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Dans son édito du 08/07/2024, Paul Sugy revient sur les résultats du 2e tour des élections législatives.

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Transcription
00:00Ce qui est sûr, c'est que Jordan Bardella ne sera pas Premier ministre.
00:03C'était pourtant son ambition.
00:04C'était le mot d'ordre qui a conduit à la campagne du Rational National,
00:07qui était prêt à charcuter son propre programme
00:09pour permettre de gagner les voix libérales
00:10dont ses stratèges estimaient qu'elles allaient lui manquer.
00:12Sinon, l'équation n'a pas fonctionné.
00:15Cette défaite pourtant, c'est sans y être une, reste à relativiser.
00:18L'ERN, comme le rappelle Laure Lavalette hier soir,
00:20avait six députés il y a trois ans.
00:22Il en a plus de 140 aujourd'hui.
00:24La progression en termes de nombre de sièges par rapport à la législature dernière,
00:27celle où déjà la percée avec 89 députés du Rational National
00:31était spectaculaire et inattendue.
00:32Cette fois-ci, la progression est encore très forte.
00:35Plus de moitié, plus de sièges.
00:37Donc évidemment, le compte n'y est pas pour la majorité absolue.
00:41Ça aurait été un séisme politique sans précédent et à peine imaginable.
00:44En tout cas, c'est quand même une forte progression.
00:47On le voit aussi en termes de nombre de voix.
00:49En revanche, ce que ce vote révèle,
00:51malheureusement pour Jordan Bardella et Marine Le Pen,
00:53c'est qu'ils restent tous deux et leur partie avec un épouvantail.
00:57Il n'y a pas que la bonne société.
00:58Vous savez, celle des artistes, de Juliette Binoche,
01:00des pétitions ou des rassemblements Place de la République
01:02qui s'est mobilisée contre eux.
01:03Il y a aussi une mobilisation qui vient des entrailles du corps électoral.
01:07Et donc, ce qu'on appelait le plafond de verre reste plus que jamais certain.
01:10Le RN, aujourd'hui, n'est pas aux portes du pouvoir.
01:12Certains reprochaient à Emmanuel Macron sa dissolution
01:15au motif qu'elle installerait le RN au pouvoir.
01:17Ça ne s'est pas produit hier.
01:18C'est un soulagement pour le chef de l'État.
01:21Si Emmanuel Macron est soulagé après le résultat de hier soir,
01:24c'est qu'il n'a pas compris du tout la catastrophe politique
01:26qu'il a précipité de lui-même et par sa seule faute.
01:29Hier, c'est bien simple, personne n'a gagné.
01:31En revanche, Emmanuel Macron, lui, a perdu.
01:33Il a dissous sa propre majorité, qui était certes relative,
01:35mais enfin majorité tout de même,
01:37et qui lui permettait de dicter ses conditions
01:38aux ministres issus de la droite ou de la gauche
01:40qui rejoignaient son gouvernement
01:41et qu'il faisait sous sa bannière et pour conduire son projet.
01:44Aujourd'hui, il ne pourra plus le faire.
01:46Il n'a pas d'autre choix que de gouverner à gauche, semble-t-il,
01:48et de renier, ce faisant, l'ensemble de la politique
01:51qu'il a conduite jusqu'ici, lois immigration, réforme des retraites.
01:53On ne voit pas ce qui va survivre à une cohabitation avec la gauche.
01:57Donc face à lui, la gauche, qui pourtant affiche son triomphalisme,
01:59ne peut pas non plus revendiquer la victoire.
02:02Elle ne peut pas gouverner seule et pas plus que Jordan Bardella.
02:04Jean-Luc Mélenchon est en droit d'exiger
02:06qu'un Premier ministre insoumis soit nommé au gouvernement.
02:08Et enfin, la droite, elle,
02:09l'air qu'on avait enterré un peu vite dans les sondages,
02:12s'en sort quand même remarquablement au vu des circonstances
02:14et de l'aventure solitaire d'Éric Soti.
02:16Emmanuel Macron n'a pas d'autre choix ce matin
02:19ou dans les prochains jours que de se tourner vers la gauche pour gouverner ?
02:22Il semblerait, vu la composition de l'Assemblée nationale.
02:24Mais il n'a pas d'autre choix parce qu'il s'est lié lui-même les mains.
02:27Il a organisé un mécanisme antidémocratique
02:29dans lequel tout était fait pour ne pas écouter la voix majoritaire
02:32des électeurs qui ont placé lors du premier tour le Rassemblement national
02:35loin devant les autres formations politiques.
02:37Il s'en sort avec une première conséquence qui est fâcheuse pour lui,
02:39qui est de ne pas pouvoir librement choisir avec qui gouverner.
02:42Mais le pire pour Emmanuel Macron reste à venir.
02:44C'est ce qui va se passer dans les prochaines années.
02:46Et c'est la façon dont il va organiser le mécontentement
02:49de près de 10 millions d'électeurs français
02:51qui ont voté pour plus d'ordre, moins d'immigration,
02:54pour un sursaut patriote face à la dissolution de l'identité française
02:57dans la grande déconstruction organisée par la gauche,
02:59qui, elle, va se retrouver au gouvernement et qui va proposer comme programme
03:03exactement l'inverse de ce que ses électeurs ont choisi.

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