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Dans son édito du 06/09/2024, Paul Sugy revient sur les enjeux politiques autour de la nomination du nouveau Premier ministre, Michel Barnier.

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00:00En tout cas, une chose est sûre, le choix de Michel Barnier ne reflète pas les résultats
00:04électoraux qui sont sortis des urnes aux élections législatives.
00:06L'alliance électorale qui est arrivée en tête, celle de la gauche, a été écartée
00:10du pouvoir.
00:11Le Premier ministre n'est issu d'aucun des trois blocs qui structurent désormais
00:13de façon tripartite l'Assemblée nationale.
00:15Emmanuel Macron est allé chercher le perdant de la primaire d'un parti qui vient lui-même
00:18de perdre les élections législatives en ne faisant élire qu'une poignée de députés
00:21qui vont siéger dans le plus petit groupe parlementaire de l'histoire de ce parti.
00:25Face à cette décision, on peut comprendre la colère de la gauche, mais l'élection
00:29évidemment ne leur a pas été volée pour autant.
00:31La nomination de Michel Barnier, c'est d'abord le résultat d'une seule chose, c'est l'intransigeance
00:35du nouveau Front populaire qui a dit en gros si on gouverne, c'est uniquement sur notre
00:38programme et avec nos personnalités.
00:40Et donc de l'impasse dans laquelle Emmanuel Macron s'est trouvé pour essayer de rassembler
00:44dans un même bloc tout le Front républicain, depuis les Républicains jusqu'au nouveau
00:47Front populaire.
00:48Il n'en a simplement pas eu la possibilité.
00:50Alors, sauf que jusqu'à présent, c'est le RN qui va jouer le rôle d'arbitre.
00:57Michel Barnier ne tiendra que si Marine Le Pen décide de ne pas le censurer.
01:02S'il le pousse, c'est vers le haut, s'il le pousse, c'est vers le bas.
01:05Au revoir Michel Barnier.
01:06Vous avez tout résumé Romain.
01:07Et cette situation est étrange et paradoxale, à peine nommée que Michel Barnier se retrouve
01:11déjà sur un siège éjectable et c'est Marine Le Pen qui tient la télécommande.
01:15Alors à rebours de cette alliance électorale un peu contre-nature avec l'extrême-gauche
01:19y compris ses composantes antisémites, révolutionnaires, zadistes et antisystèmes, Emmanuel Macron
01:23forme cette fois une forme de nouveau Front républicain à l'envers où il demande
01:27une forme de soutien tacite, sans participation, au RN qu'il a pourtant prétendu combattre
01:31jusqu'ici.
01:32Non pas qu'il a cessé bien sûr de tenir Marine Le Pen et Jordane Bardet pour infréquentables,
01:36c'est certainement toujours ce qu'il pense.
01:37Mais à tout prendre, Emmanuel Macron se rend compte qu'il trahit moins son projet
01:41politique en évitant la censure du RN qu'en demandant l'appui de la France insoumise.
01:45Il enterre donc le Front républicain mais il ne rend celui-ci a posteriori que plus
01:50incompréhensible.
01:51Alors pour durer, Michel Barnier doit désormais convaincre, notamment Marine Le Pen mais
01:55pas seulement, et convaincre pour cela il faut que son projet pour le pays repose sur
01:59la ligne qu'il a tracée, notamment dans sa campagne pour la primaire de la droite
02:02il y a trois ans.
02:03À ce moment-là et seulement à ce moment-là, des terrains d'entente seront possibles avec
02:07les 130 et quelques députés du RN.
02:10Voilà donc en 2021 justement, il avait fait une campagne très à droite, notamment sur
02:15le terrain de l'immigration, on se souvient de son interview dans le Figaro.
02:18Oui effectivement, il avait multiplié les gages sur ce terrain et au fond le parcours
02:22politique de Michel Barnier reflète celui de nombreux électeurs de la droite.
02:26C'est un européen convaincu, on le sait bien, dont l'adhésion au projet européen
02:29s'est teintée peu à peu d'une inquiétude, comme beaucoup d'électeurs de la droite,
02:32d'ailleurs ceux aussi qui ont fini par se détourner de l'UMP puis des républicains,
02:36une inquiétude liée au fait que les traités et les engagements de la France nous condamnent
02:39peu à peu à l'impuissance.
02:40Alors quand c'est Michel Barnier, le négociateur du Brexit qui le dit, on l'écoute avec attention,
02:45ça n'est pas un Frexiteur forcené, mais son projet de bouclier constitutionnel, donc
02:49l'idée qu'il faut protéger les décisions souveraines du pays pour nous permettre de
02:52conserver les rênes de notre destin, c'est l'aveu qu'il faut savoir aussi mettre
02:56des limites à la construction européenne si l'on veut éviter un jour le Frexit ou
02:59une paralysie totale de l'action publique.
03:01Au fond, c'est aussi le reflet d'une droite qui est consciente qu'un fossé s'est
03:05creusé entre les décideurs et les électeurs, maintenant gage à Michel Barnier d'essayer
03:10de le résoudre.
03:11Reste donc à savoir qui a été nommé au fond à Matignon, est-ce que c'est Mr Barnier
03:15ancien commissaire européen ou Dr Michel, ancien candidat à la primaire de la droite ?

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