«Je donne au gouvernement Barnier pas plus de 3 mois», déclare Karim Bouamrane

  • il y a 10 heures

Tous les vendredis, samedis et dimanches à 19h17, Pascale de la Tour du Pin reçoit un invité au cœur de l'actualité politique pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment.
Retrouvez "Les invités d'Europe 1 Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-europe1-week-end

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Transcription
00:00Europe 1 Soir Week-end. 19h21, Pascal Delatorre Dupin.
00:04Il est 19h16 sur Europe 1, Karim Bouamran, maire PS de Saint-Ouen, est avec nous dans ce studio.
00:10Vous venez de lancer votre mouvement La France Humaine et Forte.
00:13Merci d'être là. Bonsoir Karim Bouamran.
00:16Bonsoir, merci pour l'invitation.
00:17Alors, pour le grand public qui fait votre connaissance, d'abord, je le disais tout à l'heure,
00:22on a beaucoup entendu parler de vous cet été.
00:25Ben oui, parce que votre nom a circulé après la dissolution pour Matignon.
00:29On s'attendait à ce que vous soyez un petit peu le candidat du NFP, puis finalement, ça n'a pas été le cas.
00:34Ça n'a pas été un petit peu dur. Pourquoi ça ne s'est pas fait ?
00:37Ça ne s'est pas fait parce que le NFP avait déjà un candidat qui s'appelle Lucie Castet.
00:43Et la position du NFP, c'était notre seul et unique candidat sur cette séquence-là est Lucie Castet.
00:51Par conséquent, la proposition, ou du moins le choix, l'option, que ce soit Bernard Cazeneuve ou la mienne,
00:57n'aurait pas été validée par le Nouveau Front Populaire.
01:01Ce qui a du coup réduit à néant la possibilité.
01:07C'était un peu dur pour vous peut-être, non ? Vous l'avez pris comment ?
01:09Bien, bien, regardez, je suis là.
01:11Vous êtes là avec un nouveau projet.
01:13Pascal de la Tour du Pain, Super Europe 1. Non, non, c'était pas un projet individuel.
01:17Si c'était un projet individuel, j'aurais pu négocier quelque chose après avec Barnier et ça aurait été une compromission de ma part.
01:25Ou si jamais ça avait été un projet individuel, j'aurais dit d'emblée, je suis candidat même si le NFP ne me soutient pas.
01:30Mais ce n'était pas du tout ça. J'ai toujours été discipliné, j'ai toujours été de gauche.
01:34Et comme je le disais, je n'étais pas candidat au poste de Premier ministre.
01:37Mon nom était une option très sérieuse par le Président de la République.
01:40Et maintenant, la question, c'est comment on prépare la suite ?
01:44Alors justement, la suite, vous y pensez déjà, Karim Bouamrane, puisque vous venez de lancer votre mouvement La France Humaine et Forte.
01:50Vous me disiez 4 000 personnes qui étaient réunies.
01:52Une tribune Boer plein.
01:54L'objectif, c'est quoi ? C'est la présidentielle ? On se dit les choses ?
01:56L'objectif, c'est de faire en sorte que la gauche gagne la présidentielle en 2027.
01:59Mais vous, peut-être. Est-ce que vous serez candidat ?
02:01Vous y pensez ? Vous avez le droit d'y penser ?
02:03Non, mais bien sûr, on a le droit d'y penser.
02:04Mais la personne qui vient et qui se déclare candidat sur Europe 1 un 4 octobre 2024, il est totalement à côté de ses pompes.
02:11Aujourd'hui, ce qui est important, c'est faire en sorte que le pays retrouve les chemins de l'espoir, les chemins de l'espérance, les chemins du progrès partagé.
02:18Moi, j'aimerais bien retrouver la parenthèse enchantée qu'on a pu connaître pendant les Jeux Olympiques.
02:21Quelle que soit son genre, sa couleur, son orientation sexuelle, son âge, sa région, sa ville, on se sent bien et on est fiers d'être français.
02:32Et là, aujourd'hui, vous avez vu le discours de politique générale de Michel Barnier ?
