«Les Français reprochent la dissolution à Emmanuel Macron», affirme Frédéric Dabi

  • il y a 2 semaines

Tous les vendredis, samedis et dimanches à 19h17, Pascale de La Tour du Pin reçoit un invité au cœur de l'actualité politique pour un moment d'échange franc sur les dossiers brûlants du moment.
Retrouvez "Les invités d'Europe 1 Soir week-end" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-europe1-week-end

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Transcript
00:00Je voudrais, tiens, qu'on commente aussi ce sondage qui a été publié ce matin dans le JDD,
00:06l'IFOP qui sonde le regard des français depuis 2005,
00:10et bien tire un bilan quand même assez alarmant.
00:14Bonsoir Frédéric Dhabi, directeur général d'opinion de l'IFOP,
00:17merci d'être avec nous en direct sur Europe 1 ce soir.
00:20Alors écoutez, j'ai regardé et j'ai lu comme vous peut-être effectivement les résultats de votre sondage,
00:26ça fait depuis 2005 que vous sondez un peu l'ambiance, la mentalité des français,
00:33et là vous nous dites, on a touché le fond, profonde déprime et peu d'espoir de rebond,
00:38et c'est les classes moyennes qui ont le plus le moron.
00:42Vous n'aviez jamais vu ça, ça se traduit comment dans ce sondage ?
00:45Vous avez à peu près tout dit, c'est une enquête qu'on mène depuis 20 ans avec le journal du dimanche,
00:50sur tout simplement l'image de la France auprès des français, une question très simple.
00:55Alors je serais moins catastrophé que vous, c'est-à-dire qu'on voit qu'il y a eu un petit effet Jeux Olympiques,
01:00qui ont été une sorte de shoot anti-déclin, une sorte de parenthèse enchantée.
01:05Un shoot d'autopamie qui continue avec les paralympiques évidemment.
01:07Exactement, avec en plus les bonnes nouvelles que vous venez d'annoncer, les 6 nouvelles médailles du jour.
01:12Quand on interroge les français, ils sont 80% à dire que la France a beaucoup d'atouts,
01:16ils sont moins nombreux que la moyenne à dire que la France manque de confiance en elle,
01:20mais il y a un grand mais, tout cela a été une parenthèse enchantée,
01:24ça n'empêche pas le déclin être la représentation structurante qui est la plus fortement associée à la France.
01:32Cette image de la France qui tombe, qui n'est plus un modèle pour l'extérieur,
01:36qui connaît des institutions en crise, on va publier demain sans faire un mauvais teasing,
01:40une enquête sur les priorités des français comme chaque année, la santé, l'éducation,
01:45sont le reflet de ce sentiment de déclin.
01:47Et vous le disiez, il y a une sorte d'écho entre le sentiment de déclassement personnel du côté des classes moyennes
01:54et ce sentiment de déclin.
01:56Et puis, par rapport à vos discussions précédentes avec vos deux invités que je vous salue,
02:01il y a un jugement très sévère.
02:04Mais en même temps, Frédéric Daby, quand on voit ce qui se passe en ce moment,
02:07comment voulez-vous que les français aient un regard positif sur les personnalités politiques ?
02:14C'est le bazar partout, non ?
02:16Vous avez raison, parce que les français, par rapport à votre échange récent avec vos deux invités,
02:21ne sont pas sur une logique de casting.
02:23Ils sont sur une logique de résultats.
02:25Ils veulent que le politique change la vie, pèse sur la vie quotidienne des français.
02:30C'est pour cela que, quand on s'intéresse à la cote des élus locaux, les maires,
02:35les présidents de conseils départementaux ou régionaux, les résultats sont nettement meilleurs.
02:39Mais pour les élus nationaux, il y a ce sentiment que les politiques ne changent plus la vie.
02:43Et puis, effectivement, depuis maintenant sept semaines,
02:46cet épisode qui n'en finit pas, qui ne passionne pas les français.
02:50L'urgence à nommer un nouveau premier ministre intéresse plus un micro-causes,
02:54même si finalement, on arriverait à rentrer scolaire.
