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Dans son édito du 24/12/2024, Paul Sugy revient sur la nomination du nouveau gouvernement.

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Transcription
00:00Bah oui, tout est dans l'ordre. Imaginez que ce fût l'inverse, le RN qui soit fier et François Bayrou qui menace de brandir la censure.
00:05Non, plus sérieusement, il y a bien sûr deux façons différentes d'approcher la nomination de ce gouvernement
00:10qui a été déposé au pied du sapin des Français un jour avant que le chant recueilli de la nuit de Noël ne vienne éteindre tous les autres bruits du monde.
00:16La première consiste à imaginer fictivement que le Président de la République soit apprécié des Français
00:21et que François Bayrou soit un Premier ministre légitime nommé en adéquation avec la couleur politique d'une chambre clairement identifiée.
00:28Alors là, si c'était le cas, alors effectivement, le choix des ministres pourrait paraître un peu sans queue ni tête.
00:34On aurait face à nous un gouvernement, c'est vrai, fait de briquet de broc sur la base de vieille gloire passée
00:39avec une vague tentative d'ouverture comme Nicolas Sarkozy en 2007, mais cette fois avec François Rebsamen dans le rôle de Bernard Kouchner.
00:46Mais Chana, on sait bien que ce n'est pas le cas. Tout le monde sait bien que la situation politique avec laquelle François Bayrou doit composer
00:52et que malgré quelques gaffes parfaitement évitables, il n'est pas le premier responsable de l'impopularité extraordinaire du pouvoir exécutif.
00:59Dans ce contexte contraint et compte tenu aussi de la susceptibilité de la droite LR et de la mauvaise volonté de la gauche socialiste,
01:06le choix des ministres n'est pas si déshonorant. C'est un gouvernement de personnalité, à l'allure très politique,
01:12exception faite donc du banquier Éric Lombard dont Éric Durit-Mathais nous a parlé, à Bercy.
01:16Dans ce contexte, ce n'est pas si mal. François Bayrou a su convaincre des poids lourds de revenir prendre le risque de l'exercice du pouvoir
01:23en conjurant peut-être pour un temps la solitude de l'exécutif. Il s'évite de fâcher trop fort Marine Le Pen
01:29en évitant de laisser la garde des Sceaux à Xavier Bertrand qui l'aurait beaucoup pirité.
01:33Il met fin à la présence aberrante de Didier Migaud à la justice et il offre un tandem Bruno Retailleau-Gérald Darmanin
01:39qui promet d'être intéressant à suivre sur les questions régaliennes.
01:42Donc c'est vrai, il y a comme un air de déjà-vu mais ça aurait pu être pire.
01:46Est-ce que les oppositions ont tort selon vous de menacer d'ores et déjà de censure ?
01:50Non, c'est le métier d'un opposant que de s'opposer. Mais c'est vrai que François Bayrou aurait eu tort de tenir davantage compte de ce risque.
01:56Il y a quand même quelque chose de baroque à gauche, à Fermin par exemple chez les socialistes, d'être surpris de la nomination de ce gouvernement
02:03auquel ils ont non seulement refusé de participer mais dont en plus ils ont promis que si le gouvernement accueillait un membre de leur parti,
02:09ils allaient l'exclure sur le champ. On se demande donc ce qu'Olivier Faure aurait espéré d'autre que le gouvernement qui vient d'être nommé.
02:15C'est sûr que ce n'est pas le retour de Manuel Valls qui va lui donner le sentiment que le gouvernement se gauchise un peu.
02:20C'est même d'ailleurs un peu plus l'inverse par rapport au gouvernement précédent.
02:23Et justement, ces retours de personnalités politiques ne sont-ils pas un peu exaspérants pour les Français ?
02:28Ce qui est certain, c'est qu'effectivement c'est le vieux monde que l'on nous resserre à nos âmes.
02:33François Bayrou n'a pas beaucoup le choix, il n'y a que ce vieux monde, c'est-à-dire ce centre gauche et ce centre droit
02:38qui s'étaient longtemps regardés d'un côté et de l'autre de la palissade et qui désormais se font des embrassades pour gouverner ensemble.
02:44Il n'y a donc que ce petit socle commun rétréci qui accepte de gouverner avec lui.
02:48C'est un peu comme si on faisait revenir sur la pelouse pour un match amical les anciens du mondial 98, le temps d'une soirée nostalgie.
02:55A différence près qu'aucun des ministres revenant ici n'avait gagné la coupe du monde en son temps.
02:59C'est le plus sûr moyen de faire échouer tous ensemble ce qui jusqu'ici avait échoué chacun de leur côté.
03:05Cette sensation de déjà-vu, c'est-à-dire des personnalités, dans le contexte de leur nomination, c'est un défi.
03:12Il va falloir soit inventer quelque chose de vraiment neuf, mais à vrai dire personne n'y croit vraiment,
03:17soit au moins cesser de nous faire croire sans cesse que l'on peut réenchanter ou réinventer la politique
03:22quand en fait on ne fait que recycler ce que l'on a.

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