• l’année dernière
Avec Jean Benoît Dumonteix, psychanalyste, spécialiste de l’addiction sexuelle, auteur de « Sex addicts, quand le sexe devient une drogue dure » aux éditions Hors Collection, et de « Tueurs en séries sur le divan » avec Joseph Agostini aux éditions Envolume et Frédéric Fanget, psychiatre, auteur de la BD « Le club des anxieux qui se soignent » avec aux éditions Les Arènes.

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##BRIGITTE_LAHAIE-2023-03-06##
Transcription
00:00:00 Cam4.fr, le plus grand site de webcam live réservé aux adultes.
00:00:05 14h16, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:00:10 Bonjour à tous, nous sommes ensemble durant ces deux heures sur Sud Radio.
00:00:14 Non seulement les couples se séparent de plus en plus vite,
00:00:16 mais il semble bien qu'ils soient de plus en plus dans des conflits récurrents.
00:00:20 Et si c'était cette anxiété ambiante qui jouait son rôle dans ces disputes fréquentes,
00:00:25 il faut dire que le stress, l'angoisse du lendemain ne sont guère profitables à l'harmonie conjugale.
00:00:31 Alors, comment gérer un partenaire lorsqu'il est trop anxieux ?
00:00:34 Pourquoi l'anxiété est-elle de plus en plus présente ?
00:00:37 Eh bien, c'est avec Jean-Benoît Dumontex que nous allons voir tout ça durant ces deux heures.
00:00:42 Et en tout cas, Jean-Benoît Dumontex constate qu'il a de plus en plus de patients très anxieux.
00:00:47 Eh bien, on va essayer de retrouver ensemble notre joie de vivre en cette période
00:00:52 qui, il faut le dire, est peut-être assez anxiogène.
00:00:55 Néanmoins, il y a des solutions simples, comme par exemple,
00:00:58 profiter un peu plus de l'instant présent, aller se promener dans la nature
00:01:02 et bien sûr faire l'amour, parce que quoi de mieux qu'un plaisir partagé pour retrouver le goût à la vie.
00:01:08 En tout cas, si vous avez besoin de venir nous confier votre anxiété,
00:01:11 si vous avez besoin de conseils pour savoir comment gérer l'anxiété de votre partenaire,
00:01:15 eh bien, on est là pour vous écouter, parce que tout simplement,
00:01:18 en parler, eh bien, c'est déjà aller un peu mieux.
00:01:21 - Votre numéro 0826 300 300. Bonjour Jean-Benoît Dumontex.
00:01:25 - Bonjour Brigitte.
00:01:26 - Oui, alors il semblerait qu'il y ait à peu près 20-25% de plus d'anxieux depuis le Covid.
00:01:31 - Depuis le Covid, absolument.
00:01:33 Oui, ça fait flamber quelque chose qui existait déjà quand même.
00:01:37 - Vous expliquez ça comment ?
00:01:39 - La situation Covid, quand même, a appuyé sur certains boutons.
00:01:42 C'est-à-dire qu'on ne savait absolument pas, je parle du début, le premier confinement,
00:01:46 les deux mois très très bizarres qu'on a pu passer.
00:01:50 Imaginez être déjà un peu anxieux.
00:01:53 Du jour au lendemain, on vous dit "Restez chez vous, il y a quelque chose de très dangereux dehors,
00:01:57 il ne faut surtout pas sortir, il ne faut surtout pas voir les autres,
00:01:59 il ne faut plus se rapprocher, etc. Vous allez peut-être mourir."
00:02:02 Ça n'aide pas. Je crois que ça a déclenché en fait beaucoup de choses.
00:02:07 Donc il y a eu ce premier effet.
00:02:08 - Sur des personnes qui avaient quand même ce profil un petit peu, j'imagine.
00:02:12 - Oui, mais aussi chez des personnes qui pouvaient se sentir un peu plus équilibrées
00:02:15 et pas spécialement anxieuses, qui ont commencé à développer des choses bizarres.
00:02:19 Des attaques de panique, des troubles anxieux.
00:02:23 Et on ne parle pas des ados qui eux sont restés cloîtrés,
00:02:27 sans pouvoir voir leurs copains, sans avoir de vie sociale
00:02:30 pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.
00:02:33 Plus toutes les répercussions, j'allais dire académiques,
00:02:37 c'est-à-dire le travail, le collège, le lycée, enfin tout était détraqué.
00:02:43 Donc c'était très compliqué, on ne savait absolument pas où on allait.
00:02:45 - Oui, un changement de repère brusque comme ça peut développer de l'anxiété.
00:02:48 - Voilà, et le problème c'est qu'à la suite du Covid, on ne s'est pas vraiment récupéré.
00:02:53 Il y a eu quelque chose qui a été déplacé dans le trouble anxieux chez la plupart des gens,
00:02:57 qui n'ont pas réussi à retrouver leur série.
00:03:00 - Il y a peut-être aussi l'Ukraine qui a empêché de retrouver un équilibre.
00:03:04 - On a enchaîné, on enchaîne d'ailleurs.
00:03:07 - Les soi-disant pannes d'électricité.
00:03:09 - Voilà, c'est ça, les restrictions, la planète, et j'en passe.
00:03:13 - Oui, l'écologie, etc.
00:03:16 - Et moi je constate, j'ai préparé l'émission évidemment,
00:03:19 et tout à l'heure je regardais les gens comme ça en me promenant,
00:03:23 et j'ai trouvé qu'il y avait encore quand même pas mal de gens qui portent des masques dans la rue.
00:03:29 Ce qui laisse à penser que ce sont peut-être des personnes un peu plus anxieuses que la moyenne, non ?
00:03:33 - Alors, soit...
00:03:35 - Ou qui ont des maladies chroniques, bien sûr.
00:03:37 - Soit malades, bon il peut y avoir effectivement, disons, une motivation physique.
00:03:42 Après, effectivement, il peut y avoir des gens qui sont quand même très anxieux,
00:03:46 et qui vivent dans la peur, dans la phobie, on parlera des phobies tout à l'heure aussi,
00:03:50 d'attraper le virus, alors qu'on sait qu'aujourd'hui, ça va, on s'est éloigné quand même des risques.
00:03:57 - Oui, il y a d'autres maladies bien sûr, mais c'est vrai que la Covid, on commence à en avoir fait un peu le tour.
00:04:03 On recevra dans la deuxième heure le Dr Frédéric Fanger,
00:04:06 qui est à l'origine d'une bande dessinée sur les anxieux,
00:04:09 qui est vraiment très intéressante, et puis très grand public, justement.
00:04:16 Mais je voulais vous poser une question, quelle différence entre l'anxiété et l'angoisse ?
00:04:21 - Très bonne question.
00:04:23 Il y a quelque chose d'assez simple, en fait, c'est que l'anxiété, on pourrait dire que c'est un bruit de fond,
00:04:28 c'est quelque chose qui est toujours là, qui est très insidieux, en fait,
00:04:33 qui veut s'immiscer un peu dans toutes les situations, que ça soit social, intime,
00:04:39 c'est toujours un état de fébrilité, avec cette question-là, qu'est-ce qui va se passer de mal,
00:04:45 quand est-ce que ça va se casser la gueule ?
00:04:47 C'est ce truc-là qu'on a tout le temps en soi, où on a l'impression qu'il va nous tomber quelque chose dessus.
00:04:52 - Comme s'il y avait une épée d'Amoklès au-dessus de soi tout le temps.
00:04:55 - Voilà, et ça c'est tout le temps.
00:04:57 Donc ça peut donner des réactions, on le verra tout à l'heure, qui sont assez délétères.
00:05:00 L'angoisse, c'est quelque chose de beaucoup plus circonscrit,
00:05:04 et qu'on peut ressentir déjà physiquement de manière très brutale.
00:05:08 Les crises d'angoisse, si quelqu'un en a fait, il le sait, et il sait les repérer après.
00:05:12 On suffoque, on transpire, on ne peut plus penser, on a l'impression qu'on va mourir.
00:05:17 Donc si vous voulez, l'angoisse est beaucoup plus ponctuelle,
00:05:21 et beaucoup plus visible, beaucoup plus criante,
00:05:24 que l'anxiété, qui va être un peu sournoise, tout le temps là, dans notre tête.
00:05:28 - Et autre question, est-ce que le stress provoque de l'anxiété ?
00:05:33 Est-ce que c'est quelque chose qui se ressemble, qu'on confond d'ailleurs souvent,
00:05:37 ou est-ce que finalement ça n'a rien à voir ?
00:05:40 - Alors, ça n'a pas à voir forcément dans le sens où le stress,
00:05:44 c'est lié à une situation qui nous met en stress.
00:05:48 Normalement c'est une réaction saine, on va dire, à une pression extérieure.
00:05:52 Donc la réponse, c'est un coup de stress.
00:05:55 - D'accord, sauf que les anxieux se mettent peut-être du stress pour rien ?
00:05:58 - Voilà, c'est ça, les anxieux, le problème c'est que c'est la poule et l'œuf, on ne sait pas trop,
00:06:02 parce que quand on est anxieux, on est stressé forcément, tout nous stresse.
00:06:06 - Et d'où une surcharge au niveau cardiaque, au niveau...
00:06:11 - Mental, il y a la radio mentale...
00:06:14 - Parasympathique, etc. - Absolument, tout à fait.
00:06:16 Donc après tout prend une proportion... - Une tension musculaire,
00:06:19 et donc une fatigue supplémentaire, etc.
00:06:22 - Oui, c'est très fatigant, les fins de journée des anxieux,
00:06:26 c'est au lit, une tisane est au lit, c'est très compliqué.
00:06:29 - Et donc ils appellent le rapport sexuel qui pourtant détendrait.
00:06:32 - Oui, mais ils n'ont plus la force, croient-ils à ce moment-là.
00:06:35 - En effet, j'étais en préparant l'émission, je me suis dit, oui, il y a des choses,
00:06:40 mais sauf que ce que je propose, faire l'amour ou aller se promener dans la nature,
00:06:44 les anxieux n'ont pas envie de ça. - Non, non.
00:06:47 - C'est la poule et l'œuf, encore une fois. - Oui, quand on leur propose, ils n'ont pas envie de ça.
00:06:50 Ils n'ont pas l'énergie, puis ça ne leur parle pas.
00:06:53 Alors qu'effectivement, vous avez raison, faire l'amour notamment,
00:06:56 ça dégage au niveau hormonal des hormones, qui font qu'après on se sent beaucoup mieux.
00:07:02 Il y a quelque chose qui s'est passé dans le corps,
00:07:04 mais encore faut-il avoir l'énergie, l'envie d'avoir un rapport sexuel.
00:07:08 - Et en amour, ça pose aussi un problème, parce que quand dans un couple,
00:07:13 il y en a un des deux qui est anxieux, ça crée un déséquilibre,
00:07:18 et c'est plus compliqué d'avoir une relation harmonieuse ?
00:07:21 - Ça c'est sûr, ça fait des dégâts majeurs, surtout que ce qui se passe en général,
00:07:26 c'est que celui qui n'est pas anxieux, le devient, par contamination,
00:07:30 parce que vivre avec quelqu'un d'anxieux tout le temps,
00:07:33 on finit par développer des choses qui ressemblent beaucoup à l'anxiété.
00:07:37 Alors quand il n'y a qu'un anxieux dans le couple,
00:07:39 bon, si on a des armes et qu'on n'est pas anxieux, on peut gérer,
00:07:42 on peut dire stop, il y a des choses à faire.
00:07:45 Mais quand on est deux anxieux dans un couple, c'est très compliqué.
00:07:49 Et ça peut donner lieu à des scènes, des engueulades,
00:07:53 des choses complètement irrationnelles,
00:07:55 qui ne viennent que de l'anxiété de chacun, qui nourrit l'anxiété de l'autre.
00:08:00 - Oui, mais vous venez de dire le mot "irrationnel",
00:08:02 l'anxiété c'est finalement très irrationnel.
00:08:04 Donc face à quelqu'un d'anxieux, si on n'est pas anxieux,
00:08:07 c'est compliqué de le comprendre, puisque c'est irrationnel.
00:08:10 - Oui, tout à fait.
00:08:11 - Et ce n'est pas en rationalisant qu'on va l'aider à être moins anxieux ?
00:08:14 - Alors ça fait partie des choses qu'on est censé faire quand même.
00:08:17 C'est-à-dire qu'on est censé rationaliser les peurs en disant
00:08:19 "Bon, on revient au fait, exactement, qu'est-ce qui se passe ?
00:08:22 Est-ce que c'est si grave ?"
00:08:24 Mais c'est très compliqué à faire.
00:08:26 Comme ce n'est pas rationnel, c'est aussi émotionnel.
00:08:28 Donc quelqu'un d'anxieux va monter dans les tours très rapidement,
00:08:31 va se mettre à pleurer, va se mettre à hurler,
00:08:33 parce que c'est des émotions à fleur de peau.
00:08:36 - Il va aussi éviter, j'imagine, il y a beaucoup d'évitement quand on est anxieux.
00:08:40 - Absolument, par le rejet notamment.
00:08:42 En étant désagréable, un peu agressif, dans la défense en fait.
00:08:48 - Et est-ce que c'est bien justement de mettre des mots sur son anxiété, de parler ?
00:08:53 - Je ne vais pas vous dire non.
00:08:56 - Bon, on les invite à nous appeler.
00:08:58 - On aimerait bien, on veut les entendre.
00:08:59 - 0 826 300 300, venez nous raconter, si vous êtes anxieux, comment ça se traduit chez vous.
00:09:05 - Sud Radio, 14h-16h, Brigitte Lae, Sud Radio.
00:09:10 - Et nous évoquons l'anxiété aujourd'hui en compagnie de Jean-Benoît Dumontex, psychanalyste.
00:09:16 Vous êtes également spécialiste de l'addiction sexuelle.
00:09:19 Je suppose que l'anxiété peut conduire à l'addiction, évidemment.
00:09:22 - Oui, oui, bien sûr, absolument.
00:09:24 - Bonjour Claire.
00:09:26 - Bonjour Brigitte, bonjour à votre invité.
00:09:29 - Bonjour.
00:09:30 - Je vais m'ivrer un petit peu à vous aujourd'hui,
00:09:32 comme je l'ai fait dernièrement et des années très proches,
00:09:34 parce que je suis en grande difficulté.
00:09:37 C'est-à-dire que je me renferme totalement sur moi,
00:09:42 je ne réponds plus au téléphone.
00:09:44 Quand les gens me laissent des messages, j'en ai 180,
00:09:47 je viens de regarder sur mon portable, je vois les gens qui m'appellent,
00:09:50 je n'écoute pas leurs messages.
00:09:52 Et pourtant, je ne suis pas anxieuse.
00:09:54 Je ne pense pas être anxieuse de nature, ni être angoissée.
00:09:56 J'ai toujours été de l'avant, optimiste, positive,
00:09:59 en fait un peu dans la réussite aussi.
00:10:02 - Mais là, ce retrait de la vie sociale, en quelque sorte,
00:10:07 vous l'attribueriez à quoi si vous n'êtes pas anxieuse ?
00:10:11 - Moi, j'ai toujours été dans des clubs,
00:10:13 des clubs de marche, j'étais en compétition de natation.
00:10:15 Je cherche un petit peu l'excellence et l'extrême.
00:10:18 Donc quand je faisais les choses, je ne les faisais pas à moitié.
00:10:21 Quand je marchais, c'était du 40 km par jour,
00:10:23 en partant à 8h le matin.
00:10:25 Et donc c'est vrai que tout s'est arrêté il y a quelques années,
00:10:27 et je n'ai rien repris de tout ça.
00:10:29 - Et tout s'est arrêté avec le Covid ?
00:10:31 - Oui, c'est vrai.
00:10:33 - C'est pour ça que ça s'est arrêté, ce n'est pas autre chose ?
00:10:35 - Pour moi, c'était un véritable enfermement.
00:10:37 C'était comme si on m'avait mis dans une cage.
00:10:40 Tout mon élan a été coupé,
00:10:43 et mon élan n'est pas revenu.
00:10:46 Donc je suis en difficulté,
00:10:50 parce que plus ça va, c'est de pire en pire.
00:10:52 Et heureusement, je me suis retirée à la campagne il y a quelques années,
00:10:56 et j'ai des animaux, donc ça c'est une grande chance.
00:10:59 Hier j'avais un problème,
00:11:01 parce que la vie sauvage n'est pas tendre,
00:11:03 et j'ai un chevaud qui a été emporté par une autre bête prédateur.
00:11:06 Et donc j'ai une chèvre qui avait du lait.
00:11:08 Et donc j'ai appelé une amie que je n'avais pas vue depuis 2 ans,
00:11:11 pour lui demander conseil.
00:11:13 Et cette amie, c'était une amie proche que je voyais régulièrement,
00:11:15 que je voyais tout le temps.
00:11:17 Et depuis 2-3 ans, je ne savais même pas comment reprendre contact avec elle.
00:11:22 Et hier je l'ai revue, comme si c'était bien sûr au premier jour,
00:11:25 mais je me suis dit, il y a un vrai problème là.
00:11:28 Je n'ai jamais eu la force de l'appeler.
00:11:30 En fait j'ai perdu tout élan.
00:11:32 - Et là vous l'avez appelée parce que vous étiez obligée.
00:11:35 - J'étais obligée parce que ma chèvre était en difficulté,
00:11:37 et je ne savais pas quoi faire.
00:11:39 Bah oui elle avait du lait, et je ne sais pas quoi en faire,
00:11:41 donc moi je ne sais pas gérer ça.
00:11:43 Et je me suis dit que heureusement encore que j'ai des animaux,
00:11:45 parce que ça crée un lien social.