02:56On est dans une forme de monétaire, les français veulent qu'il y ait un premier ministre.
02:59Les français veulent qu'il y ait un premier ministre, ils veulent une clarification de la situation.
03:04Alors, il y a Christophe Jacques Chubisine qui a une question à vous poser.
03:06Oui, Frédéric, je voulais savoir si vous avez pu mesurer dans votre sondage
03:11si les français étaient prêts à un gouvernement de coalition,
03:15donc un grand centre en fait, ou est-ce qu'ils sont en demande de radicalité ?
03:19Qu'elle soit de droite ou de gauche ?
03:22Alors, j'ai envie de vous dire, on ne l'a pas posé dans ce sondage-là,
03:26mais pas besoin de sondage, Christophe, puisqu'il y a eu des élections.
03:30Il y a à peine six semaines, on a eu la séquence européenne législative.
03:35La séquence européenne a vu la France insoumise avec un score très faible, 9,5%,
03:39donc la radicalité de gauche a été rejetée.
03:42Le second tour des élections législatives ont montré qu'une radicalité type RN
03:47n'était pas non plus majoritaire, loin de là.
03:50Effectivement, on est dans cette situation de jeu complètement bloqué,
03:54parce que les trois blocs sont à quelques dizaines de sièges, à un niveau équivalent.
04:00Le NFP n'a pas gagné les élections, puisqu'il lui manque 100 sièges
04:04pour avoir la majorité absolue, il est simplement arrivé en tête.
04:08Et c'est cette ambiguïté qui bloque le jeu,
04:11et qui pour l'instant, il faut le dire, ne passionne pas les français.
04:14Maintenant, bien sûr, les français, on est dans une forme d'arrêt de jeu,
04:18vont vouloir un premier ministre pour gouverner le pays,
04:20et peut-être que celui-ci ou celle-ci aura une sorte de crédit de confiance,
04:23parce qu'on ne voudra pas retomber dans le spectacle qui dure depuis cette semaine.
04:27Est-ce que les français veulent vraiment un premier ministre ?
04:32Est-ce que ça les intéresse ?
04:35Est-ce que finalement, ils n'ont pas envie, ils se disent,
04:39s'il y a un premier ministre, on va peut-être avoir pire,
04:41et que là, finalement, tout se passe bien ?
04:43Cette situation de statu quo, finalement, ça va...
04:46Oui, alors, cette situation de statu quo, pour reprendre votre terme,
04:50parce qu'elle n'a pas traumatisé les français,
04:52parce que c'était l'été, il y avait la trêve olympique que les français ont acheté,
04:56au contraire, ils n'ont pas acheté le discours du NFP,
05:00on a gagné, on veut Lucie Castex,
05:01il y a eu d'autres enquêtes qui montraient qu'elle était, comment dire, rejetée.
05:05Mais ce qui est très clair, quand on interroge les français,
05:08et l'IFOP l'a fait il y a une dizaine de jours sur l'image d'Emmanuel Macron,
05:11les français, lui, reprochent éminemment et majoritairement
05:16cet acte irrésolu, jugé irrationnel et incompréhensible d'avoir dissout,
05:20plus que le fait de ne pas encore avoir trouvé un ou une premier ministre.
05:25Je voudrais aussi juste, tiens, un dernier chiffre quand même,
05:27parce que vous vous rendez compte qu'il y a 78% des français
05:31qui estiment qu'ils sont dirigés par des dirigeants de mauvaise qualité,
05:37entre guillemets, quasiment 8 français sur 10,
05:39mais c'est ce qui est dans votre sondage, Frédéric Dhabi,
05:41je vous vois sourire, Christophe Jacubisin,
05:44il n'y en a que seulement 22% qui estiment qu'on est dirigé
05:48par des personnalités politiques de qualité,
05:51c'est-à-dire quoi ?
05:52C'est un peu ce que vous disiez, Joseph Macé-Scaron,
05:54c'est-à-dire que bon, finalement, les français,
05:56un premier ministre de ça, finalement, ça n'a pas changé grand-chose, c'est ça ?
