Dans son édito du 01/10/2024, Paul Sugy revient sur les attentes et enjeux qui entourent le discours de Michel Barnier.
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00:00Paul Sujit avec nous. Tout à l'heure, Michel Barnier va prononcer son discours de politique générale à l'Assemblée nationale.
00:06C'est un exercice rituel pour tout nouveau chef de gouvernement.
00:09Et le discours du Premier ministre est très attendu, particulièrement attendu, Paul ?
00:13Oui, attendu en tout cas en politique. Pour les Français, c'est moins sûr.
00:16C'est-à-dire qu'à vrai dire, on se demande s'il n'y aura pas qu'une petite poignée de gens pour sortir de la léthargie politique
00:20dans laquelle les sinueuses péripéties estivales ont fini par plonger l'opinion.
00:23Mais ceux qui vont écouter attentivement, ce seront donc les ministres, les nouveaux comme les anciens,
00:27ceux qui espèrent un pas dans leur sens ou ceux qui redoutent un pas dans le sens inverse, puis les députés bien sûr.
00:32Et là, évidemment, Michel Barnier est attendu, mais pas comme on attend le Messie,
00:35bien plutôt comme les membres d'un commando attendent en embuscade la victime à laquelle ils ont tendu un guet-apens.
00:40Alors si pour l'heure, il manque évidemment aux censeurs les voix des députés de Marine Le Pen,
00:43Michel Barnier aura néanmoins face à lui une très large majorité de parlementaires
00:47qui ont tous intérêt à ce qu'il échoue, et peut-être même le plus vite possible.
00:51Aller face à l'Assemblée dans ces conditions, c'est monter à un bord d'un bateau dont on sait que la coque est trouée
00:56et espérer quand même qu'il ne coulera pas avant la fin de la traversée.
00:59Même au sein de son camp, beaucoup l'attendent au tournant.
01:02Oui, et sur des sujets majeurs sur lesquels Michel Barnier ne pourra pas cultiver l'ambiguïté plus longtemps.
01:06En réalité, il va falloir choisir, il va falloir trancher.
01:09On le sait en premier, c'est la question des hausses d'impôts.
01:11Nicolas Sarkozy, hier sur votre antenne, Gérald Darmanin, bien sûr, encore dans une tribune.
01:16Dimanche, 27 élus ensemble pour la République en ont fait une ligne rouge.
01:21Il disait de cette tribune, signée par Aurore Berger ou Sylvain Maillard notamment,
01:25que toute initiative consistant à augmenter encore les impôts est impensable.
01:29Elle consisterait à renoncer à la stabilité fiscale mise en place depuis sept ans.
01:34La justice sociale, disent-ils, ne serait constituée le prétexte d'un défouloir fiscal.
01:39Du côté du modem, François Bayrou, Marc Fesneau notamment, comme Marine Le Pen du reste, on le sait bien, on attend la proportionnelle.
01:45Là aussi, Michel Barnier va devoir évanter un peu plus ses intentions.
01:49Enfin, Nicolas Sarkozy aussi le disait hier, on ne peut pas à la fois contenter la place Vendôme et la place Beauvau.
01:56On ne peut pas à la fois faire les affaires du ministre de l'Intérieur et celui de la justice.
02:01Il va falloir, sur les questions de sécurité et d'immigration, trancher, choisir un cap politique clair et envisager peut-être déreinter au passage quelques tabous.
02:09En toute humilité, Paul, vous allez donner un conseil au Premier ministre.
02:13En toute humilité, un seul, Romain.
02:15En réalité, mais il le sait déjà, on ne peut pas chercher à contenter tout le monde et certainement pas dans la position dans laquelle il est.
02:21Michel Barnier va devoir accepter d'en froisser certains s'il ne veut pas se fâcher avec tout le monde.
02:26Il ne peut pas promettre à la fois la fermeté et l'humanité parce que quand on poursuit les deux en même temps, nécessairement l'une et l'autre se stérilisent.
02:33Il ne peut pas poursuivre l'équilibre budgétaire sans s'attaquer à des dogmes étatistes ou sociaux qui pèsent sur nos dépenses publiques.
02:39L'heure n'est plus aux grands écarts ou aux acrobaties, l'heure est venue d'enterrer une fois pour toutes le en même temps qui nous a fait perdre déjà cette année précieuse.
02:47Michel Barnier a trop d'ennemis, il doit se faire quelques amis et pour ça il faut des choix clairs.