00:11:47 Parce que là les clubs ont fermé,
00:11:49 moi je sortais, j'avais une sortie culturelle,
00:11:52 tout s'est arrêté.
00:11:54 Et après c'est difficile de reprendre.
00:11:56 Et alors ce qui m'est resté,
00:11:58 ce que j'ai développé comme addiction,
00:12:00 parce que j'ai développé une véritable addiction,
00:12:02 qui est très problématique.
00:12:04 Je me suis couchée encore à 3h du matin,
00:12:06 parce que je joue sur des jeux,
00:12:08 qui sont magnifiques par ailleurs.
00:12:10 Et d'ailleurs il y a des métiers pour ça,
00:12:13 il y a des développeurs dans les jeux,
00:12:15 et je joue comme les gens dans le train,
00:12:17 je joue sur des jeux sur mon ordinateur.
00:12:20 Et je me dis là, rien ne va plus.
00:12:22 Là rien ne va plus.
00:12:24 Et en ce moment de liberté,
00:12:26 moi qui voulais toujours être libre,
00:12:28 mon libre arbitre, je décide, j'ai de la volonté,
00:12:30 je fais ce que je veux,
00:12:32 et bien là je ne fais plus ce que je veux.
00:12:34 - Alors moi je pense qu'il faut prendre les choses à l'envers.
00:12:36 Je pense que votre suractivité,
00:12:38 et votre désir de réussite,
00:12:40 et tout ça,
00:12:42 jusqu'à la période Covid,
00:12:44 cachait ce que vous êtes en train de vivre maintenant.
00:12:48 C'est à dire que ça existait déjà,
00:12:50 mais que les activités,
00:12:52 cette vie, cette super vie que vous meniez,
00:12:56 c'était une manière de le masquer.
00:12:58 - C'est vrai.
00:13:00 - Et donc c'est comme un phénomène de roue,
00:13:02 c'est à dire qu'une fois que ça roule, ça roule,
00:13:04 bon on est dedans.
00:13:06 - Oui, c'est ce qui a été le cas pour pas mal de gens,
00:13:08 qui avaient une vie super active,
00:13:10 bien réglée,
00:13:12 tout était occupé,
00:13:14 puis tout d'un coup on se retrouve face au vide,
00:13:16 - Et on s'effondre.
00:13:18 Donc là vous avez vécu l'effondrement,
00:13:20 je pense que
00:13:22 vous vous sentez quand même très mal,
00:13:24 vous vous sentez pas un peu en dépression quand même ?
00:13:26 - Je pense que c'est la dépression.
00:13:28 - Bon, d'accord.
00:13:30 Et vous pensez faire quoi pour cette dépression ?
00:13:32 - Moi déjà je suis en contact avec la nature,
00:13:34 donc c'est une très bonne chose.
00:13:36 C'est la seule chose qui me reste.
00:13:38 - Oui mais Claire,
00:13:40 quand on parle de dépression,
00:13:42 on parle de maladie,
00:13:44 et quand on parle de maladie,
00:13:46 on parle de soigner.
00:13:48 - Oui, moi j'ai jamais voulu entendre
00:13:50 que j'étais malade.
00:13:52 - C'est pas grave d'être malade,
00:13:54 ce qui est grave c'est de pas vouloir guérir.
00:13:56 - Euh...
00:13:58 Je ne sais pas quoi faire en fait.
00:14:00 - Les animaux ils ont besoin de vous,
00:14:02 vous allez pas comme ça dépérir
00:14:04 et les laisser
00:14:06 sans secours.
00:14:08 - Non, mais moi j'ai pas l'impression en fait,
00:14:10 parce que là vous avez un regard extérieur,
00:14:12 donc vous entendez ce que je dis.
00:14:14 - Oui, on entend.
00:14:16 - Très bien.
00:14:18 - Quand on est dépressif, on est seul,
00:14:20 on se replie sur soi, et on a plus personne pour nous dire.
00:14:22 - Oui, mais vous voyez, vous nous avez appelé,
00:14:24 pour déposer quelque chose,
00:14:26 et pour justement être entendu,
00:14:28 et là on vous fait un retour de ce qu'on entend,
00:14:30 et j'ai pas l'impression que vous ayez envie
00:14:32 de l'entendre.
00:14:34 - Bah non, je suis dans l'incapacité
00:14:36 de l'entendre et de faire quelque chose.
00:14:38 - Hum hum.
00:14:40 Donc vous êtes bloquée.
00:14:42 - Exactement.
00:14:44 - Vous avez envie de rester comme ça ?
00:14:46 - Pas du tout.
00:14:48 - Donc vous avez pas le choix ?
00:14:50 - Pas du tout, non.
00:14:52 Moi j'aime être joyeuse, rayonnante.
00:14:54 - Donc vous voyez bien que vous n'avez pas le choix.
00:14:56 Même si vous n'avez pas envie,
00:14:58 vous n'avez pas le choix,
00:15:00 parce que sinon vous allez rester comme ça,
00:15:02 voire même aller moins bien.
00:15:04 - Ça s'améliorera pas. Si vous faites rien,
00:15:06 ça s'améliorera pas.
00:15:08 - Alors moi j'ai cherché un petit peu,
00:15:10 dans la culture qu'on peut avoir aujourd'hui,
00:15:12 le problème de la dopamine.
00:15:14 Il n'y a pas quelque chose derrière ça ?
00:15:16 - Alors c'est pas tant la dopamine que la sérotonine,
00:15:18 je pense. Enfin c'est les deux, mais la sérotonine.
00:15:20 Alors il existe des plantes,
00:15:22 si vous ne voulez pas passer directement
00:15:24 à de la chimie, il existe des plantes
00:15:26 qui s'appellent des précurseurs de la sérotonine,
00:15:28 qui vous permettent de remettre
00:15:30 un peu de boost, si vous voulez,
00:15:32 dans vos cellules,
00:15:34 et qui peuvent remettre un petit peu le circuit en place.
00:15:36 Ça va vous permettre de vous sentir un peu mieux,
00:15:38 de prendre un peu de recul par rapport aux choses,
00:15:40 et peut-être de vous donner la force
00:15:42 d'aller consulter, de faire quelque chose
00:15:44 d'un peu plus radical quand même.
00:15:46 Parce que là, si vous continuez à être
00:15:48 isolé,
00:15:50 à la campagne, sans les gens,
00:15:52 ça ne va pas marcher.
00:15:54 - Non, puis je vais tomber dans
00:15:56 le syndrome de diogène.
00:15:58 Voilà, on accumule,
00:16:00 on ne fait pas le tri,
00:16:02 c'est catastrophique.
00:16:04 - Claire, quand vous nous dites que vous avez
00:16:06 je ne sais combien de messages et que vous n'avez pas envie de les écouter,
00:16:08 on voit bien qu'il y a
00:16:10 quelque chose là qui indique
00:16:12 une vraie souffrance.
00:16:14 - Et je ne les efface
00:16:16 même pas.
00:16:18 - C'est bien de ne pas les effacer comme ça, vous pourrez peut-être les écouter
00:16:20 quand ça ira un peu mieux.
00:16:22 - Je ne sais pas, il y a une peur
00:16:24 de la relation avec l'autre.
00:16:26 En fait, je me dis que maintenant je ne peux plus rien apporter
00:16:28 à qui que ce soit, parce que je n'ai plus rien à dire.
00:16:30 - Oui,
00:16:32 ça c'est une pensée comme une autre. Elle est fausse,
00:16:34 mais c'est une pensée.
00:16:36 - Donc pour vous,
00:16:38 on essaie de rétablir un petit peu les choses,
00:16:40 parce que la chimie, bien sûr, j'en veux pas.
00:16:42 - C'est pas "on essaie", c'est "il faut".
00:16:44 C'est maintenant.
00:16:46 On n'attend pas.
00:16:48 Prenez du 5-HTP.
00:16:50 Je vous donne une piste.
00:16:52 5-HTP.
00:16:54 C'est une plante,
00:16:56 un précurseur de la sérotonine.
00:16:58 Vous en prenez deux par jour,
00:17:00 au moins pendant un mois déjà,
00:17:02 et puis vous nous rappelez et vous nous dites comment ça va mieux.
00:17:04 - Bien entendu.
00:17:06 - Et sans faute,
00:17:08 parce que là, vraiment, c'est assez catastrophique
00:17:10 ce que vous nous racontez. Je ne veux pas vous faire peur,
00:17:12 mais quand même.
00:17:14 Mais vous le savez, de toute façon.
00:17:16 Je ne vous apprends rien. - Je le sais, mais je ne veux pas le savoir.
00:17:18 - Oui, mais j'entends bien.
00:17:20 - Oui, mais en même temps, vous avez appelé,
00:17:22 et puis vous avez...
00:17:24 Alors, vous voyez, on parle souvent du déni.
00:17:26 Le déni, ça veut dire qu'on ne veut pas se rendre
00:17:28 compte de quelque chose, et on fait comme
00:17:30 si ça n'existait pas. Et en même temps,
00:17:32 vous n'êtes pas complètement dans le déni,
00:17:34 puisque vous dites "je le sais, mais je ne veux pas le savoir".
00:17:36 Donc vous êtes quand même lucide, que vous êtes dans le déni.
00:17:38 Vous voyez ce que je veux dire, Claire ?
00:17:40 - Oui, oui, je sais bien. - Et je pense qu'il faut vous méfier
00:17:42 de ce petit humour
00:17:44 que votre ego
00:17:46 arrive à développer assez bien.
00:17:48 Parce que finalement, ça vous
00:17:50 piège quand même un petit peu. Vous voyez ce que je veux dire ?
00:17:52 - Oui, je vais en parler.
00:17:54 J'ai quand même des amis qui sont assez extraordinaires,
00:17:56 des amis
00:17:58 qui ont beaucoup de spiritualité, je vais leur en parler.
00:18:00 - Je pense que la spiritualité
00:18:02 peut... Moi, je parlais de la nature
00:18:04 tout à l'heure, je pense que d'aller marcher,
00:18:06 si vous pouviez déjà un tout petit peu marcher,
00:18:08 si vous avez des chiens par exemple, aller marcher
00:18:10 un peu avec vos chiens, ça peut vous aider.
00:18:12 Et puis la spiritualité, oui,
00:18:14 pourquoi la spiritualité, elle sert
00:18:16 à beaucoup de gens ? Parce que ça donne du sens.
00:18:18 Ça donne du sens à notre vie.
00:18:20 Là, quand vous dites "je ne peux plus aider personne",
00:18:22 on voit bien qu'en fait,
00:18:24 quand on est un peu dépressif,
00:18:26 on n'a plus de sens à sa vie.
00:18:28 Et si on ne peut pas avoir de sens à sa vie,
00:18:30 c'est en effet anxiogène.
00:18:32 - Donc c'est bien compris.
00:18:34 - Oui, oui.
00:18:36 - La bonne nouvelle,
00:18:38 c'est que si vous voulez,
00:18:40 vous n'êtes pas entièrement
00:18:42 en depression, j'ai envie de dire.
00:18:44 C'est-à-dire qu'il y a une part de vous qui effectivement
00:18:46 va très mal, mais moi j'entends une autre part de vous
00:18:48 qui ne veut pas aller mal
00:18:50 et qui alerte les autres et qui est
00:18:52 tout à fait consciente que ça va mal.
00:18:54 Donc écoutez cette part-là de vous.
00:18:56 - Très bien.
00:18:58 - Et un petit peu
00:19:00 d'activité physique,
00:19:02 ne serait-ce que marcher.
00:19:04 Si vous marchez,
00:19:06 marchez plus d'une demi-heure,
00:19:08 trois quarts d'heure, une heure.
00:19:10 - Déjà un quart d'heure,
00:19:12 aujourd'hui.
00:19:14 - L'idée, c'est d'arriver à marcher assez longtemps
00:19:16 pour que dans votre corps, quelque chose se passe
00:19:18 qui remette un peu
00:19:20 de boost au niveau des hormones.
00:19:22 - D'énergie.
00:19:24 - Oui, j'ai l'impression d'être dans une spirale du vide.
00:19:26 - Bien sûr.
00:19:28 - Oui, oui, oui.
00:19:30 Vous en êtes encore
00:19:32 un peu consciente et agissez
00:19:34 avant qu'il soit trop tard parce que plus vous allez
00:19:36 rester dans cet état, plus
00:19:38 vous allez être envahis
00:19:40 par ce non-sens, si je puis dire.
00:19:42 - Parfait.
00:19:44 - Merci Claire, faites quelque chose s'il vous plaît.
00:19:46 - Merci Brigitte.
00:19:48 Merci à vous.
00:19:50 Merci Monsieur Zizou.
00:19:52 - On va faire une petite pause et puis
00:19:54 nous retrouvons notre journaliste
00:19:56 Swazique Belin pour notre Sexy News.
00:19:58 - Brigitte Lahaye, Sud Radio
00:20:00 C'est l'instant Sexy News.
00:20:02 - Et bien Jean-Benoît Dumontex,
00:20:04 nous accueillons Swazique Belin.
00:20:06 Bonjour Swazique. - Bonjour Brigitte,
00:20:08 bonjour Benoît. Plaisir,
00:20:10 coupable peut-être, me direz-vous Brigitte, mais
00:20:12 comment rester de marbre face à un titre pareil ?
00:20:14 Le Péril Dieu.
00:20:16 Un titre risqué, cela va sans dire, mais
00:20:18 c'est toujours mieux en le disant. Important préambule
00:20:20 à la lecture du livre de Tristan Barnon
00:20:22 qui est paru aux éditions de l'Observatoire.
00:20:24 Même si le titre est caché,
00:20:26 le sous-titre assez clair, "Toutes les religions
00:20:28 sont sexistes", les propos de l'autrice
00:20:30 sont nuancés. C'est nécessaire
00:20:32 de le préciser parce qu'évidemment ce sont les titres et les ouvrages
00:20:34 qui peuvent déchaîner des passions.
00:20:36 Alors que nous dit-elle ?
00:20:38 Qu'évidemment il est dans le droit de
00:20:40 chacun de croire ou non en l'existence
00:20:42 d'une divinité souveraine, un dieu,
00:20:44 peu importe sa confession et ses origines.
00:20:46 Elle précise d'ailleurs qu'elle-même baigne dans les trois
00:20:48 monothéismes, par parenthèse moi aussi,
00:20:50 et qu'elle aurait aimé croire parce que la croyance
00:20:52 porte, réconforte. Elle apporte
00:20:54 une explication à à peu près tout.
00:20:56 Donc finalement ce n'est pas cette croyance
00:20:58 qui est à revoir, c'est la pratique. Une pratique
00:21:00 déterminée par des commentateurs
00:21:02 des textes sacrés qui les ont interprétés
00:21:04 à leur manière dans un contexte d'époque
00:21:06 qui, soyons clairs, n'était pas très en faveur
00:21:08 d'une liberté, d'une jouissance féminine.
00:21:10 Des textes interprétés à une époque
00:21:12 qui n'est plus la nôtre mais dont on
00:21:14 subit encore la lourdeur et la peur.
00:21:16 C'est un peu court parce qu'on n'autorisait pas plus.
00:21:18 Même pour les hommes, effectivement.
00:21:20 Donc une époque dont on subit
00:21:22 encore la lourdeur et la peur.
00:21:24 Cette peur criante que le corps
00:21:26 des femmes puisse échapper à la maîtrise des hommes
00:21:28 et qu'un doute puisse exister en ce qui concerne
00:21:30 la descendance. Parce que c'est à cet endroit
00:21:32 que se situe un des pouvoirs de la femme,
00:21:34 la procréation. Alors si ce livre
00:21:36 vient d'écortiquer habilement toutes
00:21:38 les religions du livre, du moins leurs origines,
00:21:40 pour que l'on puisse comprendre la base de cette
00:21:42 misogynie totalement intégrée,
00:21:44 digérée et parfois même acceptée,
00:21:46 elle la met en parallèle avec les revendications
00:21:48 féministes, les fondements du féminisme.
00:21:50 Et c'est en citant Simone de Beauvoir
00:21:52 "L'homme a tout avantage à faire
00:21:54 endosser par un dieu les codes
00:21:56 qu'il fabrique et singulièrement
00:21:58 puisqu'il exerce sur la femme une autorité
00:22:00 souveraine, il est bon que celle-ci
00:22:02 lui ait été conférée par l'être souverain."
00:22:04 Alors je me suis entretenue avec Tristane
00:22:06 Bannon et je lui ai demandé pourquoi, selon elle,
00:22:08 les religions n'évoluaient pas davantage
00:22:10 avec leur temps et quel était
00:22:12 le message qu'elle voulait développer
00:22:14 dans son livre. Elle y répond
00:22:16 avec brio, on l'écoute.
00:22:18 Ce qui m'a intéressée avec ce livre,
00:22:20 c'est de remonter
00:22:22 l'histoire de la naissance de ces trois monothéismes
00:22:24 et de raconter la
00:22:26 misogynie religieuse et ses raisons
00:22:28 car évidemment le sexisme
00:22:30 était pré-existant à la religion
00:22:32 et il fallait montrer dans quelle société
00:22:34 éminemment patriarcale ces religions étaient apparus
00:22:36 pour comprendre pourquoi
00:22:38 chacun des trois
00:22:40 monothéismes n'avait fait qu'institutionnaliser
00:22:42 un état de fait en réalité.
