Avec Jean-Benoît Dumonteix, psychanalyste, spécialiste de l’addiction sexuelle, auteur de « Sex addicts, quand le sexe devient une drogue dure » - Éditions Hors Collection, et de « Tueurs en séries sur le divan » avec Joseph Agostini – Éditions Envolume
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ÉducationTranscription
00:00Nous évoquons l'alcool avec Jean-Benoît Dumontex, psychanalyste spécialiste des addictions,
00:07notamment de l'addiction sexuelle bien sûr, mais aujourd'hui on parle d'une addiction
00:10peut-être plus sournoise encore, l'alcoolisme.
00:14On va passer à la devise du jour et puis on donnera la parole à Séverine qui nous
00:19a rejoints, mais je voulais donner quelques petits indices à ceux qui nous écoutent
00:26puisque c'est des petits signes comme ça très anodins mais qui sont très révélateurs
00:30de personnes alcooliques, Jean-Benoît Dumontex, vous en avez certainement d'autres aussi
00:34à donner.
00:35J'ai remarqué par exemple que les personnes alcooliques elles vont toujours remplir beaucoup
00:39les verres presque jusqu'à ras-bord comme si ça leur donnait plus de doses d'alcool,
00:46donc ça c'est un signe très très caractéristique de quelqu'un qui est alcoolique, vous êtes
00:51d'accord avec ça ?
00:53Je suis absolument d'accord et ça vous parlez de remplir les verres mais ce sont des personnes
00:57qui les vident aussi très très vite.
00:59Oui, ils boivent comme s'ils buvaient de l'eau, c'est des personnes qui généralement
01:03aiment des vins, moi personnellement je suis incapable de boire un verre de rosé, mais
01:09les alcooliques peuvent boire même un vin qui est totalement ordinaire alors que les
01:16amateurs du bon vin ne vont même pas finir le verre si c'est un vin qui n'a que de l'alcool
01:24si je puis dire, vous êtes d'accord aussi avec ce signe-là ?
01:26Oui c'est ça, l'idée c'est d'avoir de l'alcool, pas forcément du goût ou un bon goût, c'est
01:31juste une dose d'alcool.
01:33Tandis que l'amateur de vin, de bon vin, il boit chaque gorgée qu'il déguste, on est
01:39bien d'accord, c'est une différence.
01:40Oui, tout à fait, et il prend son temps.
01:42Regardez comment la personne boit son verre de vin, vous aurez déjà des indices.
01:46Et puis, troisième indice que j'ai comme ça qui me vient, mais il y en a sans doute
01:51d'autres, en général l'alcoolique veut aussi remplir tout le temps les verres des autres
01:58et les incite à boire, il n'aime pas boire seul, il essaye toujours de...
02:03Oui c'est ça, d'inclure les autres dans son ivresse à lui, pour créer un climat, pour
02:11que ça ne se voit pas qu'il n'y a que lui qui boit aussi vite et autant.
02:14Vous avez d'autres indices qui vous viennent comme ça peut-être ?
02:18Après il y a des signes, mais là on est dans un alcoolisme parfois un peu avancé,
02:23mais il y a des signes physiologiques de tremblements par exemple, qui sont quand même caractéristiques
02:31d'un manque, ou même à la limite sans dire de manque, d'une atteinte neurologique déjà
02:37un peu grave, dans ce qu'on appelle les neuropathies.
02:40C'est-à-dire que toutes les extrémités, les mains, les pieds, sont soit en tremblements,
02:46soit en fourmillements, et ça c'est un signe que le cerveau est en train de se détériorer
02:50et qu'il y a des connexions qui ne se font plus, ce qui là est déjà très grave et
02:55demande des soins.
02:56Bien sûr.
02:57La devise du jour, comptons sur les autres, pas sur nos doigts.
03:01J'aime bien cette phrase, on n'a pas besoin d'un professeur de mathématiques pour nous
03:07apprendre à compter les uns sur les autres.
03:10Je crois que c'est encore une fois important, ce n'est pas essentiel d'avoir beaucoup
03:15d'amis, ce qui est important c'est d'en avoir quelques-uns sur qui on peut vraiment
03:20compter.
03:21Voilà, et à partir du moment où on a vraiment des personnes sur qui on peut compter, on
03:28est vraiment dans le bon lien humain dont on a tous besoin.
03:31Voilà, je crois que c'est important, vous êtes d'accord évidemment ?
03:36Oui, je suis d'accord, je hoche de la tête, mais c'est vrai qu'il vaut mieux privilégier
03:42la qualité à la quantité, et un bon ami ou une bonne amie c'est quelqu'un qui est
03:49authentique et avec qui on peut être authentique, et s'il n'y a pas cette authenticité-là,
03:55s'il y a des choses qu'on ne peut pas dire, alors c'est que le lien n'est pas tout à
03:58fait encore assez profond.
04:01Donc ça c'est vraiment, la qualité du lien est importante.
04:05Et normalement, un vrai ami, on peut se dire les choses, même si parfois ça fait un peu
04:12mal, mais on peut se dire les choses et on peut avancer ensemble.
04:16Voilà, un vrai ami ce sera quelqu'un qui va vous dire « tu déconnes complètement,
04:21ce que tu racontes c'est n'importe quoi, t'es en train de faire n'importe quoi ».
04:24Ça c'est un vrai ami ou une vraie amie, quelqu'un qui vous brosse dans le sens du
04:28poil et qui est toujours d'accord avec vous, a priori n'en a pas grand-chose à faire
04:32finalement de vous.
04:34Si on a des amis alcooliques, il faut leur dire, c'est un service qu'on leur rend.
04:38Et s'ils nous jettent, c'est que quelque part l'amitié n'était pas réellement là.
04:46Et il faut accepter de perdre un ami plutôt que de jouer à une fausse amitié.
