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Chaque matin dans son édito, Alexis Brezet, directeur des rédactions du Figaro, revient sur l'actualité politique du jour. Ce mardi, il s'intéresse aux concessions du gouvernement concernant la réforme des retraites.
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NewsTranscription
00:00 - Europe Matin, 7h09, Lionel Gougelot.
00:04 - À 7h53, l'édito politique d'Europe 1 avec Alexis Brézé du Figaro.
00:09 Bonjour Alexis.
00:09 - Bonjour Lionel, bonjour à tous.
00:11 - Alors c'était hier, évidemment, l'ouverture de la discussion sur la réforme des retraites à l'Assemblée nationale
00:15 et on a pu constater le caractère, on va dire, virulent des affrontements à l'Assemblée.
00:20 On avait dit pourtant que les concessions sur les carrières longues mises sur la table par Elisabeth Borne ce week-end devaient apaiser les esprits.
00:29 Moi j'ai l'impression que c'est plutôt raté, non ?
00:31 - C'est vrai que le spectacle de cette bataille de chiffonniers sur fond de claquements de pupitres, de glapissements de tribunes,
00:38 c'est vrai que c'est pas un modèle de sérénité.
00:40 Mais enfin c'est pas très étonnant.
00:42 Ce projet doit diviser le pays, il provoque la colère d'une partie des Français, alors on peut le regretter, mais enfin c'est ainsi.
00:47 Et c'est donc pas normal que l'Assemblée soit elle-même divisée et que ces travers résonnent de cris.
00:52 La discussion parlementaire n'a pas non plus vocation à être un chemin semé de pétales de roses.
00:57 - Je vais vous dire moi ce qui m'étonne, c'est pas ça.
00:59 Ce qui m'étonne c'est que Mme Borne depuis le début de toute cette affaire s'obstine à mettre sur la table,
01:03 avant même d'être entrée dans la bataille, de manière pour ainsi dire préventive, des concessions et encore des concessions.
01:10 Dont vous venez dire fort justement qu'elles n'ont aucun effet,
01:12 puisqu'elles sont jugées aussitôt insuffisantes, voire insultantes par les intéressés,
01:17 et qu'elle les fait ces concessions sans s'interroger apparemment sur leurs coûts financiers.
01:22 Or, si on fait cette réforme, c'est pas pour embêter les gens ni pour se faire plaisir, en principe,
01:27 mais c'est pour faire des économies et sauver, on le répète assez, le système par répartition.
01:31 À quoi bon sinon ?
01:32 - Parce que justement, Gabriel Attal le disait hier, c'est la réforme ou la faillite.
01:36 Donc ce que vous voulez dire c'est que les économies ne seront finalement pas au rendez-vous ?
01:40 - Ce que je veux dire, et ça chacun peut le constater, c'est que ces économies fondent comme neige au soleil.
01:45 Faisons les comptes ensemble.
01:47 Alors, dans le programme présidentiel d'Emmanuel Macron, celui sur lequel il a été réélu en 2022,
01:52 il s'agissait de passer à la retraite à 65 ans. Gain attendu, peau prouve 25 milliards par an à partir de 2030.
01:59 Mais, le 10 janvier, lorsqu'elle annonce la réforme, Elisabeth Borne fixe la barre à 64 ans.
02:05 Coût, 8 milliards sur les 25 espérés, et dans la foulée elle annonce que 5 autres milliards vont être affectés à des dépenses sociales nouvelles.
02:12 Restent donc 12 milliards d'espérance de gain. De 25, on vient de passer à 12.
02:17 C'est pas fini.
02:18 Le 23 janvier, le jour où le texte passe en Conseil des ministres, au lendemain de la première journée de mobilisation,
02:23 l'exécutif veut calmer le jeu, veut amadouer la droite, et annonce donc que la revalorisation à 1200 euros des petites retraites
02:30 sera étendue aux anciens retraités.
02:32 Coût, près de 2 milliards d'euros. Donc de 12, on vient de passer à 10.
02:36 Et c'est toujours pas fini, puisque ce dimanche, là, dans le JDD, à l'avant-veille de la journée d'aujourd'hui, de la journée de manifestation,
02:42 Elisabeth Borne, après avoir dit le contraire, élargit le dispositif carrière longue.
02:47 Ceux qui ont commencé à travailler avant 21 ans pourront partir à 63 ans.
02:51 Encore un petit milliard parti en fumée.
02:53 Donc, au total, cette réforme qui à l'origine aurait pu rapporter 25 milliards d'euros par an,
02:58 n'en rapporte potentiellement que moins d'une dizaine.
03:01 Enfin, c'est la réforme peau de chagrin.
03:03 Et tout ça pour un bénéfice politique quasi nul, puisque le projet demeure toujours aussi impopulaire et l'Assemblée toujours aussi remontée.
03:09 Et nous ne sommes pas au bout de l'histoire.
03:11 Parce que des concessions, pardon, des améliorations, des enrichissements,
03:14 il y en aura d'autres, vous verrez, les idées ne manquent pas.
03:16 - Au point que vous pensez d'annuler tout le bénéfice financier de cette réforme ?
03:20 - Ça ne serait pas la première fois. Alors, je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve,
03:23 mais ce que je sais, c'est que le risque principal, contrairement à ce que tout le monde raconte,
03:27 ce n'est pas que la réforme ne soit pas adoptée.
03:29 Il y a toutes les raisons objectives de penser qu'elle le sera.
03:32 Le risque, au rythme où l'on va, c'est que lorsqu'elle sera votée, il n'en reste déjà plus rien.
03:36 - Merci Alexis Brézé. Les concessions d'Elisabeth Borne qui ne calment pas l'Assemblée,
03:40 c'est justement à la une du Figaro ce matin avec aussi cette mobilisation internationale
03:44 après le séisme meurtrier de Turquie et de Syrie.