00:22:44 Ce qui est terriblement
00:22:46 misogyne, sexiste et mortifère
00:22:48 c'est de vouloir aujourd'hui, en 2023
00:22:50 appliquer des règles
00:22:52 qui datent précisément de sociétés
00:22:54 qui étaient éminemment patriarcales
00:22:56 et en ça, le fondamentalisme,
00:22:58 l'extrémisme, le radicalisme sont
00:23:00 des courants religieux qui sont
00:23:02 extrêmement dangereux et on observe leur montée
00:23:04 à l'heure actuelle et c'est quelque chose
00:23:06 qui m'inquiète. Parallèlement,
00:23:08 le silence
00:23:10 de certaines mouvances
00:23:12 féministes était quelque chose
00:23:14 qui me posait d'énormes problèmes
00:23:16 et j'ai voulu, avec ce livre,
00:23:18 expliquer pourquoi historiquement
00:23:20 le féminisme doit s'opposer
00:23:22 au sexisme des religions. Il est né
00:23:24 de ça, il est né de son refus
00:23:26 du sexisme religieux, de son opposition
00:23:28 à l'Église, sans jamais
00:23:30 s'être soucié d'offenser ou non
00:23:32 leurs croyants. En découle
00:23:34 qu'être féministe tout en adoubant
00:23:36 certains commandements sexistes au motif qu'ils proviennent
00:23:38 de la religion et qu'il ne faut pas manquer de respect
00:23:40 aux croyants est une aberration.
00:23:42 C'est la conclusion en réalité de ce livre.
00:23:44 Donc évidemment,
00:23:46 difficile de faire l'impasse sur la question
00:23:48 du port du voile, une question qui scinde
00:23:50 aujourd'hui les féministes en deux clans,
00:23:52 celles qui, au nom d'une liberté, ne veulent pas se prononcer
00:23:54 et les autres qui refusent que ce soit
00:23:56 que soit infligée aux femmes cette
00:23:58 tenue dégradante et sexiste, je mets
00:24:00 des guillemets. Évidemment,
00:24:02 on pourrait lui répondre que certaines femmes
00:24:04 sont attachées à ce voile comme d'autres sont attachées
00:24:06 au port de la perruque. Comment
00:24:08 le féminisme peut agir sur ce sujet ?
00:24:10 Je lui ai posé la question. Je trouve que
00:24:12 mettre les femmes derrière un mur de tissu, les isoler
00:24:14 de l'univers commun, créer pour elles
00:24:16 un apartheid sexuel parce qu'elles
00:24:18 sont femmes, les inférioriser,
00:24:20 quoi qu'on en dise, c'est les inférioriser.
00:24:22 Ces mots, ils ne sont pas de moi,
00:24:24 ce sont ceux de Gisèle Halimi dans une interview
00:24:26 "La cause du féminisme" et
00:24:28 je pense que ce qu'il faut en retenir
00:24:30 c'est que se prétendre féministe
00:24:32 et oser dire
00:24:34 que le voile chez les musulmans
00:24:36 comme on pourrait le dire
00:24:38 de la perruque chez les juifs
00:24:40 ou du voile chez les catholiques,
00:24:42 le voile de Saint-Paul, oser
00:24:44 dire que le voile est un embellissement
00:24:46 ou une preuve de liberté, c'est
00:24:48 renier le féminisme.
00:24:50 Le voile, comme je l'explique
00:24:52 dans mon livre, c'est une façon pour moi
00:24:54 en tant que féministe de lutter contre ce
00:24:56 vêtement sexiste et de le
00:24:58 détacher
00:25:00 de la religion
00:25:02 pour qu'une femme puisse
00:25:04 se sentir religieuse et
00:25:06 tout à la fois refuser le voile.
00:25:08 Le voile n'est pas
00:25:10 raconté autrement
00:25:12 dans le Coran que comme un vêtement sexiste,
00:25:14 que comme un vêtement de soumission de la
00:25:16 femme envers son mari, de
00:25:18 chosification de la femme entre les mains de son mari.
00:25:20 Les cinq versets du Coran qui lui sont
00:25:22 consacrés ne racontent rien d'autre.
00:25:24 On remarquera donc
00:25:26 le travail minutieux de l'analyse de l'autrice sur des sujets
00:25:28 brûlants, l'homosexualité
00:25:30 et l'Eglise, la multiplication des blasphèmes
00:25:32 signent une société pudibonde et frileuse,
00:25:34 l'IVG, la virginité sacrée,
00:25:36 des choses que l'on pense et que par peur
00:25:38 on ose dire, elle les a écrites
00:25:40 et elle porte ainsi tout haut un objet de réflexion
00:25:42 que chacun et chacune doit pouvoir alors
00:25:44 s'approprier.
00:25:46 D'accord, ça a l'air en effet assez
00:25:48 fouillé, argumenté,
00:25:50 elle a fait un travail
00:25:52 remarquable, c'est bien. Moi je voulais
00:25:54 juste ajouter qu'il faudrait arrêter de confondre
00:25:56 religieux et religion
00:25:58 et que le religieux ça englobe
00:26:00 évidemment le sacré et on sait que
00:26:02 dans le sacré, les femmes
00:26:04 ont réellement leur place. Je prendrais
00:26:06 comme exemple le tantrisme
00:26:08 qui est vraiment... met la femme
00:26:10 en avant par rapport à l'homme.
00:26:12 Donc je crois que c'est vers
00:26:14 ça peut-être qu'il faudrait arriver à
00:26:16 comprendre et à ouvrir
00:26:18 parce que finalement on a tous besoin
00:26:20 de spiritualité, on vient encore d'en parler
00:26:22 avec l'auditrice qui est passée à l'antenne
00:26:24 avec Claire. Je pense que
00:26:26 on a besoin
00:26:28 de comprendre ça et
00:26:30 la religion n'est qu'un dogme
00:26:32 comme d'autres.
00:26:34 Oui.
00:26:36 Je ne vais pas me prononcer
00:26:38 sur ce sujet-là qui
00:26:40 est un peu personnel mais
00:26:42 je suis d'accord avec
00:26:44 le fait qu'on confond un certain
00:26:46 nombre de choses et que le spirituel
00:26:48 ou le religieux n'est pas la religion.
00:26:50 Voilà, donc c'est bien, je pense que
00:26:52 comme on est tous humains, on parlait
00:26:54 de l'anxiété aujourd'hui, on sait que
00:26:56 l'angoisse de la mort
00:26:58 est une anxiété
00:27:00 supplémentaire pour l'humain,
00:27:02 l'animal n'a pas cette anxiété-là
00:27:04 et quoi de mieux
00:27:06 que le spirituel, le religieux
00:27:08 pour justement pallier
00:27:10 cette anxiété.
00:27:12 Pour donner du sens aussi.
00:27:14 Je pense qu'il faut vraiment faire attention de ne pas
00:27:16 tout confondre les deux et bon,
00:27:18 ok, les religions sont forcément sexistes,
00:27:20 c'est normal
00:27:22 puisqu'elles ont été créées à une époque où
00:27:24 de toute façon le patriarcat
00:27:26 était là, mais
00:27:28 ne mélangeons pas les deux parce que sinon
00:27:30 on va aller vers
00:27:32 un dogme laïque qui sera peut-être
00:27:34 encore plus fanatique que les religions.
00:27:36 - Vous voulez dire la fin de la magie,
00:27:38 c'est ça ? La fin de...
00:27:40 - En tout cas,
00:27:42 on a besoin de donner du sens
00:27:44 à sa vie si on veut aller
00:27:46 bien et si
00:27:48 on n'a plus rien
00:27:50 si ce n'est l'absurde
00:27:52 de la naissance et de la mort, je crains
00:27:54 que vous soyez débordé
00:27:56 de passion,
00:27:58 Jean-Benoît Duhantel. Encore une fois,
00:28:00 c'est mon avis
00:28:02 qui essaye d'être éclairé, mais je ne me dis pas
00:28:04 que je détiens la vérité non plus.
00:28:06 - Merci en tout cas.
00:28:08 - Merci à vous.
00:28:10 - Effectivement, je la connaissais
00:28:12 sous d'autres atours, on va dire,
00:28:14 et je suis assez surpris de voir que
00:28:16 il y a du fond
00:28:18 et ça donne envie de le lire.
00:28:20 - Il y a un vrai travail,
00:28:22 c'est vrai que c'est du sujet qui la touche,
00:28:24 mais elle a fait
00:28:26 un vrai boulot, je pense,
00:28:28 aussi pour être
00:28:30 certaine qu'on ne vienne pas
00:28:32 l'attaquer sur ce terrain-là et lui dire
00:28:34 qu'elle n'était pas légitime, peut-être, pour ce type
00:28:36 de travail.
00:28:38 - Oui, c'est vrai qu'a priori, ça pourrait surprendre
00:28:40 compte tenu de ce qu'on sait d'elle
00:28:42 ces dernières années, bien sûr.
00:28:44 Mais en tout cas, ça a l'air d'être
00:28:46 - C'est documenté. - Absolument.
00:28:48 Et puis sa position sur le voile, elle est très claire.
00:28:50 - Oui. - Oui, il n'y a pas d'ambiguïté.
00:28:52 - C'est ce qui est plutôt bien,
00:28:54 parce que c'est vrai que
00:28:56 on en a vu quelques-unes aller défendre
00:28:58 les femmes en Iran alors qu'elles étaient pour le voile,
00:29:00 donc je trouve que
00:29:02 parfois il y a des
00:29:04 incohérences, mais bon,
00:29:06 je ne citerai pas de nom.
00:29:08 Merci, Swayze Guela. - S'il vous plaît.
00:29:10 - On continue avec Raymond. Bonjour Raymond.
00:29:12 - Bonjour Brigitte,
00:29:14 bonjour Jean-Benoît. - Bonjour Raymond.
00:29:16 - Alors, première question justement, puisque
00:29:18 on parlait de faire l'amour, qui est bien pour
00:29:20 ne pas être anxieux, vous aimeriez
00:29:22 faire l'amour combien de fois par semaine ?
00:29:24 - Bah écoutez,
00:29:26 là je suis à peu près, on va dire
00:29:28 en moyenne deux fois par semaine.
00:29:30 Pourquoi pas
00:29:32 deux fois de plus, pourquoi pas ? - Ah, quatre fois,
00:29:34 carrément ?
00:29:36 - Ouais, je suis assez gourmand. - Bah oui, mais pourquoi
00:29:38 pas ? Bon, il faut voir ça avec votre
00:29:40 compagne.
00:29:42 - C'est vrai, il faudrait qu'elle soit d'accord.
00:29:44 - Bon, il faut faire peut-être ce qu'il faut
00:29:46 pour qu'elle soit d'accord aussi. - Aussi,
00:29:48 ouais. - Enfin déjà, si vous avez deux fois,
00:29:50 pas mal, ça va, ça va.
00:29:52 - J'ai pas trop à me plaindre.
00:29:54 - Vous n'avez pas trop à vous plaindre,
00:29:56 on est bien d'accord. Deuxième question,
00:29:58 pour vous,
00:30:00 la masturbation, c'est un pisalé
00:30:02 ou c'est sublime ? - Oh, c'est sublime.
00:30:04 - C'est mieux que
00:30:08 le rapport sexuel ?
00:30:10 - C'est différent,
00:30:12 les deux ont leur avantage, on va dire, ça dépend des
00:30:14 moments. - En tout cas, vous avez répondu
00:30:16 rapidement,
00:30:18 c'est sublime, donc
00:30:20 on entend bien ça.
00:30:22 Dernière question,
00:30:24 est-ce que ça vous est déjà arrivé d'avoir
00:30:26 une éventuelle envie de faire l'amour
00:30:28 avec quelqu'un de votre sexe ?
00:30:30 - Alors, pas pour l'instant.
00:30:32 - J'adore, vous avez
00:30:34 un esprit très libre, Raymond, bravo.
00:30:36 - Merci. - Non mais c'est vrai, je trouve.
00:30:38 Oui, oui.
00:30:40 - Il ne faut pas être fermé à rien, la vérité
00:30:42 de maintenant, la vérité de
00:30:44 dans un an, deux ans, il ne faut pas se
00:30:46 fermer. - On est d'accord, d'accord.
00:30:48 Bon, écoutez. - Parfait, parfait.
00:30:50 - Je vous laisse poser une question à Jean-Benoît
00:30:52 Dumontex, Raymond.
00:30:54 - Alors, Jean-Benoît Dumontex,
00:30:56 seriez-vous intéressé par le polyamour ?
00:30:58 - Je crois que je ne suis pas capable,
00:31:02 en fait. Voilà.
00:31:04 J'ai longtemps cru que je l'étais,
00:31:06 dans mes jeunes années,
00:31:08 et en fait, non, parce que c'est beaucoup de...
00:31:10 C'est beaucoup d'organisation, déjà,
00:31:12 et ça peut être beaucoup de douleurs
00:31:14 aussi, suivant comment ça se passe,
00:31:16 donc non, là, pour l'instant,
00:31:18 là encore, je reste ouvert,
00:31:20 comme vous, mais
00:31:22 moi, dans le temps présent,
00:31:24 une personne me suffit. - Mais quand vous dites
00:31:26 "je me croyais peut-être capable",
00:31:28 finalement, non, c'est-à-dire, vous seriez
00:31:30 jaloux, ou vous n'avez pas envie de vous disperser ?
00:31:32 - Alors, il y a eu de la jalousie,
00:31:34 oui, effectivement, c'est vrai, et puis il y a une dispersion
00:31:36 aussi, enfin, je trouve que c'est compliqué
00:31:38 de penser à plusieurs personnes et d'investir
00:31:40 plusieurs personnes. Voilà, il y en a
00:31:42 qui sont tout à fait en capacité de le faire,
00:31:44 et tant mieux, mais c'était pas
00:31:46 mon cas. Donc, voilà, moi,
00:31:48 j'ai une personne, et voilà, c'est la
00:31:50 personne de ma vie. - Il faut avoir
00:31:52 un grand cœur pour cela. - Oui, oui,
00:31:54 sans doute, et un grand lit aussi, je crois.
00:31:56 - Aussi.
00:31:58 - En tout cas, merci de votre franchise,
00:32:00 Jean-Benoît Dumont-Tex, et merci à vous,
00:32:02 Raymond, merci beaucoup. - Avec grand plaisir.
00:32:04 - On fait une petite pause et on retrouve
00:32:06 Marjorie, tiens, dans un instant.
00:32:08 - .fr, le plus grand
00:32:10 site de webcams live, réservé aux
00:32:12 adultes.
00:32:14 - 14h-16h, Brigitte Laé,
00:32:16 Sud Radio. - Nous évoquons
00:32:18 aujourd'hui l'anxiété avec Jean-Benoît
00:32:20 Dumont-Tex, psychanalyste spécialiste
00:32:22 des addictions sexuelles,
00:32:24 et pas du tout anxieux,
00:32:26 je dis ça,
00:32:28 comme tout le monde. - Je ne serais pas si
00:32:30 sûr, oui, non, comme tout le monde, il y a une petite dose
00:32:32 d'anxiété. - Vous avez quand même une
00:32:34 certaine sérénité qui
00:32:36 transpire sincèrement.
00:32:38 - Avec l'âge, on s'améliore.
00:32:40 - Ça dépend, on peut
00:32:42 parfois en sentir. - Oui, c'est vrai, on peut aussi.
00:32:44 - Bonjour Marjorie.
00:32:46 - Oui, bonjour Brigitte, bonjour Jean-Benoît.
00:32:48 - Bonjour. - Oui,
00:32:50 ben, voilà, moi je vous appelle parce que
00:32:52 bon, j'ai écouté la différence entre
00:32:54 l'anxiété et l'angoisse, moi je crois que j'ai les
00:32:56 deux. Je suis angoissée de nature
00:32:58 et, enfin, anxieuse de nature
00:33:00 et parfois, quand ça va
00:33:02 vraiment trop loin, j'ai des crises
00:33:04 d'angoisse et, ouais.
00:33:06 - Et ce sont des crises d'angoisse qui ont lieu
00:33:08 n'importe quand ou vous êtes
00:33:10 déclenchée par des trucs en particulier ?
00:33:12 - Alors souvent je suis déclenchée quand
00:33:14 je me sens enfermée ou prisonnière
00:33:16 ou que je me sens obligée de faire
00:33:18 un truc que je n'ai pas envie de faire.
00:33:20 - De contrainte ?
00:33:22 - Ouais. - D'accord,
00:33:24 ok. - Voilà.
00:33:26 - Vous êtes plus libre de vos mouvements ?
00:33:28 - Ouais, ou même
00:33:30 psychiquement, je me sens pas...
00:33:32 je me sens obligée de faire quelque chose que j'ai pas envie
00:33:34 ou des choses comme ça et alors là...
00:33:36 - Là c'est la crise d'angoisse ? - Ouais.
00:33:38 - Et ça se matérialise comment chez vous, la crise d'angoisse ?
00:33:40 - En général, quand j'ai une
00:33:42 crise d'angoisse,
00:33:44 c'est...
00:33:46 Oh là là...
00:33:48 - C'est difficile à maîtriser. - Ouais,
00:33:50 mais c'est violent, ça vient
00:33:52 d'un coup, je n'arrive plus
00:33:54 à faire grand chose, j'ai des problèmes
00:33:56 de vision, je ne les vois pas bien. - Ah oui,
00:33:58 ça va jusqu'à... - J'ai des...
00:34:00 J'ai des crises de spasmondier en fait,
00:34:02 plus précisément, vraiment c'est
00:34:04 très très fort,
00:34:06 je ne les vois plus rien, je n'arrive plus à parler,
00:34:08 j'ai des fourmis dans les mains...
00:34:10 - Ah oui, il y a quand même des manifestations... - Et je ne peux plus rien faire.
00:34:12 - Il y a des manifestations physiques fortes.
00:34:14 C'est comme ça depuis longtemps ?
