Dans son édito du 01/04/2025, Paul Sugy revient sur les critiques faites sur le système judiciaire.
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00:00Oui, il y a une forme d'hypocrisie pour justifier de cette décision d'invoquer une éventuelle récidive.
00:06D'ailleurs Marine Le Pen s'en est notamment expliquée hier soir en montrant bien sur le plateau de Gilles Boulot sur TF1
00:11qu'il était extrêmement rare, pour ne pas dire unique dans l'histoire, qu'une personne qui n'ait plus en cours de mandat,
00:18le mandat dans lequel les faits qui lui sont reprochés auraient été commis,
00:21puisse être malgré tout condamnée à cette fameuse inéligibilité avec exécution provisoire.
00:26Et la mention également par le tribunal de risque de trouble à l'ordre public en cas d'élection de Marine Le Pen interroge aussi.
00:33C'est de fait une décision politique mais ce sont les députés qui ont remis au juge la possibilité de trancher de façon politique
00:40lorsqu'il juge des politiques avec justement la façon dont la loi a progressivement renforcé la sévérité notamment des peines d'inéligibilité.
00:50Cette décision au fond révèle qu'il y a comme un esprit de système et d'ailleurs le juge ne s'en cache pas,
00:56il reproche à Marine Le Pen et aux autres prévenus du rassemblement national leur défense,
01:02c'est-à-dire le fait qu'ils se soient obstinés à nier les faits qui leur ont été reprochés en cours d'audience par le tribunal.
01:08Et donc c'est quelque part une façon pour le système aussi de se protéger contre un parti qui a justement très largement dans son histoire
01:15remis en cause ce système et qui jusque dans le prétoire, c'est ce qui lui est reproché,
01:21et bien se serait obstiné à vouloir nier ce que les juges lui reprochaient.
01:25Au fond, il y a une façon pour la justice de faire payer presque en faisant la morale aux RN, aux prévenus et à Marine Le Pen en particulier,
01:33la façon dont ils se sont adressés au juge, ils n'auraient finalement pas suffisamment respecté l'autorité judiciaire qu'ils auraient face à eux.
01:40Le système, donc, semble révéler là toute son existence.
01:43Il y a un système qui veut empêcher Marine Le Pen, suite au fait qu'il a été reproché, de se présenter à une élection présidentielle.
01:49Et ce système-là se protège.
01:51On voit le pays se diviser en deux camps fracturés, ceux qui acceptent cette décision de justice et ceux qui dénoncent une décision politique.
01:59Oui, je vous ai parlé de l'hypocrisie dans la décision qui a été rendue.
02:02Il y a peut-être une hypocrisie pire encore.
02:04C'est celle de ceux qui voudraient finalement frapper cette décision du saut de la vérité suprême que revêtirait la chose jugée.
02:09Et puisque donc le juge a jugé en droit, ils iront vous dire qu'il y a plus de 150 pages de jugement, que tout cela est solidement étayé, appuyé sur les lois de ce pays.
02:17En quoi ils n'ont pas tort, bien entendu.
02:18Mais enfin, que du coup, cette décision serait impossible à remettre en cause.
02:22Pire que ceux qui voudraient la critiquer commettraient là un crime intellectuel, puisque ça serait au fond une remise en cause de l'état de droit.
02:28Mais quels hypocrites !
02:29Les mêmes étaient par exemple les premiers à critiquer les décisions de la Cour suprême américaine,
02:34lorsqu'elle est par exemple revenue sur l'arrêt Roe vs. Wade, qui autorisait l'avortement de façon constitutionnelle aux États-Unis.
02:39En réalité, tout le monde critique des décisions de droit en fonction de ses orientations intellectuelles, idéologiques,
02:45de l'appréciation que l'on porte sur la chose qui est jugée.
02:48Et il y a là une très grande hypocrisie à menacer ceux qui remettent en cause cette décision,
02:53en leur disant que vous êtes des adversaires de la démocratie, de notre système et de nos institutions.
02:57Est-ce qu'il existe un risque de voir monter en France une remise en cause de l'état de droit après cette décision ou pas ?
03:02Ce n'est pas la pente que semblent prendre le Rassemblement national et Marine Le Pen.
03:06Marine Le Pen s'en remet au juge de la Cour d'appel en disant que son innocence sera reconnue en appel.
03:11Et donc elle tempère un petit peu le ton de son parti qui avait été pour le coup assez fort
03:15lorsque le communiqué du RN disait dans l'après-midi d'hier qu'il y avait une dictature des juges.
03:20Moi j'accorde beaucoup d'attention à ce que dit Benjamin Morel,
03:23vous savez le constitutionnaliste qu'on a fait parler dans le Figaro hier,
03:26et qui dit qu'au fond, oui il y a un risque parce que notre démocratie, je le cite là,
03:30repose sur l'acceptation des décisions de justice, y compris quand elles sont perçues comme injustes.
03:34Et il dit encore,
03:35aujourd'hui on risque des actions de désobéissance et une remise en cause
03:38dans une large partie du spectre électoral de l'ensemble du système judiciaire.