04:51Séverine, bonjour.
04:53Bonjour Brigitte, et bonjour à votre invité, Laurent Benoit.
04:59Je voulais témoigner pour ma part, contrairement aux précédentes auditrices où elles ont
05:05vécu, c'était leur conjoint, moi j'ai vécu toute mon enfance avec l'alcoolisme
05:11par mon papa.
05:12Votre père était alcoolique ?
05:15Oui, mon père et mes grands-parents, les deux aussi, paternels et maternels, avec beaucoup
05:21de violence physique.
05:22Du coup, des coups, oui.
05:28Qui n'ont pas été sur nous en direct, c'est-à-dire quand je dis nous, c'est les enfants, puisqu'on
05:33était trois à l'époque, mais sur ma maman, et puis sur les violences physiques notamment
05:40quand ça se partait mal, ça partait en dispute, alors moi j'étais enfant et adolescente,
05:45je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait, des éléments déclencheurs on va dire plutôt,
05:50mais après on était souvent à table d'ailleurs, et donc les assiettes commençaient à voler
05:54dans la maison, les casseroles, c'était vulgairement le carnage, et puis après en
06:01dehors de ça, de voir mon papa dans des états de sobriété très compliqués, de le voir
06:08vouloir mettre fin à un séjour plusieurs fois, ça a été des scènes assez traumatisantes
06:13pour ma part.
06:14Ça s'appelle de la maltraitance, Séverine, je suppose que vous l'avez intégrée.
06:20Pas avec ce mot-là, non.
06:25Je crois qu'il faut l'intégrer avec ce mot-là, c'est important, il me semble, Jean-Benoît
06:30Nimontex.
06:31Oui, oui, oui, mais c'est très compliqué quand on est enfant d'imaginer que son parent
06:36vous a maltraité.
06:37Oui, oui, tout à fait, oui, je pense en tout cas, effectivement, et puis la relation avec
06:42mon papa encore aujourd'hui, alors aujourd'hui, il ne boit plus du tout, on a eu, et il a
06:49eu la chance d'avoir ma maman qui s'est accrochée, on va dire quand même, et qui a insisté
06:54à plusieurs reprises de faire des cures, qu'il a faites quand je devenais adolescente,
07:00donc il a arrêté de boire pendant 4 ans, 4-5 ans, donc là, ça a été merveilleux,
07:05on a eu une vie très correcte, sereine, plus posée, le mal était déjà là, présent,
07:10malgré tout, toutes ces années, et puis on avait la même chose du côté des grands-parents,
07:15donc quand on arrivait chez les grands-parents, c'était toujours la boule au ventre de se
07:17dire comment ça va se terminer, est-ce que ça ne va pas se terminer en bagarre, c'était
07:22souvent le cas, donc, et après quand il est, bon voilà, quand il a arrêté, il a replongé
07:27à un moment donné, donc des événements qui, alors il a replongé le jour de mon mariage
07:32à l'époque, il venait à la fête, il ne se sentait probablement pas bien de voir sa
07:36fille se marier peut-être, donc il a replongé à ce moment-là, ou trop bien, parfois c'est
07:43un laissé de joie qui fait replonger, oui peut-être, je sais qu'il a, alors il a une,
07:48aujourd'hui j'ai compris pas mal de choses, je suis en évolue pendant des années, très très
07:53très très longtemps quand même, et j'ai compris en travaillant sur moi, et puis sur l'humain,
07:59etc., les différentes facettes et personnalités que tout le monde, enfin qu'on pouvait rencontrer,
08:04on va dire, sur terre, et notamment un peu pourquoi il était aussi alcoolique, bon j'ai
08:09bien compris qu'il avait un gros manque de conscience en lui, et après bon aussi une
08:14enfance très douloureuse de sa part, enfin pour sa part quand même, bon après ce qui n'empêche
08:19que c'est quand même déversé sur nous. Ah ben c'est clair, ça explique et ça n'excuse pas,
08:25c'est toujours la même histoire, on sait très bien que sur toutes les addictions il y a toujours
08:31un vide, une estime de soi un petit peu fragile, ou des souffrances qui remontent à l'enfance,
08:39alors encore une fois ça explique, ça n'excuse pas, on n'a pas à faire subir à ses enfants de
08:48la maltraitance, mais bien sûr, bien sûr, et puis c'est important que vous compreniez, c'est-à-dire
08:53que votre père a pu vous aimer comme un père, et puis il avait, Dr Jekyll et Mr Hyde, il avait
09:01ce côté toxique qui vous a fait du mal. Oui tout à fait, alors aujourd'hui, il avait replongé,
09:08il a arrêté, il a replongé parce qu'après j'ai perdu mon petit frère, donc un événement très
09:12douloureux, et puis voilà, donc dans des périodes très compliquées, mais alors aussi surprenant que
09:18ça puisse paraître quand on dit alcoolique, mon papa ne buvait pas énormément, sauf qu'il ne
09:21supportait pas l'alcool, donc bon ça partait, enfin deux verres d'alcool et deux verres de
09:25Ricard, c'était parti, donc voilà, c'était pas des grosses quantités, bon après malheureux, du coup
09:30il s'est engendré des conséquences financières aussi dans le couple et à la maison, malgré tout
09:36il faisait après n'importe quoi quand il était dans la méthode d'ivresse, et aujourd'hui j'ai
09:41quand même bien compris un peu toutes ses raisons, il s'en est excusé aussi, donc aujourd'hui il ne
09:46boit plus du tout, il a maintenant 73 ans, il ne boit plus et j'espère qu'il ne buvera plus,
09:52parce que moi je suis quand même encore, même s'il y a eu des années sans alcool, énormément d'années
09:58quand même, je suis encore assez traumatisée on va dire par cette époque, alors voilà, c'est
10:05intéressant Séverine, parce que forcément avoir eu un père et des grands-parents alcooliques, mais
10:11notamment votre père, ça a dû vous laisser des séquelles, oui alors genre oui, j'en ai aujourd'hui
10:19c'est pour ça que je suis encore traumatisée, et pourtant moi par contre je ne bois pas une goutte