00:34:16 - Oui, depuis...
00:34:18 depuis...
00:34:20 - 15 ans ? - 15 ans.
00:34:22 Et vous avez déjà été suivi,
00:34:24 vous en avez déjà... - Ouais,
00:34:26 oui, mais j'ai...
00:34:28 Personne n'a vraiment pu faire
00:34:30 quelque chose, alors j'ai croisé plein de gens qui m'ont dit
00:34:32 "Ah mais ne vous inquiétez pas,
00:34:34 en gros, j'ai la solution
00:34:36 miracle, voilà, ça va
00:34:38 passer et tout, le seul truc qui a fait
00:34:40 un peu, c'est de me dire qu'en fait
00:34:42 d'arrêter quelque part
00:34:44 d'avoir de l'espoir que ça s'arrête.
00:34:46 D'accepter que
00:34:48 ça allait toujours être là,
00:34:50 finalement, et du coup elles sont moins
00:34:52 fortes et moins
00:34:54 souvent. - Bah oui, parce que vous ne cherchez pas à lutter.
00:34:56 - Voilà. - Donc,
00:34:58 c'est moins important, ça prend moins d'importance en tout cas.
00:35:00 - Un peu, oui.
00:35:02 - De toute façon, il n'y a pas de solution miracle.
00:35:04 Je crois que c'est déjà quelque chose
00:35:06 qu'il faut dire, Marjorie.
00:35:08 Il n'y a pas de solution miracle, en revanche
00:35:10 oui, il y a des
00:35:12 trucs qui peuvent
00:35:14 vous aider, mais
00:35:16 c'est pas...
00:35:18 c'est un peu quand même...
00:35:20 D'après vous, parce que vous dites que depuis 15 ans,
00:35:22 d'après vous,
00:35:24 il y a eu quelque chose qui aurait
00:35:26 déclenché ça ?
00:35:28 - Je sais pas, il y a eu un grand moment
00:35:30 où j'ai vécu
00:35:32 énormément de solitude,
00:35:34 que j'étais à la fac et...
00:35:36 - Oui. - En tout cas, j'avais beaucoup de trajets
00:35:38 à faire tous les jours, puisque j'avais
00:35:40 mon copain qui en habitait
00:35:42 dans une ville différente et donc je faisais...
00:35:44 Et je me suis retrouvée
00:35:46 très seule à la fac parce que j'ai pas osé
00:35:48 aborder les gens.
00:35:50 Parce que quelque part, je sais pas,
00:35:52 j'avais une espèce de... c'est bizarre, mais une espèce de
00:35:54 honte à faire le trajet tous les jours
00:35:56 et tout, à ne pas pouvoir rien faire
00:35:58 avec les gens après les cours.
00:36:00 Donc je me suis beaucoup isolée à ce moment-là, j'étais vraiment
00:36:02 seule, je parlais à personne, je mangeais tout le temps toute seule.
00:36:04 Et je pense que ça, ça a commencé
00:36:06 à déclencher des trucs...
00:36:08 - Parce qu'avant, vous n'aviez pas ça du tout ?
00:36:10 - Non. - D'accord.
00:36:12 - Ça arrivait un jour et c'est jamais reparti.
00:36:14 Et en plus, je crois que plus on fait ce genre de choses
00:36:16 et plus on est angoissé d'en faire
00:36:18 et donc du coup, on se crée des...
00:36:20 Enfin moi, il y a souvent où je me force
00:36:22 en fait, je me dis "bon allez,
00:36:24 vas-y, fais-le, tu vas y arriver" mais je suis
00:36:26 obligée tout le temps d'être en discours
00:36:28 avec moi-même, sinon je ferais rien quoi.
00:36:30 - Oui, et puis de toute façon,
00:36:32 vous savez, il y a ce qu'on appelle
00:36:34 l'inquiétude d'avoir ça
00:36:36 qui fait que même si
00:36:38 vous ne l'auriez pas eu, vous l'avez.
00:36:40 - C'est ça. Et là, ce qui est intéressant,
00:36:42 c'est de voir que ça s'est
00:36:44 manifesté à un moment où vous aviez
00:36:46 un sentiment un peu d'isolement
00:36:48 ou en tout cas... Et on sait
00:36:50 que la solitude,
00:36:52 la sensation
00:36:54 d'être rejetée
00:36:56 ou etc. peut développer
00:36:58 des phénomènes d'angoisse.
00:37:00 - Et vous avez parlé de honte aussi.
00:37:04 Vous aviez honte
00:37:06 de quoi ? De faire
00:37:08 des trajets, c'est ça ?
00:37:10 - J'avais honte, ouais,
00:37:12 c'était comme une honte...
00:37:14 Enfin une honte, oui, j'ai dit honte en même temps,
00:37:16 donc je sais que ça devrait être ça.
00:37:18 Non, mais ce qui était...
00:37:20 Quelque part, je devais trouver ça stupide
00:37:22 de ne pas aller vivre là
00:37:24 où je faisais des études pour être
00:37:26 avec mon copain et de faire des trajets
00:37:28 tous les jours. Finalement,
00:37:30 c'est un peu ça qui me faisait honte.
00:37:32 - Alors, vous étiez
00:37:34 déjà en train d'expérimenter
00:37:36 votre contrainte maximale contre votre gré ?
00:37:38 - Sûrement.
00:37:40 - C'était déjà la première occurrence de ce que vous m'avez dit
00:37:42 tout à l'heure, là, qui était que vous vous sentiez emprisonnée
00:37:44 quelque part. - Mais après,
00:37:46 contre mon gré, non, je l'ai fait moi-même,
00:37:48 donc je me suis auto-emprisonnée,
00:37:50 oui, quelque part, oui. - Oui, mais la situation ne vous convenait pas.
00:37:52 - Non, c'est vrai.
00:37:54 - La manière dont la situation s'était mise en place
00:37:56 ne vous convenait pas. Vous, ce que vous vouliez, c'était
00:37:58 être plus proche de votre fac
00:38:00 pour pouvoir être avec vos amis.
00:38:02 - En tout cas, pour essayer de me faire des
00:38:04 amitiés. - Parce qu'effectivement, si vous avez de la route
00:38:06 à faire le matin, le soir, vous ne restez pas.
00:38:08 Enfin, je veux dire, vous venez consommer vos cours
00:38:10 et puis vous repartez, c'est sûr. - Exactement.
00:38:12 - Et tout ça pour rester
00:38:14 avec votre copain, avec qui vous n'êtes plus, j'imagine.
00:38:16 - Ah oui, et puis en plus,
00:38:18 franchement, j'aurais même jamais dû y être,
00:38:20 en fait, c'est ça le truc.
00:38:22 C'est que, enfin, on faisait rien,
00:38:24 on voyait jamais personne.
00:38:26 C'était quelqu'un qui était quand même
00:38:28 à l'idée chaque fois que...
00:38:30 - Est-ce que, Marjorie, vous n'avez
00:38:32 pas été avec lui pour justement ne pas être seule ?
00:38:34 - Si, je pense que...
00:38:36 Enfin, avec le recul...
00:38:38 - Donc, vous voyez le paradoxe.
00:38:40 C'est-à-dire que vous vous êtes restée avec lui pour ne pas être seule
00:38:42 et finalement, vous vous êtes enfermée
00:38:44 dans une solitude
00:38:46 avec vos copains, vos amis...
00:38:48 - Exactement. - Vous voyez ?
00:38:50 Et ça, c'est intéressant. Comment on peut
00:38:52 soi-même se piéger ?
00:38:54 - Tout à fait.
00:38:56 Mais du coup, je pense que oui, il y a peut-être
00:38:58 une réaction par rapport à ça, parce que du coup, maintenant,
00:39:00 j'ai appris, déjà,
00:39:02 donc, cette relation, elle est finie.
00:39:04 Et quand j'ai arrêté,
00:39:06 j'ai eu l'impression que je sortais de prison,
00:39:08 clairement. - Voilà.
00:39:10 - Et du coup, maintenant,
00:39:12 je fais un espèce de rejet
00:39:14 dès que j'ai un truc d'enfermement.
00:39:16 Mais vous, en fait, c'est incroyable,
00:39:18 parce que j'avais jamais pensé à ça comme ça.
00:39:20 - Bah, ça sert à quelque chose, quand même,
00:39:22 Jean-Benoît et moi, Marjorie. - Mais tout à fait.
00:39:24 Mais tout à fait.
00:39:26 - Si ça peut vous ouvrir une porte, je crois que c'est la bonne.
00:39:28 - Ouais. - Et la manière
00:39:30 dont vous avez souri, je pense que c'est la bonne, oui.
00:39:32 Donc, finalement,
00:39:34 c'est quelque part
00:39:36 votre peur de la solitude qui provoque
00:39:38 tout ça.
00:39:40 Alors, seul,
00:39:42 c'est quoi, être seul, finalement, Marjorie ?
00:39:44 - Bah, ouais, je sais pas.
00:39:50 Parce qu'en même temps, c'est...
00:39:52 Enfin, ouais.
00:39:54 Oui.
00:39:56 Vous voyez, c'est
00:39:58 toujours la... Moi, je pense,
00:40:00 sincèrement, je pense qu'on n'est pas des animaux
00:40:02 solitaires. Je pense qu'en effet, l'être
00:40:04 humain n'a rien à gagner à se
00:40:06 retrouver trop seul. On a besoin
00:40:08 de contacts, on a besoin de...
00:40:10 Mais en même temps, se
00:40:12 mettre en couple
00:40:14 ou s'entourer de
00:40:16 tas de gens pour ne pas être seul,
00:40:18 c'est aussi un piège.
00:40:20 Et c'est peut-être ce juste équilibre
00:40:22 qui est important à trouver,
00:40:24 d'autant plus dans la situation
00:40:26 dans laquelle vous êtes. C'est-à-dire que je pense
00:40:28 que maintenant, vous êtes
00:40:30 toujours dans des situations complètement
00:40:32 paradoxales.
00:40:34 - Et n'oubliez pas aussi que...
00:40:36 Enfin,
00:40:38 le propre du traumatisme, si on faisait un schéma,
00:40:40 vous voyez, c'est une première occurrence
00:40:42 de quelque chose qui monte très très haut,
00:40:44 et ensuite, il y a tout un tas de petites répliques
00:40:46 qui viennent après, mais que vous
00:40:48 vous ressentez très fort parce que c'est à hauteur du
00:40:50 premier traumatisme. - Oui, bien sûr.
00:40:52 - Donc, toutes vos crises d'angoisse,
00:40:54 c'est comme si vous reveniez
00:40:56 à la case départ et que vous
00:40:58 reviviez exactement
00:41:00 ce qui s'est passé. - C'est ça, parce que
00:41:02 à l'époque, j'en faisais...
00:41:04 Je sais pas moi... J'en faisais
00:41:06 3, 4 par semaine. - Ben oui,
00:41:08 ça devait être l'enfer, je pense que c'était...
00:41:10 Voilà. - Donc, ouais, ouais, ouais.
00:41:12 - Vous êtes quelqu'un de assez timide, j'imagine ?
00:41:16 - Ben, alors...
00:41:18 J'étais.
00:41:20 - Oui.
00:41:22 - C'est assez extrême, parce que
00:41:26 par exemple, quand j'étais enfant, j'étais très timide,
00:41:28 j'étais très dans mon coin, j'étais très
00:41:30 dans mes rêveries,
00:41:32 dans ma bulle et tout. Et maintenant,
00:41:34 j'ai...
00:41:36 Il y a un côté de moi qui est toujours
00:41:38 comme ça, qui évite un peu
00:41:40 les gens, qui est dans ma petite bulle et tout.
00:41:42 Et en même temps, il y a une autre partie de ma personnalité
00:41:44 qui est très extravertie,
00:41:46 très exubérante. Donc,
00:41:48 c'est un peu... Je sais pas, des fois, je me dis que j'ai
00:41:50 construit ça pour un peu pallier le reste.
00:41:52 - Oui.
00:41:54 En tout cas,
00:41:56 vous avez quand même un fond
00:41:58 un peu timide, ce qui fait que c'est compliqué
00:42:00 pour vous, comme ça, de créer
00:42:02 rapidement, facilement du lien social.
00:42:04 C'est ce que je voulais dire. - Oui. En tout cas,
00:42:06 c'est vrai que les gens m'ont souvent dit que j'étais pas
00:42:08 facile d'abord.
00:42:10 - Ce qui est une protection pas forcément
00:42:12 négative. - Non.
00:42:14 - Mais c'est juste qu'il faut en être
00:42:16 un peu conscient. - Oui. - Et que donc,
00:42:18 comme vous transmettez
00:42:20 pour les gens une attitude
00:42:22 qui semble être un peu froide, qui n'est pas
00:42:24 ce que vous êtes, il faut donc que vous
00:42:26 preniez conscience que de temps
00:42:28 en temps, c'est à vous, un petit peu,
00:42:30 de vous ouvrir à quelqu'un si vous trouvez
00:42:32 que cette personne peut être intéressante.
00:42:34 - Oui. C'est ce que j'essaye de faire parce que c'est vrai
00:42:36 que bon, au début, je m'en rendais pas compte. Puis à force qu'on me
00:42:38 le dise, je me suis dit "Bon, il y a peut-être un souci."
00:42:40 Donc... - C'est pas un souci.
00:42:42 C'est juste qu'il faut bien comprendre
00:42:44 ce qu'on transmet aux autres.
00:42:46 - Oui, voilà. - Et pour
00:42:48 compenser justement, quand vous rencontrez
00:42:50 quelqu'un que vous trouvez sympathique, il faut pas hésiter,
00:42:52 vous, à aller
00:42:54 un peu vers elle, puisque vous êtes capable aujourd'hui de le faire.
00:42:56 - Oui. - Et puis quand vous avez
00:42:58 vos crises, ben...
00:43:00 respirez tranquillement.
00:43:02 Il y a quand même quelques trucs.
00:43:04 - Oui. - On va en parler d'ailleurs
00:43:06 avec Frédéric Fanger dans la deuxième heure
00:43:08 et il donne des exercices très simples.
00:43:10 Il y a quand même quelques petits trucs
00:43:12 qu'il pourrait vous donner.
00:43:14 - Moi, c'est vrai que j'écoute de l'hypnose, par exemple.
00:43:16 Les séances d'hypnose font me calmer.
00:43:18 Quand j'ai des crises d'angoisse.
00:43:20 Voilà.
00:43:22 Après, moi, je fais comme
00:43:24 vous dites, je marche beaucoup.
00:43:26 - Très bien. - Je fais du taï-chi
00:43:28 aussi, enfin, je fais plein de choses.
00:43:30 Vraiment, j'essaie de faire tout, machin,
00:43:32 mais il y a toujours ce truc qui fait
00:43:34 que... Voilà.
00:43:36 Mais je vais essayer...
00:43:38 - Écoutez, je pense que l'échange qu'on a eu
00:43:40 va vous faire avancer.
00:43:42 - Oui. - Je pense.
00:43:44 Merci en tout cas Marjorie. - Merci pour votre témoignage.
00:43:46 - Alors, je me permets cette devinette,
00:43:48 c'est à cause de Swayze Gbelin.
00:43:50 Vous allez comprendre dans un instant, je vous donnerai la réponse
00:43:52 après les infos. J'ose, tant pis.
00:43:54 Qu'est-ce qu'une musulmane sans sein ?
00:43:56 Ce sera après les infos
00:43:58 la réponse.
00:44:00 - Sud Radio. - Sud Radio. - Parlons...
00:44:02 - 14h-16h, Brigitte Laé, Sud Radio.
00:44:04 - Avec Jean-Benoît Dumontex,
00:44:06 nous évoquons l'anxiété
00:44:08 aujourd'hui et on voit bien
00:44:10 à quel point ça peut pourrir la vie.
00:44:12 L'anxiété, on l'a vu déjà avec les deux témoignages
00:44:14 qu'on vient de recevoir. On accueillera Frédéric Fanger
00:44:16 également, qui nous parlera de cette
00:44:18 bande dessinée qui vient de sortir, "Le Club
00:44:20 des Anxieux", ou "Qui se soigne ?"
00:44:22 des éditions Les Arènes.
00:44:24 Alors, j'ai osé cette devinette,
00:44:26 c'est à cause de Swayze
00:44:28 et de sa chronique tout à l'heure. Qu'est-ce qu'une musulmane
00:44:30 sans sein ? - On sait pas,
00:44:32 allez-y. - C'est une planche
00:44:34 à voile. - OK, on a l'image.
00:44:36 Merci. - Voilà.
00:44:38 Et on va continuer avec Tania, qui est
00:44:40 avec nous. Bonjour Tania. - Bonjour
00:44:42 Brigitte, bonjour Jean-Benoît.
00:44:44 - Bonjour Tania. - Merci d'être avec nous
00:44:46 Tania. - Eh ben, merci à vous de
00:44:48 me recevoir dans votre émission.
00:44:50 Donc moi, je vous appelle
00:44:52 par rapport à l'anxiété
00:44:54 et ce que
00:44:56 ça a provoqué chez moi.
00:44:58 En fait, pour vous raconter un petit peu
00:45:00 ma petite histoire, - Allez-y, oui.
00:45:02 - Je suis avec un homme
00:45:04 qui est marié depuis 5 ans
00:45:06 et il y a un an et demi,
00:45:08 je l'ai quitté
00:45:12 en lui disant que moi, je pouvais pas
00:45:14 attendre plus et lui, son excuse
00:45:16 était "mes filles sont trop
00:45:18 jeunes, je veux être là
00:45:20 pour elles, je veux les soutenir dans leurs études".
00:45:22 Enfin, voilà.
