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Dans son édito du 05/12/2024, Paul Sugy revient sur la censure du gouvernement. 

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Transcription
00:00Paul Sujit avec nous. Paul, le gouvernement est donc tombé, et quoi qu'on pense de cette motion de censure ?
00:06Une chose est sûre, on a vécu hier une après-midi qui avait quelque chose d'historique.
00:11D'historique assurément Romain, car ce vote place sans doute pour la première fois l'exécutif de la Ve République
00:16dans une situation politique aussi délicate, n'ayant plus, comme en 1962, la possibilité de se venger des députés censeurs en convoquant de nouvelles élections
00:24législatives. D'historique donc, et d'assez théâtral pour ceux qui ont suivi
00:28les quelques heures qui ont donc précipité la chute du gouvernement Barnier, on a vu que les bancs de l'hémicycle, qui ressemblent à des gradins de théâtre,
00:35ont été cette fois la scène de l'intrigue. Dans le décor, vous voyez, posé tel un vautour sur son promontoire, Jean-Luc Mélenchon,
00:42qui contemplait l'exécution politique qu'il avait lui-même commanditée. Et les exécutants donc, c'est-à-dire les parlementaires du RN et de la gauche,
00:50se sont méthodiquement insultés les uns les autres pour crier solennellement au monde leur désaccord, leur mépris réciproque,
00:56avant de s'enfermer, chacun à leur tour, dans cette chambre nuptiale où leur mariage de circonstances a permis de voter la chute du gouvernement
01:03contre lequel il s'est résolu de se liguer. Alors hier, il n'y avait pas de gagnant, seulement des perdants.
01:08Le gouvernement au premier chef qui est défait, certes, le socle commun qui l'avait soutenu et qui a été bousculé,
01:12mais le RN ne va pas entrer au gouvernement, pas plus que l'extrême gauche. Ce qui triomphe, au fond, Romain, c'est une gigantesque confusion politique.
01:21Bruno Retailleau avait dénoncé hier, sur cette antenne, une alliance de la carpe et du lapin. Le RN n'aurait pas dû, selon vous, s'associer à l'extrême gauche ?
01:28En tout cas, le RN a répondu à cette mise en garde qui a été adressée aussi par les orateurs du camp présidentiel et de la droite,
01:33qui reprochait à Marine Le Pen de fondre ses voix dans celle du nouveau fonds populaire.
01:37En substance, elle leur dit, vous êtes gonflé de me dire cela, alors qu'il y a six mois, vous briguiez les mêmes suffrages
01:42de cette gauche et de cette extrême gauche, sans laquelle vous n'auriez pas été élu, pour beaucoup d'entre vous, à l'Assemblée Nationale.
01:48À ce moment-là, elle regarde Laurent Wauquiez, président d'un groupe parlementaire qui compterait certainement moitié moins de députés sans le Front Républicain,
01:55dont LR a été le passager clandestin, ou Gabriel Attal, qui préférait un bulletin LFI dans l'URN, plutôt qu'un bulletin RN.
02:01Alors, certes donc, la censure accroît la confusion politique qui s'est emparée des institutions,
02:06mais comment ne pas voir que cette confusion est née du Front Républicain de l'été,
02:10où ceux qui juraient n'avoir rien à se dire, qui s'accusaient d'être antisémites pour les uns, fascistes pour les autres,
02:16se sont fiancés le temps d'empêcher l'URN d'accéder au gouvernement et de conquérir Matignon.
02:23Le front anti-Barnier auquel on a assisté hier, c'est le prix à payer du Front Républicain.
02:27Pas tant parce que Marine Le Pen se venge, mais parce que ceux qui ont pactisé hier avec l'extrême gauche, au fond, ne sont pas allés au bout de la logique.
02:34S'ils avaient conclu une alliance électorale avec les Insoumis, c'était pour gouverner, mais ils n'étaient pas prêts à gouverner avec les Insoumis.
02:41Dès lors, cette alliance ne valait que jusqu'au soir du second tour et il fallait s'attendre en retour à une coalition des oppositions.
02:47Le vrai problème aujourd'hui de la vie politique, ce que vous nous dites ce matin, c'est la confusion.
02:51Assurément, et cette confusion, ce n'est pas Marine Le Pen, ni Jean-Luc Mélenchon, ni certainement pas Michel Barnier, qui en sont les premiers responsables.
02:58La vie politique est nimbée de brume, au fond, depuis qu'un brillant ministre a voulu faire croire un soir aux électeurs
03:03que le temps des clivages partisans, que le temps de la gauche et de la droite étaient obsolètes.
03:08Cette grande confusion, c'est d'abord Emmanuel Macron qui l'a semé, qui se voulait le président du dépassement et qui se retrouve de plus en plus un président dépassé.
03:16Merci beaucoup, Paul Sujit. Est-ce que le péché originel, c'est le « en même temps » d'Emmanuel Macron qui a fait croire qu'il n'y avait plus de droite, plus de gauche et qu'on mélangeait tout ?
03:25C'est en tout cas ce qui conduit aujourd'hui à la confusion politique à laquelle on assiste.
03:29On voit une confusion qui se prolonge, une gauche et une droite, une extrême gauche et une extrême droite, qui sont prêtes à toutes les alliances les plus irrationnelles, les plus inimaginables,
03:38parce qu'au fond, la Paris politique a été entièrement bousculée par cet estompement des clivages.

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