Dans son édito du 09/04/2025, Paul Sugy revient sur les propos de la ministre de la Transition écologique, qui a estimé que les pauvres n'étaient pas concernés par les ZFE.
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00:00Paul Sujit avec nous, c'est une petite phrase qui ne passe pas inaperçue.
00:03Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique,
00:06a estimé que les pauvres n'étaient pas concernés par les ZFE car ils n'ont pas de voiture.
00:11Oui Romain, Agnès Pannier-Runacher est en mission.
00:14Elle doit défendre coûte que coûte ces zones à faible émission de carbone dont plus personne ne veut.
00:18Le RN et la droite veulent s'en débarrasser au Parlement.
00:21Le gouvernement lui-même n'est pas sûr d'y tenir beaucoup
00:23et d'ailleurs mise un petit peu aussi sur cette opportunité parlementaire
00:28pour essayer de se débarrasser de ce sparadrap.
00:31Et donc Agnès Pannier-Runacher, avec elle l'aile gauche on va dire de la Macronie,
00:36essaye coûte que coûte de répondre aux arguments des opposants.
00:39Et donc celui-ci en particulier, que l'on commence à bien connaître,
00:43qui est évidemment que ces zones à faible émission sont des zones d'exclusion
00:46pour les revenus les plus modestes,
00:49ceux qui n'ont pas les moyens d'acheter des voitures dernier crié.
00:51Donc sur le plateau d'une chaîne concurrente hier,
00:54elle a déclaré que finalement, ce sujet n'était pas vraiment préoccupant pour les moins riches
01:00parce que ceux-ci n'ont pas de voiture.
01:03On retrouve presque les 100 dents de François Hollande.
01:06Ce sont ceux qui sont, dit-elle, le moins équipés en véhicules.
01:09Alors ça n'est plus Jean Gabin qui parle de ces salauds de pauvres.
01:12Au fond, vive les pauvres.
01:13Ils sont tellement pauvres qu'ils n'arrivent même pas à polluer.
01:16On les remercie.
01:17Bon, ceci dit, ce n'est pas complètement faux.
01:19C'est-à-dire que la voiture aujourd'hui, il faut avoir les moyens quand même.
01:24Il faut avoir certains moyens, certains noms.
01:26Pas le choix, donc les moins aisés en tout cas, et les plus pauvres n'ont pas de voiture.
01:30Oui, vous avez raison.
01:31Et d'ailleurs, pour regarder ça, on fait ce qu'on appelle un découpage en déciles,
01:34c'est-à-dire qu'on découpe la population française en 10 tranches
01:37qui représentent chacun 10% de la population.
01:39Et on regarde en fonction des niveaux de revenus.
01:41Et donc le décile le moins riche est effectivement la catégorie de la population française
01:45où les gens ont le moins de voitures.
01:47Et par opposition, les 10% des Français les plus riches sont ceux qui possèdent le plus de véhicules.
01:51Mais, regardons un petit peu dans le détail.
01:54En réalité, les Français les plus pauvres n'ont pas zéro voiture.
01:57Ce sont souvent ceux qui n'en ont par exemple qu'une seule.
02:00Tandis que les ménages les plus aisés, eux, en ont plusieurs.
02:03Et donc peuvent s'offrir le luxe de choisir le véhicule le moins polluant
02:07pour aller par exemple en centre-ville.
02:09Et en revanche, garder le gros diesel pour la route des vacances, si je caricature un petit peu.
02:12On voit aussi que les foyers les plus modestes sont ceux qui sont le moins équipés en véhicules neufs.
02:17Ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas de voiture.
02:18C'est-à-dire que leur voiture, simplement, ils la gardent plus longtemps.
02:21Les 10% des Français les plus pauvres ont en moyenne une voiture pendant 13 ans.
02:24Tandis que les 10% des Français les plus riches la gardent en moyenne 9 ans.
02:28Donc on voit bien la différence.
02:29Quant aux voitures qui sont critères E, c'est-à-dire 100% électriques
02:32et qui peuvent circuler partout dans toutes les zones à faible émission du monde,
02:35eh bien, elles sont en grande majorité détenues par les Français les plus aisés.
02:40Les Français les plus modestes n'en ont quasiment pas.
02:43En revanche, les Français les plus modestes sont ceux qui sont les plus nombreux
02:46à s'équiper en critère 4, critère 5.
02:48C'est-à-dire ces voitures qui ne peuvent déjà plus rouler dans le centre-ville de Paris
02:50ou de Lyon, par exemple.
02:51Donc certes, effectivement, les Français les plus pauvres n'ont pas toujours un véhicule,
02:55mais quand ils en ont, c'est eux qui sont les plus concernés par les ZFE.
02:58En réalité, Paul, le vrai sujet, ce ne sont pas les moins aisés, les plus pauvres parmi nous,
03:04ce sont les classes moyennes.
03:05Oui, et c'est ça le point aveugle de la réponse d'Agnès Pannier-Runacher.
03:08C'est-à-dire qu'effectivement, vous pouvez toujours considérer
03:10qu'il y a une petite proportion de Français tellement précaires
03:13que de toute façon, la question pour eux ne se pose même pas,
03:16mais ils ont beaucoup d'autres problèmes.
03:17En revanche, effectivement, il y a tout le ventre mout,
03:19ces classes moyennes, classes moyennes inférieures,
03:21classes moyennes en situation parfois même de déclassement,
03:23qui ont parfois les moyens d'une consommation plus environnementale, plus écologique,
03:28mais pour qui ce saut dans une consommation plus respectueuse de l'environnement
03:33est énorme en termes d'investissement de revenus.
03:36Par exemple, ces Français à qui on demande de rénover leur logement
03:38parce que c'est une passoire thermique, ça leur coûte au moins une année de revenus.
03:41Si on leur demande d'acheter un véhicule basse consommation,
03:44ça leur coûte encore une année de revenus.
03:45Ce sont par ailleurs des Français qui ne sont parfois pas toujours éligibles
03:48aux dispositifs d'aide pour accompagner justement les revenus les plus modestes
03:52dans ces choix de consommation.
03:54Donc, en définitive, ce sont les classes moyennes qui ont peut-être le moins les moyens
03:57d'adopter une consommation environnementale conforme aux nouveaux standards de la morale en vigueur.
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