02:41C'était soporifique, c'était comme disent les Américains, zéro juice, des déclarations totalement dénuées de toute vision politique à long terme.
02:54On a des enfants, on pense à la génération 2050, ça ne fait pas rêver.
03:00Déjà, si on se disait, c'est quoi la France ? C'est un grand pays et on a envie de renouer avec cette utopie réaliste, ce serait bien ça.
03:10Mais Karim Bouamran, est-ce que vous voulez incarner ça ?
03:13Franchement, je vous pose la question, ce n'est pas une honte de se dire, la présidentielle, oui j'y pense.
03:19Vous avez le droit d'y penser quand même.
03:21Non mais quand on est responsable politique, ce n'est pas une honte de le dire.
03:24Aujourd'hui, je vous assure, ce n'est pas du tout mon objectif.
03:27Mon objectif, c'est de faire en sorte que toutes celles et ceux qui sont foncièrement portés par les valeurs de progrès,
03:33les valeurs d'écologie, les valeurs d'égalité femmes-hommes, de féminisme, les valeurs de sécurité aussi.
03:37Parce que la sécurité, ce n'est pas l'apanage de la droite.
03:39La sécurité, ça doit être une valeur de gauche.
03:41J'en parlais pas plus tard avec un de vos journalistes, où j'expliquais que la gauche doit se réapproprier les questions de sécurité.
03:46Les premières victimes collatérales de l'insécurité, c'est souvent les classes populaires et les classes moyennes.
03:52Aujourd'hui, c'est comme on arrive à créer un bloc-équipe.
03:54C'est pour ça que la semaine dernière, j'étais chez Carole Delga.
03:57C'est pour ça que demain, je serai chez Raphaël Glucksmann.
04:02J'étais aussi chez Nicolas Meyer-Rossignol.
04:04L'objectif, c'est se rassembler, faire converger les luttes,
04:08et arrêter d'être dans l'anathème, dans l'invective, dans la rupture,
04:13et trouver les chemins de la concorde.
04:15Une fois qu'on a balancé les grands principes, c'est se préparer à gouverner.
04:18Bien sûr, il faut se préparer à gouverner.
04:20Le leadership se dégagera.
04:22Que ce soit X, Y, Z...
04:24Peu importe, on s'en fout.
04:26Le meilleur gagnera.
04:27Et on se mettra derrière le meilleur.
04:28En attendant, ce qu'il faut, c'est que la gauche gagne.
04:30Aujourd'hui, on a fait en sorte qu'il y ait un bloc républicain.
04:34Vous vous rendez compte, Pascal ?
04:35La situation se réalise.
04:36Fermez les yeux.
04:38Vous fermez les yeux fin juin, vous les réouvrez début juillet.
04:41Vous vous dites, OK, super.
04:43Donc la gauche s'est rassemblée pour éviter le Front National, le Rassemblement National ?
04:46Oui.
04:47Génial !
04:49C'est beaucoup divisé, la gauche.
04:52Et au gouvernement, théoriquement ?
04:53Non, non, non.
04:54Pourquoi ?
04:55C'est le premier ministre qui s'appelle Barnier.
04:56Ah bon, il est encore là, lui ?
04:57Oui.
04:58Et sous tutelle du Rassemblement National.
05:00Bon, bah super.
05:01Donc là, je pense qu'il faudra tirer enseignement de ce qui s'est passé.
05:05Éviter de refaire les mêmes erreurs.
05:08Et le gouvernement Barnier, je reste convaincu qu'il va tomber.
05:11Il ne tiendra pas.
05:12Combien de temps vous lui donnez à ce gouvernement Barnier ?
05:14Moi, je ne lui donne pas plus de trois mois.
05:15Trois mois ?
05:16Trois mois.
05:17Un CDD trois mois.
05:18Karim Ouamrana, juste on va revenir à la gauche un instant.
05:21Est-ce que vous pensez que vous avez la possibilité de rassembler ?
05:23Je vous pose cette question parce qu'évidemment, quand on lance un mouvement,
05:26quand on est moteur, ça peut créer quelques crispations.
