduite maladroite, l'excès de vitesse, on est dans autre chose.
04:11Quand un jeune prend une moto, fait du rodéo, il a un comportement dangereux, on a des exemples tous en mémoire,
04:17on se souvient des rodéos même dans des surfaces commerciales, on défie l'autorité, sur la place Bellecour à Lyon,
04:23on défie l'autorité, et des accidents se produisent.
04:26Ce n'est pas un accident accidentel, si je puis dire, c'est un accident qui a été provoqué par un comportement.
04:32Et on se souvient tous du cri aussi de Yannick Allénaud, mort de son fils par un jeune qui avait volé une voiture,
04:38qui était sous l'emprise de stupéfiants, qui avait déjà été condamné, qui attendait d'être jugé, lenteur de la justice.
04:43Là, on est dans un comportement de nature un peu plus criminel, voyez-vous,
04:47et donc c'est là qu'on se sent vraiment en compassion totale avec cette femme de gendarme.
04:55Avec toutes celles aussi et d'autres qui ont vécu cela,
04:59parce qu'il y a une défaillance, on peut le dire, des pouvoirs publics et de la justice
05:05qui n'est pas suffisamment dissuasive pour ce genre de comportement,
05:09même si, j'en termine par là, même si on a créé un délit spécifique de refus de tempérer,
05:14même si on a créé des brigades spécialisées, même si de temps en temps, heureusement,
05:18il y a des peines faines qui sont prononcées, il y a encore vraiment un vaste chantier à mener.
05:24Aurélie Laroussi, vous êtes toujours avec nous.
05:27Évidemment, j'imagine que vous partagez peut-être ce que dit Georges Fenech.
05:31Est-ce que vous êtes présidente de cette association Femmes des Forces de l'Ordre en colère ?
05:37Je voudrais que vous témoignez aussi par ce que vous avez vécu,
05:42ce que vivent ces femmes qui sont autour de vous.
05:44Est-ce que c'est une angoisse quotidienne de savoir que vos époux, vos conjoints, vos compagnons
05:51vont sur le terrain avec ce risque et qu'aujourd'hui, on a le sentiment que l'autorité est bafouée
05:56et que les auteurs terribles qui commettent ces faits terribles n'ont plus de respect pour l'autorité
06:04et de faits pour vos maris ou vos conjoints ?
06:07Je vais déjà commencer par vous donner un exemple très concret.
06:12J'ai une de mes membres qui est malheureusement meuve d'un policier qui est mort suite à un refus de tempérer.
06:19Donc on est tout à fait dans le même cas que M. Coman et ça a été jugé.
06:25Donc en fait, ce qui a été retenu, c'est déjà agression volontaire.
06:30Déjà ça, ce n'est pas possible pour nous.
06:32Agression volontaire.
06:34Il y a quand même une grosse différence entre un meurtre, il me semble, et une agression.
06:40Le mari décédé de ma membre, je ne peux pas les citer parce qu'elle a fait appel,
06:46il y a encore une instruction en cours et elle ne veut vraiment pas que son nom soit donné.
06:51Je vais le respecter.
06:52Mais en fait, il faut savoir que l'assassin, le chauffard, appelez ça comme vous voulez,
06:58vous savez ce qu'il a pris au tribunal ?
07:01Il a pris 12 ans.
07:03Il a seulement pris 12 ans.
07:06Et comme Mme Coman l'a bien dit, et elle a entièrement raison,
07:09avec les aménagements de peine, sous bonne conduite,
07:13parce que cet individu aura été sympa, il va ressortir dans 8 ans.
07:18Il va faire 8 ans au final.
07:21Et on a des orphelins.
07:24Et ça, ces qualifications-là, on ne peut plus, on ne les supporte plus,
07:28on ne veut plus les entendre.
07:30Ce n'est pas possible, ce n'est plus possible.
07:32Il faut aujourd'hui que ce soit réellement qualifié comme tel,
07:36que la peine soit maximale.
07:40C'est-à-dire qu'on a un code pénal, attention,
07:42on ne demande même pas de changer le code pénal,
07:44on ne demande même pas de revenir là-dessus.