00:45:24 Et donc, nous avions
00:45:26 convenu ensemble que
00:45:28 dans 2 ans, je lui laissais 2 ans
00:45:30 pour qu'ils puissent s'organiser
00:45:32 et puissent se libérer.
00:45:34 Et les 2 ans, ils se terminent
00:45:36 normalement en septembre de cette année.
00:45:38 Sauf qu'entre temps, il s'est passé un truc,
00:45:40 c'est qu'à la Saint-Valentin,
00:45:42 sans le faire exprès, il m'a dit
00:45:44 qu'il voulait acheter des roses
00:45:46 pour sa femme,
00:45:48 mais comme elles coûtaient
00:45:50 une fortune, donc il les a pas prises.
00:45:52 Et moi, je lui ai dit
00:45:54 "mais tu voulais acheter des roses
00:45:56 rouges pour ta femme, mais tu sais quelle
00:45:58 signification ça a ?" Parce que
00:46:00 le monsieur me disait qu'il n'y avait
00:46:02 plus rien entre eux. Et donc,
00:46:04 il m'a dit que c'est parce que vis-à-vis
00:46:06 de ses filles, il voulait leur donner
00:46:08 une image de bon père qui achète des roses
00:46:10 pour sa mère, pour la Saint-Valentin.
00:46:12 Bref, moi, depuis ce
00:46:14 moment-là, j'étais très anxieuse
00:46:16 par rapport...
00:46:18 - De toute façon, c'est une situation
00:46:20 anxieuse que de sortir avec un homme marié.
00:46:22 - Oui,
00:46:24 mais sincèrement, j'y avais confiance.
00:46:26 Je me suis dit, et puis je me suis
00:46:28 dit en deux ans,
00:46:30 il a le temps de s'organiser,
00:46:32 il a le temps que des choses se passent...
00:46:34 - Et vous, pendant ces deux ans, vous faites
00:46:36 quoi ?
00:46:38 - En fait, on continuait notre
00:46:40 petit chemin de vie.
00:46:42 - Oui, mais vous,
00:46:44 en tant que personne, en tant que femme...
00:46:46 - Moi, j'entendais comme une cruche. - On est d'accord.
00:46:48 Merci pour cette réponse.
00:46:50 - Soyons gentils avec nous.
00:46:52 - Oui, avec donc
00:46:54 forcément de l'anxiété.
00:46:56 - Oui, de l'anxiété, et c'est vrai
00:46:58 que depuis
00:47:00 ce moment-là,
00:47:02 je ne vis pas les choses
00:47:04 sereinement.
00:47:06 Et donc, ce week-end,
00:47:08 je lui ai posé la fameuse question.
00:47:10 Je lui ai dit, écoute, moi, dans tes discours,
00:47:12 dans tout ce que tu me parles comme projet,
00:47:14 je n'ai pas l'impression qu'au
00:47:16 mois de septembre, on va
00:47:18 enfin vivre ensemble. Et clairement,
00:47:20 il m'a dit de manière autoritaire
00:47:22 que, de
00:47:24 toute façon, c'était important
00:47:26 pour lui et qu'il ne voulait
00:47:28 pas faire de faux pas. Il a des responsabilités
00:47:30 qu'il y tient.
00:47:32 - Ce qui est tout à fait
00:47:34 acceptable aussi.
00:47:36 - C'est tout à fait honorable.
00:47:38 - Mais au moins, il est clair
00:47:40 avec vous, ce qui est plutôt...
00:47:42 C'est plutôt bien d'ailleurs qu'il soit clair
00:47:44 en vous disant que de toute façon,
00:47:46 il ne pourra pas quitter sa femme.
00:47:48 Il est clair. Vous savez,
00:47:50 Tania, de toute façon, quand on pose un ultimatum,
00:47:52 quel qu'il soit, et d'autant plus
00:47:54 sur le plan amoureux,
00:47:56 on n'a plus le pouvoir.
00:47:58 Ça y est, on a donné le pouvoir à l'autre quelque part.
00:48:00 Et donc, c'est une situation forcément
00:48:02 anxiogène puisqu'on va dépendre
00:48:04 pendant un certain laps de temps
00:48:06 de quelque chose
00:48:08 dont on est totalement impuissant.
00:48:10 - C'est vrai.
00:48:12 - Donc, moi, en règle générale,
00:48:14 je dis qu'il vaut mieux ne pas
00:48:16 poser d'ultimatum et si on pose un ultimatum,
00:48:18 mieux vaut qu'il soit le plus court possible.
00:48:20 - Oui,
00:48:22 mais en fait... - Je suis tout à fait d'accord
00:48:24 avec ce que vous dites. - Vous avez raison,
00:48:26 sauf que moi, à l'époque, ça m'a
00:48:28 rassurée d'avoir une date.
00:48:30 - Parce que vous pensiez
00:48:32 que l'issue était positive en votre
00:48:34 faveur. Voilà. Et sauf que là,
00:48:36 vous vous doutez de plus en plus.
00:48:38 - Là, vous avez même la réponse.
00:48:40 - Oui, et donc, on a roncu
00:48:42 ce matin. - D'accord.
00:48:44 - Par téléphone, évidemment.
00:48:46 Parce que, de toute façon,
00:48:48 je voyais pas l'intérêt de le voir pour
00:48:50 lui en parler, pour avoir
00:48:52 à me justifier, quoi que ce soit.
00:48:54 Et donc, figurez-vous
00:48:56 que je suis soulagée depuis.
00:48:58 Dans trois jours,
00:49:00 dans une semaine, je ne sais pas, mais aujourd'hui,
00:49:02 je suis soulagée
00:49:04 et je me dis, en fait,
00:49:06 c'est bien pour moi. C'est bien ce qui m'arrive.
00:49:08 - Et vous êtes soulagée parce que ça libère
00:49:10 justement de l'anxiété ou est-ce que
00:49:12 c'est parce qu'au fond,
00:49:14 vous vous rendez compte que vous aviez déjà
00:49:16 un petit peu pris
00:49:18 l'envie d'arrêter cette relation ?
00:49:20 - Peut-être plus
00:49:24 ce problème d'anxiété. J'ai pu
00:49:26 me poser des questions sur
00:49:28 qu'est-ce qui va se passer,
00:49:30 qu'est-ce qui va pas se passer.
00:49:32 - Mais là, vous risquez un contre-coup, quand même.
00:49:34 - Je l'assumerai.
00:49:36 En fait, ce que je vais
00:49:38 faire, sincèrement, c'est que je vais vite
00:49:40 m'inscrire sur un site de rencontre.
00:49:42 - Si vous voulez.
00:49:44 - Et c'est vous qui avez pris la décision ce matin ?
00:49:46 - Oui.
00:49:48 Je ne voyais pas d'issue.
00:49:50 Je ne voyais pas d'issue.
00:49:52 - Mais là, aujourd'hui,
00:49:54 vous pouvez avoir un contre-coup, c'est-à-dire que
00:49:56 vous avez l'impression d'avoir repris le pouvoir,
00:49:58 mais c'est pas sûr
00:50:00 que vous n'ayez pas un contre-coup
00:50:02 justement
00:50:04 de la séparation et de la souffrance
00:50:06 que ça va produire.
00:50:08 - Surtout que
00:50:10 l'anxiété et l'attente,
00:50:12 ça prend beaucoup de place
00:50:14 dans les journées.
00:50:16 Et là,
00:50:18 il n'y a plus de place. Enfin, je veux dire,
00:50:20 ça ne prendra plus de place. Il y aura beaucoup de place
00:50:22 pour... on ne sait pas.
00:50:24 - Je vais m'inscrire au Golfe.
00:50:26 - Oui, allez-y. C'est bien.
00:50:28 - Golfe, site de rencontre.
00:50:30 Oui, oui. Remplissez
00:50:32 votre emploi du temps.
00:50:34 - J'ai plein de projets. - C'est très bien.
00:50:36 Non mais ça, c'est une très bonne idée.
00:50:38 - Et toutes mes copines sont prêtes à ce qu'on sorte
00:50:40 toutes elles me disent. Parce que forcément,
00:50:42 je l'ai raconté aux copines.
00:50:44 Elles m'ont dit "Bah, tu vas en sortir ensemble
00:50:46 quand tu veux". - Donc c'est bien.
00:50:48 Vous êtes entourées en plus.
00:50:50 - Oui, oui.
00:50:52 - Vous étiez souvent ensemble ?
00:50:54 Il prenait beaucoup de place dans votre vie ?
00:50:56 - Oui.
00:50:58 En tout cas, il était très présent.
00:51:00 - Et puis
00:51:02 Tania, si vous craquez,
00:51:04 si vous avez envie de le revoir,
00:51:06 rien ne vous empêche de le revoir.
00:51:08 Il n'y a pas d'amour propre. L'amour propre
00:51:10 en amour, ça n'a pas de sens.
00:51:12 Et puis à force, vous allez vous lasser
00:51:14 et à ce moment-là, vous pourrez le quitter
00:51:16 sans trop souffrir. Si jamais
00:51:18 vous êtes en souffrance.
00:51:20 Peut-être que vous allez... Bon, là ce matin,
00:51:22 aujourd'hui, vous avez l'air d'aller très bien.
00:51:24 Mais si jamais
00:51:26 vous sentez que vous êtes vraiment très en manque,
00:51:28 bon, rien n'empêche
00:51:30 de reprendre.
00:51:32 - Tout à fait. C'est vrai.
00:51:34 Mais en fait, encore une fois...
00:51:36 - Il faut essayer de rester aussi sur les sites de rencontres
00:51:38 en attendant peut-être de trouver quelqu'un.
00:51:40 - De rencontrer le bon.
00:51:42 Mais les hommes mariés, c'est fini.
00:51:44 - Non, mais vous savez, Tania,
00:51:46 il ne faut pas non plus tomber dans le fait
00:51:48 qu'aucun homme marié ne quittera jamais sa femme.
00:51:50 C'est pas vrai non plus.
00:51:52 Et puis, j'ai tendance à dire que
00:51:54 les hommes les mieux
00:51:56 sont souvent pas libres.
00:51:58 - Non.
00:52:00 Non.
00:52:02 C'est vrai.
00:52:04 Quand ils sont libres, ils ne sont pas libres longtemps.
00:52:06 Il faut tomber juste au moment.
00:52:08 - C'est totalement vrai.
00:52:10 - Vous êtes d'accord, Jean-Benoît ?
00:52:12 - Oui, oui. C'est mathématique presque.
00:52:14 - Oui, oui, c'est vrai.
00:52:16 - Bon, enfin, en tout cas, vous avez de l'humour
00:52:20 par rapport à tout ça. On ne vous sent pas...
00:52:22 - Non, je suis en libération.
00:52:24 - Oui.
00:52:26 - On ne vous sent pas spécialement anxieuse
00:52:28 ni désespérée.
00:52:30 - Je l'ai été longtemps et je vous dis,
00:52:32 je lui ai dit que c'était fini.
00:52:34 Je me sens libérée.
00:52:36 Je n'ai plus d'attente.
00:52:38 - Oui, vous avez repris la main.
00:52:40 - C'est ça, oui.
00:52:42 - Vous étiez dans une passivité avant.
00:52:44 Là, ce n'est pas la même chose.
00:52:46 - Exactement, oui.
00:52:48 C'était passif.
00:52:50 - Voilà.
00:52:52 Une des clés, peut-être, pour ne plus être anxieuse,
00:52:54 c'est d'être active,
00:52:56 au sens actrice de votre vie.
00:52:58 - Oui, tout à fait.
00:53:00 - Oui, tout à fait, oui.
00:53:02 - Il y a des situations dans lesquelles on se met
00:53:04 qui sont forcément des situations anxiogènes.
00:53:06 - Oui, bien sûr.
00:53:08 Oui, oui, tout à fait.
00:53:10 Mais c'est en général des moments où les clés
00:53:12 sont remises à l'autre
00:53:14 et où on ne peut rien faire.
00:53:16 On ne peut qu'attendre ou subir.
00:53:18 Ça revient un peu au témoignage
00:53:20 juste avant de Marjorie,
00:53:22 qui disait ça aussi. Elle subissait une situation
00:53:24 qui ne lui convenait pas et donc elle a développé
00:53:26 quelque chose d'un peu grave.
00:53:28 C'est toujours important, vous savez,
00:53:30 on n'est pas sur Terre pour très longtemps,
00:53:32 autant en faire quelque chose de sympa.
00:53:34 C'est déjà très chiant à la base, la vie,
00:53:36 si on regarde bien, quand même.
00:53:38 Autant en faire un truc un peu, voyez,
00:53:40 un peu sympa, où on s'éclate un peu
00:53:42 et où on a un peu les clés.
00:53:44 - Et peut-être ce que vous venez de dire,
00:53:46 Jean-Benoît Dumont-Tex, me fait penser à une chose essentielle,
00:53:48 c'est que déjà, se rendre compte
00:53:50 quand on est dans une situation
00:53:52 anxiogène, parce qu'à ce moment-là,
00:53:54 il faut voir comment on peut en sortir.
00:53:56 Et il y a toujours un moyen,
00:53:58 peut-être pas complètement d'en sortir, mais au moins d'atténuer
00:54:00 le côté anxiogène de la situation.
00:54:02 - Oui, tout à fait.
00:54:04 Mais ça, maintenant, je pense que vous allez le repérer,
00:54:06 parce que quand on a été dans l'anxiété ou dans l'angoisse,
00:54:08 c'est physique, en fait,
00:54:10 on ressent des choses. Si jamais ça se
00:54:12 repointait, vous sauriez,
00:54:14 je pense, le voir
00:54:16 et vous dire "bon là, il y a quelque chose qui ne va pas,
00:54:18 il faut que je réfléchisse à comment je sors de cette situation".
00:54:20 - Oui, tout à fait.
00:54:22 Et c'est vrai,
00:54:24 mon plus gros problème, je pense que
00:54:26 c'est que j'ai été dans la tente
00:54:28 de monsieur
00:54:30 et j'ai essayé d'être
00:54:32 la maîtresse idéale
00:54:34 en étant aussi bien maîtresse qu'épouse.
00:54:36 En fait, j'avais tous
00:54:38 les mauvais côtés de chacun des rôles.
00:54:40 Je dis ça aujourd'hui,
00:54:42 mais pendant un moment, j'étais bien contente de l'avoir.
00:54:44 - Vous avez passé des bons moments.
00:54:46 Et puis voilà, achetez-vous
00:54:48 une rose rouge ce soir,
00:54:50 et comme ça, vous vous offrez une rose.
00:54:52 - Un beau bouquet de roses.
00:54:54 - Merci Tania.
00:54:56 - Merci à vous deux.
00:54:58 Bonne après-midi.
00:55:00 - On va faire une petite pause, Jean-Benoît Dubont-Aix.
00:55:02 Et puis on vous invite, vous aussi,
00:55:04 à prendre la parole, mettre des mots
00:55:06 sur votre anxiété.
00:55:08 C'est déjà être un petit peu mieux.
00:55:10 0826 300 300.
00:55:12 A tout de suite.
00:55:14 Plus d'informations sur Lidl.fr.
00:55:16 14h16, Brigitte Lahaie, Sud Radio.
00:55:18 - Jean-Benoît Dubont-Aix
00:55:20 est avec nous. Vous êtes
00:55:22 spécialiste des addictions,
00:55:24 psychanalyste, et aujourd'hui, on évoque l'anxiété.
00:55:26 C'était un peu votre demande, d'ailleurs,
00:55:28 parce que vous constatez que de plus en plus de patients
00:55:30 sont anxieux.
00:55:32 Situation sans doute anxiogène actuellement.
00:55:34 Et puis, c'est bien, c'est Stéphanie
00:55:36 qui est avec nous, et je crois que c'est parce que
00:55:38 votre mari est quelqu'un d'anxieux.
00:55:40 Et donc, c'est pas tout à fait la même chose. C'est pas simple
00:55:42 à gérer, sans doute. Bonjour Stéphanie.
00:55:44 - Bonjour Brigitte, bonjour Jean-Benoît.
00:55:46 - Bonjour Stéphanie.
00:55:48 - J'ai un mari qui est très, dans sa nature,
00:55:50 très anxieux, à toujours
00:55:52 avoir peur qu'il se passe quelque chose, donc
00:55:54 il anticipe au quotidien
00:55:56 ce qui peut se passer.
00:55:58 Et ça transmet...
00:56:00 C'est lourd à gérer.
00:56:02 Parce que moi, je suis plutôt directe
00:56:04 à prendre des décisions sans trop réfléchir,
00:56:06 et lui, c'est tout le contraire.
00:56:08 Et tous les jours,
00:56:10 c'est "oui, mais va se passer ça, faut pas faire ça comme ça,
00:56:12 il faut..." Voilà. - Il voit toujours
00:56:14 ce qui pourrait arriver, qui n'arrive
00:56:16 pas forcément d'ailleurs. - C'est ça.
00:56:18 - Oui, c'est sa nature.
00:56:20 - C'est sa nature et...
00:56:22 il faut apprendre à vivre avec,
00:56:24 et puis à lui laisser le temps de...
00:56:26 de réfléchir.
00:56:28 - Et oui. - Donc, voilà. - C'est pas la même
00:56:30 temporalité. On est assez
00:56:32 d'accord. Comment est-ce que vous
00:56:34 vivez avec, alors vous avez
00:56:36 développé des...
00:56:38 des trucs, des compétences particulières ?
00:56:40 Parce que c'est pas évident, quand même.
00:56:42 - Alors,
00:56:44 j'essaye de prendre sur moi, comme je disais,
00:56:46 de lui laisser le temps de... plus de temps
00:56:48 de réfléchir.