05:29Si je reprends le lancement de votre mouvement,
05:32il y avait quand même un grand absent, par exemple,
05:34M. Cazeneuve qui n'y était pas,
05:36M. Olivier Faure qui est leader du PS, pardon,
05:38mais qui est venu, mais qui est reparti très vite.
05:41Comment vous allez faire pour rassembler tout le monde, là ?
05:43Bernard Cazeneuve,
05:44comme dirait notre greffeté Thierry Roland,
05:46ils sont venus, ils sont tous là.
05:48Bernard Cazeneuve était excusé, il n'avait pas vu venir,
05:50il avait un sujet au Conseil constitutionnel,
05:53il avait une intervention,
05:54et Olivier Faure était venu.
05:55Il est un peu passé rapidement, franchement.
05:58Mais il était convoqué par les collègues de France Télévisions,
06:01il devait réagir.
06:02Et alors, la priorité c'est vous, non ?
06:03Si on veut lancer un grand mouvement.
06:05C'est pour ça qu'il est passé.
06:07La priorité c'était de venir à Saint-Ouen,
06:09il y était,
06:10mais ensuite c'était de répondre à ses obligations de premier secrétaire,
06:12à savoir répondre à...
06:16j'allais dire au débat,
06:18c'est pas un débat,
06:19à la mise en perspective assez anxiogène
06:22et ennuyeuse du Premier ministre.
06:25Donc ils étaient là.
06:26Mais là où vous avez raison,
06:28là où vous avez raison,
06:29moi je viens de la milieu de la cybersécurité.
06:31Que dit la milieu de la cybersécurité ?
06:3380% des menaces viennent de l'interne.
06:34Évidemment qu'il va y avoir...
06:36On se dit les choses, pas de langue de boisson.
06:38Vous êtes d'accord ?
06:39On va vous mettre des bâtons dans les roues,
06:41c'est ce qu'on se disait.
06:42Évidemment qu'il va y avoir des obstacles.
06:44Évidemment qu'il va y avoir des réflexes quasi pavloviens
06:47qui consistent à,
06:48non pas chercher le rassemblement,
06:50mais chercher à tirer sur le premier qui dépasse une tête.
06:54Mais vous savez quoi ?
06:55La meilleure réponse c'est rassembler les gens.
06:58C'est rassembler les gens.
07:00Quel est le problème aujourd'hui Pascal,
07:01quand vous vous analysez ?
07:02Il y a une défection des adhésions dans les partis traditionnels.
07:06Les partis traditionnels,
07:07comme le PS ou LR,
07:09ont fait moins de 5%.
07:11Nous sommes la génération d'un grand parti de droite,
07:14le RPR,
07:15et un grand parti de gauche,
07:16le PS.
07:17Les deux ont fait moins de 5%.
07:18Nous sommes la tradition
07:19où on se déterminait en fonction de notre appartenance
07:23à un parti politique.
07:24Aujourd'hui,
07:25toute une nouvelle génération
07:27a complètement déserté les partis politiques.
07:29Et le but du mouvement La France Humaine est Forte,
07:31c'est justement les réconcilier,
07:33leur donner envie d'avoir envie,
07:34comme dirait le chanteur.
07:35C'est ça le sujet.
07:36Et hier, on était 4000.
07:37Et 4000,
07:38des jeunes,
07:39des retraités,
07:40des chefs d'entreprise,
07:41des salariés,
07:42des blancs,
07:43des noirs,
07:44des croyants,
07:45des non-croyants,
07:46des musulmans,
07:47des juifs,
07:48des hommes,
07:49des femmes,
07:50des LGBT,
07:51peu importe,
07:52fiers d'être français,
07:53avec un projet commun,
07:54c'est,
07:55venez on retrouve l'espoir,
07:56et venez on travaille,
07:57et venez on fait en sorte que
07:58des gens qui partagent cette matrice politique,
08:00idéologique,
08:01se retrouvent.
08:02Alors justement,
08:03je voudrais qu'on revienne sur la sécurité,
08:04parce que ça c'est intéressant,
08:05vous voulez investir ce terrain,
08:07un terrain que la gauche a un peu écarté.
08:09Franchement,
08:10quand on parle sécurité,
08:11c'est une des priorités des français aujourd'hui.