07:46C'est-à-dire qu'aujourd'hui, pour tel crime, pour tel délit,
07:49le code pénal s'étend.
07:51En fait, vous avez toujours dans les procès
07:53entre la peine encourue et la peine prononcée.
07:57Mais il y a un écart entre ces deux.
07:59Ce n'est plus possible.
08:01Et aujourd'hui, tout le monde sait très bien
08:03que renverser un flic, renverser un gendarme,
08:06ça ne coûte pas cher dans ce pays.
08:08Alors, allons-y gaiement, quel est le risque ?
08:10Franchement, quel est le risque ?
08:12Si peu que, heureusement, évidemment,
08:15heureusement, le policier ou le gendarme ne décèdent pas.
08:18Donc, c'est encore moins, en fait.
08:20Parce que, comme une certaine partie de la gauche,
08:25c'est le risque du métier, c'est un accident du travail.
08:28Ça, effectivement, c'est l'humanité
08:30qui a publié effectivement sur X.
08:32Ce sont les pères de nos enfants, les mères,
08:34parce qu'il y a quand même des femmes aussi.
08:36Et on ne peut pas entendre ça.
08:38Ce n'est plus possible, nous, de voir partir nos maris,
08:40nos femmes le matin, en se disant...
08:42Comme tous les couples, parce qu'on est quand même...
08:44Les forces de l'ordre sont des couples,
08:47comme tout le monde, clairement.
08:50C'est le bisou avant de partir,
08:52bisou papa, bisou maman, à ce soir.
08:55Mais nous, c'est quotidien maintenant.
08:58Il y a quelques années, on n'avait pas cette peur quotidienne.
09:00Là, je dirais que c'est tous les jours,
09:02tous les jours, on se demande.
09:04L'angoisse quotidienne.
09:06Papa ou maman va rentrer ce soir.
09:08L'angoisse quotidienne, Aurélie Laroussi,
09:11c'est très fort, effectivement.
09:13On partage, on imagine.
09:15On imagine, évidemment, ce que vous pouvez ressentir.
09:19Vous citiez la gauche.
09:21C'est vrai que l'humanité, Rachel Kahn a publié sur X
09:23un post pour évoquer ce drame de Mougin
09:27et a évoqué un accident du travail,
09:30qui ressent les accidents du travail en France.
09:32C'est vrai que cette publication,
09:36j'imagine, Aurélie Laroussi,
09:38je vous entendrai, évidemment, là-dessus,
09:40tout à l'heure,
09:42comment peut-elle être perçue ?
09:44C'est-à-dire qu'effectivement, en France,
09:46il y a des femmes qui peuvent perdre leur mari.
09:48Il y a la liberté de la presse.
09:50On ne leur met évidemment pas en question.
09:52Il ne s'agit pas de ça.
09:54Bien sûr, il y a la liberté de la presse.
09:56Après, il y a la liberté de tout un chacun.
09:58On ne peut pas avoir comme titre
10:00l'humanité quand on fait un titre
10:02comme celui-là.
10:04C'est un titre d'inhumanité profondément.
10:06Après, moi, j'aimerais avoir vraiment
10:08une pensée pour cette veuve
10:10et aussi pour la famille
10:12de cet enfant
10:14entre la vie et la mort.
10:16Nous sommes tous orphelins.
10:18Lorsqu'il y a un agent
10:20des forces de l'ordre
10:22ou un agent du maintien de la paix
10:24qui meurt,
10:26nous sommes tous orphelins.
10:28C'est la République qui est orpheline dans ces cas-là.
10:30Cette personne-là était là pour nous protéger.
10:32Cet enfant,
10:34c'est l'innocence incarnée.
10:36D'un côté, vous avez la paix. De l'autre, l'innocence.
10:38On est tous bouleversés
10:40en tant que citoyens parce qu'on fait un
10:42et on fait corps par rapport à ça.
10:44Forcément, le titre de l'humanité est intolérable.