10:23d'alcool, c'est une réaction souvent saine, voilà c'est ça, mais là vous dites quand même que par
10:32rapport à votre père vous êtes toujours dans ce climat de l'avoir à l'oeil, c'est à dire qu'il
10:36y a toujours cette idée qu'à un moment donné ça peut replonger, oui tout à fait, j'ai vraiment
10:42cette, alors c'est pas une peur, mais bon ça reste quand même une petite angoisse qui est au fond de
10:47ma tête, si pour le moment tout va bien, mais je sais que si jamais il y arrive un
10:53événement qui pourrait être assez important, le refragiliser, je suis très peur de ça,
11:00effectivement parce que ça me réveille, on voit tout ce qui s'est passé, peut-être Séverine que
11:06vous pouvez vous donner cette ligne de conduite, vous dire bon je vais voir mon père, si jamais il
11:13n'est pas dans son état normal, je m'en vais tout de suite. Il y a eu une époque il y a très très
11:21longtemps aussi, j'avais un petit garçon, mon garçon avait peut-être une dizaine d'années,
11:26je pense qu'il buvait à ce moment-là, il avait repris, et je lui avais dit que pour moi c'était
11:30insoutenable de venir le voir dans cet état-là, même si parfois il était bien, il tenait debout,
11:35tout allait bien, mais il avait les yeux qui étaient très dilatés, vous savez, et ça me faisait très
11:41peur, ça me renvoyait à tout de suite. Vous avez le droit de vous donner cette ligne de conduite qui
11:47va vous permettre de pouvoir être vis-à-vis de votre père comme vous avez envie, puisque dès
11:53qu'il y a le moindre signe d'alcoolisme, vous stoppez, vous partez. Oui, c'est ce que j'avais
12:00fait à l'époque, il y a une fois il y a très longtemps, il y a eu plus de 20 ans, juste après
12:05mon mariage, c'était tellement insupportable que je lui avais dit que je ne le voyais plus,
12:09et c'est ce qui a entre guillemets déclenché à refaire une cure, puisque pour lui il ne supportait
12:15plus de ne pas me voir. Voilà, donc ça c'est le signe quand même que le lien à sa fille,
12:21enfin familial en tout cas, prévaut sur le lien à l'alcool, donc c'est quand même un levier très
12:28très important là pour vous, et ce qui n'est pas vrai pour tous les alcooliques, donc c'est précieux,
12:34et j'espère que vous dans votre construction émotionnelle et dans votre vision du couple ou
12:42de l'attachement, il n'y a pas trop de dégâts causés par quand même cet alcoolisme parental.
12:47Merci beaucoup aussi de ce témoignage Séverine, parce que c'est en effet aussi dévastateur lorsque
12:54c'est un parent qui est alcoolique. On fait une petite pause, on se retrouve dans un instant sur
12:58Sud Radio, vous pouvez témoigner au 0 826 300 300, à tout de suite.
13:0114h16, Brigitte Laës, Sud Radio.
13:05Toujours en compagnie de Jean-Benoît Dumontex, nous évoquons l'alcoolisme. Vous êtes spécialiste
13:12des addictions et notamment de l'addiction sexuelle, je le précise, puisque c'est aussi
13:16une addiction malheureusement en augmentation. On revient sur l'alcoolisme et je remercie
13:22Catherine, parce que Catherine vous êtes une ancienne alcoolique et c'est important
13:26aussi votre témoignage, parce que ça montre quand même une petite lueur d'espoir. Merci.
13:34Je vous remercie pour me donner l'antenne, je salue votre invité Monsieur Dumontex.
13:43Bonjour, je voulais effectivement témoigner, c'est très important en tant que femme
13:48et en tant qu'alcoolique abstinente, parce que je pense qu'on n'en guérit pas.
13:54Oui, vous avez raison, on n'en guérit pas.
13:57Si on revoit une goutte d'alcool, le cerveau se plaît à nous rappeler un mauvais souvenir.
14:05Et je tiens à dire que je n'ai pas, ça fait plus de 10 ans que j'ai arrêté,
14:10et je n'ai aucun désir de boire de l'alcool. C'est pour les personnes qui nous écoutent,
14:16en fait, c'est zéro goutte d'alcool. Je me parfume quand même, je mets du vinaigre dans
14:23mes assaisonnements. Et vous ne souffrez pas de ne pas boire ? Non, du tout. Parce que c'est ça
14:30qu'il faut entendre, c'est-à-dire que ce n'est pas une frustration permanente ? Absolument pas,
14:36c'est une délivrance. Quand on se libère de ce poison qu'est l'alcool, c'est une délivrance.
14:46En fait, mon histoire, c'est que j'ai vécu avec le papa de ma fille, je me suis mis en ménage avec
14:53le papa de ma fille et je n'étais pas heureuse dans cette relation. En fait, je n'étais pas
14:57heureuse dans cette relation. Ce malheur que je n'arrivais pas à verbaliser, à nommer, venait de
15:03mon enfance, en fait. Je me suis mise avec une personne qui, forcément, ressemblait dans son
15:10caractère à ma maman. Je n'étais pas heureuse dans ce ménage. Malheureusement, il y avait quand
15:23même une petite fille qui est grande maintenant et je suis grand-mère. C'était terrible parce que je
15:31me suis enfermée dans une relation. Je n'arrivais pas à m'en sortir. Comme je dis très bien,
15:34je n'arrivais pas à nommer ce qui n'allait pas. Et vous avez commencé à boire un peu pour aller
15:43mieux ? Effectivement. En fait, je me suis mise à consommer de l'alcool. Je tiens à préciser que,
15:48même jeune, je n'appréciais pas du tout l'alcool, le vin, etc. En tâchant, quand même, ma maman
15:54était à Bordelaise et mon papa était à Bourguignon. Le malheur là-dedans, c'est que mon
16:06mari aimait beaucoup recevoir, c'est un chef de cuisine, mais n'appréciait pas la vie sociale
16:14extérieure. J'en souffrais énormément. On recevait beaucoup les repas, l'alcool, le vin. Petit à
16:23petit, cette faille affective que j'avais en moi, cette ivresse de l'alcool s'est accaparée en moi.