06:01Si les résultats ne sont pas au rendez-vous,
06:04enfin, si vous regardez à côté des sportifs et les exploits qu'ils peuvent avoir,
06:12ils sont attendus bien sûr aux résultats,
06:13les chefs d'entreprise sont attendus bien évidemment aux résultats,
06:16puisque sinon c'est une catastrophe pour eux,
06:18mais les politiques, comment sont-ils jugés ?
06:22Et le budget, c'est un bon critère de jugement,
06:24on a quand même 3 000 milliards de dettes,
06:28on a des déficits de 211% du PIB,
06:32et il faut quand même poser le budget pour l'an prochain,
06:36il faut trouver de l'argent pour financer les écoles, la justice, la police,
06:39il faut savoir à quel niveau vont être les impôts,
06:42quel niveau vont être nos déficits et notre dette,
06:45parce qu'on n'est pas tout seul,
06:48le monde nous a donné une trêve pendant les Olympiques,
06:50mais maintenant il va falloir rembourser notre dette,
06:54savoir à quel taux on nous prête,
06:55il y a déjà 70 points d'écart entre le taux allemand et le taux français aujourd'hui,
06:59ça veut dire que quand vous êtes français,
07:01ça vous coûte presque 1% d'intérêt en plus
07:03pour votre crédit pour votre appartement ou votre maison,
07:08donc pourquoi ?
07:09Parce qu'on a été cigales et qu'on a beaucoup dépensé.
07:13Mais ça c'est vrai, le budget c'est un vrai dossier,
07:16mais est-ce que par exemple...
07:17Il y a plein de dossiers,
07:18attendez, aujourd'hui la Nouvelle-Calédonie est à peu à 100,
07:21mais qui s'en occupe ?
07:23Au bord du naufrage économique,
07:25en plus avec le nickel, bien évidemment,
07:27mais qui s'en occupe ?
07:28Est-ce que la situation pourrait rester comme ça ?
07:30Est-ce qu'Emmanuel Macron peut choisir de ne pas choisir l'Élysée de la France ?
07:33Justement, le processus budgétaire oblige quand même qu'on...
07:36Non, il faut un Premier ministre,
07:37le pouvoir réglementaire est incarné par le Premier ministre,
07:39pas par le Président de la République,
07:40donc pour poursuivre certains décrets,
07:43c'est le Premier ministre.
07:43Pour faire marcher la machine de l'État,
07:45c'est le Premier ministre,
07:46c'est pour ça que je vous rappelle qu'on est à bientôt 60 jours
07:49ou 50 jours de gouvernement démissionnaire,
07:52et on présente les ministres,
07:53ministre démissionnaire de l'Éducation,
07:56ministre démissionnaire...
07:57Ils font leur conférence de presse de rentrée,
07:59démissionnaire, comme Mme Belloubet.
08:02C'est vrai, ministre démissionnaire,
08:03c'est vrai que c'est un message un peu surprenant,
08:05mais c'est vrai, quand ils prennent des décisions,
08:07ministre démissionnaire,
08:08ça envoie un message un peu particulier,
08:10il va falloir que les choses bougent, sûrement,
08:11vous avez raison, Emmanuel Macron va devoir trancher.
08:14Frédéric Dhabi, vous vouliez dire encore un mot peut-être ?
08:16Je voulais dire un dernier mot par rapport à votre remarque
08:19sur la part très faible des Français
08:20qui considèrent qu'ils ont des dirigeants politiques de qualité.
08:24Lorsque l'on lance ce baromètre avec le JDD,
08:27en 2005, on a 7 Français sur 10
08:30qui considèrent que la France est capable de se réformer.
08:3224 points de moins en 20 ans,
08:34il y a le sentiment que la France est bloquée,
08:36et là, on impute la responsabilité aux dirigeants politiques
08:39qui, comme je le disais, n'arrivent plus à avoir de résultats
08:42et à changer d'avis.
08:43Dans ce cadre-là, le casting compte tellement peu.

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