08:12On voit les explosions de violences,
08:15d'agressions,
08:16l'antisémitisme,
08:17on n'en parle même pas.
08:18Vous proposez quoi,
08:19vous Karim Bouamrane,
08:20pour ramener un semblant de sécurité en France ?
08:24Moi je parle d'une expérience d'un élu de terrain.
08:27Vous êtes maire de Saint-Ouen.
08:28En tant que maire de Saint-Ouen,
08:30je ne peux que corroborer ce que vous dites.
08:33La première préoccupation,
08:35c'est la sécurité,
08:36la sécurité au sens noble du terme,
08:38pas uniquement au niveau sécuritaire.
08:39Sans rentrer dans une explication longue et technique,
08:42c'est tout simplement...
08:43On fait quoi ?
08:44Quelles sont vos propositions ?
08:45Très concrètement,
08:46pour les auditeurs d'Europe 1.
08:47Très concrètement,
08:48sur les questions de trafic de drogue,
08:50la réappropriation de l'espace public,
08:52travailler avec la justice,
08:54le ministère de l'Intérieur,
08:55les élus,
08:56les bailleurs,
08:57axer aussi sur la prévention,
08:58ne pas avoir de tabou sur les moyens techniques,
09:00les caméras,
09:01faire en sorte qu'il y ait...
09:02Les caméras par exemple dans les logements sociaux,
09:05vous êtes d'accord ?
09:06Oui, complètement.
09:07On a entendu ça cette semaine.
09:08Aucun tabou là-dessus.
09:09Vous êtes d'accord avec ça ?
09:10La loi de programmation sur la justice,
09:11il y avait une augmentation de magistrats qui était prévue.
09:15Aujourd'hui, quand vous regardez,
09:16on est à peu près 7000 magistrats.
09:17Quand vous regardez,
09:18dans un pays comme l'Allemagne,
09:20on est à peu près 15-20 000 magistrats.
09:22Il faudrait un peu plus de magistrats.
09:23Donc, désengorger la justice,
09:25même s'il y a du travail qui a été fait.
09:27Mais, premier élément...
09:29Recruter des magistrats,
09:30les caméras de vidéosurveillance en Lévine,
09:32pour assurer la sécurité,
09:33et chasser les dealers.
09:34Chasser les dealers,
09:35et surtout la prévention en amont.
09:37Et derrière, un élément qui est important,
09:39le logement.
09:40Vous regardez,
09:41la concentration du trafic,
09:43c'est surtout lorsqu'il y a un délabrement
09:45ou une déliquescence des logements.
09:47Donc ça, c'est le premier point.
09:48Donc, mettre le paquet sur la qualité des logements.
09:50C'est pour ça que je mets le paquet aussi sur le beau.
09:52Démocratiser le beau.
09:54Le beau, ça ne doit pas être l'apanage des beaux quartiers.
09:56Ça doit être l'apanage de tous les quartiers de France.
09:58Et, évidemment, les transports,
10:01l'emploi et l'éducation.
10:03Alors, vous allez rester avec nous, si vous le voulez bien.
10:05Avec plaisir !
10:06Bon, écoutez, tant mieux !
10:08Et les auditeurs d'Europe 1 apprennent à vous connaître.
10:10Je voudrais aussi qu'on parle,
10:11on le disait, on vient d'évoquer la sécurité.
10:13Je voudrais aussi, à l'approche des commémorations du 7 octobre,
10:16qu'on parle aussi de la montée et l'explosion de l'antisémitisme en France.
10:19Vous disiez hier,
10:20vous aviez des gens de toutes les communautés autour de vous.
10:23L'antisémitisme, c'est un problème.
10:25C'est un problème, évidemment,
10:26le racisme et l'antisémitisme,
10:28avec l'explosion de ces actes.
10:30A l'école, 1670 actes antisémites.
10:33Multiplié par 4.
10:34Comment on ramène la sécurité aussi de ce point de vue-là ?
10:37On va parler de ça.
10:38On va parler aussi, peut-être, des finances de la France.
10:41Parce que là, c'est une catastrophe.
10:43Vos solutions à suivre, c'est tout de suite sur Europe 1.