16:37Petit à petit, je buvais de plus en plus. Mon mari s'en rendait compte, mais ne réagissait pas
16:46pour autant. J'étais à dire que j'avais une vie professionnelle. J'ai travaillé. C'est très compliqué
16:57parce qu'ensuite, je suis rentrée dans un alcoolisme et surtout une profonde dépression.
17:03Ce qu'il faut comprendre, c'est que vous n'alliez pas très bien et quand vous avez bu, vous étiez
17:13dans un état second qui vous faisait oublier que vous n'alliez pas très bien.
17:17Encore, je savais que je n'allais pas très bien. Je tiens à préciser, peut-être parce que je pense
17:25que ça c'est parti de la voie vers la guérison, s'il y a guérison, mais en fait d'ouvrir les yeux,
17:30c'est que je n'ai jamais été dans le déni. Jamais, jamais, jamais. Petit à petit, j'ai sombré dans
17:40l'alcoolisme. J'étais enfermée dans cette relation parce qu'avec le temps, j'ai appris
17:45que mon ex-époux était un pervers narcissique. A l'époque, il y a plus de 25 ans, on ne parlait pas
17:50comme de la perversion comme on peut en parler maintenant. C'est ma psychanalyste qui m'a fait
17:57comprendre les choses en me faisant lire aussi de Marie-Sophie Antirigoyenne. Après, ce qui s'est
18:04enclenché, c'est que j'étais tellement dans des états de grande souffrance en buvant, parce que je
18:10buvais pratiquement pour mourir. Il y avait une autre petite fille qui était là, elle assistait
18:16à des scènes de voir sa mère en pleurs, les mains en sang qui avaient traversé les vitres, sans que
18:24mon ex-mari ne fasse quoi que ce soit. Ils jouissaient de vous voir sombrer. Je pense parce
18:32que même, je me souviens, je rentrais chez nous, je rentrais à la maison, j'avais encore mon
18:39deux seules côtes sur moi, je faisais exprès de lui montrer que je prenais un verre, la bouteille
18:45de vin, et je buvais. Mais il n'y avait toujours aucune réaction. Je n'arrivais pas à comprendre
18:50pourquoi, mais ça me ramenait à mon enfance. Je n'arrivais pas à analyser les choses et je
18:58devais vraiment le dire, le verbaliser, le nommer. Il m'a fallu du temps, beaucoup de temps pour
19:02comprendre ce qui se passe en soi, comment se délivrer de ça. C'est très compliqué. À un
19:13moment donné, je suis partie en cure de désintoxication. Ça a été très bien, la cure
19:22de désintoxication, puis après, retour à la maison, parce que c'est très compliqué. C'est quand on
19:26revient dans son milieu. Oui, il est là le problème, c'est quand on revient à la vie normale.
19:33Exactement. Et parfois, il faut deux, trois désintoxications pour qu'enfin on soit sauvé.
19:40Ça a été votre cas ou c'est dès la première fois que ça a suffi ? J'ai quitté mon époux,
19:44ça a été très très violent, dans le sens où moi, ensuite, j'ai fait une très grave dépression,
19:48où j'ai touché la mort. J'étais en train de mourir dans cet état dépressif. Ma petite
19:56fille, à l'époque, est repartie vivre chez son père. J'ai lâché l'affaire, j'ai décidé que Gaëlle
20:11puisse vivre chez son papa, et ça m'a permis de mieux m'occuper de moi. Mais je veux vous dire
20:19qu'il y avait un poids de la culpabilité, de la honte. Tout ça, il faut le dépasser, mais c'est...
20:24Écoutez, en tout cas, bravo Catherine, parce que vous en êtes sortie, et votre message,
20:31parce qu'on voit bien tout ce que vous avez traversé, toute la souffrance, mais vous en
20:36êtes sortie, et c'est ce message lumineux, positif, que vous transmettez, et merci,
20:41parce que si quelqu'un écoute et qu'il est, justement, encore dans l'enfer, il peut comprendre
20:48que c'est possible de s'en sortir. Jean-Benoît Dumontex, on fait une petite pause. Si vous avez
20:52envie de réagir au témoignage de Catherine, je vous redonne la parole tout de suite après.
