Dans son édito du 11/07/2024, Paul Sugy revient sur la lettre d'Emmanuel Macron aux Français suite aux élections législatives.
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00:00Non, et c'est vrai que ce qui frappe dans cette lettre, c'est d'abord l'arrogance du chef de l'État qui prétend vouloir dicter ses propres conditions.
00:07Il va falloir quand même que quelqu'un se décide à lui dire qu'il n'a pas gagné ses élections.
00:11C'est ce qui nous vient à la lecture de cette lettre.
00:13Alors qu'il prenne son temps, pourquoi pas ?
00:15À part chez les séditieux à gauche qui veulent marcher sur Matignon, comme jadis d'autres ont marché sur Rome ou sur la Bastille.
00:21On n'est pas à trois jours près, surtout s'il s'agit de l'intérêt vital du pays.
00:24Mais la question c'est attendre pourquoi ?
00:27Emmanuel Macron dicte ici aux partis politiques les vertus qui leur manquent, selon lui, pour trouver un accord.
00:32Comme il avait exigé, jadis d'Elisabeth Borne, qu'elle élargisse comme par miracle sa majorité
00:37qui s'était retrouvée rabougrie au lendemain des législatives de 2022,
00:40ici il se tourne donc vers une liste abstraite de partis,
00:43qu'il ne prend pas la peine de nommer, mais qui composerait les forces républicaines,
00:46et explique donc qu'il va rester là sagement les bras croisés,
00:49à attendre que ceux-ci s'accordent malgré leur division, comme si c'était d'abord de leur faute,
00:52et puis comme si la situation s'était enlisée à cause des partis et des électeurs.
00:57L'erreur, cette pensée, il le fait dans la lettre qu'en tant que guérant des institutions,
01:01il est d'abord la solution, alors que nulle part il l'écrit et pourtant tout le monde le pense,
01:04il est d'abord le problème.
01:06Alors comment en est-il arrivé là ? Il est dans sa tour d'ivoire, il ne comprend pas le pays.
01:10Emmanuel Macron semble n'avoir jamais pas compris au moins d'une chose,
01:14c'est le rejet dont il fait l'objet partout dans le pays et parmi les électeurs.
01:18Mais aussi, il paye le prix de ses propres errances politiques.
01:21Il fait une double lecture du scrutin dans cette analyse, dans cette lettre.
01:25D'une part il dit, et c'est vrai que personne n'a gagné l'élection, bon il a raison,
01:28mais ensuite il dit que les électeurs ont voté massivement pour le Front Républicain
01:31et là on n'y comprend plus rien.
01:33Hier, au moment de voter, le Front Républicain c'était tous contre Marine Le Pen,
01:36c'est ce qui a justifié que 80 candidats du camp présidentiel se retirent,
01:40dont 60 renaissances et dont 5 ministres, la plupart du temps en faveur du Nouveau Front Populaire.
01:45Et là, au lendemain même des élections, le Nouveau Front Populaire est sorti,
01:48sitôt le résultat des urnes connues du champ républicain.
01:51Ça aurait été plus simple de ne jamais l'y faire rentrer.
01:54Fût sous l'urgence des calculs politiques aventureux qui ont conduit cette campagne.
01:58Et Emmanuel Macron écrit encore,
02:00ce rassemblement devra se construire autour de quelques grands principes
02:03pour le pays de valeurs républicaines claires et partagées.
02:07Ah bah tout de suite c'est clair, on y voit beaucoup plus.
02:09Valeurs républicaines claires et partagées, ça c'est du programme.
02:12Bon et bien ainsi périt le macronisme qui s'est revendiqué du mouvement de l'action
02:16mais qui ne peut que s'enfermer se faisant dans l'immobilisme.
02:19Il est prisonnier du plus petit dénominateur commun, les valeurs de la République.
02:22Tout le monde en parle, personne ne les a jamais vues.
02:24Et surtout ça ne fait ni un cas politique, ni moins encore une réponse aux crises
02:27qui vont secouer le pays et dont le vote RN n'est pas le moindre des symptômes.
02:31Qu'est-ce qu'elles disent les valeurs de la République sur les réformes économiques à conduire,
02:34comme en parlait Éric de Ritmaten,
02:36sur la façon d'endiguer la subversion migratoire et l'insécurité
02:39qui sont quand même un des ressorts principaux des 11 millions de voix qui ont été accordées au RN.
02:43Eh bien rien, c'est là tout le problème du macronisme.
02:45Aujourd'hui, il va se confondre avec la seule logique électorale qui l'a menée au pouvoir,
02:50c'est-à-dire tout sauf le RN ou tout sauf les extrêmes.
02:52C'est bien, mais trois ans comme ça, c'est trois ans de perdus.