10:45Il est 19h27.
10:51Et Karim Bouhamran est toujours avec nous,
10:53maire PS de Saint-Ouen,
10:55qui lance son mouvement,
10:56La France humaine est forte.
10:57Vous voulez que la gauche gagne à la présidentielle.
10:59C'est ce que vous nous racontiez.
11:01Nous nous rejoignons dans ce studio.
11:03Jules Torres et Paul Melunc.
11:05Je suis ravie de vous retrouver sur Europe 1.
11:07Bonsoir, Pascal.
11:08Bonsoir. Vous avez écouté les mots de Karim Bouhamran.
11:10Évidemment, écoutez.
11:11En plus, vous êtes mis aux couleurs de la social-démocratie, aujourd'hui.
11:13C'est ça.
11:14La social-démocratie qui tire un peu sur le PCF, quand même.
11:17Je souhaite, Pascal, d'avoir une belle allégeance.
11:19Alors, pour les auditeurs d'Europe 1,
11:20je suis habillée en rouge, aujourd'hui.
11:21C'est pour ça.
11:22Voilà, je suis habillée en rouge.
11:24Je suis habillée en rouge.
11:25Karim Bouhamran,
11:26avant que Jules et Paul vous posent des questions,
11:31on parlait de sécurité,
11:32on parlait de réunir les communautés,
11:35l'antisémitisme s'explose en France,
11:39surtout à l'approche des commémorations du 7 octobre.
11:42Il va y avoir un grand rassemblement
11:44qui est prévu devant l'UNESCO, je crois, dimanche.
11:46Est-ce que vous comptez y participer, Karim Bouhamran ?
11:49Oui, j'y serai.
11:50Oui, j'y serai.
11:51J'ai été un des premiers responsables politiques,
11:54le soir du 7 octobre,
11:55à condamner sans aucune ambiguïté
11:59l'attaque du Hamas,
12:00en le qualifiant d'organisation terroriste,
12:03et en expliquant que
12:05ça va, un, fragiliser le processus de paix
12:10dans la région,
12:12et surtout, l'impact collatéral
12:16sera directement en direction des innocentes et des innocents.
12:20Et malheureusement, malheureusement, malheureusement,
12:22j'ai eu raison.
12:23Quand vous regardez l'escalade,
12:24que ce soit avec le Hamas, que ce soit avec le Hezbollah,
12:26que ce soit aussi les otages,
12:27parce qu'on a souvent tendance à oublier les otages,
12:30et surtout, et vous l'avez évoqué en filigrane dans votre propos introductif,
12:33comment une partie de ce conflit a été exploité
12:37de façon malsaine, dangereuse,
12:39pour le ciment républicain en France.
12:41Mais parle à gauche aussi, Karim Bouhamran.
12:43Pardon ?
12:44Vous n'allez pas vous excuser.
12:45Vous êtes d'accord ou pas avec moi ?
12:47Les drapeaux palestiniens, on les a vus dans les manifestations.
12:49À gauche, il y a quand même des élus,
12:51les filles qui tiennent des propos qui sont,
12:53pardon, mais un peu limites,
12:55quand on voit également cette manifestation pro-palestinienne
12:58avec des slogans comme Israël assassin à Sciences Po jeudi.
13:02Il y a quand même une forme d'antisémitisme
13:04qui s'est installée à gauche.
13:06Est-ce qu'on peut le reconnaître ?
13:08Non ?
13:09Il y a une exploitation du conflit,
13:12dangereuse,
13:14qui se nourrit d'une radicalité,
13:16et voyez-vous, moi qui suis ici dans le milieu populaire,
13:19dans les quartiers populaires,
13:21on n'avait pas la différence entre un juif, un musulman.
13:24Le point commun, c'était qu'on était tous pauvres.
13:26Et là, d'un seul coup,
13:28on a eu une résurgence
13:30d'espèce d'analyse
13:32complètement biaisée, faussée,
13:34d'un conflit géopolitique,
13:36politique,
13:38qui a été ethnicisé
13:40sous fond d'antisémitisme.
13:42Oui, mais par la gauche !
