Dans son édito du 21/03/2024, Paul Sugy revient sur la responsabilité d'Emmanuel Macron face à l'accroissement de la dette publique française.
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00:00 Oui, au moins on peut se mettre d'accord sur une chose, c'est qu'effectivement la situation est préoccupante.
00:03 On attend en fait, c'est pour ça qu'il y a toute cette agitation, les chiffres du déficit public sur l'année 2023.
00:09 Ils pourraient être historiquement élevés. Certains à Bercy commencent à chiffrer, à parler par exemple de 5,6 % de déficit.
00:15 L'INSEE va trancher dans les jours qui viennent.
00:17 La Cour des comptes, elle a rappelé début mars que le gouvernement doit enclencher
00:21 un plan d'économie supplémentaire de 50 milliards d'ici à 2027. C'est tout simplement inédit.
00:26 La tâche est d'autant plus difficile donc. Et puis on attend aussi les agences de notation
00:31 qui pourraient dégrader de nouveau la note de la France d'ici à début avril.
00:34 Bref, Emmanuel Macron donc a réuni ses principaux soutiens, son ministre de l'économie.
00:39 Et puis aussi, forcément, il réunit autour de lui ceux qui vont avoir à défendre après lui son bilan et ses éventuels successeurs.
00:47 Donc c'est un sujet sur lequel l'ensemble du parti Renaissance, de ceux qui se réclament du camp du chef de l'État,
00:55 joue leur crédibilité. C'est un des rares sujets, finalement, la dette, sur laquelle on n'est pas dans une considération morale,
01:01 une considération de valeur, mais on a des résultats concrets, chiffrés. On est capable de dire à la fin d'un quinquennat
01:06 si les objectifs de réduction du déficit et de la dette ont été tenus ou non.
01:10 C'est une question pour la France qui est évidemment décisive,
01:13 question de stabilité pour l'économie française dans l'avenir, de souveraineté aussi.
01:16 Personne n'a envie que la France devienne comme la Grèce, un pays sous tutelle des institutions financières internationales.
01:22 Et puis c'est une question de justice intergénérationnelle. Les écologistes qui parlent beaucoup des générations à venir
01:26 pour ce qui s'agit du respect de l'environnement, parlent un peu moins lorsqu'il s'agit d'éviter de faire peser sur nos petits-enfants,
01:32 nos descendants, les efforts que nous n'avons pas consentis à faire aujourd'hui.
01:36 Ce qui est sûr, c'est qu'il faut faire des économies. Évidemment, une fois qu'on a dit ça, ce n'est pas si simple.
01:40 Oui, ce n'est pas si simple. De fait, la droite a beau jeu aujourd'hui de critiquer le chef de l'État là-dessus,
01:45 mais enfin, Nicolas Sarkozy avait laissé aussi une ardoise assez salée à la fin de son quinquennat.
01:49 600 milliards, finalement, c'est Hollande qu'on a laissé le moins. 350 milliards de plus de dettes.
01:53 Emmanuel Macron, lui, était déjà à 700 milliards de plus en 2022. Alors, même si une partie, évidemment, est attribuable aux dépenses de crise,
02:00 enfin, la Cour des comptes a quand même tempéré le poids de la crise sanitaire dans l'aggravement du déficit par Emmanuel Macron, un tiers environ.
02:08 Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, il y a plus que jamais urgence.
02:11 Alors, Emmanuel Macron est-il vraiment celui qu'on croit ? Il est décrit comme libéral, notamment par ses détracteurs.
02:21 Or, il mène une politique de gauche économique, de gauche socialiste.
02:26 C'est toute la question, effectivement, Romain, qu'il faut poser. Emmanuel Macron s'était fait élire sur cet engagement,
02:32 notamment de crédibilité sur la dépense publique. Il avait promis, devant le Congrès réuni à Versailles en 2018,
02:39 en promettant au parlementaire un plan massif de réduction des dépenses publiques. Et finalement, le Comte n'y est pas du tout.
02:45 Peut-être qu'il y a une méprise depuis le départ. On a retenu d'Emmanuel Macron le profil de banquier d'affaires,
02:50 qui serait par essence libéral, du côté de l'initiative privée, et donc pour une diminution du poids de l'État.
02:56 En réalité, on a oublié qu'avant d'être banquier d'affaires, Emmanuel Macron est d'abord et surtout un énarque,
03:00 et qui a été formé par un esprit de système qui, de toute façon, conditionne à penser que l'État est la solution à tous les problèmes publics.
03:08 Je me souviens d'un ami qui était étudiant à l'ENA au moment du début de la crise sanitaire et à qui on expliquait
03:12 "Vous vivez un moment historique, jamais l'État, l'administration, les hauts fonctionnaires que vous êtes ne vont avoir autant de poids dans la vie des gens".
03:19 C'est cette logique qui amenait la France aujourd'hui au pied du mur de la dette.
03:24 Vous savez, il y a cette citation évidemment tout à fait fausse qu'ont prêté à Jacques Chirac ou à d'autres hommes politiques.
03:28 La France était au bord du gouffre lorsque j'ai commencé mon mandat, mais depuis, rassurez-vous, elle a fait un grand pas en avant. Et bien on y est.
03:35 [Musique]
03:38 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]