00:56:50 Mais pour moi, c'est
00:56:52 difficile, parce que
00:56:54 ce que je disais, moi, je suis
00:56:56 dans l'action, je réfléchis pas beaucoup,
00:56:58 et en fait, je vois la solution
00:57:00 tout de suite, et si je décide...
00:57:02 en fait,
00:57:04 après, il me remet, il me dit
00:57:06 que c'est de ma faute, quoi.
00:57:08 Et il accepte pas. - Vous voulez dire que
00:57:10 si, par exemple, vous prenez une décision
00:57:12 et que ça se passe pas tout à fait aussi bien
00:57:14 que vous pensiez, il est
00:57:16 capable de vous le faire remarquer, de vous critiquer ?
00:57:18 - Bah oui, et puis,
00:57:20 il accepte pas, lui, de se tromper,
00:57:22 de faire des erreurs, donc en fait,
00:57:24 c'est jamais lui qui se trompe, c'est toujours
00:57:26 moi.
00:57:28 C'est plus facile, en fait, de...
00:57:30 il fait un peu l'autruche, quoi.
00:57:32 - Et vous ne vous énervez
00:57:34 jamais ? - Si !
00:57:36 - Ah ! - Ah, si !
00:57:38 C'est pas
00:57:40 possible de pas...
00:57:42 de garder tout le temps son calme et de...
00:57:44 je peux pas.
00:57:46 Je vais passer une fois,
00:57:48 deux fois, et puis y a un jour où...
00:57:50 où...
00:57:52 un jour pas comme un autre, plus fatigué,
00:57:54 plus susceptible, ou...
00:57:56 eh bien, ce jour-là,
00:57:58 ça passe pas. Et voilà.
00:58:00 - D'accord. Et est-ce que ça a un effet
00:58:02 sur lui ?
00:58:04 - Sur lui, des fois,
00:58:06 oui, parce qu'en fait, ça se voit pas tout de suite.
00:58:08 - Hum. - Parce qu'il faut
00:58:10 toujours le temps qu'il comprenne,
00:58:12 qu'il réagisse, donc des fois, deux, trois jours après,
00:58:14 il va
00:58:16 comprendre, mais si...
00:58:18 sur la remarque, au moment où je me suis
00:58:20 fâchée,
00:58:22 si moi je fais la même erreur
00:58:24 que lui, eh bien j'ai le retour.
00:58:26 Eh bien tu vois, tu fais pareil.
00:58:28 Voilà. C'est un peu au coup qu'il vient,
00:58:30 c'est un petit peu, on se renvoie la balle, là, c'est lui
00:58:32 qui... - Hum. - Voilà.
00:58:34 - Hum. Et ça...
00:58:36 ça vous blesse, quand
00:58:38 justement il vous dit, tu vois,
00:58:40 "J'avais raison, tu aurais
00:58:42 pas dû", etc., ou est-ce qu'au fond, vous...
00:58:44 ça vous... - Non,
00:58:46 je suis vexée, je suis blessée,
00:58:48 oui, c'est pour ça que je me mets en colère, parce que...
00:58:50 - C'est injuste, vous trouvez ça injuste,
00:58:52 hein, c'est ça ? - Voilà, tout à fait.
00:58:54 - Ça l'est, d'ailleurs, hein.
00:58:56 Mais est-ce que vous pensez
00:58:58 qu'il vous critique avec une sorte
00:59:00 de manipulation un peu
00:59:02 toxique, ou que c'est simplement
00:59:04 parce que c'est un véritable anxieux et que
00:59:06 bah oui, ça devait
00:59:08 arriver, et donc c'est arrivé, quoi ?
00:59:10 - Bah c'est un véritable
00:59:12 anxieux, déjà, mais en plus,
00:59:14 oui, il n'accepte pas les erreurs qu'il
00:59:16 fait, et c'est plus facile pour lui de faire l'autruche,
00:59:18 ou de mettre
00:59:20 la faute sur quelqu'un d'autre que
00:59:22 d'accepter que ce soit lui qui se soit trompé.
00:59:24 - Oui, bah dans l'anxiété,
00:59:26 de toute façon, il y a l'idée de perfection, hein, c'est...
00:59:28 voilà, la barre est tellement
00:59:30 haute que de toute façon,
00:59:32 à un moment donné, de toute façon, on est en échec.
00:59:34 D'accord.
00:59:36 Et...
00:59:38 il a conscience, lui,
00:59:40 de ce qu'il développe,
00:59:42 de ce qu'il dit, de son état, ou pas
00:59:44 du tout ? - J'essaye
00:59:46 de lui faire remarquer que...
00:59:48 c'est difficile
00:59:50 qu'il comprenne parce qu'en fait, il renvoie...
00:59:52 il s'amuse à me renvoyer à chaque fois
00:59:54 sur moi.
00:59:56 - Ah oui, il s'amuse, c'est pas sûr, hein.
00:59:58 - Je sais pas s'il s'amuse, mais en fait,
01:00:00 à chaque fois, c'est un peu...
01:00:02 - Et vous êtes ensemble depuis combien de temps ?
01:00:04 - Ça fait 23 ans.
01:00:06 - D'accord, oui, donc...
01:00:08 Parce que la vraie question, c'est
01:00:10 de savoir s'il est conscient de son anxiété
01:00:12 et s'il en est conscient,
01:00:14 il peut peut-être être conscient
01:00:16 que le choix qu'il a fait
01:00:18 de vous épouser vous, n'était pas
01:00:20 un mauvais choix.
01:00:22 Parce que deux anxieux ensemble,
01:00:24 c'est moins bien qu'un anxieux avec
01:00:26 quelqu'un qui a quand même l'air d'avoir une sacrée
01:00:28 énergie et un sort... - Et qui fonce.
01:00:30 - Et quand même assez d'optimisme.
01:00:32 - Bah il en est conscient,
01:00:34 puisqu'en fait, c'est un ancien alcoolique
01:00:36 donc il s'est fait déjà...
01:00:38 Il y a eu beaucoup d'avancées.
01:00:40 - Donc grâce à vous, il a quand même
01:00:42 réussi à sevrer son alcoolisme ?
01:00:44 - Oui.
01:00:46 - Bon. Bah écoutez, moi je crois,
01:00:48 Stéphanie, puisqu'il est quand même
01:00:50 assez conscient, vous êtes un couple au long cours,
01:00:52 peut-être que
01:00:54 quand il vous reproche quelque chose,
01:00:56 essayez un peu l'humour, essayez
01:00:58 un peu de lui dire
01:01:00 "mais oui, bien sûr".
01:01:02 Enfin voyez, essayez peut-être
01:01:04 d'arriver
01:01:06 à relativiser parce qu'au fond,
01:01:08 c'est plus fort que lui,
01:01:10 c'est pas contre vous.
01:01:12 C'est assez insupportable,
01:01:14 parce qu'en effet, c'est facile
01:01:16 de critiquer, il y a que ceux qui ne font
01:01:18 rien qui ne se trompent jamais.
01:01:20 Mais peut-être qu'il faudrait
01:01:22 arriver à désamorcer pour pas que
01:01:24 ça soit quelque chose qui envenime
01:01:26 votre relation ?
01:01:28 - Oui, des fois c'est ce que j'arrive à faire,
01:01:30 c'est ce qui se passe, et puis d'autres fois
01:01:32 on n'arrive pas parce que
01:01:34 comme il est toujours carré,
01:01:36 moi j'essaye toujours, en fait, pour pas que j'ai
01:01:38 de reproches de faire bien,
01:01:40 donc je me mets la pression
01:01:42 aussi, et c'est vrai que c'est que ça,
01:01:44 ça crée des anxiétés.
01:01:46 En fait, ça fait comme si j'avais pas le droit à l'erreur.
01:01:48 - Oui, donc il vous embarque dans son délire.
01:01:50 - Oui.
01:01:52 - Il faut refuser ça.
01:01:54 - Ben oui. - C'est pas votre manière de faire,
01:01:56 donc c'est pas possible. Vous, vous acceptez sa manière
01:01:58 de faire, il accepte la vôtre.
01:02:00 - Oui,
01:02:02 mais après ça, moi j'en ai conscience,
01:02:04 mais on est
01:02:06 à deux, donc si moi je le fais,
01:02:08 lui, il faut qu'il arrive à...
01:02:10 - Peut-être que vous pourriez, d'une manière
01:02:12 très concrète, définir
01:02:14 les zones où vous agissez,
01:02:16 les zones où vous n'agissez pas.
01:02:18 Et peut-être que les zones où
01:02:20 réellement il fait preuve d'une anxiété
01:02:22 un petit peu plus grande qu'ailleurs,
01:02:24 à ce moment-là,
01:02:26 vous n'agissez pas,
01:02:28 ou en tout cas, vous n'agissez que
01:02:30 au moment où vraiment vous en aurez
01:02:32 discuté ensemble.
01:02:34 Et par contre, sur des choses
01:02:36 notamment du quotidien, etc.,
01:02:38 agissez, et il a rien le droit de dire.
01:02:40 Vous voyez, il faut peut-être essayer d'avoir...
01:02:42 - D'imiter les domaines.
01:02:44 - Oui, que ce soit plus clair entre vous,
01:02:46 pour que ça dérape pas comme ça sans arrêt.
01:02:48 - Oui. Je vais essayer de...
01:02:50 Oui, on va essayer de mettre ça en place.
01:02:52 - Et même par compétence.
01:02:54 Vous pouvez l'amener par compétence, c'est-à-dire
01:02:56 lui, il est plus compétent à faire
01:02:58 un certain nombre de choses, à être dans telle relation,
01:03:00 etc. OK, donc il s'en occupe.
01:03:02 Vous, vos compétences, elles sont ailleurs, donc vous,
01:03:04 vous vous occupez de ça, vous voyez ?
01:03:06 - Ça, c'est ce que j'essaye de faire aussi,
01:03:08 parce que comme je gérais tout avant,
01:03:10 pour qu'il reprenne
01:03:12 sa place dans le foyer, dans le couple,
01:03:14 donc il y a des choses où moi, j'ai lâché prise,
01:03:16 je ne m'en occupe plus,
01:03:18 et que lui, il fait.
01:03:20 - Oui, oui, mais je pense que ça mérite
01:03:22 vraiment
01:03:24 quelque chose de très
01:03:26 concret entre vous. Il y a peut-être des domaines
01:03:28 où il est particulièrement anxieux, par exemple
01:03:30 l'éducation des enfants, ou le domaine
01:03:32 financier, enfin vous voyez ?
01:03:34 Et puis il y a des domaines où il est peut-être plus
01:03:36 apte à lâcher un peu,
01:03:38 et à ce moment-là, quand vous aurez
01:03:40 bien défini tout ça, je pense que ça va
01:03:42 un peu calmer le jeu entre vous,
01:03:44 parce qu'il ne faut pas non plus que ça prenne
01:03:46 trop de proportions, parce que c'est
01:03:48 vraiment, enfin ça use
01:03:50 à long terme.
01:03:52 - Oui, c'est pour ça un petit peu
01:03:54 que je voulais témoigner, parce que c'est vrai que je ressens
01:03:56 de la fatigue,
01:03:58 c'est usant,
01:04:00 à force de...
01:04:02 ça c'est un peu un jeu pervers,
01:04:04 à force de...
01:04:06 et c'est usant.
01:04:08 - Oui, oui, alors je ne sais pas s'il y a de la perversion là-dedans,
01:04:10 mais en tout cas, oui,
01:04:12 vous pouvez le vivre vous comme quelque chose
01:04:14 de cet ordre-là, donc autant
01:04:16 effectivement délimiter un peu plus,
01:04:18 vous voyez, et vraiment chacun son truc,
01:04:20 et si l'autre s'est trompé,
01:04:22 et bien tant pis pour l'autre, c'est son domaine
01:04:24 à lui, ce n'est pas le vôtre.
01:04:26 - Voilà, définissez
01:04:28 bien les ministères de chacun.
01:04:30 Cela étant dit, c'est presque
01:04:32 une règle d'or pour tous les couples.
01:04:34 D'autant plus quand on est comme ça,
01:04:36 avec quelqu'un comme
01:04:38 votre compagnon.
01:04:40 - Merci Stéphanie. - Merci beaucoup.
01:04:42 - Merci à vous. En Love Conseil,
01:04:44 on va parler de la première fois, quand on rencontre
01:04:46 quelqu'un et qu'on va refaire l'amour
01:04:48 pour la première fois avec cette personne, ça peut être
01:04:50 très anxiogène, et puis on accueillera
01:04:52 Frédéric Fanger à l'occasion de cette
01:04:54 bande dessinée qui vient de sortir sur l'anxiété.
01:04:56 - Et bien voilà une situation anxiogène,
01:05:08 Benoît Dumont-Texte, on était seul
01:05:10 et puis on vient de faire une rencontre,
01:05:12 et ça y est, on va se retrouver
01:05:14 au lit tous les deux, et c'est vrai
01:05:16 que c'est toujours stressant, d'autant
01:05:18 si on n'a pas eu énormément d'expérience,
01:05:20 ou si on a connu une longue période d'abstinence.
01:05:22 Evidemment.
01:05:24 Et bien, même si vous
01:05:26 connaissez ce
01:05:28 ou cette nouvelle partenaire,
01:05:30 si vous êtes sortis ensemble, si vous avez beaucoup
01:05:32 discuté, etc., c'est vrai que
01:05:34 la sexualité c'est toujours
01:05:36 un moment
01:05:38 nouveau.
01:05:40 Alors moi je vous conseille tout simplement
01:05:42 déjà de prendre du temps,
01:05:44 vous êtes...
01:05:46 J'aurais presque tendance à dire que vous avez
01:05:48 accepté d'avoir
01:05:50 une relation tous les deux, mais
01:05:52 n'allez pas forcément jusqu'au bout.
01:05:54 Vous pouvez très bien, la première
01:05:56 fois, vous embrasser, vous caresser,
01:05:58 etc., ça va vous permettre
01:06:00 de vous découvrir,
01:06:02 et ça ne vous mettra pas la pression, parce que
01:06:04 pour les hommes ça peut être la panne d'érection,
01:06:06 pour les femmes ça peut être un manque
01:06:08 de lubrification, donc une douleur à la pénétration.
01:06:10 Donc, ne
01:06:12 vous fixez pas trop d'objectifs,
01:06:14 et prenez le temps de vous mettre à nu dans tous les
01:06:16 sens du terme, et puis comme ça
01:06:18 vous serez dans le même état d'esprit, parce que si vous,
01:06:20 vous êtes un peu anxieux, figurez-vous
01:06:22 que l'autre l'est certainement aussi.
01:06:24 Et je dirais même que plus
01:06:26 vous êtes attiré, plus il faut
01:06:28 vous relaxer, parce que
01:06:30 de toute façon, forcément,
01:06:32 ça ne va pas être comme vous
01:06:34 vous y attendiez, ça ne sera pas comme c'était avec
01:06:36 votre dernier partenaire, parce que chaque
01:06:38 rencontre sexuelle est une rencontre
01:06:40 différente.
01:06:42 Et je
01:06:44 trouve que c'est vraiment important de se
01:06:46 dire que, ben, on
01:06:48 sait que ça peut être un
01:06:50 peu anxiogène, et le fait de le dire,
01:06:52 souvent ça désamorce bien.
01:06:54 - Oui, c'est vrai, alors que quand
01:06:56 c'est une histoire qui commence, on a peur
01:06:58 un peu de dire ce genre de choses,
01:07:00 mais il ne faut pas hésiter, effectivement.
01:07:02 - Oui, écoute, je suis
01:07:04 ravi qu'on essaye
01:07:06 ensemble d'aller plus loin, mais
01:07:08 prenons le temps, ça peut
01:07:10 se dire, et puis
01:07:12 si ce n'est pas parfait, figurez-vous que c'est assez
01:07:14 normal. - Oui, ça s'appelle la vie.
01:07:16 - N'est-ce pas ? Et puis si c'est un vrai
01:07:18 désastre, riez-en ensemble,
01:07:20 après tout, ça ne pourra être
01:07:22 que mieux la prochaine fois.
01:07:24 Voilà, alors,
01:07:26 on a regardé avec attention,
01:07:28 j'ai surtout lu votre bande dessinée,
01:07:30 Frédéric Fanger, vous m'avez demandé mon avis,
01:07:32 je la trouve franchement formidable,
01:07:34 ça s'appelle "Le club des anxieux qui se soignent",
01:07:36 "Comment combattre l'anxiété", c'est des
01:07:38 éditions Les Arènes, et franchement,
01:07:40 je crois que Jean-Benoît, vous n'avez pas eu le temps
01:07:42 tout à fait de la lire, mais vous l'avez feuilletée,
01:07:44 c'est bien. - C'est vachement bien.
01:07:46 - Et ce que je trouve intéressant, c'est que c'est
01:07:48 à la fois très clair, et le fait
01:07:50 que ce soit la bande dessinée, je trouve que c'est
01:07:52 peut-être plus abordable pour des gens qui sont
01:07:54 un peu anxieux, parce qu'il y a
01:07:56 un petit peu d'humour, et puis
01:07:58 franchement c'est très concret.
01:08:00 Bonjour Frédéric Fanger. - Bonjour Brigitte,
01:08:02 bonjour Jean-Benoît, merci pour votre placement.
01:08:04 Effectivement, c'est une bande dessinée
01:08:06 qui se veut tout à fait abordable
01:08:08 et accessible pour le grand public,
01:08:10 tout en essayant de donner des informations rigoureuses
01:08:12 et scientifiques, comme j'essaie toujours de faire,
01:08:14 mais avec une
01:08:16 possibilité surtout de bien
01:08:18 connaître l'anxiété, et on montre
01:08:20 un petit peu ce qui se passe dans le cabinet du thérapeute aussi.