13:44C'est la gauche qui a mis au second plan la question sociale
13:46dont vous parliez il y a quelques instants.
13:48Vous semblez mettre en avant plus la lutte des classes
13:50que la lutte des races,
13:52tout à votre honneur, parce qu'effectivement,
13:54c'est ça la question, finalement.
13:56Comment cette gauche-là, intersectionnelle,
13:58qui a mis en avant ce qu'on appelle aujourd'hui gauche-gauche,
14:00qui a mis en avant des combats personnels et individualistes,
14:02c'est pas votre gauche.
14:04Votre gauche, c'est plutôt, j'ai l'impression, une gauche universaliste,
14:06soucieuse de la laïcité.
14:08Comment la faire vivre, cette gauche, aujourd'hui ?
14:10La laïcité, c'est la liberté, c'est l'égalité,
14:12c'est la fraternité, je parle souvent de sororité,
14:14et c'est les principes républicains,
14:16c'est-à-dire une démocratie sociale, et donc laïque.
14:18Donc, il n'y avait pas à discuter là-dessus.
14:20Et quand vous avez des partis,
14:22que ce soit des partis d'extrême-droite
14:24ou des partis d'extrême-gauche,
14:26qui, sous fond d'électoralisme
14:28ou de clientélisme politique, exploitent
14:30la montée d'une communauté,
14:32à savoir la communauté juive,
14:34contre la communauté musulmane,
14:36c'est pas du tout ma France, c'est pas du tout ma lecture.
14:38Alors, est-ce que, en filigrane,
14:40parce que ça va être votre question, je crois, c'était...
14:42Jules Thorez arrive, il n'a pas encore ouvert la bouche, vous le regardez, il n'a rien dit.
14:44Bon, allez-y, mais je crois
14:46anticiper votre question, à savoir,
14:48est-ce qu'il y a une certaine branche
14:50de la gauche qui a pu cultiver cet antisémitisme ?
14:52Non, mais par exemple, vous me définissez quels sont aujourd'hui
14:54les partis d'extrême-droite et d'extrême-gauche dont vous venez de parler.
14:56Le RN,
14:58pour l'extrême-droite, Zemmour...
15:00Mais le RN défend plutôt la communauté juive.
15:02Non, mais la question, c'est pas qui défend la communauté juive.
15:04Et l'extrême-gauche,
15:06LFI. Ça fait beaucoup d'électeurs,
15:08quand même. Et donc ?
15:10Ça fait beaucoup d'électeurs qui votent pour les extrêmes.
15:12Et donc ? Comment vous les
15:14récupérez, ces électeurs ?
15:16C'est une autre question, ça.
15:18Vous me posez la question. Comment récupérer
15:20des électeurs qui sont
15:22tournés vers l'extrême-droite et l'extrême-gauche ?
15:24Qui représentent quasiment 50% de la population
15:26aujourd'hui. Oui, complètement.
15:28Mais complètement.
15:30Les électeurs qui votent pour les extrêmes sont souvent
15:32ceux qui se trompent de colère et qui voient
15:34leur espoir et leur espérance
15:36exploité à des fins
15:38électorales et électoralistes.
15:40Et ces dix partis
15:42arrivent à exploiter
15:44cette espèce de désespoir
15:46et de la transformer en radicalité.
15:48Je mettrais
15:50une différence entre le
15:52Rassemblement National et LFI.
15:54Rassemblement National,
15:56quand vous discutez avec toutes celles et ceux
15:58qui votent pour le Rassemblement National,
16:00c'est pas tous des racistes. Moi, j'ai passé
16:02beaucoup de temps dans les Cévennes, beaucoup de temps dans le Nord,
16:04beaucoup de temps en Normandie,
16:06beaucoup de temps dans le Grand Est.
16:08J'ai pas ressenti le racisme.
16:10J'ai ressenti le mépris social.
16:12J'ai ressenti ce que j'appelle le manque
16:14d'éthique de considération. J'ai ressenti le déclassement.
16:16J'ai ressenti le désespoir.
16:18J'ai ressenti le désenclavement, l'enclavement.