20:5614h16, Brigitte Laé, Sud Radio. Jean-Benoît Dumontex, c'est notre invité. Vous êtes
21:03psychanalyste spécialiste des addictions. On parle justement de l'alcool. Le témoignage
21:09de Catherine est un témoignage important, parce qu'il montre bien à la fois pourquoi
21:15on devient alcoolique, mais quand même, qu'on peut s'en sortir. Qu'est-ce que vous avez envie
21:21d'ajouter ? Alors, vous avez raison, je trouve que ce témoignage, j'attendais en fait le témoignage
21:28d'une personne alcoolique pour pouvoir touter un peu les trajectoires, parce que là, son témoignage
21:35est vraiment un titre d'exemple par rapport à la trajectoire de l'alcoolisme, où elle décrit
21:40le mal-être du début, la solution qu'elle entrevoit à travers l'alcool et finalement la découverte que
21:47c'est un poison et que ce n'est certainement pas comme ça qu'elle va s'en sortir. Et ce qui est
21:52très intéressant dans son témoignage, c'est l'issue finalement de cette histoire, c'est-à-dire les
21:59solutions qu'elle a pu trouver. Et c'est une des questions qu'on se pose d'ailleurs dans cette
22:04émission, c'est comment est-ce qu'on peut s'en sortir ? Et elle met en relief des solutions
22:08vraiment importantes et par lesquelles je pense que tout un chacun doit passer. C'est d'abord de
22:15trouver un professionnel de santé en qui on a confiance pour pouvoir déposer des choses,
22:20c'est-à-dire parler de ce qui se passe pour soi, c'est-à-dire ne plus cacher, c'est-à-dire ne pas
22:28jouer le jeu de l'alcoolique, c'est vraiment être au grand jour, pouvoir dire les choses, les analyser,
22:36les comprendre. Et de là va découler l'action, c'est-à-dire la décision de partir en cure pour
22:45pouvoir concrètement dans le corps et dans le comportement mettre fin à cet alcoolisme et
22:52pouvoir avoir une vie normale si tant est qu'une vie normale existe, mais en tout cas sans l'alcool,
22:58et profiter là pour cet exemple-là de sa fille, de ses petits-enfants, voilà, profiter de la vie
23:06et je trouve que ce témoignage est à réécouter à titre d'exemple où il y a vraiment toutes les
23:10solutions dans ce que Catherine a bien pu vouloir nous témoigner. Merci à elle. Lilou est avec nous
23:17maintenant, bonjour Lilou. Oui, bonjour à vous deux. Je vous en prie. Donc vous avez eu deux
23:25relations avec des hommes alcooliques, la première avec un drame que vous allez nous raconter. Alors
23:34effectivement j'ai fui un milieu familial qui était nocif pour moi, donc j'ai rencontré cet homme
23:43qui était donc alcoolique, je ne le savais pas au départ. C'est quelqu'un qui buvait parce qu'il
23:50était homosexuel, donc il n'assumait pas son homosexualité par rapport à un père très haut
23:57placé en militaire, donc c'était impossible pour lui d'avouer qu'il était homo, donc il s'est marié
24:06pour cacher son homosexualité et en même temps être violent et alcoolique vis-à-vis de moi.
24:12Donc j'ai vécu avec lui la violence verbale, la violence sexuelle, donc la sodomie, ensuite le seul
24:26rapport que j'ai pu avoir avec lui ça a été un viol où j'ai eu mon enfant. Vous voulez dire la seule
24:33fois où il vous a pénétré vaginalement en fait, c'est ça ? Tout à fait, c'est exactement ça, donc
24:38un miracle j'ai eu mon enfant, donc et moi ça m'a sauvé, ça m'a sauvé de cet homme alcoolique qui
24:45malgré tout continuait dans cette violence verbale et physique, qui pour la moindre chose me tabassait
24:51quand il était alcoolisé et ça finit effectivement en drame parce que donc il s'est suicidé,
24:58puisque pour lui c'était, oui il s'est suicidé, oui tout était ingérable. Il n'aurait pas pu de
25:07toute façon assumer cette homosexualité vis-à-vis de sa famille. Alors moi j'ai appris
25:14son homosexualité bizarrement, puisque c'est quelqu'un un jour qui est venu et qui m'a montré
25:21une lettre qui lui avait écrit qu'il était tombé amoureux de ce jeune homme et ce qui était assez
25:26rigolo c'est que ce jeune homme était tombé amoureux de moi, donc c'est vrai que quand je revis la
25:31situation je me dis voilà c'est assez particulier. Mais il était donc, enfin il était attiré par les
25:40hommes, ça on l'a bien compris, mais il avait des relations avec des hommes ou il n'osait pas
25:44assumer son homosexualité ? Il avait des relations avec des hommes mais ça je l'ai appris bien plus
25:50tard. C'est assez souvent bizarre parce qu'on rencontre des gens dans la vie qui, quand vous
25:56revenez, moi j'étais partie aux Antilles donc je suis revenue dans la région et c'est vrai que j'ai
26:00rencontré des gens qui m'ont dit par rapport à son statut, donc il faisait des menaces à des jeunes
26:05hommes et effectivement voilà il avait des relations mais c'était des relations forcées
26:11par rapport à ce jeune homme et son statut. D'accord oui donc c'était quand même quelqu'un
26:16d'un peu d'un peu pervers semble-t-il. Tout à fait. Alors je précise juste, on peut aimer,
26:27adorer l'assodomie, une pratique de l'assodomie sans pour autant être homosexuel, ça dépend,
26:34là en l'occurrence on comprend bien mais c'est pas une généralité, je voulais juste préciser
26:41pour ceux qui écoutent. Donc c'est votre fils qui vous a sauvé parce que quand vous étiez
26:48enceinte vous l'avez quitté c'est ça ou vous l'avez quitté une fois que vous aviez votre fils ?
26:53Alors non je ne l'ai pas quitté parce que j'avais à ce moment-là, à cette époque-là,
27:00j'avais pas de solution de recours donc il y avait des choses qui n'existaient pas comme
27:04maintenant donc je suis restée avec lui et comme je vous disais la finalité c'est qu'il s'est
27:08suicidé comme mon fils avait trois ans. D'accord. Donc je ne l'ai pas quitté non. D'accord et vous
27:16avez par la suite revécu avec un homme alcoolique ? Oui alors je pense que j'ai reproduit, alors par
27:22contre la première personne j'ai pardonné, je lui ai pardonné parce que c'est vrai que j'ai
27:27trouvé plein de choses qui ont fait qu'il n'a pas pu dire des choses. Je pense qu'il m'aurait
27:31dit que j'aurais accepté qu'il soit homosexuel et qu'il fasse sa vie. J'ai lui pardonné.