01:08:22 - Voilà, alors
01:08:24 vous êtes psychiatre,
01:08:26 psychothérapeute, vous avez toujours
01:08:28 quelque chose, enfin vous êtes toujours assez concret
01:08:30 chaque fois que vous êtes venu ici, pour quel que soit
01:08:32 le sujet qu'on aborde. Je précise
01:08:34 tout de suite, comme ça ce sera dit,
01:08:36 cette bande dessinée, vous l'avez écrite avec
01:08:38 Catherine Meyère, et c'est Pauline Aubry
01:08:40 qui en a fait les illustrations
01:08:42 dessinées, voilà, c'est aux éditions
01:08:44 Les Arènes, donc ça c'est dit.
01:08:46 Maintenant on va rentrer un peu dans le vif du sujet,
01:08:48 Jean-Benoît Dumont-Ex,
01:08:50 ce qui est intéressant, ça on l'a dit
01:08:52 en début d'émission, c'est que depuis le Covid
01:08:54 on a eu une nette augmentation
01:08:56 de gens anxieux,
01:08:58 ça c'est,
01:09:00 je crois qu'on le dit beaucoup. Ce que je trouve
01:09:02 intéressant, c'est quand vous définissez
01:09:04 ce qui provoque l'anxiété,
01:09:06 c'est pas uniquement biologique, ça peut être
01:09:08 l'éducation, un traumatisme...
01:09:10 - Oui, tout à fait, il faut bien comprendre
01:09:12 que l'anxiété c'est une maladie à la fois du corps
01:09:14 et aussi du mental.
01:09:16 Et c'est sans arrêt un couplage
01:09:18 entre les deux, avec des boucles de rétroaction,
01:09:20 avec une inquiétude qui se passe dans notre cerveau,
01:09:22 en fait on a un système d'alarme dans notre cerveau
01:09:24 qui fait que si notre
01:09:26 système d'alarme est un peu trop sensible,
01:09:28 on va vivre de l'angoisse pour des situations
01:09:30 dans lesquelles d'autres personnes
01:09:32 qui ont un système d'alarme moins sensible ne les vivront pas.
01:09:34 Ce système d'alarme
01:09:36 il est relié à notre corps par les glandes surrénales
01:09:38 qui nous font sécréter l'adrénaline, on en en a beaucoup
01:09:40 parlé, qui va mettre en route
01:09:42 un certain nombre de symptômes physiques bien connus
01:09:44 des anxieux qui font des troubles paniques,
01:09:46 une accélération du rythme cardiaque, du rythme respiratoire.
01:09:48 Mais ce n'est pas fini,
01:09:50 c'est-à-dire que cette allée du cerveau
01:09:52 au corps va revenir du corps au cerveau
01:09:54 puisque les anxieux qui ont déjà fait des paniques
01:09:56 au lieu de se dire "ma foi,
01:09:58 je suis dans une situation de performance",
01:10:00 ça peut être une situation de performance sexuelle d'ailleurs,
01:10:02 pour faire lien avec votre émission,
01:10:04 mais toute autre situation de performance,
01:10:06 vont se dire "ouh là là, c'est une catastrophe",
01:10:08 ils ne vont pas comprendre qu'ils sont en train
01:10:10 de vivre d'une crise d'angoisse, ils vont croire qu'ils vont mourir
01:10:12 ou faire un accident cardiaque, d'ailleurs on les retrouve
01:10:14 souvent à l'urgence, et donc ils vont avoir
01:10:16 une interprétation négative, ce qu'on appelle
01:10:18 des cognitions négatives, des pensées négatives
01:10:20 par rapport à leurs symptômes physiques.
01:10:22 Et la boucle est bouclée, on part du cerveau,
01:10:24 on va dans le corps avec les hormones du stress
01:10:26 et on revient au cerveau, et après
01:10:28 les gens se retrouvent dans des cercles vicieux.
01:10:30 - Alors il y a vraiment...
01:10:32 Allez-y Jean-Benoît, si vous voulez...
01:10:34 - C'est hyper clair, merci.
01:10:36 - Oui, c'est toujours très clair avec Frédéric Fangé.
01:10:38 Alors vous en citez plein
01:10:40 d'anxiétés,
01:10:42 il y a les hypochondriacs,
01:10:44 il y a les TOCs,
01:10:46 les phobiques,
01:10:48 absolument,
01:10:50 ça représente combien de pourcents
01:10:52 de la population, Frédéric Fangé,
01:10:54 à peu près ? - C'est énorme, c'est un français sur six.
01:10:56 - Ah oui ?
01:10:58 - Il faut compréhensir que c'est énorme,
01:11:00 il y a une dizaine de troubles en ce jour dans le diagnostic.
01:11:02 - Oui, ça fait plus de 10 millions.
01:11:04 - Oui,
01:11:06 c'est énorme, et effectivement
01:11:08 on a 25% d'augmentation depuis le Covid,
01:11:10 la jeune génération a été très très très touchée.
01:11:12 Et je précise une chose
01:11:14 tout de suite, Brigitte, pour qu'on soit clair,
01:11:16 c'est que là je vous parle de
01:11:18 pas de logis anxieux, c'est-à-dire que l'anxiété pose vraiment
01:11:20 des problèmes aux gens, des problèmes de vie
01:11:22 quotidienne, que ce soit dans leur vie personnelle ou leur vie de travail.
01:11:24 Mais il faut savoir qu'il y a une
01:11:26 anxiété normale, nous sommes tous
01:11:28 anxieux dans certaines situations, je dirais même
01:11:30 qu'il faut l'être, lorsque par exemple
01:11:32 on est en danger, qu'on a besoin de fuir,
01:11:34 ou lorsqu'on doit faire face à une situation
01:11:36 de vie, vous parlez souvent dans votre émission
01:11:38 de la rencontre amoureuse, etc. Il est normal
01:11:40 que la rencontre amoureuse déclenche de l'anxiété.
01:11:42 Simplement, il y a des gens pour
01:11:44 qui l'anxiété va rester à un certain
01:11:46 niveau, tolérable, va plutôt même être
01:11:48 un moteur d'ailleurs.
01:11:50 Et il y en a pour qui, au contraire, elle va
01:11:52 prendre une densité particulière
01:11:54 et devenir un véritable frein.
01:11:56 Et c'est cela qu'on a en thérapie.
01:11:58 Mais c'est important de dédramatiser
01:12:00 l'anxiété en tant que telle,
01:12:02 toute anxiété n'est pas une pathologie,
01:12:04 simplement si vous êtes entravé dans votre vie,
01:12:06 là, ça vaut le coup de consulter.
01:12:08 - Et alors, il y a évidemment
01:12:10 différentes thérapies qui fonctionnent,
01:12:12 Frédéric Fangé, il y a des médicaments aussi,
01:12:14 et là c'est du cas par cas,
01:12:16 évidemment. Mais faut-il encore
01:12:18 aller voir le bon thérapeute ?
01:12:20 - Alors, oui, j'ai la double formation psychiatre
01:12:22 et psychothérapeute, ce qui fait que je vois les gens
01:12:24 en première intention et que comme psychiatre,
01:12:26 on peut être amené, parce que moi j'ai quand même
01:12:28 plutôt des patients qui souffrent d'anxiété, je dirais,
01:12:30 assez sévère, voire très sévère, qui ont déjà
01:12:32 souvent consulté plusieurs fois. On peut être
01:12:34 amené à utiliser certains médicaments, mais ça,
01:12:36 on le précise dans la BD, attention, pas n'importe
01:12:38 lesquels, autant il y a des médicaments qui sont
01:12:40 indiqués, chaque cas
01:12:42 est différent, il ne faut vraiment pas parler
01:12:44 avec la voisine, mais avec un médecin spécialisé de ça,
01:12:46 et il y a des médicaments
01:12:48 qu'on déconseille fortement à cause des restes d'accoutumance.
01:12:50 Mais ce n'est pas le cas de tous les médicaments,
01:12:52 je me suis adhéré à ça depuis 20 ans, parce qu'on mélange
01:12:54 tous les médicaments psychotropes en France,
01:12:56 il faut vraiment faire une information là-dessus.
01:12:58 Et puis il y a des psychothérapies,
01:13:00 et le plus souvent quand l'anxiété est vraiment
01:13:02 installée en tant que trouble, nous allons faire les deux,
01:13:04 voire une troisième chose
01:13:06 d'ailleurs, qui est la sociothérapie, c'est-à-dire que le médicament
01:13:08 lui va agir à court terme,
01:13:10 si le trouble anxieux est très sévère, que les gens sont paralysés,
01:13:12 qu'ils ne prennent plus des transports, qu'ils font des attaques de panique,
01:13:14 qu'ils ont l'urgence sans arrêt, on va leur donner
01:13:16 un traitement, s'il y a une dépression associée,
01:13:18 parce que ce qu'il faut qu'on dise aussi, c'est que l'anxiété, c'est souvent
01:13:20 associée à d'autres troubles.
01:13:22 A ce moment-là, on va mettre en marche un traitement médicamenteux
01:13:24 qui lui va agir dans les premiers mois.
01:13:26 Mais souvent,
01:13:28 si on va aller plus loin et éviter
01:13:30 que le patient fasse des rechutes à plus long terme,
01:13:32 dans un deuxième temps, on va introduire une psychothérapie.
01:13:34 La psychothérapie, elle n'agit pas
01:13:36 à très court terme, mais elle agit sur le moyen terme.
01:13:38 Par contre, on ne la met pas en route quand les gens sont
01:13:40 trop, trop mal.
01:13:42 - C'est pareil lors en normal, bien sûr.
01:13:44 - Voilà. Et ensuite, dans un troisième temps,
01:13:46 avec un certain nombre d'anxieux, je pense par expérience
01:13:48 qu'on appelle les anxieux sociaux,
01:13:50 dont on a des fois parlé, Antoine, déjà,
01:13:52 à l'émission, Brigitte, qui sont ces gens
01:13:54 qui ont la peur des autres, où là, on va faire
01:13:56 un gros travail de sociothérapie,
01:13:58 c'est-à-dire de leur apprendre à avoir des relations amicales,
01:14:00 des relations amoureuses, parce que souvent,
01:14:02 c'est des gens qui se sont équipés à ce niveau-là,
01:14:04 pour avoir une prévention sur le très long terme.
01:14:06 Et donc, il faut bien retenir ces trois aspects.
01:14:08 Il ne faut pas discuter,
01:14:10 "moi, je préfère les médicaments, moi, je préfère les thérapies".
01:14:12 C'est un spécialiste qui analyse la chose,
01:14:14 et pour certains patients, on donne des médicaments,
01:14:16 pour d'autres, la thérapie, pour d'autres,
01:14:18 on fait plutôt de la sociothérapie, et puis, pour certains,
01:14:20 les trois. - Il faut savoir, aujourd'hui,
01:14:22 je crois, Frédéric Fangé,
01:14:24 Jean Bonneau a dit bon texte, qu'on a de plus en plus
01:14:26 de gens qui restent un petit peu isolés
01:14:28 chez eux, et ça, c'est un phénomène
01:14:30 assez nouveau, mais qui,
01:14:32 malheureusement, s'accélère, avec souvent
01:14:34 une chute
01:14:36 dans une addiction.
01:14:38 - Oulah, oui.
01:14:40 Vous savez, l'anxiété sociale, déjà,
01:14:42 en tant que trouble grave, c'est-à-dire qui empêche
01:14:44 les gens d'avoir une vie normale,
01:14:46 c'était déjà 5% de la population avant le Covid
01:14:48 et l'enfermement.
01:14:50 Ça s'est, là, littéralement aggravé
01:14:52 à ce moment-là. Ceci dit, attention,
01:14:54 je fais une nuance. Moi, j'ai beaucoup de patients qui sont des introvertis,
01:14:56 qui sont des endophobiques sociaux. Il ne faut pas croire
01:14:58 que tout le monde a besoin d'un lien social, où il y a des gens qui ont
01:15:00 tempérament introverti. Mais la question,
01:15:02 c'est de savoir si c'est une solitude choisie,
01:15:04 à ce moment-là, on la respecte, ou si
01:15:06 c'est une solitude imposée par l'angoisse
01:15:08 et l'anxiété. À ce moment-là, il faut
01:15:10 lever l'anxiété, la traiter, pour que les gens
01:15:12 puissent aller vers les autres. Parce qu'il y a
01:15:14 beaucoup de gens pour qui ce n'est pas du tout facile d'aller
01:15:16 vers les autres. - Et puis, alors, oui,
01:15:18 quelque chose que je trouve très très bien, et qui peut
01:15:20 vraiment aider les gens, c'est vos petits tableaux
01:15:22 qu'il y a dans le livre,
01:15:24 les trois colonnes, pour y voir plus clair.
01:15:26 Et c'est vrai que c'est important
01:15:28 de faire la différence entre les émotions,
01:15:30 les pensées et le comportement, par exemple.
01:15:32 - C'est essentiel. Les gens
01:15:34 croient toujours que l'anxiété vient de situations
01:15:36 extérieures. Ils ne se rendent pas compte que les situations
01:15:38 ne sont que des déclencheurs. Les situations
01:15:40 de vie, un licenciement, une décision
01:15:42 amoureuse, etc. Mais que l'anxiété
01:15:44 va se développer quand on va interpréter ce qui
01:15:46 nous arrive et notre réaction comme négative,
01:15:48 et qu'on va avoir aussi des comportements
01:15:50 moins adaptés. D'ailleurs, je vous remercie, à propos
01:15:52 des tableaux, d'avoir cité la scénariste
01:15:54 Catherine Maillère et la dessinatrice Pauline Aubry,
01:15:56 parce que c'est ma première bande dessinée,
01:15:58 et j'avoue que
01:16:00 le dessin donne une force au message,
01:16:02 et je trouve ça absolument extraordinaire.
01:16:04 - Oui, et puis vous êtes rigolo,
01:16:06 je vous ai reconnu.
01:16:08 - J'espère qu'on se verra la prochaine fois
01:16:12 en studio.
01:16:14 - Écoutez,
01:16:16 quand vous venez sur Paris, faites-moi signe,
01:16:18 je serai toujours ravie de vous recevoir. C'est vous
01:16:20 qui vivez l'autre bout de la France.
01:16:22 - Je n'y mens pas.
01:16:24 - En tout cas, je l'ai dit,
01:16:26 je la trouve franchement très pratique,
01:16:28 je la conseille à toutes les personnes qui veulent mieux
01:16:30 comprendre ce de quoi on parle quand on parle d'anxiété.
01:16:32 C'est vrai qu'on entend parfois
01:16:34 un peu n'importe quoi sur l'anxiété.
01:16:36 Jean-Benoît Dubont-Tex, c'est pour ça que
01:16:38 je l'ai fait cette émission avec vous,
01:16:40 et cette bande dessinée peut vous aider.
01:16:42 Merci beaucoup Frédéric Fangé, ça s'appelle
01:16:44 "Le club des anxieux qui se soignent",
01:16:46 c'est aux éditions Les Arènes.
01:16:48 À bientôt alors.
01:16:50 On fait une petite pause et on se retrouve
01:16:52 dans un instant sur Sud Radio.
01:16:54 Nous allons conclure avec Emma.
01:17:02 Jean-Benoît Dubont-Tex, on n'a eu que des femmes
01:17:04 aujourd'hui, je crois qu'il y a plus de femmes
01:17:06 anxieuses que d'hommes.
01:17:08 On a bien vu que le mari de Stéphanie
01:17:10 était anxieux, il y a des hommes anxieux.
01:17:12 Oui, c'est peut-être plus compliqué
01:17:14 pour les hommes de le dire aussi.
01:17:16 Et peut-être qu'ils sont moins en relation
01:17:18 avec ce qu'ils ressentent souvent,
01:17:20 donc ils sont peut-être moins au fait de leur anxiété.
01:17:22 En tout cas, il paraît
01:17:24 qu'il y a plus de femmes anxieuses que d'hommes.
01:17:26 Bonjour Emma. - Oui, bonjour.
01:17:28 Oui, vous avez une voix d'anxieuse,
01:17:30 c'est vrai. - Oui, tout à fait.
01:17:32 J'avoue. - Écoutez,
01:17:34 c'est déjà bien de savoir comment on est et qui on est.
01:17:36 Voilà,
01:17:38 bah écoutez, oui, oui, effectivement,
01:17:40 je suis une grande anxieuse depuis
01:17:42 toujours. Bon, après, je pense,
01:17:44 pour avoir été un petit peu suivie,
01:17:46 je commence un petit peu à savoir
01:17:48 pourquoi, voilà. Mais
01:17:50 effectivement, je suis un petit peu dans la situation
01:17:52 du mari de la personne qu'on a entendu
01:17:54 tout à l'heure, c'est-à-dire qui anticipe
01:17:56 trop, qui, voilà, vous voyez,
01:17:58 qui est un petit peu ce que décrivait là. - Et anticipe
01:18:00 de manière toujours négative,
01:18:02 ça va pas bien se passer, quoi.
01:18:04 - Oui, oui, voilà, en prévision
01:18:06 du pire. - C'est ça.
01:18:08 - Voilà, donc, à priori, ça serait
01:18:10 le résultat d'un, ce qui s'appelle
01:18:12 un stress post-traumatique. - Oui.
01:18:14 - Voilà, donc ça,
01:18:16 du coup, je, maintenant, je le sais,
01:18:18 mais ça n'empêche pas que ça m'a
01:18:20 quand même gâché toute ma vie, on va dire,
01:18:22 j'ai à peu près presque 50 ans, bientôt.