16:20J'ai ressenti le manque de transport, le manque
16:22de service public. Et ces personnes
16:24qui autrefois se réfugiaient
16:26dans ce qu'on appelle les cellules du Parti
16:28communiste, ou même le lien social,
16:30ont été complètement abandonnées.
16:32C'est pas des électeurs d'extrême droite.
16:34C'est pas des personnes
16:36qui idéologiquement portent
16:38une philosophie d'extrême droite.
16:40En revanche, ils se réfugient
16:42dans un vote extrême droite.
16:44Quant au vote de l'extrême gauche,
16:46LFI pour les cités,
16:48ils se nourrissent d'une certaine radicalité
16:50qui vive, et je reprends
16:52la théorie de Mélenchon,
16:54focalisez-vous dans les cités et
16:56oubliez le reste, qui se nourrissent d'une certaine
16:58radicalité certaine, qui aujourd'hui
17:00peut être mal interprétée dans un
17:02conflit israélo-palestinien qui serait
17:04les juifs contre les musulmans. Là aussi,
17:06ils se trompent de colère, parce que
17:08le juif n'est pas un adversaire,
17:10comme le musulman n'est pas un adversaire.
17:12Aujourd'hui, c'est, et vous l'avez évoqué monsieur,
17:14c'est l'universalisme de certaines valeurs, la liberté,
17:16et en tant que
17:18socialiste, et c'est pour ça que j'ai plus de convergence
17:20avec un socialiste qui soit en Israël,
17:22qui soit en Ouganda, ou qui soit
17:24à New York, qu'avec certaines personnes
17:26qui prouvent...
17:28Est-ce que pour vous, les sociodémocrates
17:30au Danemark, ou par exemple Kirstein
17:32au Royaume-Uni, est-ce que c'est des modèles aussi pour vous ?
17:34Est-ce que c'est des sociodémocrates, vous parliez tout à l'heure
17:36avec Pascal de l'insécurité, qui ont pris à bras le corps
17:38les sujets d'insécurité, et qui ont fait baisser
17:40les extrêmes, précisément en parlant
17:42de tous les sujets, ce qui est pas le cas de la gauche aujourd'hui,
17:44qui a peur de parler de certains sujets ?
17:46Mais vous avez complètement raison, c'est pour ça que vous pointez le Danemark.
17:48C'est le pragmatisme
17:50du réalisme.
17:52Aujourd'hui, c'est quoi le sujet
17:54sécurité ? Est-ce qu'aujourd'hui,
17:56lorsqu'on est la France, lorsqu'on est
17:58patriote, lorsqu'on est France,
18:00on peut accepter que
18:02une femme se dise
18:04j'ai du mal à prendre le métro parce que j'ai peur,
18:06le soir c'est pas éclairé, ou
18:08je paye mon loyer 800 000 euros
18:10par mois, et
18:12on se réapproprie l'espace
18:14public, ou mon espace privé.
18:16Le deal, les trafiquants,
18:18qui doit réagir ?
18:20C'est le régalien, c'est la puissance publique.
18:22Donc il n'y a pas de tabou là.
18:24Ça veut dire qu'on va recruter des fonctionnaires ?
18:26Des policiers ?
18:28Comme je vous disais tout à l'heure, c'est les magistrats,
18:30c'est la police, c'est la prévention, c'est l'emploi,
18:32c'est l'aménagement, c'est l'urbanisme.
18:34Mais avec quel argent ? Vous avez vu l'état des finances de la France ?
18:36C'est les transports.
18:38C'est une catastrophe. On va avoir un plan d'économie
18:40de 60 milliards, c'est ce qu'a lancé
18:42Michel Barnier. Est-ce que ça va passer ?
18:44On ne sait pas. L'état des finances de la France
18:46ont une catastrophe. On n'a pas les moyens de recruter.
18:48Comment on fait ?
18:50Le sujet de la trajectoire
18:52budgétaire, elle est...
18:54J'en parlais hier,
18:56lors du lancement de notre mouvement.
