Dans son édito du 02/10/2024, Paul Sugy revient sur le discours de politique générale de Michel Barnier devant l'Assemblée nationale.
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00:00Paul Sujit avec nous, bonjour Paul.
00:02Bonjour Romain.
00:02Michel Barnier a prononcé hier son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale.
00:06Selon vous, qu'est-ce qu'on va en retenir ?
00:08Il ne faut pas se mentir, d'ici quelques temps, on n'en retiendra pas grand-chose.
00:12Il faut espérer que Michel Barnier soit meilleur comme Premier ministre que comme orateur.
00:15Pas une formule vraiment ne s'inscrit en relief dans ce paysage de plaine
00:19où règnent des constats souvent lucides et des propositions souvent de bon sens.
00:23Tout juste par moment, quelques triptyches auxquels Michel Barnier
00:27semble se raccrocher comme à une béquille rhétorique.
00:29Par exemple, il propose aux parlementaires ou il leur promet plutôt
00:32écoute, respect et dialogue.
00:34L'ironie veut que ce soit tout l'inverse qui lui a été réservé hier évidemment.
00:38Au fond, c'est peut-être ça qui va nous marquer et ce qu'on retiendra le plus,
00:41ce brouillard sonore dans lequel la voix imperturbable de Michel Barnier
00:45semble être émergée au milieu du brouhaha, des vociférations de la gauche.
00:49Au fond, qu'importait ce qu'il allait dire ?
00:51La majeure partie hier des députés n'étaient pas vraiment là pour l'écouter.
00:54Michel Barnier en a pris son parti, il a d'ailleurs préféré ne pas dire grand-chose.
00:57Même à la fin, Gabriel Attal n'a pas daigné se lever pour l'applaudir.
01:01Seuls les députés de la droite républicaine ont consenti à faire l'effort.
01:05Déjà tout un symbole.
01:06Vous dites que le Premier ministre n'a pas dit grand-chose.
01:09Pourtant, il a tracé une feuille de route avec des dizaines de pistes
01:12et de sujets concrets pour l'action du gouvernement.
01:15Oui, vous avez raison.
01:16Et d'ailleurs, s'il se tient à cette feuille de route, il y a de quoi réformer
01:18le pays en profondeur pour les prochaines années.
01:20Disons qu'il a surtout évoqué les grands chantiers à venir plutôt que
01:24les décisions politiques concrètes qu'il va essayer de mettre en œuvre.
01:27Bien souvent, il a balayé aussi la complexité politique de ses chantiers
01:30dans des formules un peu creuses.
01:32Mais ça ne laisse pas présager pour l'instant qu'il va s'armer forcément
01:35toute la volonté politique nécessaire lorsqu'il sera confronté à l'adversité
01:38que l'on imagine d'ores et déjà.
01:40Michel Barnier, au fond, a prononcé un discours d'intention
01:42mais ne laisse pas présager grand-chose de ses actes.
01:44Alors justement, sur l'intention, tiens, dites-nous Paul.
01:46Est-ce qu'il a su dégager une ligne politique claire ?
01:49Oui. En fait, Michel Barnier, hier après-midi, a enterré sans le dire
01:52et l'air de ne pas y toucher le macronisme.
01:54Il l'a fait devant toute la représentation nationale.
01:56Alors il y a certes un parallélisme de forme entre la rhétorique macroniste
02:00et celle hier de Michel Barnier, sans tenir parfois à des incantations vagues,
02:03essayer de ne froisser personne au risque de laisser tout le monde un peu dubitatif.
02:06Mais il y a un antagonisme de fond qui saute aux yeux.
02:08Et sur des sujets très précis, Michel Barnier s'attaque à tout l'héritage
02:12du président de la République.
02:13Il prévoit une contribution exceptionnelle des plus riches
02:15quand le chef de l'État promettait de ne pas augmenter les impôts.
02:18Il annonce des réajustements sur la réforme des retraites,
02:20obtenue de dures luttes par le président de la République.
02:22Il envisage de mettre un terme à certaines expériences écologiques
02:25entamées sous Emmanuel Macron.
02:26Les zones à faibles émissions de carbone, par exemple, dans les grandes villes.
02:29En matière de sécurité et de justice, il veut un renforcement
02:32de la justice pénale des mineurs que Nicole Belloubet, par sa réforme,
02:35avait contribué à affaiblir.
02:36Bref, c'est l'anti-Macron, malheureusement condamné, en revanche,
02:40à une même situation politique qui confine, sauf miracle de volonté politique,
02:44et on l'espère de toutes nos forces, un immobilisme qui, lui,
02:47a déjà empoisonné cet an de macronisme.
02:49Bon, le macronisme est mort ou pas ?
02:51Il me semble, mais en tous les cas, on va voir maintenant
02:53si l'intention se transmet aux actes.