27:37Mais c'est votre droit. Oui. Et après mon autre expérience a été un peu différente c'est quelqu'un
27:46qui m'a montré voilà je l'ai aimé plus que plus c'était vraiment moi j'avais un amour plus que
27:53fort mais c'est quelqu'un qui était alcoolisé du matin au soir qui avait des paroles pareilles
27:58violentes qui me mettait... Vous rabaissiez ? Voilà exactement qui m'a humilié qui m'a...
28:07C'était très très dur j'ai vécu vraiment et toujours en ayant cet amour de cette personne
28:14et d'ailleurs il avait été c'est quelqu'un qui avait eu des problèmes par rapport à la justice
28:20et par rapport à des jeunes filles puisque dans la sexualité il était attiré par les jeunes
28:25filles petites jeunes filles 12 ans 10 ans et qui étaient toujours en train de me dire de toute
28:31façon que j'étais vieille que j'étais moche que j'étais grosse que voilà j'étais pas quelqu'un de
28:35bien et après il s'est excusé il m'écrivait des lettres et puis il s'est excusé il me disait
28:39pardon je regrettais tout et trois jours après il recommençait. Ça c'est assez fréquent aussi
28:45Jean-Benoît, je lis mon texte chez les personnes alcooliques qui savent s'excuser mais qui de
28:51toute façon reprennent... Oui oui alors là il y a quand même une tendance perverse aussi mais
29:01effectivement chez les alcooliques il y a la possibilité de savoir qu'ils ont fait une
29:06erreur ou qu'ils ont mal agi ou qu'ils ont dit des choses et de s'excuser mais pour autant de ne
29:12pas s'arrêter et de reproduire la même chose deux jours après. Oui c'est en ça que vous dites que
29:19c'est un peu pervers parce qu'on s'excuse alors qu'en fait de toute façon rien ne changera donc
29:23ce sont des excuses pour pour justifier en quelque sorte puisque... Oui voilà c'est ça un moment on
29:31peut penser quand même qu'il y a de la perversion parce que voilà on achète le client on achète la
29:37paix tout en sachant que voilà on ne changera pas. De toute façon il me renvoyait ses propres
29:43peurs sans arrêt moi des fois je lui disais mais c'est pas moi. C'est ça mais vous avez été
29:49extrêmement maltraité. Oui oui j'ai été très maltraité mais je l'ai guidé cet homme là de
29:57toute façon donc et c'est vrai que voilà je m'en suis bien sorti voilà j'ai une vie saine j'ai
30:03mais c'est vrai que dans mes relations sentimentales c'est très compliqué. Il y a toujours des choses
30:09qui restent au niveau de cette violence verbale sexuelle donc ça reste. Vous avez peur de vous
30:20réengager avec quelqu'un parce que vous avez peur de retomber dans un schéma qui serait de cet ordre
30:26là ? Oui je crois que quand même qu'il y a cette peur quelque part au fond même si je n'ose pas me
30:34l'avouer parce que c'est compliqué et que toutes les relations que j'ai pu avoir j'ai re-attiré des
30:41gens qui avaient des problèmes d'alcool. Peut-être qu'il faudrait travailler sur le pourquoi de ces
30:46choix qui sont certainement dû encore une fois à des repères. Oui bien sûr bien sûr et si vous
30:54arrivez à bien comprendre le pourquoi de ces choix a priori vous ne les ferez plus. Oui je suis
31:01entièrement d'accord avec ce que vous me dites. Donc c'est ça peut être un petit peu long mais ça vaut
31:07le coup peut-être ? Oui alors c'est vrai que je sais que je suis une guerrière je suis une battante
31:16voilà je m'en sors dans ma vie mais il y a des traumatismes qui sont ancrés quelque part. Moi je
31:24dis que dans mon cerveau il y a des petites cases et dans les petites cases il y a des fois une phrase qui
31:29sort chez un homme où de suite ça me fait revenir à ce que j'ai vécu. Bien sûr mais ça c'est le
31:35traumatisme qui parle. Vous avez beaucoup de ressources c'est certain. C'est dommage de ne pas
31:43l'exploiter pour vous reconstruire ou pour construire en vous quelque chose qui vous
31:47permette de vivre différemment ou de moins avoir peur par rapport aux relations, de pouvoir faire
31:55confiance et vivre une relation saine à l'avenir. Donc voilà si ça n'est pas déjà fait c'est vrai
32:02que l'idée d'aller creuser un peu comprendre avec quelqu'un en qui vous avez confiance évidemment
32:08serait une bonne chose puisque vu les ressources que vous avez il n'y a aucune raison vous n'y
32:13arriviez pas. Voilà en tout cas merci Lilou, merci de ce témoignage qui est fort aussi. On fait
32:20une petite pause Jean-Benoît Dumont-Tex et puis il est déjà temps de conclure et on va conclure
32:24notamment avec Anna dont c'est quelqu'un de sa famille qui était sans doute encore alcoolique.
32:30On continue à évoquer l'alcoolisme avec Jean-Benoît Dumont-Tex. Je précise je parlais de
32:40votre spécialité aussi de l'addiction sexuelle et je rappelle le livre que vous avez écrit
32:46Sexe addict quand le sexe devient une drogue dure c'est aux éditions hors collection. Anna est avec
32:54nous et Anna c'est votre sœur qui est alcoolique et qui l'est toujours d'ailleurs. Oui bonjour
33:00Brigitte et bonjour Jean-Benoît. C'est ma sœur qui est alcoolique depuis l'âge de très jeune
33:09tout jusqu'à l'adolescence je pense. Aujourd'hui elle a 70-18 ans et je pense qu'elle est toujours
33:16alcoolique. Elle a fait plein de cures. Bon ça lui a coûté un divorce etc et puis ses enfants ont
33:22un très mauvais souvenir de son alcoolisme pour en avoir parlé avec eux et donc j'ai bien essayé de
33:30la sauver bien évidemment mais je n'ai pas réussi parce que j'ai accepté en fait le fait qu'elle
33:35soit alcoolique et de ne pas la voir lorsqu'elle est alcoolisée. Voilà et aujourd'hui elle vit
33:40avec ça et on en parle elle le sait. Ce n'est pas un sujet tabou. On arrive à en discuter,
33:46elle en est consciente et malheureusement voilà c'est son sort. Chaque fois qu'elle
33:53n'est pas bien je me demande si elle s'autorise à être heureuse. Voilà c'est un peu ma question
33:58pour en avoir discuté avec elle. J'ai peur que non. Vous pensez qu'elle est un peu dépressive
34:05votre soeur ou pas ? Complètement, complètement. Mais bon ça ne résout pas le problème de la
34:14dépression, l'alcool elle le sait. Oui bien sûr mais on peut y croire au début en tout cas.