18:58Je trouve ça assez catastrophique parce qu'à plusieurs titres,
19:00déjà sur le plan moral,
19:02quand vous êtes chef d'entreprise,
19:04quand vous vous loupez sur une année, vous mettez la clé
19:06sous la porte. Vous avez du mal à payer
19:08les factures, vous ne pouvez pas investir, vous ne pouvez pas dégager
19:10de la marge. Quand vous êtes individuel,
19:12un particulier,
19:14quand vous tombez au chômage,
19:16c'est très compliqué. Quand vous êtes maire,
19:18vous devez voter un budget à l'équilibre. C'est la loi.
19:20Duralex, Adlex, vous êtes obligés de voter
19:22un budget à l'équilibre. En revanche, là, c'est drôle.
19:24On a quand même un ministre des Finances qui nous présente
19:26une feuille de route, il y a 5-6 ans,
19:287 ans, en nous expliquant qu'il va bien
19:30respecter les critères
19:32de Maastricht, 3%.
19:34Ensuite, il nous présente une feuille de route
19:364,1%. Ensuite, il nous dit que c'est 5-1,
19:385-2. Pour être là, dans une procédure
19:40catastrophique, on est rappelé par la patrouille
19:42à 6%.
19:44Il nous reste 55 secondes avant que...
19:46Moi, je voudrais des solutions.
19:48Où trouve-t-on l'argent,
19:50Karim Bouhamran ?
19:52Ça serait démagogique
19:54de dire chez les plus aisés,
19:56parce que quand vous regardez
19:58la mesure de
20:00Barnier...
20:02C'est symbolique,
20:04c'est 4 milliards, 5 milliards...
20:06Oui, bien sûr, le symbole va dans le bon sens.
20:08Je pense que derrière, il faut revoir
20:10les réallocations des dépenses.
20:12Vous savez comment ça se passe ? Une bonne partie des dépenses, dans le public,
20:14c'est la dépense N, il faut la dépenser
20:16et on reprend sur N plus 1
20:18avec une indexation. Je pense qu'il faut revoir
20:20les réallocations des dépenses.
20:22Il faut faire un véritable
20:24plan de relance.
20:26Je suis foncièrement, économiquement parlant, keynésien.
20:28Je pense que le plan qui avait été lancé
20:30en valorisant l'offre, tout en trouvant un équilibre
20:32au niveau de la demande par rapport au plan Macron,
20:34était relativement bien enclenché.
20:36En revanche, je pense que
20:38l'adaptation
20:40des collectivités territoriales,
20:42qui ont été fustigées, a mal été jouée.
20:44Je pense notamment au plan Le Grand Paris,
20:46ce qu'on appelle le plan des CERM.
20:48C'est un plan des transports où s'était
20:50lancé le réseau économique métropolitain
20:52partout en France,
20:54dans le Nord, dans l'Occitanie,
20:56en Bretagne. Je pense que ça aurait dû être
20:58pris au sérieux.
21:00Merci infiniment Karim Bouamwane
21:02d'être venu nous voir sur Europe 1.
21:04Vous reviendrez très certainement.
21:06Je reviens surtout avec les deux chroniqueurs.
21:08Vous n'aurez pas toujours l'élite tous les soirs.
21:10J'appelle ça l'élite populaire.
21:12Pas mal, c'est joli.
21:14On va reprendre.
21:16Bardella a essayé de la reprendre.
21:18C'est vrai.
21:20Il faudra me redonner à César ce qui appartient à César.
21:22On a une très bonne mémoire.
21:24L'élite populaire.
21:26Merci en tout cas, je passais un bon moment avec vous.
21:28C'était un plaisir Karim Bouamwane.
21:30Vous venez de lancer la France humaine et forte.
21:32Et vous voulez que la gauche gagne à la présidentielle.
21:34C'est ce que vous nous avez dit sur Europe 1.
21:36Vous voulez rassembler autour de vous
21:38Karim Bouamwane.
21:40Autour de nous tous.
21:42Karim Bouamwane, on joue passionnément.
21:44Vous allez provoquer des snipers.
21:46Je crois qu'ils n'ont pas besoin de moi.
21:48C'est vrai.
21:50Il y avait un super parti dans Le Figaro
21:52qui était assez drôle.
21:54Allez les 19h44.
21:56Merci infiniment d'être venu dans ce studio.

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