L'édito de Paul Sugy : «La droite veut un projet, Emmanuel Macron veut une béquille»

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Dans son édito du 29/08/2024, Paul Sugy revient sur les tensions entre Emmanuel Macron et la Droite républicaine dans le cadre des consultations pour la formation d'un nouveau gouvernement.

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00:00Non, c'est sûr et c'est probablement pas pour l'instant sur les Républicains
00:02qu'il va pouvoir compter pour le sortir de l'impasse dans laquelle il s'est enfermé.
00:05Je crois qu'on aurait d'abord tort, peut-être, de minimiser l'importance
00:08du rôle que peuvent jouer, alors je dis les Républicains,
00:11il faudrait dire plus exactement la droite républicaine,
00:13puisqu'on le sait bien, pour l'instant, c'est toujours Éric Sotti
00:16qui est le président des Républicains, mais donc Laurent Wauquiez
00:18et ses députés à l'Assemblée nationale ont une carte importante à jouer.
00:21D'abord, parce que même s'ils n'étaient pas très nombreux
00:24dans la précédente législature, c'était un petit peu eux
00:26qui étaient le dernier rempart pour Emmanuel Macron,
00:28qui ont soutenu, grâce à leurs quelques voix d'apport,
00:30certains textes qui n'auraient pas pu passer sans cela.
00:32Et puis, c'est aussi sous la menace de leur motion de censure
00:35qui promettait pour l'examen du budget à l'automne qu'Emmanuel Macron
00:38s'est retrouvé contraint de dissoudre l'Assemblée nationale.
00:40Du moins, c'est comme ceci qu'il a expliqué un certain nombre de ses proches.
00:43Donc, le président de la République consulte Laurent Wauquiez et ses amis
00:48comme des personnes qui peuvent, encore une fois, lui sauver la mise.
00:50Sauf que la situation n'est pas la même.
00:52Et c'était un petit peu comme si le chef de l'État
00:54attendait que ses invités fassent des propositions pour le sortir de son piège.
00:58Dans lequel il s'est lui-même plongé sans faire lui-même ni concessions,
01:01ni d'ailleurs propositions.
01:02Finalement, il consulte pour sonder ses adversaires sur leurs intentions
01:06et surtout, leur mettre ensuite la responsabilité sur le dos
01:09s'il n'y a pas de sortie de crise en disant
01:11c'est de votre faute, vous n'avez pas fait un pas dans ma direction.
01:13Ce n'est pas comme ça qu'on conduit des négociations.
01:15Sauf que si Laurent Wauquiez ne discute plus,
01:17ça veut dire qu'Emmanuel Macron n'a pas d'autre choix
01:19que de faire son alliance avec la gauche.
01:21Mais c'est là qu'on rentre justement dans un chantage.
01:23C'est de dire soit vous faites un pas vers moi, soit j'irai vers vos ennemis.
01:26En fait, cette forme de chantage permet à Emmanuel Macron
01:28de continuer de garder le cap, c'est-à-dire finalement
01:31de ne pas vraiment déroger ce qu'il avait déjà lui-même en tête
01:33en considérant qu'il n'a pas de concessions ou de gages à faire aux uns ou aux autres
01:36parce qu'il aurait sur sa droite et sur sa gauche
01:39deux oppositions qui s'annulent ou se stérilisent l'une et l'autre.
01:42En fait, il ne fait qu'accroître en réalité la frustration
01:44des électeurs de chacun de ces deux camps.
01:47Et il ne fait que diminuer surtout la confiance que d'éventuels partenaires
01:50pourraient avoir en lui pour mener ensuite un programme de gouvernement de coalition.
01:54Malgré tout, est-ce que la droite n'a pas intérêt à tout faire
01:57pour éviter que des mesures du NFP ne soient appliquées ?
02:00En fait, Romain, ça fait quasiment deux ans que ce dilemme se pose
02:03en ces termes pour la droite, c'est-à-dire qu'effectivement,
02:05la droite a bien compris qu'aujourd'hui,
02:07elle n'a plus la puissance électorale suffisante pour gouverner.
02:09Et elle sait très bien, d'ailleurs, le renvoquer lorsqu'il propose
02:12ce pacte de gouvernement il y a quelques semaines au chef de l'État.
02:16C'est très bien qu'il ne sera pas appliqué et qu'il y a forcément
02:20un trou de souris maintenant pour se glisser
02:23si jamais il voulait obtenir quelques concessions,
02:24quelques mesures du chef de l'État dans son sens.
02:26Mais le problème, c'est que sa coquinée avec aujourd'hui le chef de l'État
02:30dans une alliance dont on ne sait pas très bien où est-ce qu'elle va les mener,
02:32c'est prendre tous les risques.
02:33On a bien compris le vrai objectif dans toutes les têtes,
02:35pas seulement celle de le renvoquer, c'est 2027.
02:37Et d'ici là, toute concession donnée au bloc présidentiel
02:40serait perçue par les électeurs comme une forme de renoncement ou de trahison.
02:44Mais il faut se souvenir aussi qu'il y a des actes qui ont été posés jusqu'ici.
02:48Par exemple, souvenez-vous de l'humiliation qu'ont subi les députés de droite
02:51lorsqu'ils ont voté le projet de loi Immigration,
02:53avec la garantie que cette loi allait permettre enfin un peu de fermeté.
02:55Elle n'était pas, évidemment,
02:57entièrement conforme à ce qu'ils auraient espéré, mais il y avait des concessions.
03:01Cessions, pratiquement tout était écarté au fur et à mesure de l'examen du texte
03:04ou ensuite, par sa relecture, par les cours suprêmes.
03:06Alors, on voit bien que le coquillage permanent des adversaires du chef de l'État,
03:10dont il a voulu se faire des alliés, creuse encore un peu plus.
03:12Aujourd'hui, la souhaitude du président de la République.

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