10:46Concernant le droit,
10:48concernant la loi,
10:50j'ai le sentiment
10:52que
10:54l'état de droit est en crise,
10:56que l'état du droit
10:58est en crise.
11:00Parce qu'en réalité,
11:02il y a une véritable
11:04guerre qui est menée contre la loi,
11:06une guerre qui est menée contre le droit
11:08et une guerre qui est menée contre
11:10nos humanités.
11:12Comment expliquez-vous aujourd'hui,
11:14Aurélie Laroussi l'évoquait
11:16tout à l'heure,
11:18les délinquants n'ont plus peur.
11:20Les refus d'obtempérer,
11:22on vous dit de vous arrêter,
11:24vous ne vous arrêtez pas, il n'y a plus cette peur
11:26du policier.
11:28Comment on en est arrivé là ?
11:30Il y a plusieurs raisons.
11:32D'abord, une crise de l'autorité,
11:34une envie
11:36de défier la loi,
11:38donc cette guerre contre la loi,
11:40et puis aussi un dogme
11:42et une idéologie qui est présente
11:44lorsque certains partis politiques
11:46n'arrêtent pas de vous dire que la police
11:48tue des partis politiques
11:50qui sont en guerre contre la République,
11:52contre les institutions, contre la loi,
11:54en fait, en guerre contre
11:56tout ce qui fait la France, forcément il y a
11:58cette défiance, et puis évidemment les réseaux sociaux.
12:00Lorsque ces délinquants, ces criminels
12:02sont valorisés sur les réseaux sociaux,
12:04et bien ils s'en donnent à cœur joie, c'est abominable.
12:06Comment restaurer l'autorité, Georges Fenech ?
12:08Oui, je vais répondre, et en même temps
12:10je rebondis aussi sur ce qu'a dit Mme Comine
12:12à savoir, 1980
12:14n'aurait jamais dû exister.
12:16Elle fait référence à un point de bascule
12:18effectivement, puisque en 1980
12:20arrive la gauche au pouvoir
12:22et surtout ses
12:24correspondants, c'est-à-dire ce syndicat
12:26de la magistrature qui existe depuis 1968
12:28et qui prend le pouvoir,
12:30et qui dit à ce moment-là que
12:32la prison c'est très très mauvais, qu'il faut
12:34l'éviter à tout prix, et qu'il faut
12:36donc plutôt privilégier et faire
12:38tout pour la prévention en oubliant la répression.
12:40Et donc il y a un sentiment d'impunité,
12:42plus qu'un sentiment, il y a une impunité qui s'est installée
12:44dans le pays depuis 40 ans,
12:46je crois que ça ne date pas d'aujourd'hui, qui fait qu'aujourd'hui
12:48vous posez la question à Rachel tout à l'heure,
12:50pourquoi ces jeunes font des refus
12:52d'obtenir un PMA ?
12:54La prison, qu'est-ce que ça évoque pour eux ?
12:56Ils savent que quand ils arrivent en prison, de toute façon il va y avoir
12:58un système d'aménagement de peine
13:00d'extrême largesse, et puis
13:02ils auront leur joint, comme d'habitude,
13:04puisque la drogue circule en prison, ils auront leur portable
13:06comme d'habitude, puisqu'on saisit
13:08bonhomme malin 50 000 portables par an,
13:10etc. etc. Comment veux-tu,
13:12comment voulez-vous, pardon, qu'il y ait
13:14que la récidive,
13:16qu'on puisse lutter contre la récidive
13:18face à des jeunes qui n'ont plus peur de la prison,
13:20parce que ça ne fait plus peur ?
13:22On va en reparler, on va continuer d'en parler.
13:24Aurélie Laroussi, présidente de l'association
13:26Femmes des Forces de l'Ordre en Colère,
13:28vous restez avec nous, Europe 1,
13:30il est 19h30.
13:32Europe 1, soir, week-end,
13:3419h21, Pascal Vellatorre Dupin.
13:38Comment finir avec ces refus
13:40d'obtempérer, comment rétablir
13:42aussi l'autorité ?
13:44Nous sommes en train d'en parler.
13:46Depuis 19h15,