34:19Ouais maintenant voilà elle a 70-18 ans elle me dit mon dieu j'aurais jamais cru arriver à ce
34:25stage-là. Moi non plus certes avec tout ce qu'elle a bu et abusé et ce qu'elle a fait vivre aux
34:32autres et à moi notamment. Elle m'a fait vivre des choses très difficiles. Vous gardez des
34:38souvenirs traumatiques de votre soeur ? Oui genre je pars en vacances, je lui laisse ma maison,
34:48je lui dis surtout quand on revient j'ai les enfants fais attention et quand je reviens c'est
34:53la catastrophe. Les enfants la voient dans un état pitoyable, il faut que je la fasse hospitalisée
34:58parce que la maison est sans dessus dessous. Oui donc on est vraiment dans l'alcoolisme gravé
35:04quoi. C'est-à-dire que quelqu'un qui ne se lave plus, qui même fait ses besoins.
35:11C'est ça, de tout partout. Oui je crois Anna, il faut l'avoir vécu pour le comprendre. Je crois
35:23que les gens qui nous écoutent et qui n'ont pas connu quelqu'un qui est dans cet alcoolisme grave,
35:28c'est-à-dire qui est sévère. C'est vrai que c'est une vision pour des enfants qui n'est pas bonne
35:39évidemment. Oui alors après je leur en ai beaucoup parlé à mes enfants. Je leur ai énormément parlé
35:46de ça parce que parfois ils avaient tendance à avoir des mots un peu assassins par rapport à ma
35:51sœur. Je leur disais vous n'avez pas le droit de la considérer comme ça. Sachez pourquoi,
35:57ils savent pourquoi elle boit. Et pourquoi ? Suite à un viol de son père, de son bon-père à l'occurrence.
36:08Puis elle est devenue bourreau on va dire parce qu'elle n'a pas eu une belle vie, elle a eu une vie
36:16totalement isolée. Je ne veux pas que mes enfants retiennent de ma sœur et de leur tante. C'est
36:24quelqu'un d'adorable, de fondamentalement gentil. En fait c'est quelqu'un qui a été brisé par la vie
36:36et qui malheureusement n'a pas trouvé la bonne personne pour se faire aider et qui quelque part
36:44a sombré dans une dépendance à l'alcool extrême. C'est maladif. Bien sûr et je pense qu'elle est
36:55consciente aussi de la souffrance qu'elle traverse. En effet il n'y a pas à juger bien sûr. Mais en
37:08même temps c'est sûr que quand on est jeune, enfant, on va forcément juger, c'est normal. Les
37:16adolescents ils ont la dent dure comme on dit. Et après tout c'est la vie qui leur apprendra.
37:23Jean-Benoît Dumontex, allez-y Anna je vous en prie.
37:26Excusez-moi, aujourd'hui ils ont compris, ce sont des adultes, ils ont bien compris,
37:31ils respectent leur tante, ils comprennent tout à fait ce qu'elle a vécu et ils l'aiment profondément.
37:36Il n'y a aucun problème. Franchement de ce côté-là ils ont grandi. C'est génial. Ils
37:42l'adorent plus que ses enfants parce qu'ils n'ont pas connu ce qu'elle leur a fait vivre.