01:18:24 Et, effectivement,
01:18:26 je suis même en situation de
01:18:28 pas pouvoir travailler à cause de ça.
01:18:30 - Ah oui, d'accord. - Voilà, donc, même en...
01:18:32 - Oui, donc, c'est très handicapant.
01:18:34 C'est très handicapant, voilà.
01:18:36 Et après, effectivement, comme disait
01:18:38 la dame, pour la famille aussi, mon mari,
01:18:40 mes enfants, j'essaye de l'imiter, mais
01:18:42 c'est...
01:18:44 Voilà. - D'accord.
01:18:46 - Donc, voilà, c'est vrai qu'après, du coup, on n'a pas...
01:18:48 j'ai pas une vie, on va dire...
01:18:50 Même avec mon mari,
01:18:52 je sais que tout ce qui est
01:18:54 sur le plan, rapport sexuel, etc.,
01:18:56 c'est compliqué aussi.
01:18:58 Voilà, il y a de l'anxiété dans tout, en fait.
01:19:00 - Et
01:19:02 comment ils réagissent, voilà,
01:19:04 votre mari, vos enfants ? Est-ce qu'ils ont des
01:19:06 manières de faire avec vous ?
01:19:08 - Ben, disons que...
01:19:10 En fait, je sais pas si...
01:19:12 Comme ils m'ont toujours
01:19:14 connu comme ça,
01:19:16 je peux pas vraiment dire...
01:19:18 - Ils s'adaptent. - Mais, visiblement,
01:19:20 votre mari, vous avez l'air de dire
01:19:22 que ça fait longtemps que vous êtes ensemble, et il accepte
01:19:24 votre état ?
01:19:26 - Oui, il accepte.
01:19:28 Alors, il y a eu des hauts, des bas, mais, effectivement, on va dire
01:19:30 qu'il y a eu un peu comme si c'était fait
01:19:32 une raison. - Oui, non, mais,
01:19:34 attendez, vous avez certainement
01:19:36 d'autres qualités. Il faut aussi...
01:19:38 Enfin, ne voyez pas tout en noir,
01:19:40 même si vous êtes très anxieuse, Emma.
01:19:42 - Oui, voilà.
01:19:44 - Vous avez sans doute d'autres qualités. Mais,
01:19:46 on a entendu Frédéric Fangé tout
01:19:48 à l'heure, ça peut
01:19:50 quand même se soigner. Vous n'avez peut-être
01:19:52 pas encore fait
01:19:54 les bonnes démarches. Vous êtes jeune
01:19:56 encore, vous pouvez avancer, aussi.
01:19:58 - Oui, oui, j'ai quand même
01:20:00 fait des choses qui font
01:20:02 que ça va mieux qu'avant.
01:20:04 Ça paraît encore costaud, aujourd'hui,
01:20:06 ça va beaucoup, beaucoup mieux qu'avant.
01:20:08 Et, notamment, un petit peu par l'hypnose
01:20:10 que je fais depuis peu de temps, mais...
01:20:12 Voilà, ça, déjà, ça m'aide.
01:20:14 Et puis, d'être suivie, aussi, par...
01:20:16 Jusqu'à présent,
01:20:18 ça a été des psychiatres, parce que...
01:20:20 - Bien sûr.
01:20:22 C'est remboursé. - Voilà, c'est remboursé.
01:20:24 Et c'est vrai que...
01:20:26 - Vous prenez des médicaments ?
01:20:28 - Non, non.
01:20:30 J'ai pas voulu en prendre.
01:20:32 Et... Voilà, c'est un peu le...
01:20:34 C'est peut-être un peu le problème,
01:20:36 mais, effectivement, non. - Non, non, mais peut-être
01:20:38 que vous en avez pas besoin, hein. C'était une question,
01:20:40 comme vous parliez de psychiatres.
01:20:42 - Oui, j'ai lutte avec le psychiatre,
01:20:44 justement, pour pas en prendre, mais c'est vrai
01:20:46 que c'est lui qui m'a dirigée vers l'hypnose, et depuis
01:20:48 qu'il y a des séances d'hypnose, on sent
01:20:50 une amélioration, donc il est d'accord avec le fait
01:20:52 qu'on essaye de partir sur cette voie.
01:20:54 - D'accord, ok.
01:20:56 Bon, bah c'est prometteur ?
01:20:58 - Bah je sais pas.
01:21:00 - Ah voilà, ça c'est une parole d'Anxieux, ça.
01:21:02 Oui.
01:21:04 On ouvre et hop, l'Anxieux referme.
01:21:06 - Voilà. - Voilà, voilà.
01:21:08 Non, si c'est prometteur, si ça commence un petit peu à...
01:21:10 Si vous sentez qu'il y a une amélioration,
01:21:12 c'est que ça agit, quelque chose ?
01:21:14 - Oui, oui, je pense que ça agit, oui.
01:21:16 - Bon, voilà. Après, des thérapies,
01:21:18 il y en a plein, donc...
01:21:20 Il y a des choses à trouver. Si c'est pas celle-là, ça peut être autre chose.
01:21:22 - Vous savez,
01:21:24 ce qui vous rend le plus anxieux,
01:21:26 ce serait quoi ?
01:21:28 - En fait,
01:21:30 je crois que
01:21:32 depuis que mes enfants sont nés, je suis encore plus anxieuse
01:21:34 qu'avant. Ça a rajouté
01:21:36 par rapport à la peur pour eux, quoi.
01:21:38 Ça rajoute... - Ça, c'est assez normal.
01:21:40 - Oui, je pense que
01:21:42 du coup, ça doit être normal, mais...
01:21:44 - Sauf que vous avez...
01:21:46 Si par hasard, ils arrivent un peu en retard,
01:21:48 tout de suite, vous êtes en train d'imaginer le pire.
01:21:50 - Oui, c'est ça.
01:21:52 Puis même par rapport à la survie, on va dire,
01:21:54 pour gagner sa vie,
01:21:56 le fait qu'il soit... J'ai toujours peur
01:21:58 qu'il manque de quelque chose.
01:22:00 - Ah ben ça,
01:22:02 vous n'êtes pas une mère parfaite.
01:22:04 - Pardon ? - Je dis, vous n'êtes pas une mère
01:22:06 parfaite. C'est embêtant.
01:22:08 C'est embêtant.
01:22:10 Mais oui,
01:22:12 ça, c'est aussi un phénomène
01:22:14 très fréquent chez les anxieux, de vouloir
01:22:16 toujours donner plus, faire mieux.
01:22:18 - Oui, oui.
01:22:20 Mais bon, voilà, personne
01:22:22 n'est un sur-homme ou une sur-femme.
01:22:24 Et donc, il y a forcément
01:22:26 des manques. Et puis, c'est bien
01:22:28 qu'il y ait des manques. Il ne faut pas oublier ça,
01:22:30 surtout quand on est parent. Evidemment,
01:22:32 pas des manques structurelles et des trucs graves,
01:22:34 mais c'est bien aussi que les parents ne soient pas
01:22:36 tout le temps là, dans les situations
01:22:38 compliquées. Il faut aussi que les enfants puissent
01:22:40 apprendre des choses de la vie. - Voler de leurs propres ailes.
01:22:42 - Voler de leurs propres ailes, s'autonomiser.
01:22:44 - Vous les avez surprotégés, vos enfants ?
01:22:46 - Oui, oui, oui, surprotégés.
01:22:48 J'ai été dans l'inverse,
01:22:50 j'ai été plutôt abandonné, on va dire.
01:22:52 Donc, c'est vrai que j'ai...
01:22:54 - Mais c'est intéressant, voyez, Emma,
01:22:56 parce que c'est vrai que quand on a été
01:22:58 un peu abandonné en tant qu'enfant, on peut
01:23:00 développer de l'anxiété, mais quand on est
01:23:02 surprotégé, on développe aussi plus tard
01:23:04 de l'anxiété, Jean-Benoît Limontex.
01:23:06 - Oui, tout à fait, c'est vrai. - J'ai une fille
01:23:08 qui est très anxieuse, l'aînée, effectivement, qui est
01:23:10 extrêmement anxieuse, du coup.
01:23:12 Enfin, du coup, oui.
01:23:14 - Oui, oui, oui.
01:23:16 - Oui, parce que quand on protège trop
01:23:18 un enfant, qu'on lui dit "fais attention, tu vas te faire mal,
01:23:20 ne fais pas ça", etc.,
01:23:22 ça donne un peu l'impression
01:23:24 que tout est dangereux. - Oui, tout est stressant.
01:23:26 - Vous comprenez ?
01:23:28 - Oui, oui, je comprends très bien. Le problème,
01:23:30 c'est que même quand je le faisais,
01:23:32 je le savais,
01:23:34 mais je pouvais pas arrêter. - Oui, c'est ça.
01:23:36 Vous pouvez pas vous en empêcher.
01:23:38 - Bon, en même temps,
01:23:40 c'est pas grave.
01:23:42 Mais vous avez l'impression
01:23:44 que ça va plutôt mieux ?
01:23:46 - Oui, oui, je pense
01:23:48 que ça va un petit peu mieux,
01:23:50 comme s'il y avait des choses, on va dire,
01:23:52 je me suis mis beaucoup de mois,
01:23:54 mais j'essaie de me dire "ça, c'est pas grave,
01:23:56 ça c'est pas grave", je force un peu
01:23:58 dans ce sens, on va dire.
01:24:00 - Et vous arrivez à lâcher.
01:24:02 - Et petit à petit, oui, et effectivement,
01:24:04 comme disait Brigitte
01:24:06 au début de l'émission,
01:24:08 par rapport à tout ce qui tournerait autour de la spiritualité,
01:24:10 j'ai une grande aide
01:24:12 de ce point de vue-là aussi.
01:24:14 Ce qui fait que, effectivement,
01:24:16 ça permet de
01:24:18 relativiser beaucoup plus de choses.
01:24:20 - Oui, parce que finalement,
01:24:22 vous êtes en vie,
01:24:24 la vie,
01:24:26 Jean-Benoît le disait tout à l'heure,
01:24:28 elle est courte, et puis c'est pas
01:24:30 toujours facile, mais d'être en vie,
01:24:32 c'est déjà quelque chose
01:24:34 dont il faut se dire que c'est bien.
01:24:36 - Oui, c'est ça.
01:24:38 - Vous avez eu des enfants qui vont bien,
01:24:40 malgré tout,
01:24:42 donc il y a quand même des choses
01:24:44 qui sont belles.
01:24:46 - Des choses qui ont fonctionné.
01:24:48 - Oui, c'est ça.
01:24:50 Donc petit à petit, ces choses-là,
01:24:52 on les voit de plus en plus, et on arrive
01:24:54 à reprendre un peu le dessus.
01:24:56 - C'est ça, c'est un peu changer de lunettes aussi,
01:24:58 se guérir de l'anxiété. - C'est drôle, c'est exactement
01:25:00 ce que j'allais dire.
01:25:02 Enfin, j'allais dire, pas de cette même
01:25:04 manière-là, mais j'allais dire, est-ce que ça serait
01:25:06 pas bien, Emma, qu'une fois
01:25:08 toutes les heures, vous preniez une minute
01:25:10 pour justement regarder
01:25:12 le monde avec, on va dire, des lunettes
01:25:14 roses ? - Oui, c'est ça.
01:25:16 - Mais rien qu'une minute par jour,
01:25:18 je suis sûre que ça aurait un effet
01:25:20 positif.
01:25:22 - Oui, ça donnerait en tout cas
01:25:24 à votre cerveau l'idée que c'est possible, et donc
01:25:26 que c'est reproductible.
01:25:28 - Oui, c'est vrai, parce que sinon on a vraiment
01:25:30 comme l'effet de la tête dans le sac.
01:25:32 - Ah oui, c'est ça.
01:25:34 - Oui, et puis
01:25:36 puisque vous avez parlé de spiritualité, on
01:25:38 sait que quand on est un peu dans
01:25:40 la spiritualité, et quand on y est
01:25:42 beaucoup de raisons de plus, notre respiration
01:25:44 se ralentit, et on sait que
01:25:46 l'anxiété, ça accélère la respiration.
01:25:48 Donc, si notre
01:25:50 respiration, on le sait
01:25:52 d'ailleurs quand on a le trac, par exemple,
01:25:54 et là on peut comprendre quelqu'un qui va
01:25:56 devoir parler devant
01:25:58 du monde, qu'il ait le trac, c'est tout à fait
01:26:00 compréhensible, et bien s'il fait
01:26:02 quelques exercices de respiration,
01:26:04 le trac diminue.
01:26:06 Donc ça c'est des choses
01:26:08 dont on vous a certainement
01:26:10 abordé, si vous êtes
01:26:12 un peu dans la spiritualité.
01:26:14 - Oui, tout à fait, et puis
01:26:16 aussi des exercices de pilates, où ça fait
01:26:18 aussi travailler sur le souffle, et c'est vrai que cette
01:26:20 partie-là m'aide énormément psychologiquement.
01:26:22 Voilà.
01:26:24 - Oui, mais il le disait tout à l'heure,
01:26:26 Frédéric Fanger,
01:26:28 le corps doit être
01:26:30 sollicité aussi, puisque
01:26:32 l'angoisse agit sur le corps,
01:26:34 il faut que vous, vous puissiez agir sur le corps,
01:26:36 mais dans un autre message.
01:26:38 Donc effectivement, ça peut être du pilates,
01:26:40 ça peut être du yoga,
01:26:42 enfin des choses qui calment le corps,
01:26:44 et qui, au niveau des ressentis,
01:26:46 soient des ressentis de sérénité,
01:26:48 quelque chose qui lâche, qui va mieux,
01:26:50 qui respire.
01:26:52 - Oui, parce qu'on parle toujours
01:26:54 de l'esprit sur le corps,
01:26:56 mais le corps agit aussi sur l'esprit,
01:26:58 et bien à l'inverse, c'est tout aussi valable.
01:27:00 Et puis, il me semble,
01:27:02 à vous écouter, Emma, qu'il y a quand même quelque chose de très
01:27:04 positif chez vous, c'est que vous avez conscience
01:27:06 réellement de votre anxiété,
01:27:08 et sans doute que vous
01:27:10 la repérez un petit peu
01:27:12 en amont, non ? - Oui, oui, oui,
01:27:14 je la repère, je sais aussi que,
01:27:16 par exemple, là, quand je vous appelle, je vais parler très
01:27:18 vite, donc j'essaye
01:27:20 de contrôler un peu tout ça.
01:27:22 Oui, effectivement, c'est sûr. Mais après,
01:27:24 le problème, c'est que ça crée aussi
01:27:26 une anxiété, le fait de toujours trop se regarder,
01:27:28 et c'est quelque chose que je faisais aussi, enfant.
01:27:30 On se met tout le temps à l'extérieur,
01:27:32 et on ne participe plus au monde,
01:27:34 on devient timide, vous voyez ?
01:27:36 Mais bon, avec le temps,
01:27:38 effectivement, c'est... - Et bien, il faut
01:27:40 peut-être aussi être un peu
01:27:42 en paix avec soi-même,
01:27:44 et moi, j'aime bien l'idée, comme ça, de se dire
01:27:46 qu'il y a nous, puis à l'intérieur,
01:27:48 il y a un petit diable anxieux,
01:27:50 et de temps en temps, il faut
01:27:52 l'accueillir, ce petit diable anxieux, et puis
01:27:54 dialoguer avec lui.
01:27:56 - Oui. - Et puis, voilà,
01:27:58 il faut l'aimer, ce petit diable anxieux,
01:28:00 il ne faut surtout pas lutter contre lui, et le rejeter.
01:28:02 - C'est ça. - Oui.
01:28:04 - Plus on lutte, et plus on donne de la place.
01:28:06 - N'est-ce pas ? Voilà.
01:28:08 Merci, Emma, en tout cas.
01:28:10 - Merci à vous. - Merci à vous.
01:28:12 Mais je pense qu'on peut être...
01:28:14 Enfin, on sent qu'Emma a bien avancé.
01:28:16 - Oui, oui, tout à fait.
01:28:18 Là, il y a une vraie conscience, et puis
01:28:20 il y a des efforts
01:28:22 évidents pour aller mieux.
01:28:24 - Et ça, c'est peut-être le message positif,
01:28:26 Jean-Benoît Dimontex ? - Absolument.
01:28:28 - On peut aller mieux, malgré une forte anxiété ?
01:28:30 - Ah oui, ce n'est pas une fatalité du tout, l'anxiété.
01:28:32 Ça peut même
01:28:34 se laisser sur le bord de la route,
01:28:36 parce qu'on a trouvé une manière de faire
01:28:38 qui n'engage plus l'anxiété.
01:28:40 - On a donné, en tout cas, beaucoup de pistes,
01:28:42 je crois, durant ces deux heures,
01:28:44 et bien, on va se quitter
01:28:46 serein, n'est-ce pas ? - Oui, nous sommes sereins.
01:28:48 - Merci beaucoup, Jean-Benoît Dimontex.
01:28:50 Je rappelle que vous êtes auteur d'un livre
01:28:52 tout à fait
01:28:54 intéressant, "Tueurs en série sur le divan",
01:28:56 qui était sorti aux éditions en volume,
01:28:58 et puis, vous avez aussi écrit
01:29:00 sur la diction, bien sûr.
01:29:02 Merci à vous. - Merci beaucoup. - Demain, on abordera
01:29:04 la Ménopause. Il ne faut pas être anxieuse,
01:29:06 mesdames. On en parlera avec Christian Jamin.
01:29:08 Et tout de suite, c'est
01:29:10 votre avenir.
01:29:12 Parlons vrai, parlons vrai, Sud Radio.

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