Le Sénat : the place to be !

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Chaque matin dans son édito, Vincent Trémolet de Villers revient sur l'actualité politique du jour. Ce mercredi, il s'intéresse à l'examen de la réforme des retraites au Sénat, après les polémiques qui ont entâché ceux de l'Assemblée nationale.

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Transcript
00:00 Dimitri Pavlenko. Place à l'édito politique sur Europe 1 avec le Figaro. Bonjour Vincent Trémolet de Villers. Bonjour Dimitri.
00:06 Les députés sont en vacances, ce sont les sénateurs qui la semaine prochaine vont à leur tour examiner le projet de loi sur la réforme des retraites.
00:12 Des sénateurs hier qui étaient raillés pour leur lenteur, pour leur modération, mais aujourd'hui le regard sur eux a changé.
00:20 Oui, le Sénat est en train de devenir un îlot de civilité dans un océan de vulgarité.
00:25 On se rappelle que la quinzaine du bruit à l'Assemblée nationale s'est terminée vendredi par les insoumis braillant un chant militant.
00:32 On se serait cru à la fin d'une AG trop arrosée à la fac de Jussieu.
00:36 Alors à côté le Sénat c'est l'Agora à Athènes ou le Forum Romain. Et pourtant il faut se souvenir qu'au début du macronisme
00:41 le Sénat c'était tout ce qui devait disparaître. C'était la politique
00:45 poussiéreuse et vieillotte qui devait être emportée par la fluidité branchée du nouveau monde.
00:49 Et bien c'est aujourd'hui le contraire. Pour le gouvernement le Sénat c'est "the place to be".
00:54 Elisabeth Borne et Olivier Dussopt échangeraient mille Sandrine Rousseau, Aurélien Pradié, Manuel Bompard pour un Bruno Rotaillot,
01:00 une Valérie Boyer ou un Hervé Marseille.
01:02 Le projet de loi sur les retraites s'inspire directement d'une proposition de loi déposée par les sénateurs chaque année.
01:08 Quant au projet de loi sur l'immigration, Gérald Darmanin compte sur le Sénat pour le saler, le poivrer et le rendre comestible pour la droite.
01:16 Cette victoire de Gérard Larcher sur la Start-up Nation, c'est comme si le pâté en croûte l'emportait sur le quinoa.
01:22 C'est inattendu mais c'est savoureux.
01:24 - Entre nous Vincent, le Sénat ça peut aussi être un extraordinaire ralentisseur législatif quand ça n'est pas tout bonnement une force de blocage.
01:32 - Déjà Napoléon appelait la Chambre haute le "Sénat conservateur". Ça date pas d'hier.
01:36 Clemenceau puis Léon Blum ont voulu le supprimer. A la fin du siècle dernier, Lionel Jospin voyait une anomalie démocratique.
01:44 Ségolène Royal en 2007 un anachronisme démocratique.
01:47 Arnaud Montebourg une plaie du régime. En 2017 Jean-Luc Mélenchon promettait à son tour de supprimer le Sénat et tous y sont cassés les dents.
01:54 Le général de Gaulle qui n'était pas de gauche, en voulant supprimer la capacité de blocage du Sénat par référendum en 1969, a provoqué la fin de sa carrière politique.
02:02 Il faut pas se fier aux apparences. Le sénateur le plus souvent est rond, il est jovial, il tient dignement sa place à table.
02:09 Mais ne vous laissez pas tromper par ses yeux un peu assoupis.
02:12 Il cache une force d'inertie doublée d'une capacité de manœuvre qui ont découragé des générations de réformateurs exaltés.
02:18 - Vincent, est-ce que vous ne croyez pas que la France aurait besoin de toutes ces réformes que ralentit le Sénat ?
02:22 - Sans doute, il y a toujours une réforme sur le feu. Mais dans la tombante des temps, la France a aussi besoin de points d'équilibre et le Sénat en est un.
02:31 Il perpétue des formes, des usages, une espèce de liturgie qui pour le moment n'ont pas été broyés par la brutalité manichéenne des réseaux sociaux.
02:38 Les enragés de l'Assemblée déjà montrent, le Sénat du Doigt, comment on dénonce un vestige d'ancien régime.
02:45 Mais quand tout se disloque, on devrait se féliciter que de telles choses demeurent.
02:48 Alors vous me direz, les sénateurs sont élus au suffrage indirect, ça c'est indéniable.
02:53 Mais cette chambre de délibération c'est quand même préférable à ces conventions citoyennes dont le macronisme raffole.
02:59 Ces conventions citoyennes sont aussi démocratiques que le jeu de la courte paille.
03:03 La convention citoyenne ce sont des gens tirés au sort qui s'enferment dans une salle pour décider si on doit rouler en voiture électrique,
03:09 donner de la viande à la cantine ou autoriser l'euthanasie des mineurs.
03:13 Alors personnellement je préfère le Sénat.
03:16 Ma confiance dans le Sénat est relative et sans illusion.
03:19 Mais une chambre imparfaite vaudra toujours mieux que toute la galerie de ces machins citoyens.
03:23 - Et l'oche du Sénat signé ce matin Vincent Trémolet de Villers.
03:27 Merci beaucoup Vincent, c'était l'édito politique sur Europe 1.
03:30 A la une de votre journal Le Figaro, Biden, Poutine, Etats-Unis, Russie, le choc de deux mondes.
03:36 Vous écoutez Europe 1 matin, bon réveil.
03:38 - Nous sommes le mercredi 22 février.

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