37:47Mais ce que je voulais juste faire une parenthèse, ce que je disais à Zach c'est que j'ai remarqué
37:54dans les séries, et plus maintenant qu'avant, sur des séries de Netflix où il y a tout un tas
37:59de séries, alors pas qu'américaines, espagnoles, suédoises, égyptiennes, ce que vous voulez,
38:06il y a énormément d'alcool et je trouve, et ça je le condamne, parce que c'est le verre de
38:13décontraction. Vous voyez, ils prennent un verre de whisky, ils arrivent à la maison,
38:17ils se posent un verre de whisky, un verre de vin, ça y est à toutes les séries, à toutes les
38:22séries. On a condamné la cigarette mais c'est incroyable le nombre de verres d'alcool qui
38:26circulent dans toutes les séries. Et je trouve ça pire que la cigarette. Parce qu'on donne
38:32quelle image à nos enfants ? Vous avez raison, l'addiction à la cigarette n'est pas bonne pour
38:37la santé, c'est une addiction, mais elle est moins dévastatrice, d'abord sur le plan de la déchéance
38:43physique, parce que quelqu'un de très très alcoolique comme votre soeur, c'est une déchéance
38:47physique, et puis c'est une image pour l'entourage, pour les enfants. On a vu tout à l'heure la
38:55celle qui témoignait de l'alcool de son père. Oui, vous avez raison. Jean-Benoît, donnez-nous
39:00mon texte, je vous laisse réagir. Je trouve quelque chose d'intéressant dans le témoignage
39:07d'Anna, c'est qu'elle fait la part des choses entre la personne et la personne malade. Et donc,
39:14c'est vrai que les patients que j'ai pu côtoyer dans des centres d'addictologie et qui souffraient
39:21d'alcoolisme, on leur disait ne dites pas je suis alcoolique, dites je souffre de la maladie
39:28alcoolique, parce que ça laisse la place aussi à la personne que vous êtes à côté. Si vous dites
39:35je suis alcoolique, ça résume toute votre personne à l'alcoolisme, et bien évidemment ça n'est pas
39:40vrai. On est bien d'autre chose que l'alcoolisme, et il y a presque une condamnation quand on dit
39:46je suis alcoolique, ou il ou elle est alcoolique, c'est comme si cette personne ne pouvait pas faire
39:50autre chose qu'être ça. Donc je trouve le témoignage d'Anna très intéressant, et voilà,
39:55elle dit que sa sœur souffre d'une maladie qui est l'alcool. Absolument, merci Anna. Bérangère
40:02est avec nous, il nous reste peu de temps, mais votre témoignage étant positif, j'ai envie de
40:08conclure avec vous. Bonjour Bérangère. Bonjour. Allez-y, je vous en prie. Oui, merci à vos
40:14émissions Brigitte que j'aime énormément, et vous êtes formidable. Merci. Donc oui,
40:21moi j'ai rencontré mon compagnon il y a 30 ans, le papa de ma fille, j'ai vu rapidement qu'il buvait,
40:27mais bon, nous étions très festifs, nous aimions beaucoup faire la fête, voilà,
40:32puis petit à petit nous nous sommes installés, au bout de deux mois nous nous sommes installés,
40:36c'était le grand amour de ma vie, un grand coup de coeur, un grand coup de foudre. Nous nous
40:41sommes installés, au bout de deux mois, et puis rapidement ça a dérapé, j'ai vu qu'il buvait
40:46de plus en plus, il ne travaillait plus, c'était très compliqué, je suis tombée enceinte, nous
40:52nous sommes retrouvés quasiment SDF, bon moi j'avais mon boulot mais ça ne suffisait plus,
40:56et nous sommes partis sur le bassin d'Arcachon, nous avons vécu chez ma belle-mère, nous avons
41:01vécu chez ma sœur, nous avons fini en mobil-homme, avant de trouver un petit appartement à Arcachon,
41:06jusqu'au jour où ça a un peu dérapé, c'était la violence verbale, et jusqu'au jour où ça a
41:16dérapé, j'avais mon bébé dans les bras, et là je me suis dit, il va me tuer quoi, donc je me suis
41:22enfuie, j'ai appelé la police entre temps, mais qui n'a pu rien faire pour moi, puisque j'étais
41:27vivante, et je me suis réfugiée dans la famille, et j'ai dit à mon compagnon, tu te soignes,
41:33ou tu ne me revois plus, tout simplement, parce qu'il fallait que je protège ma fille,
41:39j'avais aussi un petit garçon de 8 ans, que j'avais envoyé chez son père pour le protéger
41:46au maximum, et Eric est parti se soigner pendant deux mois dans un centre à Royan, et ça a
41:54fonctionné, il est revenu, il était guéri, bon par contre quand on a eu très très peur de quelqu'un,
42:01on ne peut plus l'aimer. Vous étiez marquée, malgré qu'il se soit fait soigner, pour vous
42:12c'était fini, il y avait quelque chose de cassé ? C'était fini, j'ai beaucoup protégé mes enfants.
42:16Vous savez, les sentiments, ça ne se commandent pas, c'est comme ça, mais aujourd'hui vous êtes
42:23restée en bons termes, et il vous remercie, c'est ça ? C'est ça, aujourd'hui j'ai fini par le quitter,
42:30mais les dernières années, quand il est rentré de Royan, tous les matins il me disait merci,
42:35tu m'as sauvé la vie, merci tu m'as sauvé la vie, bon moi n'étant plus heureuse avec lui,
42:39il ne l'aimait plus, je l'ai quitté, mais aussi qui était en très bons termes, il s'est remarié,
42:44il est très heureux, il va bien, il va bien, et j'arrive à parler de tout ça à mes enfants
42:51aujourd'hui, alors que ça s'est passé il y a plus de 20 ans, ma fille elle a 23 ans,
42:56on arrive à en parler aujourd'hui, mon fils il a 32 ans, on en parle un peu, il n'a pas trop envie
43:00d'en parler Maxime, mais on en parle aujourd'hui, ça libère un peu la parole, mais Eric il y a
43:07encore beaucoup, il y a encore beaucoup d'affection entre nous, il n'y a plus d'amour, mais il y a ce
43:14chemin de vie qui a été difficile à un moment donné, et j'ai pu l'aider, et j'y suis arrivée.
43:20Oui, c'est bravo Bérangère, mais on entend, me semble-t-il, entre les mots, comme ça, le traumatisme,
43:28et Jean-Benoît a vu mon texte, je pense que c'est important de montrer à quel point, quand on vit
43:33avec quelqu'un, ou quand on a quelqu'un auprès de soi qui est alcoolique, c'est quand même un peu de
43:40démons qui circulent dans la relation, et c'est pour ça que c'est vraiment un fléau terrible
43:47l'alcoolisme. Oui, oui, c'est un fléau terrible, et on garde des séquelles émotionnelles ou
43:53psychologiques, même si les choses s'arrangent, même si tout va mieux, il reste en soi, quand on a
43:59été codépendants, il reste en soi des cicatrices, et des choses qui peuvent se réactiver à n'importe
44:04quel moment, puisqu'on a vécu le traumatisme. Merci Jean-Benoît Dumont-Tex, merci à tous d'avoir
44:11témoigné, et puis on retrouve tout de suite Alexandre Delevanne. Demain on va parler des femmes,
44:17de leur fantasme, elles adorent la new romance, et en même temps aujourd'hui les femmes ne veulent
44:23plus être dépendantes des hommes, on va essayer de comprendre ce qui se joue dans tout ça.