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Dans son édito du 11/07/2024, Gauthier Le Bret revient sur la lettre d'Emmanuel Macron aux Français.

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Transcription
00:00Si je suis très honnête avec vous, Romain, en fait, pas grand-chose parce qu'on a un président de la République qui prend la parole,
00:05qui alterne entre la posture d'un observateur politique, il dit par exemple que personne ne l'a emporté,
00:11ça n'avait a priori échappé à personne, qu'il n'y a pas de majorité absolue.
00:15Merci beaucoup pour cette analyse et qui reprend les éléments de langage qu'on a entendus en fait depuis dimanche.
00:19Il faut trouver une majorité, certes, mais cela ne nous avance pas plus.
00:23C'est un peu comment enfoncer des portes ouvertes en trois leçons.
00:26Je vous cite certains passages de la lettre qui sont assez éclairants.
00:29Il dit qu'il demande à l'ensemble des forces politiques qui se reconnaissent dans les institutions républicaines,
00:33l'État de droit, le parlementarisme, d'engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide,
00:38nécessairement plurielle pour le pays.
00:40D'abord, quand il parle de forces politiques qui se reconnaissent dans les institutions, qui veut-il exclure ?
00:44On lit entre les lignes, il parle sans doute de la France insoumise et du Rassemblement national,
00:48mais si vous leur demandez à ces deux blocs s'ils se reconnaissent dans les institutions, ils vous diront oui.
00:52Et puis, il parle d'une majorité solide.
00:54C'est quand même un concept assez merveilleux de se dire qu'on va trouver une majorité solide
00:58basée uniquement sur la volonté de faire barrage à certains groupes parlementaires
01:02et ou d'avoir des postes, comment on trouve une majorité solide avec des parties qui n'ont rien à voir entre eux.
01:07Ensuite, il dit également les idées et les programmes avant les postes et les personnalités.
01:11Ce rassemblement devra se construire autour de quelques grands principes
01:14pour le pays de valeur républicaine claire et partagée d'un projet pragmatique et lisible.
01:19Alors, trouver quelques grands principes sur lesquels s'accorder, certes, ça n'est pas bien compliqué.
01:23Si vous demandez à tous ces blocs s'ils ont envie que les Français aient plus d'argent, tous vous diront oui.
01:26Le problème, c'est qu'ils ne seront pas d'accord sur la manière d'y arriver.
01:29Et puis, il y a une phrase aussi qui est assez géniale, il faut le reconnaître.
01:31Il veut que cette majorité garantisse la plus grande stabilité institutionnelle possible.
01:35C'est-à-dire qu'on a un Emmanuel Macron qui a décidé de dissoudre l'Assemblée nationale,
01:39qui a décidé de faire cette stratégie de désistement, qui a créé une situation ingouvernable.
01:43Le même qui va se dire, maintenant, on va trouver une stabilité.
01:45Ça me fait un peu penser, vous savez, aux enfants qui font des tours avec des petits blocs de bois,
01:48qui enlèvent les blocs en bas et qui se disent, c'est dommage, la tour va s'effondrer.
01:51Oui, a priori.
01:53Il était nécessaire qu'ils prennent la parole.
01:56Pour les journalistes, peut-être, parce que c'est sans doute à nous à qui il veut parler avant tout,
02:01parce que certains pointaient son silence.
02:03Pour ses équipes, sûrement pas, puisqu'au contraire, on explique que moins le président parle,
02:06finalement, mieux c'est.
02:08Pour les Français, peut-être, était-ce nécessaire ?
02:10Finalement, on voit bien que dans cette lettre, ce n'est pas à eux qu'il parle.
02:12Et puis, il n'a pas écouté le résultat des urnes.
02:14Alors, en revanche, pour lui, c'est sans doute un moyen de montrer qu'il est toujours là
02:17et qu'il est quand même à la manœuvre.
02:19Maintenant, que va-t-il faire ?
02:21Alors, il le dit que c'est à la lumière des principes qu'il va décider de la nomination du Premier ministre,
02:25que cela suppose de laisser un peu de temps aux forces politiques pour bâtir ses compromis
02:29avec sérénité et respect de chacun.
02:31Il ajoute, en fait, qu'il y aura deux temps.
02:33D'abord, le temps actuel dans lequel on se trouve.
02:35Et puis, un temps où le gouvernement va juste être chargé des affaires courantes.
02:38Ce nouveau gouvernement, c'est un peu l'arlésienne.
02:40On va en parler tous les jours, mais on n'est pas prêts de le voir.
02:42Les téléspectateurs peuvent partir tranquillement en vacances.
02:44A priori, ils ne vont pas louper grand-chose.
02:46Pour l'instant, le calendrier qui tient la corde, mais tout bouge quand même rapidement en Macronisme,
02:50c'est une démission du gouvernement actuel le 17 juillet
02:53pour que les ministres qui ont été élus ou réélus puissent siéger à l'ouverture de la session le 18
02:58et voter notamment pour les postes à responsabilité.
03:00S'ouvrira donc cette période où le gouvernement gère les affaires courantes.
03:03C'est une période assez pénible pour les ministres.
03:05Certes, ils sont aux affaires.
03:07Certes, s'il y a un problème, ils le gèrent, mais ils ne peuvent rien engager de nouveau.
03:09Donc, c'est une période de blocage, en tout cas d'attentisme total.
03:12Et puis ensuite, il va regarder comment les forces se répartissent à l'Assemblée nationale.
03:17Alors, ce n'est pas gagné parce que, premièrement, personne ne veut la même majorité élargie.
03:21C'est compliqué à mettre en place.
03:22Et même en interne, dans chaque parti, y compris le sien d'ailleurs, il y a des désaccords.
03:26Alors, sur le fond, on nous dit que l'hypothèse qui tient la corde,
03:28c'est de nommer un gouvernement de gauche pour dire qu'il a respecté la volonté des urnes,
03:33pour ne pas non plus créer une situation insurrectionnelle.
03:35Un gouvernement qui va être renversé très rapidement.
03:37Ensuite, il nommera un gouvernement très plus élargi, qui sera sans doute renversé tout aussi rapidement.
03:42Alors, il peut jouer comme ça pendant un an, finalement, jusqu'à une nouvelle tentative de dissoudre.
03:46Mais comme on le dit souvent, les meilleures blagues sont souvent les plus courtes.
03:51Sous-titrage Société Radio-Canada

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