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  • 05/04/2024
Dans son édito du 05/04/2024, Paul Sugy revient sur les limites du modèle du logement social français.

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Transcription
00:00 à Paul et l'Observatoire de l'immigration et de la démographie.
00:03 Oui d'une part parce que Michel Auboin c'est la personne qui sait précisément
00:07 ce dont elle parle et que son étude montre vraiment avec une rigueur méthodologique sans précédent
00:11 la manière dont une politique sociale a en fait été détournée de son intention d'origine
00:15 et qui finit par être elle-même créatrice de vrais ghettos.
00:18 Ce que montre Michel Auboin dans l'étude c'est qu'en particulier
00:21 il y a une concentration de ces logements dans des zones urbaines très denses
00:24 qu'en plus de ça le parc du logement social géré par des bailleurs sociaux donc publics
00:28 est généralement moins bien géré que le parc privé
00:31 et qu'en plus on a beaucoup de difficultés à éloigner les locataires lorsqu'ils sont fauteurs de troubles.
00:36 Pourquoi ? Eh bien ça nous emmène toujours au même point
00:38 parce que c'est une politique en réalité d'enfermement social
00:41 très peu mobile, très peu adapté à l'évolution des conditions personnelles, des situations des personnes
00:46 et puis eh bien qui repose donc sur une fixation sans souplesse
00:50 des droits sociaux dont les personnes sont bénéficiaires.
00:53 On a presque un logement social à vis qui crée non seulement des délais d'attente interminables
00:58 dans les endroits où des populations auraient besoin d'en bénéficier, en région parisienne par exemple
01:02 mais surtout à l'heure de la flexibilité, de la rapidité des flux
01:05 on se prive de la capacité finalement d'accompagner véritablement le parcours de vie des personnes.
01:09 C'est une faille sociale, c'est presque une faille philosophique ou anthropologique.
01:13 En fait on ne considère pas que les bénéficiaires de droits sociaux
01:16 sont des sujets libres, capables d'émancipation.
01:18 On les considère comme d'éternelles victimes
01:20 qui resteront toujours enfermées dans le ghetto dans lequel nous les avons mises.
01:24 Un autre aspect que montre l'étude, c'est la surreprésentation des Français issus de l'immigration
01:29 dans les locataires de logements sociaux.
01:31 Oui, ce qu'a montré Michel Auboin c'est que 35% des immigrés
01:34 c'est-à-dire des personnes qui sont nées étrangères dans un pays étranger
01:37 vivent en France dans un logement social
01:40 contre 11% des Français qui ne sont pas issus de l'immigration.
01:43 Et ce qui est pire encore, c'est que pour certaines populations d'immigration
01:47 par exemple l'immigration d'Afrique sahélienne
01:49 dont plus d'un représentant sur deux vit dans un logement social en France
01:54 et bien c'est qu'il y a un passage à la deuxième génération qui est encore pire.
01:57 C'est-à-dire que lorsque l'on est immigré d'origine sahélienne en France
02:03 on sait que ces enfants vont rester plus encore que la première génération
02:07 dans une logique de ghettoisation.
02:08 Ils sont 63% des descendants à rester dans ces logements sociaux.
02:13 Alors ce que dit Michel Auboin, c'est que la politique du logement social
02:16 empêche l'intégration de ces personnes.
02:18 Oui, c'est là qu'on crée un effet ghetto romain.
02:20 Personne ne nie que la première des raisons pour lesquelles les immigrés
02:24 sont surreprésentés dans ces logements sociaux, c'est d'abord leur pauvreté.
02:26 Mais l'État crée une trappe à la pauvreté en laissant ces personnes
02:30 se maintenir presque ad vitame dans un système d'habitat précaire certes
02:33 mais aussi communautarisé.
02:34 On l'a vu donc avec cette surreprésentation de certaines catégories d'immigration.
02:38 Au passage par exemple, l'immigration asiatique chinoise
02:41 est très largement sous-représentée.
02:42 Donc c'est certaines catégories de populations d'immigrés
02:45 qui s'y retrouvent majoritairement.
02:46 Ça ne leur permet pas de prendre véritablement racine
02:49 sur le sol français de manière pérenne.
02:50 Ils restent enfermés dans une logique communautaire ou culturelle
02:53 qui, passez moi l'expression, mais rappelle au fond celle du bled.
02:55 C'est à dire qu'on ne leur permet pas une installation véritable
02:58 sur ce que le sol français est capable de leur offrir.
03:01 Au final, les premières victimes de ça, ce sont donc les immigrés
03:04 à qui finalement, on n'offre pas les mêmes possibilités qu'aux Français natifs
03:09 et bien de pouvoir réaliser finalement un parcours de vie épanoui en France.
03:13 Alors disons le tout net, les cités HLM, c'est la version WISH
03:15 de ce que la France a à offrir.
03:17 On ne peut pas défendre, quand bien même on croit au fait
03:19 que l'immigration est parfois une chance pour ces personnes-là,
03:22 on ne peut pas offrir ce visage-là de la France aux personnes.
03:26 On les enferme et c'est effectivement une honte
03:28 pour tous ceux qui croient encore en notre modèle social.
03:30 [Musique]
03:33 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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